Nouvelles d'Overwatch

Chapitre 7 : La Fierté de ses Parents (1/3)

3224 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 20/05/2018 21:37

- Raptora 2 à 5, statut, demanda Pharah dans son communicateur.


- Ici Raptora 2, R.A.S.


- Ici Raptora 3. Je suis en position, R.A.S.


- Ici Raptora 4. Cinq hostile repérés sur le quai ouest. Ils n’ont pas noté notre présence.


- Ici Raptora 5, R.A.S.


- Médic 1, statut.


- Ici Médic 1, en position et opérationnel.


- Sniper 1, statut, poursuivit Pharah.


- Ici Sniper 1, répondit Ana. Je suis en position. Il y a six hostiles sur le quai ouest, l’un s’est adossé derrière un mur hors de vue de Raptora 4. Trois hostiles sur le pont principal du bateau. Deux sur le pont supérieur. Cible non repérée.


Sa mère utilisait un synthétiseur vocal, qui modifiait sa voix et rendait difficile d’en deviner le ton. Mais Fariha la connaissait bien. Elle pouvait sentir l’inquiétude qui la tenaillait. L’ancienne capitaine avait toujours détesté les débuts de missions. Ces moments où on était dans l’inconnu, sans savoir ce qui allait arriver à son équipe.

En revanche, Fariha adorait ses instants là. Lorsque l'adrénaline envahissait tous ses muscles et qu’elle sentait le frisson du danger dans sa nuque. Et aujourd’hui, aujourd’hui avait encore une meilleure saveur.


Car pour la première fois, elle allait combattre avec sa mère.


Et la rendre fière d’elle.


*Quelques mois plus tôt*


Ana regarda de manière nerveuse autour d’elle. Il faut dire que l’endroit n’avait rien de rassurant. C’était un terrain vague d’une partie pauvre de la ville, entouré de bâtiments en ruine et d’usines désaffectées. On était au milieu de l’après-midi, sans doute le moment le plus tranquille dans ce genre de quartier. Lorsque les habitants vivaient la nuit, ils dormaient le jour…


Le sang-froid, indispensable pour un sniper, avait toujours été une de ses principales qualités. Mais Ana ne pouvait s'empêcher d’être nerveuse. Non pas qu’elle soit en danger. Mais…


- Maman !


Fariha, qui venait juste d'apparaître de derrière un mur en ruine, se précipita vers elle et l’a pris dans ses bras.


Ana ne put s'empêcher de pousser un petit soupir.


Pour une première rencontre en sept ans, cela commençait bien.


- Alors c’est vraiment toi ! Je suis tellement heureuse de te savoir en vie !


- Ma chère Fariha…dit Ana en la regardant avec une tendresse infinie. Je suis désolée. Terriblement désolée.


Sa fille cessa de l’enlacer pour s’écarter légèrement. Ana la vit contempler son œil manquant. Une expression triste apparut sur son visage.


- Ne le sois pas, maman. Après ce que tu as vécu, je comprends qu’il t’ais fallut du temps et que tu es préféré disparaître. J’aurais préférée savoir que tu étais vivante et...oui j’ai souffert de ne pas le savoir.


Ana baissa doucement la tête, une larme sur son visage.


- Mais personne n’est parfait, maman. Tu t’es excusée dans ta lettre et j’accepte tes excuses.


- Merci ma fille. Merci infiniment.


Fariha lui tendit doucement la main et Ana la prit, la serrant de toute ses forces. Vu leur relation houleuse de le passé, elle n’avait même pas osé espérer une réunion aussi heureuse.


- J’aurais dû choisir un endroit plus joyeux pour nos retrouvailles, dit-elle.


Même si elle plaisantait, on pouvait encore sentir l’émotion dans sa voix.


- Ah ah ! Cela aurait été plus joyeux pour nous deux, c’est vrai. Mais c’est une précaution nécessaire vu les ennemis que tu as. Il ne fait aucun doute que Talon voudra te tuer une fois ta présence révélée au public.


- C’est pour ça que…


- Mais ne t’inquiète pas ! Dès que tu auras rejoint Helix, nous serons en mesure de te protéger. Et avec toi à nos côtés, Talon n’aura plus aucune chance ! Nous ferons revenir Doomfist en prison et Widowmaker payera pour ce qu’elle t’a fait !


- Rejoindre Helix ? s’exclama Ana, une expression de surprise sur son visage.


La même expression ne tarda pas à apparaître sur Fariha.


- Mais...bien sur maman. C’est ce que tu voulais dire par “reprendre le combat”, n’est-ce pas ? Maintenant qu’Overwatch a disparu, c’est Helix et nos concurrents qui assurent la sécurité mondiale. Et c’est évident que tu vas rejoindre la même compagnie que ta fille. Sans compter que nous sommes les meilleurs !


Sur le visage de Fariha, la surprise avait laissé place à une joie vantarde.


- Fariha, débuta doucement Ana. Je ne prévois pas de reprendre mon identité publique.


La joie sur le visage de sa fille disparu pour laisser place à une horrible stupeur.


- Mais… Alors ça veut dire que tu veux devenir une espèce de justicière masquée ? Comme ce Soldat 76 ?


- Un fantôme a certaine facilité.


- Maman ! Tu m’as toujours dit que les justiciers étaient juste des sources d’ennuis ! Que le combat ne pouvait être juste que si tu avais la loi derrière toi ! Et maintenant tu veux devenir une... criminelle.


Ses yeux s’humidifièrent. Mais elle les essuya rapidement de son poing.


- Pas toi ! Tu vaux mieux que ça !


- Je pensais ce que je te disais à l’époque. Mais la situation a changé, Fariha. Et aujourd’hui, je serais plus utile en restant morte.


Fariha se retourna en soufflant lourdement.


- Nuhas, cette criminelle masquée recherchée pour espionnage, vol et agression. C’est toi n’est-ce pas ?


Ana ne répondit rien. Fariha se retourna.


- Oui. Mieux vaut que je ne sache rien n’est-ce pas ? Sinon je devrais arrêter ma propre mère.


Elle fit un facepalm en soupirant bruyamment.


- Tu me met dans une position difficile, maman.


- Je suis désolée, Fariha. Nous n’aurions pas dû nous rencontrer. C’était une erreur. Je…


Sa fille lui prit délicatement les mains. Son visage était redevenu plus doux.


- Ça ira maman. Je sais garder un secret. Et pour toi, je serais prête à le faire. Même devant mes supérieurs.


Ana la regarda dans les yeux, un sourire reconnaissant, bien qu’un peu triste, sur le visage.


- Merci ma fille.


- Juste...fais en sorte de ne pas me mettre devant un choix impossible, maman. D’accord ?


- Promis, Fariha.


Ana lui fit une accolade, auquel sa fille répondit sans hésiter. Puis, elle s’écarta lentement.


- Je reprendrais contact si on doit se recroiser, dit-elle.


- Ce sera avec plaisir.


- Au revoir, ma fille, dit Ana, tout en s’éloignant.


- Maman...attend !


Ana se retourna.


- Qui a-t-il ?


- Est-ce que tu es...fière de moi ? Je suis capitaine chez Helix maintenant. J’ai été décorée plusieurs fois et…


Fariha cessa brusquement de parler et baissa la tête en rougissant.


- Bien sur ma fille que je suis fière.


Elle avait fait de son mieux pour que ses paroles paraissent sincères.


Mais il était difficile de mentir à sa propre fille.


Aucune des deux n’étaient dupe.


- Merci maman, dit tout de même Fariha.


Après tout, c’était l'intention qui compte.


*Quelques mois plus tard*


- La cible se nomme John Adam, déclara Pharah d’un ton très professionnel. Il est recherché dans dix-sept états pour contrebande, intimidation, vol, crime en bande organisé et pour son appartenance au Cartel.


Il y eut quelques grincements de dents parmi les soldats d’Helix présent dans la salle. « Le Cartel des Contrebandiers du Pacifique », plus simplement appelé le Cartel, était un des principaux adversaires d’Helix Security. Chacun des présents avaient eu un ami tué ou blessé par des mercenaires de cette organisation.


- John sera en Soudan dans deux jours, pour inspecter plusieurs navires appartenant à son réseau et donner ses instructions à leurs capitaines. Ce sera l’occasion de le capturer.


Pharah s’approcha du projecteur holographique au centre de la pièce. C’était le seul objet dans la salle, excepté quelques cartes et drapeaux sur les murs de pierre. Les bases d’Helix étaient du genre sobre.


- Adam lui-même n’est pas une menace, reprit Pharah. Mais ses gardes du corps ne doivent pas être sous-estimé.


Elle tapota un peu la machine, qui laissa apparaître l’image d’un soldat. Ce dernier portait une armure complète de couleur noirâtre, fait d’un mélange de fibres et de métal, ainsi qu’une carabine à l’air très moderne, complétée par une arme de poing.


- Entraînement militaire et cinq ans de services minimums. A longues portées leurs armures résistent à nos calibres...


Mais pas à mon lance-rocket ! Pensa-t-elle avec un sourire intérieur, qu’elle réfréna pour garder un air professionnel.


- ...tandis que leurs carabines transpercent les Raptora à toutes les distances. Ce sont les cibles prioritaires. Heureusement, il ne devrait y en avoir que quatre avec Adam. Le gros de notre opposition sera composé de criminel classique.


L’image holographique changea pour afficher une série d’armes, la plupart vieilles ou de mauvaises qualités.


- Voici l’équipement observé par l’équipe de reconnaissance. Comme vous pouvez le constater, rien qui puisse menacer nos Raptora.


Fariha passa ensuite à la disposition du terrain, avant d’enchainer sur le rôle de chaque membre de son équipe. Une fois cela évoqué, le briefing fut terminé.


Le début de mission était pour demain minuit. Pharah devait être présente six heures avant. D’ici là, elle avait quartier libre.


Largement le temps d’aller retrouver sa mère !


Elle fit d’abord un rapide détour par ses quartiers, puis allât au parking de la base où elle récupéra sa moto. Fariha se fit plaisir en mettant la vitesse maximale autorisé par le code de la route locale. Elle adorait sentir le vent siffler sur sa peau, tandis que le monde défilait autour d’elle. C’était presque comme être en Raptora. Presque.


Il lui fallut moins de cinq minutes pour rejoindre la ville la plus proche, où elle dû ralentir le rythme. Puis cinq autres pour aller au point de rendez-vous, un petit café tranquille situé au cœur d’un quartier commerçant.

Ana y était déjà, installé près d’une table à l’écart, une tasse de thé devant elle. Sa mère avait voilé ses cheveux et portait une simple tenue de ville, au charme simple. Cela faisait étrange pour Fariha, qui se rappelait Ana comme une femme en uniforme, qui laissait librement pendre ses magnifiques cheveux longs. Mais la discrétion exigeait certaines adaptations.


- Bonjour, maman, dit-elle en posant une petite boite en plastique sur la table, juste avant de s'asseoir. Comment ça va ?


Avant de parler, Fariha avait pris soin de vérifié que personne ne pouvait les entendre.


- Bien. Et toi ? Tu m’as l’air un peu fatiguée. Est-ce que tu as bien pris tes jours de repos cette fois ?


Fariha ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.


- Oui maman. J’en ai d’ailleurs profité pour aller voir papa. Nous avons passé noël ensemble.


- Ah. Et comment va Sam ?


- Bien. Papa a trois mille projets différents pour sa retraite, qui changent chaque fois que je lui en parle. Actuellement, il dit qu’il va rejoindre une ONG de protection de l'environnement.


- Il ne devrait pas. Cela ferait trop comme son travail. Sam devrait profiter de sa retraite pour faire quelque chose de différent.


- Comme toi tu veux dire ?


Ana eut un regard mécontent.


- Je n’ai pas l’âge de la retraite.


- Va dire ça à Reinhard. Il était plus jeune que toi quand vous l’avez forcé à se retirer.


- Ce n’était pas Jack ou moi, mais Petras, répondit Ana avec un air triste.


Fariha lui fit un sourire désolé. Elle était allée un peu trop loin.


- Je sais, maman. Mais tu vois où je veux en venir.


- Oui… Sam fera comme il l’entend. Il sait ce qui est mieux pour lui. Mais bon...tu devrais savoir que mon travail de mère que de m’inquiéter pour tout le monde. D’ailleurs...tu n’aurais pas un peu maigri ?


- Maman !


Ana éclata de rire.


- Tu mériterais que je garde ces biscuits pour moi, dit Fariha, en montrant la boite du menton.


- Ce sont des biscuits au sirop d’érable fait par ton père ?


Fariha hocha lentement la tête avec un grand sourire content.


Ana eut une petite exclamation de plaisir, tandis qu’elle approchait la boîte, avant de l’ouvrir. Les biscuits avaient l'apparence de petite feuille dorée. La vieille femme en mangea immédiatement.


- Huuum...il n’a pas perdu sa touche.


- Du tout.


- Prend en un, dis Ana en avançant la boite vers sa fille.


- J’ai déjà mangé ma part il y a longtemps !


- Je ne veux pas en manger devant toi alors que tu n’en prends pas. Ce n’est pas poli.


Fariha savait qu’il était inutile de discuter. Elle prit en main un biscuit, dont elle croqua une petite bouchée. Si elle les mangeait très lentement, sa mère pourrait en prendre plus qu’elle. D’ailleurs, Ana en était déjà à son troisième.


Les deux femmes discutèrent de plusieurs anciennes connaissances d’Ana, dont elle souhaitait prendre des nouvelles, puis de l’actualité culturelle. Les sujets qui fâchent, comme l’appel de Winston, était soigneusement évité. Aucune des deux ne voulaient gâcher ces petits moments en évoquant leurs divergences d’opinions.


Aussi Fariha fût-elle surprise quand sa mère demanda :


- Ma fille, est-ce que ta présence ici a à voir avec un dénommé Johan Adam ?


Fariha ouvrit la bouche d’un air surpris.


- Je…


Puis elle la referma. Elle ne pouvait pas parler d’une information confidentielle à une civile non accréditée ! Bon sang, pourquoi sa mère la mettait-elle dans une situation pareille ?!


- Inutile de m’en dire plus, déclara Ana d’un air triste. Ton expression parle pour toi.


Elle soupira doucement.


- C’est ce que je craignais.


- Explique toi, exigea Fariha d’un ton ferme.


- Je suis venu ici pour lui aussi. Il possède des informations qu’il me faut récupérer.


Fariha grimaça. La possibilité de croiser sa mère dans une opération lui glaçait le sang. Car dans ce cas, son devoir serait de l'arrêter. Fariha ne savait pas si elle en serait capable ou non. Et quelle était la pire de ces deux options…


- Mais je vais repartir de suite, reprit Ana. J’ai promis que je ne te mettrais jamais face à une telle situation et je tiendrais parole, qu’importe ces données.


L’horreur disparut instantanément du visage de Fariha, remplacé par de la pitié.


- Maman, je…


Mince ! Que dire ? Elle avait toujours eu du mal à trouver les bons mots.


Ana lui prit gentiment la main.


- Tout pour ma petite Fariha, dit-elle d’une voix très tendre.


- Il y a un autre moyen, dit finalement Pharah.


Une expression de surprise apparut sur le visage d’Ana, suivit d’un air interrogateur.


- Je peux te faire rejoindre la mission comme auxiliaire locale. Et te donner les informations que tu cherches en guise de paiement.


- Le règlement d’Helix autorise ça ?


- Oui ! C’est très facile. Nos supérieurs sont toujours contents quand nous engageons des locaux.


Fariha devenait plus enthousiaste. L’idée semblait parfaite. Cela résoudrait le problème d’Ana et permettait à Pharah d’accomplir un vieux rêve : combattre au côté de sa mère.


- Je suppose que c’est parce que ça réduit les dépenses d’Helix, répondit Ana d’un ton légèrement triste. Pfff. De notre temps, nous ne mettions pas en danger la vie des autres pour des histoires de finances…


- Oh ce n’est pas importante maman ! Ça nous arrange toutes les deux, non ?!


- Mais...tu ne risques pas d’avoir des problèmes en t’associant avec moi ?


Sous-entendu : en t’associant à une criminelle recherchée en Égypte.


Ce n’était pas un petit problème. En tant que capitaine, Pharah était responsable de tout auxiliaire qu’elle engageait. Si l’un d’eux se révélait être un bandit, cela pouvait nuire gravement à sa carrière, voir entraîner son exclusion d’Helix dans les cas les plus extrêmes.


Mais Fariha s’en fichait. Depuis qu’elle était petite, elle voulait se battre à côté de sa mère. Pouvoir lui montrer qu’elle était la digne héritière des traditions familiales et faire sa fierté par ses prouesses. Elle en avait maintenant l’occasion.


- Ces renseignements que tu recherches, ce n’est rien d’illégale ou de secrets défenses ?


- Non. C’est une liste de nom et de registres de navigations.


- Et les autorités soudaines n’ont rien contre toi, n’est-ce pas ?


- Non mais…


Nouveau sous-entendu : mais d’autre oui. Le gouvernement d’Égypte pour commencer. Celui de Russie aussi, de mémoire. Peut-être d’autres.

Mais l’opération n’était pas en Égypte ou en Russie. C’était un argument que la hiérarchie d’Helix comprendrait et qui offrirait une certaine protection à Fariha.


- Je suis prête à prendre le risque, dit-t-elle.


Elle vit Ana froncer les sourcils. Oh oh. Ce n’était pas ce qu’il fallait dire. Sa mère avait horreur des risques. Sauf quand c’est elle qui les prenaient bien sur…


- D’autant que je suis sûr que rien ne m’arrivera, ajouta-t-elle précipitamment.


Sa mère l’observa d’un œil attentif pendant cinq bonnes secondes, ses doigts tapotant très doucement la table. Pharah avait de nouveau l’impression d’être une gamine de cinq ans qui tentait de cacher qu’elle avait cassé un vase à fleur.


- Tu es sur ? demanda Ana.


Elle tentait d’être poli. Mais Pharah sentait encore une pointe de méfiance.


Fariha se concentra pendant une demi-seconde, comme lorsqu’elle devait convaincre un supérieur de lancer une mission.


- Oui, dit-elle, mettant toute son assurance et sa sympathie dans sa voix.


- Très bien, dit Ana. Nous ferons comme ça.


- Super !


Fariha faisait un grand sourire.


- Ça va être génial maman. J’en suis sûr !

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