Noriko

Chapitre 74 : Enies Lobby (2)

6632 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/11/2025 13:20

Les Chapeaux de Paille se positionnèrent de part et d’autre de leur capitaine, puis fixèrent Robin, lui faisant ainsi comprendre qu’ils ne la laisseraient pas tomber si facilement.

— On est là pour te sauver, hurla soudainement Luffy, si tu veux mourir tu le feras après !

Sa voix fut parfaitement portée par l’écho et leur amie l’entendit très clairement comme en témoigna son corps qui se raidit.


Le jeune pirate au chapeau de paille tentait de masquer sa respiration haletante qui trahissait son appréhension quant à la réaction de Robin. Il plongea soudainement ses mains dans les poches de son pantalon et en ressortit deux gigots cuits et couverts de poussière.


Tandis ses amis lui lancèrent des regards consternés et stupéfaits, la mâchoire de Nami manqua de se décrocher.

— Mais tu crois que c’est le moment de manger !?

— J’ai besoin de force, bougonna-t-il.

Noriko fronça ses sourcils en remarquant qu’il était parfaitement calme. Sa course effrénée qui l’avait conduit ici ainsi que son duel contre Blueno auraient dû l’épuiser, mais il semblait plus que jamais déterminé à se jeter à corps perdu dans un nouveau combat.


Elle salua intérieurement sa résilience et se mit à sourire. Avec de la viande, il serait sur pieds en un rien de temps. Il avait beau foncer toujours tête baissée, il lui arrivait malgré tout de faire preuve d’intelligence.

— La Franky Family se démène pour ouvrir le pont-levis qui nous permettra d’accéder à la tour, expliqua Sanji en s’allumant une cigarette. Robin d’amour ne pourra plus fuir une fois qu’on l’aura traversé.

— Qu’elle veuille mourir ou non c’est pas mon problème, pesta Luffy la bouche pleine, mais qu’elle vienne au moins nous le dire en face.

Même pas trois secondes s’écoulèrent avant qu’il ne jette les os dans le gouffre devant lui après avoir terminé son encas et il tapota son ventre plein avec un grand sourire en reportant son attention sur Robin.


Cependant, un air sérieux se dessina rapidement sur son visage et ses sourcils se froncèrent. Derrière elle venait d’apparaitre Franky ainsi que huit autres personnes.

Noriko reconnut immédiatement Kaku et Lucci, les deux hommes s’étant fait passer pour des charpentiers ainsi que Kalifa, l’ancienne secrétaire d’Icebarg, mais fut incapable de nommer les cinq autres.


Deux hommes immenses, l’un avec de très larges épaules ainsi qu’une longue et épaisse chevelure rose faisant penser à une crinière de lion géante et un autre, aussi rond qu’une boule, semblant avoir quelque chose de métallique sur ses lèvres qui les maintenait fermement scellées ; devant eux se trouvait un homme de la taille de Lucci arborant une grande queue de cheval noir virevoltant au gré du vent ainsi qu’une femme dotée d’une longue chevelure rouge.


Légèrement à l’écart, le plus petit de tous, qui semblait également le plus nerveux, avait les cheveux de couleur parme et la moitié de son visage couvert par un masque.


Les Chapeaux de Paille faisaient face à la totalité du CP9 qui comptait des agents surentrainés, à l’instar de ceux aperçus dans le Train des Mers.


Leurs regards hautains et leurs allures décontractées laissaient deviner qu’ils n’étaient absolument pas impressionnés par l’équipage et surtout, qu’ils avaient hâte d’en découdre avec eux.

— Bande de pirates débiles, hurla celui qui était partiellement masqué, le fait d’être arrivés ici ne changera rien à la situation ! Non seulement vous allez tâter de la puissance de mon unité spéciale, mais en plus, j’ai avec moi une merveille qui va certainement vous calmer !

Son ton était sec et il avait parlé d’une voix forte qui, comme celle de Luffy, avait résonné dans l’immense vide qui les séparaient.

— Voilà donc leur chef, marmonna Zoro en cramponnant le manche d’un de ses sabres. Si on l’élimine, les autres suivront.

— Je pense pas qu’il sera aussi facile à atteindre, avertit Sanji en avisant les autres agents, il est sacrément bien gardé.

L’équipage avait leurs yeux braqués sur la Tour Judiciaire et durent les plisser pour comprendre ce que le chef du CP9 leur montrait. D’un sourire cruel, il brandit sa main tenant l’objet au-dessus de sa tête.

— Grâce à cet escargophone doré, je suis capable de déclencher le Buster Call !

Robin se tourna vers lui avec horreur, tandis que Franky observait la scène en silence.

— Spandam, hurla-t-elle, arrête ça !

— Voyez-vous ça, s’offusqua l’homme. Insolente au point de m’appeler par mon propre prénom, c’est le fait de voir tes amis au bord de la mort qui te délie la langue !?

Le ton qu’il employa fit frissonner Noriko et elle comprit que ce Spandam lui ferait certainement payer cet affront tôt ou tard. Elle serra ses dents et à remarqua à ce moment-là que les mains de Robin n’avaient pas bougé de derrière son dos.

— Du Granit Marin, murmura-t-elle pour elle-même.

Haletant d’excitation, Spandam se tourna de nouveau vers les Chapeaux de Paille eut même l’audace de grimper sur le mur du balcon, prenant le risque de passer par-dessus et de tomber dans les tréfonds de l’océan.

— Savez-vous au moins de quoi je parle !? Demandez à votre amie, il y a 20 ans, cette attaque a détruit son île natale Ohara, et elle a ensuite disparu des cartes pour toujours !

Le cœur de la manieuse d’eau se serra dans sa poitrine tandis que les paroles de Robin lui revinrent en mémoire.

« Je n’ai nulle part où aller et personne à retrouver. »

Blueno les avait avertis. Robin avait tout perdu et avait peur que l’histoire se répète. Cette menace qui pesait sur leurs têtes avait eu raison d’elle et finalement, risquait de s’abattre sur eux d’un moment à l’autre.

— Arrête ! hurla de rage l’archéologue sans toutefois s’approcher de lui. Tu sais ce qu’il va se passer si tu appuies !?

Le chef éclata de rire puis pointa l’équipage du doigt.

— Il se passera qu’aucun de tes petits copains ne pourra s’échapper…

— Ça ne se limitera pas qu’à eux, s’égosilla Robin en lui coupant la parole, toute Enies Lobby sera détruite et réduite en cendres ! Il ne restera plus rien de cette île et tous ceux qui y seront présents seront tués, vous y compris !

Tandis qu’elle ventilait presque. Spandam s’arrêta de rire, jeta un œil vers ses agents comme s’il s’assurait qu’il n’était pas seul ou s’il attendait leur avis, puis reporta de nouveau son attention sur elle.

— Ne dis pas n’importe quoi, s’énerva-t-il en brandissant un poing menaçant. Tu débloques complètement, la Marine n’attaquerait jamais le siège même de la justice !

Il se pointa un doigt rageur vers les Chapeaux de Paille.

— Ne croyez pas tout ce qu’elle dit, cette femme a passé toute sa vie à mentir et…

— Tais-toi, tu parles trop !! hurla soudainement Luffy avec fureur, faisant sursauter ses compagnons.

Même s’il était loin, la colère et l’indignation qui envahirent le visage de Spandam n’échappèrent pas à l’équipage. De rage, il sauta près de Robin, l’attrapa violemment par le bras et la colla au muret pour la pencher au-dessus vide, menaçant de la pousser si elle n’obéissait pas.


Les Chapeaux de Paille se tendirent face à geste et une aura haineuse émana d’eux. Silencieusement, tous pensèrent la même chose : en touchant Robin de la sorte, Spandam venait de signer son arrêt de mort.

— Misérable gamin stupide et inconscient ! hurlait ce dernier. Son choix est fait, elle ne peut pas revenir en arrière et croyez-moi, elle en a parfaitement conscience ! Dis-leur toi, s’énerva-t-il en la secouant, dis-leur que s’ils ne dégagent pas d’ici tout de suite, ils périront tous jusqu’au dernier !

Les dents serrés, Robin luttait contre la poigne de son assaillant qui devait probablement utiliser toute sa force pour lui broyer le bras.

— Luffy ! finit-elle par lâcher dans un cri où se mêlaient douleur et désespoir. Comprends une bonne fois pour toute que mon destin est tout tracé et que je ne prendrai pas le risque qu’il s’abatte sur vous ! Cette attaque a détruit ma vie…, hoqueta-t-elle en luttant certainement contre ses souvenirs douloureux. Depuis vingt ans, j’ai un ennemi acharné à mes trousses… Peu importe le nombre de mers que nous traverserons ensemble, peu importe si nous sommes amis, peu importe si je vous aime tous, cet ennemi qui me poursuit, c’est… c’est le monde entier ! Tu comprends ce que ça veut dire !? À force d’endurer cette menace, il ne fait aucun doute qu’un jour, vous en aurez assez de risquer vos vies ! Ce jour-là, vous me trahirez et m’abandonnerez … et… c’est ce qui me fait le plus peur ! admit-elle en luttant contre ses larmes. Le simple fait d’être en vie est un crime aux yeux de tous, je ne suis qu’un poids pour tout le monde, alors… si je dois mourir un jour, autant que ce soit ici et maintenant, tu m’entends !? Je veux juste mourir !

La voix de Robin s’était brisée. Luffy avait cessé de respirer et Noriko était prête à parier qu’il en était de même pour tous ses compagnons.


Le rire cruel de Spandam reprit, interrompant le silence qui s’était imposé brutalement.

— C’était donc ça, murmura Zoro avec mépris, elle a juste peur d’être un fardeau pour nous.

— Elle a raison, reprit le chef du CP9 en hurlant de plus bel. Faudrait être débile pour pas voir que cette femme est un boulet pour tout le monde. Vous voulez toujours la récupérer !?

Il pointa son doigt en l’air, montrant fièrement l’étendard qui volait dans le vent, planté au sommet de la Tour Judiciaire. Dessus se trouvait le symbole du Gouvernement Mondial, quatre cercles formant un carré parfait sur un fond blanc, en son centre, un cinquième cercle et une croix qui les reliait tous entre eux.

— Regardez bien ce drapeau ! Cet emble représente l’union des pays repartis sur Grand Line et les quatre océans, une coalition de plus de de 170 nations ! annonça Spandam. Ce drapeau c’est le monde, vous savez à qui vous vous opposerez si vous continuez ? La toute-puissance de l’organisation mondiale poursuit cette femme, vous saisissez !?

— Oh, j’ai saisi, répondit calmement Luffy. J’ai bien pigé qui était l’ennemi de Robin. Sniperking ?

Ce dernier se tourna vers lui, imité par tous ses compagnons, intrigués par le sang-froid de leur capitaine.

— Brûle-moi ça.

Sans attendre, Ussop arma son lance-pierres et une fraction de seconde plus tard, une énorme boule de feu fusa vers le drapeau et le détruisit intégralement.


Un lourd silence s’abattit. Robin ouvrit grand la bouche face à ce spectacle tandis que Franky écarquilla ses yeux. À l’inverse, aucun des agents du CP9 ne sembla étonné et arboraient même un immense sourire cruel, comprenant ce que cela signifiait pour eux. Ils venaient d’avoir une énième raison de participer à l’inévitable combat.


Spandam lui, ne put contenir son calme et repoussa Robin qu’il tenait toujours jusqu’alors.

— Vous êtes fous !? N’espérez pas vous en sortir en déclarant la guerre au Gouvernement Mondial !

— TU VEUX PARIER !? hurla Luffy hors de lui, faisant immédiatement taire son interlocuteur.

Le capitaine des Chapeaux de Paille fulminait et sa respiration était parsemée de soubresauts de rage.

— Robin ! reprit-il alors que celle-ci était en pleurs. J’attends toujours que tu me le dises ! DIS-MOI QUE TU VEUX VIVRE !

Noriko déglutit en retenant son souffle. Quel que soit le choix de Robin, elle ne pourrait pas les sauver. Plus maintenant. Son accord passé avec le CP9 devait les mettre en sécurité, du moins à Water Seven, mais il n’avait jamais été question de les laisser vivre s’ils décidaient de s’attaquer à Enies Lobby. Elle espéra du fond du cœur que son amie en arriverait à la même conclusion. Qu’elle persiste à les repousser ou non, menace du Buster Call ou non, l’intégralité des Chapeaux de Paille venait de déclarer une guerre sans merci et elle ne pouvait plus rien faire contre ça.


Désormais, tous étaient dans le même panier qu’elle. Leurs têtes seraient bientôt mises à prix – certainement plus élevées pour celles qui l’étaient déjà – et le monde entier chercherait à les arrêter et à les tuer.


Face à eux, Robin semblait en proie avec ses démons. Elle se redressa et, les larmes ruisselant sur son visage, hurla à plein poumons.

— JE VEUX VIVRE !

Noriko serra ses poings et sentit son corps s’emplir de fierté. Ils avaient réussi. Leur amie voulait revenir avec eux et il ne restait plus qu’à aller la chercher.


Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, Franky se mit à pleurer face à la scène mais Spandam, lui, entra dans une colère noire.


Le visage emplit d’un espoir fou, Robin continuait de hurler.

— Je vous en supplie, emmenez-moi en mer avec vous et allons naviguer tous ensemble loin d’ici !

— C’est parti, annonça Luffy avec un sourire en coin, invitant ses amis à se tenir prête à passer à l’attaque.

Au même moment, le pont-levis commença à s’abaisser doucement et une partie de la Franky Family apparut à travers les fenêtre du tribunal en faisant de grands gestes vers la Tour Judiciaire.

— C’est le patron !!

— PATROOOON !!

Franky n’en crut pas ses yeux et se pencha vers eux en agrippant de ses doigts le muret de pierres.

— LES GARS !! Mais qu’est-ce que vous foutez là !? C’est dangereux ici, vous n’auriez pas dû venir !

— On est venus te sauver ! On est avec les Chapeaux de Paille ! Il nous a laissés l’accompagner et ils ont tous assurés ! Ils nous ont même sauvée la mise !

— Je vous ai rien demandé ! s’enragea le cyborg. Retournez à Water Seven !!

— MAIS C’EST QUOI CE BORDEL !? hurla soudainement Spandam qui ne gérait plus du tout la situation. COMMENT ONT-IL PU ACTIONNER LE LEVIER !?

Il n’en faut pas plus pour qu’un tir de mortier s’éclata sur le pont-levis, le faisant s’arrêter immédiatement et Spandam hurla finalement de joie face à l’efficacité de ses hommes.

— On dirait que quelqu’un s’est faufilé parmi nos deux amis géants, releva Sanji en expirant sa fumée de cigarette.

— Encore des gêneurs, bougonna Luffy, mais j’en ai ma claque moi. EH BANDE D’ABRUTIS, C’EST PAS BIENTÔT FINI DE GUEULER !!! hurla-t-il soudainement avec colère à l’attention de la Franky Family sautant toujours de joie. VOUS ALLEZ VOUS BOUGER OU FAUT QUE JE LE FASSE MOI-MÊME !?

— Luffy, tu… tu n’as pas cœur !? s’indigna Nami.

— Ils sont juste contents de revoir leur ami, précisa Ussop.

— Il a raison, râla Zoro en allant dans le sens de son capitaine, Robin nous attend, on perd du temps là. Si l’ennemi passe le tribunal, on va devoir le repousser et ce sera encore pire.

Un bruit de rage attira leur attention vers la Tour Judiciaire. Debout sur le muret, se tenait Franky, un immense sourire sur son visage. Voir tous ses amis avaient dû le revigorer, car il était surexcité.

— Chapeau de Paille ! Je te suis redevable si t’as vraiment aidé ma famille. Le charpentier que je suis, le grand Franky, va te donner un coup de main !

— Mais j’en ai rien à faire de ta vie, on s’en tape ! le rabroua vivement Luffy. J’ai pas oublié ce que t’as fait à Ussop !

— Mais je te signale qu’il est à côté de toi ! hurla Franky avec un bref moment d’hésitation, en faisant allusion à Sniperking.

Le Chapeau de Paille se tourna vers ce dernier et Ussop haussa ses épaules, comme s’il ne savait pas de quoi il parlait.


Noriko se tapa le front, tandis que Nami poussa un soupir désespéré face à la bêtise de leur capitaine.

— Crétin…

— Ça suffit, j’en ai assez ! cingla Spandam. Lucci, Kaku… Tout le monde ! Débarrassez-moi d’eux une bonne fois pour toute !

— À votre place, je n’en ferai rien, s’amusa Franky en sortant des papiers cachés dans son avant-bras mécanique. Lucci, Kaku, vous êtes des professionnels, vous savez que ces plans sont vrais.

Il tendit fièrement les papiers devant lui et Robin manqua de s’écrouler au sol en les apercevant.

— Les… les plans… de l’arme antique… Pluton. Tu… tu les avais depuis le début !? bégaya Spandam.

— Robin n’a jamais voulu mettre la main dessus, je sais maintenant que c’est pas un démon. Elle n’a jamais voulu réveiller cette arme ! Oui, elle est dangereuse parce qu’elle peut trouver sa localisation inscrite sur un Ponéglyphe, mais moi, je le suis encore plus car j’ai en ma possession les plans qui permettraient de fabriquer cette même arme ! Ils ont été transmis pour être protéger, mais maintenant qu’ils sont révélés, ils doivent être détruits !

— NON ARRÊTE ! explosa Spandam en manquant de s’arracher les cheveux. Pauvre fou, tu ne sais pas ce que tu dis !

— Robin prisonnière à vos côtés, rien n’aurait pu vous arrêter, coupa Franky avec colère, mais pas de chance pour vous, ses amis ont décider de contrecarrer vos plans et j’ai décidé de leur prêter main forte !

Sans prévenir, il leva sa main au-dessus de sa tête et gonfla ses joues avant d’abattre un jet de flamme dessus, réduisant les papiers qu’ils tenaient entre ses doigts en cendres.


Spandam hurla de désespoir et les agents du CP9, qui n’avaient toujours pas bougé, le regardèrent avec mépris se rouler au sol, tentant de récupérer les cendres.


Franky, de son côté, éclata de rire.

— Toutes ces années, je les gardais dans le cas où il aurait fallu construire une défense basée sur ces plans afin de contrer votre arme de malheur ; mais maintenant que je sais que Robin n’a aucunement l’intention de vous aider, ils ne me sont plus d’aucune utilité !

Il se mit de nouveau à rire et entama même une danse de la joie devant le regard gêné des Chapeaux de Paille qui n’avait pas perdu une miette de tout ce qu’il venait de se passer.

— Si je comprends bien, on n’a plus de souci à se faire pour les plans ? s’enquit Nami.

— Parce que tu t’en faisais ? s’étonna Zoro.

— Un peu, admit la navigatrice, selon Icebarg, ces plans étaient ceux d’une arme pouvant raser une cité entière d’un seul coup, alors si elle ne risque plus de tomber entre les mains de la Marine…

— Oui je suis au courant, tu nous l’as déjà dit, bougonna le bretteur d’un air agacé, mais ce qui nous importe, c’est Robin, le reste nous concerne pas…

— On parle d’une arme antique capable de nous réduire à néant, bien sûr que ça nous concerne !

Noriko sursauta en l’entendant prononcer cette phrase. Ce n’est pas la première fois que Nami mentionnait cette arme car elle leur avait tout rapporté de sa conversation avec Icebarg, mais le fait de voir sa détresse de ses propres yeux et non de l’entendre au travers d’un escargophone sous une pluie torrentielle à travers une tempête battante accéléra son rythme cardiaque sans qu’elle ne sache pourquoi.


Arme antique. Ces deux mots avaient éveillé quelque chose en elle, sans savoir de quoi il s’agissait et ce fut l’intervention inopinée de Chopper qui lui ouvrit enfin les yeux.

— Mais attendez une minute, Pluton, c’était pas l’arme que cherchait Crocodile à Alabasta !? s’écria-t-il.

— Mais c’est pas vrai, vous avez quoi dans la tête !? s’emporta soudainement Nami. T’avais toujours pas compris !?

Le souffle court, Noriko dut admettre qu’elle-même n’avait pas fait le lien. Oui, l’ancien Grand Corsaire Crocodile recherchait une arme antique, mais n’avait trouvé qu’un Ponéglyphe dans les sous-sols d’Alabasta. Robin avait bien précisé lui avoir menti et que les inscriptions racontaient l’histoire du pays, mais jamais elle n’avait mentionné ce qu’il racontait réellement.

« … elle est dangereuse parce qu’elle peut trouver sa localisation inscrite sur un Ponéglyphe… »

Sa respiration se coupa lorsque les mots de Franky prirent leurs sens.


Un frisson lui parcourut l’échine et elle se maudit d’avoir été stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt. L’arme Pluton était perdue et nul ne savait où. Crocodile avait eu besoin de Robin pour le découvrir et avait tenté de se débarrasser d’elle quand il avait compris qu’elle se moquait de lui.


Ce qu’indiquait le Ponéglyphe était l’emplacement même de l’arme et depuis tout ce temps, Robin savait donc où elle se trouvait.


Ses pensées furent interrompues par la voix de Kokoro, sortant du mini-escargophone que Nami gardait dans sa poche.

— Eh les enfants ! J’ai tout entendu, préparez-vous à sauter dans les chutes d’eau, j’arrive !

— Qu’est-ce qu’elle a dit !? hurla Chopper avec des yeux ronds.

— Je sais pas trop… De sauter dans les chutes, bredouilla Nami en regardant dans le vide.

— Elle débloque la vieille, ronchonna Zoro.

Un immense grabuge leur fit tourner la tête en direction de l’île. De la fumée et de la poussière s’échappaient dans les airs et ils aperçurent très vite le Rocketman qui leur fonçait droit dessus.

— Mais c’est une plaisanterie !? s’indigna Nami qui était devenue livide.

— Bon bah, y a plus qu’à ! s’enjoua Luffy en faisant craquer ses doigts.

— Je n’aime pas trop ce sourire, s’affola Ussop donc les jambes tremblaient.

— Faut lui faire confiance, le rassura son capitaine.

— Mais je veux pas mourir, moi ! pleura Chopper.

— Cutty Flam ! siffla Spandam, hors de lui, interrompant les Chapeaux de Paille. Je te pensais pas suicidaire au point de brûler les plans ! Tu ne m’es plus d’aucune utilité !

Sur ses mots, il se jeta sur Franky, qui sous l’effet de surprise, n’eut pas le temps de réagir et fut donc poussé dans le vide, sous les cris des pirates et de sa Family.


Au même instant, le Rocketman franchit la porte du tribunal dans un immense fracas tout en faisant siffler la locomotive.

— C’est le signal ! hurla joyeusement Luffy en tendant ses bras de part et d’autre de son corps, les faisant ainsi passer derrière ses compagnons.

— Il va pas faire ça !? s’affola Zoro en comprenant les intentions de son capitaine, tandis que Nami et Ussop commencèrent déjà à s’évanouir.

— C’est pas vrai !! Ils arrivent vraiment !? paniqua Spandam en comprenant ce qu’il se passait.

Il attrapa Robin par le bras et s’engouffra dans la tour avec elle avant de détaler rapidement.

— Lucci, ma sécurité ! Vous autres, arrêtez ces maudits pirates ! Vous avez le droit de les massacrer, carte blanche pour tout le monde !

— Noriko, rattrape Franky ! hurla Sanji à cette dernière qui paniquait complètement en se cramponnant au bras de son capitaine déjà collé dans le bas de son dos.

— Je pourrai jamais le hisser, il est trop lourd !

— C’est parti !!! continua Luffy en se jetant dans le vide. POUR ROBIN !!!

Ce faisant, tous basculèrent avec lui dans de grands cris de terreur et sans manquer de l’insulter pour son insouciance.


Les Chapeaux de Paille ne tombèrent pas longtemps dans le vide avant que le train ne les rattrape sur son toit. Celui-ci avait foncé sur le pont-levis à moitié abaissé, s’en servant ainsi de tremplin pour décoller dans les airs pour la deuxième fois de la journée et était passé par-dessus le gouffre à toute vitesse.


Franky lui, s’était pris le nez du Rocketman dans le ventre et fut emporté aussi, sans se faire empaler uniquement grâce à son corps fait d’acier.


Tous s’écrasèrent ensuite au pied de la Tour Judiciaire, explosant plusieurs murs sur leur passage et se retrouvant ainsi dans le hall d’entrée ; le tout dans un fracas effroyable qui ébranla chaque mur de la bâtisse.


Franky fut le premier à se redresser, complètement indemne. Il dégagea un débris qui écrasait ses jambes, puis s’approcha du Rocketman, partiellement détruit.


Une explosion retentit et de nombreux gravats furent envoyés valser dans toute pièce, révélant ainsi l’équipage des Chapeaux de Paille qui, comme lui, n’avaient pas une égratignure.

— Assez perdu de temps ! hurla Luffy. On n’est pas venu pour trainer !

— Mais donne-nous une minute ! hurla Nami en l’attrapant par la joue pour le calmer.

— On n’est pas en caoutchouc, nous, rappela Ussop en se redressant, aidé par Chopper.

— Oh ça va, bouda Luffy en se dégageant. Je vous tenais tous, Zoro a tranché tout ce qui a failli vous écraser et Noriko a dégagé le reste avec de l’eau. J’ai même vu Sanji donner un coup de pied, s’amusa-t-il avec un grand sourire en levant son index.

Face à lui et avec un regard assassin, se tenaient les trois amis qu’ils venaient de citer, recouverts de poussière et à bout de souffle.

— Préviens-nous la prochaine fois ! hurlèrent-ils tous en même temps.

Une énième dispute au sein de l’équipage s’en suivit, tandis que Chopper, hurlait plus fort que tout le monde, voulant s’assurer que personne n’était blessé.


Franky les regarda avec perplexité, se demandant sans doute comment cette bande d’abrutis ne s’était toujours pas entretuée depuis le temps.

— Vous n’êtes vraiment pas normaux, marmonna-t-il.

— C’est toi qui dit ça ? s’offusqua Ussop en le regardant de haut en bas.

Franky roula des yeux et son attention fut accaparée par Kokoro, qui sortit de la locomotive, du sang coulant sous son nez.

— Ça va Kokoro ? s’enquit-il en l’aidant à descendre. T’es pas allée de main morte.

— T’inquiète pas pour moi, gamin, rit-elle en débouchant une bouteille de vin, j’en ai vu d’autres.

Franky la regarda avec respect, comprenant qu’elle avait risqué sa vie pour les aider.

— T’es vraiment une dure à cuire, prendre la responsabilité d’aider des pirates et…

Sa phrase fut interrompue par Chimney qui lui sauta sur le dos, folle de joie de le revoir. Lorsqu’il l’aperçut, il la regarda d’un air interloqué, puis changea radicalement de discours.

— T’as amené la môme !? hurla-t-il en la reposant délicatement. Mais t’es complètement irresponsable la vieille, tu voulais la tuer ou quoi !?

— Et le lapin, renchérit fièrement Kokoro.

— C’est un chat ! corrigea sa petite-fille, tandis que son animal émergea à son tour du train.

— Mais vous êtes toutes les deux cinglées ! les engueula Franky en les pointant d’un doigt menaçant, oubliant toute trace de respect. Le Rocketman est super dangereux. Alors oui, merci, mais si c’était pour prendre le risque de venir me claquer entre les pattes, c’était pas la peine !

Kokoro se contenta de rire aux éclats avant de boire trois bonnes gorgées de vin. Remarquant leur présence, Chopper s’approcha pour vérifier qu’elles étaient indemnes et Franky, agacé par la situation, poussa un soupir de frustration.


— PATRON !! CHAPEAU DE PAILLE !!

Tous se retournèrent en même temps et, à travers le mur brisé de la Tour Judiciaire, aperçurent la Franky Family, les deux géants ainsi que les charpentiers de la Galley-La Company qui leur faisaient signe.

— On va les retenir de ce côté, on compte sur vous pour tout défoncer !

Ces paroles ravivèrent leur entrain, Luffy le premier qui leva ses bras en signe de victoire.

— Si vous chercher Nico Robin, elle est déjà partie avec le commandant et Lucci, indiqua placidement une voix.

Le groupe d’amis leva le nez. Perché à plusieurs mètres au-dessus de leur tête, dans l’angle d’un mur, se tenait – sans trop savoir comment – l’un des agents du CP9.


Nami ne put contenir une grimace de dégoût, tandis que Noriko réprima un frisson d’horreur. Elle n’avait pas rêvé toute à l’heure, l’homme avait bel et bien des fermetures éclairs à la place des lèvres et elles semblaient y avoir été douloureusement mises en place à en juger par les horribles cicatrices et rougeurs qui sertissaient son visage. Vu de près, il était beaucoup plus imposant, mais pour autant, il n’était pas menaçant et se contentait de les fixer.

— T’es qui toi, s’agaça Luffy en serrant un poing, où est Robin ?

— Je suis Fukuro et votre amie est déjà en route pour la Porte de la Justice, vous ne pourrez pas la rattraper. Vous devez également savoir une chose très importante.

— Il serait pas de nature trop bavarde, ce crétin ? pesta Sanji.

— Nico Robin est menottée avec du Granit Marin et seule une clé spéciale pourra l’en défaire.

— Il semblerait que si, répondit finalement Zoro.

— Merci pour l’info, s’enquit Nami avec un grand sourire, mais si tu veux pas qu’ils te cassent la figure, je te suggère de nous laisser passer !

Noriko fit volte-face vers son amie, étonnée par autant d’aplomb. Elle se rembrunit cependant très vite lorsqu’elle remarqua qu’elle était cachée derrière Chopper et Ussop, prenant le soin de ne pas se faire voir.

— On a reçu l’ordre de vous massacrer et on a tous une clé entre nos mains ! continua Fukuro.

— Mais il est complètement abruti, ma parole, râla Franky.

— Je comprends mieux la présence des fermetures éclairs, murmura Noriko.

— Bah au moins, vous savez ce qu’il vous reste à faire, s’enjoua Kokoro, légèrement éméchée.

— Mais qu’est-ce que tu fous là, toi !? s’emporta le cyborg, ayant certainement oublier l’existence de la vieille dame jusque là. Tu comptes pas fouiller la tour avec nous quand même ?

— Tu veux que j’aille où, idiot ?

— Reste dans la locomotive en attendant qu’on vienne te chercher !

En titubant et suivie de Chimney accompagnée de son chlapin, Kokoro obéit prestement, sans manquer de l’insulter de jeunot insolent.

— Vous êtes sûrs qu’elles ne risquent rien ? s’inquiéta Chopper.

— T’inquiète pas pour elles, pesta Franky. Cette vieille est cinglée, mais pour une raison qui me dépasse, elle s’en sort toujours.

— EH ! Vous m’écoutez, oui ? cria Fukuro, profondément blessé.

— C’est un marrant, lui, sourit Luffy. Il est énorme, on dirait une boule géante.

— Luffy, ne sois pas méchant, avertit Nami, toujours cachée derrière Chopper.

— Dis-moi, l’agent, s’enquit Sanji en tentant le tout pour le tout. La clé de Robin d’amour, elle est où ?

Content qu’on s’adresse à lui, Fukuro s’empressa de sortir une petite clé de la poche intérieure de sa veste avant de la brandir devant lui.

— Elles sont numérotées et tous les agents ont en une. Il vous faudra donc nous vaincre un par un si vous voulez avoir une chance de la récupérer !

— T’inquiète, c’est prévu, menaça Luffy.

Les amis soupirèrent avant de se concerter entre eux.

— Quelle combine débile pour nous faire perdre du temps, s’énerva Zoro, ils ont peur de nous à ce point ou quoi ?

— On n’a qu’à aller chercher Robin d’abord et on avisera pour la suite, proposa Ussop.

— Si vous faites ça, on jette les clés dans la mer et vous ne pourrez plus libérer votre amie ! Le Granit Marin est aussi dur que du diamant, vous ne pourrez pas le détruire ! ajouta Fukuro qui ne perdait pas une miette de leur conversation.

— Mais il va se taire, oui !? fulmina Zoro.

Sentant qu’on l’observait, il tourna la tête vers Noriko puis l’interrogea du regard en levant un sourcil avant de faire couler son regard vers sa ceinture, où étaient accrochés ses sabres.

— Non, je ne suis pas encore capable de trancher du diamant ! cingla-t-il comme si c’était une évidence.

La manieuse d’eau leva les mains en signe de défaite, mais ne put s’empêcher de le regarder avec un grand sourire, ce qui eut le don d’agacer un peu plus son ami.

— Ça se saurait, marmonna Sanji en allumant une cigarette.

— La ferme, cuistot de malheur !

— Bon alors ? s’impatienta Fukuro. Vous comptez passer à l’action où on doit…

Il ne termina pas sa phrase, le poing de Franky relié à une chaîne s’étant éclaté dans le mur à l’endroit où il se trouvait. Cependant, l’agent du CP9 s’était servi d’une de leurs techniques spéciales et s’était volatilisé avant l’impact.

— Il commençait à me saouler, pesta le cyborg en remettant son poing en place. Bon, comment on s’organise ?

— ON FONCE ! hurla Luffy avec rage en voulant se précipiter vers l’escalier menant au sommet de la tour.

Sanji le retint par le col de sa chemise sans prendre la peine de le regarder.

— On doit d’abord se mettre d’accord sur la répartition des tâches, tonna ce dernier tandis que le capitaine courait en faisant du sur place.

— Si on compte les agents, on arrive au total de six clés, calcula Noriko.

— T’as oublié Lucci, avertit Franky.

La mention de ce nom arrêta Luffy dans sa course folle et il sembla immédiatement intéressé par la conversation. Constatant qu’il s’était calmé, Sanji fit l’erreur de le relâcher.

— Il est chargé de la protection de Spandam, précisa la manieuse d’eau, je l’ai entendu le hurler avant qu’on saute dans le vide ; et les autres qui ont reçu l’ordre de nous massacrer, je suis certaine qu’il n’y a que six clés.

— Espérons que tu dises vrai, marmonna Nami.

— Bon alors assez perdu de temps, annonça Luffy avec hargne, vous les étalez, on prend les clés et on les teste une par une sur Robin. Moi, je pars vers la Porte de la Justice à sa poursuite et je m’occupe de l’autre guignol avec son pigeon.

Personne n’eut le temps de réagir qu’il partait déjà en courant à toute vitesse vers un sous-sol, provoquant une exaspération générale.

— Est-ce qu’il sait au moins comment on atteint cette porte ? grinça Sanji des dents.

— C’est peut-être pas une mauvaise idée de le laisser partir devant, soupira Nami, au moins Robin sera en sécurité avec lui.

Le groupe grimpa l’escalier principal et s’arrêta en haut des marches. Plusieurs couloirs s’offraient à eux et ils comprirent qu’ils devraient se séparer pour gagner en efficacité dans leurs recherches.

— Sans Luffy, on est sept pour six agents, ce qui nous laisse l’avantage du nombre, reprit Sanji. On se sépare, on fouille la tour à leur recherche, on récupère les clés et on le rattrape. C’est une course contre la montre, si Robin d’amour passe cette porte, c’est fini. C’est clair pour tout le monde ?

Tous acquiescèrent d’une seule voix et le jeune cuisinier en profita pour sortir une énième cigarette qu’il s’empressa d’allumer.

— Alors c’est parti…

— Toute défaite nous retardera, déglutit Ussop en se dirigeant vers un couloir au hasard, peu sûr de lui.

— Ce qui veut dire qu’on doit vaincre, quoi qu’il nous en coûte, quitte à mourir, ajouta Zoro à leur intention en l’imitant.

Nami et Chopper en firent de même et Noriko se retrouva seule avec Franky.

— Il faut que j’atteigne les cuisines prévint-il en ouvrant son ventre. Je vais avoir besoin d’énergie pour combattre.

Noriko songea au fait qu’elle ne s’habituerait jamais à voir un cyborg en action. En voyant les trois bouteilles à moitié vide, elle le regarda d’un air perplexe en tentant de comprendre ses propos.

— Tu tires ton énergie de boissons… gazeuses ?

— Bah ouais ! répondit-il fièrement en s’approchant d’elle. Regarde ma banane, elle est toute raplapla.

À ces mots, Noriko ouvrit de grands yeux et Franky pencha la tête vers elle pour montrer l’énorme mèche bleue rebelle ornant son crâne qui, effectivement, commençait à perdre du volume.


La jeune femme se tint l’arête du nez et poussa un soupir de soulagement en comprenant à quoi il faisait allusion.

— Bon ! Reste en vie, la fille ! s’enquit-il avec un grand sourire avant de détaler.

Elle s’offusqua et brandit un poing rageur vers lui.

— Je m’appelle…, cria-t-elle avant de se taire brusquement en comprenant qu’il était déjà loin. Noriko, ajouta-t-elle à voix basse d’un air dépité.

Elle inspira du nez d’un air agacé en pinçant ses lèvres, puis roula des yeux et se précipita dans un des couloirs avant de courir jusqu’à perdre haleine.

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