Noriko
Assise en tailleur par terre, adossée à son lit, Noriko était concentrée sur ce qu'elle avait entre les mains : du fil et une aiguille. En théorie son objectif était simple, mais en pratique, recoudre le bouton d'une de ses chemises s'avérait beaucoup plus ardu qu'elle ne le pensait. Elle s'apprêta à passer le fil dans le chas de l'aiguille lorsque quelqu'un entra en trombe dans la maison, manquant de défoncer la porte, ce qui fit pousser un cri de terreur à la jeune fille qui laissa tomber ce qu'elle tenait.
- Noriko ! ! Je t'ai acheté des toiles et de la peinture !
Toujours au sol, elle avait une main posée sur son cœur, tentant de reprendre son calme.
- Ace... Bon sang, tu m'as fichue une de ces frousse.
- Oh ? Désolé, j'étais juste content de mon achat, je suis revenu en courant.
Il lui montra ce qu'il avait en main, fier de lui, un immense sourire sur son visage.
- Regarde ! C'est chouette, Non ?
- Heu... Oui, attends, marmonna-t-elle en cherchant son aiguille.
- Je me suis dis que tu devais trouver le temps long lorsque je descends au village, au moins, tu pourras t'occuper, expliqua-t-il en s'approchant.
- Ah, je l'ai !
Sa prise en main, elle redressa finalement la tête, puis s'attarda sur l'achat du jeune homme, avant de cligner plusieurs fois des yeux.
- Ace, c'est... C'est gentil merci, c'est vraiment un très beau cadeau, sourit-elle les yeux brillants.
Troublée, elle se leva pour ranger son matériel de couture, se disant qu'elle ferait ça plus tard.
- Tu es contente ? demanda Ace avec des étoiles dans les yeux.
- Bien sûr ! Mais il ne fallait pas. Je n'ai rien à t'offrir en échange, je suis gênée.
Il roula des yeux.
- Je ne t'achète pas un présent pour en avoir un en retour, je veux seulement te faire plaisir.
Il posa tous ses achats sur la table et vint se mettre face à elle.
- Je suis très touchée que tu sois aussi attentionné envers moi, rougit-elle en baissant la tête avant de se triturer les doigts.
Ace lui releva le menton afin de la regarder dans les yeux.
- Mais ?
- Je ne sais pas peindre et encore moins dessiner...
- Raison de plus pour apprendre ! s'égaya-t-il avant de lui déposer un baiser tendre sur les lèvres.
Et c'est comme cela, qu'un après midi, revenant d'un énième aller-retour au village, Ace avait retrouvé Noriko derrière la maison, aux abords de la forêt, assise sur un petit tabouret en bois face à un chevalet, en train de peindre. Il s'approcha derrière elle à pas de loup ce qui la fit sursauter et observa son dessin.
- Il est très joli ton oiseau.
Les sourcils de la jeune fille se froncèrent, elle parut vexée et pencha la tête sur le côté.
- C'est un arbre.
- Pourquoi tu lui as fait des ailes ?
- Ce sont des branches...
- C'est très réussi.
Noriko ne put s'empêcher de rire face à un tel mensonge.
- Tu crois que tu pourrais faire mieux ? le défia-t-elle en se retournant vers lui.
Ace se redressa fièrement en tapotant plusieurs fois son torse à l'aide de son pouce.
- Évidemment ! Je suis sûr qu'il sera tout aussi réaliste. Je vais prendre une autre toile, pousse-toi, ajouta-t-il en s'asseyant presque sur elle sans aucune gêne.
Elle se releva juste à temps en levant les yeux aux ciel avec un sourire.
- Mais non, dessine à côté du mien, ce serait plus facile pour comparer.
Noriko se dirigea vers la maison et revint quelques minutes plus tard, une assiette pleine de cookies acheté le jour même dans les mains et l'un d'entre eux dépassant de sa bouche. Elle posa son plat sur la petite table qui était à côté d'Ace et manqua de s'étouffer avec une miette au moment où elle regarda la peinture.
- Mais qu'est-fe que f'est que cette horreur ?
Il vit volte-face et la gronda.
- Où sont très béquilles ! ?
Elle pointa son pouce vers la maison sans décrocher son regard de l'œuvre d'Ace.
- À l'intérieur. Alors, qu'est-fe que f'est ? demanda-t-elle en continuant de mâcher.
Il décida de laisser tomber une bataille perdue d'avance et scruta sa toile.
- Bah un arbre. Ça ne se voit pas ?
Elle avala difficilement et s'essuya les doigts en tapant ses mains l'une contre l'autre.
- Hm... Pas vraiment, mais peut-être en y ajoutant des feuilles.
- Non mais tu as vu le tien ? On dirait qu'il s'est pris la foudre par un temps d'orage, même un écureuil n'irait pas dedans, s'exclama-t-il en pointant son pinceau vers le dessin de Noriko.
- Tu sais ce qu'il te dit l'écureuil ? répliqua la jeune femme sur la défensive.
- Et toi, tu sais ce qu'elles te disent mes feuilles ?
- Qu'elles n'ont pas compris qu'au printemps, il fallait pousser ? ricana-t-elle.
- C'est parce que c'est l'hiver !
Elle fit des yeux ronds et rit de bon cœur.
- Mais Ace, c'est le printemps voyons !
- Dans la vraie vie peut-être, mais pas sur ma peinture !
- Et comment veux-tu que je sache dans quelle saison on est sur ta peinture ? demanda-t-elle en croisant les bras.
- Parce qu'il n'y a pas de feuilles, c'est évident !
Noriko s'approcha de la toile et plissa des yeux, poussant sans aucune gêne l'épaule du jeune homme qui se tenait toujours assis à ses côtés.
- Que penserais-tu de mettre des bourgeons ?
Il la poussa à son tour pour se remettre face au chevalet.
- C'est mon dessin, pas le tien.
- Peut-être, mais c'est ma toile, rétorqua-t-elle en revenant à la charge.
Ace lui attrapa le poignet avant qu'elle ne lui touche l'épaule, lui leva le bras en l'air et approcha son visage du sien.
- C'est moi qui te l'ai achetée avec mon argent.
- C'est bien ce je dis, c'est la mienne !
- T'es vraiment une tête de mule !
- C'est toi la mule d'abord ! lui dit-elle en lui pinçant le nez de sa main libre.
- Rah mais...
Il la relâcha en reniflant et elle en profita pour attraper un gâteau avant de le lui fourrer dans sa bouche pour le faire taire.
- Tiens, prends ça !
Pris par surprise, Ace manqua de basculer du tabouret et fit tomber la toile à la renverse avec son coude. Lorsque Noriko voulut se pencher pour la récupérer, elle se retrouva la tête en bas, perchée sur l'épaule du jeune homme en poussant un cri.
- Eeeeeh ! Mais arrête !
- Tu as dit que j'étais une mule, il faut bien que je porte un sac, lacha-t-il après avoir engloutit le cookie.
- Ace ! Je vais me venger !
Il continuèrent de se chamailler sans s'arrêter, l'un refusant d'admettre la victoire de l'autre.
C'est ainsi que Noriko avait accroché leur œuvre au mur juste au-dessus du lit. Le tout représentait un amas de marron et de vert, ressemblant à tout sauf à deux arbres. Elle se recula pour mieux l'observer, un sourire aux lèvres. Ace lui mit une main sur l'épaule et la serra contre lui, avant de lui déposer un baiser sur le haut du crâne.
- Ça valait le coup de se battre, annonça-t-il.
- Oui, je suis très fière de nous, sourit-elle en posant sa main sur la sienne.
- Moi aussi et je tiens à te dire que le vert te va à ravir.
Noriko éclata de rire. En effet, elle était recouverte de peinture verte des pieds à la tête, et Ace, de son côté était coloré en rouge. Leur chamaillerie s'était transformée en véritable bataille et la peinture et l'eau avaient fusé jusqu'au coucher du soleil, les rendant partiellement méconnaissables.
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Une semaine plus tard, alors qu'Ace s'apprêtait à aller au village, il trouva Noriko devant lui, les mains sur les hanches lui barrant la route. Elle avait les cheveux noirs et portait une jolie robe à petits carreaux bleus et blancs ornée de très fines bretelles que l'on pouvait régler en faisant un petit noeud sur chaque épaule.
- Je viens avec toi ! somma-t-elle.
- Pas question.
- Hein ? Mais pourquoi ! ? Je me suis préparée et tout, je...
Il l'attrapa par ses deux épaules, la souleva sans aucun effort, fit un demi-tour sur lui-même et la déposa à l'intérieur de la maison.
- J'ai dit non.
- Je peux marcher, je n'ai plus mal ! Regarde ! dit-elle en tapant plusieurs fois du pied au sol.
Ace la regarda sans aucune expression. La tenue de Noriko avait beau lui donner un air de petite fille sage, les chaussures qu'elle portait aux pieds, quant à elles, lui donnaient toujours un air rebel et force était de constater qu'il aimait beaucoup ce contraste. Il prit sur lui pour ne pas se laisser berner et repoussa ses sentiments ainsi que ses émotions.
- Tu avais promis de ne pas forcer.
- Je ne force pas !
- Écoute, je t'ai dit non. Et quand c'est non, c'est non.
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Ace arriva blasé aux abord du village un peu plus d'une heure plus tard.
- Regarde ! Il y a un marché !
Il regarda Noriko s'enfuir joyeusement, poussant un profond soupir d'agacement. Déjà qu'il n'avait pas réussi à la convaincre de rester à la maison, voilà maintenant qu'elle partait en courant.
- Qu'est-ce qu'elle est têtue, soupira-t-il en se grattant la tête à travers son chapeau d'un air profondément agacé.
- Tu viens !? hurla-t-elle au loin en lui faisant des grand signes.
- Eh ! Je t'ai dit de ne pas courir ! s'énerva-t-il.
Noriko était aux anges, cela faisait des semaines qu'elle n'avait pas quitté la maison et elle n'avait pas réalisé à quel point ce petit village lui avait manqué. Elle inspira l'air frais de ce début de matinée et reconnu bon nombre d'odeurs de fruits, de légumes, de friture, tous ces arômes qui se dégageaient des dizaines de stands éparpillés sur la grande place. Tout lui semblait paisible, les habitants étaient calmes et souriants, elle en reconnut bon nombre d'entre eux qu'elle avait aidés et tous lui demandèrent de ses nouvelles. Elle prétexta la même chose pour chacun d'entre eux : elle était partie en voyage et avait pris la mer. Derrière elle, Ace la surveillait du coin de l'œil, tout en écumant les stands en quête d'ingrédients. Elle revint vers lui en courant armée de deux pommes d'amour.
- Regarde ce que j'ai trouvé, chanta-t-elle joyeusement avant de lui mettre une pomme dans la bouche qui manqua de l'étouffer. Goûte !
- Oui c'est très bon, toussa-t-il après avoir avalé un bout de caramel de travers.
- Hmmm oui ! Mais je préfère les tiennes quand même.
Elle continua de manger en regardant autour d'elle. Son attitude faisait penser à une enfant qui découvrait le monde pour la première fois et Ace s'attendrit devant cette scène.
- Tu as besoin de vêtements ? demanda-t-il. Tu veux t'acheter quelque chose ?
- C'est vrai ? Je peux ? s'émerveilla-t-elle.
- Bien sûr.
Noriko cru que son cœur allait exploser de joie. Elle s'essuya le coin des lèvres, joignit ses mains devant sa poitrine et lui décrocha un grand sourire, les yeux remplit d'étoiles.
- J'aimerais bien de nouvelles chaussures, dit-elle timidement.
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- Comment ça, vous n'avez pas ma taille ?
- Je désolé, je n'ai plus beaucoup de stock.
Les deux tourtereaux discutaient avec un marchand et Noriko ne cachait pas sa déception.
- Vous allez me faire croire qu'avec toutes les chaussures que vous vendez, vous n'avez pas ma pointure ?
- Ce n'est pas grave, lui dit Ace en lui gratouillant gentiment la tête.
Noriko croisa les bras.
- Suis-je vraiment condamnée à porter ces chaussures de malheur ? bouda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Je trouve que ça te va bien d'avoir des grosses bottines. Ça te fait un style du tonnerre.
- Tu sais toujours trouver les mots pour me réconforter, répondit-elle amusée en se tournant vers lui.
Elle avait envie de l'embrasser mais se retint, Ace avait été très clair, pas d'effluves en public. Elle était incognito, mais lui pouvait être facilement reconnu, il ne voulait pas prendre le risque de dévoiler une relation et encore moins risquer que quelqu'un s'en prenne à elle dans le but de l'atteindre lui.
- Ça ne te fait pas peur que les gens puissent te reconnaître ? demanda soudainement Noriko en observant Ace après avoir repris leur route à travers tous les étalages qui s'offraient devant eux.
- Je suis un pirate, ça fait partie de mon quotidien.
La jeune fille avait proposé de le maquiller avant leur départ, et il en avait rigolé.
- Tu pourrais au moins cacher ton tatouage ? avait-t-elle demandé innocemment.
- Tu as peur qu'on s'en prenne à moi ?
- Je sais que tu es capable de te défendre, voyons.
- Mais tu as peur qu'on remonte jusqu'à toi, que l'on m'associe à toi. Tu préfères passer inaperçue d'où la couleur de tes cheveux. Si ça doit te protéger, promis, je le ferai.
Ace passa un doigt dans le col de son t-shirt blanc, il avait l'impression d'étouffer. Il regarda autour de lui et constata que Noriko allait de stand en stand, curieuse de découvrir tout ce qu'elle voyait. Il ne put se retenir de sourire en la voyant faire. Il la détailla de la tête aux pieds, regardant ses jambes, remontant le long de sa robe bleue légère qui virevoltait sur ses cuisses à chacun de ses pas, s'attardant sur sa poitrine qui était cachée sous une couture doublée en dentelle, avant de terminer sa course sur ses épaules habillées de fines bretelles sur lesquelles se trouvaient les deux noeuds qui lui permettaient de les régler et qu'il pourrait probablement défaire facilement, peut-être même avec ses dents. Ace enfonça son pouce et son index dans ses yeux, mais à quoi pensait-il ? Il l'aimait tellement, il la désirait tellement... Il secoua sa tête pour faire disparaître certaines pensées de son esprit et se concentra sur autre chose, mais, ne pouvant malgré lui détacher son regard de la jeune fille, posa ses yeux sur son avant-bras. Elle avait mit un ruban noir tout autour pour masquer son tatouage. Il la regarda de nouveau de haut en bas. Sa beauté et sa grâce le rendaient encore plus amoureux. Sentant qu'on la fixait, Noriko tourna son visage vers lui et décrocha un sourire éclatant en lui faisant un petit signe de la main. Ace sentit son cœur cogner dans sa poitrine et le rouge lui monter aux joues. Il pinça ses deux lèvres l'une contre l'autre jusqu'à s'en faire mal, se força à détourner les yeux et inspira profondément. Son attention fut portée sur un étalage de vêtements et il s'y précipita maladroitement.
Noriko fronça légèrement les sourcils avant de faire retomber sa main contre sa robe, ne comprenant pas sa réaction, puis le perdit rapidement de vue. Elle se déplaça en évitant soigneusement les villageois afin de le chercher discrètement un peu partout jusqu'à que quelqu'un lui tapote sur l'épaule. Elle sourit avant même de se retourner et tomba nez à nez avec lui.
- Bah, tu t'es changé ? demanda-t-elle d'un air dubitatif.
- J'avais chaud.
Ace avait troqué ton t-shirt blanc contre une chemise noire à manches courtes qu'il gardait ouverte, laissant apparaître son torse. Il surplombait la jeune fille d'une bonne tête et se tenait debout, les mains dans les poches de son pantalon avec un air décontracté. Sa peau était lisse et ses muscles saillants avaient l'air d'être aussi durs que de la pierre, dessinés et sculptés à la perfection, ne demandant qu'à être touchés du bout des doigts.
- Ça te plaît ? demanda-t-il en constatant que Noriko ne le regardait plus du tout dans les yeux.
Elle rougit jusqu'à la racine de ses cheveux et redressa immédiatement la tête.
- Heu, oui ! Tu es très bien !
Ace eut un sourire moqueur.
- Je vais aller m'occuper d'acheter des produits frais pour ce soir, on se retrouve devant le stand de glaces ?
- Oui ! sourit-elle toujours aussi rouge. Ça me rafraîchira ! Heu, je veux dire, ça NOUS rafraîchira ! Pfou, il fait chaud, tu ne trouves pas ? demanda-t-elle en s'éloignant rapidement avant de montrer du doigt un stand au hasard. Je vais aller voir si je trouve de quoi préparer un gâteau.
Ace resta planté là et la regarda partir, un air confus sur le visage.
- Tu n'as pas de four, je te rappelle, cria-t-il en mettant une main à côté de sa bouche pour qu'elle l'entende.
- Je connais quelqu'un qui contrôle le feu, on pourra essayer de faire quelque chose de comestible, rétorqua-t-elle en levant une main dans sa direction sans se retourner. À toute à l'heure !
Elle lui fit un grand geste et disparut à travers la foule. Ace leva les yeux au ciel en pouffant de rire, sachant pertinemment que le gâteau en question serait tout, sauf comestible.
Marchant longuement, tout en jetant des regards sur tous les étalages autour d'elle, Noriko se sentait enfin en paix et sereine. Elle avait été gênée par la situation, puis en avait rigolé. Elle n'avait franchement pas été discrète alors qu'elle dévorait Ace des yeux. Il faut dire qu'elle ne s'attendait pas à le voir débarquer devant elle, son torse mis en avant, ainsi que son regard profond qui la regardait de haut. Ses si beaux yeux... Était-ce cela qu'on appelait un regard ténébreux ? Et ce sourire... Noriko se claqua soudainement les deux mains sur ses joues pour reprendre le fil de ses pensées et pour se concentrer. Elle n'y arriva même pas une minute entière. Un sourire arborait malgré elle son visage, son esprit était constamment tourné vers Ace et son cœur s'accéléra au même moment, elle était heureuse de partager cette mâtinée avec lui. Elle passait toujours de bons moment en sa compagnie, parfois ils leur arrivait de se chamailler, mais la plupart du temps, ils étaient d'accord sur tout et s'entendaient très bien. Noriko s'arrêta soudainement, un sourire béat sur son visage, se rendant enfin compte d'une évidence : elle était amoureuse.
Continuant son chemin, elle songea au rêve qu'elle avait fait cette nuit, alors qu'elle dormait auprès de lui. Elle courait sur une plage, se baignait et avait même la capacité de nager et de plonger à la recherche de coquillages. Lorsqu'elle fut fatiguée, elle rentra chez elle, dans une immense maison en bord de mer et y mangea une tarte aux pommes. Elle n'avait aucune idée de ce que cela signifiait mais pensa qu'elle devait le raconter à son compagnon.
Quelques instants plus tard, chargée d'un sac de courses en tout genre, son regard s'attarda soudainement sur un mur et ce qu'elle y vit la figea sur place. Un avis de recherche, le sien. Le papier était jauni et abîmé par les intempéries, signe qu'il était là depuis longtemps, or, c'était la première fois qu'elle le voyait. Elle avait l'impression qu'il n'y en avait qu'un seul dans tout le village. La prime avait encore augmenté depuis sa dernière fugue et atteignait désormais les 50 millions de Berrys. Alors qu'elle pensait à Mihawk et à son entêtement, quelqu'un lui enfonça un chapeau orange sur la tête ce qui l'obligea à baisser le menton.
- Allons nous-en, lui déclara solennellement Ace qui avait brusquement fait son apparition auprès d'elle.
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Marchant aux côtés du jeune pirate pour rejoindre leur maison, Noriko n'avait pas prononcé le moindre mot. Lorsqu'ils furent assez éloignés de la ville, elle déposa les courses au sol, ôta le chapeau d'Ace et le lui tendit.
- Merci, murmura-t-elle.
- Tu vas bien ? demanda-t-il en le lui prenant des mains, après l'avoir imité avec son propre sac.
- Oui, c'est juste le coup de l'émotion, soupira-t-elle. Je pensais être tranquille ici.
- Tu ne risques rien, je t'assure. Il n'y avait qu'un seul avis placardé qui semblait être là depuis quelques temps et ta couleur de cheveux ne risque pas de te trahir.
Noriko prit une mèche de ses cheveux noirs entre ses doigts et l'observa. Elle fit apparaître des bulles d'eau sur son cuir chevelu, absorba la cendre ainsi que le charbon et fit s'envoler le tout dans les airs. Ses doigts détenaient désormais une mèche blanche qu'elle replaça derrière son oreille.
- Tu as raison, sourit-elle.
Ace fit un pas vers elle et l'attira dans ses bras, sentant qu'elle avait besoin de réconfort. Il se redressa, lui caressa la joue, puis attrapa délicatement son menton entre son pouce et son index, lui releva la tête et déposa un baiser sur ses lèvres.
- Tu ne ressembles plus à la petite fille qui est en photo sur les affiches. Tu es devenue une magnifique jeune femme. Tes traits de visage se sont affinés, tes pommettes se sont rehaussées et tu as même perdu tes joues de bébé, continua-t-il en les lui pinçant gentiment.
Noriko ne put s'empêcher de sourire à cette remarque.
- Ce que je veux dire, continua Ace en reprenant son sérieux, c'est que si on ne te connaît pas et que l'on te croise dans la rue, on ne peut tout simplement pas savoir qui tu es. Noriko, tu ne risques rien ici, je te le promets.
- Je te crois, Ace.
Ils s'échangèrent un bref signe de tête avec un sourire et reprirent leur route en remarquant que de gros nuages noirs se dirigeaient vers eux.
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Une énorme averse tombait sur la tête des deux amants alors qu'ils étaient presque arrivés à destination.
- Tu disais que la pluie allait passer ! râla Ace.
- J'ai dit que ça finirait par passer ! J'ai pas dit quand ! argua-t-elle.
- Mais bien sûr, et d'abord comment se fait-il que tu sois sèche ? commenta Ace.
- Je contrôle l'eau, lui sourit-elle.
- Tu contrôles la pluie ?
- Hmm peut-être qu'un jour je pourrais le faire, qui sait ?
- Tu pourrais contrôler toutes les eaux du monde.
- Je ne sais pas. Pour le moment, je peux seulement contrôler celle que je crée. Et je ne pourrai pas contrôler l'eau de la mer, c'est impossible.
- Parce qu'elle est salée ?
- Exactement.
- Ça ne répond pas à ma question. Pourquoi es-tu sèche ?
- Je ne sais pas comment l'expliquer mais disons que je fais apparaître de minuscules gouttes d'eau tout autour de moi qui absorbent l'eau de la pluie, et ensuite, je les fais disparaître. Comme toi quand tu enlèves ton feu.
Ace se gratta le front de sa main libre.
- L'explication est pourtant simple. Tu pourras faire la même chose pour moi.
Noriko éclata d'un rire franc, se rendant seulement compte à cet instant qu'Ace était trempé de la tête aux pieds.
- Je suis désolée, je me concentrais pour protéger les courses. Attends, je vais te sécher.
Elle tendit les doigts devant elle, se concentra et réussit finalement à dévier l'eau qui tombait sur le jeune homme. Elle fit ensuite un petit mouvement du doigt et le sécha entièrement.
- Les sacs ! cria Ace en rigolant.
Noriko regarda le sac qu'elle tenait dans sa main gauche et remarqua qu'il dégoulinait.
- Oh, bon sang !
Elle répéta le même procédé pour sauver leurs provisions, mais oublia de se protéger elle-même et termina trempée à son tour. Elle tourna sur elle-même, voulut créer une bulle pour absorber l'eau qui la recouvrait, mais glissa et se retrouva les fesses dans une flaque.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? s'étonna Ace en se penchant vers elle, tout en luttant pour retenir un rire nerveux.
- J'en sais rien ! rit-elle. Je n'arrive pas tout contrôler.
Ace la relèva en la tenant par les aisselles. Elle tenta de se sécher, mais le résultat fut tout bonnement catastrophique et ce fut le jeune homme qui se retrouva de nouveau mouillé.
- Tu sais, tu devrais te concentrer sur toi, je ne voudrais pas que tu tombes malade.
- Tu crois que je ne suis incapable de nous garder tous les deux au sec ?
Il lui sourit d'un air évident.
- Avec de la concentration et beaucoup d'entraînement, oui.
Noriko fronça les sourcils et pinça ses lèvres.
- Tu n'as pas tort.
- Tu veux réessayer ?
Elle roula des yeux à balaya l'air de sa main, décidant de lâcher l'affaire.
- La pluie est trop forte. Je nous sécherai en arrivant à la maison, ne t'en fais pas.
- Tu veux que je reste trempé en fait, taquina-t-il.
- Tu n'as qu'à augmenter la température de ton corps pour faire évaporer l'eau, se moqua-t-elle avec un sourire malicieux en lui pincant le bout du nez.
Il lui attrapa le poignet et lui mordit la paume de la main.
- Très drôle. C'est toi que je vais faire évaporer, si tu continues.
Noriko rougit comme une tomate et sentit son cœur changer soudainement de rythme. Elle ne sût même plus quoi lui répondre.
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Ace posa son chapeau ruisselant sur la table avant de se plaquer les cheveux en arrière en soupirant.
- J'ai l'impression d'être tombé dans le lac.
Noriko tendit la main vers lui, l'invitant à lui faire face.
- Viens.
Elle fit apparaître une bulle d'eau au niveau de ses pieds qu'elle remonta jusqu'au sommet de son crâne, le séchant immédiatement.
- Merci, souffla-t-il avec un sourire.
La jeune femme répéta le même procédé pour elle-même avant de sécher toutes les courses, puis s'occupa de tout ranger pendant qu'Ace s'attela à la préparation du repas.
- Tu crois qu'on peut dire que ça fait office de douche ? plaisanta-t-il.
- Tu sens toujours bon de toute manière. Pourquoi voudrais-tu te laver ? lança-t-elle avec un clin d'œil.
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Après le repas. Noriko lança un coup d'œil par la fenêtre, la pluie s'était légèrement calmée, mais les nuages étaient de plus en plus foncés et de plus en plus gros.
- On n'est pas prêt de dormir tranquille, murmura-t-elle.
Ace lui passa ses bras autour de ses épaules, posa son menton sur le sommet de son crâne et la serra contre lui.
- Tu as peur de l'orage ?
Elle ne put s'empêcher de sourire.
- Non, quand même pas.
Elle se retourna vers lui et le serra contre elle à son tour.
- J'ai adoré venir au village avec toi, confia-t-elle en enfouissant son nez dans son torse.
- On y retournera, promit-il. Je t'assure que ton déguisement est suffisant pour que tu sois tranquille.
- Tu me préfères en brune ?
Il poussa un gloussement et lui embrassa le haut de la tête.
- Je préfère quand tu es toi, quelque soit ta couleur de cheveux.
Noriko tourna de nouveau la tête vers la fenêtre.
- Il fait tellement sombre, on croirait qu'il fait nuit.
- On est bons pour rester enfermés toute la journée. Qu'est-ce que tu veux faire ?
La jeune fille se dégagea de ses bras et lui prit les mains, en continuant de lui faire face.
- Je veux juste être avec toi. Peu m'importe qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, tant qu'on est ensemble, sourit-elle.
Il se pencha pour l'embrasser.
- Noriko... Tu sais, tu... Tu me fais énormément de bien. Ta présence, ta joie de vivre, ta bonne humeur, tout. Tout en toi me fait me sentir vivant et utile.
Il lui passa une mèche derrière l'oreille et plongea dans son regard. Noriko posa sa main sur la sienne et la garda sur sa joue.
- Et toi, tu me fais me sentir moi-même. Je n'ai jamais rien connu de tel et je suis heureuse que ce soit grâce à toi.
Dehors, la pluie devint de plus en plus forte, commençant à marteler les vitres. Ace fit glisser sa main sous l'oreille Noriko et l'embrassa de nouveau. La jeune femme ne lui avait pas pour autant lâché la main et la fit lentement descendre jusqu'à sa poitrine. Gêné par ce contact, Ace rougit, mais se laissa faire.
- Tu sens mon cœur ?
- O... Oui.
Elle lui pressa sa main plus fortement et ne le quitta pas des yeux.
- Tu sens comme il bat ?
- Oui...
- Il va toujours aussi vite lorsque je suis près de toi.
Elle se mit sur la pointe des pieds, lui attrapa le col de sa chemise et l'invita à se pencher vers elle pour déposer ses lèvres sur les siennes.
- Ace ?
- Oui ?
- Je suis amoureuse de toi.
- Noriko...
- Je m'en doutais depuis quelques temps et je pense que t'en doutais aussi, mais je tenais à te le dire.
Elle fit glisser une de ses mains derrière sa nuque, le pencha vers elle et l'embrassa langoureusement, l'empêchant de répondre. Ace passa soudainement ses mains sous cuisses et la porta jusqu'à sa taille, l'invitant à enrouler ses jambes autour de lui. Ils continuèrent de s'embrasser jusqu'à ce que Noriko recule doucement son visage.
- J'aimerais... J'aimerais être à toi et rien qu'à toi.
Les sourcils du jeune homme se froncèrent.
- Tu es sûre ? Lui murmura-t-il.
- Oui. Je veux être tienne.
Dehors, le tonnerre gronda au même moment et la pluie tombait à torrent. À l'intérieur, leurs lèvres se rencontrèrent de nouveau et Ace avança lentement vers le lit. Le courant sauta au même moment. Les deux amants se regardèrent et ne purent s'empêcher d'échanger un sourire complice.
- On dirait que le ciel est avec nous, murmura Ace, ses lèvres pratiquement collés à celles de Noriko.
- Je pense que c'est un signe, lui murmura-t-elle en retour.
Sans quitter sa belle du regard, Ace cligna à peine des yeux et toutes les bougies autour d'eux s'allumèrent au même moment, rendant un effet tamisé à la pièce principale.
- Est-ce assez romantique pour vous, mademoiselle ? lança-t-il avec un sourire éclatant.
Noriko arbora quant à elle un sourire en coin.
- C'est parfait, chuchota-t-elle en l'embrassant.
Ace déposa la jeune femme en douceur sur son dos, se retrouvant debout devant elle entre ses jambes. Il se pencha en avant et lui embrassa le cou, inspirant à plein poumon son parfum.
- Tu sens toujours bon. Tu sens la noix de coco.
La jeune fille lui caressa l'arrière de son crâne.
- Et toi, tu sens le sapin, s'amusa-t-elle. J'ai toujours adoré ça.
Ace plaça un de ses genoux entre les cuisses de la jeune fille, se redressa, retira sa chemise noire à manches courtes et la laissa tomber sur le sol derrière lui.
- Tu es sûre, Noriko ?
Elle se redressa tout en profitant du spectacle et prit appui sur ses avant-bras.
- Oui, je suis sûre, sourit-elle amoureusement avant de lui agripper la nuque pour l'attirer vers lui.
Le jeune homme plaça une main sous son dos et l'invita à se placer dans le sens de la longueur du lit.
À genoux devant elle entre ses jambes, il plaça ses mains sous ses fesses et la souleva sur sa taille, tout en continuant de l'embrasser avant d'enrouler ses cheveux autour de ses doigts lui tenant fermement mais délicatement l'arrière de la tête. Noriko serra de nouveau ses jambes autour de lui, se tenant à sa nuque à l'aide de ses mains. Ils s'embrassèrent longuement, puis le jeune homme descendit le long de sa joue, embrassa son menton, son cou, puis s'attarda sur sa clavicule. Lentement, il lui défit les noeuds qui ornaient ses frêles épaules et détacha les bretelles de sa robe, geste qu'il avait voulu faire toute la journée. Il passa sa main droite derrière le dos de la jeune fille et avec douceur, défit la fermeture éclair qui maintenait le vêtement en place avant de faire passer la robe par-dessus sa tête. Avec émerveillement, il se rendit compte qu'elle ne portait pas de soutien gorge et se retrouva face à sa magnifique poitrine nue. Il cligna des yeux plusieurs fois, profitant de la beauté qui s'offrait à lui, puis pencha sa tête en avant pour embrasser son téton gauche, ce qui fit doucement gémir Noriko. Faisant durer le plaisir, il posa délicatement une main sur son sein droit et continua de l'embrasser amoureusement avant de se rabattre sur ses lèvres. Noriko se détacha de lui avec douceur et se recula pour s'allonger sur le dos avant de l'inviter à venir vers elle entre ses jambes. Allongé sur la jeune fille, Ace s'appuya sur ses coudes et posa ses deux mains sous les oreilles de Noriko avant d'ancrer son regard dans le sien.
- Promets-moi de m'arrêter, de me dire si tu as mal. Promets-moi de me dire si tu ne veux pas aller plus loin. Promets-le moi.
Un éclair trancha le ciel et illumina la pièce au même moment.
- Je te le promets, souffla-t-elle en attrapant son visage pour l'approcher de ses lèvres.
- Tu es tellement belle Noriko, tu es magnifique..., dit-il en l'embrassant.
- Ace, je t'aime.
- Je t'aime aussi. Je t'aime Noriko, je t'aime tellement.
Ils continuèrent de s'embrasser et Ace fit glisser une de ses mains le long du torse de la jeune femme, s'attardant sur ses seins, son ventre, sa taille, voulant profiter de chaque parcelle de son corps. La jeune fille sentit de la chaleur émaner de lui et d'elle-même ainsi une sensation qu'elle n'avait jamais éprouvé jusque là, une sensation nouvelle. Les caresses de son amant lui donnait la conviction que son corps pouvait prendre feu à n'importe quel moment et elle adorait ça. Elle fixa longuement Ace, sentant son propre souffle s'accélérer au contact de sa peau. Elle le désirait.
Ace glissa sa main sur sa cuisse et la caressa, tout en s'assurant que Noriko allait bien et qu'il ne la brusquait pas. Il déboucla sa ceinture et déboutonna son pantalon avant de le retirer. Noriko était à l'aise, son cœur battait à tout rompre, mais elle se sentait parfaitement sereine dans les bras d'Ace. Elle savait que ce moment était privilégié entre eux deux et pensait qu'elle ne connaîtrait jamais plus un moment d'intimité aussi intense. C'était sa première véritable expérience avec un homme et bien qu'elle ne savait pas comment agir, elle se sentait en parfait harmonie et en confiance avec lui et décida donc de le laisser mener la danse. Ace s'approcha de son visage et embrassa tendrement ses lèvres tout en lui caressant la joue. Noriko observa ses bras, son torse et son imposante musculature, elle avait envie de le toucher et de l'embrasser. Elle passa ses mains sur ses triceps, les remonta sur ses épaules, puis sur ses pectoraux, sentant ses tétons durcis sous ses paumes, avant de les remonter derrière sa tête pour lui caresser les cheveux. Elle sentit la main du jeune homme se glisser à l'intérieur de sa cuisse avant de remonter vers son entre-jambes, puis sentit qu'il retirait son sous-vêtement avant d'également retirer le sien.
Allongé nu sur elle, Ace continuait d'embrasser Noriko sur sa bouche, ses tempes, ses joues, son cou, ses épaules, sa poitrine... Il caressa sa peau, ses cheveux, inspira son parfum et s'imprégna de son odeur, mémorisant le moindre petit grain de beauté qui parcourait son corps et profitant de chaque moment partagé avec elle. Tout en continuant d'embrasser celle qu'il aimait, il plaça une main sous son genou et releva sa cuisse, avant d'aventurer délicatement ses doigts à l'intérieur de son corps. Noriko sentit un désir inconnu lui parcourir le corps et poussa un nouveau gémissement. Ce qu'elle partageait avec son amant était indescriptible et tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle voulait le sentir en elle plus que tout et Ace exécuta ce vœu quelques instants plus tard.
Sa bouche écrasa celle de Noriko, sa langue cherchant la sienne et l'embrassant de plus en plus fort. Il lui attrapa la main, glissa ses doigts dans les siens et serra avec force. Noriko ne put s'empêcher de mettre sa main libre derrière sa tête et d'enfouir ses doigts dans ses cheveux en poussant un gémissement de plaisir. Ace attrapa le visage de sa bien-aimée, plongea dans son regard dans le sien et lui sourit, lui demandant silencieusement si tout allait bien. Elle lui répondit par un baiser passionné. Leurs souffles étaient de plus en plus courts et ils sentaient mutuellement l'excitation qui montaient en eux. Les gémissements d'Ace se joignirent à ceux de Noriko, elle posa de nouveau sa main derrière la tête de son amant et le rapprocha du creux de son cou. Ace lui mordilla l'oreille et enfonça son nez à la base de son épaule, inspirant son parfum avec passion. Ce parfum de noix de coco. Ses mouvements de bassin se firent de plus en plus rapide et c'est dans ses bras que Noriko découvrit, avec joie et pour la première fois, l'expérience de faire l'amour.