Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !

Chapitre 9 : L'apparition

1821 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/11/2018 18:14

Quel imbécile ! Pourquoi se montrait-il toujours aussi borné !? 

Manon traversa l’allée d’une démarche rageuse et s’efforçait de refouler les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Elle n’avait strictement aucune idée vers quoi elle se dirigeait, et encore moins où elle se trouvait à l’heure actuelle, mais elle n’en avait pour ainsi dire, rien à faire. Tout ce dont elle avait besoin dans l’immédiat, c’était de continuer à poursuivre cette marche furieuse qui lui servait d’exutoire. 

- Ma… ! Ri ma… ! haleta une voix dans son dos. 

La jeune fille se stoppa un instant et regarda en arrière pour apercevoir Marisson, à bout de souffle qui tentait tant bien que mal de la rattraper. Elle lui laissa le temps de la rejoindre et repartit de plus belle en ralentissant un peu le rythme.

Ils parvinrent bientôt devant un grand portail en bois qui donnait sur un gigantesque parc. Intrigués, le Pokémon et la dresseuse passèrent la porte et empruntèrent un chemin pavé de dalles en pierre qui menait à un petit pont couleur or. Ils entreprirent de le traverser et s’arrêtèrent au milieu afin de contempler l’immense jardin dans son ensemble. La première chose qui les frappa fut évidemment la grande tour, dorée également, aux multiples toits, qui se dressait de l’autre côté du lac, légèrement sur leur gauche. Ils dépassèrent un petit restaurant, se dirigèrent vers l’imposant bâtiment et se mirent en quête d’une entrée, car Manon en était certaine, le dernier étage devait offrir une vue imprenable sur toute la ville. Mais ils eurent beau en faire le tour au moins trois fois, aucun accès n’était visible. 

La jeune fille aurait simplement été déçue en temps normal, mais là, cette nouvelle contrariété mettait ses nerfs à rude épreuve. 

 Y aurait-il enfin quelque chose qui marche dans cette maudite journée !? 

C’est ce moment que choisit une bourrasque de vent pour emporter son précieux chapeau de paille au loin. Manon étouffa un juron et s’élança à sa poursuite, avant de trébucher sur une racine et de s’étaler lamentablement sur le sol.

Apparemment non… 

Marisson accourut vers elle et l’aida à se relever. La jeune dresseuse épousseta ses vêtements et scruta les alentours à la recherche de son couvre-chef, qu’elle ne trouva nulle part. 

Et voilà, plus de chapeau non plus… 

Elle avait envie de pleurer. 

- Eh, petite ? l’interpela une voix à la fois grave et un peu rauque. 

Manon se tourna pour faire face à un homme entre deux âges, au visage émacié, vêtu d’un blouson noir qu’il portait par-dessus un t-shirt rouge, accompagné d’un drôle de Pokémon chat, au pelage gris et à la figure ronde.  

- C’est à toi ça, non ? fit l’homme d’un air ennuyé en lui tendant le chapeau de paille.

- Oui, il est à moi, répondit la rouquine en le récupérant. Euh…merci beaucoup !  

- Pas de quoi, se contenta-t-il de répondre. 

La jeune fille fut un instant captivée par l’éclat du cristal sombre qu’il portait autour du cou. Il lui rappelait un peu celui des Méga-Gemmes. S’agissait-il également d’un objet relié aux Pokémon ? Elle allait lui poser la question, mais il ne lui en laissa pas le temps et déclara : 

- Bon, fais plus attention la prochaine fois. Adieu.

Ils les dépassèrent et Manon regarda l’homme s’éloigner d’une démarche nonchalante, les mains dans les poches. 

La dresseuse remit son chapeau en place, et les deux amis poursuivirent leur exploration du parc en longeant la rive.

 Après avoir visité deux autres petits pavillons dorés et remporté un match contre un dresseur débutant et son Picassaut, ils décidèrent de prendre un peu de repos et s’assirent confortablement à l’ombre des arbres. De là où ils se trouvaient, ils avaient vue sur la quasi-totalité du lac et pouvaient deviner le haut de la grande tour à travers les feuillages. Plus loin, sur l’autre rive, des enfants de tous âges s’ébattaient dans l’eau en compagnie de leurs Pokémon, tandis que d’autres jouaient à la balle sur la terre ferme ou mangeaient une glace.

Manon ouvrit son sac à dos, en sortit sa bouteille et but une gorgée d’eau. Elle la passa ensuite à Marisson qui se désaltéra et poussa un soupir satisfait en se laissant retomber contre l’épais tronc d’arbre. La jeune fille et le Pokémon échangèrent un regard complice. C’était pour ces moments-là que les voyages valaient la peine d’être vécus ! Seule ombre au tableau : Alain n’était pas là…

Le cœur de Manon se serra. Peut-être qu’elle s’était emportée trop vite ? Après tout, s’il ne voulait pas tout lui dire, c’était son choix… et même si elle avait du mal à l’accepter, maintenant elle aurait voulu qu’il soit là, avec eux, à profiter du calme de la fin de matinée et de l’atmosphère insouciante qui régnait en ces lieux. Elle lui aurait bien présenté ses excuses sur le champ et demandé de les rejoindre, cependant elle n’avait strictement aucun moyen de le joindre et vu son sens de l’orientation, il était impossible qu’elle le retrouve dans une ville aussi grande. C’était fichu. À moins d’un miracle, elle ne le reverrait pas avant deux heures et demie au moins… 

Elle s’avachit à son tour contre l’arbre dans son dos, mais par dépit. 

- Rima ? l’interrogea son partenaire. 

- Rien, je me disais seulement que ce moment aurait pu être encore plus parfait si Alain avait été… 

- Maa… souffla le Pokémon plante en baissant la tête. 

Soudain, un cri résonna depuis l’autre côté du lac. 

Un petit garçon pointait le ciel en s’écriant :

- Là ! Regardez ! Il y a un trou ! 

Des dizaines de têtes se levèrent pour regarder dans la direction désignée et toutes revêtirent aussitôt une expression inquiète. La plupart des enfants encore dans l’eau s’empressèrent de rappeler leur Pokémon et de regagner la rive. 

Manon et Marisson se relevèrent et s’avancèrent jusqu’au bord de l’eau, juste à temps pour voir la brèche disparaître et céder la place à une silhouette irradiant une lumière blanche. Lorsque celle-ci s’estompa, la créature étrangère révéla sa véritable apparence : sa physionomie s’apparentait à celle d’un Tentacool. Elle possédait des sortes de tentacules immaculés à l’aspect flasque et l’étrange chapeau qui devait lui servir de tête avait l’éclat du verre. 

Pendant quelques secondes, le temps parut s’arrêter. La foule pétrifiée n’esquissa pas le moindre geste, trop abasourdie pour réagir. Puis, d’un seul coup, la créature s’anima. Elle se mit à briller à nouveau et lança une salve de projectiles incandescents sur le groupe d’humains au-dessous d’elle. Aussitôt, ce fut la panique. La foule se dispersa de manière chaotique pour tenter d’échapper à la colère de la bête. 

Manon reprit ses esprits. Ils devaient fuir eux aussi. Voyant que la chose ne les avait pas encore repérés, ils se mirent à courir en direction du pont. Mais arrivés au niveau du restaurant, la jeune fille sentit deux cordes s’enrouler autour de sa taille et ses pieds quittèrent brusquement le sol. Elle poussa un cri de surprise et se retrouva plaquée derrière le mur du bâtiment. Marisson la redéposa à terre et Manon lui lança un regard interrogateur.

- Pourquoi tu… ?! lui demanda-t-elle à voix basse.

- Maa, répondit le Pokémon en désignant d’un air grave l’extrémité du mur. 

La dresseuse observa les alentours, cachée derrière la paroi et étouffa un cri d’horreur. Le pont ! Il était en miettes, ravagé par une pluie de blocs de pierres. Il ne restait de lui guère plus que quelques planches dorées flottant à la surface de l’eau. Il fallait trouver une autre voie. La créature flottait au dessus de l’amas de roche et de bois brisé, et semblait à nouveau en proie à une torpeur momentanée. La jeune fille frissonna. Cette chose lui faisait froid dans le dos. À la regarder de plus près, elle avait la certitude inexplicable qu’il ne s’agissait pas d’un Pokémon mais de quelque chose de… différent. Ils devaient bien être dans les derniers à occuper le parc et même si la bête était immobile pour l’instant, seul Arceus sait quand il lui prendrait l’envie de bouger à nouveau. Et lorsque cela arriverait, nul doute qu’elle ne mettrait pas longtemps à les débusquer. Il ne leur restait plus qu’à faire demi-tour, tout en espérant pouvoir rejoindre le deuxième pont qui se trouvait de l’autre côté du parc avant que cela ne se produise. Manon jeta un regard entendu à Marisson, vérifia une dernière fois que la créature était toujours au même endroit et sentit la panique l’envahir. Elle avait disparu. La dresseuse parcourut frénétiquement l’endroit du regard à sa recherche, mais la chose s’était volatilisée. Elle se tourna vers son partenaire et s’apprêtait à lui apprendre la mauvaise nouvelle, lorsqu’un sifflement inquiétant retentit derrière eux. La jeune fille sentit son sang se glacer dans ses veines et s’écarta vivement du mur. Marisson se plaça instinctivement devant elle, prêt à la protéger. Elle était là. La bête leur faisait face. Elle flottait devant eux en effectuant des mouvements aussi gracieux que terrifiants. Manon sentit monter en elle un profond sentiment d’oppression et de malaise qui raviva la douleur dans ses poings. La chose ne s’était pas contentée de rester là sans rien faire, elle avait certainement dû trouver un moyen de les localiser. Elle s’était montrée bien trop naïve. Des bribes de paroles de leur conversation avec le professeur Platane lui revinrent en mémoire :

Des créatures venues d’ailleurs, pourvues d’attaques et dotées d’une relative conscience. Voilà ce qu’étaient les Ultra-Chimères.


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