Noriko
- Je ne savais pas qu’ils étaient revenus te chercher, je ne les aurais jamais laissés faire. Je n’aurais pas dû te laisser seule, se désola Ace en crispant sa mâchoire.
- Tu ne pouvais pas savoir, se défendit la jeune fille en se remettant une mèche de cheveux blancs derrière l’oreille. Personne n’aurait pu prévoir ce qui allait se passer. Et puis, je vais bien, ils ne m’ont pas fait trop de mal. J’ai juste été emmenée à bord de leur navire et…
- Et quoi ? intima Ace, le regard perçant.
- Eh bien, comme je l’ai expliqué plus tôt, ils ont… ils ont brûlé notre maison.
Vivi, Ussop et Zoro durent lutter afin de ne pas échanger un regard entre eux. De toute évidence, Noriko n’avait pas tout dit et Ace n’était pas au courant pour ses cicatrices. Ils comprirent que ce n’était pas à eux d’en parler et décidèrent de rester difficilement silencieux. De leur côté, Sanji s’allumait nerveusement une cigarette, Nami tentait de masquer les larmes qui étaient apparues dans le coin de ses yeux et Luffy baissa la tête afin de se cacher sous son chapeau de paille. Tous restèrent silencieux, masquant la colère et l’amertume dont ils faisaient preuve face aux confidences de la nièce de Mihawk.
- Nous en trouverons une autre maison, un jour, je te le promets, murmura Ace en caressant amoureusement le côté de la tête de son amante, ce qui brisa le silence.
Il força un sourire, tentant vainement de garder son calme. Noriko était suffisamment retournée d’avoir conté son histoire, ce n’était pas le moment d’en rajouter. Zoro eut la même présence d’esprit.
- Si j’avais su, je leur aurais infligé une mort lente et douloureuse au lieu de les achever rapidement.
- Tu lui as sauvé la vie, lui répondit Ace. Je t’en suis infiniment reconnaissant. Et toi, Luffy, merci de veiller sur elle et de la protéger.
Les hommes concernés firent un signe de tête en gage de réponse et de respect.
- Oui, réagit Noriko afin de changer de sujet, Ace m’a sauvée de leurs griffes, tout comme toi, Luffy. C’est drôle de se dire que vous tous réunis, vous m’avez sauvée des mêmes personnes.
- Drôle ? marmonna Ace pour lui- même sans que personne ne l’entende.
- RAH ! hurla Luffy pour laisser exploser sa rage, si j’avais su, je lui aurais encore plus casser la figure à l’autre abruti ! Avec son fouet, j’aurais dû lui faire bouffer !
- Luffy, le calma Noriko, c’est du passé tout ça, tu m’as sauvée et tu n’aurais pas pu faire mieux.
- C’était sans doute ton destin, intervint Sanji en servant du thé, d’être reliée à nous tous.
- L’idée me plaît, lui sourit la jeune fille concernée.
De la fumée sortait des narines de Luffy, il était sur le point d’exploser de colère et s’il n’avait pas été à l’intérieur de la cuisine sous la surveillance de Sanji, il aurait certainement cassé quelque chose. Il s’arrêta brusquement, une idée lui ayant soudainement éclairé le cerveau.
- Donc, je suis ton beau-frère ?
- Luffy !!, s’étrangla Noriko en recrachant son thé, tandis qu’Ace se mit à pouffer de rire.
- Bah quoi ? répondit le capitaine en se curant le nez.
- Mais enfin, on… nous n’en sommes pas encore là, bafouilla la jeune fille en commençant à rougir.
- Pas encore ? Donc ça va arriver ?
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?
- Je dis juste que maintenant, toi et moi, nous sommes de la même famille. Nous sommes déjà une famille, mais avec toi, ce sera un lien d’alliance.
- Arrête, cette conversation n’a aucun sens.
- Bon, je dis plus rien, lâcha le Chapeau de Paille d’un air boudeur.
- Je me demandais, comment tu peux toucher du feu ? intervint Ussop.
- Du feu ? Je ne peux pas toucher du feu, pourquoi ? demanda Noriko.
- Ace contrôle le feu et toi l’eau.
- Mais et alors ?
- Eh bien, comment dire ? Ça ne te brûle pas ?
- C’est ma faiblesse, mais nous restons des humains tous les deux, on peut se toucher, de quoi tu parles ?
- Je me demande juste si, dans certains cas, tu pourrais te transformer en vapeur ou si Ace, eh bien, comment dire, pourrait s’éteindre ? Quand vous êtes proches par exemple.
Un silence gênant s’abattit. Cette fois, Ace éclata de rire et Noriko, qui se sentit rougir jusqu’à la racine de ses cheveux voulut se cacher sous la table.
- Mais pourquoi tu me poses ce genre de questions ? s’agaça-t-elle.
- C’est de la curiosité, se défendit le menteur invétéré.
- Si ta question est de savoir si je peux brûler Noriko, la réponse est oui. Mon feu est comme n’importe lequel et elle se transformerait en vapeur, même si je ne cherchais pas à la blesser, expliqua Ace en passant une main derrière le dos de Noriko afin de la mettre sur son épaule et de la rapprocher de lui. Et je pense qu’elle pourrait m’éteindre en effet, mais pas au point de me tuer, juste m’empêcher de faire plus de feu.
- Moi je trouve ça beau, songea Nami d’un air rêveur. Vous pourriez être destructeur pour l’un, puisque chacun est la faiblesse de l’autre, mais au lieu de ça, vous êtes complémentaires.
- C’est pour ça qu’à deux, nous sommes beaucoup plus fort, conclut Ace en plongeant son regard dans celui de sa bien-aimée, peut-être qu’un jour, nous combattrons ensemble…
- Je doute que ça arrive de sitôt, lui sourit gentiment Noriko en restant évasive.
Les Chapeaux de Paille, ainsi qu’Ace, continuèrent de prendre le thé en parlant de sujets diverses et variés lorsque Vivi attira l’attention sur elle.
- Pourrions-nous faire un arrêt ? J’aimerais confier une mission à Kaloo.
Durant cette pause, Ace avait rapidement résumé la raison de sa présence à Alabasta. Il avait raconté qu’il n’avait jamais réussi à retrouver Barbe Noire la fois où il avait quitté Noriko et avait donc continué son périple sans relâche jusqu’à se retrouver par hasard ici, à Yuba.
La compagnie se dirigeait maintenant vers Rainbase, qui était le quartier général du Baroque Works selon Vivi. Si Crocodile devait se trouver quelque part, c’était certainement là-bas. Ils avaient donc traversé le désert, marchant toute la journée sous un soleil de plomb. Au cours de leur périple, ils avaient sauvé un dromadaire et, grâce à la capacité de Chopper de pouvoir parler aux animaux, avait appris qu’il se nommait Longs-Cils. D’un accord commun l’animal avait accepté de voyager avec eux, à condition qu’il ne porte que les femmes ou Chopper sur son dos. C’est donc après une bagarre entre les garçons concernant cette condition et un bon repas partagé tous ensemble à Yuba, leur escale, qu’ils allèrent tous se coucher, épuisés. Sur les ordres de la princesse, Kaloo était allé porter un message urgent au roi, le père de Vivi, indiquant qu’elle était saine et sauve et en route pour la capitale.
Ils avaient tous souffert de la chaleur et Noriko leur mouillait fréquemment des tissus qu’ils pouvaient tous se poser sur la tête pour se rafraîchir. La jeune fille avait été catégorique, elle ne pouvait pas les hydrater et l’eau douce dont elle n’était pas à l’origine, était désormais un bien précieux qu’ils devaient économiser. Le capitaine avait remarqué que Noriko était celle qui souffrait le moins de la chaleur désertique, en effet, elle leur avait expliquer qu’étant faite d’eau, elle pouvait réguler facilement sa sueur et de ce fait, ne transpirait jamais. Ils avaient tous été impressionnés lorsqu’elle avait sorti son bras de ses vêtements et que sa peau avait commencé à fumer. En restant trop longtemps exposé à une chaleur ardente, son corps commençait à se transformer en vapeur, mais c’était plus de peur que de mal, elle incarnait une source d’eau infinie et ne mettait pas ses jours en danger.
Elle avait permis à tous de se laver le soir en formant des bulles d’eau suspendues dans les airs, et c’est une fois propre qu’Ace l’avait rejoint sous la tente. Il s’était assis derrière elle, les jambes collées aux siennes et la tenait dans ses bras, ne voulant plus la lâcher. Face à la fraîcheur exceptionnelle de la nuit, Noriko acceptait avec plaisir ce contact.
- Alors, comme ça, tu es pirate ?
- Par intérêt seulement, c’est plus pratique pour parcourir les mers.
- Je suis sûr que ça te plait.
- D’être une criminelle recherchée par la Marine ? Oui, on peut dire que ça change de mon quotidien.
- Tu m’as tellement manqué, lui murmura-t-il.
- Toi aussi.
- Je voulais te le dire plus tôt, j’aurais voulu qu’on soit seuls pour nos retrouvailles.
- Je suis là, Ace. Je ne bouge pas.
Il enfouit son nez dans sa chevelure et inspira le parfum de noix de coco qu’il aimait tant.
- Je t’aime.
Elle serra plus fort les bras qui l’enveloppaient.
- Je t’aime aussi.
- Je suis heureux de te savoir en vie. Tu n’imagines pas à quel point je suis soulagé de constater que tu es toujours debout malgré les épreuves que tu as traversées. S’il t’était resté des séquelles, je ne me le serai jamais pardonné.
Noriko devint silencieuse et se crispa. Elle se dégagea lentement et se retourna face à lui, calant ses genoux sur ses talons.
- Je dois te montrer quelque chose.
Ace fronça les sourcils et attendit patiemment. Il la regarda dénouer la ceinture qui maintenait sa veste en coton épais qui la protégeait du soleil, la baissant le long de son torse, avant de détacher le gilet orné de perles, dévoilant son ventre ainsi que la brassière de danseuse qu’elle portait. Un sourire se dessina sur le visage du jeune homme, ravi.
- Tu es toujours aussi belle.
Elle esquissa un sourire à son tour, laissant le rose lui monter aux joues.
- J’ai guéri, commença-t-elle.
Elle lui attrapa la main et fit courir ses doigts sur les fines marques qui décoraient son ventre.
- Je n’ai plus mal et Chopper a dit que je n’aurai pas de cicatrices à long terme.
Le visage d’Ace s’assombrit aussitôt.
- Comment ?
- Une explosion. J’ai été brûlée et je me suis transformée en vapeur.
- Tu as dû tellement souffrir, devina-t-il d’un air soucieux en continuant de toucher sa peau.
- Je voulais juste te montrer que je suis devenue plus forte, expliqua-t-elle fièrement. Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi.
- Noriko…
- Je me suis battue, coupa-t-elle. Je ne me suis pas laissée faire. Pas cette fois, continua-t-elle en baissant le regard.
- Que veux-tu dire ?
Elle lutta contre des larmes qui lui montaient aux yeux, pinça les lèvres et prit une profonde inspiration.
- Promets-moi de ne pas t’énerver.
Il posa ses coudes sur ses genoux, croisa ses doigts devant lui et la regarda sévèrement en la désignant du menton.
- Je ne te promets rien du tout.
- Ace, s’il te plaît.
Il soupira et abdiqua, avant de balayer l’air devant lui.
- Très bien, je te le promets.
Noriko se redressa puis se tourna. Elle enleva complètement sa veste qu’elle jeta sur le côté et lentement, souleva ses cheveux, dévoilant les cicatrices qui lui ornaient le dos. Le cœur d’Ace cogna si fort dans sa poitrine que le battement parvint aux oreilles de la jeune fille.
- Je n’ai pas été tout à fait honnête quand j’ai raconté mon histoire.
Ace crispa ses poings jusqu’à s’en faire mal.
- Qui ? siffla-t-il.
- Il est mort, répondit-elle sans se retourner.
- Qui ? répéta-t-il.
- Kenshi, murmura-t-elle, les lèvres tremblantes.
- L’enfoiré dont tu nous as parlé ? Celui qui est revenu te chercher et qui t’a enfermée à fond de cale en te laissant mourir de faim ?
- Oui. Tout s’est passé très vite.
Noriko était dévastée. Devant ses yeux inondés de larmes, l’intégralité de sa maison était en train de brûler, dégageant une odeur âcre qui emplissaient les poumons. Elle avait ressenti la chaleur du feu sur son visage, réchauffant son corps tout entier. Elle avait hurlé et tenté de se débattre, mais les deux hommes qui lui maintenaient les deux bras écartés étaient beaucoup plus forts qu’elle. Incapable de guider ses bulles d’eau sans bouger ses mains, la jeune femme n’avait rien pu faire. Kenshi s’était tenu derrière elle, riant aux éclats et l’obligeant à admirer ce spectacle affligeant en lui tirant les cheveux.
Il l’avait relâchée sans prévenir, puis l’avait poussée d’un coup de pied, la faisant s’étaler sur son ventre. Le souffle coupé et les deux sbires qui la maintenaient désormais plaquée au sol, Noriko avait toussé dans la poussière, grognant, luttant contre les larmes et la colère.
- Nous allons mettre les choses au clair. Tu te souviens de Shizu, l’homme qui s’est réchappé de ta rencontre ? Tu dois savoir qu’il m’avait donné pas mal de détails. Vois-tu, il était chargé de terminer la marche et de faire en sorte de t’attraper si tu avais réussi à t’enfuir. Il m’avait rapporté avoir perdu ta trace juste au-dessus du lac, après que tu y sois tombée dedans. Il t’avait frappé à l’aide d’une pierre, ça te dit quelque chose ?
Noriko poussa un grognement étouffé en guise d’accord, Kenshi venait de lui planter son pied entre les deux omoplates. Il présenta une main à l’un de ses deux comparses, ce dernier farfouilla à sa ceinture et finit par lui donner un couteau.
- Le temps pour lui de faire le tour du lac pour te retrouver, une immense colonne de feu s’était élevée dans le ciel, tuant la plupart de mes hommes au passage, continua le chef des pirates en retirant le fourreau de l’arme blanche.
À cause de la pression et du poids de son ennemi, Noriko avait eu de plus en plus de mal à respirer. Kenshi jouait à présent à passer son doigt sur la lame.
- Il a couru pour se battre et porter secours à ses camarades. Mais vois-tu, au moment où il allait enfin se rapprocher de toi, une boule de feu géante l’a repoussé plusieurs mètres en arrière.
Le pirate avait enfin retiré son pied de la jeune fille, lui permettant de prendre une bouffée d’air chaud à cause de l’incendie qui se déroulait à cinq mètres de son visage, avant de tousser de nouveau.
- Le temps pour lui de reprendre ses esprits, dans la douleur, penses-tu avec toutes les brûlures qu’il avait, il s’est rendu compte que tout le monde était mort. La fumée qui se dégageait de la forêt l’a empêché d’en voir davantage, puis ayant déjà perdu ta trace et n’étant plus en état de combattre, il a choisi de venir me retrouver pour me prévenir que tu étais bien là. Maintenant, avait continué Kenshi en se penchant vers Noriko, nous allons jouer à un jeu.
Il avait attrapé sa chemise, y avait planté le couteau et l’avait déchiré en longueur, dégageant le dos nue de la jeune femme. Cette dernière avait tenté de gigoter, sans succès. Le chef des pirates avait rendu l’arme à son propriétaire et avait attrapé le fouet qu’il tenait à sa ceinture. Il s’était placé face à Noriko et s’était accroupi, puis avait ordonné à ses hommes de la redresser.
- Tu vas me dire ce que tu as fait à mes hommes.
La nièce de Mihawk avait senti que sa chemise lui tombait sur les épaules. Les joues rouges à cause de la chaleur, pleines de larmes et de terre, elle avait reniflé bruyamment, tentant de calmer ses esprits. Malgré la douleur dû au premier coup de pied qu’elle avait reçu, elle avait réussi à articuler, prenant sur elle le mal qui la rongeait.
- Je… Je ne comprends… avait-elle bégayé.
- Tu contrôles l’eau ! s’était énervé le chef. Pourtant mes hommes sont tous morts brûlés ou asphyxiés. Je veux savoir comment tu as fait. Quelle arme as-tu utilisée alors que tu étais en train de fuir par le lac ? Qu’est-ce que tu es allée chercher ?
Noriko avait secoué la tête de gauche à droite en pleurant, causant des traces de propreté qui partaient de ses yeux, jusqu’à l’ossature de sa mâchoire qui commençait à bleuir, se frayant un chemin à travers la terre et la saleté. Ace. Voilà l’arme qui avait tué ses hommes. Elle s’était refusée de dire son nom, elle avait refusé de le mettre en danger.
- Je n’ai jamais… Il n’y a pas d’arme, je le jure… Pas d’arme, avait-elle hoquet en hochant de nouveau la tête.
Kenshi avait poussé un soupir, s’était redressé et avait déroulé son fouet que Noriko avait suivi des yeux. Toute colère et incompréhension avaient subitement quitté son corps, et la peur l’avait entièrement envahie.
- IL N’Y A PAS D’ARME ! avait-elle hurlé.
Les deux hommes qui la maintenaient n’avaient même pas eu besoin d’en recevoir l’ordre, ils avaient relevé Noriko sous ses cris et l’avaient trainée vers l’arbre le plus proche, lui attachant les deux mains autour du tronc à l’aide d’une solide corde. Kenshi avait attendu patiemment, malgré les suppliques de la jeune femme.
- Ils étaient douze. Douze en comptant Shizu, même s’il n’est pas mort sur le coup, annonça l’homme en caressant le manche de son fouet, tout en se plaçant à bonne distance de Noriko. Douze à avoir perdu la vie à cause de toi.
Cette dernière était secouée de spasmes, sachant pertinemment ce qui l’attendait. Elle n’aurait pas pu bouger, même avec toute la bonne volonté du monde, et même dans cette triste condition, son esprit était beaucoup trop perturbé pour se concentrer pleinement sur ses pouvoirs. Elle avait su à l’instant où ils l’avaient attrapée qu’elle aurait été impuissante. Elle supplia à voix haute, Kenshi de ne pas faire ce qu’il avait en tête, puis ses pouvoirs de l’aider à passer au travers de ses cordages beaucoup trop serrés pour elle, mais aucun d’entre eux n’avait répondu à ses prières.
- Je te laisse une dernière chance, lui intima le chef des pirates. Tu as jusqu’à douze pour me dire ce qu’il s’est réellement passé.
- J’EN SAIS RIEN ! avait hurlé Noriko, JE VOUS JURE QUE J’EN SAIS RIEN !
- Si ce n’était pas toi, c’est que quelqu’un t’a aidée.
- NON ! J’ETAIS SEULE !
- Je t’aurais laissé une chance… avait assené Kenshi en levant son bras.
Au premier coup de fouet, Noriko avait poussé un hurlement tellement effroyable qu’il avait semblé inhumain. La morsure du cuir sur sa peau lui avait semblé surréaliste tellement elle en avait souffert.
- Et d’un, avait murmuré Kenshi.
Il ne lui avait pas laissé le temps de respirer que déjà, il lui en avait donné un autre. Cette fois, Noriko avait senti la chair de se détacher de ses os, de ses muscles et avait cru qu’elle allait en mourir.
- Toi seule peut arrêter ça, avait-il prévenu. Dis-moi ce que tu sais !
Non. Quelque soit la pire torture sur terre, Noriko s’était refusée de parler. Jamais, pour rien au monde, elle n’aurait prononcé le prénom d’Ace.
- J’étais seule…, avait-elle soufflé en pleurant.
Elle était étouffée dans ses propres sanglots, pendant lamentablement à l’arbre auquel elle était attachée, n’ayant même plus la force de s’accrocher aux cordages.
Trois… Quatre… À chaque coup de fouet, Kenshi comptait et lui demandait quoi ou qui était à l’origine de la mort de ses hommes. Il maitrisait son arme à la perfection, il aurait pu fouetter douze fois au même endroit, il aurait pu lui laisser qu’une seule et unique trace, allant même jusqu’à entamer ses os, mais avait choisi de trancher sa peau à plusieurs endroits différents, il avait choisi de lui laisser plusieurs cicatrices. Noriko avait tenu bon jusqu’au neuvième coup et s’était évanouie. Le onzième l’avait réveillée et le douzième et dernier l’avait fait vaciller pour de bon.
Elle s’était réveillée quelques jours plus tard, le dos ensanglanté, couvert de bandages douteux, habillée d’un vieux t-shirt miteux trop grand pour elle dans la cale d’un bateau, laissée à son sort alors qu’elle agonisait. Elle avait été désinfectée à l’alcool pur et n’arrivait plus à différencier ce qui était le plus douloureux, les plaies qui la cisaillaient et la brûlaient en même temps ou la fièvre qui montait petit à petit. Les jours s’étaient ainsi écoulés jusqu’à ce qu’elle arrive à se redresser et enfin à s’asseoir.
- C’est à ça que tu faisais allusion quand tu as parlé de vengeance. Les hommes que j’ai tués le jour où je t’ai rencontrée, c’étaient les siens, confirma Ace les mains tremblantes.
- Oui, lâcha-t-elle en laissant retomber ses cheveux, c’était après avoir fait brûler notre maison.
Sans un mot supplémentaire, Ace se leva soudainement et sorti en trombe de la tente. Noriko ne comprit pas sa réaction et se lança aussitôt à sa poursuite.
- Ace !