Cœur d'Émeraude

Chapitre 31 : Sur le départ

1521 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/11/2025 20:41

Hinata laisse la porte entrouverte, et s'assure que Tatsumaki ne présente aucun signe de détresse avant de se concentrer sur sa sœur. Fubuki semble perdue, les yeux et les joues baignés de larmes, elle fait peine à voir. Hinata esquisse une moue désolée, ne sachant pas par ou reprendre, ni quoi lui dire.

"Fubuki...

-Je ne veux pas l'abandonner ! C'est hors de question ! Sanglote alors la télékinésiste, coupant l'infirmière avec une voix aiguë, tâchant d'être plus vaillante et en colère qu'elle ne l'est en réalité.

-Sauf que vous ne l'abandonnez pas, vous prenez simplement soin de vous, avant de pouvoir prendre soin d'elle, intervient Hinata, d'une voix ferme, mais douce et calme.

-Je n'ai pas besoin que l'on me dise quoi faire ! Ma grande sœur a besoin de moi ! Et...

-Fubuki, écoutez-moi, écoutez-moi ! La coupe Hinata en la prenant par les épaules pour focaliser son attention, mais aussi la sécuriser, la jeune femme commençant à chanceler.

-Vous devez vous reposer, d'accord ? Vous tenez à peine debout, vous êtes à bout de nerf et épuisée, et je n'ai vraiment pas le luxe de m'occuper de deux sœurs en même temps, surtout si elles s'évertuent à agir comme bon leur semble au mépris de leur santé !

-Je... je peux très bien me reposer ici, donnez-moi une chambre...

-Non ! Vous rentrez, votre sœur a été claire, et je suis entièrement d'accord avec elle. Je comprends que vous vouliez veillez sur elle, et vous assurer qu'elle se remette, mais ce n'est pas en dépérissant et en mettant votre santé en danger que vous l'aiderez. C'est en prenant soin de vous, et en étant vous-même en pleine santé, compris ? Coupe à nouveau Hinata. Fubuki semble se résigner l'espace d'un instant, puis cette lueur d'entêtement qu'elle a dans le regard se remet à briller.

-Ma sœur, elle a besoin de moi... qu'est-ce qu'il se passera si elle fait une nouvelle crise ? Si elle panique au nouveau ? Si...

-Tatsumaki ne sera ni la première, ni la dernière à surmonter ça sans la présence de ses proches. Votre sœur est forte, vous l'avez dit vous-même, alors faites-lui confiance, d'accord ? Quand à moi, je vous promets de vous donner des nouvelles tous les jours, et comptez sur moi pour passer voir si vous dormez et mangez bien, et gare à vous si je dois vous reprendre ! Coupe à nouveau Hinata, avec beaucoup de bienveillance dans la voix, agrémenté d'un petit sourire complice. Hinata fixe l'infirmière avec un éclat de gratitude tremblant dans les yeux. Elle sait que la soignante a raison, et elle sait qu'elle peut lui faire confiance, ne manque plus maintenant qu'elle accepte de lâcher prise. Fubuki pose une main hésitante sur le bras de Müller, et essaie de formuler quelque chose de gentil, de sincèrement gentil, mais c'est un exercice auquel elle ne s'est jamais prêté. Les mots, si elle en visualise l'esquisse, restent flous, informulables, bloqués dans son esprit, s'échappant comme de la poussière entre les doigts. Le sourire d'Hinata s'élargit, plus tendrement, percevant la lutte interne qui se déroule dans le cœur de l'héroïne. Et maintenant qu'elle connaît la teneur du passé des deux sœurs, l'infirmière comprend à quel point cette lutte est vitale, difficile et importante pour elle. Cependant elle n'a pas le cœur de la laisser mariner. Hinata attire Fubuki contre elle, et la télékinésiste s'y abandonne en laissant libre cours à ses émotions. Elle se laisse bercer et aller sans pudeur, savourant pour la première fois les bienfaits d'avoir une amie, une véritable amie, qui est là pour elle.

-Pre... prenez soin... d'elle... s'il-vous-plaît... je n'ai qu'elle... je...

-Je prendrais soin d'elle, vous avez ma parole, et vous promettez-moi de prendre soin de vous, d'accord ? Promet puis demande Hinata, murmurant à l'oreille de Fubuki. La jeune héroïne hoche vivement de la tête, toujours nicher dans l'épaule de l'infirmière. Elle se laisse bercer le temps d'une minute, puis Hinata se résoud à la faire rentrer.

-Je vais vous faire appeler un taxi, ils vous ramènera chez vous, et je vous appellerai ce soir, d'accord ? Dit-elle en écartant la télékinésiste. L'infirmière voit dans un premier temps la jeune héroïne hésiter, puis elle hoche docilement de la tête.

-Est-ce que... est-ce que vous pourriez me ramener s'il-vous-plaît ? Demande-t-elle alors timidement. Hinata hausse les sourcils, surprise par la demande. Sentant la surprise et l'interprétant comme une hésitation, Fubuki enchaîne, toujours sous le coup de la gêne et d'une timidité que l'infirmière ne lui connaissait pas jusqu'alors.

-Je... je ne veux pas... je ne veux pas être seule où... être avec un inconnu, je...

-Bien-sûr que je peux vous ramener, vous n'avez pas à vous justifier, je comprends, la coupe doucement Hinata, la voyant encore une fois patauger.

-Je termine mon service dans une heure environ, vous n'avez qu'à rester avec votre sœur en attendant, et je passe vous chercher dès que j'ai fini, on fait comme ça ? Propose la soignante. Visiblement soulagée, Fubuki hoche vivement de la tête, et sourit maladroitement, gênée par le silence qui s'installe tranquillement. Hinata esquisse à son tour un sourire, caresse chaleureusement le bras de Fubuki, puis la laisse regagner la chambre. Tatsumaki tourne ses deux yeux émeraudes vers sa cadette, et fronce les sourcils, surprise, mais surtout agacée. Cependant Hinata se presse de clarifier les choses.

-Je ramène votre sœur chez elle à la fin de mon service, vous n'aurez qu'à la supporter que pour une heure, ne vous inquiétez pas, explique la soignante, affichant une moue sereine. La Classe S semble se détendre et se calmer, mais vrille son regard sévère et glacé sur sa petite sœur qui donne l'air d'être complètement écrasée par la prestance de son aînée.

-En attendant j'aimerais vous ausculter, m'assurer que la toux n'a pas fait de dégâts visibles, vous serez ensuite programmée pour une radio de contrôle pour s'assurer que vous n'avez rien, explique Hinata.

-Bien, je vais commencer par mesurer votre pouls, prévient l'infirmière en posant ses deux doigts sur l'artère carotide du cou. Et aussitôt, Hinata sent Tatsumaki se tendre légèrement, et son pouls légèrement s'accélérer, comme en témoigne les chiffres du moniteur qui grimpe imperceptiblement d'une décimale. Hinata soupire intérieurement. Cela fait une dizaine de jours  qu'elle gère les soins et le confort de l'héroïne au quotidien, qu'elle prend les constantes, qu'elle la manipule et l'ausculte. Elle sait que Tatsumaki lui fait confiance, du moins elle se plaît à le penser, et pourtant le moindre contact physique est toujours emprunt de tension et source de stresse. Hinata se demande alors comment Tatsumaki va vivre les séances de kinésithérapie à venir. Une question qu'elle compte vraiment étudier de près et avec le kiné en question, pour être sûr que sa patiente ne court aucun risque.

-Bien, votre pouls est stable et régulier. Maintenant, je vais écouter votre respiration, essayez de vous détendre s'il-vous-plaît, ça ne va pas être long, dit l'infirmière en prenant un stéthoscope sur lequel elle souffle de l'air chaud. Elle enfile les embouts, puis pose le pavillon sur la partie supérieur de la cage thoracique de Tatsumaki, au plus bas malgré le corset orthopédique.

-Très bien, maintenant l'aisselle, attention, voilà, prévient Hinata, soulevant le bras de la jeune femme qui semble serrer les dents. Le moniteur prévient d'une hausse des chiffres, mais Hinata n'y prête que légèrement attention, elle sait que mouvoir ainsi le bras de Tatsumaki est douloureux, mais en présence du corset orthopédique, l'aisselle est l'endroit du corps ou elle peut mieux écouter les poumons, leur travail et surtout s'il y a une anomalie quelconque. Après quelques secondes d'écoute, Hinata passe à l'autre aisselle.

-Bien, je n'entends rien d'anormal, mais encore une fois, vous passerez une radio de contrôle, pour être sûr. Maintenant je dois vous laisser, j'ai deux-trois choses à faire avant de finir mon service, profitez-en pour vous reposez, prévient Hinata en regardant tour à tour les deux sœurs. Elle prend le dossier médical de la Classe S, puis quitte la chambre. Quand l'infirmière referme la porte, Tatsumaki s'endort petit à petit, épuisée par les efforts fournis. La Classe B prend donc à nouveau le temps de contempler la sérénité délicatement feutrée sur le visage de son aînée, et s'assoit sur la chaise qui, jusque-là, tient presque le rôle de deuxième maison pour elle. Et pour l'heure restante, Fubuki s'évertue à silencieusement louanger les traits paisibles de Tatsumaki.

Laisser un commentaire ?