Noriko

Chapitre 59 : Alabasta (1)

5892 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/10/2025 10:01

Les bras serrant ses vêtements contre elle, Noriko fermait les yeux, luttant contre le vent et le sable. Luffy venait d’être emporté par Crocodile et elle espérait qu’il s’en sortirait indemne. Ses autres compagnons ainsi qu’elle-même était perchés sur le dos d’un crabe géant qui fonçait en direction d’Alubarna. Il leur fallait arrêter la guerre civile qui menaçait d’éclater, il leur fallait sauver le pays de Vivi.


Ils étaient finalement arrivés à leur destination : Rainbase. Malheureusement, Smoker et ses hommes s’y trouvaient aussi. Une course poursuite effrénée les avaient séparés et Noriko s’était retrouvée enfermée dans une cage cachée sous le lac, accompagnée de Luffy, Nami, Ussop, Zoro, mais également de Smoker qui ne les avait pas lâchés d’une semelle. Tentant le tout pour le tout, ils avaient foncé tête baissée à l’intérieur du casino de Crocodile, espérant y trouver ce dernier pour le mettre hors d’état de nuire. Un piège grossier les avait ainsi conduits à être enfermés dans une cage faite de granit marin qui était elle-même engloutie dans une salle secrète. Vivi, après avoir été ramenée de force par Miss All Sunday, le bras droit de Crocodile, avait réussi à s’échapper pour aller chercher de l’aide et grâce à un stratagème de Sanji, ce dernier avait réussi à faire diversion et à éloigner le capitaine corsaire. Il lui avait ainsi fallu peu de temps – ainsi que l’aide improbable de Mr 3 qui leur raconta comment Crocodile l’avait desséché de toute eau dans son corps à l’aide de son pouvoir et donné en pâture à ses Banana-Crocos – pour sortir ses compagnons de la cage où ils se trouvaient tous. Mal leur avait pris, Crocodile avait prévu de les noyer et la structure dans laquelle ils se trouvaient étaient en train de s’effondrer. Noriko avait sauté sur des gravats afin de ne plus avoir les pieds dans l’eau et avait alors usé de ses pouvoirs en créant un énorme dôme d’eau qui les avait tous enfermés. Ils n’avaient eu qu’un laps de temps, le maintien de ce bouclier demandait une force phénoménale et l’intérieur était limité en oxygène. Ce fut malgré tout suffisant pour organiser leur remontée à la surface et de prendre une bonne respiration. Luffy avait choisi de sauver Smoker d’une noyade certaine et cela avait fait débat au sein de l’équipage. Le soldat de la Marine les avait remerciés en les laissant s’en aller, mais leur avait promis qu’à leur prochaine rencontre, ils n’hésiteraient pas à les tuer.


Voilà comment tous s’étaient retrouvé à fuir vers Alubarna, la capitale d’Alabasta, avant de tomber sur Chopper et le crabe géant, sur lequel ils étaient désormais perchés et qui s’était avéré être un ami de Longs-Cils. Crocodile avait usé de ses pouvoirs pour former une longue trainée de sable lancée à leur poursuite et avait ainsi attrapé Vivi à l’aide du crochet qu’il portait à la place de la main gauche, dans le but de la ramener vers lui. Luffy s’était alors précipité dessus afin de prendre la place de la princesse au dernier moment, espérant un combat face au grand corsaire.


Noriko remonta ses genoux contre son torse, les enveloppa dans ses bras, puis y enfonça sa tête. Si Crocodile n’avait montrer aucun intérêt à son égard, ne prenant même pas la peine d’évoquer son contrôle de l’eau ou bien Mihawk, Smoker en revanche, s’était montré plus bavard.

-       J’aurais dû te reconnaître à Logue Town, lui avait-il dit alors qu’ils étaient tous enfermés dans la cage en attendant le retour de Vivi avec l’aide promise.

La jeune fille n’avait pas su quoi lui répondre et avait donc préféré rester silencieuse.

-       Tu n’aurais pas dû te faire pirate, avait soupiré le colonel en s’asseyant en tailleur sur le banc afin d’éviter l’eau qui montait rapidement.

Noriko avait tourné la tête vers lui à cette remarque, imitée par ses compagnons.

-       Tu avais la chance jusqu’à maintenant de pouvoir être ramenée chez Œil de Faucon. Dorénavant, en étant pirate, tu encours l’emprisonnement ou même la mise à mort.

-       Alors, vous assumez que je n’étais pas une criminelle, n’avait pas pu s’empêcher de répondre Noriko en serrant ses dents.

Un air blasé était passé sur le visage du colonel.

-       Qui a dit que tu l’étais ? Les hauts-gradés savent pertinemment que tu fais partie d’un accord entre Mihawk et la Marine.

-       Et les sous-fifres ?

-       Soldat, l’avait-il reprise.

-       Que leur avez-vous dit ? Que j’étais dangereuse ? Une menace pour quiconque croise ma route ? continua-t-elle comme si elle n’avait pas été interrompue.

Smoker avait lâché un petit rire en allumant son cigare.

-       Ne sois pas trop prétentieuse, encore faudrait-il que tu maîtrises ton pouvoir, tu ne crois pas ?

-       Comment … ? avait blêmi Noriko.

-       Je t’ai vu combattre à Logue Town, je t’ai observée. Même si ces barreaux n’avaient pas été fait de granit marin, tu n’aurais pas pu sortir d’ici. Pour répondre à ta question, nous n’avons rien eu besoin de dire à nos soldats. Ceux qui ont vu ton avis de recherche ont fait le lien entre la somme promise et ton niveau de puissance, plus une prime est élevée, plus la personne est considérée comme dangereuse, c’est bien connu. Ils se sont fait leur propre idée et les rumeurs ont fait le reste, voilà tout.

-       Et vous vous êtes bien gardés de dire la vérité, était intervenu Nami.

Smoker avait longuement expiré la fumée de son cigare.

-       Ce n’est pas mon travail de faire taire les rumeurs.

L’apparition de Sanji avait ensuite interrompu cette conversation.


Smoker était colonel de la Marine et par conséquent leur ennemi à tous, mais il n’en restait pas moins un excellent soldat qui prônait la justice. Il savait que Noriko n’avait pas été recherchée pour crimes, mais uniquement pour répondre à un caprice de Mihawk. Il était sage et réfléchi et peut-être que dans une autre vie, il aurait été le genre d’individu qui aurait pu être son allié.


-       Nous y sommes ! cria Chopper, la tirant de ses pensées.

Les Chapeaux de Paille se levèrent afin de regarder la ville d’Alubarna qui s’étendait devant eux.


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Vivi s’agitait nerveusement, laissant échapper de nombreux soupirs.

-       Ne t’en fais pas, rassura Noriko, je suis sûre que le plan se déroulera comme prévu.

La princesse ne répondit pas, trop angoissée à l’idée de ce qui allait se passer. Kaloo avait retrouvé l’équipage, accompagné de l’escadron des colverts, qui comme lui étaient des canards géants capables de transporter quelqu’un sur leur dos. Les Chapeaux de Paille s’étaient ensuite séparés en groupe de deux, chacun habillé d’une cape blanche se faisant ainsi passer pour Vivi, afin de se disperser dans toute la ville, attirant les membres du Baroque Works vers eux. La vraie Vivi était restée aux alentours de la ville, cachée dans le désert avec Kaloo. Noriko quant à elle, était chargée de la protéger. Elles avaient pour mission d’arrêter l’armée des rebelles afin d’empêcher la guerre civile d’éclater.


-       Noriko.

-       Oui ?

-       Souviens- toi que quoi qu’il arrive, tu ne dois surtout pas utiliser l’eau.

-       Je sais, soupira la jeune femme aux cheveux blancs, mais tu ne crois pas que ce serait plus facile pour arrêter des centaines de civils ? Je pourrais créer un mur qui les empêcherait d’entrer dans la ville, tu aurais alors tout le temps pour leur parler.

-       Et que se passera-t-il lorsqu’ils s’apercevront que la princesse de leur royaume avait sous la main une source infinie d’eau ? Tu ne te rends pas compte des répercussions que cela pourrait avoir, ils n’auraient plus confiance en moi et… ils ne me laisseront jamais le temps de leur expliquer.

Noriko croisa le regard triste de Kaloo et resta silencieuse, son amie avait raison.

-       Koza sera certainement en tête, je dois juste l’intercepter et l’arrêter, c’est tout, reprit Vivi.



Une explosion les fit sursauter tous les trois. Ils regardèrent au-dessus du rocher derrière lequel ils se cachaient et remarquèrent un nuage de poussière qui s’élevait du sol, non loin d’une des entrées de la ville.

-       C’est du sable ! Tu crois que Crocodile est ici ? s’affola Vivi.

-       Non, impossible, cela voudrait dire que Luffy n’a pas réussi à le battre, songea Noriko la gorge serrée. Et puis, ce nuage est trop petit pour que ce soit dû aux pouvoirs de Crocodile.

-       Coin !!

Noriko tourna la tête vers le canard géant, tentant de comprendre ce qu’il voulait dire.

-       C’est pas vrai, Noriko regarde !! hurla Vivi en pointant un doigt devant elle.

-       Ussop ! cria son amie. Mais qu’est-ce qu’il fait là !?


Au loin, la silhouette d’Ussop, reconnaissable entre mille venait de faire son apparition hors de la poussière de sable.

-       Non, c’est impossible, il devrait être avec les autres !

-       Coin-coin, coin !

Ussop mit soudainement un genou à terre, il semblait blessé.

-       Il a dû être éjecté ici, nous devons aller l’aider, gémit Vivi, prête à monter sur Kaloo.

-       Hors de question, asséna son amie.

-       Mais…

-       C’est moi qui irai, toi, tu restes ici avec Kaloo et tu t’en tiens au plan de base, ordonna Noriko qui courait déjà vers Ussop.

Vivi soupira d’inquiétude et se ressaisit rapidement avant de jeter un œil à l’horizon vers le désert. Un nuage de sable grandissait à vue d’œil et le martèlement de nombreux sabots de chevaux se fit soudainement entendre indiquant que l’armée rebelle était proche. Encourageant Kaloo, ils allèrent se placer entre les nouveaux arrivants et l’entrée de la ville.


Noriko courait vers Ussop le plus rapidement possible, ne comprenant pas comment il avait pu se retrouver là aussi vite. Arrivée à lui, elle se jeta à ses côtés.

-       Ussop !!

Son ami était sur le ventre et lorsqu’elle voulut le retourner, un coup monumental dans la tempe la fit rouler dans le sable plusieurs pas plus loin, complètement assommée.


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Vivi pleurait, Kaloo s’était sacrifié pour la protéger. Elle n’avait pas réussi à arrêter l’armée rebelle et son compagnon l’avait protégée de son aile, l’empêchant de se faire piétiner par les chevaux. Lui n’avait pas eu cette chance. Agenouillée près de lui, persuadée qu’il ne s’en remettrait pas, elle n’entendit pas Ussop se rapprocher lentement d’elle. Le déclic du chien de l’arme qu’il tenait dans la main et qu’il pointait sur elle la fit se retourner au dernier moment. Dans un sourire, le jeune homme était sur le point de l’abattre.


Au moment où Ussop allait appuyer sur la détente, il décolla soudainement du sol et fut envoyé dans les airs, un poing rageur et meurtrier venait de le frapper dans la mâchoire. Vivi hurla de peur. Devant elle, Noriko venait de faire son apparition. Elle avait le visage en sang, son arcade sourcilière gauche saignant abondamment. La respiration haletante dû à la distance qu’elle avait courue, elle se précipita vers Vivi et Kaloo.

-       Noriko... Kaloo, il… Ce n’était pas Ussop, c’était…, bredouilla la princesse.

-       Je sais.

-       Noriko, je t’en prie, fais quelque chose…

-       Ne t’en fais, l’avait calmée son amie en s’agenouillant près du canard.

Sans un mot, elle lui mit une énorme bulle d’eau sur sa tête pour le réveiller et le rafraichir.

-       Mon brave Kaloo, murmura-t-elle, j’ai besoin de toi, tu dois emmener Vivi le plus vite possible, sa vie est menacée…

Kaloo bondit instantanément sur ses pieds en hurlant. Une fraction de seconde plus tard, il était prêt à partir. Noriko saisit la princesse par le bras et l’aida à grimper sur le canard.

-       Partez le plus vite possible, tu dois à tout prix trouver Koza et arrêter cette guerre, ordonna-t-elle avant d’essuyer son sang avec sa manche.

-       Non ! Viens avec nous, protesta Vivi. Kaloo est assez fort pour nous porter toutes les deux.

Noriko tenta de les pousser vers la ville, à bout de souffle.

-       Le plus important, c’est que tu restes en vie. Vous avez besoin de temps, répondit-elle avant de donner une tape sur le derrière de Kaloo qui le fit partir à toute allure. Et je vais vous en donner, ajouta-t-elle en murmurant pour elle-même, ignorant les plaintes de Vivi.

Prenant une inspiration pour calmer la peur qui l’habitait, elle fit face à l’homme qu’elle venait d’envoyer au sol. Elle était certaine d’avoir frappé Ussop, mais celui qui se releva ne fut autre que Mr 2.


Se faisant face, les deux ennemis se toisaient.

-       Mais je rêve ! T’es qui, toi ? ragea Mr 2, une dent en moins.

Noriko fronça les sourcils, oubliant un instant son angoisse d’être face à quelqu’un qui était sans doute plus fort qu’elle.

-       C’est bien la première fois qu’on ne me reconnait pas, elle marmonna.

-       Je n’ai pas de temps à perdre avec toi !

Il fondit sur elle, vite, beaucoup trop vite pour qu’elle n’ait le temps de parer l’attaque et elle se retrouva par terre, la lèvre éclatée par un violent coup de pied. La bouche en sang, elle reprit à peine ses esprits que Mr 2 était au-dessus d’elle, la tenant en joue avec son pistolet. Sans prévenir, sans qu’elle n’ait le temps de comprendre ce qu’il se passait, il lui tira dessus. Noriko se prit la balle dans le ventre et perdit connaissance.



« Tu t'es suffisamment reposée, tu dois apprendre à te servir de ton pouvoir » ordonnait la voix de Mihawk.

« Le jour où tu accepteras pleinement tes pouvoirs, tu pourras te changer en eau. » murmurait la voix d’Ace.

« Oui, on pense que ma lame t'a simplement traversée, sans te blesser.

- Mais je ne peux pas...

- Tu as un pouvoir de type logia, bien sûr que tu peux. » se mêla la voix de Zoro à la sienne.

Noriko se réveilla en sursaut, allongée en plein désert. Si elle n’avait pas possédé son fruit de l’eau, elle aurait certainement souffert de déshydratation. Elle se redressa difficilement, ressentant une douleur dans le ventre et plaqua sa main dessus en serrant les dents. Ayant retrouvé pleinement ses esprits, elle arracha son manteau en coton qui la protégeait du soleil, le jeta en arrière et examina l’endroit où elle s’était fait tirer dessus. Ce qui était arrivé à Whisky Peak venait de se reproduire. La balle avait traversé son corps qui s’était transformé en eau et elle s’en était sortie indemne.


Elle n’avait pas le temps de se réjouir, ses pensées fusèrent vers Mr 2 et Vivi, il avait dû se lancer à sa poursuite. Sans perdre un instant de plus et oubliant la douleur qu’elle avait à l’estomac, Noriko noua les deux pans de son gilet en perles, déchira le côté de sa jupe jusqu’au haut de sa cuisse afin d’avoir un maximum d’agilité, puis se précipita vers la capitale, courant le plus vite possible malgré le sable du désert qui lui rendait la tâche difficile.


À mi-chemin, un nouveau nuage de poussière se dirigeait vers elle, c’était un des membres de l’escadron des colverts qui venait à sa rencontre. Hors d’haleine, Noriko reconnu Cow-Boy, celui qui devait transporté Sanji à l’intérieur de la ville. Les mains posées sur ses genoux, reprenant son souffle, un sourire se dessina sur son visage, elle comprit et en fut immédiatement soulagée. Pour le moment, Vivi et Kaloo étaient en vie et ce dernier, qui était le capitaine de l’escouade, avait ordonné qu’on lui porte secours.


Cow-Boy franchit les portes de la ville une allure folle, transportant Noriko sur son dos. D’un commun accord, ils montèrent sur les toits afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble. L’odeur de sang régnait en maître dans la cité et la jeune fille écarquilla les yeux, ne croyant pas ce qu’elle voyait. Dans les rues d’Alubarna, la guerre civile faisait déjà rage, l’armée rebelle contre l’armée royale. Des centaines de cadavres jonchaient le sol, ensanglantant la terre sur laquelle ils tombaient. Des cris d’agonie et de terreur faisaient échos dans toute la ville. Noriko serra les dents, elle n’avait pas le temps de s’apitoyer et devait impérativement retrouver Vivi. Elle avait failli échouer à la protéger, et devait maintenant l’aider à arrêter cette guerre impitoyable qui n’avait pas lieu d’être.


Soudain, au milieu de la foule qui se battait, Noriko aperçut Kaloo, se faisant transporter par Kantarôs, un autre canard membre de l’escadron des colverts. Un peu plus bas dans la rue, elle vit Sanji qui était sur le point de se faire attaquer par un membre de l’armée rebelle. Elle donna l’ordre à Cow-Boy de continuer sans elle pour porter secours à Kaloo et sauta de son promontoire. Si Sanji avait envoyé son canard l’aider, c’est qu’il avait vu bel et bien vu Vivi et Kaloo, or ce dernier n’était plus en état de combattre et la princesse, quant à elle, n’était plus à ses côtés. Elle atterrit sur sa cible, ce qui l’assomma d’un seul coup, la rendant fière d’elle.

-       Nori-jolie ! chantonna le cuisinier en dansant, tu m’as sauvé la vie !

-       Je ne suis pas sûre que tu avais réellement besoin de mon aide, plaisanta son amie en constatant qu’une quinzaine de gardes gisaient par terre, assommés. Tu as vu Vivi ?

Sanji reprit soudainement un air sérieux et entreprit de s’allumer une cigarette.

-       Elle est en route pour le palais, Kaloo est arrivé au bout de ses forces mais il devrait s’en tirer. De mon côté, les gardes royaux nous prennent pour des membres de l’armée rebelle. J’essaye de ne pas y aller trop fort et puis il y l’autre là qui… Noriko ! Ton magnifique visage, pleura soudainement le jeune homme en remarquant le sourcil et la joue ensanglantés de son amie, qui a osé…

Sa phrase fut interrompue, une explosion avait retentit à l’endroit exact où ils se trouvaient. Sanji s’était jeté sur Noriko et tous deux avaient roulé sur le sol un peu plus loin.

-       Merci, toussa-t-elle, tentant de cracher un mélange de terre et de sable qu’elle venait d’avaler.

-       Encore toi !? cria une voix.

Les deux Chapeaux de Paille remarquèrent que ce qui avait causé cette explosion était un pied enfoncé dans le sol, tandis que Sanji aidait la jeune femme à se relever. Au bout de ce pied se trouvait Mr 2, qui était dans un sale état, certainement victime d’une des nombreuses techniques d’attaque du cuisinier.

-       Je croyais pourtant t’avoir tuée, continua l’agent du Baroque Works, combien de fois faudra-t-il que je t’élimine ?

Il fut soudainement projeté dans un mur non loin de là, sans que Noriko comprenne ce qu’il s’était passé. Debout et une jambe en l’air juste après l’avoir frappé, le jeune cuistot fulminait, une énorme veine était apparue sur son front, menaçant d’exploser.

-       C’est toi qui lui a fait ça !? Tu as osé touché à ma Nori-jolie !? Je vais te le faire payer ! hurla-t-il en crachant ce qui semblait être des flammes.

La voix inaudible de Mr 2 sortant du mur indiquait qu’il était en vie et également prêt à en découdre.

-       Nori-jolie, interpella Sanji en allumant une nouvelle cigarette. Je vais m’occuper de son cas. Vivi n’a pas réussi à trouver Koza, c’est pour ça qu’elle se dirige vers le palais à la recherche d’un certain Chaka, rejoins-la.

-       Entendu, répondit la nièce de Mihawk avant de déguerpir rapidement, sans même prendre le temps de demander qui était ce Chaka.

Elle entendait partiellement Sanji proférer des injures à l’encontre de son adversaire lorsqu’elle tourna au coin de la rue.


Ignorant le point de côté qui menaçait de la faire s’effondrer de douleur, Noriko courait aussi vite que possible. Elle avait perdu trop de temps dans le désert à se remettre de son évanouissement et s’en maudissait à chaque pas. Sur son chemin, elle croisa de nombreux gardes, occupés à se battre avec l’armée rebelle, évitant avec soin le peu de personnes qui la remarquait. Quoiqu’il arrive, elle ne devait pas utiliser ses pouvoirs.


Arrivée aux alentours du palais, les poumons en feu, elle constata avec désespoir que la bataille y était encore plus sanglante. Les membres de l’armée rebelle hurlaient que l’armée royale avait assassiné Koza, prétendant vouloir faire la paix en usant le drapeau blanc. La nièce de Mihawk ne saisit pas la totalité de ce que cela signifiait, en revanche, elle comprit rapidement que si Koza était tombé, l’arrêt de cette guerre civile serait beaucoup plus difficile que prévu. Un mouvement de foule la poussa au centre d’une des nombreuses altercations. Réfléchissant à toute vitesse, elle n’arriva pas à éviter l’homme qui lui tomba dessus. Etalée au sol, Noriko se débattue tant bien que mal en criant pour arriver à sortir de sous cet homme qui l’écrasait. C’est lorsqu’elle vit qu’il ne faisait aucun effort particulier pour se battre qu’elle se rendit compte qu’il était tombé raide mort sur elle, tué d’un coup de couteau dans le dos. Il devait à peine être plus âgé qu’elle et portait l’uniforme de la garde royale. La jeune pirate poussa un cri étouffé d’effroi, s’extirpa tant bien que mal en gémissant avant de rouler au sol. Couverte de sang qui n’était pas le sien, elle se mit à ramper, évitant ceux qui tombaient au combat et ceux qui manquaient de la piétiner. Si elle se relevait, elle serait prise pour cible. Luttant contre ses larmes, luttant contre la colère qui montait en elle quant à cette guerre qui n’avait pas lieu d’être, elle réussit à se faufiler jusqu’à une petite ruelle. Elle avait encore perdu du temps.


Elle se redressa, collée au mur le souffle court, puis leva les yeux et décida qu’elle verrait mieux de là-haut. Elle retira les fines sandales qu’elle portait afin de ne pas glisser, puis entreprit d’escalader la distance qui la séparait des toits en montant sur un petit mur, sautant sur un balcon et s’agrippant aux barreaux d’une fenêtre avant de se hisser au sommet d’une petite bâtisse. S’activant, elle sauta de toit en toit, s’approchant de plus en plus du palais, tentant de trouver une solution à la manière dont elle allait s’y introduire, lorsqu’enfin, elle arriva au sommet d’un logement qui comportait plusieurs étages. En observant le grand escalier qui menait à la porte principale de la demeure royale, Noriko plissa les yeux et constata qu’une multitude de gardes royaux tentaient de pénétrer dans l’enceinte, luttant et frappant contre ce qui semblait être des mains qui les menaçaient. Pensant à un fruit du démon qui devait certainement être à l’origine de ce spectacle, elle secoua la tête, n’ayant pas le temps de s’y attarder. Soudainement, le sable se fit beaucoup plus dense, rendant invisible la bataille qui battait de son plein gré au sol et empêchant même Noriko de distinguer le grand escalier. L’apparition de ce voile opaque fit accélérer les battements de son cœur : Crocodile ne devait pas être loin et s’il était dans les parages alors Luffy… Non, elle ne pouvait y croire, leur bataille avait certainement dû être interrompue d’une manière ou d’une autre. Elle chassa cette pensée de son esprit et se concentra. Elle savait pertinemment qu’elle n’était pas de taille à lutter contre un capitaine corsaire, ne connaissant que trop bien la force de Mihawk et pourtant… Il lui fallait à tout prix retrouver Vivi. Elle serra les dents et au moment où elle cherchait un moyen d’intervenir, un cri d’épouvante la figea de stupeur, faisant tomber son estomac dans ses talons. C’était Vivi.


Au diable sa promesse. Instinctivement, Noriko usa de ses pouvoirs afin de créer un immense torrent d’eau qui la propulsa dans les airs, la menant droit sur le palais royal, espérant compter sur la densité du sable pour passer inaperçue aux yeux de la foule qui combattait toujours plusieurs mètres plus bas.


Les quelques secondes qu’elle passa dans les airs lui permirent d’apercevoir son amie Vivi, agenouillée et hurlant de rage sur le corps d’un homme qui semblait à moitié transformé en chien, ce qui suggérait qu’il avait mangé un fruit de type zoan. Autour d’elle, des dizaines de corps de la garde royale gisaient immobiles au milieu de leurs armes, épées, lances et hallebardes complètement détruites. Non loin d’eux, Crocodile semblait admirer le spectacle de manière amusée et à ses côtés, attendait patiemment une élégante femme coiffée d’un chapeau haut de forme : Mrs All Sunday, celle qui avait abattu Igaram de sang-froid. Elle montait la garde près d’un homme qui était cloué au mur. Noriko pensa qu’il s’agissait probablement du roi en personne. La haine prenant le pas sur la peur, elle crispa la mâchoire pour s’empêcher de crier de rage et de gâcher l’effet de surprise, puis se laissa tomber au milieu de tout ce beau monde, faisant apparaître une boule d’eau qu’elle lança de toutes ses forces sur le grand corsaire, et une autre pour amortir sa chute au dernier moment.

Le fracas fut épouvantable. Crocodile évita l’attaque de justesse, mais ne put cacher son étonnement. Noriko ne prit pas la peine de vérifier si elle avait mouche et bondit vers son amie afin de s’assurer qu’elle n’avait rien.

-       VIVI !

-       Noriko ! ATTENTION !

Trop tard, sous les cris de son amie, la jeune femme se prit une énorme rafale de sable qui l’envoya valser contre les remparts du palais. L’impact avec le mur lui coupa instantanément le souffle et c’est en gémissant qu’elle rampa sur le sol, tentant de trouver la force de se relever. Le choc avait été violent, mais elle avait connu pire. Elle toussa du sang et se redressa, les yeux remplis de haine. Un nuage de sable apparut devant elle, puis Crocodile en émergea et l’attrapa par la gorge avec force. Vivi voulu se précipiter pour intervenir, mais un jet de sable la balaya facilement et la fit s’écrouler de tout son long.

-       Tu n’aurais jamais dû t’en prendre à moi, rugit le grand corsaire en serrant son poing. Tu contrôles l’eau, hein ? Je vais te montrer la sensation de ne plus en avoir à portée de main.

-       Non ! hurla Vivi en luttant à genoux, la main tendue vers celle qui était venue à son secours.

Leur ennemi commun souleva Noriko dans les airs, ce qui empêchait cette dernière de pouvoir respirer correctement. Elle se cramponnait de toutes ses forces au poignet de Crocodile, puis un rictus se dessina soudainement sur son visage. Elle venait de repenser à l’état de Mr 3.


-       Tu… Tu essayais vraiment de… de m’assécher. Moi, une source infinie… d’eau ? balbutia-t-elle.

Pour prouver ses dires, elle fit sortir des bulles d’eau de ses paumes qui s’étalèrent sur le poignet de Crocodile qui la maintenait, mouillant son bras et se faisant absorber par ses vêtements. Ce dernier se sentit frustré par cette déclaration, puis de nerfs et sous les hurlements de Vivi, plaqua violemment la jeune femme au sol avant de resserrer son étreinte pour l’étrangler une bonne fois pour toute. Le sol craqua à cause de l’onde de choc, ou peut-être était-ce le bruit de plusieurs os broyés et du sang s’échappa de la bouche de Noriko. L’adrénaline causée par le cri de détresse de son amie était retombée et désormais, ses yeux étaient emplis de terreur. Elle allait mourir. Ne pouvant plus du tout respirer, elle paniqua, cherchant de l’air et s’accrochant de plus en plus fort au poignet de son assaillant, lui enfonçant ses ongles dans sa chair. Ce fut bref, mais elle le vit. Ce petit tic qui le fit retrousser ses lèvres, indiquant qu’elle lui faisait mal. Une idée la traversa, elle puisa dans ses dernières forces et le relâchant d’une main, tendit son bras jusqu’à trouver n’importe quel objet qui pourrait lui faire office d’arme. Ce fut un bout de lance cassée, un bout de manche en bois appartenant à l’un des gardes décédés, qui fit son bonheur, elle l’attrapa et l’enfonça dans l’avant-bras de Crocodile. Elle avait vu juste, le sang coula et ce dernier hurla de douleur, la relâchant soudainement. Noriko prit une grande bouffée d’air qui fit douloureusement gonfler ses poumons avant de tousser de manière continue. L’esprit encore embrouillé, toujours au sol, elle tenta de reculer, se tenant la gorge, mais arrivait à peine à bouger. Le grand corsaire arracha le bout de bois planté dans sa chair et se précipita vers elle. Il l’attrapa par le bras, la souleva et se tourna vers le rempart du palais sous les yeux effarés de la princesse qui demeurait impuissante.

-       Si tu ne peux pas mourir de sècheresse, peut-être qu’une chute mortelle aura raison de toi, suggéra Crocodile avec colère.

Il plaça Noriko devant lui, au bord du précipice, lui broyant presque l’épaule de sa main ensanglantée. Les larmes aux yeux rendant sa vision trouble et la gorge qui avait été à moitié écrasée, la jeune femme grimaçait de douleur sous une telle pression. Elle regarda par-dessus son épaule et constata qu’elle surplombait la grande place qui baignait dans un nuage toujours aussi dense. Au-dessous, on entendait les deux armées qui continuaient à se battre sans relâche. Sans un mot de plus, le grand corsaire la laissa tomber à genoux, puis lui envoya une tornade de sable en plein torse, ce qui la projeta immédiatement à l’autre bout de la ville. Vivi hurla de désespoir.

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