Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !

Chapitre 18 : Vicky

1331 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/03/2019 18:23

Bip…bip…bip…

Un poste informatique, une table de manipulation rectangulaire aux coins tronqués, un immense trépied, des écrans, des colonnes électriques montantes… 

Vicky connaissait cet endroit. Il s’agissait du « Labo Secret B ». Quant à savoir comment elle y avait atterri, elle n’en avait strictement aucune idée et c’était bien ça, le pire. 

Elle venait de se réveiller au coin de la pièce, assise à même le sol et sa tête la lançait terriblement. 

La jeune femme en déduisit que c’était à peu près à ça que devait ressembler une gueule de bois et remercia mentalement sa mère et son éducation stricte pour lui avoir évité cette expérience auparavant.

Mais elle n’avait pas bu la moindre goutte d’alcool, ça elle en était à peu près sûre (et pourtant entre les problèmes d’Ultra-brèches et Saubohne qui était d’une humeur plus massacrante que jamais, elle aurait eu plus d’une raison de le faire...). 

Alors comment expliquer ce blackout des plus inquiétant ? 

La sous-directrice se releva en chancelant et dut faire face à une chute de tension. Elle resta appuyée contre le mur en attendant que les vertiges, les étoiles et les points noirs dansants devant ses yeux se dissipent et se traîna jusqu’à la chaise devant l’ordinateur. Elle la tira en arrière et s’y écroula avant de s’accouder au bureau et de prendre sa tête entre ses mains. 

Qu’est-ce qui s’était passé ? Comment avait-elle pu se retrouver au deuxième sous-sol sans en avoir conscience ? 

Vicky tenta de mettre de l’ordre dans ses souvenirs et remonta jusqu’à la nuit précédente. 

Elle avait travaillé tard et s’était entretenue avec Alain et son adorable compagne de voyage, Manon, au sujet des cauchemars de cette dernière… 

Avant de le rencontrer lui.

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 Elle regagnait sa chambre pour profiter enfin d’un repos bien mérité, lorsqu’un homme en blouse blanche l’intercepta dans le couloir. Elle ne tarda pas à reconnaître son étrange coupe de cheveux défiant les lois de la gravité et s’exclama surprise :

- Nikolaï ? C’est vous ? J’étais pourtant à peu près sûre que vous étiez parti il y a longtemps. 

- Eh bien, disons qu’il me restait quelques choses à faire et que je sors d’un entretien avec Saubohne… 

Il ne put s’empêcher de grimacer.

- Enfin, j’aurais préféré qu’il s’agisse d’une réelle discussion entre adultes plutôt que d’une longue dispute… 

- Il est vrai que parfois, il peut être un peu… difficile… lui répondit-elle avec un sourire navré. 

- Honnêtement, je me demande comment vous faites pour le supporter… lui avoua le scientifique. Et je ne suis certainement pas le seul… 

- Je suis bien la première à me le demander, rétorqua-t-elle avec un rire éloquent. Depuis qu’il a été rétrogradé, il est encore pire qu’avant…

- J’imagine… 

- Et donc, si je peux me permettre, à quel propos vous disputiez-vous ? 

Nikolaï soupira et jeta un œil à la tablette sous son bras. 

- Eh bien… J’ai enregistré de nouvelles perturbations autour de la brèche de l’Autel du Soleil… Il m’a traité de menteur et continue à nier la gravité des événements… à tout minimiser… tout en se cachant derrière des montagnes de circonstances atténuantes, ce qui est d’autant plus déplorable lorsque l’on sait que personne ne peut nier sa part de responsabilité dans cette affaire !

- Je suis en grande partie responsable moi aussi… 

L’homme en blouse blanche se tut et reprit aussitôt d’un air confus :

- Oh, je ne disais pas ça dans ce sens-là. Vous n’êtes pas à blâmer. Il était directeur de projet et aurait dû être certain que ce portail ne présentait pas le moindre danger, avant de le mettre en marche. De plus, vous, contrairement à lui, vous préférez agir et en assumer les conséquences plutôt que d’enfouir la tête dans le sable en attendant que d’autres ne prennent la responsabilité de vos actes.

- Merci, mais je peux vous promettre que la fondation Æther réglera ce problème, avec ou sans l’aide de Saubohne. 

Nikolaï hocha la tête et sourit.

- J’en suis certain. Bien, je vais vous laisser, dit-il en rehaussant ses lunettes. Je ne veux surtout pas empiéter sur vos heures de sommeil. Je vous souhaite une bonne nuit.

Il s’apprêtait à tourner les talons, lorsqu’elle l’interpella :

- Attendez ! Ces perturbations, vous pouvez me les montrer ? 

Le scientifique se stoppa et la regarda.

- Bien sûr, mais vu l’heure tardive, je n’osais pas vous ennuyer avec ça maintenant… Vous êtes certaine de ne pas vouloir attendre demain ?

- La situation évolue d’heure en heure et je ne sais même pas quand j’aurai l’occasion de vous revoir… Autant le faire maintenant, si ça ne vous dérange pas ? 

- Non, bien entendu. Cela dit, nous serions certainement plus à l’aise ailleurs pour en parler… 

Elle acquiesça.

- Suivez-moi. 

Elle le conduisit à la salle de conférence non-loin de là et ils prirent place côte à côte sur la rangée du devant.

Nikolaï pianota quelques instants sur la tablette informatique et la lui donna.

- Regardez bien, ici, dit-il en pointant une partie de l’écran.

Elle s’exécuta et ne comprit pas où il voulait en venir. Elle le lui demanda.

- …ssez…ler…do…et…ôle… 

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C’était précisément à partir de ce moment-là que tout s’embrouillait dans sa tête. 

Que s’était-il passé après ça ? Elle devait absolument retrouver Nikolaï et tirer tout ça au clair ! 

Mais pour le moment, elle ne s’en sentait pas la force… 

Vicky retira ses lunettes, se laissa aller contre le meuble du poste informatique et enfouit la tête dans ses bras. 

Si elle s’accordait encore quelques minutes de repos, le monde ne disparaîtrait pas pour autant, non ? Elle resterait assise au moins le temps que ses vertiges diminuent.

Bip… bip… bip… 

Jusqu’à maintenant, la jeune femme n’avait pas réellement prêté attention à ce bruit parasite, croyant qu’il s’agissait peut-être d’une hallucination. Cependant, les sons réguliers persistaient, tant et si bien qu’elle se força à se redresser pour en trouver l’origine. 

L’ordinateur devant elle était éteint et les écrans au mur également. 

Soudain, l’attention de la sous-directrice fut attirée par un étrange clignotement provenant du coin opposé. 

Rectification, la plupart des écrans étaient éteints, tous, sauf le plus petit qui passait du noir au blanc en continu. 

Vicky en oublia aussitôt son épuisement et se précipita vers le moniteur clignotant. Elle l’enclencha et entra son code d’accès. L’écran a peine déverrouillé, des dizaines de messages d’alerte lui sautèrent aux yeux. Elle parvint à s’en débarrasser et constata avec horreur l’étendue du problème : un afflux massif d’Ultra-particules semblait avoir affolé les capteurs placés autour des zones les plus à risque. 

Les paroles de Nikolaï s’imposèrent immédiatement à son esprit et elle tapa d’une main tremblante les coordonnées de l’Autel du Soleil. 

La sous-directrice se figea, muette d’effroi.

Ce n’était désormais plus une faille invisible à l’œil nu, mais bien une entaille béante qui déchirait le ciel de Poni. 


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