Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !

Chapitre 20 : L'épave

3923 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/03/2019 18:33

- Combien sont déjà passées !? Paulie ! Tu m’entends !? 

Une turbulence secoua l’hélicoptère et Gladio qui manqua de laisser échapper l’émetteur dans sa main dut se retenir à la paroi de l’appareil. 

- J’en sais bigrement rien ! Mais ce qui est sûr ma foué, c’est que y en a une craquée ! Et le pire c’est qu’il en arrive de plus en plus ! On n’en voit pas le bout ! grésilla la voix de la Doyenne à travers l’émetteur. 

- Tenez bon, on arrive. Nikolaï, du nouveau ? fit le président de la fondation en s’adressant au scientifique assis sur la banquette, muni de sa tablette informatique. 

- C’est très étrange… répondit celui-ci, sans lever les yeux de l’écran. Une faille d’une telle envergure n’est pas censée pouvoir exister naturellement et encore moins être maintenue ouverte aussi longtemps… C’est comme si d’une manière ou d’une autre, elle était alimentée en continu… 

- Heeeeiin !? Comment ça ? s’exclama Tili en se relevant d’un bond. Les Ultra-Chimères ont trouvé le moyen d’ouvrir des portes gigantesques à travers les dimensions pour nous envahir !? L’angoisse… hein, tu trouves pas ? dit-il en se tournant vers Alain, assis à sa gauche. 

- Je ne crois pas… rétorqua le jeune homme pensif. Il me semble qu’elles n’ont pas les capacités cognitives suffisantes… 

- C’est vrai, confirma Gladio. D’après nos observations, l’intelligence de certaines de ces créatures s’apparenterait davantage à un instinct de survie qu’à une véritable conscience… 

- Alors, ça veut dire qu’elles n’auraient aucuns scrupules à prendre la dernière malasada de la vitrine sans la partager avec qui que ce soit, tant que ça leur permet de subsister ?!

Le dresseur de Silvallié le regarda avec lassitude et s’apprêtait certainement à formuler une remarque cinglante, mais il se ravisa et secoua la tête.

- C’est de loin l’exemple le plus bancal que j’ai jamais entendu… mais avec beaucoup d’imagination, c’est à peu près ça… 

Les trois dresseurs furent interrompus par une nouvelle transmission :

- Hé ! Vous m’entendez ? Ici Danh ! Répondez, il y a urgence ! 

- Qu’est-ce qui se passe ? s’alarma Tili en arrachant spontanément le petit appareil de communication des mains de Gladio. 

- Hé ! protesta ce dernier indigné en tentant de le récupérer. 

Mais il suspendit bien vite son geste lorsque Danh poursuivit :

- Dans la faille, il y a quelque chose d’autre ! Quelque chose de plus grand ! … O… stingue… pas…le moment… le Village flottant… terminé… d’évacuer… ve…stance…

- Danh ! Le signal n’est pas bon ! Vous pouvez répéter ? Danh ! insista le président de la fondation. 

L’appareil crachota et grésilla encore quelques instants, avant de rompre la communication pour de bon. 

- Rah ! grogna l’adolescent. 

- C’est pas vrai ! Pourquoi ça a coupé comme ça, d’un seul coup ? demanda le dresseur d’Archéduc inquiet. 

- J’en sais rien… ! Whouoh !

De nouvelles turbulences, plus violentes cette fois-ci, secouèrent l’appareil qui pencha dangereusement sur la droite. 

- Qu’est-ce qui se passe ?! s’écria Alain en se relevant pour rejoindre la main courante près de la porte.

- Je ne sais pas… ! Les… les commandes ne répondent plus ! cria le pilote paniqué depuis le poste de pilotage. 

- Il nous faut nous éloigner immédiatement ! ordonna Nikolaï. Nous sommes trop près de la faille et le taux élevé d’Ultra-Particules doit brouiller nos capteurs ! 

- C’est bien ce que j’essaie de faire ! Mais quoi que je fasse, ça ne change rien ! J’ai complètement perdu le contrôle et on perd de l’altitude ! 

- Oh non, non, non ! Ça veut dire qu’on va s’écraser ?! s’exclama Tili catastrophé.

- À ce rythme, c’est plus que probable… ! 

 Non, il devait y avoir un moyen. 

Les yeux d’Alain se posèrent sur la poignée de la porte et il ne réfléchit pas plus longtemps. Il la saisit, tira et poussa de toutes ses forces pour faire coulisser le battant. Le jeune homme fut accueilli par un vent cinglant au-dehors et recula de quelques pas. Il n’était pas question de faire le grand plongeon…

- Alain ! Qu’est-ce que tu fais !? cria Nikolaï depuis l’autre côté de la cabine. 

- Si ce sont les particules qui créent des interférences, alors il suffit de s’en éloigner suffisamment, pas vrai ? 

- En théorie oui, mais… !

- Bien, le coupa le dresseur. Venez Dracaufeu, Métalosse ! 

Les Pokémon apparurent dans les airs et attendirent les ordres. 

- Éloignez l’hélicoptère de l’île. Ne vous arrêtez pas avant mon signal. 

Ses deux partenaires acquiescèrent d’un air entendu et vinrent se placer sous l’appareil. Les secousses cessèrent et ils se stabilisèrent. 

- Archéduc ! Bruyverne ! Allez leur donner un coup de main ! s’exclama Tili en envoyant ses propres Pokémon leur prêter main forte. 

L’hélicoptère, qui semblait avoir retrouvé un certain équilibre s’écarta de l’île de Poni, porté par le groupe de Pokémon, jusqu’à ce que les maisons colorées du Village Flottant ne leur apparaissent plus que comme quelques points de couleurs à l’horizon. 

- Ça y est ! s’écria le pilote. Les commandes répondent de nouveau ! 

Les deux dresseurs rappelèrent leurs partenaires après les avoir remerciés.

- Pfiou ! soupira Tili. On l’a échappé belle ! Quelle plaie cette faille… Elle est vraiment si grande que ça ? demanda-t-il en passant la tête à travers la porte pour tenter de l’apercevoir. Waouh… lâcha le jeune dresseur stupéfait. Elle est gigantesque… j’avais pas réalisé…On la voit même depuis là… ! C’est… ! 

Il n’eut pas le temps de terminer.

Un Zéroid surgi de nulle part apparut à moins d’un mètre de son visage dans un sifflement lugubre, le laissant tétanisé. 

- Attention ! cria Alain en le tirant en arrière juste à temps pour lui permettre d’éviter une attaque Acide. 

- Aaaaaaah…. ! 

À l’endroit où se trouvait Tili quelques secondes auparavant, il ne restait plus qu’un trou béant, à travers lequel il était possible d’apercevoir les couches de métal successives rongées par l’acide.

- D’…où… d’où elle sort ?! balbutia le garçon encore sous le choc en se retenant au bras d’Alain. 

- Aucune idée ! rétorqua le Kalosien en remarquant soudain que la bête était couverte d’éraflures. 

Pourtant, malgré son état, la créature ne semblait pas prête à capituler. Les deux dresseurs s’apprêtaient à envoyer les membres de leurs équipes respectives au combat, mais l’UC les prit de vitesse et fonça sur eux à une allure folle. 

- Quoi… ?! 

- Aurasphère ! s’écria une voix dans leur dos. 

Une boule d’énergie bleue jaillit du ventre la cabine et vint interrompre la course de l’Ultra-Chimère. Gravement touchée, la créature poussa un cri d’agonie avant de tomber comme une pierre en direction de l’océan. 

- Est-ce que ça va ?

Alain et Tili se retournèrent pour faire face à leur sauveur qui affichait un air alarmé. 

- Oui, grâce à toi on est entiers, le remercia le dresseur d’Archéduc. Et surtout grâce à toi, merci Lucario ! fit-il en serrant la patte du Pokémon combat-acier qui se retira avec une révérence. 

Tandis que Gladio rangeait la Poké Ball de Lucario dans sa sacoche, Tili reprit de plus belle :

- Eh ben… Heureusement que t’as réagi au quart de tour sinon on était cuits… Tu vois, j’étais sûr que ta sinistrose aiguë finirait par s’améliorer avec le temps ! s’exclama-t-il joyeusement. 

- Ne me fais pas changer d’avis, répondit l’adolescent du tac au tac en récupérant bien vite son masque d’indifférence. Je te signale que la porte est toujours ouverte… 

- On n’a pas le temps pour ça, les coupa Alain. Nikolaï, fit-il en se tournant vers le scientifique, est-ce que d’autres micro-brèches se trouvent à proximité ? 

- Je n’en détecte aucune, répondit le chercheur en secouant la tête. Cette UC Parasite devait probablement venir de la faille de l’Autel… Même si je conçois qu’il est plutôt étonnant qu’elle soit parvenue jusqu’ici vu son état… 

Il marqua une pause. 

- Nous n’avons probablement pas été ses premiers adversaires… 

Les trois dresseurs se turent, rattrapés par la gravité de la situation.

- Il faut qu’on aille rejoindre Danh et les autres immédiatement, déclara Gladio en tentant vainement de ranimer l’émetteur radio une dernière fois. 

- Si seulement on avait un moyen de savoir où ils sont exactement… regretta Tili en se laissant tomber sur la banquette, les bras croisés. 

- Je crois me souvenir que Danh avait mentionné le Village Flottant, affirma Nikolaï. Enfin, peut-être que je me trompe… Avec le brouillage il était compliqué de comprendre quoi que ce soit…

- Autant commencer par-là, déclara Alain d’un air décidé.

- Je suis désolé, mais on ne peut pas retourner là-bas, rétorqua le pilote catégorique. Et je ne pense pas avoir besoin de vous expliquer pourquoi…

- Alors on n’a qu’à partir depuis ici ! s’exclama Tili en se relevant. 

- Depuis ici ? répéta le président de la fondation Æther peu convaincu. 

- Oui, on pourrait s’y rendre à dos de Pokémon ! 

- C’est… 

- Quoi ? Ça m’arrive aussi de dire des trucs sérieux…fit remarquer le dresseur d’Archéduc, la mine boudeuse.

- … C’est une idée valable…fut bien obligé de reconnaître Gladio. 

- Tu vois ? Héhé ! s’exclama le garçon avec un sourire victorieux. Alors on y va ? demanda-t-il en se dirigeant vers la porte de l’appareil. 

- Je vous accompagne, déclara Nikolaï en glissant sa tablette dans la poche de son manteau. J’aimerais examiner la faille de plus près. 

Tili s’installa sur le dos d’Archéduc et autorisa Gladio à monter sur Bruyverne. Nikolaï, lui, fit appel à sa propre Poké Monture qui n’était autre qu’un Métalosse. 

Alain attendit que ses compagnons quittent l’hélicoptère et se retourna vers le pilote.

- Vous rentrez au Paradis Æther ? l’interrogea-t-il. 

- Eh bien, je ne pense pas pouvoir vous aider plus donc… Je pense que oui, répondit l’homme en relevant ses lunettes de soleil. 

- J’ai un service à vous demander, déclara le noiraud en fouillant dans sa poche. 

Il en sortit un bout de papier plié en quatre et le lui tendit. 

- Pourriez-vous donner ça à mon amie ? 

Le pilote le prit et le fourra dans sa propre poche. 

- La petite rouquine au chapeau de paille ? s’assura-t-il. 

- Oui, confirma Alain. 

- Je le ferai, acquiesça l’homme. 

- Merci, fit le dresseur reconnaissant, avant d’enfourcher Dracaufeu et de s’élancer à son tour hors de l’appareil. 

Le jeune homme et son Pokémon ne tardèrent pas à rattraper le reste du groupe volant en formation pour parer à toute nouvelle attaque éventuelle. Alain et Dracaufeu vinrent se placer légèrement en retrait de sorte à former un losange et à couvrir leurs arrières. Bientôt, les habitations en forme de Pokémon si particulières au Village Flottant réapparurent devant eux et Nikolaï en tête du quatuor leur intima de descendre en direction du premier ponton en vue d’un atterrissage. Le Métalosse de ce dernier effectua un piqué et les trois autres Pokémon suivirent le mouvement. Malgré la gravité des circonstances, Alain prit le temps de savourer la caresse de la brise marine dans ses cheveux, le parfum aux notes iodées qu’elle transportait et le goût du sel sur ses lèvres, conscient qu’il s’agissait peut-être là de ses derniers moments de répit, tandis que Dracaufeu naviguait au raz de l’eau à travers les embruns. Il aimait la mer. Faire corps avec elle, le temps d’une session de surf avait été l’une des plus belles expériences de sa vie jusqu’à maintenant. Juste un Pokémon, l’océan et lui… Comme cela pouvait sonner agréablement simple… 

Ils furent les derniers à atterrir. Dracaufeu mit pied à terre et rabattit ses larges ailes. Alain glissa le long du flanc du dragon et tous deux se hâtèrent de rejoindre leurs compagnons. 

- Bien, déclara Gladio, tâchons de trouver nos alliés. 

Les quatre dresseurs et leurs Pokémon avancèrent prudemment le long du pont principal et atteignirent la place centrale sans croiser âme qui vive. 

- Oh là là… ! frissonna Tili, de moins en moins rassuré. On dirait qu’on vient de tomber sur un village fantôme…

- Les habitants ont probablement dû évacuer la zone pour aller se mettre en sécurité… répondit le jeune homme aux cheveux blonds en continuant à scruter les alentours. 

- Ou peut-être qu’ils se sont cloitrés chez eux tout simplement, supposa Alain. 

- Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas encore exploré la totalité du village, fit remarquer Nikolaï. Il est tout aussi possible que les habitants se soient tous regroupés au même endroit. Nous devrions continuer. 

Ils se remirent en marche et contournèrent l’arbre central. Après avoir frappé à la porte de plusieurs habitations flottantes sans recevoir la moindre réponse, ils revinrent sur leurs pas.

- Il ne nous reste plus qu’à essayer le Centre Pokémon… 

- J’espère qu’on trouvera enfin du monde… soupira Tili morose en se laissant aller contre le tronc de l’arbre centenaire. Les coquilles vides, je commence à en avoir ma dose moi ! 

Dresseurs et Pokémon quittèrent la place et l’ombre du couvert pour accéder à la seconde partie du village. Mais alors qu’ils marchaient, un étrange bruit sourd et continu se fit soudain entendre. 

- Eh ! les interpela Tili. Vous entendez ça ? 

Le reste du groupe se stoppa et tous se tournèrent vers lui.

- De quoi tu parles ? l’interrogea Gladio en fronçant les sourcils. 

- De ce bruit bizarre qui fait « toc toc toc » !

Plus aucun d’eux ne pipa mot et ils ne tardèrent pas à percevoir les étranges sons creux. 

- Tout le monde, restez sur vos gardes ! ordonna Nikolaï. 

Ils resserrèrent les rangs et Alain entendit Dracaufeu émettre un grondement sourd à côté de lui. 

- D’où ça vient ? fit le président de la fondation aux aguets, la main sur sa Poké Ball. 

- J’ai trouvé ! s’exclama le plus jeune d’entre eux en se précipitant au bord de l’eau. 

- Hé ! s’écria l’adolescent. Qu’est-ce que tu fais ?! Rev… !

Tili ne lui prêta pas la moindre attention et tout à coup, il éclata de rire sans raison apparente.

À la fois intrigués et confus, ils le rejoignirent et découvrirent par eux-mêmes la source du bruit suspect. 

- Qu’est-ce que… ? s’interrogea Nikolaï, la mine troublée. 

- Je me demande vraiment qui peut être assez distrait au point de perdre sa lampe de chevet dans la mer ! s’écria le jeune dresseur qui s’esclaffa de plus belle.

Loin de partager son hilarité, Gladio se baissa et repêcha la lampe dont le pied en forme de Lampignon venait cogner contre le ponton. 

- C’est une lampe d’enfant… constata-t-il impassible.

Alain se sentit gagné par un mauvais pressentiment, qui s’amplifia encore davantage lorsque des débris de planches colorées, charriés par les vagues, passèrent devant eux. 

Tili cessa de rire et le noiraud partit devant, sans tenir compte des injonctions de ses camarades. Il continua à longer le pont, Dracaufeu sur les talons, et ne mit pas longtemps avant de faire une funeste découverte.

D’abord choqué, Alain fit un pas en arrière, ébahi par la vision apocalyptique qui s’offrait à lui. 

- Ohé ! s’exclama le dresseur d’Archéduc en accourant à leur rencontre. Tout va bien ? s’enquit-il. Tu as l’air pâle, on dirait presque que tu viens de voir un fantô… 

À la vue d’un tel spectacle, les mots moururent instantanément dans sa gorge.

- Que les Gardiens nous viennent en aide… souffla le garçon horrifié. 

Les derniers membres du groupe les rejoignirent et se stoppèrent bouche bée, tout aussi ébranlés qu’eux.  

Il est clair que la vue de l’épave de la péniche éventrée aux entrailles de bois et de poutres en métal tordues, presque scindée en deux, ravagée par la violence des impacts, échouée sur la rive, n’aurait laissé personne indifférent.

- V…vous croyez qu’ils ont pu… ? Les gens… à l’intérieur… ? bafouilla Tili effaré.

- Oui sûrement, répondit aussitôt fermement Gladio. 

- On devrait aller voir… au cas où ils… 

Les deux jeunes gens échangèrent un regard entendu et acquiescèrent. 

Le groupe d’humains et de Pokémon se dirigea prestement vers la terre ferme en remarquant au passage que le malheureux bateau n’avait pas été le seul à souffrir d’une probable attaque dévastatrice. 

Cette partie du village avait été littéralement saccagée. 

Des ponts réduits en miettes, ou du moins en partie, une plateforme en bois broyée par un rocher aux proportions démesurées, des palmiers abattus ou carbonisés… Même le Centre Pokémon n’en était pas ressorti indemne. Les vitres avaient été brisées et il manquait une bonne partie du toit, qui avait dû s’écrouler à l’intérieur du bâtiment, anéantissant du même coup leur espoir d’y trouver des rescapés. 

Ils atteignirent la côte où reposait la carcasse du navire et Tili se précipita vers celle-ci tout en criant : 

- Hé !!! Il y a quelqu’un !? Si vous m’entendez criez ou faites du bruit ! 

Le jeune dresseur reçut l’écho des vagues pour toute réponse.

- C’est pas vrai… ! pesta-t-il. Ne vous inquiétez pas, on va vous sortir de là ! s’écria-t-il en agrippant à deux mains une des planches encastrée dans l’amas de débris. 

- Attends, le rejoignit Nikolaï qui le retint par l’épaule. Ça ne sert à rien. Nous avons un moyen bien plus rapide d’être fixés. 

- Vous avez une sorte d’appareil de détection ? le pressa Tili d’un air implorant. 

Le scientifique secoua la tête avant de lui adresser un de ces demi-sourires dont il avait le secret. 

- Nous avons bien mieux que cela, rétorqua-t-il en remettant ses lunettes en place. Il est temps de laisser s’exprimer une fois de plus le prodigieux potentiel de nos amis Pokémon...

Le regard d’Alain se porta aussitôt sur la wyverne aux côtés de Gladio.

- Bruyverne, le Pokémon Ondes… déclara-t-il pour lui-même.

- C’est exact, acquiesça Nikolaï. 

- Mais oui ! Bien sûr ! s’écria le dresseur d’Archéduc en reprenant espoir. Bruyverne ! fit-il en se tournant vers le Pokémon chauve-souris, scanne l’épave à la recherche de survivants ! 

La wyverne s’élança dans les airs et s’exécuta. 

Le Pokémon passa le bateau au crible et finit par secouer la tête. Mais au dernier moment, alors qu’il s’apprêtait à redescendre, un élément parut retenir son attention. Il se dirigea vers la pointe du navire, atterrit avec grâce devant celle-ci et les pressa de venir le rejoindre. 

Archéduc, Métalosse, Dracaufeu et les quatre dresseurs accoururent vers le Pokémon chauve-souris qui avait déjà entrepris de dégager les planches et autres débris de l’avant de la coque, devenue inextricable tas de ferrailles et de bois. 

Ils vinrent lui prêter main forte et ôtèrent les décombres au fur et à mesure, jusqu’à ce que des sons de voix étouffés finissent par leur parvenir. 

- Ne vous en faites pas, on arrive ! cria Tili, les traits crispés par l’effort, en tirant de toutes ses forces sur un ancien morceau de poutre pour tenter de le désincarcérer, hélas sans grand succès.

 Le jeune adolescent s’arrêta brièvement, juste le temps d’essuyer les perles de sueur sur son front et reprit de plus belle. Alain et Gladio vinrent lui donner un coup de main et face à la persévérance des trois dresseurs le morceau de charpente finit par céder. Ils partirent déposer le pesant morceau de bois un peu plus loin sur la rive. Alain se baissa pour poser l’extrémité de la poutre à terre et laissa à ses deux compagnons le soin de terminer la manœuvre. 

- Si tu me lâches ça sur le pied, t’es un homme mort ! déclara Gladio à l’intention d’un Tili en équilibre précaire sur un monticule de terre. 

- Ne t’en fais pas, tes pieds n’ont rien à craindre. Quitte à choisir, je viserais plutôt la langue, rétorqua ce dernier en se fendant d’un sourire goguenard. 

- Tss… 

Une fois leur tâche terminée, les trois adolescents revinrent au bateau, où Nikolaï et les Pokémon avaient fini par mettre au jour une cavité dont l’entrée se situait à l’exact ancien emplacement de la poutre. 

- Aaaah…! À l’aide ! s’éleva une voix de jeune garçon de sous les décombres. 

- Tiens bon ! On va te sortir de là, le conforta Alain en continuant à agrandir l’ouverture. 

Bientôt, elle fut assez large pour permettre le passage d’une personne de basse stature. Recroquevillé dans la pénombre, près d’une étrange installation, un garçon rondouillard à la tignasse rousse, apparemment indemne, les fixait d’un air apeuré. 

- Elles… elles sont revenues… ? leur demanda-t-il tremblant, le teint fantomatique.


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