Mieux vaut être libre dans une petite maison qu'esclave dans une grande.

Aussitôt a-t-elle répondu que Largo se lève et se dirige aussitôt vers De Drago d’un pas suffisamment décidé pour que l’aristocrate perde son petit air suffisant. Intrigués, Jenny et Bastien l’observent faire, les sourcils froncés, au même titre que Sybille et tous trois espèrent que son plan n’est pas de coller son poing dans la figure du blond, bien qu’ils estiment tous que ce serait amplement mérité. Le Galeking, sentant lui aussi le danger, se campe sur ses imposantes jambes, prêt à défendre son dresseur, et il est aussitôt imité par les deux armoires à glace à côté de De Drago. Cependant Largo s’arrête à quelques pas du pokémon Armurfer et le jauge du regard, semblant évaluer son potentiel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est aussi immense qu’impressionnant, et également sans nul doute issu d’un élevage car il semble parfait, du moins en apparence. Difficile de savoir si ce Galeking combat souvent car son armure est lisse et lustrée et ne porte donc aucune trace d’affrontement. Cependant il semble très en forme physiquement et s’il est difficile d’apercevoir le jeu des muscles sous cette armure, Largo ne doute pas de leur subsistance et de leur bon développement. Le jeune homme se concentre ensuite sur ses yeux et ses cornes, et ile ne peut ignorer cette petite lueur sournoise et cruelle dans ces yeux bleus en partie dissimulés par son genre de casque. La corne principale, celle qui prolonge son casque, est longue et semble effilée, au même titre que les deux autres, plus petites, qui percent l’acier et pointent à quarante-cinq degrés vers l’avant d’une façon menaçante. Des armes redoutables auxquelles il faut faire attention pense-t-il.

-Laisser-moi passer, ou je m’occupe de votre Galeking et je vous garantis que ça se finira au Centre Pokémon, préviens néanmoins Largo d’une voix aussi forte et claire qu’assurée.

-Et bien j’aimerais bien voir ça, répond son dresseur en croisant les bras pour se redonner de la contenance. Largo contourne alors le Galeking qui s’apprête à l’interpeller mais De Drago lève le bras et le pokémon arrête aussitôt son geste. Le jeune homme peut enfin détailler les trois gaillards. Le blond au milieu est un jeune adulte de son âge un peu plus petit que lui et surtout très mince, aux yeux d’un bleu glacé et au teint pâle, le tout monté sur un visage à l’air hautain et supérieur qu’adorent afficher l’aristocratie. Ses cheveux d’un blond presque blanc et plaqués sur le côté lui donnent un air encore plus précieux. Pour Largo, il est pathétique. Mais ce n’est pas le cas des deux armoires à glace qui l’entourent. Celui à sa gauche est autant le plus grand que le plus gros. Mais Largo est prêt à parier que sous ce tour de taille très conséquent et ses joues rebondies se cache une forte musculature. Sinon il a du mal à comprendre ce qu’un gros lard comme lui ferait auprès d’un type comme De Drago, surtout étant donné le poste qu’il occupe. Le second est plus petit et plus mince et surtout son imposante et musculeuse stature ne fait aucun doute et il reste tout de même plus grand et large que Largo. Les deux hommes sont coiffés et habillés de la même façon, à savoir crâne rasé et tout de noir vêtu avec un pull au-dessus d’une chemise cravate.

-Faisons ça alors, mais sous certaines conditions, accepte le jeune dresseur en prenant l’aristocrate au dépourvu.

-Des conditions ? Répète-t-il, d’une part méfiant mais aussi visiblement amusé.

-Un combat à un contre un sans possibilité de substitution, le combat se terminera que si l’un des deux pokémons ne sera plus capable de se battre ou par abandon, énumère Largo. De Drago hoche la tête visiblement d’accord.

-Autre chose ?

-Oui. Je ne veux ni argent ni objet de valeur en cas de victoire, prévient le dresseur. De Drago fronce les sourcils en souriant, incrédule, mais il a beau chercher et réfléchir, il ne voit pas ce que pourrait vouloir ce dresseur.

-Vous voulez quoi ? Des réductions dans les magasins de mon père ? Finit-il par supposer presque au hasard et d’une façon tellement fière et arrogante que Largo n’a qu’une envie, c’est d’effacer ce petit sourire narquois à l’aide d’une bonne droite en plein visage. Cependant il déploie un immense effort pour se contrôler et c’est donc en arborant un air stoïque et assuré, qu’il avance d’un petit pas vers De Drago pénétrant ainsi dans son cercle privé et frôlant le cercle intime. Une réaction qui semble vraiment prendre de cours l’aristocrate car il esquisse un pas en arrière avant de se raviser, bien décidé à ne pas perdre la face devant un simple petit dresseur pokémon, il en irait de son honneur sinon. D’autant plus que ces deux colosses sont là et se tiennent prêts à bondir au moindre geste suspect.

-Je veux neuf mois de répit pour Sybille, lance Largo, ce qui surprend une nouvelle fois De Drago. Mais ce dernier se reprend une nouvelle fois assez vite et arbore un air plus sérieux et surtout irrité. Il esquisse à son tour un pas en avant et se retrouve qu’une quelques centimètres du visage de Largo qui ne bronche pas.

-Je ne sais pas pour qui te prends, mais cette histoire ne te regarde en aucun cas, tu n’en as ni la qualité, ni la condition, prévient-il froidement en le tutoyant naturellement.

-Je suis un dresseur de pokémon, et je viens d’assister à un massacre durant lequel ton Galeking dopé aux stéroïdes a bien failli tuer un Bulbizarre juvénile, alors si, ça me regarde, et pas qu’un peu, rétorque Largo. Le visage de De Drago se fend d’un sourire à la foi amusé et supérieur.

-Pour commencer, tu ne me tutoies pas, et ensuite, tu crois ça ? Et tu vas faire quoi ? Demande-t-il d’un air de défi qui n’impressionne nullement le jeune homme. Largo ne répond pas et se retourne pour voir Sybille toujours au-dessus de son Bulbizarre, mais cette fois l’infirmière Joëlle et son staff sont également avec elle. Elle se retourne alors également et fixe Largo d’un regard à la fois perdu et plein d’espoir.

-Je sais que je ne peux pas empêcher ce mariage arrangé même si l’envie ne me manque pas. Par contre je peux t’affronter lors d’un combat pokémon pour obtenir à Sybille une revanche qui se déroulera lors de la Ligue d’Hoenn, dans environ neuf mois, répond le dresseur. De Drago arque les sourcils de surprise, avant d’éclater de rire, accompagné de ses deux colosses.

-Et qu’est-ce qui te fait croire que je vais accepter ça ? Demande-t-il après s’être calmé.

-Disons que ce n’est pas très digne ou distingué de la part d’un aristocrate de se battre de la sorte, d’autant plus devant tant de témoins. Cela pourrait remettre ton sens de l’honneur en doute d’agir de la sorte, non ? Répond calmement Largo. De Drago arbore maintenant un air dur, tout comme ses gardes du corps.

-Je suis le Duc de Frimapic, et mon père est l’Archi-Duc d’Unionpolis, tu me dois le respect ! Et si c’est une menace…

-C’est une menace,le coupe Largo avec hardiesse ce qui attise la colère de l’aristocrate.

-Et je te propose un nouvel accord, reprend Largo.

-Si je te bats, tu laisses au pire environ neuf mois de répit à Sybille soit jusqu’à la Ligue d’Hoenn de l’année prochaine. Il fait une pause, laissant le suspense faire son œuvre et surtout le temps à De Drago d’assimiler l’information.

-Mais si tu me bats, tu auras mon respect inconditionnel et je t’appel Duc Drago avec le vouvoiement en prime, énonce-t-il. Le visage de De Drago se fend d’un sourire narquois.

-Si je te bats, ce qui est fort probable, tu seras à ma botte ? Récapitule-t-il.

-C’est ça, affirme Largo même si ce n’est pas exactement ce qu’il a dit.

-Dans ces conditions, j’accepte, répond De Drago visiblement sûr de lui.