Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !

Chapitre 7 : Ultra-Problème !

2257 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/11/2018 18:11

À la nuit tombée, Alain et Dracaufeu prirent le chemin du retour jusqu'à leur chambre. Mais, alors qu'ils arpentaient le réseau de couloirs du troisième étage, l'attention du dresseur fut attirée par des éclats de voix provenant d'une des salles un peu plus loin. Il s'attarda un instant devant la pièce avant de jeter un bref coup d'œil à travers la porte entrouverte.

Vicky, Saubohne, Beladonis, ainsi qu'une jeune femme aux cheveux lavande, vêtue d'un blazer noir qu'il ne connaissait pas faisaient face à un immense écran où était projetée l'image d'une femme à la peau mate et à la chevelure ivoire. Le jeune homme fut surpris d'apercevoir son adversaire de tout à l'heure adossé au mur et sursauta lorsque celui-ci regarda dans sa direction. Il s'écarta immédiatement de la porte. Qu'est-ce qui lui avait pris !? Il se fichait bien de ce qu'ils avaient à raconter ; cela ne le concernait pas et nul doute qu'il aurait des ennuis si on le trouvait ici.

Le jeune homme s'apprêtait à repartir et faisait signe à Dracaufeu de le suivre, lorsqu'une exclamation plus forte que les autres parvint à ses oreilles.

- Quoi !? Vous voulez dire qu'on doit se préparer à une attaque massive !?

Une attaque massive ?!

Alain se stoppa à nouveau et fit rentrer le Pokémon feu dans sa Poké Ball. Il se colla contre le mur et attendit.

- C'est une éventualité comme une autre, répondit une voix digitalisée qu'il identifia comme celle de la femme sur l'écran.

- C'est affreux ! Si l'on prend en compte le fait qu'une Ultra-Chimère isolée ou un petit groupe d'individus occasionnent déjà des dégâts considérables, je n'ose même pas imaginer ce qui se passerait si l'on devait faire face à une telle invasion ! s'exclama Vicky.

- Du calme, les rassura la femme, pour le moment on ne peut être sûrs de rien. Il est vrai que nous avons enregistré des perturbations susceptibles de fragiliser la frontière entre l'Ultra-Dimension et notre monde, mais il tout aussi possible que ces micro-brèches se résorbent d'elles-mêmes et passent inaperçues...

- Si je peux me permettre, je vous trouve un brin optimiste, intervint Beladonis. On ne peut pas risquer la vie des citoyens en se basant sur de simples suppositions. Il faut au moins prendre des mesures préventives. Nous pourrions déployer plusieurs de nos agents à travers la région, du moins pendant un certain temps. Qu'en pensez-vous Cathy-chef ?

- Ça me paraît être une bonne idée, répondit celle qui devait être la cheffe de Beladonis. Je me rends de ce pas au quartier général pour faire part de la situation à mes supérieurs.

- Mais il est tard... vous ne préfèreriez pas attendre demain pour repartir ? suggéra Vicky. Nous avons des chambres libres et...

- C'est très gentil à vous, mais je préfère m'en aller maintenant. Je dois être là-bas au plus vite.

- D'accord, je comprends.

- Bien chef, je vous accompagne. Je dois seulement passer récupérer quelq...

- Non, je pense qu'il vaudrait mieux que tu restes ici, Agent Beladonis, rétorqua Cathy, comme ça, nous pourrons en tous temps avoir accès aux avancées de la Fondation Æther sur cette affaire. Enfin, si ça ne vous embête pas bien sûr, Gladio.

- Non, aucun problème, répondit la voix de son rival. Quant à moi, je me rendrai au C.R.I demain matin pour m'entretenir avec le professeur Pimprenelle.

Gladio... Il venait donc d'affronter le président de la fondation...

- Bien, alors je t'attends, répondit celle qui devait être Pimprenelle.

Voyant que la réunion touchait à sa fin, Alain partit avant de se faire remarquer.

Lorsqu'il parvint enfin à sa chambre, il déverrouilla la porte, entra et s'affala sur le lit. L'accident, l'invasion, les Ultra-Chimères... Il était bien trop fatigué pour y réfléchir.

Le jeune homme s'endormit aussitôt sans même s'être changé.

------------

Courir. Elle devait courir. Sinon, cette chose la rattraperait et elle la tuerait. Elle en était certaine. Se cacher ne servait à rien, elle la retrouverait, peu importe où elle était. Non courir, juste courir, continuer à avancer dans les ténèbres glaçantes. Elle heurta un mur, tomba, se releva, tâta la paroi à la recherche d'une ouverture. Il n'y avait rien. Un cul-de-sac. Elle était prise au piège. Un cri sinistre se répercuta sur les murs de la caverne et une froide lumière bleue perça l'obscurité. Non ! Elle l'avait retrouvée ! C'était fini. Une terreur sourde s'empara d'elle et elle se remit à chercher un passage avec l'énergie du désespoir. Elle tambourina sur la paroi à s'en écorcher les mains. Mais il était trop tard. La chose était là, juste derrière elle, elle le savait.

Il n'y avait plus rien à faire, alors dans un dernier geste désespéré elle hurla.

- Rima ri !

Manon se réveilla en sursaut et regarda frénétiquement autour d'elle, le cœur battant à tout rompre. Elle constata avec soulagement qu'elle se trouvait bel et bien dans sa chambre et non pas dans une grotte sinistre. Et pourtant, elle pouvait encore clairement ressentir la douleur de la chair à vif et les reliefs de la paroi humide et terreuse sous ses doigts... Jamais un rêve ne lui avait paru si... réel...

La jeune fille frissonna.

- Rima ?! s'enquit Marisson, debout sur son oreiller.

- Tout va bien, lui répondit-t-elle en s'efforçant de se calmer et d'afficher une mine souriante, j'ai seulement fait un cauchemar.

Elle lui caressa gentiment la tête et le Pokémon plante parut se détendre.

Un cauchemar... Rien de tout cela n'était réellement arrivé et il y avait fort à parier que comme avec n'importe quel autre rêve, elle en aurait oublié la majeure partie avant la fin de la journée.

- Allez ! s'exclama-t-elle avec enthousiasme pour se donner du baume au cœur, faisant du même coup sursauter Marisson qui manqua de tomber du lit.

Manon s'excusa en riant auprès de son partenaire et se leva.

Elle n'allait quand même pas laisser un détail aussi insignifiant lui gâcher ses vacances !

-----

Après avoir enfilé son fameux top turquoise et un short gris clair, Manon posa sur sa tête le chapeau de paille acheté la veille chez « Alola mode ». Fin prête, elle se tourna vers Marisson qui arborait fièrement sa paire de lunette flambant neuve.

- Marisson et Manon, forme d'Alola, parés ! s'écria la jeune fille en déverrouillant la porte.

- Rima ! fit le Pokémon plante sur le même ton.

Ils quittèrent leur chambre et se dirigèrent vers celle d'Alain. Vu l'heure, le dresseur devait être réveillé depuis longtemps. Son compagnon de voyage n'était pas un grand dormeur et avait pour habitude de se lever à l'aube, au grand dam de la jeune fille qui avait vu plus d'une fois ses perspectives de grasse matinée anéanties. En effet, il n'était pas rare qu'il la tire du lit sans ménagement au petit matin, sous prétexte qu'ils devaient atteindre telle ou telle ville avant midi, qu'ils devaient retrouver une connaissance du professeur à un endroit donné, ou encore qu'ils devaient rejoindre le centre Pokémon le plus proche pour remettre un Pokémon au professeur Platane dans les plus brefs délais, etc... etc...

Alain était doté de nombreuses qualités que Manon admirait, mais il lui arrivait quelques fois de souhaiter que son attitude perfectionniste et son sens du devoir soient à peine moins développés...

La jeune fille s'apprêtait à frapper à la porte, lorsqu'elle remarqua avec étonnement que celle-ci était entrouverte.

Tiens ? Alain était-il sorti en oubliant de fermer sa porte à clé ? Étrange... Il n'était vraiment pas du style à commettre ce genre d'étourderies... Peut-être qu'il n'était pas parti bien loin et qu'il ne mettrait pas longtemps à revenir ?

Par acquis de conscience, la rouquine décida de jeter un œil à l'intérieur. Elle ouvrit la porte et dut retenir une exclamation.

Alain était étendu sur son lit (qu'il n'avait même pas pris le temps de défaire), en habits de ville, un bras posé en travers du front. Légèrement inquiète, Manon avança jusqu'à lui et constata avec soulagement que sa poitrine se soulevait doucement.

Il dormait. Tout simplement.

Manon sourit et se mit à parcourir ses traits du regard. Le jeune homme s'était départi de sa mine sérieuse et affichait un visage serein. Elle aimait le voir ainsi apaisé, lui, qui malgré ses airs impassibles, se faisait continuellement du souci pour les autres, entrapercevoir ces facettes de lui qu'elle ne connaissait que trop peu... Attendrie, la jeune fille était sur le point de se retirer pour le laisser dormir lorsque ses yeux tombèrent sur le réveil posé sur la table de nuit. Dix heures et demie ! Il était déjà si tard !? Si ça continuait, ils auraient bientôt perdu la moitié d'une journée de vacances sans n'avoir encore rien fait du tout ! Manon hésita. Devait-elle le réveiller ? Après tout, il ne se serait pas privé de le faire lui...

Une idée commença à germer dans son esprit. Ne tenait-elle pas là l'occasion rêvée de lui rendre la pareille pour toutes les fois où il l'avait brusquement arrachée aux bras de Morphée ?

Un sourire narquois naquit sur les lèvres de la jeune dresseuse qui lança un regard entendu à son Pokémon.

Ce qu'elle s'apprêtait à faire n'avait rien de bien méchant, mais pour une fois que les rôles s'inversaient, elle n'allait certainement pas se priver...

La rouquine étouffa un rire, et se racla la gorge avant de se pencher sur le pauvre dresseur endormi et de s'écrier d'un air catastrophé :

- Alain ! Qu'est-ce que tu fais encore là!? Le professeur nous attend d'une minute à l'autre !

- Hum...? grommela le jeune homme en se tournant sur le côté.

- Alain ! insista Manon en le secouant.

- Quoi ? répondit-il d'une voix endormie.

- Le professeur nous a donné rendez-vous dans cinq minutes, tu as oublié !?

- Le professeur...

L'esprit embrumé, Alain prit quelques secondes à saisir la signification de ce mot.

- Professeur... répéta-il à voix basse. Que... quoi !? Comment ça le professeur !? s'exclama-t-il en se redressant précipitamment.

- Bonjour ! le salua Manon d'un air guilleret. Bien dormi ?

- Euh... hein ? Que...quoi...? fit le dresseur perdu.

Puis, les évènements de la veille lui revinrent en mémoire : il se trouvait à Alola, dans sa chambre, au Paradis Æther.

- Manon ? Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

La jeune fille éclata de rire et elle et Marisson se tapèrent dans les mains.

- Oh rien, répondit-elle en pouffant, mais désolée c'était trop tentant !

Alain laissa échapper un soupir suivi d'un bâillement.

- Et je peux savoir comment vous êtes entrés ?

- Par la porte, tu avais oublié de la fermer à clé.

- Hein ? fit le jeune homme en se tournant immédiatement vers l'entrée.

- Bon c'est pas tout ça, mais on a quand même un rendez-vous très important à ne pas manquer ! s'exclama Manon en s'étirant.

- Rendez-vous avec qui ? lui demanda Alain avec agacement.

- Nos vacances ! répondit Manon tout sourire, comme si ça allait de soi. Il est passé dix heures et demie et il nous reste pleins de trucs hyper supra méga trop bien à faire ! On pourrait aller à la plage, sur l'île d'Ula-Ula par exemple ! J'ai vu qu'on pouvait faire du surf ! Et pas n'importe quel genre de surf, mais du surf avec des Pokémon ! Tu te rends compte !? C'est géant ! Ou alors sinon je sais ! On pourrait partir totalement à l'opposé et aller voir la neige au mont « Nalakila » !

Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire à la mention du nouveau nom que la jeune fille venait d'attribuer à la montagne. À croire qu'il ne pouvait pas rester en colère contre elle bien longtemps...

- Ou alors encore mieux, on va d'abord à un et puis... !

Manon fut coupé dans son élan par un concert de gargouillements. La jeune fille sentit le rouge lui monter aux joues.

- Ou on pourrait peut-être commencer par prendre le petit déjeuner... ? proposa-t-elle timidement.

Le dresseur acquiesça, amusé.

- Content de voir que tu vas mieux en tout cas, déclara-t-il en souriant.

La rouquine eut un rire embarrassé.

- Donne-moi deux minutes et j'arrive, fit le jeune homme en se levant.

- D'accord, on t'attend dehors alors, répondit joyeusement Manon en se dirigeant vers la porte, et puis après tout, il ne te reste plus grand-chose à faire... ajouta-t-elle avec un rire contenu avant de quitter la pièce.

Alain renonça à tenter de comprendre le sens caché de cette dernière phrase. Il se dirigea vers la fenêtre et ouvrit les rideau... pour se retrouver nez à nez avec son reflet. Surpris, le dresseur s'éloigna de quelques pas et examina sa tenue de haut en bas. Il soupira et fut forcé de se rendre à l'évidence ; la porte n'avait pas été son seul oubli de la soirée... 


Laisser un commentaire ?