"Je t'attendrai"

Chapitre 24 : Chapitre vingt-quatrième

6456 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:08

Chapitre vingt-quatrième,

 

« Allez, le bain est prêt ! » S’exclama la rouquine enthousiaste avant d’ouvrir la porte de la salle de bains et d’y pousser la femme aux soyeux cheveux noirs qui se tenait devant elle. Nico Robin eut un petit cri de surprise, avant de finalement se laisser aller, entraînant Nami avec elle.

Les deux autres magnifiques créatures qui se trouvaient là, chacune emmitouflées dans de courtes serviettes blanches, finirent par pénétrer la pièce à leur tour, et furent alors giflées par l’air incroyablement chaud.

« Wow ! Il fait super chaud ! Observa Estel, l’une des deux créatures en question, les yeux brillants. Et puis, ce que c’est joli ! »

Voyant l’air étonné de Nami, la seconde créature, bien plus bronzée, s’avança et passa un bras autour du cou d’Estel :

« Il faut dire que ni elle ni moi n’avons l’habitude des bains moussants, lâcha-t-elle en réponse au regard interrogateur de son amie. Ni de tous les soins qui vont avec, d’ailleurs. Nos salles de bain ne contenaient que le minimum. »

Puis, elle se retourna et retira sa serviette pour la jeter au loin, avant de rapidement se mettre à l’eau.

« Ahhhh, souffla-t-elle. Ça m’avait manqué ! »

A son tour, Nami laissa tomber sa serviette au sol avant de soupirer :

« Tu essaies encore de cacher ton corps, hein, Elena ? »

Elle adressa à la concernée un regard qui se voulait réprimandant mais qui n’en avait absolument rien, avant de rentrer son premier pied dans l’eau. Elena l’observa, et alors, elle remarqua la longue croûte qui remontait le long de son ventre, vestige de l’épée violacée de Shado. Puis, à son tour, Estel se déshabilla, dévoilant la seconde plaie tout aussi profonde qui ornait son dos. Le cœur de la brune se serra à la vue des blessures de ses amies, et envahie par la culpabilité, elle se crispa.

Mais Nami sembla surprendre son regard fuyant, et elle fronça les sourcils. Sans plus de précautions, elle pénétra l’eau brûlante comme si de rien n’était, et d’un pas rapide, se rapprocha d’Elena. Celle-ci mit un temps fou à comprendre ce qu’elle faisait, et elle ouvrit grand ses yeux lorsque la rouquine se pencha sur elle, lui offrant un visage dur et énervé, brandissant fermement son index à seulement quelques centimètres de son visage.

« Chasse-moi cette expression de ton visage, gronda la navigatrice, ou je te noie ! »

Elena la regarda quelques secondes, l’air dubitatif, avant de saisir ce qu’elle venait de dire. Alors, elle soupira et baissa simplement les yeux. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas Nami qui reprit la parole, mais Robin. Elle se rapprocha de la métisse, et de sa voix habituellement calme, elle glissa :

« Je pense que tu devrais arrêter de t’inquiéter pour ça, Elena. Tu t’en fais pour rien, car tu n’y es pour rien. Je comprends ce que tu ressens, je comprends tes sentiments et le fait que tu te sentes coupable, car je suis déjà passée par là, mais c’est justement parce que je suis aussi passée par là que je peux te dire que ça ne te servira à rien de ressasser le passé et tes erreurs. Alors... Détends-toi et profite du bain. Qu’en dis-tu ? »

Elena fixa longuement le visage souriant de Robin, qui arborait toujours ce côté calme et sage, avant de finir par lui rendre son sourire. Oui, elle avait raison. Elle ne devait pas s’en faire.

Estel, qui quant à elle, avait eut beaucoup plus de mal à pénétrer l’eau chaude dû à son manque d’habitude, vint s’asseoir sur le banc et changea soudainement de sujet :

  • C’est... Incroyable. Ça change des douches expresses dont on avait l’habitude... Pas vrai ?
  • Je ne te le fais pas dire, renchérit finalement Elena en se laissant fondre dans l’eau, avec un sourire. Mais attends, depuis le temps que tu es là, tu n’avais pas encore pris de bain ?
  • Non, répondit Nami à sa place, avec un sourire malicieux. Elle ne voulait pas, elle voulait absolument t’attendre !

A ces mots, les joues d’Estel s’empourprèrent légèrement et elle jeta un regard noir à son amie pirate. Elena, sourire aux lèvres, alla rejoindre la bleutée, et se pressa contre l’épaule de celle-ci. Puis, elle lança, en fermant les yeux de bonheur :

  • C’est vrai qu’ils sont supers, ces bains !
  • Vous n’avez encore rien vu, lança Nami. Franky a même prévu d’y incorporer une fonction jacuzzi, je pense que ce sera opérationnel dans quelques semaines.
  • SERIEUX ? S’exclamèrent Elena et Estel en chœur, s’étant brusquement redressées. UN JACUZZI ?
  • Oui, oui, rigola Robin. Un jacuzzi !

Ce fut donc ainsi que commença le premier bain que prenaient ensemble Robin, Estel, Elena et Nami. Elles y restèrent assez longtemps, à discuter de tout et de rien, à se laver le dos les unes les autres, à s’éclabousser, à rigoler.

Elena jeta un coup d’œil à la fenêtre qui donnait directement sur la mer. C’était l’après-midi, mais il ne faisait pas très beau dehors, le ciel était sombre et le soleil n’était pas au rendez-vous. Puis, elle se détourna et posa son regard sur les trois femmes qui l’accompagnaient. Une rousse, une brune, et une aux cheveux bleus. Cette dernière souriait tout en faisant mousser le savon sur le crâne de Nami, et Elena ne put s’empêcher de se sentir attendrie. Elle aimait vraiment Estel, et la voir de nouveau sourire, la voir débarrassée de tout tracas, la voir revivre, ça la comblait de bonheur. Maintenant que tout était fini, qu’elle n’avait plus à penser au nombre d’esclaves qu’elle devait capturer, Elena pouvait enfin accepter ses sentiments. Elle pouvait enfin se laisser vivre, se laisser être heureuse, s’attacher aux gens qui l’entouraient, et se consacrer à autre chose qu’à leur destruction. Elle avait enfin trouvé un foyer, un endroit où rentrer. Elle avait enfin trouvé une famille.

Mais, en laissant vagabonder son esprit, Elena se retrouva soudainement confrontée à un nouveau problème, un problème qui la tracassait bien plus que ce qu’elle ne voulait bien laisser croire. Cela faisait deux jours qu’elle était sortie de son état second, de son coma. Cela faisait deux jours qu’elle avait retrouvé ses amis. Et cela faisait aussi deux jours que Zoro l’esquivait. Il était resté seul durant tout ce temps, ne lui avait pas adressé un seul mot, l’ignorait presque. Elle pouvait comprendre, mais cela lui était insupportable. Et elle s’était promis que s’il ne parvenait pas à lui pardonner, elle ferait aussitôt ses bagages et quitterait les Mugiwara, même si cela lui brisait son cœur déjà bien abîmé.

Mais alors qu’elle sentait son cœur se serrer à ces pensées, elle vit Robin se rapprocher d’elle une nouvelle fois, en contournant l’immense baignoire pour venir la rejoindre. Elle s’adossa au rebord comme un parfait miroir d’Elena et rejeta légèrement sa tête en arrière. Puis, d’une voix douce et discrète, Robin souffla :

« Tu sais, il aura beau dire tout ce qu’il voudra, il était sûrement le plus inquiet d’entre nous. »

A ces mots, Elena laissa pencher sa tête pour croiser le regard de son amie, et l’interrogea silencieusement.

« Je parle de Zoro, chuchota-t-elle. Tu sais aussi bien que moi que sa froideur actuelle n’est qu’une façade qu’il s’est construite... Tu sais... Le jour, il restait enfermé et détournait la tête à la mention de ton prénom. Mais la nuit, il la passait à rester à tes côtés. Durant presque deux semaines, dès que nous allions nous coucher, il venait te rejoindre. Il a passé ses nuits à veiller sur toi et à prier secrètement pour que tu te réveilles. Il m’a dit de ne rien dire, mais je suppose que je ne peux tenir cette promesse. »

A ces mots, les yeux d’Elena s’écarquillèrent et celle-ci tenta de réprimer la surprise et le bonheur qui l’envahissaient. Robin eut un sourire, et après avoir vérifié qu’Estel et Nami se tenaient assez loin, elle reprit :

« Tu sais, quand j’ai intégré l’équipage, il ne m’a pas accepté tout de suite, moi non plus. Il se méfiait de moi, et je dois dire qu’il avait raison. Mais il a fini par m’accorder sa confiance. Je ne suis pas en train de dire qu’il en sera de même pour toi, car je pense que ce sera totalement différent. En réalité, je ne sais pas comment il va réagir dans les jours à suivre, et personne sur ce bateau ne le sait, si ce n’est toi. Vous avez une relation particulière, un lien particulier, tous les deux. Tu es la seule à pouvoir faire quelque chose. »

Les yeux d’Elena se mirent à briller alors qu’elle buvait les paroles de la brune.

« Je ne l’avais jamais vu comme ça, tu sais. Tu ne le vois peut-être pas, mais tu le métamorphoses. Et je pense que cela marche dans les deux sens... N’est-ce pas ? »

Il ne lui en fallut pas plus. La révélation se fit dans son esprit. D’une traite, Elena se releva, faisant jaillir son corps de l’eau. Estel et Nami, assises plus loin, la regardèrent avec surprise et la questionnèrent tandis qu’elle sortait de la baignoire. Elle alla s’emparer d’une serviette et se l’entoura avec puissance autour de la poitrine. Mais, une fois devant la porte de sortie, elle s’arrêta et porta une main à sa poitrine. Il n’était même pas encore devant elle que son cœur s’affolait.

Mais alors qu’elle était de nouveau en proie à l’hésitation, elle sentit deux mains fines venir se poser sur sa colonne vertébrale. Et alors qu’elle se retournait, elle sentit les deux mains la pousser dans le dos. Etonnée, elle fit volte-face et considéra Estel et Nami, qui l’encourageaient du regard, et souriaient. Les yeux d’Elena s’écarquillèrent, et Estel lui fit un clin d’œil, comme pour lui dire : « Vas y, Elena ! »

La métisse eut un sourire. Alors elles aussi, elles avaient compris. Elle hocha la tête, avant d’ouvrir brusquement la porte, expulsant au passage Sanji et Brook qui étaient collés contre le battant, comme à chaque bain qu’elles prenaient. Puis, elle se précipita dehors, pieds nus, n’ayant qu’une serviette sur elle. La pluie froide se mit à tomber sur elle, mouillant son corps déjà trempé, et elle commença à courir sur le bois humide. Elle dévala l’escalier sans même ciller et courut jusqu’à la chambre des garçons, dont elle ouvrit la porte avec violence. Elle resta quelques secondes sur le pas de la porte, à la recherche d’une quelconque silhouette dans cette pièce sombre et silencieuse, avant d’en conclure qu’il n’était pas là. Sans perdre une seconde, elle bondit et remonta l’escalier, l’escaladant à moitié, courut et grimpa jusqu’au dernier étage de ce bâtiment. Devant la porte de l’observatoire, elle s’arrêta une demi-seconde : elle sentait sa présence derrière le morceau de bois. Et alors, elle se décida, et ouvrit la porte brusquement.

Elle avait dû le prendre par surprise, car il se redressa aussitôt sur son matelas et la considéra avec ahurissement, en serviette sous la pluie. Mais il masqua aussitôt son étonnement et se renfrogna, avant de se rallonger.

« Qu’est-ce que tu veux ? »

Ce pic d’hostilité fit grimacer Elena qui ne se laissa toutefois pas abattre. Elle entra dans la pièce, refermant la porte derrière elle, et riva son regard sur lui. Il dut sentir qu’elle le fixait avec intensité, car malgré tous ses efforts, il ne put s’empêcher de froncer légèrement les sourcils.

Alors, elle s’avança, laissant derrière elle de petites flaques d’eau qui prenaient la forme de ses pieds. Son visage était envahi de gouttes faisant luire sa peau et les boucles de ses cheveux noirs trempés étaient parfaitement définies. Mais alors, contre toute attente, elle s’inclina légèrement, lui envoyant au passage quelques gouttes d’eau, et commença :

« Gomen nasai. »

A ces mots, Zoro rouvrit son oeil, et elle sentit son regard sur elle, mais elle ne bougea pas. Elle reprit :

« Je sais qu’il est sûrement tard pour ça, mais je tenais à le faire. Je ne te demande pas de me pardonner, mais au moins d’écouter ce que j’ai à te dire, ce que j’ai sur le cœur... Après, quand j’aurais fini de parler, tu seras libre de décider quoi faire de moi... Tu pourras même me tuer, si tel est ton désir. Mourir de ta main ne me dérange pas...

Je sais que j’ai bafoué l’honneur des sabreurs, que j’ai sali le nom d’escrimeur, que je t’ai menti, que je t’ai déçu, que je t’ai trahi... Et je compte répondre de mes actes, quels qu’ils soient. Je compte répondre de tout ça. Malgré tout ce que tu peux penser, j’ai encore de la fierté. Je tiens encore à mon honneur, à mon nom d’escrimeuse, et c’est justement pour cela que je tiens à m’excuser. Tu peux en dire ce que tu veux, c’est mon choix, et je compte l’assumer, comme toutes les erreurs que j’ai pu commettre. Je ne vais plus fuir. Dakara... Ayamarimasu*, Roronoa Zoro. »

{*Alors... Je te présente mes excuses.}

Elena se redressa, et elle croisa son regard, regard qu’elle ne parvint toutefois pas à décrypter. Il avait les yeux rivés sur elle, et semblait concentré. Mais son visage était crispé, ses sourcils froncés, et elle entendait d’ici le grincement de ses dents. Elena ferma les yeux et inspira un grand coup. Même s’il en venait à vouloir la tuer, elle devait continuer. Elle devait balancer tout ce qu’elle avait dans son sac. Alors, elle rouvrit ses yeux.

« Je... J’ai vraiment apprécié ce temps passé avec vous. Avec toi. Je peux comprendre que tu ne me croies pas, après tout ce qui s’est produit, après tous ses mensonges... Mais je tenais au moins à te le dire. Tu es le premier, le premier à me faire sentir comme ça. Je ne comprends pas très bien, et c’est tellement frustrant, mais je vais essayer de te le faire comprendre. J’ai essayé de me fermer, de rester éloignée de vous... De toi. Mais malgré tous mes efforts, j’ai...

Je crois que tu m’as changée, Zoro. Ce ne sont pas des choses que je suis aujourd’hui capable d’exprimer, mais je me sens bien, quand je suis avec toi. Je sais que tu l’as vu, que tu l’as remarqué. Quand je suis avec toi, mes masques s’évanouissent aussitôt, je n’ai plus besoin de me cacher. J’ai l’impression d’à la fois tout savoir de toi, mais également de te découvrir chaque jour, et réciproquement. J’ai l’impression que tu es le seul à pouvoir me lire, me comprendre. Tu as comme... Un pouvoir sur moi. J’ai l’impression qu’avec toi, je peux me lâcher, et être celle que je suis réellement, être celle que je veux être. Tu fais ressortir le meilleur de moi, tu me donnes envie de toujours aller plus loin.

Je... Je ne me suis jamais sentie une telle connexion avec quelqu’un, je n’ai jamais eu pareille relation. Je te sens, je t’entends, je te vois, je te devine, je te reconnais. Je te vis. J’ai toujours su, au fond de moi, qu’il y avait quelque chose d’étrange, d’anormal, entre nous. Mais aujourd’hui, j’en suis convaincue. J’ai beau tout faire, je ne peux m’empêcher de revenir vers toi. Et même si je n’ai aucune preuve pour te l’avancer, je pense qu’il en est de même pour toi. Je le ressens. C’est... Surnaturel. Je me sens pathétique de dire ça, mais mon âme, ma tête, mon cœur, mon corps tout entier te réclame. Je ne sais même pas si mes phrases ont un sens... J’ai comme l’impression d’essayer d’exprimer l’inexprimable. Mais je veux que tu saches. Que tu saches tout ça, et ce que je ressens pour toi... »

Elena s’arrêta. Elle n’était pour l’instant pas capable de terminer sa phrase, de terminer son monologue. Elle grinça des dents et se gifla mentalement. Elle devait le faire. Mais alors, elle entendit Zoro bouger et considéra l’homme aux cheveux verts qui s’était levé de son matelas. Il avait les poings serrés, le visage fermé et le regard sombre. Même si ses sabres n’étaient pas disposés à sa ceinture, il dégageait quelque chose d’incroyablement puissant, et ce quelque chose faisait frémir Elena à chaque fois qu’elle le voyait. Il s’avançait vers elle d’un pas lent, et elle sentait ses intestins remuer à chaque pied qu’il posait plus près d’elle.

Avec détermination, la métisse se décida et se prépara à subir sa colère ; elle l’avait dit, elle ne fuirait plus.

Mais rien ne se passa comme elle l’avait prévu. Brusquement, Zoro lui empoigna les épaules et la plaqua violemment contre le mur de bois le plus proche. Elena, prise de court, fut complètement bouleversée par leur proximité et elle comprit en le voyant frissonner qu’il en était de même pour lui. Elle avait été séparée de lui pendant des semaines, et maintenant qu’ils se retrouvaient, la réaction était encore plus forte, plus violente, plus ancrée en eux. Ils restèrent ainsi durant de longs instants, tentant l’un l’autre de maîtriser l’expression hors du commun de ce lien qui les unissait, les frissons qui les parcouraient, les pulsions qui les habitaient. Et lorsqu’il parvint à se calmer, Zoro fit glisser sa main le long du mur pour aller trouver celle d’Elena, à sa plus grande stupéfaction.

Et alors, il l’entoura de ses doigts, la remonta et la fit poser sa paume sur son torse couvert d’un simple tee-shirt. Elena, bouleversée comme jamais elle ne l’avait été, chercha à capter son regard, et lorsqu’elle le vit ouvrir son deuxième œil, elle crut halluciner. C’était exactement comme avec Estel, lorsqu’elles se trouvaient dans la base des mercenaires. Il l’invitait dans son antre. Sa confiance était telle qu’il lui ouvrait instinctivement les portes de son esprit. Mais là, c’était encore plus puissant. Elena ne parvint pas à détourner son regard, et lorsqu’il lui souffla : « Vas-y. », elle entrouvrit sa bouche de stupéfaction.

Puis, il se rapprocha un peu plus d’elle, la dominant dans toute sa splendeur, avant de reprendre :

« Vas-y. Lis en moi. »

Elena écarquilla ses yeux, avant d’être littéralement absorbée par le regard de Zoro. Elle y plongea sans la moindre retenue et se mit à parcourir l’intégralité de ce qui composait son cœur.

Et alors, elle comprit tout. Ses ambitions, ses craintes, ses motivations, ses envies, ses colères. L’incommensurabilité de son pouvoir, la force de sa détermination, la puissance de son âme. Ses Ténèbres, ses Lumières. Ses doutes, ses certitudes, ses incompréhensions, ses pensées. Les mots qu’ils ne parvenaient pas à exprimer. Ses sentiments.

Elena ne sut dire combien de temps est-ce qu’elle resta en son sein, de la sorte. Mais elle ne s’était jamais sentie aussi bien. C’était comme si... Comme si elle avait enfin trouvé sa place. Comme si elle était enfin arrivée là où elle aurait toujours dû être. Elle était en proie à de nouvelles sensations, et sa personne toute entière était enveloppée d’une aura qu’elle reconnaissait comme étant celle de Zoro.

Elle comprit absolument tout. Zoro ne lui avait rien caché. Il lui avait ouvert absolument toutes les portes de son âme, lui avait présenté son cœur sur un plateau d’argent. Et ce geste unique en disait bien plus que toutes les paroles qu’il aurait pu prononcer. Ce geste unique était la preuve du lien incroyable qui les liait, la preuve de la confiance aveugle qu’ils se portaient en dépit de tout. Et même si celle-ci décida de ne pas tout explorer, Elena fut violemment touchée par ce geste. 

Puis, elle finit par s’arracher à l’antre de Zoro et dut revenir sur terre. Le contraste fut violent. Jamais elle n’avait lu si profondément dans le cœur de quelqu’un. Jamais elle ne s’était sentie si proche, si attirée, si attachée, si liée à quelqu’un. Elle sentait son cœur jouer une mélodie calme sous ses doigts et percevait l’apaisement de Zoro comme étant aussi agréable que le sien. Puis, celui-ci rouvrit les deux yeux et leurs regards se croisèrent de nouveau. Mais le cœur du bretteur s’accéléra et celui-ci fronça les sourcils en se détournant. Elena ne mit que très peu de temps à saisir la gêne du bretteur. Il grimaça et rompit le contact avant de se détacher d’elle.

Mais cette fois-ci, Elena ne le laissa pas faire. Elle s’en rendait compte, maintenant, et elle commençait à l’accepter. Désormais, Zoro était tout pour elle, elle le savait. Et elle ne le laisserait pas partir, elle en était incapable. Alors, à son tour, elle décida de se livrer. D’une main, elle alla lui saisir le poignet, le forçant à rester en place. Puis, elle l’attira vers elle et alla poser sa seconde paume sur sa joue, ce qui le fit ouvrir grand ses yeux. Le seul contact de ses doigts sur sa peau les avait fait frémir. Les lèvres d’Elena s’étirèrent en une sourire rayonnant et doux, et elle glissa :

« A toi. »

Zoro analysa son visage, les sourcils légèrement froncés, jusqu’à ce qu’elle reprenne :

« Lis en moi. Tu n’as jamais eu besoin de ‘capacité spéciale’ pour le faire. »

A ces mots, la bouche de l’escrimeur aux cheveux verts s’entrouvrit de surprise, et quelques secondes passèrent avant qu’il ne se décide à véritablement regarder les yeux d’Elena. Et lorsqu’il plongea dans ses magnifiques prunelles dorées, il reçut comme une claque en pleine figure. Elle avait laissé tomber toutes les barrières de son esprit. Elle lui avait intégralement ouvert les portes de son cœur, de son âme, du plus profond de son être. Elle s’était offerte, dévoilée, donnée à lui en un regard, et ce qu’il avait lu dans ses yeux l’avait littéralement bouleversé. Elle lui avait tout révélé.

Absolument tout passa à travers leur regard. Aucun mot n’était nécessaire. Tout avait disparu autour d’eux, et seuls leurs battements de cœur synchronisés se faisaient entendre. Il n’y avait plus qu’eux, il n’y avait toujours eu qu’eux. Ça n’avait toujours été qu’eux deux : Roronora Zoro et Elena Cewall. Et maintenant, cela leur apparaissait comme une évidence.

Alors, presque inconsciemment, ils se rapprochèrent. L’odeur si particulière de Zoro vint enivrer ses narines, tandis que le souffle de ce dernier caressait le visage de la métisse. Et bientôt, d’un geste synchronisé, ils écartèrent légèrement leurs lèvres pour les joindre dans un premier baiser. Des étincelles, ou plutôt, du feu sembla jaillir de cette union, parcourant violemment leurs corps respectifs. Le déclic se fit, et Elena se sentit faillir.

Choqués par l’intensité de ce contact, ils s’écartèrent l’un de l’autre une fraction de seconde, s’observant mutuellement, avant de s’attirer une nouvelle fois. Leurs lèvres se trouvèrent plus naturellement cette fois-ci, et ils s’embrassèrent tout d’abord avec douceur. Mais ils furent rapidement rattrapés par la passion inhumaine qui siégeait en eux depuis leur première rencontre. Et alors, une fougue dépassant toute entente s’empara d’eux. La boule de feu explosa au creux du ventre d’Elena et alla faire bouillonner chaque partie de son corps. Son pouls prit un rythme effroyable, son sang se mit à frapper plus fort, et ses yeux comme son âme commencèrent à se dilater.

Alors qu’elle s’imprégnait de la saveur des lèvres du concerné, Elena fit glisser ses mains dans les cheveux de Zoro, et elle le sentit frémir de plaisir. Elle commença à respirer plus fort sous les baisers ardents qu’il laissait sur ses lèvres, sur sa peau, sur son âme. Elle se sentit perdre le contrôle d’elle-même et elle voyait dans ses yeux sombres qu’il avait lui aussi craqué. Dès l’instant où ils avaient gouté aux lèvres l’un de l’autre, ils avaient compris qu’ils ne seraient plus jamais capables de s’en séparer. Elena le savait, à présent. Elle était absolument accro de Zoro. Et ce, depuis toujours. Ils étaient imprégnés l’un de l’autre, ils étaient ancrés l’un dans l’autre, ils étaient gravés l’un sur l’autre.

La poitrine d’Elena se soulevait violemment, et son corps ondulait naturellement contre celui du bretteur. La passion qui les unissait était telle qu’ils avaient besoin l’un de l’autre. Ils avaient pris leur distance pendant trop de temps, s’étaient retenus bien trop de fois. Et maintenant, ils étaient incapables de stopper les élans et les pulsions qui les avaient torturés durant tout ce temps. Seuls le désir et la passion les régissaient, désormais.

Puis, Zoro plongea dans le cou d’Elena, et celle-ci renversa sa tête en arrière pour le lui offrir. Elle enroula l’une de ses jambes autour de son bassin et quand elle sentit le contact de ses lèvres sur son cou, de ses doigts sur ses fesses, de sa virilité agitée contre l’intérieur de sa cuisse nue, elle se sentit perdre pied. Son esprit se brouilla, et elle s’abandonna littéralement au désir, au plaisir de se sentir plus près de lui. C’était tout ce qu’elle voulait : se sentir plus proche de lui. Et elle savait qu’il en était de même pour lui. Toujours plus proche. Plus intensément, plus profondément, plus sauvagement, plus passionnément. Et à jamais.

Entre deux baisers, ils échangèrent un regard, et aussitôt, Zoro passa ses deux mains sous les cuisses d’Elena pour la soulever. Elle s’agrippa à lui sans toutefois cesser de l’embrasser, et l’attira à elle dès l’instant où elle se sentit être posée sur le matelas. Zoro l’encadra de ses genoux et de ses bras puissants, et elle l’observa un instant. Ses cheveux dans lesquels ses mains se baladaient, sa mâchoire virile, ses lèvres qui complétaient les siennes, ses muscles roulant sous sa peau, et surtout, son regard dans lequel elle lisait le plus extraordinaire des désirs.

Il commença à faire onduler son bassin contre le sien et Elena commença à soupirer plus bruyamment. Elle l’attira pour l’embrasser, et lui suçota la lèvre inférieure. Elle le repoussa l’espace d’une seconde pour lui retirer son tee-shirt, avant de le tirer à elle avec puissance. Elle l’embrassa tout en tirant légèrement la racine de ses cheveux verts. Elle l’entendit grogner près de son oreille, ce qui lui fit perdre les pédales. Puis, Zoro changea de trajectoire et s’attarda le long de son menton, de sa mâchoire, de son cou. Il continua de l’embrasser, descendant jusqu’à la naissance de son sternum, sa main droite faisant remonter sa cuisse près de lui. Mais bientôt, il se retrouva face à l’obstacle que constituait la serviette d’Elena et la regarda comme pour lui demander la permission.

Mais il lut dans son regard qu’elle hésitait pourtant à dévoiler les trésors qu’il y avait sous ce gênant tissu blanc. Alors, il s’arrêta dans son cheminement et remonta pour retrouver son visage. Il plongea dans ses yeux dorés et lâcha d’une voix terriblement sensuelle :

« Je te veux. Je te veux toi, Elena. Toute entière. »

Elena écarquilla ses yeux et serra un peu plus ses jambes autour de son bassin. Le seul son de sa voix la rendait folle. Il avait juste à parler de la sorte pour la rendre toute chose. Mais pire encore, ces mots sortis de sa bouche, c’était un véritable aveu qu’il venait de lui faire. S’il le répétait ne serait-ce qu’une seule fois, ou s’il continuait sur sa lancée, Elena ne ferait pas long feu. Alors, elle repoussa brusquement Zoro pour le plaquer de nouveau sur le matelas et d’un bond, se positionna au-dessus de lui. Les fesses posées sur son bas ventre, la poitrine collée contre son torse dur, ses lèvres frôlant les siennes, ses boucles humides tombant sur son visage.

Et surtout, son regard félin qu’elle avait plongé dans celui de Zoro. Elle l’embrassa une dernière fois, s’attardant sur sa lèvre supérieure, avant de se redresser. Elle l’admira, son torse nu délicieusement sculpté sur lequel elle était assise, et son mystérieux visage sublimé par le peu de lumière qui perçait à travers les nuages. Il était magnifique. Alors, elle porta ses mains à sa poitrine, et eut un sourire. Puis, elle détacha délicatement la serviette qui la couvrait, se dévoilant entièrement et jusqu’au bout. Elle vit les yeux de Zoro s’écarquiller, elle l’entendit déglutir et respirer plus fort, et surtout, elle sentit sous elle le désir qui l’agitait sauvagement.

Elena retira ses mains de sa poitrine, et ne chercha pas à dissimuler les cicatrices qui ornaient son corps.

« Je te veux toi, avait-il dit. Toute entière. »

Il la voulait. Il la désirait. Il l’avait acceptée. Alors...

« Alors je m’offre à toi. » Susurra-t-elle, avant de se pencher sur lui.

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