Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !

Chapitre 8 : Malié

2179 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/11/2018 18:12

Lorsqu’il eut terminé de se préparer, Alain s’empara de la Poké Ball de Dracaufeu, qu’il fourra dans sa sacoche, et rejoignit Manon et Marisson dans le couloir. 

Tandis qu’ils marchaient, la jeune fille exprima sa déception quant à la tenue de son acolyte, qui n’avait pas « joué le jeu » en laissant sa chemise de vacances au placard. Ce à quoi Alain répondit qu’il n’allait certainement pas s’habiller comme un clown durant une semaine entière. Ils empruntèrent l’ascenseur pour descendre au rez-de-chaussée et ne tardèrent pas à apercevoir Vicky devant la réception. Manon interrompit son monologue sur les « bienfaits de la détente en vacances », une thèse appuyée par de multiples exemples abracadabrants qu’Alain n’écouta qu’à moitié comme : « on est ce qu’on porte » ou encore « que la couleur noir absorbait l’énergie, contrairement aux couleurs vives, qui elles en redonnaient »… Les deux dresseurs marchèrent à sa rencontre et la sous-directrice ne tarda pas à les repérer. 

- Oh bonjour, fit-elle en avançant jusqu’à eux. Comment ça va ? s’empressa-t-elle de demander à Manon d’un air concerné.

- Ah… Euh… Oui, oui ! Tout va très bien ! répondit la jeune fille avec entrain. J’ai dormi comme un Ronflex ! 

- Tant mieux alors, fit Vicky en bâillant.

- Euh… Est-ce que tout va bien ? s’enquit Manon en remarquant les yeux cernés de fatigue de la jeune femme.

- Oui, pardon, dit-elle en retirant ses lunettes pour se frotter les yeux. J’ai travaillé tard hier soir. J’ai encore oublié l’heure… Enfin peu importe, je suis heureuse d’entendre que tout est de retour à la normale, reprit-elle en arborant un sourire qui ne parvenait pas à cacher son épuisement.

Manon acquiesça et sourit en retour. 

- Oh mais j’y pense, vous devez avoir faim, réalisa Vicky. Vous trouverez sûrement de quoi vous restaurer dans le réfectoire, dont des spécialités locales, déclara-elle avec un clin d’œil.

- Vraiment !? s’exclama la jeune fille.

- Ma ri !? renchérit Marisson. 

Manon et son Pokémon échangèrent un regard plein d’espoir.

- Ça veut dire qu’il y a des malasadas !? demanda la jeune dresseuse qui en avait déjà l’eau à la bouche.

- Ah… Je suis désolée mais non, s’excusa la sous-directrice. En fait quand je parlais de spécialités, je pensais plutôt à nos jus de baies cultivées ici, sur l’île…

- Oh…

- Rima…

Devant l’air déçu du Pokémon plante et de la jeune fille, Vicky s’empressa d’ajouter :

- Mais si vous en voulez, vous en trouverez très facilement dans plusieurs villes, comme à Malié par exemple. Une de nos équipes est sur le point de s’y rendre et je suis certaine que quelques passagers en plus ne leur poseront aucun problème. 

- Oh ! Pour de vrai ? demanda Manon en reprenant espoir.

- Oui, ils devraient quitter le port d’ici une dizaine de minutes.

- Génial ! s’écria la rouquine. On y va Alain ? fit-elle en se tournant vers son coéquipier. Alain… ? répéta-t-elle face à son manque de réaction. 

Le jeune homme interrompit le fil de ses pensées et hocha la tête.

- Comme tu veux.

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Comme Vicky le leur avait suggéré, les dresseurs de Kalos se joignirent à l’équipage de la navette. Durant la traversée, Manon tenta d’entamer la conversation avec Alain afin d’établir un programme, mais celui-ci se trouvait être encore moins loquace que d’habitude. Il semblait préoccupé et se contentait de lui répondre de manière laconique. Lorsque la jeune fille en eut assez de faire les questions et les réponses, elle se leva de son siège et soupira de manière appuyée pour lui faire comprendre sa frustration, ce qui n’eut pas le moindre effet sur le dresseur qui resta totalement impassible. 

- Allez viens Marisson, on sort, fit-elle en lançant un regard contrarié à son partenaire assis sur le siège d’à côté. Je suis sûre que même les Goélise auront plus de conversation… 

Le Pokémon plante jeta un regard interrogateur à Alain qui ne semblait toujours pas plus disposé à parler et lui emboîta le pas. 

Ils se rendirent sur le pont où plusieurs employés étaient occupés à faire l’inventaire du matériel. Manon s’appuya à la rambarde et soupira à nouveau, de dépit cette fois-ci. 

Pourquoi Alain agissait-il de cette manière ? Pourtant, il lui avait paru de plutôt bonne humeur tout à l’heure… Son attitude avait commencé à changer juste après leur rencontre avec Vicky. Qu’est-ce qui avait bien pu arriver pour le mettre dans cet état ? 

La jeune fille sentit quelque chose de doux lui tapoter la jambe. Surprise, elle regarda à ses pieds et aperçut Marisson qui lui tendait les bras. Le pauvre ! Il était bien trop petit pour voir par-dessus la barrière opaque. Elle le hissa sur la rambarde et le Pokémon hérisson soupira d’aise, rafraîchi par la brise marine. 

Manon laissa son regard errer à l’horizon. Son cœur se serra. Il y avait bien longtemps qu’Alain ne s’était plus montré aussi froid envers elle. La dernière fois qu’elle l’avait vu agir ainsi remontait à l’époque de leur rencontre, lorsqu’il travaillait encore sous les ordres de Lysandre. Au temps où il s’était efforcé de l’éloigner de lui pour la protéger… 

La jeune dresseuse saisit son Pokémon avec douceur et le serra contre elle.

 Alain recommençait-il à lui cacher des choses ? Si oui, elle devait en avoir le cœur net. Elle n’était plus une enfant, il n’avait pas à la tenir dans l’ignorance ! Elle pouvait faire face aux conséquences et surtout l’aider. 

- Rima ? l’interrogea Marisson en penchant la tête en arrière. 

Manon le reposa sur la barrière, lui caressa la tête et sourit d’un air décidé.  

Elle allait lui faire cracher le morceau d’une manière ou d’une autre ! 

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Le bateau s’approcha de l’île d’Ula-Ula et longea la côte rocailleuse jusqu’au port de Malié. Ils mirent pied à terre et les Kalosiens convinrent de retrouver les employés à l’embarcadère dans trois heures. 

Les dresseurs de Kalos marchèrent côte à côte en direction du centre ville, tout en maintenant une distance entre eux légèrement plus grande qu’à l’accoutumée. Les seuls mots qu’ils avaient échangés lors de la dernière demi-heure se résumaient à : « On va bientôt descendre. » et « D’accord ». L’atmosphère ne semblait pas près de se détendre et pour une fois, Manon ne chercha pas à combler le silence. Après tout, pourquoi s’entêter à toujours faire le premier pas si ça lui faisait plaisir de l’ignorer ? S’il ne parlait pas, alors elle ne parlerait pas non plus ! Mais ses résolutions s’écroulèrent moins d’une dizaine de minutes plus tard, lorsqu’ils pénétrèrent dans l’enceinte de la ville et qu’elle ne put s’empêcher de s’extasier à la vue des rues bordées de rangées de petites maisons traditionnelles de style oriental. 

- Incroyable ! on dirait qu’on vient de débarquer dans une nouvelle région ! 

- C’est parce que l’architecture de cette ville est fortement inspirée de celle de la région de Jotho, répliqua une voix dans son dos. 

- Vraiment ? demanda-t-elle en se tournant vers Alain en affichant l’espace d’un instant une expression très intéressée, puis elle se ravisa. 

Tiens ? Il s’était enfin décidé à renier son lien de parenté avec les Coquiperl ? Tant mieux, mais qu’il n’aille pas s’imaginer qu’elle lui pardonnerait aussi facilement. 

- Oh et puis peu importe, fit-elle d’un air boudeur en tournant les talons, les poings serrés, je parlais à Marisson de toute façon. 

Ils reprirent leur marche à travers la ville, tandis que Manon et Marisson prenaient volontairement un peu d’avance sur leur coéquipier pour pouvoir s’arrêter un instant devant tel bâtiment ou stand et l’examiner plus attentivement. Ils croisèrent ainsi deux ou trois établissements où il était possible de combattre tout en dégustant des plats au choix, un salon de coiffure, quelques magasins de vêtements ou échoppes diverses et traversèrent même un marché avant d’atteindre leur destination : le Malasa’délice. 

Manon poussa la porte du bâtiment à l’écriteau reconnaissable entre mille et commanda sans hésiter une Malasada Maxi. Alain lui, se contenta d’un beignet de taille standard dont il ne mangea que le quart et dont il laissa le reste à Dracaufeu, non mécontent d’obtenir une telle part mais néanmoins soucieux du manque d’appétit de son partenaire. 

Lorsqu’ils quittèrent le restaurant, Manon décida que c’était le bon moment pour lui demander ce qui n’allait pas. Après tout, avec le ventre plein il serait certainement plus disposé à lui répondre... bon disons plutôt un dixième de ventre plein, mais peut-être que cela ferait déjà une différence. 

- Dis Alain ? l’interrogea-t-elle d’une voix peu assurée. Je trouve que t’es vraiment silencieux par rapport à d’habitude… Enfin pas que tu sois la personne la plus bavarde que je connaisse mais là… Je… Ce que je veux dire c’est… Est-ce qu’il t’es arrivé quelque chose ? 

Le jeune homme secoua la tête.

- Non, rien de spécial. 

Il la dépassa d’un pas pressé et la jeune dresseuse courut le rejoindre.

- Tu es vraiment sûr ? insista-t-elle en tentant de maintenir la cadence. J’ai l’impression que quelque cloche depuis qu’on a quitté le Paradis Æther. Tout allait bien, on discutait, on plaisantait même, jusqu’à ce qu’on croise Vicky… Et là… 

Au fil des mois qu’elle avait passés en sa compagnie, Manon avait appris à déchiffrer les expressions sur le visage de marbre de son acolyte et crut reconnaître celle qu’il adoptait lorsqu’il était tendu ou légèrement mal à l’aise. 

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répliqua le dresseur, plus sèchement qu’il ne l’aurait souhaité. 

- Ah bon ? Moi je crois que si ! répondit la rouquine qui sentait son sang froid lui échapper. Pourquoi tu refuses de me faire confiance ? 

- Ce n’est pas… commença-t-il.

- Si ! Tu me traites encore comme une gamine ! Pourtant je pourrais… !

- Ce ne sont pas tes affaires, asséna-t-il d’un ton glacial. 

La jeune fille cessa de marcher. Elle resta un instant immobile et répéta à voix basse :

- Pas mes affaires…

Puis, elle courut à nouveau et se planta devant lui. 

- Vraiment ? Pas mes affaires !? s’écria-t-elle d’une voix tremblante. Comment je suis censée le prendre ?! La dernière fois que tu m’as sorti quelque chose comme ça, c’était quand tu travaillais encore pour…, elle déglutit, pour Lysandre…

- Ça n’a rien à voir, réfuta Alain, légèrement déstabilisé.

- Alors dis-moi ce que c’est !

Elle avait haussé la voix.

Autour d’eux, certains passants s’arrêtèrent brièvement pour les regarder avant de passer leur chemin. 

Le silence s’installa.

Marisson émit un gémissement inquiet tandis que son regard passait d’Alain à sa dresseuse.

- J’ai reçu une requête de la part du professeur, finit par lâcher le jeune homme, et je ne peux pas en parler pour le moment.

Il mentait. Il y avait autre chose. Sa colère se mua en tristesse.

- Pourquoi…. ? Tu recommences à tout vouloir régler par toi-même… souffla-t-elle. Et je déteste ça ! lâcha-t-elle avant de tourner les talons et de disparaître dans la foule.

Alain ne chercha pas à la rattraper. Il n’était vraiment pas fier de son mensonge et encore moins de s’être montré blessant, mais il ne voulait pas la mêler à tout ça. Elle avait clairement déjà eu sa dose d’ennuis avec le portail sans qu’il ait besoin de lui apprendre que la vantardise de Saubohne leur avait potentiellement causé de bien plus grands problèmes encore. 


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