Noriko
Noriko se frottait rigoureusement les mains avec de l’eau qu’elle avait fait apparaître afin d’enlever la terre logée sous ses ongles, rongée par l’angoisse. Elle avait émergé une heure plus tôt et avait eu beaucoup de mal à se redresser, son corps refusant de lui obéir. Une personne normalement constituée n’aurait pas survécu à un tel coup et elle se savait en vie uniquement grâce à sa force surhumaine que ses amis lui avaient toujours soupçonnée. Noriko s’en rendait enfin compte et ne pouvait que l’accepter.
Ses côtes, son visage, son dos ainsi que chaque membre de son corps la faisaient désormais tressaillir de douleur et pourtant, elle devait tenir bon. Elle avait rampé jusqu’à Masira, Cricket et Shôjô et s’était assurée qu’ils respiraient toujours. Elle n’avait pas pu les recoudre, ni les réveiller et s’était donc contenté de nettoyer leurs plaies pour qu’elles ne s’infectent pas. Elle avait fait tout son possible, mais leurs blessures dépassaient le peu de compétences qu’elle possédait dans le domaine médical et ne pouvait qu’attendre qu’on vienne l’aider.
Sa tâche achevée, elle s’était dirigée en titubant vers la maison et en était ressortie avec une veste en cuir marron. Articuler ses bras afin de la mettre sur son dos avait été une épreuve douloureuse et cela avait été en sifflant un juron entre ses dents qu’elle était parvenue tant bien que mal à s’habiller. Les bleus sur corps n’allaient pas tarder à apparaître et elle ne voulait surtout pas que ses amis les voient. Elle s’était ensuite attaquer à ses ongles.
À genoux, elle respirait de manière régulière et tentait de retrouver son calme en hoquetant. Frottant ses mains de plus en plus fort, elle songea à son réveil. Bellamy était parti avec ses hommes après leur duel et elle s’était relevée à l’endroit exact où il l’avait laissée. L’impact du dernier coup qu’elle avait reçu avait enfoncé son corps dans la terre et ce fut donc en hurlant de rage et de terreur qu’elle s’était éveillée en sursaut. Son cri s’était ensuite transformé en une longue plainte douloureuse et les larmes avaient inondé ses joues, refusant de s’arrêter de couler jusqu’à ce qu’elle réussisse à ramper hors du trou où elle se trouvait.
Noriko haletait. Une mèche de ses cheveux passablement décoiffés tomba sur sa joue et elle la retira d’un geste brusque. Lorsque ses yeux se posèrent de nouveau sur ses doigts, elle constata que ses larmes s’y étaient déposées dessus et, mélangé à ces dernières, du sang. Son sang. Elle se sentit blêmir et le visage de Bellamy apparut nettement dans son esprit. Penché au-dessus d’elle, il lui souriait. Elle secoua la tête et chassa ce souvenir. Elle fit de nouveau apparaître de l’eau dans le creux de ses mains et se frotta vigoureusement l’entièreté du visage avec. Sa pommette qui avait doublé de volume, son œil gauche qui allait sans doute devenir violet, ainsi que sa lèvre coupée en deux lui firent l’effet de dizaines d’aiguilles plantées dans sa peau et elle gémit bruyamment face à la douleur.
Cacher les bleus de son corps était facile, en revanche, masquer le reste serait plus compliqué que prévu. Elle arracha l’élastique qui lui maintenait ses dernières mèches coiffées en queue de cheval et tenta de les mettre le plus possible devant ses yeux. Ses cheveux étaient sales et emmêlés, couvert de terre et de sang, et elle dû également les rincer à l’eau. Seul lui importait de ne pas paraître blessée. Luffy ne se le pardonnerait jamais de ne pas être arrivé à temps.
Des voix lui firent redresser la tête et elle les aperçut, franchissant l’orée de la forêt. Après de longues heures de marche, son équipage était enfin de retour. Elle calma les battements de son cœur, leva fébrilement une main et força un sourire à se dessiner sur son visage. Elle leur fit signe, soulagée de les revoir.
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- Tu vas nous dire ce qu’il s’est vraiment passé ? demanda Nami.
- Rien du tout, lâcha Noriko qui était assise par terre devant le feu de camp, les bras serrés autour de ses genoux.
Une main de Robin poussa sur son épaule et lui dégagea la mèche de cheveux qui masquait son œil, ce qui fit soupirer la jeune fille aux cheveux blancs. Accroupie à ses côtés, Nami en profita pour lui lever le menton et regarder de plus près.
- Et ça, c’est de qui ?
Noriko leva les yeux au ciel, puis se dégagea doucement avec un sourire forcé.
- J’ai dû me cogner sur une pierre en tombant, je n’ai rien, je vous assure.
- Qu’est-ce que tu peux être têtue, soupira Nami.
- Je l’ai déjà expliqué à Luffy ! Je suis arrivée trop tard pour eux, dit-elle en désignant du menton la maison où se trouvaient Masira, Shojo et Cricket. Ensuite, j’ai reçu un coup sur la tête et je me suis évanouie.
Devant elle, Chopper s’attelait à la soigner. Minimisant ses blessures, elle l’avait convaincu de s’occuper des trois amis en priorité. Ils les avaient donc soignés et tous se reposaient désormais dans le salon que l’équipage avait tenté de ranger de fond en comble.
Lorsque le médecin de bord lui tapota la lèvre avec un coton imbibé de désinfectant, elle ne put s’empêcher de siffler entre ses dents.
- Excuse-moi, gémit le petit renne.
- Tout va bien, lui sourit Noriko en lui posant une main sur l’épaule, ça pique un peu, c’est tout. Merci beaucoup.
Elle leva un pouce vers lui et Ussop fit son apparition au même moment, la mine décomposée.
- Ils… Ils ont saccagé le Vogue Merry.
- Quoi !? hurla Nami en se relevant.
- Zoro et Sanji sont en train de voir si c’est réparable…
Le cœur de Noriko tomba dans ses talons. Ils avaient amarré à plus de deux kilomètres au nord de la maison. Bellamy et ses hommes n’avaient pas pu retrouver leur navire, c’était impossible. Elle se leva soudainement, manquant de faire tomber Chopper en arrière.
- Noriko ! Tu dois te reposer ! cria ce dernier, rattrapé à temps par les bras de Robin qui avaient poussé dans son dos.
Sans demander son reste, la nièce de Mihawk se dirigea vers la mer, luttant contre les vertiges qui menaçaient de la faire tomber.
- Noriko ! crièrent ses amis en la poursuivant.
La principale concernée put à peine faire une dizaine de mètres avant de s’arrêter pour reprendre son souffle.
- Bon sang, Noriko ! Je suis ton médecin, tu dois m’écouter ! s’emporta Chopper en prenant sa forme Heavy Point afin de lui barrer la route.
- C’est… ma faute, balbutia la patiente en s’effondrant sur ses genoux.
Nami et Robin s’accroupirent près d’elle, visiblement inquiètes.
- Tu n’y es pour rien, la rassura l’archéologue.
- Tu n’as rien vu venir, lui rappela Nami.
Noriko prit une profonde inspiration et se tourna vers la maison. Sur un des murs avait été peint l’emblème qui ornait le drapeau de l’équipage de Bellamy. Un visage souriant barré d’une ligne en diagonale. Elle serra ses poings en le voyant et crispa la mâchoire.
- Encore à te morfondre ? demanda ironiquement une voix qui approchait, ce qui lui fit redresser la tête.
- Bon sang, tu ne peux pas avoir un plus de tact !? s’emporta Sanji qui s’approchait également.
- Ça va, lâche-moi, bougonna Zoro. Hé, Noriko, tu ne pouvais rien faire face à lui, alors arrête de te flageller. Luffy t’avait interdit d’utiliser tes pouvoirs, non ? Tu n’as fait qu’obéir à ton capitaine.
Noriko soupira de lassitude en détournant le regard alors que Chopper l’aidait à se relever. Il avait raison.
- Si j’avais été plus rapide…
- Ils s’en seraient quand même pris à eux et auraient tout de même voler l’or, coupa Sanji en s’allumant une cigarette. Si tu avais été plus rapide, tu aurais fini dans le même état que nos amis, voilà tout. Estime-toi heureuse d’être en un seul morceau.
La jeune fille baissa la tête, préférant ne pas lui répondre.
- T’en fais pas, je suis sûr que Luffy va lui faire sa fête, rajouta Zoro en lui tapant maladroitement l’épaule assez fort, ce qui la fit grincer des dents.
Chopper poussa un hurlement.
- Mais t’es malade !? Elle est blessée, je te rappelle !
- C’est bon, désolé, je l’ai à peine effleurée ! s’agaça le jeune homme. Elle n’est pas en sucre non plus, elle a juste été assommée !
Sous sa forme Heavy point, le docteur s’approcha du bretteur, l’air menaçant, sous le regard amusé de Noriko, qui ne put s’empêcher de lâcher un petit sourire.
- J’espère que Luffy sera rentré avant l’aube, on ne peut pas se permettre de rater le Knock-Up Stream, murmura Nami pour changer de sujet.
- Je crois que c’est la quatrième fois que tu nous le dis, remarqua Robin en faisant semblant de réfléchir.
- Oui ! Eh bien, si cet imbécile nous fait rater notre seule chance de voir les îles, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même et ce sera bien fait pour lui ! rétorqua la navigatrice au bord de la crise de nerf.
- Comment va Merry ? demanda soudainement Ussop.
- Je crois qu’il est bon pour la casse, répondit Sanji en expirant sa fumée.
- Comment tu peux dire ça aussi calmement !? s’insurgea le menteur invétéré en sortant de ses gonds.
De part et d’autre, les conversations fusèrent, rendant le tout inaudible.
- Vous en faites du bruit les mômes, c’est quoi tout ce raffut ?
Un silence s’installa entre les membres des Chapeaux de Paille. Cricket venait de faire son apparition, une cigarette à la bouche.
- Qu’est-ce que vous faites debout ? s’enquit Chopper en relâchant Zoro qu’il tenait jusqu’alors au-dessus de sa tête. Vous devez absolument vous reposer !
- On n’a pas le temps pour ça, lui expliqua Cricket en balayant l’air de sa main. On vous avait promis d’améliorer votre navire et on va le faire. Shôjô et Masira sont partis chercher leurs hommes. Si on s’y met tous, ce sera fini avant l’aube.
Sans attendre de réponse, il traça sa route vers le Vogue Merry.
- Bon, vous l’avez entendu ? Tout le monde s’y met, ordonna Zoro qui époussetait son t-shirt l’air de rien, suivons-le.
- Mais ils sont blessés ! s’offusqua Chopper qui le regardait partir.
- J’en reviens pas, avec la dérouillée qu’ils ont prise, ils sont déjà sur pieds, commenta Ussop.
- Allons-y, lâcha Noriko en les suivant à son tour, précédée de Robin, Nami et Sanji.
- Noriko ! Tu ne dois pas bouger ! ragea le petit renne en les poursuivant lui aussi en courant.
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Noriko avait tenté d’aider ses compagnons à remettre le Vogue Merry en état, mais les douleurs qui parcouraient son corps l’avaient rapidement ramenée à la réalité. Elle avait prétexté un mal de tête des plus intenses et Cricket lui avait suggéré de se reposer à l’intérieur de la maison, là où le bruit des réparations du navire ne la dérangerait pas.
Lorsqu’elle voulut refermer la porte derrière elle, Noriko fut surprise de découvrir Chopper qui l’avait suivie.
- Je sais que tu n’as pas reçu qu’un seul coup, lui dit-il timidement en se tenant les sabots.
- Chopper…
- J’ai vu les marques sur ton corps et la manière que tu as de te déplacer, continua-t-il. Tu as mal et je dois admettre que tu le caches très bien. Mais je suis médecin, tu ne peux pas me tromper.
Noriko garda le silence, se contentant de le regarder avec désolation, puis aller fermer la porte avant de poser son front dessus. Elle pinça les lèvres et inspira profondément, sentant le lourd regard accusateur de son ami dans son dos.
- Pourquoi n’as-tu rien dit ?
- Parce que je ne voulais pas vous inquiéter, lâcha-t-elle en se tournant vers lui.
- Mais pourquoi ? Nous sommes tes amis ! pleurnicha le petit renne.
Elle se mit à genoux pour être à sa hauteur, puis ancra son regard dans le sien.
- Qu’est-ce que ça aurait changer, Chopper ? Luffy est parti comme une flèche pour récupérer l’or de Cricket et je suis persuadée que c’est uniquement pour ça. Tu sais aussi bien que moi qu’il n’est pas allé chercher vengeance.
Le médecin eut un mouvement de recul.
- Noriko...
- Je vais bien et c’est l’essentiel, trancha-t-elle en lui attrapant ses sabots. Ce qui est fait est fait et je refuse que l’on s’attarde là-dessus.
Le renne renifla, cherchant ses mots.
- Tu vas me dire que je suis tenu au secret médical, pas vrai ?
- Admets que c’est pour ça que tu n’as rien dit, lui sourit-elle gentiment.
- Pourquoi as-tu fait ça ? demanda-t-il. Je ne dirai rien aux autres, mais je mérite de savoir pourquoi tu ne t’es pas défendue alors que nous savons tous que tu en étais capable.
Le visage de la jeune fille se ferma et elle sembla hésiter.
- Parce que j’avais peur, souffla-t-elle après quelques secondes.
Les yeux de Chopper s’écarquillèrent, puis des larmes y apparurent. Noriko mit deux longues mèches de cheveux derrière ses oreilles. Elle soupira avant de se lancer dans son explication.
- Je savais que je n’étais pas capable de le vaincre. Je savais aussi qu’utiliser mes pouvoirs n’auraient fait qu’aggraver la situation. Ils ne savaient pas qui j’étais, tu comprends ? J’avais peur qu’ils m’emmènent, s’ils le découvraient. Ça n’avait rien à voir avec le fait de devoir cacher mes pouvoirs, continua-t-elle en détournant le regard. Donc… J’ai décidé de gagner du temps en attendant le retour de Luffy, parce qu’à ce moment-là, je savais qu’il serait capable de le battre, sourit-elle timidement.
Elle marqua une pause, s’assurant que personne d’autre n’entendrait la suite.
- Je l’ai provoqué, chuchota-t-elle alors que les larmes lui montaient aux yeux. J’ai fait en sorte de le retenir le plus longtemps possible pour qu’il ne s’enfuit pas avec l’or.
- Cricket a dit qu’il était probablement toujours en ville, marmonna son ami en se laissant tomber assis par terre.
- Je sais, répondit-elle en lui caressant affectueusement l’arrière du crâne, mais sur le moment, j’ai paré à toutes les éventualités.
La fourrure de Chopper était extrêmement douce et Noriko aurait volontiers déposé sa tête dessus pour pouvoir s’y endormir. Elle s’essuya les yeux du dos de sa main et força un sourire triste.
- Alors, tu l’as laissé te battre, conclut le renne au nez bleu, en te défendant comme tu pouvais.
Un sanglot inattendu comprima la poitrine de la jeune femme et des larmes inondèrent soudainement ses joues, sans qu’elle s’en rende compte.
- Si Luffy apprend ce qu’il s’est passé, il s’en voudra terriblement, hoqueta-t-elle. Il culpabilisera de ne pas être arrivé à temps et il est hors de question qu’il se mette ça en tête.
Elle attrapa Chopper par les épaules et chercha son regard.
- Promets-moi que tu ne diras rien à personne.
Le jeune médecin serra des dents, puis, à contrecœur, hocha la tête en signe d’accord. Noriko parut soulagée. Elle prit une profonde inspiration et attrapa le sabot de son ami afin de le serrer dans sa paume.
- Tu devrais te reposer, lui conseilla-t-il. Je garderai le secret, mais pour une fois, fais ce que je te dis, s’il-te-plaît.
La nièce de Mihawk lui sourit avant de laisser échapper un nouveau sanglot. Elle hocha la tête furtivement et pour prouver ses dires, se releva doucement avant de se dirigea vers le canapé. Elle lui fit un signe encourageant de la main, indiquant que tout irait bien. Encore sous le choc, Chopper se redressa lentement, puis poussa un soupir, partagé entre l’inquiétude et la colère. Il força un petit sourire, essuya ses larmes en ouvrant la porte et se dirigea vers le jardin afin de rejoindre ses autres amis.
Une fois seule, Noriko se laissa submerger les émotions avant de se mettre à pleurer chaudement tandis qu’elle se roulait en boule. Épuisée, elle s’endormit rapidement dans un sommeil sans rêve.
Lorsqu’elle se réveilla, elle se sentit revigorée et seules quelques courbatures trahissaient encore son corps. Noriko se redressa et, pour la première fois de sa vie, remercia intérieurement sa force surhumaine, l’acceptant définitivement comme une partie d’elle-même.
Elle se passa une main sur le visage puis se leva en grimaçant, constatant que le jour était déjà levé. Elle retira la veste en cuir de Cricket, puis laissa glisser des bulles d’eau sur son corps et sa tête dans le but de se rafraîchir et de se laver. Avec peine, elle retira sa chemise jaune déchirée et l’échangea avec le pull noir à manches longues qu’elle avait récupéré à l’intérieur de sa cabine quelques heures plus tôt. Les vieilles marques de brûlure causés par Mr 5 ainsi que toutes les traces datant de sa lutte à Alabasta avaient fini par disparaître et désormais, de nouveaux bleus ornaient ses bras et ses côtes.
Elle pesta intérieurement en secouant la tête et sursauta lorsque Cricket entra dans la maison.
- J’espère que je ne t’ai pas réveillée, sourit-il. Le Vogue Merry est réparé et les améliorations ont été mises en place. Tes amis sont en train de se reposer, leur chasse nocturne les as autant fatigués que toi.
Noriko baissa le regard, gênée de ne pas avoir été utile. Cricket se dirigea vers la cuisine, cherchant de nouvelles cigarettes.
- Tu n’aurais rien pu faire.
La jeune femme leva la tête, surprise.
- De quoi parlez-vous ?
- Les réparations et les améliorations, les hommes de Masira et Shôjô ont fait le plus gros de l’œuvre, avec moi-même bien sûr, précisa-t-il en cherchant maintenant un nouveau briquet.
- Je suis désolée de ne pas avoir été présente, murmura Noriko en baissant les yeux.
Cricket s’approcha d’elle, une cigarette à la bouche fraichement allumée.
- Tu aurais pu la garder, dit-il en désignant la veste en cuir posée près de la jeune femme.
Les joues rosies par la gêne, elle baissa le menton en signe de respect.
- Pardon, je ne voulais pas la voler, paniqua-t-elle, j’avais seulement besoin de…
- Tu m’as sauvé la vie, coupa l’homme en inspirant de la nicotine.
Un silence s’abattit entre les deux jusqu’à ce que Noriko lève timidement son regard vers lui.
- Il était en train de m’étrangler, continua Cricket en souriant avant d’expirer la fumée par son nez, et si tu n’étais pas intervenue, il m’aurait tué pour de bon. Je l’ai provoqué aussi, tu sais ? Je lui ai dit qu’il était hors de question que je me laisse faire par un minable qui avait peur d’affronter ses rêves, s’amusa-t-il, mais il faut croire que cet avorton était en réalité plus fort que ce que je croyais.
Il éclata d’un rire bref, ce qui surprit la jeune femme.
- Je te dois la vie, ajouta-t-il, alors tu peux bien garder cette veste en échange.
Noriko prit le vêtement entre ses mains et le replia délicatement, indiquant à Cricket qu’elle ne partirait pas avec.
- Je te remercie sincèrement, souffla Cricket en expirant de nouveau de la fumée.
- Ce n’était pas…, déglutit-elle. Avec plaisir, se contenta-t-elle de répondre avec un petit sourire avant de lever fièrement le menton. Bellamy aura ce qu’il mérite. Je suis sûre que Luffy lui fera sa fête et qu’il récupérera votre trésor.
Montblanc Cricket eut un sourire en coin avant de l’inviter à sortir.
- Pourquoi n’irais-tu pas le lui demander toi-même ? Il vient juste de revenir.
- Luffy ! cria Noriko en apercevant son capitaine.
- Eeeeh ! Noriiiii ! lui répondit ce dernier en lui faisant signe.
La jeune femme croyait en les capacités de son capitaine et si l’équipage et elle-même l’avaient laissé partir seul, c’est qu’ils savaient tous qu’il reviendrait en un seul morceau. Malgré tout, elle était émue et quelque part, soulagée de savoir que Bellamy ne s’en était pas sortie impunément. Au fond d’elle-même, elle espéra secrètement ne plus avoir à croiser sa route et se jura de ne plus penser à lui.
Luffy courut joyeusement vers elle.
- J’ai récupéré le trésor ! Et j’ai même trouvé un scarabée !
- C’est pour ça que tu as mis autant de temps ? pouffa son amie.
- Le port était plus loin que prévu. D’ailleurs, je pense que Zoro se serait perdu à ma place.
- Je croyais que tu t’étais contenté de suivre la rive ?
- Bah ouais, justement !
Ils rirent aux éclats, se moquant joyeusement du sens de l’orientation de leur ami bretteur.
- Tu sais Nori, reprit plus sérieusement Luffy, Bellamy m’a dit qu’il ne croyait pas que tu valais plus de 100 millions de berrys. Il a aussi dit que Zoro et moi avions menti sur les nôtres, il était vraiment bizarre.
- De quoi parles-tu ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
- Bah ! Ne t’en fais pas, je lui ai réglé son compte, s’amusa Luffy avec un immense sourire.
- Luffy ! C’est sérieux, gronda Noriko en lui pinçant la joue. Depuis quand nos primes ont-elles augmenté et depuis quand Zoro en a-t-il une ?
- Je sais pas, ils m’a rien dit de plus, répondit son capitaine en se curant le nez.
Il éclata soudainement de rire, ce qui fit sursauter son amie.
- Faut croire que nos primes ont augmenté ! Allez, viens ! Il faut le dire aux autres et je veux voir à quoi ressemble le Merry !
Il s’enfuit en courant, laissant Noriko seule avec ses questions.
- Bon sang, murmura-t-elle en se frottant les sourcils, comment fait-il pour toujours tout prendre à la légère ?
Elle se mordit l’intérieur de la joue. Si leurs primes avaient augmenté, c’était forcément liés aux évènements les plus récents, ce qui voulait dire tout ce qui s’était déroulé à Alabasta. Elle secoua la tête et se dirigea vers le navire. La Marine était présente à Alubarna et le fait que Luffy ait battu un grand corsaire n’était donc pas passé inaperçu. Il s’était fait connaître à East Blue et désormais, sa réputation grandissait sur Grand Line. Un sourire en coin se dessina sur son visage. Son capitaine était sur la bonne voie pour devenir le Roi des pirates. En revanche, elle ne comprenait pas pourquoi personne d’autre n’était recherché. Monkey D. Luffy avait vaincu Crocodile, mais Les Chapeaux de Paille étaient tous présents et aux aussi avaient participé à l’échec du complot politique.
Elle roula des yeux. Seul le statut de grand corsaire était important pour la Marine et elle était persuadée que les enjeux royaux, l’agence du Baroque Works, la gunpowder et la guerre civile qui s’en était découlée avaient été passés sous silence dans les journaux. Le gouvernement mondial n’avait pas aidé Vivi et son pays et il n’avait pas arrêté Crocodile, ignorant tout de ses agissements. Noriko ne put s’empêcher de penser qu’ils s’étaient attribués le mérite d’avoir arrêté le dictateur, omettant volontairement de mentionner Luffy. Elle pesta intérieurement. Cela ne les avaient pas empêchés de signaler la dangerosité de son capitaine et ainsi faire monter sa prime.
Elle leva la tête et croisa le regard de son ami aux cheveux verts, qui lui faisait signe de se dépêcher avant de la précéder dans sa lancée. Qu’en était-il de sa prime à lui ? Elle ressassa tout ce qu’il s’était passé. Smoker avait vu l’équipage au complet, mis à part Chopper, alors pourquoi seuls Zoro et elle avaient été repérés ? Elle porta son pouce à sa bouche et commença à mâchouiller son ongle. Whisky Peak. La réponse lui vint naturellement à l’esprit. Zoro avait tué une centaine de chasseurs de prime à lui tout seul ce soir-là. Sa réputation à East Blue avait sans doute fait le reste. Elle sourit en apercevant ses amis qui l’appelaient et leur fit un signe de la main. Tous l’attendaient avec impatience et Luffy était le plus excité d’entre eux.
Qu’en était-il de sa situation à elle ? Elle se doutait que Crocodile n’avait pas mentionné sa présence, il n’avait absolument rien à y gagner et se moquait royalement de sa personne ou de son pouvoir. Smoker, quant à lui ne courait pas après la gloire et elle ne voyait pas non plus l’intérêt qu’il avait à faire augmenter sa prime étant donné qu’il savait parfaitement que s’il attrapait Luffy, il l’attraperait elle aussi. Ses yeux s’arrêtèrent dans le vide, fixant un point invisible. La grande place. Elle y avait utilisé ses pouvoirs pour faire cesser la bataille et pour que Vivi puisse se servir des quelques secondes de silence. Ses yeux s’arrondirent tandis qu’elle poussait un soupir de lassitude. C’était donc à ce moment-là qu’elle s’était faite repérée.
À combien s’élevait sa prime désormais ? Selon Bellamy, elle dépassait maintenant les 100 millions de berrys et elle était curieuse de savoir qu’elle était le nouveau montant. Elle se souvint de sa réaction lorsque cette dernière avait atteint les 100 millions. Elle avait eu peur et s’était énervée. Aujourd’hui, elle se savait entourée et se sentait sereine. Elle savait qu’avec le temps, sa prime augmenterait de plus en plus. Le monde était à sa recherche depuis tellement d’années, ce n’était pas quelques millions supplémentaires qui allaient changer son quotidien. Ses poings se serrèrent lorsqu’elle prit place près de ses amis et un sentiment de fierté envahit son cœur. Elle ferait bientôt partie de l’équipage du Roi des pirates. Toute sa vie se résumerait à courir après sa liberté et elle l’accepta enfin.
Cricket avait placé des immenses planches de bois, masquant partiellement le Merry. Il avait rejoint les Chapeaux de Paille et, ensemble, abaissèrent la rambarde, dévoilant la nouvelle apparence du navire.
Un sourire se dessina sur les visages des amis. Bien que le Merry avait désormais l’apparence d’un poulet géant avec ses immenses ailes ajoutées à bâbord et à tribord, il n’en restait pas moins majestueux et refait partiellement à neuf. Cricket, Masira, Shôjô et leurs hommes avaient fait du très beau travail et es dégâts causés par Bellamy appartenaient désormais au passé.
Luffy remercia chaleureusement ses nouveaux compagnons et Cricket en profita pour le mettre en garde. En apparence, le navire avait fait peau neuve, mais il n’en restait pas moins dans un piteux état à l’intérieur. Il lui conseilla de recruter un charpentier au plus vite s’il voulait continuer de naviguer sur Grand Line. Ussop versa une larme en entendant ces propos et promit qu’il ferait tout son possible pour en prendre soin.
Faisant de grands gestes dans sa direction, les Chapeaux de Paille saluèrent Cricket pour le remercier et lui dire au revoir, tandis que Shôjô et Masira les escortèrent jusqu’au point de repère du Knock-Up Stream guidés par le South Birth.
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- On va tous y rester ! pleura Chopper.
- Je veux rentrer ! Luffy, je t’en supplie, faisons demi-tour, chouina Nami.
- Accrochez-vous ! Ça va secouer ! cria joyeusement ce dernier avant d’exploser de rire.
- Un monstre marin ! JE VOIS UN MONSTRE MARIN !! s’époumona Ussop qui était aussi pâle qu’un linge.
Après plusieurs heures de traversée en mer, l’orage grondait désormais dans le ciel et les nuages devinrent de plus en plus foncés. L’équipage était livré à lui-même et tous s’accrochèrent à ce qu’ils pouvaient tandis que le Vogue Merry s’approchait dangereusement d’un énorme maelstrom.
- Hein ? C’est déjà fini ? s’étonna Zoro.
À leur grande surprise, le tourbillon avait disparu et la surface de la mer était redevenue plate.
- J’en reviens pas ! Comment Masira et Shôjô ont-il pu nous abandonner ici, c’est quoi la suite maintenant ? s’agaça Nami.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Ussop, j’aimerais pas finir dans l’estomac d’un monstre.
- Je crois qu’il est parti depuis longtemps, rassura Noriko.
- Je suppose que nous devrions attendre, répondit Robin, ils ont dit que nous étions au bon endroit. Ils sont juste repartis pour ne pas se faire aspirer, il ne faut pas leur en vouloir. Le torrent qui vient de s’enfoncer sous l’eau ne devrait pas tarder à refaire surface.
- Tu es sûre de ce que tu avances ? questionna Noriko.
- Oui, sourit l’archéologue, c’est purement météorologique, n’est-ce pas Nami ?
- Ces nuages ne me disent rien qui vaille, songea cette dernière qui n’écoutait qu’à moitié. Quoi ? Oui, c’est possible, enfin je crois…
- Nami-chérie ! Robin d’amour ! Vous êtes tellement intelligentes ! s’enjoua Sanji.
- Quel crétin, marmonna Zoro.
- Comment ça, « c’est possible » ? C’est toi notre navigatrice et tu ne sais pas ce qu’il va se passer !? s’indigna Ussop en pointant la rouquine du doigt.
- Le Knock-Up Stream est un courant ascendant ! s’énerva Nami en brandissant le poing. En toute logique, nous serons projetés dans les airs, mais je ne peux pas te dire quand ! Excuse-moi de ne pas avoir tous mes esprits alors qu’on vient de manquer de se faire happer par un tourbillon géant !
- Bon, bah y a plus qu’à attendre ! coupa Noriko en tapant dans ses mains pour calmer la tension qui s’envenimait. Nous devrions… Heu… Pourquoi tu me fixes comme ça, toi ? demanda-t-elle en tournant la tête.
- T’as un sacré coquard quand même, remarqua Zoro avec un sourire goguenard, en faisant mine de lui toucher la paupière.
- Est-ce que je t’ai demandé ton avis sur quoi que ce soit ? rétorqua la jeune fille en lui poussant sa main tout en le fusillant du regard.
- Je tenais juste à te le signaler, au cas où personne ne l’aurait fait, se défendit l’homme aux cheveux verts en haussant les épaules, tu es vraiment susceptible.
Il tourna les talons, puis sentit une bulle d’eau s’écraser à l’arrière de son crâne, ce qui fit ricaner l’équipage. Il se retourna lentement vers Noriko, un sourire crispé sur le visage.
- Alors ça, tu vas me le payer, déclara-t-il avant de se lancer à sa poursuite.
- Eh ! Je t’interdis de toucher à un seul de ses cheveux, fulmina le cuisinier à l’attention du bretteur.
- Ne t’en fais pas Sanji, s’il me touche, je le noie, lui répondit en riant la femme aux cheveux blancs tandis qu’elle détalait en courant.
- Noriko ! Tu es encore blessée ! cria Chopper.
- Et si on mangeait ? proposa Luffy en souriant.
- Tu as encore faim ? On a mangé juste avant de partir, commenta Robin d’un air amusé.
- Je vous rappelle qu’on est sur le point de tous de faire expulser dans les airs ! Vous n’avez pas l’air de vous rendre compte de la situation ! hurla Ussop
- Je t’en ficherai moi, que je ne sais pas ce qu’il va se passer, bougonna la navigatrice à l’encontre du tireur d’élite en consultant son log-pose qui pointait toujours vers le ciel.
Soudain, elle fut bousculée par Zoro et Noriko qui couraient toujours et manqua de perdre l’équilibre, tandis qu’une pluie fine commençait à s’abattre sur le navire.
- Vous ne pouvez pas aller jouer ailleurs !? hurla-t-elle en les menaçant de ses poings.
- Je vais vous préparer du thé, ça vous aidera à patienter et à vous détendre, indiqua Sanji.
- Je peux avoir du thé à la menthe, cette fois ? demanda gentiment Ussop qui avait soudainement retrouvé son calme.
- Tu auras du thé noir, comme tout le monde ! s’agaça le cuistot. La menthe, je la garde pour les filles.
- Je maintiens à dire qu’il y a du favoritisme au sein de cet équipage, râla le menteur invétéré en croisant des bras.
Les courbatures de Noriko la trahirent, elle glissa et s’étala de tout son long sur le sol, à la grande surprise de Zoro qui arrêta sa poursuite. Les mains sur les hanches, il la regarda se redresser avec difficulté, avant de lui tendre une main pour l’aider. La jeune fille était écroulée de rire.
- C’est pas possible, t’es vraiment une empotée quand tu t’y mets, marmonna le bretteur à trois sabres.
- Je suppose qu’on est quittes, sourit la jeune fille.
- Pare que c’est moi qui t’ai fait tomber, peut-être ?
- Bon, alors match nul !
- Je devrais plutôt te trancher en rondelles, menaça-t-il.
- Une fois autre fois, si tu veux, lui dit-elle en posant une main sur son épaule avant de tourner les talons. Je suis trop épuisée pour mourir maintenant, désolée.
- Et en plus, elle se croit drôle, râla Zoro en soupirant.
Le Vogue Merry tangua, frappé par une vague plus grosse que les autres. Au-dessus de la tête des Chapeaux de Paille, le ciel devint de plus en plus sombre et de plus en plus menaçant.
- Le thé attendra, remarqua Sanji en se cramponnant.
- J’allais le dire, lui répondit Ussop alors qu’il s’attachait à la rambarde du navire. Voilà, comme ça, aucun risque que je passe par-dessus bord, annonça-t-il fièrement.
- MONKEY D. LUFFY !! hurla une voix qui attira l’attention de l’équipage.
Au loin, un navire leur fonçait droit dessus.
- C’est qui, celui-là ? demanda le jeune cuisinier.
- Zoro, regarde, commenta Luffy.
- C’est le type qui était à Mock Down ! remarqua Nami.
- Ah, le mangeur de tarte, dit Zoro.
- Le mangeur de tartes ? demanda Robin.
- Ouais, un drôle d’énergumène que Luffy voulait taper parce qu’il n’était pas d’accord sur la qualité des tartes, précisa le bretteur.
- Ah oui, ce gars-là, songea Noriko en s’approchant de la rambarde afin de mieux voir l’homme en question.
- Qu’est-ce qu’il nous veut ? déglutit Ussop, pourquoi il a l’air en rogne ?
- Je viens pour ta tête qui vaut 100 millions ! hurla l’homme dont la voix domptait le bruit des vagues.
- 100 millions ? Mais de quoi il parle ? demanda Nami.
- Vous voyez ! Je vous avais dit que nos primes avaient augmenté ! répondit fièrement Luffy, vous ne m’avez pas cru !
- Bon sang, c’est à cause d’Alabasta, suggéra Nami. Comment ça, tu nous l’avais dit ? s’étonna-t-elle en se tournant vers lui.
Le capitaine se cura le nez.
- Ah ? En fait, j’ai dû oublier de vous le dire, mais j’en ai parlé avec Nori.
- Noriko ! s’offusqua la navigatrice, c’est quoi cette histoire ?
La nièce de Mihawk qui se tentait de garder l’équilibre face aux vagues de plus en plus grosses fut prise au dépourvue, persuadée qu’ils savaient.
- Je sais pas moi, quand il est allé régler son compte à Bellamy, il aurait soit disant dit qu’on valait plus de 100 millions de berrys, j’en ai moi aussi déduit que c’était à cause d’Alabasta, je n’en sais pas plus, se défendit-elle.
- Et je suis aussi venu pour Roronoa Zoro ! continua l’homme aux tartes en tenant des papiers dans ses mains.
- Et aussi à cause de Whisky Peak, précisa Noriko en levant un index, au grand désarroi de Nami qui se frappa le front.
Une nouvelle vague secoua de nouveaux les amis qui manquèrent de perdre l’équilibre. Ussop, lui, ajusta les lunettes qu’il portait constamment sur sa tête, puis plissa des yeux. N’étant pas sûr de lui et pluie lui rendant la tâche difficile, il fouilla son sac et en ressortit précipitamment une longue-vue.
- Il dit vrai ! Luffy, ta prime est passée à 100 millions ! Et toi, Zoro, tu en vaux 60 ! Bon sang, il a plusieurs hommes avec lui et ils ont l’air de vouloir en découdre, s’affola-t-il.
- 100 millions ? Je vaux 100 millions ! s’enjoua Luffy en dansant autour d’Ussop, sans prêter attention à la menace grandissante.
- Et moi, 60, je suis plutôt fier, ricana Zoro.
- Félicitations ! sourit Robin en tapant dans ses mains.
- Vous ne devriez pas être heureux de la situation ! s’emporta Nami.
- Et moi, Ussop ? Je vaux combien ? demanda Sanji en se jetant sur son ami.
- Tu ne vaux rien du tout, désolé, il n’y a rien pour toi.
Le cuistot se laissa tomber par terre de déception, s’en arrachant presque les cheveux, puis se laissant rouler sur le pont au rythme des vagues qui frappaient toujours le Merry.
Se rapprochant dangereusement du navire, l’ennemi potentiel hurla de plus belle.
- Il y avait un autre avis de recherche avec les vôtres ! Si jamais elle est à bord, sa tête m’intéresse aussi ! Je veux parler de celle qui se fait appelée Noriko !
- Noriko ! Ton avis a changé aussi, cria Ussop en direction de la principale concernée.
La femme aux cheveux blancs qui était tombée à cause de la dernière secousse se hissa en s’aidant de la rambarde, tentent d’apercevoir l’homme qui hurlait son nom. Bien qu’il se soit rapproché, la houle l’empêchait d’avoir une bonne visibilité et seule la silhouette imposante de leur poursuivant était perceptible.
- Combien elle vaut ? Combien elle vaut ? s’impatienta Luffy en secouant le menteur.
- Tu vas me lâcher, oui !? Je n’arrive même pas à voir ! s’énerva ce dernier.
Une immense vague secoua de nouveau l’équipage, l’obligeant à se cramponner de plus bel.
- On monte ! hurla Nami.
Effectivement, autour d’eux, le niveau de la mer s’abaissait et le Merry lui, s’élevait petit à petit dans le ciel. Au même moment, l’orage éclata et la pluie se fit de plus en plus forte.
- Le courant va bientôt monter ! cria Sanji.
- On va mouriiiiiir, pleura Chopper.
- Accrochez-vous ! ordonna Zoro en enroula son bras à un cordage du navire, imité par Nami.
Robin fit pousser des bras afin de se maintenir contre le mât, tenant le médecin de bord qui était tétanisé contre son torse. Le cuisinier s’agrippa à la rambarde qui était devant la porte de la salle de la réunion et le capitaine enroula plusieurs fois sa main autour du cou de la figure de proue qui n’était autre que son siège attitré.
- 200 millions !! Tu vaux 200 millions !! intervint la voix du tireur d’élite.
- Génial !! Trop forte ! s’extasia Luffy en brandissant son poing libre. Nori ! Je te promets qu’un jour, je te rattraperai !
- On verra ça plus tard, lui lança Noriko avec un sourire en coin avant de reporter sa concentration sur leur poursuivant.
Elle avait à peine vu la silhouette de l’homme à Mock Town et elle voulait en avoir le cœur net. Elle ne savait pas si c’était un pirate ou un chasseur de primes mais elle voulait connaître le visage de cet homme, au cas où ils viendraient à se rencontrer à l’avenir.
- Ussop ! hurla-t-elle en constatant que le navire ennemi restait au niveau de la mer tandis qu’eux s’élevaient. Prête-moi tes yeux !
Son ami ne se le fit pas dire deux fois et comprit le message. Sans perdre un instant, il lui envoya sa longue-vue que la jeune femme rattrapa en plein vol.
Quelques secondes, c’est tout ce qu’il lui fallut. Ss yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle aperçut enfin le visage de l’homme qui brandissait son avis de recherche. Sa bouche s’ouvrit, mais elle n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot et fut projeté en arrière, se retrouvant violemment plaquer contre le mur de la cale qui se situait juste sous la cuisine. Le Knock-Up Stream venait enfin d’exploser et le Vogue Merry se retrouva projeter dans les airs.