Noriko

Chapitre 75 : Enies Lobby (3)

6147 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/11/2025 11:22

    Poussée par l'adrénaline du temps imparti pour sauver Robin, Noriko ne réfléchissait absolument pas à ce qu'elle faisait et se contentait d'ouvrir toutes les portes qu'elle croisait. Elle savait qu'elle risquait de tomber sur l'un des agents à tout moment et qu'elle devrait se battre contre lui mais au fond d'elle, espérait secrètement qu'elle n'aurait pas à le faire.



    Elle ouvrit une porte et trouva un bureau vide. Sans perdre de temps, elle poursuivit sa route.



    Elle n'avait pas peur d'avoir mal, elle s'était entrainée toute sa vie à recevoir les coups. Ce qui l'inquiétait – mise à part le fait d'échouer à récupérer une des clés face à plus fort qu'elle – c'était tout simplement de se servir de ses pouvoirs.



    Nouvelle porte, une bibliothèque cette fois.



    Elle n'avait pas eu le temps de s'y attarder, mais elle revoyait parfaitement le visage décomposé de ses amis au tribunal. Zambai et la Franky Family avaient cru qu'elle avait complètement déraillé, mais son équipage lui, avait parfaitement compris la situation : elle avait perdu le contrôle de son Fruit.



    Elle claqua une nouvelle porte offrant une magnifique chambre luxueuse et décida de changer d'étage.



    Noriko fronçaient ses sourcils en réfléchissant à toute vitesse, tentant de se remémorer ce qu'elle avait ressenti à bord du Train des Mers, lorsqu'elle lançait attaque sur attaque contre Blueno. Même si elle avait réussi à le faire saigner alors qu'il était capable de solidifier son corps comme de l'acier, elle savait que ce n'était rien d'extraordinaire car ce n'était pas sa force surhumaine le problème.



    Elle avait bien remonté une ancre à mains nues et avait brisé en morceaux un fruit exotique réputé incassable. Bien qu'elle ne la maitrisait pas entièrement, elle savait qu'elle était nichée quelque part et ressortait lorsqu'elle en avait besoin ou encore lorsqu'elle était en colère ou sur le point d'être blessée.



    Nouvelle pièce, une salle de réunion avec une immense table serties d'une dizaine de chaises.



    Elle savait déjà que ce n'était pas la colère qui avait parlé face à Blueno, mais de la haine, pure et dure. Cette haine d'être impuissante pour sauver Robin. Elle s'était laissée consumée et avait été incapable de s'arrêter. Incapable d'arrêter ses attaques. Si seulement, il n'avait été question que d'une seule fois, elle aurait mis ça sur le compte du hasard, mais pourtant...



    Haletante, Noriko déglutit avec difficulté, faisant enfin face à ce qu'elle repoussait, mais qu'elle savait pourtant inévitable. Oui, son pouvoir l'avait contrôlée dans le train, mais elle devait se rendre à l'évidence. Depuis lors, cela lui était de nouveau arrivé, beaucoup trop fréquemment à son goût.



    Même s'il n'avait pas pu la contrôler dans le tribunal, elle avait pourtant été incapable se maitriser lorsqu'elle avait repensé à la puissance dont elle avait fait preuve contre l'Aqua Laguna. Paralysée d'angoisse, elle avait vu ses mains réagir à ses pensées en intensifiant l'eau qui s'en échappait. Cette eau meurtrière qui ne demandait qu'à détruire.



    Ses poings se serrèrent. Elle n'avait rien dit à ses amis, mais elle savait qu'il s'en était fallu de peu pour qu'elle se fasse de nouveau consumer, car les points communs entre son attaque contre Blueno et celle contre la vague géante étaient ces douleurs insurmontables qui lui cisaillaient le crâne et lui brulaient les yeux.



    Elle ralentit sa course puis posa ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle.



    Juste avant l'intervention de ses amis qui avaient dû se mettre à trois sur elle, une migraine l'avait élancée sans prévenir. Sans le savoir, Zoro, Sanji et Chopper avaient évité qu'un drame ne se produise.



    Noriko se devait d'être honnête avec elle-même. Lorsqu'un de ces symptômes apparaissait, c'est qu'elle risquait de devenir extrêmement dangereuse.



    Elle se sentit blêmir et eut envie de vomir. Dangereuse, oui, mais le serait-elle uniquement face à ses ennemis ? Par deux fois, elle avait repoussé Sanji avec douceur, mais elle n'avait pas pu maitriser l'attaque – bien que non mortelle – contre Zoro. Il l'avait évitée grâce à ses réflexes, mais elle se souvenait parfaitement de la manière dont il l'avait regardée après ça, se contentant de changer de sujet pour ne pas affoler la Franky Family.



    Grâce à sa réactivité, personne ne s'était attardé sur la situation, mais Noriko n'était pas dupe. Elle savait que tôt ou tard, ses amis qui étaient présents à ce moment-là lui poseraient des questions, Zoro le premier – et qu'il n'aurait aucune délicatesse à son égard. Si elle mettait en danger l'équipage, il devait le savoir et surtout, en informer Luffy.



    Elle secoua la tête. Jamais elle ne pourrait leur faire de mal. Elle le savait pertinemment au fond d'elle, mais qu'en était-il de son Fruit du Démon ? Elle avait renié son existence depuis toutes ces années, allant jusqu'à détester Mihawk de le lui avoir fait avalé et refusant catégoriquement de s'entrainer ou de se servir de ses pouvoirs.



    À l'heure actuelle, son corps refusait toujours de se transformer en eau selon sa volonté propre et ne l'avait fait qu'aléatoirement en cas d'extrême urgence. Elle avait ainsi évité un coup de sabre, une balle ou une jambe broyée par un rocher, mais n'avait rien pu faire contre du feu et de l'explosif. Et encore moins pour des coups de fouet...



« La seule explication possible concernant ton incapacité à te transformer en eau selon moi, c'est que tu as tellement refoulé tes pouvoirs que même ton corps ne se rend plus compte de ses capacités. »



    Son rythme cardiaque s'accéléra. Ace avait raison. Il avait toujours eu raison à son sujet.



    Elle serra son bracelet rouge contre elle et pinça ses lèvres avant de reprendre ses recherches en avisant un long couloir serti d'une multitude de portes.



    Ce refoulement intense expliquait qu'elle ne maitrisait pas son Fruit du Démon, et que maintenant qu'elle l'avait enfin accepté comme une partie d'elle-même, il l'encourageait rattraper le temps perdu et s'emparait donc d'elle pour lui montrer de quoi il était réellement capable.



    Elle crispa sa mâchoire, comprenant qu'elle devait à tout prix renforcer son mental pour reprendre le contrôle de son pouvoir avant qu'il ne soit trop tard.



    Elle ignorait toujours l'élément déclencheur qui l'avait poussé à vouloir tuer de sang-froid, mais ne souhaitait pas le revivre pour le savoir.



    Elle se remémora malgré elle ce qui avait précédé ses migraines : son impuissance face à Robin qui voulait mourir pour eux, le poids sur ses épaules quand il ne tenait qu'à elle de sauver tout le monde à bord du Rocketman et ce même souvenir lorsqu'elle était au tribunal.



    Partiellement concentrée sur sa recherche des agents du CP9, Noriko pesta à voix haute lorsqu'elle trouva une nouvelle pièce vide. Cette tour était un véritable labyrinthe et elle espérait que ses compagnons avaient eu plus de chance qu'elle.



    Le point commun qu'elle trouva à toutes ces situations était qu'à chaque fois, la mort d'un proche planait au-dessus de sa tête. Elle roula rapidement des yeux, ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle ou ses compagnons frôlaient la mort et il n'en avait rien été lorsqu'Ener avait menacé d'anéantir tout le monde.



    Non. Le point commun à toutes ces situations était qu'elle avait été sous l'emprise d'une haine indescriptible, lui donnant l'envie de tout détruire. Tout comme elle avait détruit cette vague géante et qu'elle en avait ressenti sa puissance dans ses doigts rien qu'à la mention du nom de cette vague.



    Une soif de puissance ? Noriko pouffa de rire en levant les yeux au ciel, comme si la puissance l'avait vraiment intéressée un jour.



    Elle s'enfonça son pouce et son index dans ses yeux, se maudissant de se poser autant de questions. Au moins au tribunal, ses yeux n'avaient pas eu le temps de la brûler de l'intérieur.



    Elle se figea immédiatement et descendit lentement sa main qui s'était mis à trembler devant sa bouche qui en faisait de même. La première fois que ses yeux l'avaient brulée... ce n'était pas à bord du train, mais lorsqu'elle se tenait face au Vogue Merry, hors d'elle.



    Des bulles d'eau étaient apparues dans les paumes de ses mains sans qu'elle s'en aperçoive, elle les avait ensuite tournées vers le sol, le pulvérisant au passage et elle avait hurlé de colère... contre Ussop.



    Ses jambes flageolèrent si fort qu'elle se retint à un mur, le souffle court. Elle se souvenait parfaitement avoir eu l'envie de le noyer quant à ses agissements et à son entêtement jusqu'à ce qu'il la menace de la faire évaporer.



    Les larmes lui montèrent aux yeux et elle secoua la tête pour les chasser. Non, elle refusait d'y croire. Elle aimait Ussop. Même s'ils étaient en froid, elle lui faisait toujours confiance et le considérait toujours comme son ami. Jamais... Jamais elle n'aurait été capable de réellement lui faire du mal.



N'est-ce pas ?



    Un bruit sourd la fit se jeter au sol et elle put tout juste entrapercevoir une onde de choc trancher l'air.



    Elle roula sur le côté et, recroquevillée contre un mur, regarda autour d'elle en cherchant l'origine de cette attaque.



    Un fracas assourdissant, suivant de près l'attaque, lui fit mettre ses mains sur les oreilles et elle écarquilla les yeux en comprenant ce qu'il se passait.



    Les murs, le plafond, la tour elle-même avait été tranchée en deux de manière incroyablement précise.



    Elle n'en crut pas ses yeux, Mihawk aurait été capable de produire un tel phénomène, mais ici... Ce ne pouvait pas être Zoro, son niveau ne lui laissait pas le bénéfice du doute, mais elle savait qu'il combattait avec trois sabres et à moins qu'il ne soit en difficulté, il aurait rechigné à ne s'en servir que d'un seul.



    Sa bouche s'ouvrit davantage lorsque dans un grincement effroyable qui résonna dans toute la tour, le haut de cette dernière se détacha lentement de sa base, glissant le long de la tranchée géante dont elle avait été parée.



    Noriko ferma ses yeux et toussa la poussière qui flottait dans l'air. Lorsque tout redevint calme, elle risqua un coup d'œil et aperçut le ciel au-dessus de sa tête. La tour ne s'était pas effondrée et avait légèrement glissé ; se contenant seulement d'être scindée en deux et de rester telle quelle, le haut complètement dévié du bas.



    S'autorisant à reprendre son souffle, elle se releva en déglutissant et épousseta ses épaules avant de resserrer sa queue de cheval. Reprenant rapidement son chemin, elle serra des dents en espérant que tout se passait bien, car contrairement à elle, ses compagnons avaient engagé le combat.



    Elle prit un couloir qu'elle n'avait pas encore visité et fit volte-face lorsqu'elle entendit hurler.

— Noriko !!

— Chopper ! hurla-t-elle en retour avant de se précipiter vers lui, tu n'as rien !?

— Moi, ça va, haleta-t-il, au bord de l'évanouissement, mais il y a une girafe et un loup et la girafe... elle... elle a tranché la tour en deux ! Alors Zoro s'est jeté sur Sniperking pour le protéger, mais il avait une menotte...

Chopper parlait en faisant de grands gestes et Noriko ne comprenait pas un mot ce qu'il disait. Elle l'invita à se calmer et ce dernier reprit son souffle avant de l'inciter à le suivre pour gagner du temps.



    Finalement, Chopper lui résuma plus calmement la situation à mesure qu'ils redescendaient en courant dans les tréfonds de la tour.



    À l'opposé du hall dans lequel ils avaient fait leur entrée, ils arrivèrent rapidement près d'une balustrade et constatèrent que tous les étages étaient parfaitement visibles, donnant ainsi l'apparence d'une façade d'immeuble sertie de balcon. Bien qu'ils soient toujours à l'intérieur, ils avaient ainsi l'impression d'être dans une cheminée géante.



    D'un commun accord, ils décidèrent de redescendre pour ne pas prendre le risque d'être emporté par le sommet de la tour qui menaçait toujours de glisser dans les chutes d'eau.



    Si Noriko avait bien compris, Kaku avait ingéré un Fruit du Démon lui permettant de se transformer en girafe et il combattait également avec deux sabres en prime de ses techniques spéciales. À ses côtés se trouvait Jabura, l'agent avec les longs cheveux attachés en queue de cheval et ce dernier était également un Zoan qui avait la capacité de se transformer en loup.



    Chopper avait précisé que c'était une véritable ménagerie si on comptait la capacité de Lucci à se changer en léopard et Noriko avait manqué de s'étouffer avec sa propre salive : aucun de ses amis qui étaient restés à Water Seven quand elle était partie avec Sanji n'avaient songé à les prévenir de ce léger détail.



    Elle avait à peine croisé Lucci dans le Train des Mers et son cou portait encore des marques de son altercation avec lui. L'imaginer sous sa forme hybride fit accélérer son rythme cardiaque battant déjà très rapidement suite à sa course effrénée et elle comprit mieux pourquoi Luffy voulait absolument en découdre avec lui.

— Bon, et cette histoire de menottes ? avait-elle demandé, s'attendant une énième mauvaise nouvelle.

— Je pensais qu'ils s'amusaient, collé l'un contre l'autre et qu'il se donnait la main, mais Zoro m'a traité de grosse andouille.

Toujours selon les dires du médecin de bord, Sniperking – Ussop donc – avait trouvé des menottes en Granit Marin qu'il avait voulu lancer sur l'un des agents, mais, déconcentré par la drôle de forme qu'avait la girafe, avait finalement atteint le poignet de Zoro avec l'un des bracelets qui s'était refermé dessus. Ce dernier, après avoir voulu l'étrangler pour sa bourde, s'était ensuite jeté sur son ami pour le plaquer au sol afin qu'il ne se soit pas toucher par l'attaque lancée par leur ennemi pour avoir eu l'affront de se moquer de lui.



    En chutant sur lui, Zoro avait malencontreusement fermé le deuxième bracelet des menottes sur le poignet de d'Ussop et tous deux s'étaient ainsi retrouvés enchainés, sans rien pouvoir faire.



    Noriko avait dû s'arrêter pour reprendre ses esprits tellement elle était dépassée par la situation.

— Kaku et Jabura ont été sympas, ils ont proposé de les libérer pour faire un combat à la loyal, s'était enquit Chopper. Ils ont alors regardé le numéro inscrit sur les menottes, mais...

— Mais aucune de leur clé ne correspondait, avait deviné Noriko en comprenant son état de panique. C'était lequel ?

— La numéro 2.

Noriko et Chopper descendaient maintenant un nouvel escalier les menant vers un autre étage. Parmi toutes les clés qu'ils devraient récupérer pour les tester sur les menottes de Robin, ils pouvaient affirmer avec certitude que la numéro 2 ne serait pas pour elle.



    Cependant, le jeune renne avait pour mission de la ramener auprès de Zoro et Ussop afin qu'ils puissent se débarrasser de leurs chaines et mener à bien leur combat. En attendant, ils luttaient vainement contre Kaku et Jabura et Noriko ne put qu'imaginer la difficulté qu'il devait leur en coûter.

— Ils m'ont dit de vous trouver pour voir si vous aviez déjà récupéré des clés, continua Chopper. Je me suis dit que Sanji serait sans doute le premier à avoir gagné son combat, mais je l'ai pas trouvé et...

Noriko s'arrêta soudainement, réfléchissant à toute vitesse et intrigué, son ami l'imita.

— Les menottes qu'Usso... Sniperking a trouvé, rectifia-t-elle. Où les avaient-ils prises ?

— Je sais pas, se désola son ami, et remonter lui demander serait une perte de temps, je dois vraiment trouver cette clé. Pourquoi ?

— Il aurait simplement fallu vérifier lesquelles étaient manquantes et on aurait eu le numéro de celles de Robin, songea-t-elle en faisant une grimace.

Chopper la regarda avec admiration.

— Noriko, t'es tellement intelligente !

Elle haussa ses sourcils, se demandant brièvement pourquoi ça l'étonnait autant, puis secoua la tête en souriant.



    Tous deux se remirent en chemin, prenant le soin de fouiller une nouvelle salve de portes qui s'offraient à eux.

— Tu sais, j'ai proposé de les aider, précisa Chopper, mais Zoro a dit que c'était trop dangereux.

— Il a raison, répondit vaguement Noriko en refermant une porte avec agacement, ces agents sont surentrainés, en combattre deux d'un coup aurait été du suicide, sans compter qu'il s'agit de deux zoans.

— J'aurais pris un Rumble Ball.

— Une quoi ?

Chopper passa une main dans son sac et en ressortit une petite boule orange, faisant penser à un médicament.

— C'est moi qui l'ai mise au point, expliqua-t-il fièrement. Quand j'en mange une, je peux prendre quatre nouvelles formes me donnant différentes capacités. Je deviens beaucoup plus fort, mais les effets se dissipent après trois minutes.

Noriko l'observa avec étonnement. Elle avait longuement discuté avec lui lors de leur rencontre, mais c'était la première fois qu'il mentionnait ce médicament.



    Au quotidien, il gardait sa forme Brain Point, sa forme hybride, mi-humain, mi-renne. Il lui arrivait à peine à la taille et elle pouvait très facilement le porter sur son dos.



    Lorsqu'il adoptait sa forme Heavy Point, qu'il utilisait pour se faire passer pour un humain malgré son nez qui demeurait bleu et son épaisse fourrure animale qui le recouvrait intégralement, c'était l'inverse. Il faisait presque trois mètres et pourrait facilement éclater le crâne de Noriko entre ses mains.



    Sa troisième forme, le Walk Point, lui donnait l'apparence d'un renne tout à fait ordinaire. Il était plus rapide, se déplaçait sur ses quatre pattes et se faisait passer par un simple animal aux yeux de tous.

— Quelles sont tes quatre autres formes durant ses trois minutes ?

Chopper regarda Noriko avec un immense sourire, heureux qu'elle s'intéresse à lui, même s'il tentait de cacher que cela ne lui faisait absolument pas plaisir.

— Je les ai toutes nommées ! s'égaya-t-il en fouillant un énième bureau. Tu as la Jumping Point, dans ce cas-là, j'ai de très longues pattes arrières qui me permettent de faire de très grands bonds. La Guard Point, ma fourrure s'épaissit et je deviens une boule de poils au sens propre. Elle me sert à me protéger des attaques, c'est un très bon bouclier.

Tout en l'écoutant d'une oreille attentive, Noriko l'invita à se diriger vers le balcon inférieur.

— L'Arm Point, j'ai des bras énormes, et je peux donner des coups de sabots surpuissants capables de briser de l'acier. Et enfin, nous avons la Horn Point qui double de volume mes bois et les rend très tranchants.

— C'est impressionnant, admit Noriko.

— L'ennui, c'est que je dois absolument vaincre mon adversaire durant ses trois minutes. La Rumble Ball a beau être très efficace, ça reste un poison. Si je ne veux pas prendre de risques, c'est une toutes les six heures.

Voyant la mine assombrit de son ami, Noriko se risqua à être curieuse et lui demanda de lui en dire davantage.

— Les mutations de la deuxième prise sont difficiles à gérer, je n'arrive pas choisir la forme que je veux et ça devient très aléatoire. Quant à la troisième...

Il se racla la gorge, puis secoua la tête.

— Je perds connaissance, empêchant tout combat. Je ne l'ai vécu qu'une fois sur mon île hivernale. Impossible de savoir ce que j'avais fait ce jour-là. Kureha m'a assuré qu'il n'y avait rien de grave, mais m'a interdit de recommencer car c'était dangereux pour moi.

Noriko garda le silence, comprenant que ce poids pesait sur la conscience de son ami.



    Ils continuèrent leur route, lorsqu'un cri de terreur résonna dans le couloir. Reconnaissant aussitôt la voix de Nami, il se précipitèrent vers elle.



    Sous sa forme Walk Point, Chopper fut plus rapide et devança Noriko. Lorsqu'elle le rejoint, à bout de souffle, elle eut tout juste le temps de le voir se précipiter vers l'homme immense qui avait les cheveux roses. Elle eut un mouvement de recul en constatant que ce dernier pouvait de toute évidence les contrôler. Devant lui, les bras, les jambes et le cou masqués par la chevelure qui se refermait dessus, Nami était en train d'étouffer.



    Ayant pris une de ses formes dont elle était incapable de donner le nom, Chopper asséna un coup de sabot surpuissant qui envoya valser l'homme dans un mur en le faisant passer au travers, libérant ainsi la navigatrice au même moment.



    Noriko se précipita vers elle et fut soulagée de constater qu'elle avait surtout eu peur, mais qu'elle n'était pas blessée.



    La jeune rouquine remercia vivement Chopper qui leur tournait le dos, préférant garder ses yeux braqués sur le tour béant qui décorait le mur, s'attendant à ce que l'homme en ressorte à tout moment.

— On doit filer, prévint Nami en se massant le cou. Il est inutile de le combattre, je lui ai subtilisé sa clé quand il m'a attrapée.

Pour confirmer ses dires, elle sortit la clé et Noriko vérifia immédiatement le numéro avant de secouer la tête.

— Numéro 3, lâcha-t-elle en soupirant en direction du renne avant d'expliquer la situation à son amie.

Un fracas lui fit lever la tête et ouvrir de grands yeux. Rapidement, elle empoigna Nami sur son t-shirt et l'entraina vers elle avant de rouler sur le côté.



    Elles évitèrent de justesse un corps qui fracassa le sol en s'enfonçant dans les dalles de pierre. Lorsque la poussière retomba. Nami laissa échapper un cri de terreur et Noriko eut le souffle coupé.



    À leurs pieds gisait Sanji.



    Les yeux écarquillés, elle s'agenouilla à ses côtés, accompagné de Chopper toujours sous sa forme étrange, qui avait momentanément laisser tomber son observation.



    L'impact avait été violent, mais leur ami ne semblait pas blessé pour autant. En revanche, il était induit d'une couche poisseuse qui le rendait reluisant.

— Ne le touche pas, ordonna Chopper, on ne sait pas ce que c'est. Sanji, tu m'entends !? Il s'est passé quoi !?

— Je suis désolé, j'ai perdu, murmura ce dernier d'une voix faible. J'ai pas pu récupérer la clé.

Une main sur la bouche, Nami n'avait pas bougé.

— Sanji a été... vaincu ?

Peu convaincue par ce constat, Noriko leva la tête et son visage s'assombrit aussitôt.

— Dis-moi Sanji, ton adversaire, tu l'as combattu sérieusement ?

Accoudée à une balustrade, juste en dessous de la fissure donnant vue sur le ciel, se trouvait Kalifa qui arborait un sourire mauvais.



    Nami, ayant imité Noriko, s'emporta immédiatement.

— Comment tu as pu te battre avec elle !? Tu perds tous tes moyens quand il s'agit d'une femme ! Tu sais ce que ça veut dire !?

— Je suis désolé pour la clé...

— Je ne parle pas de ça, crétin, mais de ta fichue galanterie ! T'as failli y passer parce que tu t'es pas défendu ! Un jour, ça te perdra pour de bon, ça te coûtera la vie !

— Arrête Nami..., murmura Noriko.

Chopper posa un sabot sur le torse du cuisinier, mais le retira aussitôt en la secouant. Au même moment, il reprit sa forme Heavy Point, indiquant que les trois minutes s'étaient écoulées.

— On dirait ce machin l'affaiblit, il faut le lui retirer. Noriko, tu peux t'en charger ?

Cette dernière acquiesça en faisant apparaitre une bulle d'eau dans sa main et la posa sur le bras de Sanji.



    Ce dernier toussa et du sang s'échappa de sa bouche.

— Tu sais Nami, je n'ai pas spécialement envie de mourir, mais on m'a appris qu'il ne faut jamais frapper une femme, haleta-t-il. C'est une de mes valeurs, alors je préfèrerais mourir plutôt que d'aller à son encontre.

Nami voulut rétorquer mais se tut aussitôt et Noriko sentit ses épaules s'affaisser. Elles ne pouvaient même pas en vouloir à ce crétin de s'être laissé faire.

— Idiot, sourit tristement la navigatrice. Si c'est contraire à tes principes, enfuis-toi la prochaine fois.

Elle prit une inspiration, serra son Perfect Climat-Tact avec force, et releva la tête vers Kalifa qui attendait toujours.

— Je vais me charger d'elle. Vous, vous restez là.

Après un signe de tête de la part de ses amis, elle tourna les talons et se précipita vers l'escalier, prête à combattre l'ancienne secrétaire.



    Noriko fit disparaitre la bulle d'eau et observa le bras de Sanji de plus près.

— Il est revenu à la normale, dit-elle. Écarte-toi, Chopper, je vais intégralement le recouvrir d'eau.

Un bruit d'explosion fit trembler la salle. Par réflexe, Chopper attrapa Sanji et Noriko qu'il balança sur ses deux immenses épaules et se cacha derrière l'escalier.



    L'homme aux cheveux roses venait de repasser le mur dans le sens inverse en le brisant en mille morceaux et regarda tout autour de lui.

— Mais il pouvait pas passer au même endroit ? pesta Noriko tandis que son ami la reposait.

— Occupe-toi de Sanji, ordonna Chopper en l'allongeant. Je vais me charger de son cas.

— Mais tes trois minutes se sont écoulées et...

— Ne t'inquiète pas, je ne ferai rien de stupide.

— Attends !

Noriko fit rapidement danser une bulle d'eau sur son épaule, là où la substance qui recouvrait Sanji l'avait touché.

— Je vais l'attirer plus loin, une fois que Sanji sera sur pieds, continuez les recherches, il nous faut toujours la clé numéro 2.

Sans attendre de réponse, Chopper se précipita en hurlant vers l'homme aux cheveux roses, puis s'enfuit en courant pour l'inciter à le poursuivre.



    Noriko se hâta immédiatement en faisant apparaitre des bulles d'eau qu'elle fit grossir sur le corps de Sanji, le recouvrant totalement. Elle lui dégagea rapidement la tête pour lui permettre de respirer et fit danser l'eau pour frotter ses vêtements afin de retirer cette chose qui l'affaiblissait grandement.



    Lorsqu'elle eut fini, elle se pencha vers lui et l'aida à se relever.

— Nori-jolie, murmura-t-il essoufflé, merci.

— Tu devrais retrouver tes forces rapidement, expliqua-t-elle en se passant le dos de sa main sur son front. Je n'ai pas le temps d'entrer dans les détails, mais Ussop et Zoro ont trouvé le moyen de se menotter l'un à l'autre. On doit trouver la clé numéro 2 pour les libérer.

Sanji sortit une cigarette qu'il s'empressa d'allumer.

— Ces deux crétins, maugréa-t-il en expirant de la fumée, je vais voir s'ils ont besoin d'aide en espérant tomber sur une clé au passage. Je dois admettre que ça ne me rassure pas des masses de te laisser seule, ça va aller pour toi ?

Noriko secoua la tête pour le rassurer, puis ancra un regard déterminé dans le sien.

— Notre plan reste le même, on se sépare, on fouille, on récupère les clefs.

Il inclina le menton avec un sourire en coin avant de lui dire de rester prudente, puis se dirigea vers les escaliers, tandis que Noriko courait déjà vers le couloir.



    Elle arriva rapidement près d'un nouvel escalier et, cherchant toujours la logique de cette tour, maudit avec rage son architecte.



    Elle monta les marches quatre à quatre, tentant de ne pas prêter attention au point de côté qui lui lancinait les côtes, puis se retrouva face à une arche entre menant sur un couloir, sertis de plusieurs portes.



    Commençant à en avoir assez de ce petit jeu, elle ouvrit la première sans réfléchir, qui, sans surprise, donnait sur une pièce vide.



    Elle posa sa main sur la deuxième poignée, mais à peine eut-elle le temps de l'abaisser qu'elle se la prit de plein fouet, propulsée en arrière avec une force phénoménale et son dos écrasa si violemment le mur derrière elle qu'elle y passa au travers avant de rouler sur plusieurs mètres.



    Le souffle coupé et le corps meurtri, elle se traina au sol en poussant un faible gémissement de douleur.

— Putain, jura-t-elle en serrant des dents.

Elle avait baissé sa garde et son manque de concentration avait failli lui briser les os.



    Tout en se relevant tant bien que mal, elle regarda autour d'elle. L'endroit ressemblait à une salle d'entrainement immense disposée en longueur et des poutres régulièrement disposées de part et d'autre soutenaient le plafond. Ses pieds s'enfoncèrent dans de la mousse et elle remarqua que des tapis jonchaient presque l'intégralité du sol, ayant ainsi amorti sa chute.



    Le cœur battant la chamade, elle pesta contre elle-même et fit apparaitre deux bulles d'eau qu'elle laissa flotter dans les airs, en attendant d'apercevoir son ennemi. Elle ignorait de qui il pouvait s'agir et sentit irrémédiablement la peur lui tordre le ventre et lui faire trembler ses jambes.



    Une fraction de seconde plus tard, une silhouette se téléporta derrière elle et le temps qu'elle ordonne à son corps de bouger, elle se retrouva de nouveau propulser au sol.



    La pommette sifflante, l'endroit où elle venait d'être frappée, la jeune femme se releva une nouvelle fois en fusillant du regard la personne qui lui faisait face.

— Tu es lente, lui dit placidement la deuxième femme appartenant au CP9.

Noriko inspira profondément, puis se mordit la lèvre inférieure pour empêcher son menton de trembler. Le souffle court, elle observa mieux son ennemie qui la toisait de haut.



    Même si elle se tenait loin d'elle, elle comprit qu'elle faisait au moins une tête de plus. Svelte et élancée, elle se tenait parfaitement droite en gardant fermement ses bras croisés contre sa poitrine. Sa longue chevelure rouge écarlate parfaitement lisse encadrait son visage très pâle qui remettait sincèrement en doute sa vitalité et l'apparence innocente de ce dernier était trahie par ses yeux perçants dépourvus de la moindre once de pitié.



    Son costume deux pièces noir boutonné sur une chemise et une cravate de la même teinte contrastait parfaitement avec la couleur de ses cheveux ainsi que son teint blafard et son élégance n'avait que d'égale son assurance.



    Noriko fit un pas en arrière en déglutissant. En un mot, cette femme était effrayante.



    Un sourire cruel étira sa bouche.

— Je m'appelle Moira, continua-t-elle, et je t'annonce que tu vas mourir aujourd'hui.

Sans attendre, elle balaya l'air d'un coup de pied, dirigeant ainsi une onde vers Noriko qui eut tout juste le temps se coucher au sol pour l'éviter. Elle ne fut cependant pas assez rapide et la dénommée Moira apparut immédiatement près d'elle, l'attrapa par sa veste et l'envoya contre une des poutres qui se brisa à son passage.



    À moitié sonnée et tremblant de tout son corps, Noriko se dégagea des débris qui lui écrasaient le dos avant de se redresser sur ses genoux, la respiration haletante. Son adversaire n'y allait pas de main morte et elle comprit qu'elle n'avait pas de temps à perdre.

— Quel... Quel est ton numéro de clé ? finit-elle par articuler avant de cracher du sang.

Moira, qui l'avait suivie s'immobilisa, puis attrapa la clé qu'elle gardait dans la poche intérieure de la veste contre sa poitrine.

— La numéro 6, sourit-elle avant de la ranger.

Maintenant que Noriko savait où elle était, lui prendre de force serait un jeu d'enfant... Du moins en théorie et si toutefois elle arrivait à placer une bulle d'eau sur elle qu'elle pourrait manier à sa guise. Cependant, au vue de sa rapidité, la pratique serait plus compliquée.



    Elle n'avait pourtant pas le choix : si elle ne récupérait pas cette fichue clé, Robin mourrait.



    Un début de migraine cingla l'arrière de son crâne, faisant immédiatement accélérer son rythme cardiaque. Son pouvoir réagissait au danger que représentait son ennemie et elle en fut rassurée. Elle ouvrit ses deux paumes de mains. Si Moira voulait rapidement en découdre, elle allait lui donner satisfaction.



    Au-dessus de sa tête, un bruit sourd attira son attention et elle devina qu'un de ses amis était en train de combattre à l'étage supérieur.



    Ses yeux s'écarquillèrent et les poils de sa nuque se hérissèrent. La tour menaçait déjà de s'effondrer à cause de l'impact du Rocketman ainsi que l'attaque de Kaku ; le typhon d'eau aperçut dans le tribunal n'arrangerait certainement pas les choses.



    Noriko sentait petit à petit la panique l'envahir et son souffle se saccader. La migraine implantée dans sa tête indiquait une perte de contrôle imminente et si cela se produisait ici, elle mettrait assurément ses amis en danger.



    Elle referma ses mains. Quoi qu'il arrive, elle ne devait absolument pas créer d'eau au risque de refaire la même erreur que dans le tribunal.



    Ses poings tressautèrent malgré elle et la migraine s'intensifia. Redoutant le pire, elle reporta son attention vers Moira qui attendait patiemment qu'elle se relève, puis regarda autour d'elle d'un air affolé.



    Elle avait passé son temps à monter et à descendre des étages mais n'était jamais revenue sur ses pas, ni n'avait tourner en rond, ce qui signifiait qu'elle avait déjà traversé une bonne partie de la tour.



    Là, elle trouva ce qu'elle cherchait. Avisant le mur du fond de la pièce dans laquelle elle se trouvait, les dalles de pierres qui l'érigeaient étaient beaucoup plus grosses que celles séparant les diverses pièces de la bâtisse.



    Si elle voulait engager un combat, elle devrait le faire à l'extérieur et donc pour ce faire, briser ce mur.

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