Noriko
La tempête était enfin dépassée et désormais, un magnifique ciel bleu fendait l'horizon où se découpait l'île judiciaire Enies Lobby. Derrière cette dernière, parfaitement visible et se perdant dans les nuages, l'immense Porte de la Justice trônait fièrement.
Les King Bulls ralentirent leur vitesse pour que le groupe improbable puisse prévoir un plan d'attaque et pendant ce temps, Pauly avait dessiné un parfait croquis de l'île basé sur ses souvenirs lorsqu'il était venu y installer des rails.
Les propos de Mihawk prirent leur sens lorsque Noriko comprit le fonctionnement de la base qui était entourée d'une immense grille et dont seule la Porte Principale y permettait l'accès. Après celle-ci, s'étendait une route menant à une autre porte : l'Entrée de l'Île Principale, constituée de toutes les habitations des dix mille soldats qui y vivaient. À l'extrémité s'y trouvait ensuite une immense tour abritant le tribunal, perchée au-dessus du vide. Le tout flottait dans les airs et était serti d'immenses cascades d'eau.
Selon Kokoro qui l'avait déjà réparé avec Tom par le passé, un pont s'y déroulait pour atteindre l'antichambre du Gouvernement Mondial, à savoir le lieu où se trouvait la Porte de la Justice. Elle leur précisa également que le mécanisme pour l'activer s'y trouvait quelque part dans les étages et que c'était à eux de l'activer.
Le plan était donc le suivant : la Franky Family et les membres de la Galley-La Company partiraient en éclaireurs afin de leur dégager le chemin avec l'aide des deux King Bulls, permettant ainsi au Rocketman de foncer au travers de l'île.
Pauly avait été très clair, en aucun cas, les Chapeaux de Paille ne devaient perdre leur temps avec la Marine car ils étaient prédisposés à combattre les agents du CP9 et étaient sommés de garder leurs forces.
Tout le monde acquiesça et ce fut au même moment que Nami releva l'absence de Luffy. Tous se précipitèrent donc vers une des fenêtres de la locomotive et aperçurent clairement le capitaine atterrissant sur le toit de la Porte Principale avant de se jeter à corps perdu à l'intérieur de l'île, seul.
Passé la colère des compagnons quant à sa stupidité de foncer toujours tête baissée ainsi que son incapacité à suivre un plan correctement, chaque membre du groupe de sauvetage se tint à sa tâche.
Ce fut ensuite grâce à l'aide de la grenouille géante Yokozuna, qui poussa la grille de ses pattes, que le Rocketman – maitrisé à la perfection par Kokoro – put rouler dessus en s'en servant comme tremplin et ainsi décoller vers le ciel avant de survoler la Porte Principale.
Le train fit une entrée fracassante à l'intérieur d'Enies Lobby, faisant exploser la Porte de l'Entrée de l'Île Principale, sous le regard ahuri des soldats qui n'avaient pas encore été mis hors d'état de nuire par la Franky Family et les trois charpentiers.
Une centaine de soldats avait été terrassée par leurs compagnons de route y compris les deux géants qui gardaient l'accès à l'Île Principale et dont ils étaient finalement venus à bout grâce à l'aide des deux King Bulls.
Leur repos fut de courte durée, car de nouveaux soldats arrivèrent de part et d'autres, encerclant le train et s'apprêtant à tirer dessus. Kokoro en sortit à ce moment-là et cria à qui voulait l'entendre qu'elle et sa petite fille étaient des otages forcés d'avoir conduit le Rocketman jusqu'ici et qu'ils ne pouvaient pas faire feu sur eux.
Les soldats pris au dépourvu par la situation, Zoro et Sanji en profitèrent pour rapidement le ménage en les envoyant valser tandis que Chopper, Ussop, Noriko et Nami émergèrent difficilement de la locomotive après avoir été secoués.
— Mais c'était quoi ce plan ? couina Ussop en rampant au sol, les yeux mouillés de larmes.
— Je suis mort, pas vrai ? pleura Chopper.
— Je crois qu'on... Heu, Nami ? bredouilla Noriko en se massant une épaule.
La navigatrice, était déjà sur ses pieds et bouillonnait de rage.
— Je vais tous les massacrer ! hurla-t-elle.
Elle se servit de son nouveau bâton, le Perfect Climat-Tact amélioré par Ussop grâce à des dials et électrocuta toute la place, le bretteur et le cuisinier y compris car elle ne maitrisait pas encore la pleine puissance de sa nouvelle arme. Son attaque se retourna ensuite contre elle et elle se jeta au sol pour l'éviter.
— Mais t'es malade !? s'affola Noriko en levant les mains vers son visage, emplit par l'incompréhension.
— Nami, tu vas me le payer ! s'égosilla Zoro qui se relevait sans peine de son attaque, accompagné de Sanji.
— Nami-chérie, tu as été radieuse ! chantonna ce dernier, à moitié avachi sur le sol.
Pour toute réponse, cette dernière flanqua un coup de son bâton sur le crâne d'Ussop qui le fit s'étaler au sol.
— T'aurais pu me dire que c'était aussi puissant, espèce de crétin ! fulmina-t-elle. J'ai failli crever !
— Mais j'y suis pour rien moi, votre ami Ussop ne m'a rien dit à ce sujet ! se lamenta ce dernier en se prenant toujours pour Sniperking.
S'en suivie une énième dispute entre tous sous les regards mortifiés de leurs acolytes qui doutaient sincèrement de leur efficacité lorsqu'ils n'étaient pas concentrés.
Une explosion attira l'attention des Chapeaux de Paille, coupant court à leur querelle. Tous se retournèrent vers l'origine de celle-ci et aperçurent une partie d'une haute bâtisse qui s'effondrait à l'horizon. Sans s'échanger un mot, ils comprirent que Luffy continuait de faire du grabuge de son côté.
N'ayant pas de temps à perdre, ils partirent en courant, mais furent aussitôt cernés par de nouveaux soldats qui ne cessaient de venir de part et d'autre. Sans attendre Noriko forma un torrent d'eau qui tourna autour d'eux afin de tous les emporter dans de grands cris de détresse.
— Noriko, tu es incroyable ! s'extasia Chopper avec des étoiles dans les yeux.
Les jambes de la jeune femme flageolèrent légèrement, ce qui n'échappa pas au regard du jeune médecin.
— Mais tu es encore affaiblie par ton attaque du train ! s'emporta-t-il soudainement en criant à tue-tête. Tu dois ménager tes forces !
— Mais non, je vais bien !
— Attrapez ça ! hurla une voix qui interrompit une éventuelle dispute.
Pauly, perché sur le dos d'un des deux King Bulls qui avançaient sur la terre ferme grâce à un système de rails fabriqué par la Franky Family – qui était perchée sur le deuxième –, fonçait droit sur eux et leur envoya des cordes afin de tous les hisser à ses côtés pour traverser l'île plus rapidement.
Des cris fusèrent de toutes parts tandis que les Chapeaux de Paille atterrissaient aux côtés du charpentier sur une selle géante formée de trois rangées de bancs en bois. Les Marines affluaient de plus en plus nombreux, certains les poursuivaient à pieds, d'autres ordonnaient au travers des escargophones de les prendre à revers en prenant position à l'intérieur des différents bâtiments qui les encerclaient.
Des tirs vinrent de toute part, ratant de peu les deux groupes qui se couchèrent pour éviter d'être touchés, et s'écrasant sur les deux immenses créatures qui fonçaient sans s'arrêter. L'odeur de la poudre emplit l'air qui devint rapidement irrespirable.
— Où sont tes deux copains ? demanda Sanji, placé à l'avant du King Bull en risquant un regard autour de lui.
— Lulu et Tilestone, précisa Pauly qui tenait les rênes, agenouillé près du cuisinier. Ils sont restés en retrait pour assurer nos arrières, mais vous inquiétez pas, ce sont des durs à cuire et je vous rappelle vous n'avez pas de temps à perdre.
Sanji eut un sourire en coin, tandis que Nami, qui était à l'arrière, s'affola soudainement et se releva.
— Attendez ! Ussop n'est pas à bord !!
— Mais baisse-toi, idiote ! cria Zoro la tirant par sa veste, la faisant s'affaler près de lui.
— La traite pas d'idiote, sale marimo de malheur ! pesta Sanji, le regard rivé vers l'arrière.
— Toi le cuisinier, je t'ai pas sonné ! rétorqua le jeune bretteur en se redressant de nouveau pour le fusiller du regard.
— Mais vous allez coucher !? ragea Pauly en remarquant leur inconscience face aux tirs répétés des Marines autour d'eux.
— Ussop ? demanda innocemment Chopper qui se mit debout sans réfléchir. Mais il est sur cette île ?
Le nez en l'air, Noriko qui avait du mal à se maintenir en place, l'attrapa par un de ses sabots et s'appuya sur lui pour tenter de trouver un équilibre.
— Elle voulait dire Sniperking, corrigea-t-elle, ne voulant pas s'attarder sur des explications à rallonge. Tu crois qu'il est tombé !? hurla-t-elle en direction de son amie. Je l'ai vu attraper une corde !
— Noriko, tu m'écrases, gémit le petit renne à moitié couché sous son poids.
— Il faut qu'on aille le chercher, paniqua la navigatrice, il va risquer sa vie !
— Mais on peut pas faire demi-tour, râla Pauly comme si c'était une évidence.
— Ce n'est pas une femme, nul besoin d'aller le secourir, marmonna Sanji portant une cigarette à ses lèvres.
— On n'a pas le temps pour lui, rajouta Zoro. Ne t'inquiète pas, il est plus fort qu'il ne le pense.
Nami voulu riposter mais un tir de mortier qui passa juste au-dessus d'eux les fit tous de nouveaux se coucher dans des cris de stupeur.
La Franky Family riposta et tirèrent de part et d'autre à coups de fusils et de canons, faisant exploser une partie d'un bâtiment.
Malgré la fusillade qui faisait rage, les deux immenses créatures bravaient la douleur des balles qui s'écrasaient contre elles. Elles poussèrent toutes deux d'énormes rugissements stridents et foncèrent toujours plus vite en direction du tribunal.
— Ils... Ils ne craignent pas les armes à feu ? s'inquiéta Noriko qui s'était bouché les oreilles.
— Si, répondit tristement Chopper – qui comprenait le langage de tous les animaux – avant de déglutir, mais ils sont prêts à tout pour sauver Franky. Il les a sauvés du ventre d'un monstre marin quand ils étaient petits et lui sont maintenant dévoués jusqu'à la mort..., renifla-t-il.
Noriko sentit un pincement au cœur en comprenant que le geste des deux créatures, mais elle fut sortie de ses pensées lorsque Pauly posa prestement un coude sur le dossier de son banc avant de se pencher vers elle.
— Eh ! Tu peux pas tous les balayer !?
Prise au dépourvu, elle sursauta et se força à reprendre ses esprits.
— Si tu me donnes quelques secondes, oui, bredouilla-t-elle en faisant apparaître deux bulles d'eau dans les paumes de ses mains.
— Roronoa !
— Ouais, ça va, bougonna ce dernier en se redressant, j'ai entendu.
Zoro se mit debout sur son banc, tout en déviant les balles à l'aide de ses sabres et d'un geste précis, trancha l'air tout autour d'eux afin de repousser leurs ennemis perchés à différents étages des bâtisses qui tentèrent tous d'éviter l'attaque.
Profitant de ces précieuses secondes, Noriko se releva et fit apparaitre deux torrents qui formèrent des colonnes autour d'eux avant d'aller s'écraser contre les bâtiments qui bordaient la route principale dans un fracas épouvantable. L'impact les fit trembler les uns les autres en en faisant s'écrouler certains d'entre eux, sous les acclamations de ses amis ainsi que de la Franky Family qui les suivaient toujours de près.
L'île entière était en état d'alerte, de toute part des ordres et des détonations se faisaient entendre. Au milieu de tout ce fracas assourdissant, une sirène retentit, invitant les familles des soldats à rester confiner chez eux.
La respiration coupée, Noriko se figea de terreur, arrêtant immédiatement ses attaques.
— Des familles !? s'indigna-t-elle avant d'attraper Pauly par l'épaule pour le tourner vers lui. Les familles des soldats vivent ici !?
— Ce sont des civils ! renchérit Sanji avec colère.
— Oui, mais ne vous en faites pas, leurs habitations sont hors d'atteinte de la route principale et bien encadrés par les autres bâtiments, je vous donne ma parole qu'ils ne risquent rien ! Si l'alerte est donnée, ils seront vite évacués !
Ne voulant prendre aucun risque, Noriko pesta de rage et dirigea un nouveau torrent vers le sol cette fois, afin de balayer ceux qui s'approchaient de trop près des King Bulls.
Leurs ennemis étaient de plus en plus nombreux et de plus en plus hostiles et très vite, l'une des immenses créatures tangua dangereusement sous le regard horrifié de ses passagers lorsqu'elle se reçut un énième coup de mortier en plein dans le thorax.
Affaibli par sa blessure, mais porté par son élan, le King Bull poussa un ultime rugissement, ordonnant ainsi – grâce à la traduction de Chopper – aux compagnons de continuer afin de tout faire pour sauver Franky, tandis qu'il ferait en sorte de s'écraser sur les Marines qui les poursuivaient toujours pour leur barrer la route.
Frappés par l'horreur de la situation et comprenant qu'il fallait le laisser derrière eux, les Chapeaux de Paille furent pris au dépourvu, mais Pauly ne perdit pas de temps et envoya deux cordes vers la Franky Family.
— On... On peut pas le laisser mourir ! cria Noriko alors que Sanji la tirait derrière lui pour l'obliger à le suivre afin d'éviter l'impact.
— Il est à bout de force, s'il continue avec nous, il mourra pour de bon !
— Ils l'abattront une fois qu'il sera seul ! devina-t-elle la gorge serrée alors qu'il la hissait hors de la selle géante pour s'approcher du bord.
Arrivés à leur hauteur, Zambai et les autres, les larmes aux yeux, leur ordonnaient de les rejoindre le plus vite possible.
— On doit continuer, pleura Chopper, pour lui et...
Zoro l'empêcha de finir sa phrase en l'attrapant pour le soulever.
— On n'a pas le temps de discuter, son sacrifice ne doit pas être inutile, argua-t-il en le calant sous son bras, tandis que Nami était déjà perchée sur son dos, loin d'être rassurée.
Le charpentier lui lança une des cordes qu'il rattrapa avant de faire un signe de tête et de sauter en direction du deuxième King Bull. Suspendu dans le vide, il fut rapidement hissé par la Franky Family, sous les cris horrifiés de la navigatrice et du jeune médecin.
— Allez, vous deux, hurla Pauly en balançant l'extrémité de la deuxième corde à Sanji, sautez pendant qu'il est encore temps !
— Mais, et toi !? demanda Noriko avec de grands yeux en ayant peur de comprendre.
— Je reste avec lui, répondit-il avec un sourire en coin tout en resserrant les rênes entre ses mains, j'éviterai l'impact et je resterai pour le protéger.
— Mais c'est de la folie ! s'indigna-t-elle avant d'être retenue par Sanji qui avait déjà enroulé le cordage autour de son bras. Ils sont des centaines !
— Les autres ne sont pas loin derrière, à trois, on devrait s'en sortir, précisa le charpentier avec un sourire machiavélique. Une dernière chose : si vous croiser les traitres, soyez gentils et dites-leur qu'ils sont virés.
— Ce sera fait, promit Sanji avant de se jeter dans le vide en emportant Noriko avec lui.
Sous les cris de terreur de la jeune femme qui s'accrochait de toutes ses forces, le King Bull fit brusquement demi-tour vers les Marines en poussant un ultime rugissement.
Désormais perchés sur la deuxième créature, les amis regardèrent au loin leur première monture s'effondrer sur une bâtisse dans un fracas abominable, écrasant tous les Marines qui se trouvaient aux alentours. La silhouette de Pauly s'en détacha et, seul, s'occupa de mettre hors d'état de nuire les survivants. Au grand soulagement de tous, ses deux comparses, Lulu et Tilestone vinrent lui prêter main forte rapidement.
— J'aperçois Luffy, prévint soudainement Sanji, le nez en l'air.
Tous suivirent son regard et virent leur capitaine sur le toit du tribunal, engagé dans un duel contre l'agent du CP9 Blueno, l'ancien tenant de bar.
— Il a l'air de s'en sortir, commenta Zoro, on reste concentrés sur notre objectif.
Personne n'eut le temps de répondre car la deuxième créature marine se prit un tir de mortier en pleine tête, secouant tout le monde à son bord. Le cri effroyable qu'il poussa résonna sur toute l'île.
— Il... il ne voit plus rien, paniqua Chopper d'une voix blanche. Il dit qu'il va foncer dans un immeuble pour barrer la route à nos poursuivants et qu'on doit tous sauter pour éviter l'impact !
— Mais on va s'écraser ! hurla Nami.
— C'est justement le but, interrompit Zambai avec un grand sourire, les rênes entre ses mains. Ne vous en faites pas, nos petits gaillards sont plus costauds qu'il n'y parait. Un peu de repos et ils seront comme neufs !
Noriko baissa les yeux et constata que le King Bull avait une plaie béante sur son poitrail dû aux nombreux tirs de mortier qu'il se recevait depuis tantôt. L'animal étant en train de puiser dans ses dernières forces pour tous les amener à l'extrémité de l'île. En l'entendant hurler de douleur, elle comprit rapidement que Zambai se voilait la face. Elle voulut l'avertir, de lui dire qu'il fallait arrêter le massacre mais, au moment où elle ouvrit la bouche, elle se rembrunit. Zambai était en larmes et savait pertinemment que le King Bull allait se sacrifier pour eux.
— Noriko, hurla Zoro en se tournant vers elle, prépare-toi !
Comprenant ce qu'il insinuait, elle inclina la tête et ouvrit les paumes de ses mains.
— On saute ! reprit le bretteur.
Un immense torrent d'eau apparut, partant de ses mains et se frayant un passage jusqu'aux portes du tribunal. Tous se jetèrent dedans au moment où l'animal géant se fracassa contre une bâtisse, faisant voler des débris de part et d'autre qui atterrirent sur les Marines qui les poursuivaient toujours. Certains se firent écraser, d'autres les évitèrent de peu, mais tous poussèrent des hurlements de peur ou d'agonie.
La Franky Family et les Chapeaux de Paille se laissèrent emporter par le courant et arrivèrent sans encombres au pied de la porte géante.
— Comment on va ouvrir ça !? se plaignit Zambai.
Deux coups de lames tranchèrent une petite partie comme du beurre et répondirent à sa question, le laissant bouche bée devant un tel exploit.
— Je pars devant, indiqua modestement Zoro, avant de s'engouffrer dans le tribunal.
— Attends, crétin, il nous faut un plan ! s'indigna Sanji qui voulut le rattraper.
Trop tard, le jeune bretteur était déjà loin et les cris d'horreur qui s'échappaient de la bâtisse indiquaient qu'il n'avait pas perdu de temps pour commencer son massacre.
— Sanji ! l'interpella Nami, son Perfect Climat-Tact brandit devant elle.
De toute part, des centaines et des centaines de soldats accouraient vers eux, se perchaient dans les bâtisses alentours prêts à les arrêter coûte que coûte. S'ils s'engouffraient tous en même temps dans le tribunal, ils seraient tous pris au piège. Il fallait donc d'abord se débarrasser de leurs poursuivants.
— Ils... Ils sont de plus en plus nombreux ! cria Chopper sous sa forme Heavy Point.
Noriko envoyaient des bulles, ciblant parfaitement ceux qui leur attaquaient à distance tandis que Sanji, aidé par la Franky Family repoussait les plus coriaces d'entre eux qui les chargeaient de plein front. Très vite, ils furent surmenés et ne savaient plus où donner de la tête, comprenant que leurs ennemis arrivaient par centaines.
— On perd trop de temps, râla le jeune cuisinier en reculant. Nami, Noriko, maintenez-les à distance pendant que...
Il évita de justesse un énorme boulet de canon relié à une chaîne qui venait de fracasser le sol à l'endroit où il se tenait un instant plus tôt.
— Sanji ! hurla Noriko, qui n'avait pas vu l'attaque venir.
De rage, ce dernier balaya les alentours des yeux et aperçut un homme immense qui rigolait au loin, accompagné deux comparses tout aussi grand que lui. Avec un sourire, il tira la chaîne vers lui à mains nues et tracta le boulet géant dans le but de réitérer son attaque.
— Celui-là, j'en fais une affaire personnelle, vociféra le jeune pirate en jetant son mégot au sol d'un geste saccadé.
— Non attends, vous devez pas vous battre contre eux ! hurla Zambai tandis que le jeune homme s'éloignait déjà à toute vitesse.
La Franky Family savait ce qu'elle faisait et défendait ardemment leur groupe en tirant dans le tas faisant fuser les balles de tous les côtés. et Kiwi, qui maitrisaient le maniement du sabre, s'acharnaient à repousser à avec force les soldats qui lui fonçaient dessus.
Avec une organisation digne de leur entraînement militaire, les Marines les avaient encerclés. Ceux qui combattaient à l'épée étaient en premières lignes, tandis que leurs camarades équipés de fusils se retranchaient dans les immeubles, montant sur les toits et s'accoudant aux fenêtres pour les avoir dans leur ligne de mire.
Un nuage noir apparut au-dessus d'une vingtaine de soldats qui les tenaient en joue au sommet d'une bâtisse et, sans prévenir, la foudre s'abattit sur eux dans un immense fracas.
— Je ne pourrais pas tous les arrêter, avertit Nami, le souffle court.
Noriko, elle, s'occupa de ceux au sol et fit apparaitre un torrent qu'elle forma en arc de cercle protecteur autour de son groupe avant de la dégager sous forme de vague, faisant ainsi reculer leurs ennemis en les emportant.
— Économise tes forces ! pesta une voix qui l'interpella. On va s'en occuper !
Équipé d'une énorme arme à feu, Zambai tirait sans trembler dans les bâtisses, arrêtant ainsi les tireurs d'élite qui les canardaient.
— Les gars, trois équipes ! Une reste ici, les deux autres fouillent le tribunal à la recherche du levier pour abaisser le pont-levis ! Exécution !
Ses hommes de mains hurlèrent tous pour se donner du courage et obéirent prestement à leur chef. et Kiwi, prirent le commandement des équipes de recherche en leur ouvrant la voie et tous s'engouffrèrent à la suite de Zoro.
— Vous trois ! hurla Zambai en sortant son revolver de sa ceinture pour abattre d'une balle en pleine tête un soldat qui s'était faufiler jusqu'à eux. Rejoignez votre capitaine sur le toit, laissez-nous gérer le reste !
D'un air entendu, Noriko, Nami et Chopper se précipitèrent à leur tour à l'intérieur du tribunal sans se préoccuper de Sanji qui finirait bien par les rejoindre.
Une fois l'interstice de la porte franchit, l'odeur du sang piqua les narines de Noriko et tous trois se figèrent face à la véritable boucherie qui s'offrait devant eux.
La salle principale du tribunal faite intégralement de dalles de pierres était immense et haut de plafond. De part et d'autre autour d'eux se trouvaient des couloirs cernés de balustrades qui disparaissaient dans les hauteurs de la tour. En son centre, une mare de sang géante s'était formée parmi les tripes et les membres humains éparpillés un peu partout.
Se redressant au milieu de la multitude de cadavres qui jonchaient le sol, Zoro essuyait d'un revers son visage recouvert de sang qui n'était évidemment pas le sien, la respiration saccadée. Le regard meurtrier qui leur lança quand il remarqua leur présence glaça le sang de Noriko. Jamais elle ne l'avait vu emplit d'une telle frénésie meurtrière.
— La voix est libre, cracha-t-il, les autres sont partis actionner le levier.
Pour confirmer ses dires, des cris de lutte enragée se mirent à résonner de part et d'autre dans les étages au-dessus de leurs têtes et même dans les sous-sols. De toute évidence, la Franky Family prenait à cœur leur mission et n'épargnait aucun Marine.
Des bruits de pas précipités résonnèrent également au sein du bâtiment, indiquant que de nouveaux soldats se dirigeaient vers eux.
— Mais c'est pas vrai, gémit Chopper avec les yeux écarquillés, ils sont combien sur cette île !?
— Dix mille au total... murmura Noriko. Je m'en occupe, prévint-elle en se plaçant devant son groupe, paumes levées pour anticipant leur venue.
— Attention ! hurla Zoro en se déplaçant à une vitesse folle derrière les trois amis qui se jetèrent tous à terre.
Les deux lames croisées devant lui, le jeune bretteur venait de parer un boulet géant tiré sur eux depuis l'extérieur, explosant dans un fracas assourdissant les deux portes géantes qui avaient manqué de peu de tous les écraser.
— Faut pas rester là ! hurla Nami en regardant autour d'elle d'un air affolé. Là-bas ! Les escaliers, vite ! Il faut rejoindre Luffy !
— Il faut d'abord les arrêter ! hurla Noriko en la retenant par le bras. S'ils détruisent le tribunal et le pont-levis, on aura aucune chance de s'en sortir et il nous sera impossible de franchir le gouffre !
— Sans compter qu'on finirait tous écraser ! renchérit Chopper.
Au même moment, Zambai et ses hommes se dirigeaient à reculons vers eux, battant en retraite à cause des innombrables soldats qui les acculaient.
— Tout le monde va bien !? hurla le chef, on n'a pas pu dévier l'attaque !
— Ils sont trop nombreux ! hurla un de ses hommes qui tirait à l'aveugle sur la horde d'ennemis avant de laisser tomber son revolver, à court de munitions, puis de sortir un sabre.
Les Marines face à eux décollèrent soudainement du sol sans prévenir avant de retomber lourdement assommés un peu plus loin. Une cigarette en bouche et les mains dans les poches, Sanji se fraya facilement un chemin jusqu'à eux, dégageant les soldats à coups de pieds bien placés et évitant les attaques sans le moindre effort.
— J'ai réglé le compte des trois rigolos, lâcha-t-il en expirant sa fumée.
Il fit volte-face sans prévenir et se déplaça à une telle vitesse dans les airs que Noriko eut l'impression qu'il s'était téléporté. Une fois réapparu à plusieurs mètres de haut, il repoussa un nouveau boulet de canon à l'aide de son tibia pour le renvoyer sur leurs ennemis dans un fracas épouvantable.
Les hurlements d'agonie des Marines leur parvinrent jusqu'aux oreilles et l'odeur de poudre envahit rapidement le tribunal.
— Ils ont sortis l'artillerie lourde, commenta le jeune cuisinier en se réceptionnant près de ses amis.
— Sanji est décidément trop fort, renifla Chopper avec émerveillement.
— Pas la peine d'en faire tout un plat, bougonna Zoro.
— Je t'avais dit de pas perdre de temps avec eux ! râla Zambai en le pointant du doigt.
— J'aime bien connaître mes ennemis, rétorqua Sanji avec calme.
Des portes s'ouvrirent à la volée au-dessus de leurs têtes et les soldats restants dans le tribunal apparurent enfin dans leurs champs de vision en poussant des cris de rage. Ils dévalèrent les escaliers pour se précipiter vers eux et Noriko se remit rapidement en place, prête à les arrêter.
De l'extérieur, un nouveau boulet de canon géant fut tirer sur eux et cette fois, ce fut la grenouille géante Yokozuna, sortie de nulle part en atterrissant devant eux, qui l'intercepta entre ses pattes avants. Elle poussa un effroyable hurlement et renvoya le boulet sur son expéditeur avant de se précipiter dehors.
— Elle dit qu'elle va les empêcher d'entrer, traduit Chopper en panique, mais qu'elle ne pourra pas tenir longtemps !
Entre temps, les soldats postés dans le tribunal, tous armés de sabres, les avaient presque atteints. En formation parfaite, ils les contournèrent pour les encercler de nouveau, marchant presque sur les cadavres de leurs compagnons terrassés par Zoro et poussant des injures à son encontre.
Sans attendre, Noriko claqua dans ses paumes et fit apparaitre une bulle d'eau qui grossit au fur et à mesure qu'elle écartait ses mains. Très vite, un torrent explosa et se rua vers ses ennemis. Elle concentra son esprit, dirigeant l'eau en un point précis à l'aide des ses doigts arqués et la faisant danser tout autour d'eux en prenant soin de ne pas toucher à ses alliés.
— Comme pour l'Aqua Laguna, remarqua fièrement un membre de la Franky Family.
En entendant ces mots, l'image de la vague géante apparut brièvement devant les yeux de Noriko qui se figea et elle se souvint immédiatement de la vigueur dont elle avait fait preuve pour la faire exploser de l'intérieur, la vidant de ses forces jusqu'à s'en évanouir. Elle tenta de chasser cette image de son esprit pour ne pas perdre sa concentration, mais l'attraction quant à son attaque mémorable était trop forte et bientôt, ses mains obéirent à son souvenir.
Elle ouvrit de grands yeux lorsque le torrent sortant de ses paumes s'intensifia sous ses doigts. Très vite, l'eau tourna rapidement en tourbillonnant autour d'eux, l'encerclant avec ses amis ainsi que Zambai et son équipe. Dans un bruit assourdissant, étouffant les cris et les plaintes de leurs ennemis, le courant qui devenait de plus en plus fort les balayait avec une rapidité sans nom.
— Quelle efficacité, s'extasia Sanji en s'allumant une cigarette.
Il perdit cependant son sourire lorsqu'il remarqua que l'eau accéléra davantage sa cadence, malgré les ennemis hors d'état de combattre et s'élevait toujours plus haut, atteignant presque la moitié de la hauteur de la salle.
— Noriko ? interpella-t-il avec une quiétude dans la voix en claquant ses doigts vers Zoro pour l'inviter à se tenir prêt à intervenir.
Ce dernier le regarda avec agacement, certainement prêt à l'envoyer se faire voir pour son manque de discernement, mais se ravisa immédiatement en comprenant sa crainte. L'eau avait formé une véritable tornade autour d'eux et emportait désormais le reste de corps des soldats dans une danse terriblement macabre. L'eau se teinta rapidement de rouge, gorgée par le sang de leurs ennemis qui tapissait les dalles en pierre jusqu'à présent.
— Oh, c'est bon, tu peux arrêter maintenant ! ordonna-t-il prestement en s'approchant d'elle, tandis que Nami se collait à Chopper.
Noriko entendait et voyait clairement ses amis tournés vers elle, les sourcils froncés, mais l'énergie qui se dégageait toujours de ses mains était désormais trop puissante son corps refusait de lui obéir.
Lorsque Zoro posa une main sur son épaule, elle sursauta dans un cri de stupeur et cessa de produire de l'eau.
Avec effroi, elle constata que son torrent tournait toujours autour d'eux, les menaçant en s'approchant d'eux de plus en plus. Elle comprit alors qu'elle ne pouvait plus arrêter son attaque.
Elle serra des dents face à la douleur qui s'insinuait dans ses bras lorsqu'elle les leva et ancra davantage ses jambes tremblantes dans le sol, tentant de maîtriser le courant qui menaçait d'emporter ses amis.
Un torrent, plus petit, se forma autour d'elle et obligea le bretteur à la lâcher. Noriko lui lança un regard paniqué sans comprendre ce qu'il se passait. L'eau autour d'elle se forma en un tourbillon et tourna autour d'elle à toute vitesse. Il ne dépassait pas la hauteur de ses hanches mais empêchait quiconque de s'approcher grâce à l'appel d'air qu'il produisait.
— Heu, c'est normal que ça s'arrête pas ? déglutit Zambai en reculant face à l'eau qui se rapprochait dangereusement d'eux.
— Noriko, hurla Nami en resserrant son bâton contre elle, si tu continues, tu vas nous noyer nous aussi !
Les oreilles bourdonnantes, la manieuse d'eau abaissait ses mains devant elle en resserrant ses doigts, tentant de diminuer l'énorme vague qui avait pris place dans l'immense pièce et qui atteignait désormais presque le plafond.
Le battement effréné de son rythme cardiaque menaçait de faire exploser sa cage thoracique. Elle ne contrôlait plus rien et pour ne rien arranger à la situation, les hurlements de ses amis l'emplissaient de terreur.
Luttant pour ne pas céder à une crise d'angoisse, la respiration haletante, elle inspirait et expirait bruyamment, la bouche grande ouverte et la gorge serrée par des sanglots d'épouvante.
L'étau se resserrait de plus en plus et la panique commença sérieusement à s'emparer du groupe. Les hommes de Zambai se reculaient en lançant des regards d'incompréhension vers leur chef et la jeune femme à l'origine de ce carnage. Des voix fusèrent de part et d'autre demandant s'ils devaient intervenir.
— Il faut l'arrêter ! ordonna quelqu'un.
— Ça se transforme en typhon ! cria une autre voix.
— Noriko, arrête ! hurla Nami, son visage protégé derrière son bras à cause des rafales de vents crées par la tornade.
— Mais faites quelque chose ! hurla Zambai en ajustant son arme à feu vers la tornade d'eau.
Ses comparses s'approchèrent aussitôt de Noriko et Sanji s'interposa immédiatement d'un geste protecteur.
— Si vous la touchez..., prévint-il.
— On lui fera pas de mal ! Il faut juste arriver à la calmer !
— Noriko ! s'égosilla Zoro en tentant de s'approcher d'elle.
Il trancha l'air de ses sabres, dégageant ainsi un passage dans l'eau qui se resserrait toujours eux mais qui se referma aussitôt.
Il sauta vivement en arrière pour éviter une bulle d'eau lancée à pleine vitesse sur lui qui brisa le sol à l'impact et écarquilla ses yeux.
— Reculez ! hurla-t-il à l'intention de la Franky Family. L'eau la défend, si vous la touchez, elle s'en prendra à vous !
— Tu veux dire que c'est chose est vivante !? s'étrangla Nami.
— Ne dis pas n'importe quoi, c'est juste qu'elle ne contrôle plus rien, cria Sanji en se protégeant les yeux avant de se diriger vers elle, Noriko, calme-toi, bon sang !
Le torrent autour d'elle le repoussa sans brutalité, ce qui lui permit de l'éviter sans effort. La main tendue vers lui, Noriko avait réussi à contrôler l'attaque pour ne pas le blesser. Elle porta une main à son crâne en posant un genou à terre et comprit que la situation risquait d'empirer lorsque ses yeux commencèrent à la brûler.
— N'approchez pas ! implora-t-elle d'une voix puissante afin de couvrir l'immense fracas qui résonnait dans la bâtisse.
Ébranlés, les énormes murs de pierre du tribunal menaçaient d'être emportés par l'eau qui tourbillonnait toujours.
— Chopper ! hurla soudainement Zoro d'un air déterminé en plaçant son sabre dans sa bouche. Prépare-toi !
Le médecin de bord se figea quand le bretteur dégaina son troisième sabre, tandis que Nami le regardait avec effroi.
— Tu ne vas quand même pas l'achever !? se lamenta-t-il en hurlant de terreur, s'arrachant presque les poils de sa tête.
— Abruti, c'est toi va devoir l'arrêter, s'énerva Zoro avant de se tourner vers le cuisinier. Sanji !
Ce dernier inclina le menton en signe d'accord, jeta sa cigarette au loin et se mit en position avant d'expirer longuement par la bouche pour se concentrer.
— Hein !? s'affola Chopper qui en lançant paniqué à Nami qui lui répondit avec des yeux ronds.
Cette dernière recula malgré elle en ordonnant à la Franky Family d'en faire de même et tendit fébrilement son bâton climatique vers Noriko, dans le cas où elle devrait s'en servir.
Zoro avait appelé Sanji par son prénom, la situation était des plus sérieuses et Noriko choisit de leur faire confiance.
Comprenant ce qu'ils s'apprêtaient à faire, les bras toujours levés autour d'elle pour tenter de calmer la puissance des torrents qui menaçaient de faire s'écrouler la bâtisse, elle inspira entre ses dents puis poussa un hurlement de rage en tentant une énième fois de repousser l'eau.
— Maintenant ! aboya Zoro.
Il tourna sur lui-même, puis fit un apparaître un tourbillon d'air tranchant comme des lames de rasoirs qui vinrent se placer dans le sens inverse de la tornade d'eau, remontant à contre-sens du torrent ralentissant ainsi sa vitesse jusqu'à interrompre sa lancée.
Au même moment, Sanji prit appui sur ses mains et, à son tour, pivota pour faire un appel d'air avec ses jambes qui vint de fracasser sur le torrent qui protégeait Noriko en évitant soigneusement la jeune femme.
Elle mit ses bras ses bras devant son visage pour se protéger et décolla du sol lorsque Chopper, toujours sous sa forme Heavy Point, se jeta elle avant de rouler sur plusieurs mètres.
Il se releva en prenant soin de ne pas l'écraser et la redressa devant lui, ses immenses bras encerclant les siens. Haletante et parfaitement immobilisée, Noriko écarquilla ses yeux d'horreur après qu'ils aient cessé de brûler en tremblant des pieds à la tête.
L'eau avait finalement disparu, brisée par les attaques de Sanji et Zoro et repoussée à l'extérieur du tribunal qui était désormais trempé de toute part.
Autour d'eux gisaient les corps noyés ou découpés des rares soldats qui n'avaient pas été emmenés par le courant et La Franky Family demeurait immobile, se sachant pas comment réagir.
Ce fut Nami qui brisa le silence en s'approchant.
— Noriko... Que... qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Je l'ignore, murmura la manieuse d'eau d'une voix étouffée en secouant la tête, j'ai perdu le contrôle, je... je suis désolée...
— L'essentiel, c'est que tu n'aies rien, rassura Sanji en allumant une cigarette d'un geste nerveux.
Les sourcils froncés, Zoro rengaina l'un de ses sabres et la dévisagea, puis, remarquant que les membres de la Franky Family la regardaient avec crainte, il se racla la gorge tonna d'une voix forte.
— On n'a pas le temps de chercher à comprendre, dépêchons-nous d'atteindre le toit.
Chopper se décida à relâcher son emprise en s'assurant qu'elle ne représentait plus une menace.
— Je devrais t'examiner, proposa-t-il.
— Plus tard, souffla-t-elle d'une voix faible en posant les mains sur ses genoux pour se pencher en avant, nous devons d'abord sauver Robin.
Le cœur battant à rompre, elle était terrorisée par ce qu'il venait de se passer. Elle avait manqué de blesser ses amis et le pire, c'est qu'elle voyait bien qu'ils craignaient qu'elle ne recommence. Elle posa un poing sur sa poitrine et chercha à retrouver son calme. Ses yeux se posèrent sur son bracelet à perles rouges et un sentiment de réconfort l'envahit aussitôt.
Quoiqu'il se soit passé, leur temps était compté et elle ne pouvait pas se permettre de s'attarder sur son comportement étrange. Comprenant qu'elle se devait de faire bonne figure, elle se redressa en se forçant de maitriser ses tremblements et adressa un sourire rassurant à son ami.
Le jeune renne voulut protester, mais un immense fracas attira leur attention à l'extérieur. Tous retinrent leur souffle.
— Ça s'arrêtera donc jamais, pesta Zoro en se mettant en position de combat.
Les deux géants qui gardaient la Porte de l'Île Principale et qui avaient été sonnés par les efforts incommensurables de la Franky Family ainsi que ceux de la Galley-La Company étaient en train de foncer droit sur eux.
Au même moment, de nouveaux soldats se dirigèrent encore et toujours vers la porte fracassée, armes en mains, prêts à les arrêter.
Noriko ouvrit ses paumes par réflexe, mais Zambai lui attrapa son poignet et secoua la tête en lui disant que l'idée était mauvaise.
— On va s'en occuper, dégagez une bonne fois pour toutes et allez retrouver le Chapeau de Paille !
La jeune femme évalua rapidement la situation. Les hommes commençaient à être à bout de force, leurs membres tremblants trahissant l'état dans lequel ils se trouvaient. Quant à son équipage, ils devaient ménager les leurs pour combattre les agents du CP9 qui s'avéraient redoutable.
Sans réfléchir et au risque de sombrer de fatigue, elle se dégagea et, malgré leurs protestations, vint se placer devant la porte défoncée. Elle écarta ensuite les bras en arquant ses doigts, prête à réitérer son attaque.
— Je t'ai dit que l'idée était mauvaise ! hurla Zambai en tendant une main pour empêcher ses hommes de s'approcher d'elle.
— Noriko, prévint Sanji en se mettant à sa hauteur, tu ne peux pas perdre de nouveau le contrôle...
— Si c'est le cas, vous m'arrêterez, lâcha-t-elle en avisant Zoro qui plaçait déjà son sabre dans sa bouche.
Il inclina ensuite son menton, signe qu'il était prêt à intervenir.
— Arrête, ordonna Nami, c'est de la folie !
— Ton corps ne tiendra pas le choc ! l'avertit Chopper.
Noriko fronça les sourcils et retroussa sa lèvre supérieure sur ses dents serrées.
— Cette attaque a dévié l'Aqua Laguna, elle viendra à bout de deux géants, pesta-t-elle en inspirant pour faire le vide en elle.
Ses amis se turent. Elle avait raison.
Les deux bulles d'eau qui étaient apparues dans ses paumes tressautaient, demandant à nouveau à se transformer en torrent géant. Elle était sur le point de joindre ses deux mains entre elle lorsqu'elle s'arrêta soudainement avant de les faire disparaître.
Dans l'incompréhension générale, les deux géants attaquaient les soldats de la Marine, les écrasant à grand coup de massue et de coup de pieds afin de les dégager du passage.
Noriko plissa des yeux et ouvrit grand la bouche. Sur une épaule de l'un deux, se tenait fièrement Ussop qui semblait leur donner des ordres, tandis que sur l'épaule du deuxième s'accrochaient fermement Pauly, Tilestone et Lulu. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait que Nami la tirait par le bras, l'invitant à reculer.
— Mais c'est quoi ce bordel ? s'exclama Sanji. Qu'est-ce qu'il fout avec eux !?
— Votre copain est si puissant que ça pour commander des géants ? demande Zambai, le souffle coupé.
— Arrête ton délire, s'emporta Sanji, c'est d'Ussop dont on parle !
— Ce n'est pas Ussop, c'est Sniperking, corrigea Chopper d'un ton qui se voulait évident.
— Mais on s'en fout, s'impatienta Zoro en tournant les talons, l'ennemi est en train de se faire rétamer, c'est pas le moment de chercher à comprendre ce qu'il se passe, il faut avancer !
Tous s'entreregardèrent brièvement, puis se dirigèrent sans attendre vers les escaliers. Au moins, Ussop et les charpentiers étaient en sécurité avec deux gardes du corps de cette taille.
Derrière le tribunal se trouvait l'immense précipice qu'ils devaient toujours franchir et Zambai ordonna à ses hommes de rester en haut des escaliers afin d'empêcher les Marines de suivre les Chapeaux de Paille.
— Nos chemins se séparent ici ! cria-t-il. On va faire en sorte que personne ne vienne vous déranger et aider les autres à trouver le mécanisme du pont au plus vite !
D'un commun accord, les pirates continuèrent leurs routes, s'enfonçant au hasard dans les couloirs afin d'atteindre le toit au plus vite.
— Ça sert à rien, bougonna Zoro en s'arrêtant après quelques minutes.
— Tu dis ça parce que tu sais que tu vas tourner en rond ? railla Sanji.
— La ferme ! Il faut monter, non ? Alors reculez.
— Zoro, qu'est-ce que... Tu ne vas quand même pas..., bafouilla Nami, le visage livide.
Trop tard. Armés de ses deux sabres, le bretteur réitéra son attaque précédente et fit apparaitre un tourbillon qui s'éleva dans le ciel sous les cris horrifiés de ses amis qui se protégèrent les yeux des gravats et de la poussière qui apparurent dans l'étroit couloir. Un trou béant menant au ciel venait d'apparaitre au-dessus de leur tête. Sans laisser le temps à ses amis de s'extasier, Zoro recommença son attaque, avec le plat de ses lames cette fois et y fit décoller tout le monde.
Ils hurlèrent tous de terreur tandis que le soleil les éblouissait au moment où ils se retrouvèrent dans le ciel.
Perchée à plusieurs mètres de haut, Noriko aperçut une bonne partie de l'Île Principale. Au pied du tribunal, les deux géants balayaient les Marines comme de vulgaires insectes sous les encouragements des charpentiers et d'Ussop qui sautaient de joie, toujours perchés sur leurs épaules.
Au loin, les deux Kings Bulls étaient recroquevillés l'un sur l'autre et avaient fini par se redresser tous deux, se contentant de les encourager en rugissant, ne pouvant risquer de prendre de nouveau part au combat.
Un véritable carnage s'étalait au sein de l'île entière. D'innombrables cadavres gisaient dans les rues. Malgré l'air frais, l'odeur du sang se mêlait à celui de la poudre et les cris d'encouragement ou d'agonies des Marines se noyaient au milieu du boucan assourdissant émit par les tirs de fusils et de mortiers.
Noriko fut soudain ramenée à la réalité lorsque Nami hurla son nom alors qu'ils retombaient tous dangereusement vers le toit du tribunal et elle fit apparaitre des bulles d'eau pour amortir leur chute. Chaque bulle attrapa l'un de ses amis, les emprisonnant, puis les relâchant parfaitement secs juste après avoir ralentis leurs courses, leur permettant ainsi de se réceptionner sans encombre.
— Crétin ! pesta Nami en brandissant son poing vers Zoro qui avait été entièrement lavé du sang qui le recouvrait. Tu pouvais pas prévenir !
Un hurlement leur fit tourner la tête vers le ciel et tous assistèrent impuissants, à l'entrée fracassante d'Ussop qui s'écrasa à leurs pieds.
— Pourquoi..., gémit-il les larmes aux yeux, pourquoi personne ne m'a rattrapé ?
— Sniperking ! cria Chopper avec un grand sourire. Comment t'as atterri là ?
— Un des géants m'a balancé, expliqua ce dernier en se redressant, les mains tremblantes.
— Comment tu as fait pour les rallier à notre cause ? demanda Noriko.
— Facile, la Marine leur a leur fait croire que les chefs étaient emprisonnés et qu'ils devaient travailler un siècle pour eux en échange de leur liberté, continua-t-il avec un sourire diabolique. Imaginez leur réaction quand je leur ai dit qu'on avait rencontré parfaitement sains et saufs.
Chopper salua son génie avec une claque dans le dos qui lui coupa le souffle tandis que Sanji les interpella.
Tous levèrent donc la tête et aperçurent Luffy face au vide qui les séparait de la Tour Judiciaire. Les poings serrés, ses phalanges écorchées et ensanglantées indiquaient qu'il avait vaincu Blueno, l'agent du CP9, avec acharnement.
Sa respiration était haletante et son regard noir rivé sur un balcon qui surplombait le fossé. Perchée dessus, se trouvait Robin.