Cœur d'Émeraude
Yop tout le monde !
J'ai procédé à pas mal de modifications, notamment sur les détails techniques, je le dis en préambule dans le précédent chapitre, mais n'hésitez pas à retourner dans les chapitres traitant notamment des détails techniques et médicaux pour voir ce qui a été changé
Merci de me suivre, et désolé pour le temps que je mets à écrire et publier, j'ai pas eu de vacances depuis Noël et je travaille pas mal, je suis épuisé ^^'
Bonne lecture à tous :-)
Hinata ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. Elle savait que Tatsumaki avait, et a toujours, un caractère aussi glacial que volcanique, bien avant de l’avoir comme patiente. Un secret de Polichinelle, quand on sait que l’Association des Héros s’efforce de présenter ses membres, en particulier les plus hauts classés, comme des figures charismatiques, joyeuses, accessibles. Si certains héros jouent parfaitement le jeu, d’autres comme Flashy Flash ou Zombieman, plus taciturnes ou abrasifs, échappent à cette image d’Épinal. Mais la plus difficile à “canaliser”, à n’en pas douter, reste Tatsumaki, la Tornade Tragique. Numéro deux de l’Association, figure surpuissante et imprévisible, elle est aussi la plus rétive aux codes médiatiques. Et maintenant qu’Hinata la côtoie au quotidien, elle comprend parfaitement pourquoi.
"Votre réputation n'est pas usurpée, je comprends mieux pourquoi vous effrayez tout le monde, plaisante Hinata pour dissiper le malaise. Mais Tatsumaki, impassible et vraisemblablement impatiente, lance un regard glacial à l'infirmière qui ne se laisse pas démonter pour autant et passe à la suite du protocole. Elle appuie alors sur un badge pincé a sa parmenture de blouse qui répond par un signal sonore.
-Appelle l'équipe d'infirmier de garde du secteur VIP, articule-t-elle en penchant la tête vers le communicateur.
-Équipe de garde VIP, j'écoute, répond une voix masculine.
-Ici le Docteur Müller, j'aurais besoin de l'analyseur de gaz du sang en chambre 777, merci, demande-t-elle.
-On vous apporte ça, confirme l'homme.
-Le Docteur Moore ne vient pas ? Demande alors Fubuki, notant l'absence du médecin pour un évènement si important.
-Non, Tatsumaki est loin d'être sa seule patiente. Mais il sait que je connais le protocole de décanulation, et je lui transmettrais les résultats quels qu'ils soient, ça reste lui qui prendra la décision finale, explique calmement Hinata qui s'attendait à la question. Estimant le sujet clos et Fubuki ne rebondissant pas, Hinata reporte son attention sur Tatsumaki.
-Je vais maintenant vous prélever un échantillon de sang, ça va prendre quelques minutes, le temps que le cathéter soit purgé, explique Hinata en coupant les lignes, lesquelles sont injectés via la jugulaire.
-Bien, sourit l'infirmière. La porte s'ouvre à ce moment-là, laissant entrer un jeune homme transportant une machine de la taille d'un grille-pain transporté sur chariot.
-Qu'est-ce que c'est ? Demande Fubuki, presque méfiante en voyant l'engin.
-Une analyseur du gaz et du sang, ça permet de mesurer divers paramètres sanguins comme les gaz du sang, le taux d'acidité, d'hémoglobine, et plein d'autres choses, répond Hinata. Fubuki se contente de hocher la tête sans en demander plus, consciente qu'elle n'a ni les connaissances ni l'état d'esprit pour recevoir et assimiler plus d'informations sur le sujet.
-Je vais maintenant débrancher la poche que vous voyez là, désinfecter le cathéter avec ça, elle montre une lingette stérile avec un flacon.
-Puis faire un prélèvement en deux fois, le premier permettra d'enlever le sang "impur" qui pourrait fausser toute analyse, et le deuxième prélèvement sera légèrement plus long et sera celui qui sera analysé. C'est bon pour vous Mademoiselle Tatsumaki ? Explique puis demande Hinata, sans se départir de son sourire. Tatsumaki cligne sobrement deux fois des yeux d'un air tendu, sans un regard pour Müller.
-Très bien, allons-y alors. Hinata débranche une des poches et nettoie soigneusement la cathéter avec un antiseptique alcoolique et une compresse stérile. Elle prépare ensuite la seringue.
-C'est presque fini, prévient Hinata en clipsant la seringue de prélèvement qui se remplit d'une petite quantité de sang. Elle déclipse la seringue, la pose dans une petite boîte et clipse une autre seringue. Sitôt remplie, Hinata se dépêche de rebrancher la poche et relancer toutes les perfusions.
-Et voilà ! C'est fini, déclare Hinata en souriant. Fubuki se précipite sur sa sœur pour s'assurer qu'elle aille bien, même si au fond d'elle, elle sait pertinemment qu'elle n'avait rien à craindre.
-J'espère que vous vous rendez compte que vous avez une sœur très dévouée et courageuse, vous en avez de la chance, lâche Hinata à la Classe S, attendrie par l'inquiétude palpable de la petite sœur. Tatsumaki ne réagit pas. Elle se contente de fixer Hinata, puis Fubuki, une lueur indéchirable dans les yeux.
-Tenez, dit Hinata en tendant le prélèvement à l'infirmier qui en change l'embout et l'enfonce dans un port sur l'avant de l'appareil puis appuie sur start. Un cercle de progression apparaît sur l'écran accompagné d'un message invitant à la patience pendant l'analyse.
-Voilà, d'ici une minute environ, on devrait avoir les résultats, prévient Hinata.
-Vous êtes confiante ? Demande Fubuki d'une voix hésitante bien malgré elle.
-Oui, même si c'est difficile de prédire ce genre d'analyse. Il suffit qu'un chiffre soit légèrement en-dessous du seuil et il faudra repousser la décanulation, mais votre sœur a bénéficié des meilleurs soins post-opératoires, ses constantes et réponses sont bonnes, je suis confiante, du moins en ce qui concerne ses résultats d'analyse, et seulement ça pour l'instant, assure et précise Hinata, tâchant de rester claire sur l'entièreté du protocole et ce qu'elle a avancé plus tôt. Fubuki hoche doucement de la tête en caressant tendrement celle de son aînée. Tatsumaki papillonne légèrement des yeux, la fatigue semblant doucement la happer vers le sommeil.
-Ça va aller Grande Sœur, ce ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir, dit Fubuki en souriant, un vrai sourire plutôt confiant depuis longtemps, ce qui fait plaisir à voir. Un bip retenti, une feuille est imprimée qu'Hinata s'empresse d'analyser. Fubuki observe l'infirmière dont le regard glisse rapidement sur les chiffres, ses traits étant passé d'enjoués et ouverts à une expression plus fermée et concentrée. Le silence se poursuit ainsi, seulement rythmé par les sons produits par l'horloge et le respirateur. Fubuki note cependant quelques variations dans les traits d'Hinata, qui grimace légèrement de temps en temps.
-Les résultats sont dans les normes dans la globalité, aucun seuil n'est franchi, assure-t-elle ensuite en souriant un peu trop vite du goût de Fubuki.
-Alors... pourquoi est-ce que vous avez... grimacé en lisant la feuille ? Demande Fubuki avec appréhension. Hinata hausse les sourcils, surprise, ne s'attendant pas à ce que la cadette soit si observatrice.
-Vous n'avez pas à vous en faire. Certains résultats comme le pH et l'hémoglobine sont légèrement bas, mais ça n'a rien d'étonnant étant donné les lourd traumatismes de votre sœur, explique Hinata sans rentrer dans les détails.
-C'est d'ailleurs pour ne pas faire d'erreur d'interprétation que l'on réalise au minimum deux analyses dans ce genre de protocole. Mais en l'état actuel des choses, rien n'indique qu'elle ne puisse suivre le protocole de décanulation, on va seulement le suivre en respectant les seuils, finit-elle avec un grand sourire. Elle remarque alors que Tatsumaki la fixe intensément avec suspicion, elle semble au moins aussi soupçonneuse que sa sœur, si ce n'est même plus.
-Bien, passons à la suite, lance Hinata pour détendre l'atmosphère. Elle ne sait pas pourquoi, mais Tatsumaki la met mal à l'aise, comme si elle craignait la colère froide qui gronde en elle. Avec du recul, elle comprend mieux pourquoi Edgar Bouvier hésitait à lui montrer son dossier et redoutait sa colère. Si dans l'état où elle est Tatsumaki arrive à distiller un sentiment de malaise juste à la force de son regard, elle n'ose pas imaginer ce qu'elle provoquerait chez elle en pleine possession de ses moyens... pour distiller son trouble, l'infirmière passe immédiatement au palier suivant.
-Alors, je vais maintenant procéder au test de toux réflexe, explique Hinata en se rapprochant du lit et en se mettant bien en vue de Tatsumaki.
-Avant toute chose, sachez que le test de toux réflexe est très désagréable, il mobilise des muscles n'ont pas été sollicités depuis longtemps, ce sera comme s'ils allaient se déchirer. De plus, vous avez subies de très graves blessures aux poumons, aux côtes et au dos, et tous les muscles sollicités pour la toux sont connectés à ces zones. Je préfère être honnête, vous allez avoir mal, et je ne peux pas vous sédater sans compromettre l'intégrité du test. Est-ce que vous comprenez ? Demande Hinata. Tatsumaki cligne deux fois des yeux, sans rien afficher d'autres qu'une froide conviction, au contraire de Fubuki qui blêmit, appréhendant l'échec comme s'il signait la fin de tout.
-Le test n'est pas obligatoire, et je ne peux pas le réaliser sans votre consentement. Mais il est très crucial et révélateur sur votre capacité à pouvoir respirer seule sans assistance. Je peux ne pas le faire, mais dans ce cas, je devrais revoir à la hausse les résultats de tous les autres tests du protocole pour ne pas vous mettre en danger. Vous comprenez ? Continue l'infirmière. Tatsumaki bat à nouveau deux fois des yeux, et Hinata semble y déceler de l'impatience, tout comme Fubuki qui accélère le rythme de ses caresses.
-Voulez-vous tout de même le passer ? Demande doucement Hinata. Tatsumaki cligne aussitôt deux fois des yeux.
-Bien, murmure presque Hinata en souriant. Puis elle se concentre sur le ventilateur mécanique et manipule l'écran tactile.
-Pour commencer, je vais augmenter le débit d'oxygène du ventilateur, ça va charger vos alvéolaire pulmonaires en oxygène pur et ça vous sécurisera en cas d'échec en vous empêchant d'étouffer, détaille-t-elle. Aussitôt un bip retenti et le rythme de la machine s'accélère légèrement avec un souffle plus marqué et lourd.
-Il est possible que vous ressentiez quelques effets secondaires, comme une meilleure facilité à respirer, une clarté d'esprit et un léger sentiment de lucidité accrue, c'est grâce à la teneur augmentée en oxygène de votre sang qui irrigue votre cerveau, ça ne durera pas longtemps par contre.
-C'est normal que le ventilateur fasse ce bruit ? Demande Fubuki en entendant la machine changer de rythme.
-Oui, l'oxygène pur est plus lourd que le mélange qu'il délivre habituellement, donc le ventilateur fait plus d'efforts pour le véhiculer, répond Hinata d'un air confiant.
-Bien, dit-elle en surveillant le scope.
-D'ici quelques minutes, votre Fi0², votre fraction d'oxygène à chaque inspiration, atteindra 100%, à ce moment-là, je glisserais le tube d'aspiration, mais cette fois sans l'actionner, ça va légèrement irriter votre muqueuse trachéale et activé le réflexe de toux, c'est bon pour vous ? Explique doucement Hinata d'une voix. Tatsumaki cligne deux fois des yeux. Elle semble légèrement plus alerte et son regard est plus nerveux et pétillant.
-Super, respirez bien, mais posément et pas trop profondément, ne combattez pas la machine, et au moindre sentiment d'inconfort, clignez trois fois des yeux, prévient Hinata en surveillant l'écran qui affiche un Fi0² qui augmente au fur et à mesure. Hinata évite de croiser le regard de Tatsumaki tandis que Fubuki enchaîne les mots réconfortants en lui caressant délicatement la tête. Jamais l'infirmière n'a trouvé le temps si long, et senti un regard si lourd et pesant sur elle. À ce moment-là, elle n'a qu'une hâte, c'est finir le protocole de décanulation pour pouvoir sortir et souffler, comme si elle portait un poids bien trop lourd sur ses épaules. Elle ne remarque pas Fubuki qui l'observe du coin de l'œil et remarque son trouble. Elle esquisse un léger sourire, sachant pertinemment que sa grande sœur, aussi en incapacité soit-elle, en est la responsable.
-Sois gentille s'il-te-plaît Grande Sœur, Hinata fait de son mieux et doit suivre les règles, alors arrête de le tourmenter s'il-te-plaît, ordonne gentiment Fubuki, mais d'une voix loin d'être aussi assurée que ce qu'elle souhaiterait. Tatsumaki répond en fixant sa sœur, les sourcils froncés d'incompréhension.
-Ça se voit tant que ça ? Demande Hinata en riant nerveusement, se sentant maintenant honteuse d'être si facilement décontenancée par le seul regard d'une jeune femme immobilisée de la tête aux pieds. Elle baisse son regard et se connecte à celui, froid et inflexible de la Classe S. Hinata perd alors son sourire et se reconcentre sur les constantes en déglutissant, mal à l'aise à nouveau. Tatsumaki lève les yeux en soupirant d'exaspération.
-S'il-te-plaît Tatsumaki, arrête de la tourmenter, demande plus fermement Fubuki, mais la Classe S fronce à nouveau les sourcils en secouant légèrement la tête, comme si elle ne comprenait pas en quoi ce serait de sa faute. Elle jette cependant un dernier coup d'œil à Hinata qui reste figée sur l'écran, et après quelques secondes, Tatsumaki fait à nouveau rouler ses yeux en soupirant d'un air méprisant.
-Ok, 96%, on y est. Je vais maintenant procéder au test en stimulant votre muqueuse trachéale avec le tube d'aspiration, juste en le touchant, ça va provoquer une irritation assez loin dans la gorge. Ne luttez pas contre la toux, mais n'essayez pas de la provoquer, laissez-la simplement guider votre réaction, d'accord ? Explique Hinata. Tatsumaki cligne deux fois des yeux. Fubuki déglutit, craignant une complication, l'échec du test, une surréaction de Tatsumaki. De son côté, Hinata fait passer la sonde dans la canule, et le guide tout doucement, une expression très concentrée peinte sur le visage. Personne n'ose bouger, parler, seul le bip du scope trouble le silence solennel de l'instant, même Tatsumaki, d'habitude si impassible, semble en alerte, guettant la moindre sensation.
-Quand saurez-vous que vous avez atteint le bon endroit ? Demande Fubuki en chuchotant comme si parler plus fort signifie briser l'instant.
-Je ne sais pas, je ne peux me fier qu'à ma connaissance en anatomie, la longueur de la sonde et... la réaction de votre sœur, répond Hinata d'un air absent, plissant soudainement les yeux.
-Maintenant je dois vous demander de vous taire, je dois rester concentrée pour être précise dans mes gestes, et votre sœur sur ses sensations, murmure Hinata sans plus un regard pour la cadette. Cette dernière, consciente des enjeux, ne répond rien, se contentant d'espérer, en silence.
-Allez... c'est parti, dit Hinata en se concentrant entièrement sur Tatsumaki, son visage et sa poitrine. Un spasme agite alors le corps de l'héroïne, et une toux faible, rauque et sèche s'échappe de sa bouche. Aussitôt, le scope se déchaîne brutalement, tous les diagrammes et l'électrocardiogramme s'agitent également en présentant des pics d'une grande intensité qui fait biper le moniteur dans tous les sens. Les yeux de Tatsumaki s'écarquillent, et un gémissement rauque et étouffé s'échappe de sa bouche tandis que sa mâchoire se crispe intensément malgré la raideur musculaire, resserrant également ses doigts qui se crispent légèrement sur la main de sa sœur.
-Grande Sœur ! Qu'est-ce qu'il lui arrive ?! Demande Fubuki, en panique.
-Le réflexe de toux stimule brusquement les muscles connectés au dos et aux côtes, mais aussi aux poumons. En gros, c'est comme si elle avait du verre pilé sur toutes ces zones, explique Hinata en retirant la sonde d'aspiration et en posant ses mains sur les épaules de Tatsumaki.
-Ça va aller, respirez, calmez-vous, c'est terminé, respirez doucement, doucement, dit doucement Hinata. Tatsumaki halète, sa respiration siffle, et elle se tend malgré le corset orthopédique qui la maintient immobile. Son visage est crispé de douleur, ses yeux brillants de larmes. Mais par un immeuble effort de volonté, Tatsumaki trouve la force de se calmer, de juguler la douleur qui irradie en elle telles des lignes de feu vives et tranchantes.
-C'est bien, c'est très bien, vous avez très bien géré ça Mademoiselle Tatsumaki, vous pouvez être fière de vous, la rassure Hinata d'une voix posée. La petite télékinésiste n'en a cure. Elle est en sueur, plus blanche qu'à l'accoutumée, mais son visage, déformé par le douleur intense quelques secondes plus tôt, affiche désormais une froideur impassible et une colère sourde et nerveuse. Elle met encore quelques secondes à reprendre un rythme respiratoire normal et à calmer le scope qui reprend des courbes dans la norme. Hinata soupire de soulagement, Fubuki, elle, psalmodie de douces paroles réconfortantes pour aider à stabiliser sa sœur. À ses côtés, Hinata soupire de soulagement, rassurée que Tatsumaki ait pu se calmer sans l'aide d'un sédatif.
-Alors ? Demande Fubuki, ses yeux brûlants d'espoir vrillés sur l'infirmière.
-Le réflexe est présent, mais je ne constate pas de sécrétion, ni de projection. Elle n'a pas toussé assez fort pour pour dégager une voie obstruée, je suis désolée, explique Hinata.