Les Train Twins

Chapitre 25 : Les ombres de la Forêt de Jade

10346 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/12/2021 23:25

Chapitre 25

Les ombres de la Forêt de Jade

 

Jessy était avachie sur une table de pique-nique installée à la frontière entre le terrain du laboratoire et celui la propriété de Al et Jacky. Quelques pokémon vol matinaux furetaient autour des lieux espérant récupérer les miettes de l’apéro de la veille, le couple Léon avait profité d’une soirée de douceur rappelant un été indien pour grignoter dans le crépuscule avec leur petit fils et Fry, monopolisé par Robin aussitôt revenu de l’arène d’Azuria. Un poichigeon se posa sur les planches de bois en apercevant un morceau jaunâtre à l’aspect fort engageant, mais la présence de Jessy le troublait. C’était un pokémon sauvage, pas un pensionnaire du laboratoire et il ne reconnaissait pas l’humaine. La rouquine le regarda d’un œil morne en soupirant. Ce simple souffle l’affola, il ne savait plus s’il devait s’envoler, attaquer ou simplement sauter sur ses petites pattes de colombiforme, mais il était surtout obnubilé par le reste de biscuit qu’il avait oublié de picorer dans sa panique.

« Poi rou-rou !

- C’est bon, j’vais pas le piquer ton curly… »

Le pokémon s’envola vite fait avec son larcin savoureux dans le bec et Jessy ajouta dans un grognement :

« Abruti de poichigeon…

- T’as encore l’air de bonne humeur ce matin, lança Fry beaucoup plus guilleret dans son dos.

- Franchement, ça me gave cette histoire avec l’arène d’Azuria…

- Vois le bon côté de la chose : on va pouvoir rejouer de la musique sans que ta mère vienne nous dire que ça craint et sur des instruments corrects.

- Ouais, super, et on va devoir se coltiner les deux poufiasses d’Hoenn, youpi… Ironisa Jessy.

- Kelly n'a pas l'air si désagréable que ça et tu as bien réussi à travailler avec Azura.

- Azura est sympa ! Pas les jumelles Seko ! »

Fry poussa un petit soupir et après un bref silence il reprit :

« Ça te dit de venir avec moi dans la forêt de Jade ?

- Qu’est-ce que tu veux aller foutre dans la forêt de Jade ?

- Une simple randonnée, c’est un rêve de gosse : emprunter la route mythique des jeunes dresseurs qui partent du Bourg Palette. Je voudrais aller à pieds jusqu'à l'arène d'Argenta.

- C’est qu’une forêt pleine de chenipans moisis tu sais ? Dit Jessy avec un haussement de sourcil sceptique.

- J’insiste quand même pour le faire, et je veux que tu m’accompagnes. J’ai pas envie que tu tues quelqu’un en mon absence. »

Jessy ne répondit pas, elle le fixait de ses yeux bleus et pénétrants, il soutint son regard avec un sourire craquant et malin, un sourire à la Reese Morgan.

« Je commence à te cerner : il faut que ça bouge et là t’es comme une némélios en cage prête à cracher ton lance-flamme sur le premier venu. Enfin tu fais comme tu veux… »

Il s’éloigna d’elle et Jessy réfléchit quelques instants avant de se lever d’un bond.

« Eh Fry ! »

Elle courut jusqu’à lui et lui donna une claque entre les omoplates.

« Je vais chercher du matériel de camping. »

Le jeune homme agrandit son sourire en la regardant filer vers la maison d'Al et Jacky.

 

Fry et les jumelles avaient perdu leurs sacs de couchages, leurs matelas gonflables et tout le reste dans l'accident de Verchamps, Jessy emprunta donc les vieilles affaires de son oncle Félix et de sa tante Aline stockés chez ses grands-parents. Alors qu'elle revenait vers le labo, elle vit Robin cramponné au bras de Fry comme un capumain sur un arbre à baies.

« Aller ! Steu'plaît…

- Demande-lui toi-même Robin !

- Demander quoi à qui ? » Lâcha sèchement Jessy.

Elle avait deviné qu'ils parlaient d'elle, il suffisait de voir la mine suppliante et renfrognée de Robin pour s’en douter. Il jouait le même cirque à Seb quand il fallait demander un truc à sa mère… Le gamin se figea et déglutit avec difficulté en croisant le regard électrique de Jessy. Il rassembla malgré tout son courage et lui dit avec aplomb :

« Je peux t'emprunter ta guitare pour montrer à Papascal et Mamie Ingrid ce que je sais faire ? Dis oui steu'plaît ! Dis oui !

- Ouais ouais... Grommela Jessy après un instant d'hésitation. Mais si tu me la rends avec la moindre éraflure, c'est ton visage que je lacère à la sauce combo-griffes !

- Super !!! Merci Jess ! » S'exclama Robin, euphorique.

Lucario regarda le petit garçon traverser le jardin en courant comme un frison fou. En voyant Robin et son père s'afférer depuis l'aube, il avait compris qu'ils s'apprêtaient à partir pour plusieurs jours au moins. Le pokémon se sentait contrarié, Robin était le seul humain qu'il appréciait un peu et il supposait que Seb allait emmener ses mélodelfes et sa leuphorie avec lui. Lucario serait privé de tous ses soutiens.

« Je vais prendre galopa et dracaufeu, comme ça quand t'auras vu à quel point la forêt de Jade est naze, on pourra aller ailleurs sans trop perdre de temps, dit Jessy à l'adresse de Fry, tout en chargeant son équidé de feu avec les duvets et son petit attirail de camping.

- Je me délecte de ton optimisme Jess... Tu prends Lucario aussi ?

- Ah merde, j'allais l'oublier celui-là... » Marmonna Jessy en se retournant vers la bête féroce en train de ruminer sur le départ de Robin.

La rouquine s'approcha de Lucario. Lorsqu'il la vit approcher, sans guitare en plus, il lui grogna dessus.

« Roh ça va toi hein ! » Râla sa dresseuse en l’expédiant sans plus de ménagement dans son hyperball. Elle n'avait pas envie de l'emmener avec elle, il ne lui était d'aucune utilité vu qu’il refusait de lui obéir. Cependant, elle ne pouvait pas le laisser en liberté au laboratoire sans ses pokémon ni ceux de Sébastien pour le surveiller. Il restait toujours Spyke et les pokémon de Jenny, mais ce n'était pas suffisant. Elle s'apprêtait à verrouiller l'hyperball pour la déposer dans sa chambre, après tout il pouvait bien passer deux ou trois jours sans manger ni sortir, mais une idée lui traversa l'esprit lorsqu'elle croisa Robin avec sa guitare accrochée dans le dos.

« Eh Robin ! »

Le gamin se retourna, surpris d’entendre sa sœur prononcer son nom, c’était un fait rarissime. Elle lui lança l'hyperball de lucario, il l’attrapa au vol de justesse avec une certaine adresse.

« Puisque tu t’entends si bien avec, garde le. T’en as la responsabilité. Tu te sens capable d’assurer microbe ?

- Ah ! Oui ! Affirma Robin plein d’assurance en comprenant quel pokémon était dans l'hyperball.

- Et tu penses bien à verrouiller la ball entre deux d’accord ? Il reste dangereux.

- Oui Jessy ! »

Seb avait assisté à la scène depuis la porte du labo, une valise dans chaque main. Il fit la grimace en prononçant un « Euh... » perturbé et ahuri. Florine derrière lui l'interrogea, elle n'aimait pas le voir avec cet air si bêta. Elle sortit en trombes du laboratoire immédiatement après avoir entendu l'explication de son mari. Hors d'elle, elle se mit à hurler sur Jessy.

« Tu es devenue folle ?!? Tu as confié ce monstre sanguinaire à un enfant de huit ans ?!?

- Arrête de gueuler ! C’est pas un monstre sanguinaire, c’est juste une saleté de pokémon borné. Il ne fera rien à Robin, c’est le seul être humain qu’il n’a pas essayé de zigouiller. Et de toute façon Mélo est là pour veiller sur lui non ?

- Tu vas reprendre ton pokémon immédiatement ! Vociféra Florine.

- Non maman ! Je peux le gérer ! Protesta Robin avec véhémence.

- Ce n’est pas à toi de décider Robin ! Ni à Jessica d’ailleurs ! Tu reprends ton pokémon !

- Moi je m’en lave les mains ! Brailla Jessy. Toi t’as qu’à lui reprendre si ça te fait flipper. »

Aussitôt, Robin fila se cacher dans la maison avec l’hyperball entre les mains. Florine leva les bras au ciel en les maudissant tous les deux, elle avait beaucoup de travail et mieux à faire que de gérer ses enfants désobéissants.

« Bon, ça c'est réglé... » Déclara Jessy une fois que sa mère, dégageant une aura digne de Giratina, eut disparu par la porte de l’éolienne. Fry ne fit aucun commentaire et se contenta de rire silencieusement, avec un air un peu crispé malgré tout, dans le fond il partageait l'inquiétude de Florine.

Fry avait prévenu Jenny de son départ, la dresseuse en blouse blanche constata en jetant un coup d'œil par la fenêtre qu'il avait réussi à convaincre Jessy de venir avec lui, ça ne la surprenait pas. N'importe quel prétexte était bon pour s'éloigner du Bourg Palette et Fry était la seule personne extérieure à la famille dans les environs. Jessy avait beau être une solitaire, elle avait parfois besoin de compagnie et il était le seul à ne pas l'étouffer en dehors de Jane, malheureusement, elle, n'était absolument pas disponible pour sa sœur. La tête ailleurs, Jenny les regarda s'en aller par le côté en pente douce derrière la maison de leurs grands-parents.

 

Fry et Jessy prirent la route à dos de Galopa au petit trot. Fry rêvait d'une balade bucolique, mais aux yeux de Jessy, ça ne justifiait pas de marcher six heures inutilement sur la route de Jadielle. Galop leur fit gagner plus de quatre heures et Fry trouva son contentement en admirant le paysage, perché sur une fière monture aux côtés d’une jolie fille, la balade était moins mouvementée que sur le dos d’arcanin. Il trouvait juste dommage que Jessy ne soit pas dans un de ses bons jours, il devait trouver un moyen d’améliorer son humeur, sinon sa randonnée serait pénible.

Ils arrivèrent dans la bourgade verte de jade avant l'heure du déjeuner.

« Tu veux passer à l’arène pour affronter Régis ? » Demanda Fry à Jessy alors qu'ils traversaient la campagne parsemée de fermes au sud de Jadielle.

« Il a réclamé après toi la dernière fois.

- Non, soupira Jessy. Aujourd’hui l’arène est fermée, il doit être sur son chantier de fouilles au Mont Sélénite… »

Alors que les deux ados et leur monture passaient lentement devant une pâture pleine de wattouats, de caninos, de bulbizarres et de carapuces, une voix féminine très joviale les interpella.

« Oh mais c’est l’une des jumelles ! You-ouh ! »

Fry fut le premier à détourner le regard vers la barrière de la ferme. Il vit une femme brune aux cheveux longs, plutôt grande et très ronde, leur faire de grands signes des bras. Elle était vêtue d’un vieux jean usé et d’un pull bleu marine, le tout couvert d’un tablier salit par la terre. Derrière la clôture en bois, il y avait également un voltali assis en position de caninos de berger en train d'observer ses ouailles, ainsi qu'un maraiste et un aligatueur avec une longue cicatrice brunâtre sur l'une de ses pattes antérieures en train de se prélasser au bord d'une mare.

« Eh oh ! Ji-ji !

- Euh… Jessy, je crois que cette femme nous appelle... »

Jessy détourna le regard avec morosité, elle savait où elle se trouvait. Sans grande conviction, elle stoppa son galopa et leva le bras pour saluer l'éleveuse. Un sourire immense illumina le visage de la grosse dame.

« Salut tante Aline…

- Ah ! Plus de doute possible, tu es bien Jessy ! Flo m’a dit que vous étiez revenues ! Ji-ji tu aurais pu venir me voir quand même ! »

Un "Gling gling !" presque familier attira l'oreille de Fry alors qu'Aline jactait joyeusement sans discontinuer comme un pijako. Il leva les yeux vers le toit de la petite grange à sa droite et aperçut le cornèbre au grelot coque qui trainait souvent au Bourg Palette. Le pokémon oiseau venait presque tous les jours au laboratoire en fin de nuit ou à l'aube, en mode touriste-curieux. Il repartait systématiquement avant midi.

« Vous allez où comme ça avec tout cet équipement ? Tu ne repars pas déjà quand même ? Eh mais attends, c'est mon vieux sac de couchage ça ! S'exclama Aline en faisant les gros yeux, elle n'était pas contrariée, juste très surprise.

- On va juste faire une randonnée dans la forêt de Jade, répondit sobrement Jessy.

Fry descendit de la croupe de Galop, il supposait qu'ils allaient en avoir pour un moment et il trouvait ça plus poli pour son interlocutrice.

- Ah bon ! Fit Aline, visiblement soulagée. Et où est Jé-jé ?

- Elle est au labo, elle aide maman...

- Oh, alors je crois que je vais lui rendre une petite visite cet après midi ! J’avais tellement hâte de vous revoir !

- Aline…Aujourd’hui on n’a pas le temps. » Soupira une voix derrière elle.

Fry cligna des yeux en entendant cette voix masculine, glaciale et distante. Il jeta des coups d’œil autour de la tante de Jessy et c’est là qu’il remarqua un homme roux au visage de marbre à quelques pas derrière Aline. Il ne l’avait pas remarqué avant qu’il ne parle, pourtant Fry se rendit compte qu’il avait toujours été là. Il n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi discret, au point de se rendre invisible, un vrai kecleon humain… Un kecleon croisé avec un onigali à en juger par la froideur du regard gris de l’homme qui s’approchait de la barrière.

« Oh… Tu as raison Kyle… » Admit Aline, visiblement très déçue. Elle récupéra néanmoins très vite son grand et beau sourire, cette femme semblait déborder de joie de vivre, le contraste était saisissant avec son mari, autant qu'avec Jessy d'ailleurs.

« Je passerai un autre jour alors. Vous restez jusque quand ?

- Je ne sais pas encore, répondit Jessy en haussant les épaules.

- Je vais appeler Florine, je vais lui demander si on peut venir dimanche. Ça te va Kyle ?

- Oui. »

Après sa courte réponse, l’homme se retourna, sa longue chevelure de cuivre flottant derrière sa nuque, et il s’en alla s’afférer auprès des jeunes wattouats. Son épouse offrit un dernier sourire à sa nièce.

« Bon à très bientôt alors ! J’espère que tu nous présenteras ton ami la prochaine fois ! » Gloussa Aline en regardant Fry avec gentillesse. Fry salua de la main la tante des jumelles en essayant de faire honneur à son sourire radieux, puis il fut obligé d’accélérer le pas pour rattraper sa camarade. Jessy était déjà loin vu qu'elle chevauchait toujours galopa.

« Eh ! Mais attends-moi !

- Tu traînes.

- T’es vraiment pas sympa, ni avec moi, ni avec ta tante ! Lança Fry sur un net ton de reproche.

Jessy soupira.

- J’ai passé le plus gros de mon enfance entre le laboratoire et cette ferme… Vu que ma mère n’était jamais disponible pour s’occuper de Jenny et moi, c’était Aline qui nous gardait avec mes cousins. Toi qui voulais à tout prix quitter ton île natale, tu devrais comprendre ma lassitude.

- Oui ça je comprends, mais ce n’est pas une raison pour être malpolie.

- Ecoute, c’est ma tante, je l’aime bien, elle est très gentille mais… A force elle est pénible. Et franchement j'ai jamais rencontré quelqu'un de plus glacial que Kyle ! Ce type m'a toujours foutu mal à l'aise.

- Roh là-là... Il faut toujours que tu fasses ta grincheuse ! Se lamenta Fry en levant les yeux au ciel. Et puis je ne sais pas ce qui est le pire franchement, froid et distant ou braillard et râleur.

- Qui est un braillard râleur Fry ? » Demanda très lentement Jessy, le regard plus perçant que celui d’un rapasdepic.

Son compagnon préféra se taire, le léviator avait l’air sur le point de se réveiller, il valait mieux passer à autre chose pour éviter la crise. Prudent, Fry détourna les yeux, ainsi que la conversation.

« Du coup ce sont eux qui fournissent les starters pour les nouveaux dresseurs, c'est ça ?

- Ouais... Répondit Jessy avec une moue boudeuse. Ils élèvent aussi des caninos domestiques et des wattouats pour le lait et la laine. De temps en temps, ils entraînent quelques pokémon laissés en pension, mais ils n'ont jamais eu beaucoup de clients vu que Kyle est aussi aimable qu’une porte de prison…

- Pourtant je ne suis pas sûr qu’on puisse résister longtemps au sourire de ta tante. Elle serait vendeuse, on lui achèterait n’importe quoi.

- Elle est trop généreuse et trop bête pour être vendeuse.

- Jessy… Soupira Fry.

- Quoi ? Pesta Jessy. J’suis franche c’est tout ! C'est factuel ! Tu vas encore dire que je suis méchante et malpolie c’est ça ?

- Non Jess, je n’dis rien, je n’dis rien… »

Résigné, Fry se tut. Tout en marchant, il prit le temps de contempler le paysage. Jessy ronchonnait quelque chose mais il n’entendait rien, ébloui par le décor automnal, rouge et jaune de la petite route menant vers le Nord. Kanto était vraiment une région magnifique. Il s’affligeait que Jessy ne s'en rende pas compte, même si le désabusé de l'Archipel Orange était mal placé pour donner des leçons dans ce domaine.

 

En papa galifeu, Seb avait préparé des sandwichs pour la randonnée de Fry, alors que le jeune homme ne lui avait rien demandé. Comme s’il avait pressenti quelque chose, il en avait fait un sans viande, au fromage frais et aux concombres. Assis dans un talus herbeux de la route 2, près de la lisière de la forêt de Jade, Fry le proposa à Jessy. Elle l’accepta à contrecœur. Elle se sentait profondément agacée à chaque fois qu’elle mangeait de la nourriture préparée par Sébastien, pourtant elle n’avait pas le choix, c’était lui qui cuisinait tous les jours au Bourg Palette. En plus, c’était un vrai cordon bleu, pour Jessy c’était horripilant, chaque divine bouchée était suivie d’une pensée amère… Ça aussi, Fry l’avait remarqué. Le malaise et le conflit intérieur de Jessy se lisaient sur son visage comme un livre ouvert.

Après le déjeuner et la pause pipi chacun derrière son buisson, ils pénétrèrent dans la forêt de Jade. Les yeux de Fry brillaient comme ceux d’un petit garçon de dix ans en admirant la cime des arbres immenses, ils occultaient le soleil. Jessy trouvait la forêt sombre, humide, malodorante et grouillante de pokémon insectes au niveau tellement faible que même l’évoli de Robin les mettraient K.O. avec une simple charge. Elle laissa malgré tout sortir Pit de sa copainball, histoire d’avoir une compagnie supplémentaire. Le raichu fut déçu de ne pas trouver son frère à ses côtés, mais voir la forêt de Jade raviva de vieux souvenirs, lui avait l’air plutôt heureux d’être là et il ne faisait pas la fine bouche en coursant les malheureux balignons flânant trop près du sentier. Il espérait aussi trouver quelques pikachu sauvages mais ils étaient encore trop loin de la colonie.

Fry de son côté libéra Scarhino. Dans ces bois remplis d’insectes, Marvy était le plus heureux des pokémon. Il voltigea partout, alla saluer les paras agrippés au tronc et les chrysaciers suspendus aux branches. Il effrayait la plupart des locataires de la forêt avec sa bonne humeur et son gros gabarit. Comme il s’enfonçait plus profondément dans la forêt, Fry et Jessy furent obligés de s’éloigner de la route des dresseurs pour ne pas le perdre de vue. Le sol était couvert de hautes herbes et de fougères, parfois ils ne voyaient plus où ils posaient les pieds. Jessy grommelait comme un snubbull, Fry se tâtait pour laisser aussi sortir luxray, au cas où. Il se rappelait de sa mauvaise aventure avec les persians de l’Archipel Arc-en-Ciel, mais ici il n’y avait pas de réel danger en dehors des dardargnans, majoritairement déjà endormis pour l’hibernation en ce début novembre.

Par inadvertance, Fry marcha sur une patte de chétiflor qu’il avait pris pour une racine. Dans un réflexe défensif, le pokémon cracha un suc digestif rose-violacé poisseux et nauséabond sur le torse de Fry.

« Ah ! Beurk !!! »

Le petit pokémon plante prit rapidement la fuite en réalisant que c’était un humain qui lui avait écrasé le pied, un humain beaucoup plus grand que les gamins arpentant habituellement sa forêt de surcroît.

« C’est dégueu… Grimaça Fry en baissant les yeux sur le liquide visqueux coulant le long de son manteau de pluie.

- Je t’avais bien dit qu’elle était à chier cette forêt… »

Fry dégoupilla la pokéball de son colhomard, puis enleva son k-way pour le nettoyer. Jessy fronça les sourcils en regardant les vêtements que portaient Fry, elle ne l’avait pas encore vu sans veste de la journée. Il ne portait pas son vieux pull jaune habituel mais un long pull en coton bleu ciel avec un col en V et une maille serrée mais usée.

« C’est quoi ce pull ?

- Hein ? Tu parles du pull de Seb ?

- Sans déconner qu’est-ce que tu fous avec ce truc sur le dos ?!? S’écria Jessy avec une espèce de sidération dégoutée.

- Je te rappelle que je n’ai qu’un seul pull et il commençait sérieusement à sentir comme le grotadmorv de ton grand-père. Je l’ai mis au lavage.

- Tu ne pouvais pas en emprunter un à quelqu’un d’autre ?

- Genre à Robin ? Plaisanta Fry.

- Genre à mon grand-père !

- C’est ridicule enfin Jessy, ce n’est qu’un pull.

- C’est toi qui est ridicule avec cette chose sur le dos ! »

Fry sursauta à moitié. Il pensait être habitué aux variations d’humeur de Jessy mais là ça devenait absurde, délirant même. Ce n’était qu’un pull… Un silence consterné tomba lourdement entre les deux adolescents.

« Rai rai ? » Demanda timidement Raichu à sa dresseuse.

Approximativement, on aurait pu traduire ses cris par un "ça va ?" Jessy s’immobilisa un moment, un peu paumée. Voir ce pull sur le dos de Fry lui rappelait la nuit où Seb avait débarqué chez elle un soir de tempête neuf ans plus tôt. Il portait le même genre de haut, c’était peut-être celui-là d’ailleurs.

Marvy revint auprès d’eux. Colhomard aussi, après avoir rincé le k-way de son dresseur, ils se mirent à regarder Jessy avec perplexité. Elle s’était un peu calmée, mais sentir les regards des trois pokémon posés sur elle l’oppressait. Elle se retourna pour échapper à leurs yeux hébétés.

« Scari ? » Finit par demander Marvy à son dresseur.

Le champion se contenta d’hausser les épaules en renvoyant colhomard dans sa ball. Fry déposa sa veste sur le dos de Galop pour qu’elle sèche. Jessy marchait au hasard dans la forêt, il lui emboita le pas pour ne pas la perdre de vue, escorté par Galopa, Scarhino et Raichu.

Fry hésitait à aborder le sujet, mais vu qu'ils étaient seuls tous les deux et certains de ne pas être dérangés par quiconque, c'était le meilleur moment pour le faire. Alors qu’ils marchaient lentement dans la luxuriante forêt peuplée d’insectes, le jeune homme se jeta à l’eau.

« Tu sais, le soir de notre arrivée, Seb m'a raconté ce qui s'est passé entre lui et tes parents...

- Génial... Soupira Jessy avec un regard sombre. Il ne peut pas s'empêcher d'étaler notre vie privée devant tout le monde. Bon sang, ce type n'est qu'une loque...

- Arrête, tu abuses. En dehors du fait qu'il soit soumis corps et âme à ta mère, c'est un bon gars. Je sais que tu es triste que ton père soit absent, mais ce n'est pas de sa faute. Tu ne peux pas continuer à ruminer ce truc pendant des années, ça va te bouffer de l'intérieur.

Jessy grimaça.

- Quoi, ça y est, t’as discuté avec lui deux heures un soir au clair de lune et maintenant c’est devenu ton meilleur pote ? Sébastien est une ordure qui fait mine de pas y toucher… Il a profité de l’absence de mon père pour séduire ma mère. Franchement il n’y a rien d’honorable là-dedans.

- Tu veux qu'on cause de trucs honorables ? Rétorqua Fry. Le divorce de tes parents excuse ton comportement avec Robin d’après toi ? Quoi que tu penses de Seb, ce gosse n’y est pour rien.

- Il ressemble trop à son père, il a besoin qu’on lui mette du plomb dans la tête, sinon il finira comme lui.

- T’es sa grande sœur, pas sa dresseuse. Je sais que t’as plus de mal avec les relations humaines qu’avec les pokémon, mais fais un effort un peu. Tu dois être plus subtile avec Robin.

- T’es fils unique toi, qu’est-ce que t’en sais ?

- Je suis peut-être fils unique mais j’ai plus d’amis que toi, et je ne fais pas peur aux gens moi !

- Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ? Protesta Jessy d’une voix forte. C’est n’importe quoi, je ne fais pas peur aux gens ! »

Le ton montait entre les deux adolescents et la quiétude des pokémon de la forêt de Jade était fortement ébranlée. Les aspicots les plus peureux étaient déjà en train de filer ventre à terre loin de ces humains bruyants.

« Je le dis parce que c’est vrai ! C’est quand même pas pour rien que les gens t’appellent le léviator rouge du Bourg Palette !

- T’as pas la trouille toi que je sache, alors pt’être que ce sont les autres qui sont faibles.

- T’as toujours réponse à tout ? Demanda Fry agacé.

- Et toi ça t’arrive d’arrêter de te mêler de ce qui n'te regarde pas ? Répliqua Jessy.

- Tu as vraiment un caractère de merde.

- Arrête de geindre Fry !

- Tu te plains de ta mère mais t'es exactement comme elle !

- T'as gagné tu me gonfles ! Hurla la rousse volcanique. On rentre au labo ! »

La dresseuse fit volte face et commença à rebrousser chemin, le pas lourd et violent, mais l'énervement de Jessy n'était rien face à ce qui commençait à bouillir dans l'esprit de Fry. Galop, le dos chargé de fatras, la regarda, paralysé, il ne comprenait plus ce qu'il devait faire. Pit et Marvy échangèrent un regard inquiet.

« Rai… » Couina le raichu, mais le grondement de Fry couvrit son émoi :

« Non ! On ne rentre pas au labo, j'en ai marre de tes caprices et de tes sauts d'humeur ! On fait une randonnée dans la forêt de Jade, c’est toi qui a la carte et le matériel ! J’ai un badge à gagner, alors on continue !

- Fais comme tu veux et démerde toi avec Galop ! Cracha Jessy. Je rentre sans toi !

- Bordel ! Jessica Ketchum tu t’arrêtes immédiatement !!! »

La rouquine se retourna brusquement, le regard débordant de rage. Elle fixa ses yeux bleu électrique sur le visage de Fry, bien décidé à hurler plus fort que lui une fois encore, mais l'expression du garçon la déstabilisa. Plus de sourire charmant, plus de douceur sucrée dans son regard brun, Fry fulminait. Il ne lui laissa pas le temps d'attaquer la première, il était au bord de la crise de nerfs pour la première fois depuis qu'il voyageait avec les jumelles. Il se dressa devant elle avec colère du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, un doigt accusateur pointé vers elle, son deuxième bras tendu tremblait de fureur.

« Ça suffit maintenant ! J'ai ai marre de toi ! Marre, marre, marre ! J’en ai marre de ton comportement de malosse enragé ! C’est toujours à moi d’arrondir les angles ! Je ne suis pas ton voltoutou de compagnie ! Je ne suis pas ton employé ! Je n'suis pas ton larbin ! Je n'suis pas ton défouloir ! Je n'suis pas ton sex-toy !

- Mon sex-toy ?!? » Répéta Jessy dans une grimace effarée. Fry secoua la tête, il était tellement énervé qu'il ne savait plus ce qu'il disait.

« C'est pas pour toi ça, c'est pour ta sœur. » Grogna-t-il avant de l'invectiver de plus bel après un soupir de ras-le-bol.

« J'en ai marre de vos comportements à toutes les deux, de votre folie et de votre… Votre démesure ! Et la pire c'est toi ! Je vous ai suivi parce que vous m'aviez promis de m'emmener à Kanto si j'entrais dans votre groupe, maintenant qu'on y est, j'ai plus besoin de vous. Et vu qu’on a plus d’instrument, notre marché ne tient plus ! Alors si tu continues à te conduire comme la pire des cochignons mal dressées, comme la sale petite teigne que tu es, dès demain c'est bye-bye les sabelettes et bon débarras ! Et les Trains Twins redeviendront le petit duo de fillettes qui doivent montrer leurs culs pour avoir un petit peu d’attention ! »

La gifle qui s'abattit sur sa joue droite fut si forte que sa tête bascula de côté, ses yeux se fermèrent instantanément même s'il n'avait pas vu le coup venir. Le choc avait été violent mais la douleur, intense, mit quelques secondes à se faire sentir, il y avait presque la force d’un coup de poing dans ce geste. Fry entrouvrit les yeux, plus sombres encore qu'au début de leur dispute.

« Mais quelle connasse... » Siffla Fry avec mauvaiseté en se tournant à nouveau vers Jessy.

La surprise chassa la colère de Fry comme une attaque ouragan : Jessy tremblait et pleurait toutes les larmes de son corps. Elle fixait toujours Fry avec un regard plein de rage mais surtout de tristesse, de désespoir même. Ses yeux bleus s'éclaircissaient de plus en plus tandis que ses globes oculaires rougissaient en se gorgeant de sang, des larmes coulaient en cascade sur ses joues. Elle serrait les dents pour limiter ses tremblements, de petits couinements accompagnant les pleurs sortaient de sa bouche, elle essayait de les contenir vainement.

« Jessy ? » Réussit tant bien que mal à prononcer Fry.

Il n'avait jamais vu la rouquine pleurer, et pour cause : elle n’avait pas versé une seule larme depuis le divorce de ses parents. Même face à son raichu évanoui dans la forêt de Verchamps, elle avait contenu son chagrin.

Jessy se retourna aussitôt pour échapper au regard décontenancé de Fry et aussi pour tenter de calmer ses pleurs, mais elle n'y arrivait pas. Elle aurait voulu hurler, crier, riposter, le frapper encore, mais elle avait trop mal, alors sa colère ne suffisait plus. Fry l'entendait sangloter et il voyait son dos secoué de spasmes qui se courbait progressivement, elle avait du mal à rester debout. Les remords arrivèrent dans la poitrine du champion comme un troupeau de tauros en pleine mania. Il posa une main sur le bras de Jessy mais la jeune fille se dégagea d'un mouvement sec.

« Lâ... Lâ… Lâche m... m… Moi... » Articula t'elle du mieux qu'elle put entre ses hoquets. Après sa courte phrase, ses pleurs redoublèrent.

« Jessy... Jessy je suis désolé. Pardon... »

Fry ne savait plus quoi faire, il se sentait gêné et en même temps il restait bloqué par l'étonnement, Jessy la dure à cuire se décomposait complètement sous ses yeux, elle pleurait comme un osselait orphelin, pour une fois elle ressemblait à un être humain et même à une petite fille. Il ne pouvait pas prétendre qu’il ne pensait pas tout ce qu’il lui avait dit, mais il ne s’attendait pas à cette réaction-là. Même Pit était paralysé par ce qu’il voyait, il avait du mal à reconnaître sa dresseuse, il ne l’avait pas vu dans un tel état de tristesse depuis neuf ans.

« Je suis désolé Jessy, je ne voulais pas être aussi méchant. J’ai… J’étais énervé, pardon... »

Plus il s'excusait et plus les sanglots de la jeune fille étaient rapprochés et bruyants. Non seulement elle n'arrivait pas à se calmer, mais, pire que tout, elle s'en rendait compte, ses nerfs étaient en train de lâcher totalement. Elle ne pouvait plus contrôler ses pleurs, tout ce qu'elle avait encaissé ces dernières années remontait à la surface, même les broutilles, tout se mélangeait dans sa tête, autant de choses qui n’avaient pour la plupart rien à voir avec Fry.

« Jessy... »

Cette fois, Fry réussit à attraper Jessy sans qu'elle se débatte, elle était trop secouée par ses propres pleurs pour ça. Avec douceur, il l'attira vers lui et commença à la serrer fort entre ses bras.

« Pardon Jess... »

Plus ou moins inconsciemment, la jeune fille se blottit contre la poitrine de Fry en se cramponnant au pull de Seb. Il la comprima avec ses bras, pour essayer de la calmer. Ils restèrent ainsi enlacés, immobiles, debout au milieu de la forêt de Jade pendant plusieurs minutes. Les pleurs de Jessy s'espacèrent peu à peu. Fry, sa colère totalement évaporée, finit par soupirer en posant son menton sur les cheveux de la rouquine.

« Tu n'es pas facile, tu sais ?

- Je sais... » Dit Jessy dans un murmure.

Les deux ados restèrent dans les bras l'un de l'autre quelques minutes de plus, le temps que Jessy cesse complètement de pleurer, bercée par la lente respiration de Fry contre son oreille plaquée sur son torse. Quand les sanglots s'arrêtèrent, Fry la relâcha prudemment, il ne voulait pas la brusquer.

« Tu es calmée ?

- Oui, ça va mieux. » Répondit la rousse sur une ton bourru tout en s'éloignant rapidement de Fry, elle réajusta sa tunique et sa veste avec une attitude raide. Elle essayait de récupérer son allure habituelle, fière et coriace, mais c'était plus difficile qu'elle ne l'aurait cru. Fry essaya de l’aider en regardant ailleurs.

« Bon, on ne va pas rester plantés là toute la journée hein ? Dit-elle maladroitement en essuyant encore ses yeux et en caressant le sommet du crâne de son raichu préoccupé. On a une randonnée à finir, on retourne au sentier principal ?

- Ouais... » Répondit simplement Fry.

Il la regardait de dos en repensant à la métaphore de Seb : Jessy est comme le feu, une fois que tout a brûlé il ne reste plus rien… C’était ça, la faiblesse de Jessica Ketchum.

 

Le soleil commençait à peine à se coucher sur le laboratoire du Bourg Palette et l’horloge du laboratoire indiquait 17h10 quand le professeur Jacky Léon y jeta un coup d’œil.

« Aaaah… Fini pour aujourd’hui ! Annonça le vieil observateur. Je rentre à la maison.

- Tu pars tôt aujourd’hui, remarqua Jenny.

- Demain matin Al et moi on a une réunion importante de la Ligue Pokémon au Plateau Indigo. Violine et tous les autres champions de Kanto doivent venir aussi.

- Maman ne devraient pas vous accompagner ?

- Tu connais ta mère… Répondit Jacky avec un sourire résigné. Tant que je suis encore actif, elle se repose sur moi pour ce genre de corvée.

- Toujours aussi sympa… Répliqua Jenny avec un petit rictus.

- Pour cette fois je ne lui jette pas la pierre. Avec Seb et Robin en vacances, on ne peut pas laisser le laboratoire sans surveillance.

- Je suis là moi papi, fit Jenny avec son beau sourire charmant mais surtout une fierté ambitieuse.

- Oui, c’est vrai. Tu nous es d’une grande aide. Veille bien sur ta mère d’accord ?

- Tu peux compter sur moi ! » Lança joyeusement Jenny en saluant son grand père.

La jeune fille était très motivée. Devenir Professeure Pokémon était son rêve, alors elle aimait montrer à sa mère et son grand père qu’elle était capable de gérer le laboratoire. Evidemment, à son jeune âge ce n’était pas le cas, mais elle savait se rendre utile et travailler dur. Depuis leur retour, elle avait clairement délaissée Fry et Jessy pour se concentrer sur ses études. Mine de rien, l’humeur grognon de Jessy était aussi partiellement la conséquence de cette séparation psychologique avec sa sœur.

Chu était assis sur le long établi carrelé étalé devant la grande baie vitrée au fond du laboratoire, il s’ennuyait sans son frère. En plus Fry, Robin et Seb étaient tous partis en emportant leurs pokémon avec eux, le laboratoire paraissait vide brutalement, malgré la présence des autres pensionnaires. Parfois ses oreilles se penchaient en arrière, il ressentait quelque chose d’étrange, une sorte de tension ambiante… C’était léger mais c’était bien là. Certains de ses camarades étaient nerveux, eux aussi sentaient quelque chose et puis brusquement plus rien. Ça faisait des mois que ça durait. Raichu soupira en parlant tout seul.

« Rai ? Rai rai… »

 

A une quarantaine de kilomètres de là, au nord de la forêt de Jade, Fry et Jessy s’étaient enfin arrêtés pour installer leur campement. Ils ne s’étaient quasiment pas adressé la parole depuis leur dispute de l’après-midi. Ils étaient calmés mais confus, ils ne se reconnaissaient plus. Le charmant et gentil Fry s’était énervé comme jamais et la solide et rude Jessy s’était décomposée comme une enfant fragile. Fry avait ramassé du bois pour faire un feu de camp, avec galopa ce fut facile de l’allumer. Colhomard veillait à ce que des braises n’aillent pas enflammer la forêt. Fry avait récupéré une boîte de conserve, du pain et du fromage pour leur diner, mais Jessy s’absenta un long moment pour revenir avec des racines, des feuilles, des champignons et quelques baies.

« Qu’est-ce que tu fais ? Finit par demander Fry.

- Le livre de Scott a brûlé pendant le festival des forêts, j’essaye de me souvenir de certaines des recettes que j’ai lu… »

Fry voulait lui dire que ce n’était pas la peine de se casser la tête pour ce soir, mais il n’osa pas. Elle avait besoin de s’occuper les mains et l’esprit. Il se contenta d’enfiler son k-way enfin sec et de s’asseoir près du feu en attendant qu’elle lui demande son aide, ce qu’elle ne fit pas évidemment. Elle prépara un curry sauvage, normalement à la mode de Galar, réajusté avec ce qu’elle avait pu trouver en plein automne dans une forêt de Kanto. Comme elle avait beaucoup voyagé avec sa sœur, elle connaissait bien les plantes sauvages comestibles, ce qui n’était pas le cas de Fry. Il l’observait attentivement, son ventre gargouillait mais il attendait patiemment, en silence. Elle avait trouvé des carottes sauvages, mais elle était embêtée sans pomme-de-terre. Elle compensa en faisant tremper le pain de Fry à la fin de la cuisson.

Ils s’installèrent pour diner devant le feu de bois dans les vieilles écuelles en métal de Félix et Aline. Ils partagèrent leur repas avec raichu, les trois autres pokémon préféraient trouver leur nourriture par eux même dans la forêt. Galopa avait déjà bien brouté d’ailleurs.

Jessy n’avait pas le talent culinaire de Seb mais son curry-ragoût-bidule restait bon. Quand Fry se rappela ce qu’elle avait mis dedans, il se dit qu’elle était quand même fichtrement douée.

« C’est super bon, dit-il gentiment pour tenter de rétablir le dialogue.

- Merci. » Répondit simplement Jessy, et le silence revint.

Fry était un peu triste. L’ambiance calme et agreste des lieux lui plaisaient, ce pique-nique rustique au coin du feu aussi, mais il aurait voulu discuter avec Jessy, comme ils le faisaient parfois les soirs après les concerts et les répétitions…

Jessy n’osait pas regarder Fry. Le jeune homme pensait que c’était parce qu’il l’avait vu pleurer et qu’elle se sentait encore gênée, mais en réalité, c’était parce qu’il avait une grosse trace rouge vif là où elle l’avait frappé et elle avait honte d’elle.

« Hem… Tu… Euh, ça va ton visage ? Tu n’as pas trop mal ? Finit-elle par demander, rongée par la culpabilité.

- Euh… Non ça va… » Il frotta machinalement sa joue. En fait il ressentait encore un peu une sensation de chaud mais rien de méchant. Sans miroir, il ignorait qu’il avait une marque rouge en forme de main étalée sur la moitié du visage. Jessy baissa les yeux.

« J’aurais pas dû te gifler… »

Elle voulait ajouter un "pardon" qui ne sortait pas. Elle ne s’excusait jamais, elle n’y arrivait pas, même lorsqu’elle le devait. Si elle avait eu sa guitare, elle se serait mise à chanter "Sorry" de Justin Bieber, fredonner les mots des autres c’est toujours plus facile. Fry ne répondit rien, il ne savait pas comment réagir. Au bout d’un moment, il finit par jouer la carte de l’humour, c’est le coup qu’il maitrisait le mieux.

« Bah, un léviator ça mord, j’étais au courant… J’peux m’en prendre qu’à moi-même.

- Te comporte pas comme Seb steu’plaît… Couina Jessy.

- Euh… C’est-à-dire ? Demanda Fry un peu perturbé par cette réflexion qu’il ne comprenait pas.

- Il faut toujours qu’il s’écrase face à maman. Il fait son gentil, il pense qu’avec une blague et un sourire de lover tout va s’arranger, mais ça ne marche pas comme ça.

- Ça marche sur ta mère, c’est sur toi et Jenny que ça ne fonctionne pas toujours.

- Toi tu n’es pas une chochotte comme lui, alors… Alors ne fais pas ta larveyette. Jamais. » Finit par dire Jessy, d’une voix un peu plus dure, toujours en évitant soigneusement de le regarder.

A nouveau, Fry ne répondit rien. Il digérait cette phrase étrange, elle résonnait comme un compliment, mais un compliment à la sauce Jessica. C’était à la fois plaisant et déroutant. Il sentait la gêne de Jessy, pourtant il avait envie qu’elle le regarde, comme ça il aurait tenté un sourire à la Reese Morgan. Quoi qu’elle prétende, même sur elle ça fonctionnait plus ou moins. Il regrettait de ne pas avoir emporté la guitare de l’arrière-grand-père… Il posa machinalement les yeux sur les manches du pull que Seb lui avait prêté, des engrenages invisibles s’enclenchaient sous son crâne. Il cligna lentement des yeux.

« Au fait… Quand tu dis que tu n’as perdu que deux matchs dans ta vie, tu parles de celui contre le Conseil des Quatre, mais l’autre ?

- Je croyais que Sébastien t’avais tout raconté… Répondit mollement Jessy.

- Alors c’est vraiment ça ? S’étonna Fry. Tu considères ton pseudo-combat contre Seb comme un match perdu ?

- Tu en parles comme si c’était idiot… Mais pour moi c’est la pire chose qui me soit arrivée dans la vie… Marmonna Jessy entre ses genoux resserrés.

- Je suis désolé, c’est juste… Que t’avais sept ans, tu n’étais pas une dresseuse et ce n’étaient pas tes pokémon, même si ça te fait mal, tu ne dois pas accorder de l’importance à ça.

- Je suis devenue une dresseuse le jour où mon père m’a confié un œuf de pichu, répliqua Jessy d’une voix ferme mais sans hostilité. Et le seul combat important de mon enfance je l’ai perdu.

- Tu mélanges tout… » Soupira Fry.

Il détourna son regard de sa camarade et leva les yeux vers le feuillage au-dessus de leur tête. La forêt de Jade était si dense que la cime des arbres formait comme un dôme de branches et de feuilles. Après un nouveau long silence, Jessy finit par reprendre la parole.

« Pourquoi tu as voulu affronter le Conseil des Quatre ? C’était juste pour le titre de maître pokémon ?

- Ce n’est pas moi qui l’ai voulu, c’est mon père. Et oui c’était pour le titre.

- Eh ben… Souffla Jessy d’un air absent. Ton père devait avoir une sacrée confiance dans tes capacités pour t’envoyer au casse-pipe comme ça.

- Ma mère n’arrêtait pas de lui dire que c’était une mauvaise idée, que je n’étais pas prêt, mais mon père n’a jamais voulu en démordre.

- Et toi ? Tu en pensais quoi ?

- Moi ? J’avais les jetons mais j’étais tellement heureux de pouvoir rencontrer les membres du Conseil de Quatre que j’ai dit oui sans réfléchir. Pourtant même à l’époque j’avais percuté que ma mère avait raison, j’avais clairement pas le niveau. A quinze ans on est con mais pas à ce point-là…

- Tu parles comme si t’étais déjà vieux ! C’était y a même pas trois ans ce que tu me racontes ! Fit remarquer Jessy en rigolant à moitié.

- Bah parfois c’est vrai que ça me paraît être y a une éternité…

- Contre qui tu as perdu ?

- J’ai perdu dès mon premier match, contre le petit dernier arrivé : Jamel, l’homme d’acier. Il porte bien son nom. Je n’ai réussi à éliminer qu’un seul de ses pokémon. Il faut dire qu’avec mon équipe sans pokémon feu et sans pokémon sol, je partais avec un sacré handicap… Et toi ?

- J’ai battu Jamel, avec du mal, mais j’ai réussi.

- Je veux dire contre qui tu as perdu ?

- J’avais compris la question, répliqua Jessy d’une voix un peu sèche.

- Je vois… » Dit simplement Fry, il réussit à en déduire l’identité de celui qui avait eu raison du léviator rouge.

La maîtresse pokémon fixait toujours le feu de camp d’un air absent.

« Pourquoi tu t’es mis à la musique ?

Fry fut surpris par la question, il la trouvait bizarrement formulée.

- Pourquoi il faudrait une raison particulière pour ça ? Ou alors tu veux dire "comment" je m’y suis mis ?

- Si tu veux, comment tu t’es mis à la musique ?

- Je voulais simplement faire un truc qui ne se faisait pas dans la famille. Mon père est dresseur, ma mère est dresseuse, mes grands-parents et mon oncle sont dresseurs… J’aime les pokémon mais je ne supportais pas que mon quotidien se limite à école, stade, école, stade… Mon père insistait pour m’entrainer tous les jours, dès l’aube, ça me rendait dingue. Pour éviter que je fasse un blocage, ma mère a proposé de m’inscrire à une activité extrascolaire, sauf qu’il n’y a pas grand-chose sur l’île Pomelo… Mais il y a quand même une école de musique. J’ai commencé à y apprendre la batterie. »

Jessy n’avait pas l’air de l’écouter attentivement, mais contre toute attente elle releva rapidement.

« Je croyais que tu jouais de la guitare avant.

- La batterie ça cassait les oreilles de mes parents, alors mon oncle m’a très vite offert une guitare. Au début je ne voulais pas, j’adorais la batterie, mais ensuite il m’a dit : "tu verras, ça plait aux filles". C’est clair que sur les collégiennes ça marche mieux que la batterie, on passe moins pour un bourrin, mais les vraies fans elles craquent pour les batteurs. M’enfin la guitare c’est quand même plus facile à trimbaler sur une plage au clair de lune. Eh, eh… Hem ! »

Son ricanement s’étrangla quand il vit le regard dédaigneux de Jessy se poser sur lui. Bon, au moins elle osait à nouveau le regarder dans les yeux.

« Et… Et toi alors ? Demanda-t-il rapidement pour changer de sujet. C’est vrai ce que Jenny a raconté à ma tante ? »

Jessy se tourna à nouveau vers le feu de camp, le visage presque mélancolique, Fry ne l’avait jamais vu comme ça.

« C’est à cause de Seb.

- A cause de Seb ? Répéta Fry.

- Franchement, je trouve ça ironique… Quand mes parents ont divorcé et que ma mère a eu Robin, je n’arrivais pas à rester chez moi, même pour m’entrainer avec Pit et Médie. Je me sentais mal à l’école, mal au labo, j’étais toujours en colère… Il n’y a que quand on a atterri au club de musique de Jadielle avec Jane que ça a été mieux. C’était… Mon exutoire, c’est comme ça qu’on dit ? Ça l’est toujours.

- Tu vois qu’il est cool Seb… »

Elle lui jeta un regard noir en biais. Il leva ses doigts en mode rockeur et lui sourit.

« On ne se serait pas rencontrés sinon. »

Son regard se radoucit et elle finit par lui rendre une ébauche de sourire.

« Mouais… T’es le champion de la Ligue Orange, je pense qu’on se serait croisé quand même un jour.

- Mais on ne serait pas devenus partenaires, on aurait juste été des rivaux.

- Il faut être au même niveau que son adversaire pour parler de rivaux. Moi je t’aurais mis la misère.

- Ouais c’est ça… »

Les deux dresseurs étouffèrent un rire commun, puis Fry reprit un air plus maussade, presque désabusé.

« En fait, c’est même pas sûr…

- Que je t’aurais mis la misère ? Ah si je t’assure, plaisanta Jessy, elle n’avait pas perçu le changement d’ambiance.

- Tu veux savoir pourquoi j’aimais tant le GTS ?

- Euh, pour avoir autre chose que des écrapinces et des goélises à dresser ? Proposa Jessy.

- Je rêvais d’un jour recevoir un pokémon suffisamment puissant pour traverser la mer jusqu’à Kanto. Je voulais fuir l’archipel Orange, définitivement.

- Définitivement ? Répéta Jessy, étonnée.

- Ouais… Certains soirs, j’en pouvais tellement plus que je me disais que je ne ferais même pas la Ligue Pokémon. Je prendrais un petit boulot, n’importe quoi, et j’arrondirais mes fins de mois en faisant un spectacle musical avec Ramboum et en participant à des combats privés.

- Qu’est-ce que tu détestes tant dans l’Archipel Orange ? »

Avant que Fry ait le temps de répondre, Jessy rassembla les pièces du puzzle dans sa tête.

« A part les pamplemousses… »

Fry, le regard fixé sur les flammes qui dansaient sous ses yeux comme autant de queues de feunard en pleine attaque hypnose, cherchait comment formuler sa réponse. Il finit par dire :

« L’ennui... »

Jessy buggua un instant, les sentiments et les émotions des gens ce n’était pas son fort, elle essayait sincèrement de comprendre Fry et elle avait l’impression d’y arriver sur ce sujet. Fry détestait l’île Pomelo simplement parce qu’il n’avait jamais rien vu d’autre et qu’il se sentait emprisonné. Jessy détestait le Bourg Palette parce qu’elle ressentait la même sensation d’étouffement que Sacha et Sylvain quand elle y restait trop longtemps. Pourtant, dans le fond, ça restait leur "chez eux" et c’est difficile de ne pas aimer sa propre maison…

« Je suis désolé d’avoir autant insisté pour venir à Kanto, reprit Fry. Je ne savais pas que c’était douloureux pour toi et pour Jenny…

- T’excuse pas pour ça va ! » Dit Jessy en se levant et en lui donnant une petite tape amicale dans le dos, son geste ressemblait presque à une caresse.

« Au final, ce n’est pas à cause de toi qu’on est revenu. Je vais me coucher. N’oublie pas de laisser au moins un de tes pokémon sorti pour monter la garde.

- Ok, bonne nuit Jessy.

- Bonne nuit… Fry. »

Il suivit des yeux la silhouette mouvante de Jessy découpée dans l’obscurité par la lueur chaude du feu de camp. Elle retira ses chaussures et se glissa habillée dans le vieux sac de couchage d’Aline. En quelques bonds, Pit la rejoignit. Il cherchait comment se lover confortablement près d’elle et la jeune fille le prit entre ses bras pour le serrer contre elle. Fry ne voyait pas très bien la scène puisqu’elle lui tournait le dos dans la pénombre, mais il comprit malgré tout qu’elle faisait un câlin à son pokémon. La rouquine et son raichu s’endormirent dans les bras l’un de l’autre. Fry continua de les contempler jusqu’à ce qu’ils sombrent dans le sommeil. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire et se décida enfin à se coucher lui aussi.

 

La tiède lumière de l’aurore perçait à travers le feuillage roux et Fry dormait encore à poings fermés. Emmitouflé dans son duvet, il avait roulé sur le côté dans son sommeil et avait terminé sa nuit blotti contre galopa, son corps et son subconscient à la recherche d'une source de chaleur. Il n'était décidément pas habitué au climat de Kanto. Jessy l'avait regardé quelques instants au réveil avant d'aller cueillir des baies à la lisière de la forêt pour leur petit déjeuner. Lorsque Fry émergea enfin, il vit Jessy en train de s'agenouiller à côté de lui avec une assiette de baies, une bouteille d'eau et quelques brioches qu'elle avait déballée de son sac. C'était assez frugal, malgré l'heureuse surprise d'avoir un bol de baies fraiches à se mettre sous la dent, mais la façon dont la rouquine s'était installée à genoux et tout près de lui donna à Fry l'impression de se faire apporter son petit-déjeuner au lit. C'était étrangement agréable.

« Pas trop froid ? Demanda Jessy avec un sourire un peu moqueur.

- Je sens encore mes orteils alors on va dire que ça va... »

Fry n'avait pas encore assez la foi pour sortir ses jambes de son sac de couchage et il déjeuna assis, adossé contre galopa.

* Gling gling gling ! *

Attirés par ce son de clochette, Fry et Jessy levèrent les yeux vers la cime des arbres. Au milieu du feuillage sombre, ils repérèrent très rapidement une petite paire d’yeux jaunes luisants et perçants.

« Crôa crôa ! »

* Gling gling gling ! *

Le cornèbre au grelot coque agitait ses ailes et leur croassait dessus. Ce bruit avait quelque chose d’apaisant, pourtant le pokémon ne semblait pas du tout apaisé.

« Regarde Jess, c'est le cornèbre au grelot coque ! Il nous a suivi jusqu'ici ! S’exclama Fry émerveillé d’un rien. A qui il appartient au fait ?

- A Kyle... Il y a un truc qui cloche. » Souffla Jessy, les sourcils tremblotant sur le point de se froncer.

Elle voulut s'approcher de l'arbre mais cornèbre s'envola et vint se poser entre eux en sautillant sur ses petites pattes. Fry le regarda attentivement, c'est vrai qu'il avait l'air en panique. Le jeune champion regarda autour d’eux, il n’y avait pas âme qui vive, du moins pas d’âme humaine. Il entendait toujours les mêmes bruits indéfinissables, ceux des pokémon insectes grimpant, grouillant, bourdonnant. Kyle n’avait pas l’air d’être là. Galopa poussa un hennissement interrogatif.

« Crôa crôa !

- Mets tes chaussures, ordonna Jessy.

- Oui Jess ! Répondit Fry en s'exécutant aussitôt.

- Il y a un problème chez tante Aline ? Demanda Jessy au cornèbre.

- Crôa ! Fit le cornèbre en hochant négativement du bec.

- Hiuuuhhh brrrfff ! Cria Galop en se relevant brusquement.

- Qu'est-ce qu'il y a Jess ? Demanda Fry, il sentait la tension ambiante en train de s’intensifier.

- Je crois qu'il y a un problème au Bourg Palette. » Répondit Jessy sur un ton grave.

La dure à cuire ne laissait rien transparaître, mais elle commençait à sérieusement s'inquiéter pour sa sœur jumelle.

« Crôa ! » S'exclama Cornèbre, les humains avaient compris.

L'oiseau noir déploya aussitôt ses ailes et s’envola. Il planait comme un vostourno au-dessus de la tête des deux ados, il croassa de façon beaucoup plus sonore et grave, son cri était si fort qu'il couvrait le son du grelot-coque qui s'agitait sans fin aux mouvements de ses ailes.

* Gling gling gling ! *

« Crôa ! Crôa ! Crôa !

- Je rêve ou il veut qu’on le suive ? Demanda Fry.

­- J’en ai bien l’impression, allons-y ! »

Jessy ouvrit rapidement sa petite sacoche à la ceinture pour attraper les pokéballs de Galop et d’Etna. Elle renvoya son équidé dans ses pénates et sortit sa monture aérienne. Lorsque le pokémon de Kyle eut compris que les deux jeunes gens étaient prêts à le suivre, il prit un peu d’altitude pour traverser le dôme végétal de la forêt de Jade. Jessy et Fry s'envolèrent à leur tour en laissant leurs affaires de camping en plan, ils ignoraient quel était le problème, mais il était clair qu'ils n'avaient plus le temps de se préoccuper des vieux duvets des enfants Léon. En arrachant plus qu’en écartant les branchages, dracaufeu et cornèbre sortirent de la forêt de Jade et mirent le cap à toute vitesse sur le Bourg Palette.

 

A suivre…

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