Noriko
- Où sommes-nous ? demanda Noriko.
- Eh bien, ça ressemble à un autel, répondit Robin en regardant autour d’elle.
- Mais oui ! Les Bérets Blancs ont parlé d’un châtiment divin ! Tu crois qu’on nous a amenés ici pour être sacrifiés ?
- Possible.
- Non mais comment vous pouvez être aussi calmes !? hurla Nami.
Entourant ses compagnons, une forêt luxuriante s’étalait à perte de vue. Le crabe géant avait emmené le Vogue Merry sur une rivière blanche et l’avait abandonné ici, sans la moindre explication. Le navire étant posé sur une immense dalle de pierre, l’équipage était descendu à la recherche d’indices.
- C’est pas l’endroit que Nami et toi avez vu ? questionna Zoro en montrant les arbres avec son pouce.
- Upper Yard ? Ça y ressemble, murmura Noriko.
- C’est l’endroit interdit ! cria la navigatrice en faisant mine de s’arracher les cheveux.
- Tu veux dire qu’on va tous mourir ? pleura Chopper avant de se mettre à trembler.
- Peut-être qu’on est censés mourir de faim, suggéra l’archéologue en observant de près les gravures qui ornaient l’immense autel.
- Regardez ! indiqua le médecin en pointant son sabot vers la rivière. C’est rempli de requins !
- Je pense pouvoir facilement en trancher quelques-uns, affirma le bretteur.
- Mais il y en a des dizaines ! se plaignit le petit renne.
- Bon, eh bien, on n’a qu’à passer par les airs. Robin, tu crois que tu pourrais m’envoyer la liane accrochée à cette arbre ? demanda Zoro en montrant une branche au-dessus de leurs têtes.
En guise de réponse, la jeune femme y fit pousser deux bras et s’exécuta.
- Tu vas où ? s’enquit Noriko.
- S’il y a un dieu dans cette forêt, je veux le rencontrer, répondit fièrement l’homme aux cheveux verts.
- Et tu comptes faire quoi quand tu le verras ? s’indigna la rouquine.
- Ça dépendra de son comportement, répondit son ami avec un sourire en coin. Je ne crois pas en dieu et ce n’est pas lui qui me fera changer d’avis.
- Zoro ! Tu n’as vraiment peur de rien ! s’extasia Chopper.
- Mais quel crétin, marmonna Nami.
- Je viens avec toi ! s’enjoua Noriko en joignant ses deux mains en signe de prière.
- Si tu veux, mais fais attention.
- Je veux juste m’assurer que tu retrouves ton chemin, le nargua-t-elle, tandis qu’il grommelait une parole inaudible.
- Je me joins à vous, précisa Robin en s’approchant. Ces sculptures datent de plusieurs siècles et je suis curieuse de savoir de quoi regorge cette forêt, ce doit être passionnant.
- Tu ne vas pas y aller aussi !? intervint Nami.
- Pourquoi pas ? Si c’est une ancienne civilisation qui a bâti tout ça, il pourrait même y avoir des trésors ou des pierres précieuses. On devrait…
- Je viens ! coupa subitement la navigatrice.
- Hein ?? Mais je croyais que tu ne voulais plus mettre les pieds ici ? paniqua Chopper.
- L’argent avant tout !
- Mais qu’est-ce que je vais faire ici, tout seul ? se lamenta le renne.
- Tu devrais en profiter pour faire quelques réparations, suggéra Zoro en scrutant le Merry. Le bateau a morflé et on ne pourra pas le remettre à l’eau dans cet état.
- Bon, très bien ! Pendant que vous risquerez vos vies, je prendrai soin de notre navire. Vous pouvez compter sur moi ! conclut fièrement Chopper.
Les quatre amis se servirent de la liane pour rejoindre le rivage le plus proche dans un cri de joie pour Zoro, Robin et Noriko, et un cri de terreur pour Nami qui regrettait déjà d’être venue.
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- Vous avez vu ? demanda la manieuse d’eau en tâtant un nuage qui faisait partie de la rivière. Si on touche ce nuage, on est mouillés, comme la Mer Blanche et la Mer d’Opale.
- Tu veux te faire bouffer par un requin, ou quoi ? demanda le manieur de sabres.
- Alors que celui-ci, continua son amie sans se soucier de cette interruption, il est solide.
Elle s’était redressée et pointait désormais du doigt un nuage qui était à la hauteur de son épaule. Elle l’attrapa et testa sa solidité en le malaxant.
- Ça alors ! C’est vraiment un nuage solide ! Il est tout moelleux. Je suis sûre que s’il était plus grand, on pourrait flotter dessus.
- Ces arbres sont anormalement grands, déclara l’archéologue en observant la flore, si dix hommes se tenaient la main, ils ne seraient même pas assez pour en faire le tour.
- Cette forêt est un véritable labyrinthe, commenta Zoro.
- Parle pour toi, ajouta Noriko, ce qui fit rire Robin.
- Nami ! Tu vois quelque chose ? demanda le bretteur pour changer de sujet et masquer son agacement.
À l’aide du pouvoir de l’éclosion, la navigatrice était perchée sur une branche, jumelles en mains. Elle les rejoignit rapidement et se mit à courir, leur demandant de la suivre.
Ils arrivèrent près d’une falaise, surplombant la Mer d’Opale. Un reste de ruine se trouvait devant eux, menaçant de tomber dans le vide.
- Vous voyez ce que je vois ? souffla Nami.
- Des vestiges ? demanda Zoro en levant un sourcil.
- J’ai déjà vu cette maison quelque part, murmura Noriko en se grattant le menton.
- Parce que tu vois une maison, toi ? grimaça le bretteur.
- Je suppose que c’en est une, je vois un reste de marches, répondit la jeune femme en haussant les épaules.
- C’est un morceau de la maison de Cricket, assura Robin en touchant un morceau de ruine, ce sont les mêmes pierres, j’en suis certaine.
- Mais c’est impossible ! s’offusqua Noriko.
- Je suis d’accord avec toi, compléta Zoro.
- Réfléchissez ! Vous ne souvenez pas qu’il y avait un étage dans la maison de Cricket, mais aucun escalier pour nous y mener ? leur rappela Nami.
- Heuu… non, répondirent en chœur le manieur de sabres et la manieuse d’eau en penchant la tête sur le côté.
- Ça ne vous arrive donc jamais d’ouvrir les yeux ? pesta la rouquine en levant ses poings.
- Elle a raison, confirma Robin, le mur proche de la mer était beaucoup plus récent que le reste de la maison.
- Tu es archéologue, sourit Noriko en s’asseyant sur une pierre, c’est facile pour toi de remarquer ce genre de choses.
- Mais vous ne comprenez toujours pas ? leur demanda la navigatrice avec agacement.
- Upper Yard était autrefois sur la Mer Bleue, expliqua gentiment Robin, et cette ruine en est la preuve. La terre que Norland avait autrefois trouvée il y a plus de 400 ans n’a jamais sombré ou été engloutie, elle a été projeté dans le ciel.
- Voilà pourquoi cette île est faite de terre et non de nuage, comprit Noriko.
- Le reste de Jaya était ici, durant tout ce temps, lâcha Nami.
- La nature a fait le reste et les arbres ont continué à pousser, sans jamais s’arrêter, sourit Robin.
- Mais comment c’est possible ? demanda Zoro.
- Le Knock-Up Stream ? proposa la femme aux cheveux blancs. Mais en beaucoup plus puissant.
- Nous le découvrirons peut-être en continuant d’explorer la forêt, répondit Robin avec un immense sourire, j’ai hâte d’en savoir plus.
- Il fera bientôt nuit, remarqua Zoro en regardant le ciel, nous devrions retourner au Merry.
Les quatre membres de l’équipage se hâtèrent en direction de leur navire et y retrouvèrent Chopper, complètement épuisé, mais en vie. Au même moment, à bord d’une petite embarcation poussée par un dial, Sanji, Ussop et Luffy les rejoignaient en leur faisant de grands gestes, ayant pris le même chemin que le crabe géant.
Une fois tous réunis, le petit renne leur raconta qu’il avait fait face à un homme qui maniait une lance incendiaire et qui s’était présenté comme un prélat, l’une des quatre personnes au service du Dieu Ener. Il leur rapporta qu’il avait fait de son mieux pour se défendre, mais que son ennemi avait réussi à deviner toutes ses attaques. Il leur expliqua ensuite qu’ils étaient tous condamnés à être chassés jusqu’à ce qu’ils arrivent à s’enfuir ou qu’ils décèdent tous. Il leur expliqua également en pleurant que s’il était en vie, c’était uniquement à l’intervention de Gan Forr, le chevalier des Cieux qu’il avait appelé grâce au sifflet et que ce dernier se remettait de son combat contre le prélat dans la salle de réunion. Chopper ajouta que Pierre et eux-mêmes avaient été jeté à l’eau et que des South Birds géants leur avaient sauvé la vie en les repêchant.
- Un jour, je serai fort, pleurnicha Chopper, je n’ai même pas réussi à retaper le Merry.
- Ne t’en fais pas, le rassura Ussop, l’essentiel, c’est que tu sois en vie. Et puis, soyez sans craintes, ajouta-t-il en se tournant vers ses amis, Sanji et Luffy ont déjà terrassé l’un des prélats.
- Hein !? hurlèrent Chopper et Nami en même temps, au bord de l’évanouissement. Tu veux dire qu’ils se sont mis à deux pour battre un seul de ces types !?
- Amateurs, pouffa Zoro.
- Il a un problème le cactus !? s’enragea le cuisinier en le défiant tandis que Luffy était mort de rire.
- Lui aussi pouvait deviner les attaques ? demanda Noriko qui restait perplexe face à cet étrange pouvoir.
- Oui ! protesta Ussop, on a dû l’immobiliser pour le battre.
Le ciel était noir désormais et les Chapeaux de Paille débattait entre eux concernant leur prochaine étape.
- Vu l’heure tardive et l’état du bateau, nous devrions monter un campement sur la berge. Si nous sommes attaqués, le Merry ne risquera pas d’être touché.
- Génial ! s’enthousiasma Luffy. C’est l’heure de faire la fête !
- On est en territoire ennemi, bougre d’imbécile ! fulmina Ussop. Nous devrions plutôt rester discrets !
Aussitôt dit, aussitôt fait et l’équipage établit un petit campement autour d’un grand feu de joie après s’être assuré que l’état de Gan Forr était stable.
Accompagnés de l’oiseau-cheval Pierre, ils s’installèrent joyeusement, ignorant totalement le danger qui rôdait autour d’eux, au plus grand désespoir de Nami, Ussop et Chopper. Les trois amis craignaient la colère du dieu Ener, mais le reste de la bande préféra en rire en ajoutant qu’ils verraient bien au moment voulu.
Ils avaient trouvé et ramassé des vivres dans la forêt et Sanji en profita pour en faire un succulent repas. Il fit également bouillir de l’eau pour s’assurer qu’il n’en manquerait pas demain. Un coup de pied bien placé remit Luffy en place lorsque celui-ci accusa Noriko en lui disant qu’elle aurait pu se charger de remplir les gourdes à l’aide de son pouvoir.
Robin profita du rassemblement pour leur faire part de ses découvertes et leur apprit qu’Upper Yard était la continuité de Jaya. Elle leur fit part de sa théorie concernant la taille anormale des arbres et supposa que c’était à cause d’un phénomène lié au ciel et aux nuages. Chopper confirma en disant que ça expliquait la taille inhabituelle des South Birds qui l’avaient sauvé.
Après un bon repas, Nami était enfin détendue et elle interpella ses compagnons afin qu’ils regardent tous les deux cartes qu’elle venait d’assembler. L’une avait été trouvé par Robin durant ses recherches sur les îles célestes à Jaya et la deuxième était une copie d’un dessin du carnet de Norland que Nami avait fidèlement retracé. Les deux papiers assemblés, l’île initiale de Jaya apparut sous la forme d’un crâne. Constatant que personne n’y comprenait rien, elle leur rappela avec agacement que Montblanc Norland avait écrit dans son carnet juste avant de mourir que le trésor se trouvait dans l’œil droit. Tout prenait sens et d’un commun accord, les Chapeaux de Paille décidèrent de se lancer à sa recherche car ils étaient des pirates.
Gan forr se réveilla quelques instants plus tard, remis de ses blessures et remercia l’équipage de lui avoir porté secours avant de s’installer avec eux. Il leur dit qu’il avait entendu leur conversation et qu’il était content de connaître l’origine d’Upper Yard, car cette terre était apparue de nulle part il y a près de quatre siècles, vide de toute végétation géante. Il leur expliqua ce qu’étaient les dials qu’avait mentionné Ussop un peu plus tôt ainsi que leurs différentes fonctions. Il leur parla également des ints, une tribu vivant sur l’île avant qu’elle ne soit éjectée dans le ciel. Le peuple avait été chassé par les Skypiéns, croyant que cette nouvelle terre était sacrée, et cherchait donc par tous les moyens de récupérer leur territoire au détriment d’une guerre. Une trêve avait été envisagée, mais l’arrivée d’Ener s’autoproclamant Dieu avait compliqué les choses et, de nouveau chassés, les Shandias avait décidé de livrer une guerre sans merci à quiconque s’approchait de leur ancien territoire dans le but de le reconquérir définitivement.
Ne comprenant rien, Luffy ne prit pas la peine de l’écouter davantage et déclara qu’il était temps de faire un feu de camp afin de boire à foison. Nami prit peur en leur disant que ça allait attirer des bêtes sauvages et au même moment, une meute de loups curieux apparut, bien décidée à se joindre à la fête, sous le regard ahuri des compagnons.
Lorsque la nuit fut bien avancée et que le groupe d’amis dormait à poings fermés, Noriko fut réveiller par le cri d’Ussop. Constatant que ce dernier revint en courant dans son sac de couchage, elle comprit que ce n’était pas important et décida de se rendormir.
Le lendemain, les Chapeaux de Paille eurent la surprise de découvrir que le Vogue Merry avait entièrement été retapé. Ussop leur rapporta alors ce qu’il avait vu en pleine nuit lorsqu’il avait été pris d’une envie pressante. Une silhouette semblable à un spectre réparait les dégâts du navire et lui avait chuchoté qu’elle les emmènerait toujours plus loin. Noriko percuta et comprit alors d’où venait son cri, ce qui ne plut pas au menteur invétéré car elle ne lui avait pas porté secours. S’en était suivie une dispute entre les deux amis, l’un prétextant qu’il aurait pu y passer et l’autre argumentant qu’elle l’avait vu rejoindre son couchage.
Le reste des amis décida de ne pas y prêter attention et déclara que puisque le Merry était de nouveau en état de naviguer, il était temps de le remettre à l’eau. Plusieurs efforts furent demandés, ainsi que l’aide improbable de la nouvelle ceinture qu’Ussop s’était fabriqué et qui était munie d’un grappin, mais le résultat fut malgré tout à la hauteur des attentes.
À l’aide de ses cartes, Nami fit deux équipes : Robin, Luffy, Zoro, Chopper et Noriko devraient aller chercher le trésor en partant vers le sud, tandis que Sanji, Ussop et elle-même se chargeraient d’amener le Vogue Merry à l’est de l’île en suivant la rivière. Tous devaient s’y retrouver afin de redescendre sur la Mer Bleue, après avoir ramené Pierre et Gan Forr sains et saufs à Angel Island.
Tandis que le cuisinier attitré prépara des sacs de provisions pour ceux qui allaient explorer la forêt et que le médecin les bourra de médicaments divers et variés, Noriko en profita pour aller se changer. Elle ressortit sur le pont un plus tard, vêtue d’un short beige, d’un crop-top marron sans manches qui remontait jusqu’à la base de son cou et portant également la veste en cuir marron que Cricket avait habilement dissimulé dans ses affaires, à sa plus grande joie. Une longue tresse partant du haut de son front et redescendant dans son dos complétait sa nouvelle tenue dont elle était très fière. Jetant un dernier regard à son reflet dans le miroir, elle tapota son œil qui avait dégonflé, mais qui était toujours violet. Elle remonta la fermeture éclair de sa veste en s’arrêtant sous sa poitrine, vérifia que ses éternelles grosses bottines noires étaient bien lacées et s’avança vers son groupe, prête à partir à l’aventure.
Sanji l’aida à mettre son sac sur le dos en lui sommant vivement de revenir en vie avec Robin, quitte à laisser les garçons derrière elles.
Les deux équipent se souhaitèrent bonne chance et s’élancèrent chacune de leur côté.
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- Je te dis que c’est par là, s’énerva Zoro.
- Ton sens de l’orientation fait vraiment pitié, répondit Luffy en prenant une autre direction, l’est, c’est par là !
- L’est ? Mais il se dirige vers l’Ouest, commenta Chopper en tentant de le poursuivre.
- Elle a dit « l’œil droit du crâne », crétin. Il faut aller à droite ! argumenta le bretteur en arquant un sourcil.
- Ils ont conscience qu’ils se trompent tous les deux ? demanda la manieuse d’eau, les bras croisés, une veine battant furieusement sur son front.
- Chopper ? Tu veux bien leur expliquer que nous devons aller au sud et que c’est de ce côté-là, lui demanda gentiment Robin en pointant du doigt une troisième direction.
- Vous le faites exprès ou quoi !? C’est par ici ! s’agaça Noriko en leur envoyant une bulle d’eau sur leur tête.
- Je crois qu’ils ont compris, s’amusa le petit renne en voyant le regard dépité des deux garçons.
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- Je pensais que cette forêt serait plus effrayante, bouda Luffy.
- Tu ne vas pas te plaindre que tout se passe bien, quand même !? aboya Chopper.
- Je dis juste qu’à part ces grosses racines qui bougent, il n’y a pas grand-chose, bougonna le capitaine.
- Des racines qui bougent !? s’alarma Noriko.
Au même moment, un serpent géant surgit entre deux arbres, regardant le groupe d’un air menaçant.
- Trop fort ! hurla Luffy des étoiles plein les yeux. C’est un serpent géant !
- Il suffit de le couper en rondelles, proposa Zoro.
Sans prévenir, la gueule grande ouverte, l’animal se jeta sur les amis qui l’évitèrent tous de justesse. Il alla s’écraser contre un arbre, plantant ses mâchoires de part et d’autre du tronc. Lorsqu’il se retira, le bois avait fondu et l’arbre tomba ensuite dans un fracas assourdissant.
- AAAAAH ! Du venin à l’acide ! hurla Chopper en écarquillant ses yeux.
- Bien, reprit Zoro. Je crois qu’il vaudrait mieux filer.
- Effectivement, répondit Robin.
- Je suis d’accord, compléta Noriko dans le plus grand des calmes.
Le serpent fit volte-face et se jeta de nouveau sur eux. Noriko se jeta sur Chopper et tous deux roulèrent en boule. De leurs côtés, Robin et Zoro bondirent sur une branche tandis que Luffy se jeta sur le côté, écroulé de rire. Il tendit un bras et se hissa également dans un arbre.
- Qu’est-ce qu’on s’amuse !
- Eh Luffy, reste sérieux, gronda son second, si ce truc te touche, c’en est fini de toi !
- Noriko, j’ai peur, pleura le renne en s’agrippant à la jambe de la jeune femme alors qu’ils étaient toujours au sol, si j’avais su, je serais pas venu !
Voyant que le serpent se jetait de nouveau sur eux, Noriko balança sa jambe le plus fort possible, faisant décoller le petit renne dans un cri d’épouvante. Au moment où il allait se fracasser contre un arbre, elle fit apparaître une bulle d’eau afin d’amortir sa chute, puis serra son poing en signe de victoire en voyant que son ami était sain et sauf sur une branche.
N’ayant pas vu Chopper, le serpent fonça droit sur la jeune fille aux cheveux blancs. Elle n’eut pas le temps de l’esquiver, et s’enfuit à toutes jambes en hurlant, échappant de peu à une morsure mortelle.
- Mais pourquoi toujours moi !?
- Idiote ! l’engueula Zoro, t’es la seule encore au sol !
Une liane de mains apparut devant les yeux de la jeune femme. Sans réfléchir, elle attrapa la plus basse et se laissa se balancer puis hisser dans un arbre avant de tomber à genoux, près de ses compagnons.
- Merci, Robin, lâcha-t-elle essoufflée en levant un pouce vers son amie qui lui fit un grand sourire.
- Trop la classe, Robin ! hurla Luffy.
- J’ai failli y passer…, pleurnicha Chopper qui tentait de se redresser en tremblant. Noriko, tu m’as sauvé la vie...
- Il faut le terrasser, ordonna Zoro en retournant à terre, je vais le contourner et le prendre par surprise.
- Tu serais capable de te tromper et de retrouver face à lui, hurla Noriko en mettant une main près de sa bouche pour faire porter sa voix.
Effectivement, Zoro ne retrouva pas à la queue du serpent comme prévu, mais bel et bien devant sa gueule ouverte.
- La boulette, maugréa le bretteur.
- Eeeeeeh ! Je suis làààà ! hurla Luffy en sautillant sur place pour attirer l’attention du serpent afin de sauver son second qui avait déjà de rejoint une nouvelle branche.
L’animal géant se redressa et fonça tête baissée à l’endroit où se trouvait le capitaine, mais également, Noriko, Chopper et Robin.
- Mais pourquoi tu l’attires vers nous !? explosa la nièce de Mihawk tandis que son capitaine riait toujours . Tu aurais pu aller plus loin, tu as bien vu que Zoro ne risquait plus rien !
De nouveau, ils sautèrent chacun de leur côté, évitant avec peine l’arbre qui s’écroula sur eux et dans la panique, Chopper se changea sous sa forme Brain Point et détala aussi vite et aussi loin que possible en hurlant. Luffy se balança de branche en branche, se servant de l’élasticité de ses bras en guise de liane, tout en riant de bon cœur afin que le serpent le poursuive.
Lorsque la poussière et la terre fut retombée après les chutes de plusieurs dizaines d’arbres, Noriko se frotta les yeux, redressa la tête et se rendit compte que Robin et Zoro avaient également disparu, ayant fui de leur côté. Hors d’haleine, elle était agenouillée et reprenait sa respiration.
- C’est pas vrai, pesta-t-elle en se relevant, ce maudit serpent nous a tous séparés.
Elle regarda autour d’elle, cherchant le chemin sur lequel elle était avant de tomber sur l’animal, puis tourna de longues minutes en appelant ses amis avant de se rendre compte que c’était inutile. Les mains sur les hanches, elle s’arrêta face à un arbre et râla à voix haute.
- Bon, tant pis. Je suppose qu’ils se débrouilleront, maugréa-t-elle avant de tourner sur elle-même pour reprendre sa route.
Elle sauta d’une racine à l’autre, continuant à pester à voix haute.
- En principe, nous devrions tous nous retrouvés au sud, en espérant que Zoro décide d’aller au nord et qu’il se trompe de chemin pour finalement arriver à bonne destination. Quel idiot celui-là… Je suis sûre qu’il va aller sur sa droite, quel que soit l’endroit où il se trouve. Et puis Chopper qui est parti à l’opposé… Raah, ils me fatiguent tous !
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Noriko marcha environ une heure avant de s’asseoir sur une racine.
- Bon sang, haleta-t-elle en remettant une petite mèche de cheveux derrière son oreille, cette forêt n’en finit pas.
Elle inspira à fond et se motiva à reprendre sa route, mais à peine avait-elle fait quelques mètres que sa cheville se coinça dans un fil invisible, la faisant basculer en avant. Une explosion s’en suivit et elle fut éjecter. N’ayant rien pour se rattraper, elle dévala une pente raide, roulant dans la terre et les rochers, s’écorchant la peau des genoux et des mains avant d’atterrir lourdement et douloureusement à plat ventre, se tordant un poignet au passage.
- Aïe… Ça fait mal, gémit-elle en se redressant sur ses avant-bras. Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? C’était quoi cette explosion !?
Son souffle se coupa. Devant ses yeux, presque imperceptible à l’œil nu, se trouvait un fil. Elle se redressa prudemment et remarqua qu’un autre fil se trouvait maintenant à la hauteur de son nez. Elle regarda la petite prairie dans laquelle elle avait atterrit et constata avec horreur qu’une centaine de fils s’y trouvait. Elle comprit que si elle touchait l’un d’entre eux, une explosion s’en suivrait et déclencherait ainsi toutes les autres pièges, ce qui lui serait fatal.
Elle prit une profonde inspiration pour se calmer, puis crispa sa mâchoire, maudissant le fait de ne pas pouvoir se changer entièrement en eau pour passer au travers. Tout doucement, elle fit demi-tour sur elle-même, puis leva la tête et regarda au sommet de la pente qu’elle venait de dégringoler. L’idée de la grimper à contre sens lui vint à l’esprit. Elle observa avec soin les deux mètres qui la séparait de sa première prise, s’assurant qu’aucun fil ne s’y trouvait, puis commença son escalade.
Avec un peu d’endurance et beaucoup d’efforts, elle parvint finalement à se hisser au sommet, hors d’haleine. Elle contourna longuement la prairie en contre-bas, ralentissant sa route à chaque pas afin d’être assurée de ne pas tomber dans un nouveau piège.
- Bravo jeune demoiselle, interpella une voix.
Sur le qui-vive, Noriko fit immédiatement volte-face. Perché sur une branche, à côté d’un oiseau géant qui attendait sagement, un homme la toisait. Sans un mot, il sauta de son perchoir pour se retrouver face à la jeune fille et lui tendit une main amicale.
- Je suis le prélat Shura et tu es sur mon territoire.
Le cœur de la manieuse d’eau se figea et les paroles de Chopper lui revint en mémoire. Elle eut un mouvement de recul. L’homme était un des sbires d’Ener et il était là pour la tuer.
- Je suis impressionné, continua l’homme en fermant sa main toujours tendue, d’habitude, mes fils ne ratent jamais leur cible. Tu as presque fait un sans-faute, s’amusa-t-il.
Il dégaina une immense lance qui était accrochée à son dos et la pointa vers le sol. Les yeux de Noriko s’écarquillèrent et la peur monta petit à petit en elle. Le feu. Des trois prélats restants sur lesquels elle aurait pu tomber, il fallait que ce soit sur celui qui maîtrise le feu. Ses jambes flageolèrent légèrement lorsqu’elle se souvint que même l’oiseau était capable de cracher des flammes.
- Cette lance, murmura-t-elle, elle est incendiaire, n’est-ce pas ?
- Je vois que ton ami t’a tout rapporté, sourit-il, j’étais pourtant persuadé de l’avoir laissé se noyer.
Le cœur de Noriko cogna plus fort, ses sourcils se froncèrent et une veine apparut sur sa tempe. Elle força son esprit à surmonter sa peur d’ordinaire incontrôlable, puis plia légèrement ses genoux et arqua ses doigts, prête à lui sauter dessus.
- Tu as blessé Chopper, tu l’as laissé pour mort, cracha-t-elle, et tu t’en es pris Gan Forr et Pierre…
Shura se gratta la tête, l’air distrait.
- Ils ont survécu eux aussi ? Il faut croire que je me ramollis. Mais ne t’en fais pas, reprit-il en souriant de toutes ses dents, je vais m’assurer que tu sois bien morte après en avoir fini avec toi. Fuza !
Sans attendre, l’oiseau décolla et se dirigea à toute allure vers Noriko en ouvrant son bec. La jeune fille sauta sur le côté et évita de justesse un jet de flammes.
Elle roula sur le sol, se redressa et se prit un coup de poing dans l’estomac de la part de Shura, ce qui la fit s’écrouler à genoux, le souffle coupé.
- Finalement, je crois que je vais m’amuser un peu, rit-il, et faire durer ton calvaire.
Noriko ne prit pas la peine de se remettre de ses émotions et ouvrit son poing vers le sol, faisant exploser une énorme bulle d’eau qui la propulsa hors d’atteinte de son ennemi.
Profitant de l’effet de surprise, elle lui sauta dessus, une nouvelle bulle d’eau en main et l’abattit sur lui. Ce dernier sauta et l’évita sans effort.
- Oh ? Tu manipules l’eau, voilà qui rendra le combat intéressant, s’enjoua Shura avec un rictus.
Noriko reprit douloureusement son souffle. Chopper l’avait prévenue, les prélats anticipaient les attaques. Un sourire en coin s’afficha sur son visage et elle fut pris d’un petit rire nerveux, ce qui fit froncer les sourcils de son ennemi.
- Tu maîtrises le haki, lâcha-t-elle en laissant tomber son sac à dos pour avoir plus de liberté dans ses mouvements. J’ai été tellement bête de ne pas comprendre ce que me disait Chopper.
Chopper. Prononcer de nouveau son nom lui fit un coup de poignard dans le cœur. Il avait été blessé et il aurait même pu ne pas survivre. Elle le revit s’accrocher à sa jambe, lui hurlant en pleurant qu’il avait peur.
- Le haki ? répéta Shura, ce qui la ramena la réalité. Tu veux parler du mantra ?
Elle plaça deux poings défensifs devant elle et ancra son regard dans celui de son adversaire.
- Appelle-ça comme tu veux, maugréa-t-elle en faisant appel à sa concentration, mais sache que tu n’es pas le premier à le maîtriser.
- Vraiment ? s’amusa l’homme.
- Tu as osé toucher à l’un de mes amis, asséna-t-elle le regard emplit de haine et la peur ayant totalement quitté son corps, et pour ça, tu mérites de mourir.
- L’eau contre le feu, murmura l’homme, j’ai hâte de voir ça. Fuza !
L’oiseau fondit de nouveau sur Noriko qui se jeta sur le côté pour éviter une nouvelle trainée de flammes. Cette fois, l’animal ne lui laissa pas le temps de se redresser et lui fonça de nouveau dessus. La jeune femme envoya une bulle d’eau avant de rouler sur le côté. Cependant, elle ne fut pas assez rapide et une des manches de sa veste se retrouva en feu. Elle fit apparaître de l’eau pour le maîtriser avant que sa peau ne soit touchée et redressa la tête.
Shura en profita pour se jeter sur elle et planta sa lance dans le sol, à l’endroit où Noriko se trouvait quelques instants plus tôt, incendiant l’herbe qui s’y trouvait. Le feu se propagea à grande vitesse et la chaleur qui s’en dégageait devint rapidement insoutenable.
Désormais perchée dans un arbre, la manieuse d’eau toussa à cause de l’air qui était devenu étouffant et presque irrespirable. Elle devait échafauder un plan au plus vite. Elle connaissait le haki car elle avait vu des centaines de fois Mihawk s’en servir contre elle. Si elle attaquait le prélat, il prévoirait son attaque et la parerait sans aucune difficulté.
- Tu comptes rester là-haut ? demanda Shura en l’apercevant.
Une ombre lui fonça dessus par derrière et elle eut tout juste le temps de se jeter dans le vide avant que l’arbre ne prenne feu. Fuza avait encore frappé et cette fois, il n’en attendait plus l’ordre de son maître. Noriko amortit sa chute à l’aide d’une bulle d’eau lorsque lui vint une idée. Ce fichu piaf ne possédait pas le haki et se contentait uniquement de lui cracher du feu dessus. L’animal fonça vers son maître et le récupéra sur son dos avant de s’envoler dans les airs.
Le souffle court, Noriko tentait de contenir sa respiration saccadée dans la chaleur des flammes de l’arbre incendié.
Les yeux rivés dans le ciel, elle attendait le retour de l’animal. Lorsqu’elle l’aperçut, elle lui fit face, la paume grande ouverte devant elle. Si elle ratait son coup, elle serait brulée vive. Le cœur battant à tout rompre, elle attendit le dernier moment, le tout dernier instant où l’oiseau ouvrit son bec, l’instant où la flamme apparut au fond de son gosier. Là où se trouvait une espèce de coquillage. Un dial. Gan Forr l’avait prévenue, il existait toutes sortes de coquillages. Certains diffusaient de la lumière, provoquaient des impacts pouvant tuer à cause du choc, et d’autres pouvaient créer du feu. Sans réfléchir, elle concentra son énergie dans le creux de sa main, et, dans un grand fracas, un immense torrent d’eau apparut, se dirigeant droit dans le gosier de la bête.
L’eau rencontra le feu, faisant dégager un épais nuage de vapeur. Le tout ne dura qu’une fraction de seconde, Noriko ne bougea pas et força dans sa main en poussant un cri de rage. L’eau remonta le long du feu, le réduisant en vapeur et s’enfonçant de plus en plus dans la gorge de l’animal pour finir par atteindre le dial.
Elle fit une roulade avant sur le sol afin d’éviter l’oiseau qui manqua de la renverser sur son passage, puis le regarda s’écraser plus loin, toussant et crachant de la vapeur. Noriko le regarda s’étouffer et lutter pour se relever, se demandant si ça lui serait fatale lorsqu’elle remarqua que Shura avait disparu du dos de l’animal. Elle ouvrit de grands yeux, tentant de voir à travers la fumée de l’incendie qui était de plus en plus dense. Un cri de rage lui fit tourner la tête. Fou furieux, le prélat lui fonçait dessus, sa lance enflammée pointée sur elle.
- TU VAS PAYER !! vociféra-t-il.
Elle sauta sur le côté, puis plaça les paumes de ses mains devant elle avant de lui tirer des dizaines de bulles d’eau. Le prélat les évita sans problème, anticipant l’attaque, puis revint à la charge. Cette fois, Noriko se prit la lance enflammée dans l’épaule, ce lui arracha un cri de douleur. Elle fut violemment projetée à plusieurs mètres de là et glissa sur le dos. Le bras rongé par le mal, elle serra ses dents, tentant de contrer la souffrance causée par le trou de vapeur qui ornait désormais son épaule. Elle gémit longuement en l’agrippant de sa main libre, puis enfonça ses ongles dans la veste en cuir en se recroquevillant sur elle-même.
À travers ses larmes, elle aperçut la silhouette de Shura qui était penchée sur son oiseau. Profitant de cet instant de répit, elle regarda autour d’elle et remarqua qu’elle surplombait la clairière piégée, ayant manqué de peu de tomber dedans.
Lorsqu’elle reporta son attention sur son ennemi, ses yeux s’écarquillèrent d’effroi. Fuza était toujours en vie et son maître était déjà remonté sur dos. L’animal tenta de cracher du feu, mais seule de la vapeur en sortit, ce qui rassura la jeune fille. Elle avait malgré tout réussi à lui ôter son arme principale.
Noriko se mit à genoux, la poitrine se levant et se baissant à un rythme régulier. Son cœur pompait son sang de manière effrénée et tous ses sens étaient en alerte. Une main posée à plat sur le sol, elle força la peur à rester au plus profond d’elle-même et se concentra sur son adrénaline, tandis que son bras meurtri pendait mollement derrière elle.
Dans un cri de haine, Shura lui fonça dessus.
Les yeux injectés de sang, les lèvres retroussées sur ses dents crispées, Noriko leva sa main du sol, entraînant avec elle un immense torrent d’eau qu’elle venait de créer en amont. Le liquide s’éleva dans les airs, se dirigeant dangereusement vers le prélat. Ayant anticipé l’attaque, Shura voulut prendre de la hauteur pour l’éviter et ainsi continuer sa route au-dessus de la tête de Noriko en lui donnant un coup de lance, avant de survoler la prairie.
La jeune femme fut plus rapide et, lorsqu’elle aperçut Fuza qui commençait à s’élever, propulsa une bulle d’eau qui partit de la paume de sa main qui était restée derrière son dos avant de baisser la tête pour éviter l’arme enflammée. La bulle fusa, prenant en masse et en vitesse à mesure qu’elle se rapprochait de son point d’impact.
- Faites que ça marche, souffla la nièce de Mihawk.
En contrebas, un des fils fut arraché par l’impact, provoquant une première secousse, avant de déclencher toutes les autres dans un bruit assourdissant. Le souffle de l’explosion projeta Noriko en avant, tandis que Fuza n’eut pas le temps d’éviter l’immense colonne de feu qui montait dans le ciel. L’oiseau brûla vif dans un cri d’agonie tandis que Shura sauta dans le vide, à moitié aveuglé par les flammes. Il tomba violemment non loin de la jeune fille, perdant sa lance au passage, puis se redressa en hurlant de douleur, ses doigts enfoncés dans ses yeux.
Noriko se redressa, plaça ses mains sur le sol afin de l’inonder rapidement, puis réitéra son attaque en levant deux immenses torrents qui encerclèrent le prélat qui marchait à tâtons. Ce dernier tourna la tête vers elle, son haki le prévenant de ce qu’elle s’apprêtait à faire. Trop tard.
En poussant un cri de rage, la manieuse d’eau rapprocha ses deux mains l’une de l’autre. Les torrents d’eau lui obéirent instantanément et se resserrèrent sur le prélat à une vitesse beaucoup plus élevée que la normale. La compacité de ces derniers fut tellement importante que l’homme se retrouva écrasé, tué sur le coup.
La nièce de Mihawk tomba à genoux, épuisée, puis fit disparaître l’eau ensanglantée devant elle, laissant un amas de chair et d’os broyés ainsi qu’une immense tâche de sang. Il ne restait presque plus rien du prélat et Noriko se rendit compte que pour la première fois de sa vie, elle venait de tuer volontairement quelqu’un de sang-froid.
À bout de souffle, et les poumons déchirés par sa respiration saccadée, elle hurla de colère avant de frapper le sol de son poing, se déchargeant de la peur qui l’envahit soudainement. Tentant de reprendre son calme, elle posa une main sur son cœur pour atténuer le rythme effréné qui courait sous sa peau.
L’incendie menaçant de se répandre dans toute la forêt, elle fit apparaître des torrents d’eau avant de les faire danser tout autour d’elle. Les flammes s’éteignirent rapidement, ne laissant que des arbres calcinés. Elle souffla de soulagement, pensant à ses amis qui ne risquerait pas d’être piégés par le feu, avant de s’allonger dans l’herbe brûlée. Elle venait de tuer un homme et n’en ressentait aucune culpabilité, pire, elle en éprouvait même de la fierté avec l’assurance d’avoir vengé l’un de ses amis.
Après de longues minutes, elle se força malgré tout à reprendre ses esprits, puis se traina jusqu’à son sac à dos pour en ressortir l’un des onguents que Chopper avait préparé. La sachant sensible au feu, il avait prévu une triple dose de crème faite à base d’aloe vera, redoutablement efficace contre les brûlures. Assise sur une racine noircie par l’incendie, elle retira avec peine la veste en cuir avant d’appliquer longuement la pâte sur son épaule.
Lorsqu’elle eut terminé, elle regarda avec tristesse le manteau marron qui était partiellement détruit. Les deux manches étaient brulées et l’une d’entre elle avait même été déchirée par la pointe de la lance. Cependant, son souffle s’accéléra uniquement lorsque ses yeux se posèrent sur le dos de la veste. Cette dernière avait été entièrement dévorée par le feu. Le cuir avait été noirci par les flammes ainsi que le souffle de l’explosion, et menaçait de s’effriter entre ses doigts à tout moment. Des larmes apparurent au coin de ses yeux, si elle n’avait pas porté cette veste, c’est son dos qui aurait tout encaissé, ce qui lui aurait assuré une horrible souffrance.
Elle porta la veste à sa bouche et remercia Cricket pour ce présent, puis s’excusa de ne pas avoir pu en prendre soin. Elle s’agenouilla ensuite et creusa le sol à l’aide de ses ongles. Quand le trou fut assez grand, elle y plaça le vêtement et reboucha le tout. Elle avait ainsi le sentiment de ne pas jeter un cadeau et de l’honorer jusqu’au bout. Jusqu’à la fin.
Toujours assise, elle reprenait encore son souffle lorsqu’un applaudissement la fit sursauter.
Au-dessus d’elle, un homme était assis sur une branche et l’observait avec un sourire énigmatique. Pieds nu, et portant uniquement un large bermuda, son torse révélait une musculature imposante. Il arborait des bijoux en or aux poignets, aux chevilles, et ses boucles d’oreilles étaient si lourdes que ses lobes tombaient jusqu’à sa taille. Mais ce qui frappa le plus Noriko, c’était l’énorme arc de cercle sertit de tambours qu’il portait dans le dos et qui était certainement planté dedans. À l’instar de Conis, Payaga et même du guerrier Shandia qui les avaient attaqués ainsi que tous les habitants de Skypiea, elle était prête à parier qu’à l’origine, des ailes se trouvaient là.
D’instinct, elle se leva, prête à parer une éventuelle attaque.
- Je ne suis pas ici pour te combattre, lui dit l’homme mystérieux.
Il disparut soudainement dans une lumière vive et réapparut devant la jeune femme, qui, lorsqu’elle recula, se prit la racine calcinée et tomba à la renverse. Elle se traina au sol, reculant rapidement pour mettre de la distance avec l’inconnu.
- Je suis stupéfait de ton combat. Je ne pensais pas que tu allais t’en sortir, sourit-il en s’approchant d’elle, surtout quand tu t’es pris le premier fil explosif.
Les coudes posés au sol, Noriko n’arrivait plus à bouger. L’homme qui la surplombait devait faire presque cinq têtes de plus qu’elle et tenait en sa main un long bâton qui semblait en or massif. La peur commença à envahir la jeune femme, l’homme l’observait donc depuis le début sans qu’elle s’en soit aperçue et elle comprit que ce n’était pas une bonne nouvelle.
Il se pencha vers elle et l’observa, puis contre toute attente, il lui tendit une main afin de l’aider à se relever. La jeune femme hésita, et, pour ne pas prendre le risque de le froisser, accepta.
- Ainsi donc, tu manipules l’eau, déclara-t-il en lui serrant la main avec un immense sourire, tu as été brillante.
- Qui es-tu ? demanda Noriko en se dégageant avec méfiance.
Le coin de sa lèvre supérieur se leva légèrement, comme s’il la regardait avec dégoût. Il sembla offusqué de ne pas être reconnu et bomba le torse, en arborant un air condescendant.
- Je suis le Dieu Ener, répondit-il en ouvrant sa main afin de faire apparaître puis danser une sorte de courant électrique bleu dans sa paume.