Une courte immortalité

Chapitre 5

Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/12/2011 05:31

Beseech – Lost : http://www.youtube.com/watch?v=dPCtVwgMP4E

 

Lorsqu'elle s'était retrouvée dans cette prison durant deux ans, Angelica avait comme perdu conscience. Elle ne savait jamais ce qui se passait, ce qui allait se produire, elle ne pensait même plus. En clair, elle était littéralement devenue une coquille vide. Les Espagnols la manipulaient, telle une poupée qu'elle était, bien que fragile pourtant.

Durant tout ce temps, elle était restée indifférente au monde extérieur qu'elle ne percevait plus. Elle comprenait ce qu'on lui disait, or il s'agissait en général d'ordres simples qui ne nécessitaient pas de réflexion particulière. Elle obéissait, soumise, comme si elle avait compris depuis le temps que cela ne servait à rien de se battre, puisqu'elle perdrait forcément. Pourquoi résister, si ce n'était que pour souffrir encore plus au final ?

Angelica aurait été incapable de dire combien de temps elle était restée dans ces sous-sols, ni à quoi ressemblait le soleil. En abandonnant toute conscience et trace d'humanité, elle en avait aussi perdu ses souvenirs. Elle réagissait à son prénom, or c'était tout. Elle ne savait pas d'où elle venait, qui elle était, comment elle en était arrivée là. Elle ne se posait de toute manière jamais de questions. Pour quoi faire ? Obtenir les réponses désirées ne l'aurait avancée à rien. Cela ne l'aurait jamais libérée de l'emprise de ces gens.

Livrée à elle-même, la jeune femme ne répondait alors plus qu'à ses instincts primaires. Elle était aussi devenue plus que craintive, voire paranoïaque à sa façon : là-bas, tous lui voulaient du mal, d'où sa déduction que chaque personne qu'elle croisait finirait par la blesser. Elle vivait constamment dans la peur et ne trouvait jamais le repos. Si la mort existait, elle ne voulait absolument pas d'elle.

Les seules fois où Angelica était sortie de sa cellule, c'était uniquement pour sentir une douleur atroce, et même voir du sang. Beaucoup de sang. C'était en général le sien, probablement. Chaque petit coup la faisait atrocement souffrir, même s'il ne s'agissait que d'une égratignure. Au début, cela l'avait véritablement surprise, cependant elle avait fini par s'y habituer, en quelque sorte. Elle avait fini par être terrifiée à l'idée de sortir de cette pièce où on la laissait dormir et un peu manger. C'était son seul refuge.

Elle s'était sûrement débattue au début, lorsqu'elle était arrivée. Ses souvenirs ne remontaient pas jusque là, c'était bien trop ancien. C'était à peine si elle se souvenait de la journée qui venait de se dérouler et qui n'avait de toute manière pas été bien différente des autres. Au moins, ne plus réfléchir avait limité la souffrance : elle ne rêvait pas du monde extérieur, ni ne regrettait ce qu'elle aurait pu faire pendant tout ce temps.

Ces journées rythmées avaient pourtant été bouleversées par Jack Sparrow lui-même. Les personnes qui l'emprisonnaient avaient souvent prononcé ce nom qui lui semblait vaguement familier et éveillait en elle un sentiment de haine ainsi qu'un autre qui lui était inconnu. Elle le haïssait plus que tout. Entendre ce nom lui donnait des envies de meurtre. Sans en prendre pleinement conscience, elle sentait que si elle le croisait un jour, elle le tuerait.

Lorsqu'on l'avait réveillée dans sa cellule, elle n'avait pas pu s'empêcher de hurler de toutes ses forces en voyant cet homme. Elle était totalement incapable de se battre contre lui. Alors qu'elle ne possédait plus aucun souvenir, elle avait reconnu le visage de cet homme qui avait couvert sa bouche de sa main afin d'étouffer ses cris. Il allait la tuer. Définitivement. Son instinct de survie avait pris le dessus et elle s'était débattue dans le but de s'enfuir. Sa vie ici n'était déjà pas agréable, mais s'il venait pour la torturer encore plus...

Angelica ne comptait pas se laisser faire. Néanmoins, à ce moment précis, elle ne pouvait que se débattre de manière désespérée en donnant des coups dans le vide. Elle était totalement impuissante face à cet homme qui avait pu aisément la dominer et lui faire perdre conscience. Elle avait souhaité le combattre, or elle en avait été incapable.

Alors qu'elle s'attendait à se réveiller sur son misérable matelas de chiffons dans cette cellule grise, elle avait senti une chaleur. Quelque chose de chaud l'illuminait et la réchauffait. C'était si agréable... Elle avait cru se trouver dans un bon rêve, pour une fois, dans un lieu où nul ne l'attendrait. Une douce brise caressait son visage creux et lui donnait comme un second souffle. Elle s'était sentie revivre.

Pourtant, un liquide tiède dont l'odeur lui semblait familière l'avait tirée de ses pensées. Au lieu d'un monde gris, elle avait vu un monde illuminé s'étendant autour d'elle. Elle se trouvait sur une sorte de plate-forme en bois, entourée d'eau qui s'étendait à l'infini. Le ciel était d'un bleu azur et aucun nuage ne le gâchait. Se trouvait-elle au Paradis ? Cet endroit était si agréable...

En levant les yeux, Angelica s'aperçut toutefois que ses espoirs étaient vains : Jack Sparrow se tenait devant elle. Elle n'était pas morte mais bien vivante. Pourquoi se trouvait-elle près de lui dans un tel endroit ? Sans prendre la peine de chercher une réponse, elle chercha à s'enfuir le plus loin possible : l'océan l'accueillerait sans aucun doute. Elle était prête à sauter pour lui échapper. Elle refusait de rester près de cet homme qui était la cause de tous ses malheurs et qu'elle haïssait plus que tout au monde.

Une fois de plus, ses vains efforts l'avaient forcée à se recroqueviller dans un coin, en s'attendant au pire. Cet endroit si agréable était gâché par la présence de cet homme. Était-ce lui qui l'avait emmenée ici ? Pourquoi ? Elle ne cherchait pas à savoir, elle en était incapable. Cet homme lui voulait du mal et c'était tout ce qui comptait. Elle avait peur de mourir, quand bien même sa vie n'avait rien d'enviable. Elle se raccrochait pourtant à ce qui prouvait son existence, de peur qu'elle disparût.

En entendant la voix de cet homme, Angelica s'était rendue compte d'une chose : les gens qui la maintenaient prisonnière lui parlaient dans un langage qui lui était familier et naturel, comme si elle l'avait parlé toute sa vie, alors que lui utilisait un dialecte familier mais pas naturel, comme si elle ne l'avait pas utilisé depuis toujours. Néanmoins, elle comprenait parfaitement ces deux langues, ce qui l'étonnait.

Même si elle les comprenait, elle était incapable de les parler. Elle avait essayé, or elle n'y était jamais parvenue. C'était comme si elle avait oublié comme faire. À part crier, elle était incapable de dire quoi que ce fût, elle devait utiliser ses mains pour s'exprimer ou bien se terrer dans son silence. Elle enviait ces deux hommes avec elle qui étaient capable de parler, comme si cela leur était totalement naturel et évident. Pourquoi n'en était-elle pas capable ?

Depuis deux mois qu'elle se trouvait en leur compagnie, Angelica avait comme commencé à retrouver conscience. Elle s'était remise à réfléchir. Ne pas recevoir de coups ni de blessures chaque jour l'avait presque perturbée, elle s'était demandée s'il n'attendait pas qu'elle baissât sa garde afin qu'il pût la faire encore plus souffrir. Or, en deux mois, il ne s'était absolument rien passé. Jack lui parlait, néanmoins elle ne le regardait pas et restait recroquevillée dans ces moments-là.

La jeune femme appréciait ce nouvel endroit où elle vivait. Lorsqu'il n'y avait pas de tempête, l'air était chaud et agréable. Elle aimait passer du temps sur le pont à laisser le soleil lui donner de la force. Si elle avait eu du mal à supporter sa lumière au départ, à présent elle s'y était totalement habituée. Sa peau blanche avait commencé à absorber des couleurs et lui donner un teint plus vivant. L'air marin lui manquait lorsqu'ils mettaient pied à terre afin de s'approvisionner en nourriture ainsi qu'en eau.

Angelica les accompagnait à chaque fois et restait près d'eux durant leurs commissions. Elle tenait la veste de monsieur Gibbs, comme une enfant, afin de ne pas les perdre de vue. Ces endroits l'intimidaient, il y avait beaucoup de personnes, surtout des pirates qui se battaient entre eux ou étaient totalement ivres. Notamment à Tortuga, port qui lui paraissait plutôt familier. Elle avait dû s'y rendre autrefois ; cela signifiait-il qu'elle était un pirate ?

À part lors des tempêtes, elle n'aidait pas sur le bateau et laissait les deux hommes s'en charger. Si elle se sentait en sécurité auprès de l'homme barbu et un peu alcoolique, elle se méfiait toujours de Jack qu'elle avait tenté d'assassiner une fois dans son sommeil. Elle était parvenue à subtiliser un couteau puis s'était infiltrée dans sa chambre en pleine nuit, alors qu'il était censé dormir. Au moment où elle abattit son arme, celui-ci attrapa son poignet et la fixa. Pourquoi ne dormait-il pas ?

Cet incident s'était produit au bout d'une semaine. À l'époque, elle n'était pas arrivée à une telle récupération de sa conscience. Elle était encore bien trop effrayée et répondait principalement de ses pulsions ou instincts. Elle ne s'était pas encore rendue compte que cet homme n'avait jamais levé la main sur elle et n'avait vraisemblablement pas l'intention de le faire. Cependant, il faut se méfier de l'eau qui dort. Une partie d'elle-même se tenait toujours prête à répondre en cas d'attaque.

Gibbs lui parlait aussi, et elle tentait de communiquer avec lui en utilisant ses mains, chose qu'elle ne faisait pas avec Jack qui lançait toujours des regards jaloux et de haine à son second, lequel les ignorait. Cet homme la mettait en confiance, il n'était jamais méchant avec elle, mais tentait à chaque fois de savoir si elle allait bien. Elle l'aimait bien, il était gentil. Lui au moins ne lèverait jamais la main sur elle, elle en était persuadée.

En se remettant à être consciente du monde extérieur, Angelica avait aussi récupéré des souvenirs, mais pas n'importe lesquels. Il ne s'agissait pas de souvenirs de son passé qui l'auraient probablement aidée à parler à nouveau. Elle se remémorait progressivement sa vie dans la prison, les traitements qu'on lui avait fait subir. Sa peur, sa douleur... Elle avait mis plusieurs mois pour devenir une coquille vide, comme elle le disait si bien. Au départ, elle était pleinement consciente de sa situation.

En retrouvant des souvenirs, Angelica avait cherché des traces de blessures sur son corps, or elle n'en avait trouvé que peu, comme si elle n'en avait eu qu'un petit peu, voire pas du tout. Pourtant, elle se souvenait très clairement de ces journées de douleur qu'elle visualisait parfaitement. Quelque chose en elle lui soufflait qu'elle n'était pas normale, mais différente des autres. Une faible voix lui indiquait que c'était la raison pour laquelle on en voulait à sa peau. Pourtant, elle se souvenait d'une autre raison qui expliquait pourquoi elle était encore en vie à ce moment précis.

En s'en rappelant, Angelica avait été terrorisée. Elle avait d'abord cru à un mauvais rêve. Pourtant, certains signes lui avaient confirmé la véracité de cette raison. Maintenant encore, elle appréhendait ce qu'elle savait allait arriver. Elle avait peur, et nul ne la sauverait cette fois. Même pas Jack. D'ailleurs, pourquoi lui viendrait-il en aide ? Il cherchait probablement un moyen pour se débarrasser d'elle, et il s'agissait là une occasion en or.

Cette pensée lui faisait mal au cœur, sans qu'elle sût pourquoi. L'idée que Jack ne s'en soucierait pas la blessait profondément, comme si elle espérait quelque chose de sa part. C'était stupide. Pourquoi regretterait-elle une telle chose, alors qu'elle le détestait de tout son être ? Elle était censée le haïr, pourtant elle s'était rendue compte peu de temps auparavant qu'elle n'y parvenait pas. Il lui arrivait de le fixer pendant de longues minutes, étudiant ses moindres faits et gestes, sa tenue, sa coiffure, son visage.

Dans ces moments-là, des sentiments inconnus l'envahissaient. Elle ne réussissait pas à déterminer de quoi il s'agissait. Elle connaissait cet homme avant d'être fait prisonnière, elle en était plus que certaine. Dans ce cas, qui était-il pour elle ? Pourquoi envahissait-il ses pensées dès qu'il se trouvait près d'elle ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à le sortir de sa tête ? Plus elle reprenait conscience, plus il s'infiltrait profondément dans son esprit. Pourquoi ?

Angelica ne savait pas quel rôle il avait joué dans sa vie, ni comment il l'avait retrouvée, ni pourquoi il l'avait sauvée ce jour-là. Si cela avait été son intention dès le départ, pourquoi ne l'avait-il pas libéré plus tôt ? Pourquoi l'avait-il laissée souffrir ? Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé, depuis quand elle avait été enfermée, néanmoins Gibbs lui avait dit qu'ils ne l'avaient pas vue depuis deux ans. Cela pourrait correspondre. Durant tout ce temps, il n'était pas venu une seule fois s'assurer qu'elle allait bien. Elle ne comptait sûrement pas beaucoup pour lui. Elle était vraisemblablement une distraction.

Elle lui était plutôt reconnaissante de l'avoir fait s'évader, toutefois elle lui en voulait de ne pas être arrivé plus tôt. S'il tenait à elle comme elle l'espérait dans son for interne, il serait venu bien avant. Or, il l'avait laissée croupir deux années entières dans cet endroit qui l'avait traumatisée, en compagnie de ces gens terrifiantes. Elle ne se souvenait peut-être de rien, néanmoins elle savait qu'il l'avait faite souffrir plus d'une fois dans le passé.

Souvent, notamment la nuit, Angelica revoyait des scènes quotidiennes qu'elle vivait là-bas. Après, elle ne parvenait jamais à se rendormir, et allait profiter de l'air frais de la nuit. Gibbs et Jack dormaient toujours la nuit, ils venaient rarement sur le pont durant ces moments-ci, aussi était-elle consciente qu'elle était tranquille pendant un moment. Elle s'asseyait à l'avant du bateau qui ne bougeait pas à cause de l'ancre, en profitant d'un petit vent frais qui emporterait sans doute ces images au loin.

Pourtant, cela n'arrivait jamais. Ces flashs persistaient dans son esprit et la forçaient à se renfermer un peu plus sur elle-même. Elle n'arriverait jamais à en parler à qui ce fût, elle ne trouverait jamais les mots pour expliquer ce qu'elle avait vécu. Elle souhaitait juste oublier, mais cela était trop demander. Dans ces instants de tristesse, elle regardait l'eau vineuse et avait envie d'y sombrer. Cependant, cette voix au fond d'elle-même persistait à lui rappeler qu'elle n'était normale et qu'elle ne mourrait pas aussi facilement.

Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-elle pas mourir ? Les blessures qu'on lui avait infligées durant ces deux années auraient dû la tuer. Elle se rappelait qu'ils faisaient des entailles partout sur son corps et regardaient le sang couler à l'infini, durant des heures, comme si elle ne pouvait s'en vider. Elle devrait contenir cinq litres de sang, or des dizaines s'écoulaient de ses veines, sans qu'elle pût comprendre pourquoi. Elle ne comprenait plus son corps. Avait-elle toujours été ainsi ? Dans ce cas, pourquoi était-elle surprise ? Cela devrait lui paraître évident.

Mise à part sa quantité illimitée de sang, Angelica en avait assez de sa sensibilité exacerbée quant aux blessures physiques. Pourquoi souffrait-elle tant pour une simple égratignure ? Lorsque Jack s'était rappé l'avant-bras, il avait légèrement grimacé de douleur, or c'était tout. Elle aurait hurlé sous l'effet de la souffrance engendrée. Pourtant, elle savait au fond d'elle-même qu'elle n'était pas faible. Dans ce cas, pourquoi réagissait-elle de la sorte ? Qui pouvait répondre à ses questions ?

Pourquoi n'était-elle pas normale ? Quelle était cette voix qui le lui soufflait ? Pourquoi celle-ci ne répondait-elle donc pas à ses interrogations ? Elle ne demandait rien à Jack, car une partie d'elle se méfiait toujours de lui. Toutefois, elle avait comme l'impression qu'il connaissait les secrets tournant autour d'elle, il n'avait pas paru surpris de voir son égratignure de l'autre jour disparaître entièrement en à peine une journée. Il lui cachait quelque chose.

Il faisait nuit, Angelica laissait le vent faire voler ses cheveux. La lune à moitié pleine était légèrement masquée par des nuages. Quelques étoiles tentaient de s'imposer sur cette large toile noire. L'océan sombre reflétait la lune ainsi que quelques étoiles, les plus brillantes. Cet univers était incroyablement calme, elle le préférait largement à la cellule d'où elle ne voyait jamais le ciel. Ici, elle se sentait libre, bien. Ainsi, c'était ce à quoi ressemblait le monde. Tout du moins, celui de Jack et Gibbs.

Angelica n'avait pas parlé depuis si longtemps qu'elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait articulé des mots. Lorsqu'elle était arrivée dans cette prison en Espagne, elle se rappelait qu'elle parlait, puis elle s'était progressivement tue. Pourquoi ne se souvenait-elle de rien sur sa vie, ni même de comment parler ? La nuit, dans ces moments de solitude après l'un de ces cauchemars du passé, elle s'exerçait à parler, pour ne produire que quelques sons.

Elle savait lire, écrire, alors pourquoi ne parvenait-elle pas à former des mots avec sa voix ? Pourquoi celle-ci la trahissait-elle ? Pourquoi ne s'en souvenait-elle pas ? Elle posa sa tête sur ses genoux repliés sur elle, en réfléchissant. Si elle retrouvait ses souvenirs perdus, arriverait-elle à parler ? Elle souhaitait juste y parvenir... Ses exercices nocturnes ne semblaient que porter peu de fruits. La jeune femme réussissait à prononcer les voyelles, mais c'était tout.

Alors qu'elle tentait à nouveau de formuler un mot avec ses cordes vocales, sa gorge l'irrita et elle se mit à tousser à plusieurs reprises. Ses poumons la brûlaient, la douleur était intenable. Au bout de plusieurs minutes, lorsqu'elle parvint enfin à se calmer, elle examina sa main. Cela s'était encore produit. Depuis quelques temps, cette « toux » était devenue plus récurrente et surtout insistante. Elle toussait de plus en plus longtemps et en recrachait des quantités plus importantes à chaque fois.

Angelica regarda autour d'elle, à la recherche de quelque chose où elle pourrait s'essuyer la main. Elle remarqua un seau avec une corde qu'ils utilisaient lorsqu'ils avaient besoin d'eau, et pas spécialement douce, et que l'eau de mer faisait l'affaire. Elle s'en saisit avec la main qu'elle n'avait pas utilisée pour se recouvrir la bouche, puis récupéra de l'eau. Ce n'était pas évident, avec une seule main. Elle plongea l'autre dans le liquide salé et frais, en le regardant se colorer d'une autre couleur.

Après avoir frotté quelques instants, Angelica examina sa main : le sang était parti. Durant ces deux années, elle avait résisté à toutes les maladies, or celle-ci ne la quittait pas et progressait plutôt rapidement. Elle tenait tout de même à ce qu'aucun des deux pirates ne le remarquât et avait toujours fait en sorte d'avoir un morceau de tissu où s'essuyer la main si elle venait à cracher du sang devant eux. Elle n'avait absolument pas besoin de leur pitié, ils ne pouvaient rien y faire de toute manière.

Un sentiment de peur ne la quittait tout de même pas. Elle savait ce que cela signifiait. Le moment était presque arrivé, et elle ne pouvait absolument rien y faire.

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