Après 5 ans
Après 5 ans
Chapitre 3
Sanji sortit ses mains qu'il avait gardées protégées dans ses poches pendant le court combat et regarda avec satisfaction les trois soldats vaincus, maintenus au sol par les lianes des Pop Greens d'Ussop. Certes leurs adversaires n'avaient pas un niveau élevé mains l'ancien pirate était rassuré de constater que ses jambes étaient presque aussi souples qu'autrefois.
Son ami, lui, avait gardé une force et une précision extraordinaires, même s'il lui avait appris qu'il s'était parfois servi de ses armes durant les cinq dernières années où il s'était difficilement débrouillé entre des petits boulots.
- Les héros ne meurent jamais !
Le brun à coupe afro prit une pause en accord avec ses paroles, ses bras musclés croisés sur sa poitrine, un pied sur le soldat le plus proche, ne manquait plus qu'une légère brise pour faire flotter son t-shirt multicolore, et le héros aurait été parfait.
En contrebas de leur position, devant la stèle commémorative, juste là où ils se trouvaient quelques minutes auparavant, la silhouette soudainement devenue monstrueuse du renne-médecin se battait facilement contre le dernier groupe de leurs poursuivants.
- S'ils s'imaginaient pouvoir nous battre comme ça…
Avec un léger soupir, expression lui étant devenue habituelle ces derniers temps, le blond se baissa à la hauteur d'un de leurs adversaires et lui releva légèrement la tête en agrippant ses cheveux noirs et lisses. Si le malheureux avec été une femme, il l'aurait traité avec tous les égards mais… pas de pitié pour le sexe masculin, d'après Sanji.
- Qui vous a dit de nous suivre ? Que voulez vous ?
Le soldat eût un rictus moqueur, avec autant de défi que de peur brillant dans ses yeux sombres. Le chef cuisinier aux quatre étoiles reposa patiemment ses questions, les nuançant avec quelques menaces à peine dissimulées. Obtenant le même résultat, il se résigna en grognant, frustré. Silencieux, Ussop l'avait regardé faire, retournant une de ses graines instantanées entre ses doigts.
- On dirait que j'ai perdu la main.
- Tu ne menaçais pas de torture tes cuisiniers ?
- Si, au début, c'était amusant, ricana le blond.
- …
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je les observe depuis tout à l'heure et il y a quelque chose d'étrange.
Encore agacé par le silence de leurs prisonniers, Sanji leur jeta rapidement un regard. Un instant plus tard, ses yeux revinrent sur eux et les détaillèrent. Son ancien nakama avait de toute évidence un très bon sens de l'observation, pour l'avoir vu.
- Tu as remarqué ? Ils n'ont aucun insigne, aucun grade.
- Juste un uniforme de soldat de la Marine.
- On s'est presque fait avoir.
Le blond faillit perdre contenance et retourna d'un pas élastique qui dissimulait mal sa colère vers l'homme qu'il venait d'interroger. Cette fois, celui-ci déglutit péniblement en voyant le visage à moitié caché de son interrogateur crispé d'une certaine sorte d'énervement plutôt bien justifié.
- Pour qui travaillez-vous ?
Une gouttelette de sueur glissa sur le visage tanné de l'apostrophé. De fines pousses de bambous aussi pointues que des aiguilles sortirent du sol et se glissèrent insidieusement entre les plis de son uniforme. L'homme regarda ses coéquipiers qui détournèrent le regard. Avec un élan de courage, certainement pour être fier de ses derniers instants, il lança :
- Je ne vous dirais jamais le nom du capitaine !
- Tu t'es trahi.
Conscients de ne pas pouvoir en tirer plus, Ussop rengaina ses aiguilles végétales main resserra les liens de ses prisonniers. Il lança un coup d'œil de connivence à Sanji et les Mugiwaras quittèrent les trois pirates, satisfaits d'avoir obtenu l'information.
xxxxx
Zorro regarda avec horreur le sabre qui était tombé à terre. Il s'en doutait. Il n'arrivait plus à toucher ses anciennes armes. Dire que depuis son plus jeune âge il s'était battu pour devenir un grand épéiste, il avait pour la première fois abandonné sa fierté pour demander à un corsaire de lui enseigner cet art… et depuis le jour où il avait tenté d'enfoncer la lame étincelante dans son ventre, depuis cinq années, il n'y avait plus touché.
- C'est pas grave, je comprends.
Nami s'était arrêté dans son geste. Elle fouillait les poches des trois soldats qu'ils avaient vaincu, désormais dociles car inconscients. L'homme aux cheveux verts ne releva pas les yeux, de peur de voir de la pitié dans le regard de son amie. Pourtant, quand elle reprit la parole, sa voix était douce et compréhensive, à l'exact opposé de celle, tyrannique, dont elle usait le plus clair du temps.
- On a tous quelque chose qui s'est brisé en nous, quand on a quitté Luffy.
- S'il n'y avait qu'une chose…
La rousse lui sourit tristement, et se promit d'oublier la voix d'outre-tombe si étrange de son coéquipier. Pour elle aussi, le jour où l'équipage s'était séparé avait marqué la fin d'un rêve éveillé. Elle avait abandonné sa carte du monde, car sans son capitaine, sans son équipage, cette ambition qui l'avait poussé à prendre la mer n'avait plus aucun sens.
- Viens, on rentre au bar.
xxxxx
Les cinq anciens Mugiwara s'étaient retrouvés à leur taverne sombre délabrée, attablés au fond de la salle, dans la poussière et désintérêt total des consommateurs. Le raton-laveur, ondulant de joie après avoir reçu les compliments de ses compagnons pour son style de combat dévastateur, leur avait fait part de ses remarques quand à l'identité discutable de leurs adversaires.
- Non seulement ce sont des pirates, mais en plus, ils sont vraiment bien informés !
- Vous pensez qu'ils ont suivi jusqu'ici l'un d'entre nous ? supposa Zorro, doutant bien qu'il soit concerné de part la discrétion absolue avec laquelle ils étaient venus au point de rencontre.
- Si c'est le cas, il faut en être certains. Nous ne pouvons pas revenir chez nous en sachant que l'on a été découverts, maugréa Sanji.
- On va aller les voir. Si tout l'équipage est aussi faible que nous attaquants du jour, on devrait aisément s'en tirer, décida la rousse, un plan déjà bien précis en tête.
- Ce n'est pas sûr qu'ils soient faibles, rappela Ussop, prudent.
- Mais comment est-ce qu'on va les trouver ? s'interrogea Chopper.
L'ancienne navigatrice de l'équipage eût un petit rire victorieux. Bien évidemment, elle s'était empressée de trouver un moyen de nuire à leurs récents et encore inconnus ennemis.
- La voleuse fait son come-back, comprit le blond, au vu du papier qu'elle tenait à la main.
- En quelque sorte. Ils avaient tous cette adresse sur eux.
- Leur base ? devina la peluche vivante.
- C'est un hôtel, comme le notre, mais ils ont plus d'argent que nous.
- Je vois… et que veux-tu faire là-bas ? questionna le vert.
- On va faire parler leur chef, évidemment !
Nami leur fit signe de les attendre un instant et monta dans la chambre. Restés en bas à s'interroger sur le plan farfelu qu'avait mis au point l'imagination non moins farfelue de l'unique fille du groupe. Ussop se rejeta sur sa chaise, un verre d'alcool à moitié vide au bout de la main.
- En tous cas, il faut pas demander ça à Sanji.
- Pourquoi, il ne sait plus faire chanter les gens ? ricana Zorro, un brin de provocation dans la voix.
- Oh que si, je peux obliger n'importe qui à faire tout ce que je veux, stupide marimo, grogna le blond, réutilisant au moment approprié un surnom qu'il n'avait pas formulé depuis longtemps, son œil bleu fixé sur son nakama.
- Permets-moi, d'en douter.
- Sauf toi bien sûr, Nami ! Tu es tellement plus intelligente qu'eux !
Avec un coup d'œil qui montrait bien le peu de crédit qu'elle accordait à ses paroles, la rouquine se rassit au milieu d'eux. Elle exhiba un étui d'apparence précieux, qu'elle ouvrit lentement, récoltant la curiosité complète de la petite assemblée.
- Pour nous aider, on utilisera ceci. C'est très efficace, je l'ai déjà essayé. Et c'est beaucoup plus rapide que toute forme de chantage ou de torture. Qu'en penses-tu, Chopper ?
Le médecin de l'équipe se rapprocha d'elle, les sourcils froncés, un air soudain sérieux sur sa mine adorable. Il prit la fiole présente dans sa boite du bout des sabots, examinant sous le peu de lumière présente le liquide irisé, ondoyant. Il la déboucha et en approcha sa truffe, l'analysant en partie à l'aide de son odorat surdéveloppé.
- Je connais. C'est une drogue puissante qui agis sur les neurones, et qui manipule le cerveau. Mais c'est dangereux, prévint-il, en médecin précautionneux.
- Seulement si l'on ne connaît pas les doses.
- Mais quand leur chef que l'on aura drogué reviendra à lui, il se souviendra de nous, nous pourchassera ! s'inquiéta l'ancien canonnier.
- On s'arrangera pour lui faire peur et qu'il nous lâche une bonne fois pour toutes, solutionna Zorro.
Sanji acquiesça, conscient du risque de s'infiltrer dans le lieu qui servait de quartier général à une bande de pirates mal intentionnés. Mais il ne pouvait pas rentrer dans sa ville, avec le risque de se faire découvrir et de détruire sa carrière nouvellement recommencée.
- Et j'aimerai bien m'en servir, continua le balafré. Je sais très bien comment lui administrer, à ce chef inconnu.
- Parfait ! J'ai en idée que je resterai avec ses hommes pour faire diversion, Sanji, Ussop et Chopper resteront bien sûr à l'extérieur, prêts à intervenir au moindre signe de danger.
- Et on va laisser l'équipage sans rien faire alors qu'il était prêt à nous assassiner ? s'étrangla Ussop avec son exagération légendaire.
Zorro se leva pendant que les autres débattaient énergiquement, attrapant la fiole et la seringue que lui tendait Nami, prêt à se rendre à la minute même sur les lieux. Il se retourna en constatant que Sanji avait vivement attrapé son poignet, avec la claire intention de le retenir.
- Et tu comptes faire comme pour l'administrer ?
- Mais… ça ne te regarde absolument pas !
- Si tu prends des risques et que je dois intervenir, je crois que ça me regarde complètement.
- Non.
- Si.
- Lâche moi, love-cook.
- Je veux savoir. Et tu ne dois pas encore partir, personne n'est prêt à mener l'assaut.
Le vert émit un sifflement outré, se rassit et patienta en regardant le débat animé de ses nakamas, qui ne réussissaient toujours pas à se mettre d'accord.
- Mieux vaut partir avec nos informations sans risquer de nouveau de se faire tuer ! cria Chopper, debout sur la table.
Sanji suivait avec attention la délibération musclée des anciens Mugiwaras. Il sentit le regard noir de l'épéiste sur lui et retourna ses yeux vers son observateur. Zorro émit un discret raclement de gorge. Le blond descendit son regard plus bas et constata qu'il avait toujours entre les doigts un poignet mince et halé dont il n'était, de toute évidence, pas le propriétaire.
- Ah. Désolé.
Zorro eût un léger rire, amusé de l'esprit lunatique de son ami.
xxxxx
Le vert regarda sa camarade vêtue d'un courte robe dorée sans manches, bien évidemment très près du corps, aguicher les hommes accoudés au comptoir luxueux du bar où ils s'étaient infiltrés. Sans aucune difficulté, on leur avait accordé le passage, alors qu'il n'y avait que l'équipage qui occupait les lieux. En pleine nuit, ils avaient prétexté être venus pour animer la soirée sous l'ordre du chef.
- Ton cher mari ne te manque pas trop ? Chuchota-t-il à la rousse, continuant discrètement à chercher le probable capitaine.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu crois vraiment que je me suis mariée par amour ? Tes neurones ont prit un sacré coup de vieux, en cinq ans, murmura-t-elle tout aussi bas.
- Je sais bien que tu n'es comme ça, ricana-t-il.
Sensuellement, il se glissa entre deux groupes de pirates qui se saoulaient, attablés, fixant les serveuses et serveurs qui se chargeaient de les ravitailler. L'atmosphère pleine de sous-entendus de ce bar de riches rappelait au prostitué celle de son lieu de travail. En moins classe, voilà tout. Frôlant les consommateurs, il passa à la prochaine table.
Il se récolta deux regards intéressés et continua son chemin. Il ne voyait toujours pas qui pouvait bien être le chef, au milieu de cette bande d'hommes aux paroles licencieuses. Désormais éloignée de lui, Nami dansait langoureusement entre les bras d'un pirate magnifiquement musclé. Elle choisissait bien. Tous les hommes qu'il voyait semblait plus expérimentés et solides que ceux qu'il avait rencontrés le matin-même près du mémorial de leur défaite.
Il ôta sa veste qu'il déposa sur une chaise et marcha lentement entre les tables. Débardeur et pantalon sombre mettant en valeur la finesse de son corps mince mais agréablement musclé. De plus en plus de têtes se tournaient sur son passage. Il retourna au comptoir. A son extrémité, se trouvait un homme qu'il n'avait pas encore vu. Quelques pirates venaient le voir et lui parlaient avec déférence.
L'homme à la boucle d'oreille argentée se dirigea droit vers lui. Il l'avait trouvé, le capitaine, aucun doute possible. Il s'accouda souplement au comptoir et servit un sourire séducteur qui avait déjà fait ses preuves.
- Qui es-tu ?
Grand, musclé mais svelte, sûrement la trentaine, l'homme avait un visage agréablement dessiné, de très longs cheveux sauvages et blonds, tombant jusqu'à ses cuisses et une barbe légère sur le bas du menton. Ses yeux sombres étaient brillants. Vraiment attirant.
- Je suis là pour… distraire.
- Je vois.
La voix chaude qu'avait employé le prostitué fit visiblement son effet. Il pria un instant pour que Nami ne le voie pas. Un léger sourire naquit sur les lèvres charnues de l'homme. Il effleura légèrement la taille puis les hanches de son vis-à-vis. Celui-ci accentua la pression d'un coup de bassin.
Le capitaine se leva, lui faisant signe de le suivre. Ils gravirent rapidement les escaliers qui menaient aux chambres. Tout se passait parfaitement bien. En même temps, après avoir sortit ce numéro à des dizaines de clients, Zorro était quasiment sûr qu'il allait marcher. Il vit avec perplexité que le grand blond avait toujours à la main un espèce de casque intégral verticalement rayé bleu clair et blanc percé de trous réguliers. Il ne l'avait pas lâché depuis tout à l'heure.
La porte se referma instantanément. Le prostitué prit les devants. Il caressa sensuellement les bras aux muscles et aux veines saillantes de sa proie, avant de passer ses mains sous son haut, lui retirant habillement. Le blond le guida jusqu'à un lit large où il le laissa continuer ses attentions. Assis au dessus de lui, le vert lécha lentement l'oreille, la ligne de la mâchoire, puis les lèvres du pirate. Ils s'embrassèrent langoureusement, faisant danser leurs langues avec excitation. Le plus jeune traça suavement un chemin avec ses lèvres le long des muscles puissants, parfaits de l'autre. Suçant chaque parcelle de peau découverte, il sentait le blond se tendre de plus en plus sous lui.
Il acheva d'ôter ses vêtements avant de faire de même pour son client. Celui-ci regarda avec convoitise son corps mince, ses cuisses douces, sa chute de rein promettant des plaisirs sans limite. Nouveau baiser brûlant, nouvelle vagues de tension chez les deux hommes, nouveaux effleurements précipitées des deux côtés. Le vert caressa avec insistance l'érection dressée de l'autre, qui laissa échapper un râle rauque de désir.
Le prostitué, retrouva le sillon qu'il avait laissé avec sa langue, avant de lécher lentement la verge tendue sur toute sa longueur, suçotant son extrémité, récupérant les traces de semences qui s'en écoulait légèrement. Le blond grogna, caressant la nuque du vert puis agrippant fermement ses cheveux pour lui faire comprendre qu'il voulait plus. Le plus jeune s'exécuta, prenant entièrement le membre en bouche, faisant s'enrouler savamment sa langue autour, suçant, léchant, rétrécissant et développant tour à tour sa bouche autour de la verge quémandant toutes ses délicieuses attentions.
Comme d'habitude, son client durcit de plus en plus, gémissant presque de plaisir. C'était un de ses talents, et il savait très bien en faire usage. Il retira sa cavité buccale pour que l'autre ne jouisse pas trop tôt. Le blond le renversa, se dressant au dessus de lui, léchant impatiemment la peau douce du vert, massant sans douceur ses fesses fermes et tentantes. Le prostitué ne pût s'empêcher de gémir, en sentant sa propre érection bien réveillée heurter celle de son client, frissonnant de plaisir en sentant les mains larges et expérimentées de l'autre homme le préparer à le recevoir.
Les longs cheveux blonds de l'homme lui caressaient le ventre. Blonds. Il ne put s'empêcher de faire le rapprochement, mais s'en blâma immédiatement. Il détestait penser à son nakama à ces moments là. Il avait l'impression de le trahir autant que son équipage. Seulement son client n'était pas le blond aux yeux bleus qu'il connaissait si bien. Et il voulait s'empêcher toute forme de comparaison.
Il inversa de nouveau les rôles, termina de se préparer et se pénétrant lui-même de ses longs doigts fins. Sa main libre agrippa les vêtements qui trainaient non loin. Le regard brûlant de l'autre l'invita à passer rapidement aux actes. Il commença à se laisser lentement glisser le long du membre imposant qu'il venait de lubrifier. Soudain, il s'empala entièrement dessus, plantant profondément ses ongles dans les épaules du pirate en même temps que la fine aiguille qu'il venait de retrouver.
Le blond cria de plaisir. Le prostitué commença à onduler des hanches, de plus en plus vite, de plus en plus violemment. L'autre le masturba au même rythme pour le faire jouir en même temps que lui. Très vite, leurs respirations devinrent erratiques, leurs mouvements désordonnés. Le pirate jouit dans l'antre du vert, alors que celui-ci se libérait sur le torse de sa proie. Le plus jeune se dégagea, constatant les spasmes à peine perceptibles qui agitaient les muscles de l'autre. Il se pencha vers le visage agréable, l'embrassant langoureusement, constatant les pupilles anormalement dilatées. Le pirate tenta de bouger. Son cerveau ne lui répondait pas normalement.
- Et ce n'est pas finit, murmura froidement Zorro à l'oreille du blond.