Noriko

Alors que le Vogue Merry s’éloignait des côtes d’Alabasta et que l’équipage pensait pouvoir se reposer un peu, une présence étrangère à bord en décida autrement.

-       Qu’est-ce qu’elle fait ici !? cria Nami en prenant peur alors qu’ils étaient tous sur le pont inférieur.

Au-dessus de sa tête, Mrs All Sunday, le bras droit de Crocodile venait de sortir bien gentiment de la cuisine qui faisait également office de salle de réunion.

Sans attendre, Sanji la mit en joue avec un pistolet, Ussop se para pour lui tirer dessus avec son lance-pierres amélioré, Zoro dégaina ses sabres, Noriko prépara une bulle d’eau dans la paume de sa main et Chopper alla se cacher, à l’envers comme toujours. Seul Luffy demeurait impassible.

-       Ne vous donnez par cette peine, murmura la passagère clandestine.

Aussitôt, Noriko sentit une main qui lui refermait son poing tandis que les armes de ses compagnons tombèrent une à une.

-       C’est le même tour que la première fois, restez sur vos gardes, ordonna Nami.

-       Je m’appelle Nico Robin, se présenta la nouvelle venue comme si elle était accueillie à bras ouverts, et je ne suis pas ici pour me battre.

-       On peut savoir ce que tu nous veux ? Tu es un membre du Baroque Works ! lui rétorqua la navigatrice.

-       Cette association n’existe plus voyons et je veux seulement me joindre à vous.

-       Et pourquoi est-ce qu’on accepterait ? questionna Zoro.

-       Moi, je m’en fiche, elle est tellement jolie, murmura Sanji en lui lançant un regard admiratif.

-       Monkey D. Luffy ? J’espère que tu n’as pas oublié ce que tu m’as fait ? Tu dois maintenant en assumer les conséquences.

Sanji attrapa Luffy par le col et le secoua.

-       Je peux savoir ce que tu lui as fait espèce de pervers ?

-       Arrête de mentir, ordonna Luffy à Robin en ignorant son cuisinier, je ne t’ai rien fait et tu le sais bien.

-       Tu m’as sauvée la vie alors que je ne voulais plus vivre.

Elle leur fit donc un résumé de ce qu’il s’était passé lorsque Luffy avait vaincu Crocodile. Le grand corsaire avait trouvé un Ponéglyphe caché qui était censé lui donner les plans d’une arme antique. Robin avait uniquement fait équipe avec lui dans l’espoir de le retrouver elle aussi, car elle voulait en savoir plus sur le siècle oublié. Etant à sa connaissance la seule personne au monde capable de les déchiffrer, elle avait menti en lui disant que l’histoire du royaume y était racontée, mais que rien n’indiquait la présence d’une arme. De rage, Crocodile s’était retournée contre elle et l’avait poignardée. Elle avait donc abandonné tout espoir, mais Luffy en avait décidé autrement. Elle invita les Chapeaux de Paille à demander confirmation au roi Cobra s’ils ne la croyaient pas car il avait été témoin de toute la scène. Elle avait aussi ajouté que c’était elle qui avait en sorte que Luffy reçoive l’antidote contre le poison qui était sur le crochet de Crocodile et qui l’avait embroché.

Les Chapeaux de Paille ne saisirent pas toute l’histoire, ignorant de qu’était un Ponéglyphe ou le siècle oublié et ignorant pourquoi Crocodile avait eu besoin de Robin pour le traduire.

-       Je n’ai nulle part où aller et personne à retrouver, continua leur ancienne ennemie.

-       Bon, puisqu’on n’a pas d’autre solution, tu peux venir avec nous, confirma le capitaine.

-       LUFFY !! s’indignèrent en même temps les membres de son équipage.

-       Bah, elle m’a sauvé du poison.

-       C’est pas une raison !!

L’après-midi qui suivit fut aussi étrange qu’éprouvante. Ussop avait scrupuleusement interrogé Robin et avait appris qu’elle était archéologue pour suivre la tradition de sa famille, qui suite à cela, le gouvernement mondial avait lancé un avis de recherche lorsqu’elle avait huit ans, qu’elle s’était ensuite associée à divers malfrats pour survivre et qu’avec le temps, sa spécialité était devenue le meurtre. Elle leur avait également fait part d’une démonstration sur ses aptitudes et avait fait pousser tantôt une main, tantôt un œil un peu partout à bord du navire. C’était le pouvoir de l’éclosion qui permettait à son utilisateur de copier des parties de son corps et de les faire éclore à l’endroit souhaité. Noriko avait donc eu confirmation de ce qu’elle avait vu à Alubarna alors qu’elle s’était propulsée dans les airs. Des mains avaient bel et bien empêché les gardes d’approcher de la porte du palais royal.

Sanji était tombé sous son charme à la minute où il avait vu la nouvelle venue et avait donc été très heureux de pouvoir lui servir du thé. Nami avait été achetée grâce à des joyaux volés à Crocodile et Chopper, Luffy, puis finalement Ussop, avaient été convaincu par le fou rire qu’ils avaient eu lorsque Robin avait fait poussé deux mains sur la tête de Luffy et qu’il s’était amusé à imiter le petit renne au nez bleu en faisant croire qu’il portait des bois.

Un peu l’écart, Zoro observait toute la bande rire aux éclats et se rouler par terre. Un peu plus sceptique quant à cette nouvelle recrue, il alla retrouve Noriko qui arrosait des fleurs à l’aide de ses pouvoirs. Il s’adossa à la rambarde et l’interpella.

-       Ces crétins se sont fait avoir comme des bleus. Tu es mon dernier espoir d’intelligence à bord, dis-moi que tu ne t’es pas laissée prendre à son petit jeu.

-       Je pense que nous pouvons lui faire confiance, lui répondit calmement son amie.

-       Hein ? Je croyais pourtant que tu étais la plus rancunière de nous tous, s’étonna Zoro en croisant ses bras.

-       J’ai confiance en Luffy, c’est notre capitaine et je le suivrai quel que soit sa décision. Je suis sûre que tu en feras de même.

-       Bien évidemment, soupira le bretteur à trois sabres.

-       Je comprends ce qu’elle a traversé, expliqua Noriko en caressant les pétales de fleurs. Se retrouver seule sans personne de confiance et passer sa vie à fuir… Au fond, j’avais toujours Mihawk quelque part sur cette mer et j’étais déjà adolescente, mais me dire qu’elle a vécu la même chose alors qu’elle n’était qu’une enfant m’attriste beaucoup.

Elle ancra son regard dans celui de Zoro et lui sourit.

-       Luffy m’a tendu la main et je sais qu’il fait toujours table rase du passé. C’est à nous d’en faire de même maintenant.

Le jeune homme soupira d’agacement et hocha la tête en signe d’accord.

-       Elle lui a sauvé la vie, précisa Noriko, et elle a même épargné Igaram. Elle n’avait pas à le faire.

-       Je n’aurais jamais pensé que tu puisses être aussi sage, ricana son ami.

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Tandis que le navire fendait les flots à une allure constante, Nami s’affola soudainement et réunit tout le monde : le log pose pointait vers le ciel. Ce fut Robin qui leur expliqua qu’il devait sans doute s’agir d’une île céleste et que bien qu’elle n’en ait jamais vu de ses propres yeux, des livres avaient relaté beaucoup d’histoires à leur sujet. D’abord sceptique, tous changèrent d’avis lorsqu’un immense navire dans un état de décomposition avancé tomba du ciel au loin devant eux. Piqué par la curiosité Luffy voulut s’en approcher. Malheureusement, ils n’étaient pas seuls sur le coup et rencontrèrent ainsi Shôjo et Masira, deux grands primates se proclamant frères et spécialistes dans le repêchage d’épaves. Bien qu’ils furent sympathiques au premier abord, ils interdirent aux Chapeaux de Paille de s’approcher du navire qui venait de tomber du ciel et c’est grâce à la sage intervention de Robin qu’ils continuèrent leurs voyages sans encombre, en direction d’une ville située non loin d’ici.

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Amarré depuis peu, le Vogue Merry avait ses voiles relevées et son ancre jetée. Le port dans lequel il se trouvait appartenait à la ville de Mock Down.

-       Réunion, tout le monde ! s’exclama Nami tapant des mains afin d’attirer l’attention de son équipage. Comme vous l’avez constaté, de nombreux navires pirates sont présents et…

-       Et on a entendu un homme crier qu’il allait se faire tuer !

-       Merci pour cette intervention Ussop, marmonna la navigatrice avant de reprendre son discours de manière plus enjouée. Bien ! Il est évident que de la mauvaise graine se trimballe dans cette ville, nous devons donc rester sur nos gardes et ne pas attirer l’attention, c’est compris tout le monde ?

-       Je veux aller visiter ! cria Luffy en sautant du pont.

-       Moi aussi, lui répondit Zoro qui le suivit sans attendre.

-       Eh ! Où vous croyez aller comme ça !? s’indigna Nami.

-       Bah, visiter, rétorqua le capitaine d’un air innocent.

-       Vous n’avez pas écouté ce que je viens de dire !? Hors de question que vous y alliez seuls et sans surveillance, vous allez encore vous attirer des ennuis. Noriko ! Accompagne-les, ordonna la navigatrice en constatant que son amie était en train d’enjamber la rambarde discrètement.

-       Tu ne vas quand même pas nous refiler un chaperon, bougonna Zoro.

-       De toute façon, on est bien obligés, tu serais capable de ne pas retrouver le navire, intervint Sanji en s’allumant une cigarette.

-       Il a un problème le cuistot ? rétorqua le sabreur.

-       Tu veux qu’on le règle tout de suite !? menaça le cuisinier.

-       Tu crois que c’est une bonne idée, Nami ? questionna Ussop tandis que les deux autres compagnons continuaient leur dispute. La dernière fois à Logue Town, Noriko avait foncé tête baissée sur Smoker.

-       Eh ! Mais j’avais pas fait exprès, il était sur mon chemin et de toute façon, il ne m’avait pas reconnue, se défendit la principale concernée en le pointant d’un doigt menaçant.

-       Bon, on y va ? demanda Luffy qui sautillait sur place avec impatience.

-       Eh, mais où est passée Robin ? questionna Chopper à son tour.

-       Elle est sûrement partie à cause du même mal de tête que vous êtes tous en train me donner à l’heure actuelle ! s’égosilla Nami. Bien, Noriko : pas de grabuge. Luffy, Zoro : je viens avec vous. Et je veux que tout le monde se tienne tranquille, nous sommes une équipe. Une équipe civilisée et nous allons gentiment visiter la ville sans attirer l’attention.

-       D’accord, abdiquèrent-ils tous ensemble sans le moindre entrain.

La navigatrice sauta par-dessus la rambarde et rejoignit ses trois amis sur le port.

-       Si toutes les filles y vont, je veux y aller aussi, s’excita Sanji.

Ussop et Chopper lui sautèrent dessus afin de l’empêcher de s’approcher de la rambarde.

-       Pas question, tu restes avec nous ! ordonna le menteur invétéré.

-       Oui ! Tu as entendu Nami, nous sommes une équipe et nous devons rester soudés, ajouta le médecin de bord.

-       C’est ça, confirma le tireur d’élite, surtout si nous sommes attaqués.

-       Mais vous êtes malades, lâchez-moi ! tenta de se défendre Sanji en essayant de faire descendre Chopper de sa tête et de pousser Ussop qui s’accrochait à sa taille.

-       Non ! crièrent les deux assaillants d’une même voix.

Ils continuèrent à se chamailler tandis que les autres membres de l’équipage commencèrent leur exploration de la ville.

Ils atteignirent rapidement le centre-ville qui bordait le port.

-        Tant que je serai ici, je jure de ne pas me battre, répéta mollement Luffy tandis que Nami lui tirait une oreille.

-       C’est valable pour toi aussi, souligna-t-elle.

-       Ouais, c’est bon, détends-toi, je jure de ne pas battre.

-       Je ne prendrai pas le risque de me faire expulser. Et c’est valable pour toi aussi ! s’emporta-t-elle en se tournant vers Noriko qui sursauta à cette remarque.

Pour toute réponse, son amie lui lança un sourire gêné, suivit d’un petit rire timide.

-       Et surtout, on reste groupés, précisa Nami en regardant tout autour d’elle.

Elle se fit volte-face et s’énerva soudainement.

-       C’est compris, vous deux !?

Devant elle, se tenait Noriko qui regardait un étal de marchandises et Zoro, lui, était déjà en train de repartir vers le navire sans s’en rendre compte.

-       Mais vous le faites exprès !? Et où est passé Luffy !?

-       Il avait faim, lui répondit Noriko en tendant son doigt vers une ruelle sans prendre la peine de regarder son amie.

-       Mais c’est pas vrai, il faut tout faire ici ! râla la rouquine en se lançant à sa poursuite.

Autour d’eux, des dizaines et des dizaines de pirates grouillaient, riant, se battant, buvant plus d’alcool qu’ils ne pouvaient ingurgiter et titubant tantôt à droite, tantôt à gauche. La plupart d’entre eux était ivres, empestant le rhum et la bière.

-       Dis donc, c’est animé ici, remarqua Zoro avec un grand sourire, tout en suivant Noriko qui, elle, tentait de suivre Nami.

-       Espérons que l’on passe tout de même inaperçus, j’ai déjà eu affaire à des pirates ivres et ce n’était pas la meilleure expérience de ma vie, se plaignit-elle.

-       Ne t’en fais pas, s’il le faut, on leur donnera une bonne dérouillée.

-       Tu as déjà oublié ta promesse faite à Nami ? rétorqua-t-elle avec un sourire.

Zoro ne prit pas la peine de répondre à Noriko. Devant eux, leur navigatrice était en train d’étrangler leur capitaine. Lorsqu’elle les vit, elle paniqua encore plus.

-       Cet imbécile a avalé une pomme qu’un inconnu vient de lui offrir, mais elle risque d’exploser d’un instant à l’autre !

-       Mais… Il m’a remercié de l’avoir remis sur son cheval, se défendit le capitaine en continuant de mâcher.

À leurs côtés, un vieil homme perché sur un vieux canasson riait de bon cœur.

-       Enfoiré ! s’emporta Zoro en voulant dégainer un de ses sabres.

-       Allons, rit le vieillard, s’il avait pris une pomme piégée, il aurait été tué dès la première bouchée. Votre ami est un chanceux !

Les trois amis furent immédiatement soulagés et sans qu’ils ne puissent ajouter un commentaire, l’inconnu détala sous leurs yeux.

-       Les gens sont-ils tous fous, par ici ? questionna Noriko.

-       Crétin ! hurla Nami en relâchant Luffy, on ne t’a jamais appris à te méfier de ceux que tu ne connaissais pas !?

-       Mais j’avais faim…

-       Et toi, range-moi ce sabre !

-       Ça va, arrête de t’énerver…

-       Vous ne comprenez pas que nous devons trouver un moyen de nous rendre sur les îles célestes et qu’il n’y a qu’ici que nous pourrons trouver comment faire ?

-       Regardez ! Une auberge, s’enjoua Luffy en pointant du doigt le bout de la rue, allons-y !

Il détala sans demander son reste, suivit de Zoro qui n’était pas contre l’idée de boire une bière. Noriko, qui n’avait pas bougé, tapota l’épaule de son amie qui semblait dépitée.

-       Allons, allons, tu fais de ton mieux, je t’assure. Nous allons les trouver tes informations.

-       Ils vont me rendre folle, gémit la navigatrice.

Les deux jeunes femmes rejoignirent Zoro et Luffy qui étaient déjà accoudés au bar du Wild Cherry. L’un dévorait entièrement une tarte aux cerises, l’autre descendait sa deuxième chope de bière et tous deux riaient aux éclats. L’aubergiste servit deux boissons rafraichissantes de plus lorsqu’il aperçut les deux filles s’installer avec eux.

-       Nori ! cria joyeusement le Chapeau de Paille en apercevant son amie s’asseoir à ses côtés.

Noriko retira quelque chose de son œil et baissa sa tête, constatant avec effroi que Luffy venait de lui cracher une dizaine de cerises à moitié mâchées sur elle. Ses yeux s’ouvrirent plus grands que la normale face à ce constat.

-       Oh, désolé, lança son capitaine avant de remettre le nez dans sa tarte, comme si de rien n’était.

-       Luffyyyyyy ! grinça-t-elle des dents en lui pinçant la joue.

-       Je suis vraiment désolé, gémit-il. Je t’offrirai une nouvelle chemise.

Zoro explosa de rire et Nami les foudroya du regard, les invitant à se calmer immédiatement afin de ne pas se faire remarquer.

-       Cette ville est horrible, pesta-t-elle.

-       C’est là où tous les pirates viennent dilapider leur fortune, lui expliqua le tenant du bar.

Remarquant son air sympathique, Nami en profita pour se détendre un peu et faire un point sur la situation. De son côté, Noriko se leva en soupirant de lassitude et en profita pour s’éclipser aux toilettes afin de retirer la tâche de son haut.

Une fois seule, Noriko s’enferma dans les toilettes et utilisa ses pouvoirs afin de nettoyer son t-shirt blanc qui ne l’était plus. Elle avait beau frotter, retirer, puis remettre de l’eau, les nombreuses tâches de fruits rouges ne partaient pas. Elle soupira, en profita pour réajuster son short noir, puis remarqua à ce moment-là qu’une cerise broyée avait atterri sur un de ses pieds nus à travers ses fines sandales beiges. Elle sourit d’un air las et retira le tout avec une nouvelle bulle d’eau.

Quand elle revint, Zoro en était à sa quatrième chope et Luffy était en train de se faire engueuler par Nami concernant la promesse qui lui avait faite, car il avait demandé s’il pouvait faire sa fête à un client de l’auberge. En se tapant le front de sa main, le bretteur à trois sabres lui résuma péniblement la situation. Ledit client, qui devait faire deux fois la taille de leur capitaine, avait tenu un long débat avec ce dernier. L’un avait affirmé que la tarte aux cerises était un régal, tandis que l’autre avait affirmé le contraire et quand ils s’étaient attaqués à leurs boissons, ils avaient échangé leurs avis respectifs.

Noriko leva un sourcil face à tant d’absurdités et Zoro continua son récit en ajoutant que le gérant du bar avait fini par inviter le client à sortir en lui offrant une tarte car il ne voulait pas de bagarre.

-       Chapeau de Paille ! cria une voix qui interpella les quatre compagnons.

Ils se retournèrent vers l’entrée du bar et observèrent une immense silhouette se diriger vers eux.

-       Il s’intéresse à toi, murmura Zoro à l’intention de son capitaine.

-       Je sais pas qui c’est, lui répondit ce dernier.

L’homme qui faisait presque trois têtes de plus que Luffy vint s’asseoir près de lui. Sa carrure imposante et son entrée fracassante avait établit un silence tendu dans l’auberge. Il se passa une main sur le crâne, ébouriffa ses cheveux blonds, puis sourit de manière machiavélique.

-       Alors, comme ça, tu vaux 30 millions de berrys ?

-       Bah… Faut croire, répondit innocemment le concerné.

-       Je suis Bellamy La Hyène et j’aimerais t’offrir un verre, entre pirates.

Nami, Zoro et Noriko ne voyaient pas cela d’un bon œil, contrairement à leur ami qui sourit joyeusement.

-       Eh patron ! Ton meilleur rhum ! Et pour mon ami, tout ce qu’il voudra.

-       Ça, c’est gentil, apprécia Luffy en attrapant le verre qu’on lui tendait.

À peine l’avait-il porté à ses lèvres, que Bellamy lui attrapa l’arrière de la tête et la lui enfonça dans le bar, le brisant en deux suite au choc.

Les trois autres amis se levèrent en même temps dans un cri de stupeur. Noriko ouvrit son poing, que Nami lui attrapa prestement, l’incitant à rester calme. Zoro lui, fut plus rapide, et un de ses sabres était déjà placé sous la gorge de l’agresseur.

-       Je peux savoir à quoi tu joues ? lui demanda celui-ci.

-       C’est plutôt à moi de te poser cette question. Tu nous agresses, et c’est à moi de me justifier ?

Au même moment, un groupe de pirates entra également dans le bar.

-       Bellamy ! Alors Capitaine, tu ne nous as pas attendu, remarqua un homme aux larges épaules.

-       C’est Sarquiss, murmura un client peu rassuré, son second.

Le nouveau venu qui arborait une longue chevelure bleue s’assit à une table non loin de son supérieur et posa son arme ensanglantée devant lui. Une immense machette qui ressemblait à un kukri. Sans quitter des yeux les Chapeaux de Paille, il lécha le sang de son dernier adversaire et rit d’un air mauvais.

-       Zoro, intervint Nami, tu m’avais promis ! Nous devons encore trouver des informations sur notre prochaine destination.

-       La ferme ! Ils nous ont cherché, se justifia son ami.

Luffy sortir des décombres à ce moment-là et Bellamy se lança dans une tirade, ponctuée de rires mauvais.

-       Moi qui croyais que tu valais vraiment ta prime, je pensais même te proposer de rejoindre mon équipage, mais il semblerait que tu n’en sois même digne.

-       Tu veux en découdre ? lui demanda le Chapeau de Paille.

-       C’est même pas une bagarre, le provoqua La Hyène, seulement un test. Je veux voir ce que tu as dans le ventre !

-       Ouais !! Une bagarre ! crièrent toutes les personnes présentes dans le bar, pirates et clients inclus.

-       Non, arrêtez ! hurla Nami et en se tournant vers le tenant du bar. Nous voulons simplement aller sur les îles célestes, rien de plus ! Donnez-nous des informations et nous partirons !

Un lourd silence s’abattit dans la salle, suivit d’un énorme fou-rire général. Les Chapeaux de Paille ne comprirent pas leur réaction et Nami ne savait plus où se mettre.

-       Pourquoi est-ce que vous riez ? Mon log-pose indique le ciel, se justifia-t-elle.

Les rires reprirent de plus belle et Bellamy se moqua d’eux.

-       Ne me dites pas que vous croyez à cette légende ? Je suis sûr que vous ne savez pas de quoi vous parlez. Vous êtes vraiment des amateurs ! C’est juste un vieux courant qui propulse les navires vers le ciel. Ils finissent forcément par retomber et les gens se sont imaginés qu’il y avait une île au-dessus de notre tête, voilà tout.

Il repartit de nouveau dans une crise de rire, suivit par ses hommes de mains.

-       Je suis vraiment déçu, reprit-il à l’attention de Luffy. Tu n’es qu’un rêveur et tu n’es pas prêt pour la nouvelle ère. Tu ne risques pas d’emmener ton équipage très loin avec une mentalité comme la tienne.

Luffy restait de marbre, se contentant de lui faire face et de l’écouter.

-       Ecoute-moi bien sale morveux, reprit son nouvel ennemi. Les îles célestes, les cités d’or et même le One Piece, ce ne sont que de purs fantasmes ! Ceux qui y croient ne voient pas les vrais trésors qui se cachent sous leurs pieds. Ils meurent en poursuivant des rêves débiles et pendant ce temps, seuls les vrais pirates naviguent sur ces mers ! La luxure, l’argent, voilà ce qu’un pirate digne de ce nom devrait rechercher.

Son rire résonna de nouveau à travers la pièce, puis il se leva soudainement.

-       Quand je vois ce genre de rêveurs, ça me fout en rogne !

Sans prévenir, il abattit son poing dans la figure de Luffy et l’envoya valser au sol.

-       Luffy ! crièrent Noriko et Nami en même temps.

-       C’est à cause de gars comme toi que la réputation des pirates en prend un sale coup, expliqua La Hyène.

Une bouteille atterrit à côté du visage du Chapeau de Paille, suivit par une assiette et un verre. L’équipage de Bellamy s’en donnait à cœur joie et soutenait fermement leur capitaine. Zoro demeura imperturbable et n’attendait qu’une seule chose : pouvoir sauter dans le tas.

-       Dégagez !

-       Vous n’êtes pas de vrais pirates !

Les cris et les moqueries fusèrent ainsi de part et d’autre.

-       Luffy, Zoro, Noriko, interpella Nami, oubliez votre promesse et mettez-leur une raclée !

-       Zoro, répondit Luffy. Surtout, ne réponds pas à leurs provocations.

Pour toute réponse, son second rengaina son sabre en hochant la tête.

-       Noriko, continua le capitaine du Vogue Merry, quoiqu’il arrive, n’utilise pas tes pouvoirs.

-       Compris, acquiesça cette dernière en attrapant Nami par le bras afin de la faire reculer vers le fond de la salle, comprenant ce qui les attendait.

Une pluie de bouteilles vides et pleines, de la vaisselle, une chaise ainsi qu’un tabouret et même une table furent jetés sur les quatre amis. Bellamy frappait Luffy sans savoir que ce dernier ne ressentait que peu de choses grâce à son élasticité. Zoro, lui, se reçut un coup de poings dans la mâchoire qui l’envoya au sol sans qu’il ne réagisse.

Les deux garçons avaient le visage et les bras en sang et pour le moment, seules les deux filles étaient épargnées. Lorsque le chapeau de Luffy atterrit à ses pieds, suite à un énième coup que venait de prendre ce dernier, Nami craqua.

-       Mais qu’est-ce que vous faites ? se lamenta-t-elle en récupérant le butin (couvre-chef) de son capitaine, défendez-vous ! Pourquoi vous vous laissez faire !?

Noriko la contenait, tentant le tout pour le tout afin qu’elle ne soit pas blessée. Elle avait compris que répondre ne servait à rien et se contentait de suivre les ordres de son capitaine.

-       Laisse tomber ma belle, lui répondit Sarquiss, ils ont bien compris qu’ils n’avaient aucune chance. À croire qu’ils sont plus intelligents qu’ils n’en n’ont l’air, et ça reste une manière de s’écraser face à plus fort que soi.

Les pirates s’extasièrent tandis que Bellamy s’assit pour boire une chope de bière.

-       Ils n’ont aucun honneur !

-       Ils sont faibles…

-       … pathétiques.

Nami, serrait les dents. Placée devant elle afin de la protéger, Noriko quant à elle, serrait ses poings. L’envie lui démangeait de noyer tout le monde sur place et si ça n’avait pas été pour Luffy, elle l’aurait fait depuis longtemps, même sans avoir la certitude de pouvoir gagner le combat. Elle resta malgré tout immobile. Une bouteille éclata près d’elle, lui envoyant des éclats de verre dans l’arcade sourcilière, ce qui la fit gémir de douleur.

-       Noriko ! s’inquiéta Nami.

-       Tout va bien, la rassura-t-elle en retirant un débris peu enfoncé sous sa peau. Reste derrière moi surtout, j’ai plus de chance que toi de ne pas être blessée.

Nami se tut, comprenant qu’elle faisait allusion à son pouvoir logia qui ne fonctionnait pas encore sur commande.

-       Bon, j’en ai assez vu, trancha soudainement Bellamy en envoyant valser la chaise sur laquelle il était assis. Quand j’ai su que la Marine offrait 30 millions de berrys pour ce gringalet, j’ai été curieux de voir ce qu’il avait dans le ventre.

Il arracha des mains d’un des clients une bouteille de rhum à moitié pleine et s’approcha de Luffy.

-       Finalement, je constate que tu n’es qu’une poule mouillée, faible et incapable de se défendre.

Il prit une longue gorgée et sans prévenir, cracha le tout au visage du Chapeau de Paille, sous les yeux horrifiés de Nami et le regard méprisant de Noriko. Zoro, lui, était toujours indifférent.

-       Allez, dégagez-moi ces minables d’ici, poursuivit Bellamy avec un sourire diabolique, ils me donnent envie de vomir.

Un coup de genou bien placé envoya le bretteur à trois sabres valser près d’une fenêtre donnant vue sur la rue. Luffy, quant à lui, se fit attraper l’arrière du crâne et, avec une violence sans nom, sa tête passa à travers la même fenêtre.

Nami hurla avant de se précipiter vers les garçons. Noriko voulut la suivre, mais une bouteille fut lancée vers elle, ciblant sa tête. Elle se protégea juste à temps et c’est son avant-bras qui reçut le coup à la place de son visage, lui coupant la peau à plusieurs endroits. Elle cria de douleur et manqua de perdre l’équilibre. Un peu plus loin, Nami étaient agenouillée dans les débris de verre et secouait leurs compagnons. Alertée par le cri de Noriko, elle la chercha du regard et, voyant que la situation était en train de déraper, tenta frénétiquement de réveiller ses deux amis.

-       Luffy, Zoro ! Répondez !

-       Luffy, chuchota Noriko en le suppliant alors qu’elle tenait son bras ensanglanté, ordonne-moi de vous aider.

-       Relevez-vous ! hurla la navigatrice, je sais que vous pouvez les battre !

-       Eh, la rouquine ! héla la voix de Sarquiss. T’as l’air d’être la plus têtue du groupe, mais on dirait que t’as pas encore compris. Tu ne connaîtras jamais la nouvelle ère, si tu restes avec ces minables. Je suis prêt à te faire une belle offre, si tu viens avec nous. Dis-moi quel est ton prix !

Toujours agenouillée, les poings de Nami se serrèrent et Noriko s’aperçut qu’elle tremblait de colère. Elle hocha la tête de gauche à droite dans sa direction, l’invitant à rester muette, mais son amie venait d’en décider autrement.

-       Si je comprends bien, tu veux m’acheter ? haleta la navigatrice avant de les foudroyer du regard. Pas de chance pour toi, je n’en sais rien puisque je suis inestimable. Mais je peux te dire je vaux largement mieux que vous tous réunis. Vous n’êtes qu’une équipe de minables.

Sans attendre de réponse de leur part, elle leur tourna le dos et reporta son attention sur ses deux amis qui étaient toujours au sol, avant de continuer à les secouer. Un nouveau fou-rire général s’éleva dans la salle. Pirates et clients insultaient désormais la jeune fille aux cheveux roux, se moquant de son arrogance alors qu’elle n’avait pas les moyens de l’être.

Si Sarquiss avait décidé d’en rire, il n’en fut pas de même pour Bellamy qui, n’ayant pas apprécier de se faire insulter, se dirigeait de manière menaçante vers Nami.

Noriko le vit approcher à grands pas vers son amie qui lui tournait toujours le dos. Pourquoi fallait-il toujours que Nami ouvre sa bouche ? Elle se redressa et se précipita devant l’homme à la carrure imposante, levant ses mains d’un geste protecteur afin de le stopper dans sa course. La Hyène s’arrêta aussitôt, jaugeant celle qui lui faisait face en la regardant de haut. Ses sourcils se levèrent et un sourire immense étira petit à petit ses lèvres. Sans quitter Noriko des yeux, il leva sa bouteille et bu la dernière gorgée avant de la balancer par-dessus son épaule.

-       Tu n’as pas dit un seul mot, tu t’es contentée d’admirer le spectacle et voilà que tu interviens pour protéger ta copine qui a plus de cran que toi, se moqua-t-il. Tu as peut-être l’esprit chevaleresque, mais visiblement pas assez pour t’interposer pour tes autres copains.

-       Noriko ! souffla Nami en constatant que son amie était intervenue par sa faute.

La main de la nièce de Mihawk pointée en sa direction la fit taire immédiatement, lui assurant que la situation était sous contrôle. La lèvre supérieure retroussée sur dents, l’arcade sourcilière pissant le sang, les sourcils froncés et le regard plein de haine, elle n’avait pas détaché ses yeux de La Hyène. Si elle avait pu, elle l’aurait tué sur place, et son aura le lui faisait bien comprendre. Cependant, sa poitrine se levait et redescendait à un rythme effréné car elle savait pertinemment qu’elle ne ferait pas le poids face un tel adversaire. La peur l’envahissait petit à petit et menaçait de la contrôler entièrement.

-       Je peux savoir ce qu’une gamine comme toi compte faire à cet instant précis ? demanda La Hyène en penchant la tête sur le côté. Me faire peur ?

Noriko déglutit avec peine. Il lui fallait arrêter ce massacre. Son regard s’adoucit soudainement, ses bras s’affaissèrent le long de son corps et un sourire triste prit place sur son visage alors qu’elle baissait le menton.

-       Tu as compris que tu ne pouvais absolument rien faire ? s’impatienta Bellamy.

Elle inclina un peu plus la tête, et courba légèrement le dos en signe de respect.

-       Vous nous avez prouvé que vous étiez les plus forts, commença-t-elle avant qu’un nouveau fou-rire n’envahisse la salle.

Elle serra les dents, prenant sur elle le fait de s’écraser de cette manière devant un ennemi et tentant de garder son sérieux malgré la situation qui se voulait risible.

-       Il est inutile d’aller plus loin, mes amis ne sont pas prêts de se relever. Nous avons compris la leçon, termina-t-elle d’une petite voix.

De son côté, Nami en perdit la sienne et, comprenant qu’il était plus propice de se taire, suivit l’exemple de son amie. Elle aussi baissa la tête, attendant la sentence de Bellamy. Ce dernier s’attarda sur Noriko et l’observa en détails, promenant son regard lubrique sur l’intégralité de son corps. Il paraissait très étonné de sa réaction et lorsqu’il aperçut son bras ensanglanté qui dégoulinait sur le sol, il eut un sourire narquois.

-       Je vois que tu ne t’en sors pas indemne. Et ces vieilles tâches prouvent que tu as déjà passé un sale quart d’heure aujourd’hui. T’en infliger davantage serait une perte de temps.

Un frisson parcourut l’échine de la jeune femme et ses yeux s’écarquillèrent. La Hyène avait confondu les tâches de cerises avec de vieilles tâches de sang. Sans le savoir, la bêtise de Luffy venait sans doute de la sauver.

-       Alors, dis-moi. Quel est ton prix à toi ?

Elle redressa subitement la tête, en restant bouche bée. Bellamy s’était penché afin d’avoir son visage à la hauteur du sien et il en était si proche qu’elle pouvait sentir son haleine alcoolisée. Malgré les rires et les protestations des gens présentes dans le bar, il attendait sa réponse.

-       Je…, bégaya Noriko en faisant un pas en arrière, presque muette d’effroi.

Son interlocuteur éclata d’un rire mauvais et se redressa.

-       Tu croyais vraiment que j’étais capable de recruter une minable comme toi ?

Les larmes montèrent aux yeux de la jeune femme. Il avait raison. Même si son capitaine ne lui avait pas interdit d’utiliser ses pouvoirs, en aucun cas elle n’aurait eu le courage de défendre. Elle serra les dents. La peur, toujours la peur de se retrouver face à plus fort qu’elle l’envahissait, et la plupart du temps, avant même le début des hostilités.

-       Ramassez vos deux copains et foutez le camp d’ici, tant que vous êtes encore en vie, ordonna La Hyène à l’attention des deux amies.

Nami obéit sans broncher et tenta de relever Luffy après lui avoir enfoncé son chapeau sur la tête. C’est lorsque Noriko se tourna afin de prêter main forte à Zoro que Bellamy, toujours dans son dos et la surplombant de toute sa hauteur, en profita pour lui poser une main menaçante sur l’épaule. Il se pencha vers son oreille et lui glissa tout bas.

-       Prie pour que nos chemins ne se recroisent plus jamais.

La jeune femme se figea, le cœur battant à tout rompre. La main de son ennemi se refermait lentement sur elle, manquant de lui broyer un os s’il continuait.

-       Je t’ai laissée en un seul morceau pour saluer ta résilience à respecter plus fort que toi, expliqua-t-il. Tu l’as fait pour sauver tes amis, mais contrairement à eux, tu avais envie de te battre, je l’ai vu dans ton regard. La prochaine fois, je ne te raterai pas.

Il la devinait incapable de réagir car il en allait de la survie de ses amis, et jamais, au grand jamais, elle ne les ferait passer après elle. Si elle répliquait, il donnerait l’ordre de tuer tout le monde. Il la relâcha soudainement, puis s’éloigna vers le bar avant d’attraper une nouvelle bouteille. Noriko resta seule avec ses pensées et les jambes flageolantes après de telles menaces. Devant elle, dans l’ignorance la plus totale, ses amis luttaient pour se relever.

-       Noriko, aide-moi, implora Nami qui tentait de tenir les deux garçons à bout de bras.

La jeune fille aux cheveux blancs obéit machinalement et vint soutenir Zoro. Les yeux perdus dans le vague, elle l’aida à prendre appui sur son épaule afin qu’il puisse marcher sans trop de peine. De son côté, la navigatrice soutenait leur capitaine de la même manière.

Ce fut dans l’hilarité générale que les quatre amis sortirent ainsi, suivit par des bouteilles lancées après leur passage qui s’éclatèrent à leurs côtés.

Nami avait les larmes aux yeux et marchait sans s’arrêter. Une fois éloignée, elle laissa tomber Luffy au sol sans la moindre douceur. Noriko, qui suivait le rythme tant bien que mal, en fit de même avec Zoro, mais beaucoup plus délicatement.

-       Bon sang… grogna la navigatrice. Ils nous ont humiliés.

-       Quelle importance ? lui répondit son amie. Personne n’a été blessé.

Nami voulut rétorquer, mais les deux garçons se levèrent à ce moment-là comme si rien ne s’était passé. Ils secouèrent leurs vêtements plein de poussière et se mirent en route.

-       Allons-y, lâcha Zoro.

La navigatrice les poursuivit en râlant.

-       C’est maintenant que vous vous décidez à vous lever ? Mais qu’est-ce que vous fichiez !?

Constatant qu’ils allaient bien, Noriko poussa un long soupir, avant de s’insulter intérieurement. Elle mourait d’envie de se donner des claques. Se figer de peur face à plus fort que soi. Quelle faible elle avait été. Elle n’aurait sans doute pas pu être assez forte pour tenir tête à cet arrogant de Bellamy, mais elle aurait pu au moins contrôler ses tremblements. Cette brute avait aperçu la haine et la peur qui s’échappaient de son corps et n’avait pas manqué de le lui faire remarquer. Cela lui rappela soudainement des souvenirs extrêmement douloureux. Ibuki, Kenshi, ainsi que les innombrables personnes qui l’avaient terrorisée tout ce temps, tous lui revinrent en mémoire. Elle s’était pourtant jurée de ne plus se laisser faire et s’était jurée de toujours se battre. Sa petite comédie avait été radicale. Si cela n’avait pas été pour tous les sortir de pétrin, elle ne se serait jamais pardonné d’avoir supplié un ennemi de l’épargner. Elle se tapa le front du plat de sa main avant de se plaquer les cheveux en arrière et tenta de ne plus y penser. C’était du passé. Bellamy n’était qu’un minable qui prenait plaisir à terroriser plus faible que lui. Elle revit son visage dans son esprit et leva les yeux au ciel. Elle était persuadée que si Luffy et Zoro l’avaient voulu, aucune des personnes présentes dans le bar n’aurait survécu. Ces hommes et femmes, tous aussi inconscients que les autres venaient tout simplement d’échapper à une mort certaine et Noriko ne put s’empêcher de saluer l’intelligence de son capitaine pour ne pas avoir réagi.

Les mains sur les hanches et le regard pointé vers le ciel, elle rit nerveusement en pensant que la situation aurait pu être pire, avant de souffler de soulagement. La peur s’envola sans prévenir et l’adrénaline qui lui avait permis de tenir bon s’évapora petit à petit. Ce Bellamy de malheur avait réussi son coup et l’avait tétanisée, mais elle se rassura en se disant qu’elle ne le reverrait sans doute plus jamais.

Elle cracha le sang de son arcade qui avait coulé dans sa bouche, puis observa son bras afin de constater que celui-ci saignait toujours abondamment, bien qu’elle ne ressentait aucune douleur. Elle songea à Chopper qui allait avoir beaucoup de boulot et se mit en route pour rejoindre ses amis.

Lorsqu’elle les aperçut, la silhouette d’un homme imposant était en train de s’éloigner d’eux dans un grand éclat de rire. Elle n’eut pas le temps de voir son visage et ne put dire de qui il s’agissait. Elle rattrapa ses trois amis en courant et leur posa donc la question.

-       Juste le type aux tartes, répondit Zoro d’un air laconique en poursuivant son chemin.

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-       Mais qu’est-ce qu’il s’est passé, s’écria Ussop tandis que Chopper s’attelait à soigner Luffy, Zoro et Noriko. Vous vous êtes battus contre un monstre ou quoi ?

-       Non, juste des pirates, répondit le capitaine avec un immense sourire aux lèvres.

-       Ces crétins ne se sont même pas défendus ! pesta Nami.

-       C’était inutile, précisa Luffy, d’ailleurs, désolé pour le résultat, souligna-t-il en adressant un geste de la main à ses deux compagnons d’infortune qui étaient blessés.

-       Aucun problème, répondirent d’une même voix Zoro et Noriko en levant un pouce.

-       Non, mais vous êtes malades !? commenta Nami sans que personne ne s’en soucie.

-       Les coupures ne sont pas profondes et toutes les blessures sont superficielles, précisa Chopper. Heureusement que vous avez une force surhumaine.

-       Noriko ? Une force surhumaine !? s’indigna Ussop en faisant mine de s’arracher les cheveux. Mais il n’y a pas une seule personne normale à bord de ce navire !

-       Si, moi, marmonna Nami pour elle-même.

-       Je n’ai que deux coupures Ussop, rectifia Noriko avec un sourire, je n’ai pas été blessée.

-       Je sais pas ce qu’il te faut, continua de commenter Nami en observant les points de suture.

-       Ce n’est pas toi qui t’étais reçu un bateau sur la tête ? questionna le menteur invétéré sans relever l’intervention de la navigatrice.

-       Ah oui c’est vrai, j’avais oublié ! s’amusa Noriko en se levant d’un seul bond. Mais tu n’étais pas là pourtant, qui te l’a raconté ?

-       Johnny et Yosaku ! Ils étaient tellement impressionnés !

-       Oh, je me demande comment ils vont ! s’extasia-t-elle en attrapant les mains d’Ussop. Qu’est-ce qu’ils étaient drôles !

Ussop confirma, et tous deux éclatèrent de rire, liés par une amitié sincère.

-       Eh dites donc, vous deux ! Vous ne pourriez pas rester sérieux, ne serait-ce qu’une minute !? s’emporta Nami qui devenait de plus en plus furieuse, coupant court à la scène amicale qui se déroulait sous ses yeux.

-       Nori-jolie ! Voici une bonne tisane pour te remettre de tes émotions, intervint Sanji en lui présentant une tasse bien chaude avant d’être remerciée par son amie. Et pour toi, Nami-chérie, une infusion pour calmer tes petits nerfs.

-       Tu sais ce qu’ils te disent, mes nerfs !? hurla Nami en jetant le contenant par-dessus bord.

-       Une si belle tasse, se désola Noriko en mettant une main sur l’épaule de Sanji en signe de compassion.

Ce dernier sauta de joie après ce contact, puis revenant soudainement à la réalité, fit un tourbillon sur lui-même avant de revenir à la charge vers Luffy et Zoro, les foudroyant du regard.

-       Vous avez laissé ma Nori-jolie se faire blesser, bandes de crétins incapables de protéger une jolie femme. Vous mériteriez que je vous fasse rôtir à la broche et…

-       Nori a assuré comme une reine ! Son tour de passe-passe pour implorer leur pitié, rigola Luffy en interrompant son cuisinier.

-       Quand je pense qu’il a pris ça pour un signe de soumission, quel crétin, grogna Zoro.

-       Il fallait bien qu’on parte à un moment ou à un autre, sourit Noriko. Des pirates qui ne croient pas aux rêves ou au One Piece, on aura tout vu.

Tous les trois éclatèrent de rire en même temps.

-       Le type aux tartes avait raison, à quoi ça sert d’être pirate si on n’a pas de rêve.

-       Vous vous fichez de moi !? hurla Nami. Je peux savoir ce qu’il y a de drôle dans cette histoire !? Nous avons été humiliés ! Quel genre de personne vous êtes si vous n’êtes pas capables de relever un défi. À vous trois, non… Un seul d’entre vous aurait pu raser la ville entière si vous l’aviez voulu !

-       Pourquoi elle s’énerve alors qu’elle n’a rien, demanda Ussop.

-       Je sais pas, répondit Luffy. C’est elle qui ne voulait pas qu’on se batte.

-       Ça va, bougonna Zoro, Luffy a raison, je te rappelle que c’est toi qui ne voulait pas de grabuge.

-       Faut laisser le passé au passé ! s’égosilla Nami qui avait désormais des flammes dans les yeux. Vous auriez dû vous défendre !

-       Tu ne sais pas ce que tu veux, osa lui répondre Noriko.

-       Toi ! Tu mériterais que je te jette à l’eau ! Pourquoi n’as-tu pas utilisé tes pouvoirs, hein ? asséna la navigatrice en la pointant du doigt.

-       Luffy me l’avait interdit, répondit fièrement son amie avec un petit sourire en levant les mains en l’air dans l’espoir de la calmer.

-       Bah, les pouvoirs des fruits du démon sont uniques, expliqua leur capitaine. Si on te voit contrôler l’eau, on va tout de suite savoir qui tu es et Nami a dit qu’il ne fallait pas attirer l’attention.

-       Elle les aurait tous noyés, et puis voilà ! continua la rouquine.

-       Et on aurait eu toute la ville à nos trousses, sans pouvoir poser nos questions, conclut le Chapeau de Paille.

Tout le monde resta bouche bée face à tant de logique.

-       Je suis épaté de savoir que tu as déduit ça tout seul, commenta Ussop avec une petite larme au coin de l’œil.

-       Comme quoi, il est capable de faire preuve d’intelligence, surenchérit Sanji.

-       Bah, Nori n’arrête pas de dire que c’est ce qu’elle a fait toute sa vie, donc je répète, même si je comprends pas pourquoi.

-       Mais quel crétin ! hurlèrent ses compagnons tandis que Noriko riait franchement.

-       Et donc, vous avez pu trouver des informations sur les îles célestes ? demanda innocemment Chopper afin de changer de sujet.

-       Les îles… célestes, bégaya de nerfs leur navigatrice. J’ai à peine prononcer ces mots que tout le monde s’est fichu de moi ! Pourtant, je ne vois absolument pas ce qu’il y a de drôle !!!

-       Tu vas pas recommencer, râla Zoro.

-       Je l’ai encore très mauvaise ! continua la rouquine, et si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais cramé toute la ville entière !

De peur, Chopper se jeta à l’eau précédé de peu par Zoro qui s’élança à son secours.

-       Il y a de l’animation ici, coupa une voix calme et douce.

-       Robin d’amour ! Je vais aller te préparer un thé, s’enjoua Sanji en s’éclipsant dans la cuisine.

-       Bah Robin, où tu étais passé ? demanda curieusement Luffy.

-       Je suis partie m’acheter des vêtements et j’ai trouvé des informations sur les îles célestes.

-       Ça y est, j’ai compris ! Tout est de ta faute, Robin, c’est toi qui nous as parlé des îles célestes, c’est toi qui nous a dit qu’elles existaient et c’est à cause de toi que nous avons été ridiculisés ! Tu avais tout prévu ! Tu savais parfaitement où demander des renseignements ! Si ces îles n’existent pas, je t’enverrais si loin sous l’eau que t’iras tutoyer les poissons !

-       Tu devrais laisser Nami tranquille Robin, le temps qu’elle se calme, prévint Ussop.

Dans un petit rire, Robin fit pousser des mains jusqu’à Luffy afin de lui faire passer une carte qu’elle avait trouvé.

-       Une carte au trésor ? demanda le capitaine.

La navigatrice se calma aussitôt et s’immisça dans la conversation avec un immense sourire et des étoiles plein les yeux afin de savoir de quel trésor ils parlaient.

Robin expliqua qu’il s’agissait de la carte de l’île sur laquelle il se trouvait. Comme l’indiquait la carte, elle était coupée en deux par un fleuve. À droite, la partie de l’île sur laquelle ils étaient accostés et à gauche, la deuxième partie, partiellement inhabitée et composée d’une immense forêt très dense. Elle lui précisa qu’au nord y vivait un paria portant le nom de Montblanc Cricket et qu’il avait été banni de la ville car il croyait en ses rêves. Avec un clin d’œil, Robin suggéra que ce serait une bonne idée d’aller l’interroger.