Les Train Twins

Chapitre 40 : Hit sale

10587 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/05/2022 11:16

Chapitre 40


Hit sale


Sans surprise aucune, les Dark Love avaient remporté le concours et comble de la frustration pour Jessy, les Train Twins étaient à la deuxième place du classement proposé par le jury. Comme sur l’île Gélatine, Mate le Jukebox, devenu les Dark Love, leur avait volé la vedette.

Scott n’osa pas retourner sur scène après la proclamation des résultats, il resta terré dans la loge comme un taupiqueur dans son tunnel, il avait trop peur de la réaction de Jessy s’il retournait parler aux Dark Love, mais son absence fut remarquée, d’autant plus que les Dark Love étaient censés rejouer leur chanson en guise de clôture pour le concours.

Fry trouvait qu’il y avait déjà beaucoup de tensions entre Matt et Jessy avant ce concours, mais la chanson de Scott était une véritable déclaration de guerre. Jessy l’avait vécu comme tel et malgré l’éternel sourire bienheureux de Matthieu, Fry était convaincu que c’était bel et bien une provocation calculée à l’encontre des Train Twins. En revanche, il ne comprenait pas pourquoi.

Certes, le chanteur des Dark Love avait perdu sa voix à cause de sa laryngite et la chanson de Scott était magnifique, c’était normal que Matt veuille la récupérer, mais il ne comprenait pas pourquoi ils avaient choisi ce concours pour la jouer, alors que les jumelles étaient là et qu’ils le savaient pertinemment. Fry ne comprenait pas non plus pourquoi les Dark Love avaient demandé à Scott de chanter lui-même cette chanson. De son point de vue, ils devaient y avoir d’autres solutions qui auraient évité à Scott de se mettre à dos les deux jumelles en même temps. Compte tenu de la situation extrêmement tendue entre Scott et Jessy, Fry s’abstint d’en parler à l’un ou à l’autre. Pour une toute autre raison, il évita également d’aborder le sujet avec Jane. Mademoiselle Pokémon Roche ne laissait rien transparaître, mais Fry était persuadé qu’elle avait l’âme retournée, il y avait quelque chose de mécanique dans sa façon de sourire, de parler et de bouger depuis la fin de "Déclaration d’amour".

Comme Scott ne réapparaissait pas, Matthieu s’occupa du chant pour le grand final auquel les Train Twins n’assistèrent pas. Ils embarquèrent plus ou moins de force Scott et leurs instruments, puis quittèrent la salle de spectacle rapidement. Comme Jenny le redoutait, des gens reconnurent Scott malgré ses lunettes et sa chemise à carreaux. Le groupe fut vite encerclé par les fans de Scott à la sortie de l’Alpha et l’Omega. Après avoir joué les déménageurs, les pokémon des jumelles se transformèrent en gardes du corps. Gali et Wal fendaient la petite foule pour dégager un passage vers la rue.

Une fois de retour dans leur logement au centre de concours pokémon de Lavandia, Scott farfouilla dans son sac à dos tandis que ses trois amis, Jessy en première ligne, restaient postés les bras croisés derrière lui. Il était une heure du matin passée, mais aucun des membres des Train Twins n’avait sommeil et il était évident qu’ils ne laisseraient pas Scott se coucher tant qu’il n’aurait pas totalement levé le voile sur ce talent qu’il leur avait caché. Le timide technicien s’efforçait d’ignorer le vrombissement quasiment continu de son téléphone portable, les Dark Love essayaient de le joindre, mais il était en quelques sortes prisonnier des Train Twins pour l’instant.

Enfin, il réussit à mettre la main sur ce qu’il cherchait dans ses affaires. Il se retourna lentement avec un carnet en reliure cuir à la main. Il déglutit difficilement et tendit le petit cahier à Jessy. Son teint vira au rouge colhomard quand elle s’en saisit.

« S’il… S’il te plaît prends en bien soin. Et… Et ne regardez pas tous dedans en même temps… Eh ! Doucement ! Jessy… »

Scott couinait avec beaucoup d’anxiété et Jenny jeta un coup d’œil à sa sœur jumelle qui avait ouvert le carnet un peu brutalement.

« Jessy s’il te plaît, vas-y doucement, il te l’a demandé.

- Ouais, ouais… » 

La jeune fille tourna les pages en fronçant les sourcils ou en les haussant selon les feuillets.

« Mouais… Celle-là est trop nian nian… Ah celle-là elle est bien ! »

Elle tendit le carnet à Scott pour qu’il voie de laquelle elle parlait.

« Ça ne devrait pas être trop difficile de composer sur ce texte-là. » Reprit-elle.

Elle feuilletait frénétiquement les pages du carnet et Scott se mordait les lèvres en se retenant de lui hurler d’être moins brutale.

« Ah ! Celle-là ! Ce sera parfait pour un début. »

Elle tendit le carnet à Jenny.

« Tu la veux vraiment Jess ?

- Absolument ! »

Jenny jeta un regard en biais à Scott qui ne savait plus où se mettre. Il détourna le regard et ainsi il ne vit pas que les joues de Jenny rosissaient à vue d’œil, mais elles restaient toujours moins rouges que le siennes.

« Celle-là aussi tu l’as écrite en pensant à moi ?

- Moui… Marmonna-t-il sans oser la regarder.

- Et la chanson que tu jouais au Cap d’Azuria, elle est de toi aussi n’est-ce pas ?

- Euh laquelle exactement ? Demanda timidement Scott les yeux toujours baissés.

- Celle qui disait : je ne veux plus de quelqu’un d’autre.

- Ah, euh oui… Mais elle est inachevée, je n’ai qu’un couplet et le refrain.

- Eh ben dans ce cas-là on va la finir ! » Déclara Jessy en donnant une claque dans le dos de Scott, il détestait quand elle faisait ça.

Scott profita qu’ils soient tous les trois focalisés sur son carnet pour cavaler jusqu’aux douches des vestiaires du centre de concours, il avait globalement l’allure d’un paras effrayé. Il devait se laver après sa prestation de rockeur, mais il avait surtout besoin de s’isoler, loin du stress et des regards fixés sur lui. Fry le regarda s’enfuir avant de bailler à s’en décrocher la mâchoire.

« Jess, tu ne veux pas qu’on s’occupe de ça demain ?

- Ouais ouais…

- Jess, il est tard, il faut aller se coucher, insista Fry.

- Va te coucher si t’es crevé, répliqua Jessy sans le regarder. Et va te laver aussi, tu sens la tanière d’ursaring.

- Merci… » Grimaça Fry.

Jessy les abandonna dans leur chambre commune pour aller poursuivre sa lecture dans la salle où ils stockaient leurs instruments de musique, Jenny était persuadée qu’elle allait tenter de jouer avec sa guitare acoustique quelques accords que Scott avait griffonnés.

Fry ne sentait effectivement pas la rose, mais il avait la flemme d’aller se laver, surtout que Scott était toujours enfermé dans la salle d’eau et qu’il était très tard. Le jeune batteur n’avait pas envie d’aller se laver à deux ou trois heures du matin. Il bailla à nouveau et lorsque ses yeux se rouvrirent, ils se posèrent sur Jane en train de défaire son lit. Elle avait toujours cette même expression neutre, une sorte de poker-face.

« Jane, tu es sûre que ça va ? Demanda Fry d’une voix très sérieuse.

- Oui… Pourquoi cette question ?

- La chanson de Scott, elle est quand même très intime.

- Ce n’est qu’une chanson, soupira platement Jenny.

- Ce n’est qu’une chanson ? Répéta Fry, sceptique. Tu plaisantes là ? C’était tout sauf anodin, et son carnet il est rempli de… »

Agacée, Jenny le coupa en ronchonnant à moitié.

« Il est amoureux de moi, je le sais. Et ma réponse est toujours non, il le sait. Il n’y a plus de non-dit.

- Il souffre Jane.

- Et alors ? Un jour il ne souffrira plus, il faut juste lui laisser du temps. Ce dont il n’a pas besoin, c’est que tu mettes ton grain de sel là-dedans. »

Jenny le toisa, elle estimait qu’il fallait se montrer désagréable pour qu’il lâche l’affaire. Fry repensait à la métaphore de Seb sur les pokémon roches, il n’avait jamais cru que Jenny avait un cœur de pierre, mais en la voyant si posée et stoïque, il avait comme un doute subitement.

En réalité, Jenny était juste maîtresse d’elle-même. Elle se commémorait les filles en pamoison devant Scott après le concert. Jane avait été surprise par cette scène inattendue, puis très vite elle avait réalisé qu’elle avait deviné juste dans l’Archipel Arc-en-Ciel : le seul problème de Scott, c’était son manque de confiance en lui. Dès qu’il dépasserait ça, il ne manquerait plus ni d’amis, ni de prétendantes.

En y repensant, Jenny sentait sa jalousie poindre à l’horizon, elle prenait sur elle pour ravaler ses sentiments négatifs. Elle acceptait toujours difficilement de ne pas être le centre du monde de tous les mâles de son entourage, or justement l’univers de Scott gravitait autour d’elle. Dans le fond elle adorait ça, mais elle savait que son ami avait besoin de se détacher pour avancer, pour son bien, elle ne pouvait pas le garder entre ses pinces de manternel, ce serait sadique. Non, Jenny n’avait pas un cœur de pierre, bien au contraire…

« Jane, tu es sincère ou tu m’envoies juste balader ? » Insista Fry en extirpant la rouquine de ses pensées.

Elle soupira.

« Pourquoi tu fais toujours ça ? Pourquoi tu te préoccupes autant des autres même quand ils ne veulent pas te parler ?

- Je croyais que c’était ça être amis. » Répliqua Fry, profondément vexé cette fois.

Il ajouta en s’efforçant de rester calme :

« Je m’inquiète c’est tout. J’avais peur que tu réagisses comme la dernière fois.

- Tu vois bien que ce n’est pas le cas. Fais-moi un peu confiance et fais confiance à Scott aussi, il n’est pas si fragile que tu le crois. Pour moi, c’est ça être amis. »

Sur ces mots, elle abandonna Fry pour aller jusqu’à la salle de bain pour dames. A l’origine, elle était dans la même optique que Fry : elle était claquée et préférait attendre le lendemain matin pour se laver, mais désormais elle voulait surtout qu’il arrête de lui parler de Scott et de ses chansons. Elle avait opté pour une stratégie de fuite, la même que Scott qui restait cloitré dans les vestiaires pour homme, trop anxieux à l’idée de revoir Jessy en train de décortiquer son carnet.

 


Le lendemain matin, Scott rasait les murs comme un polichombr. Il s’était réveillé en même temps que les jumelles, mais il n’osa pas se lever avant Fry, Jenny pouvait le défendre, mais deux boucliers valaient mieux qu’un face à Jessica. A la table du petit-déjeuner, la rouquine le toisa en continu avec ses yeux bleus, vifs et perçants. Il était tellement mal à l’aise qu’il n’osait pas toucher à son assiette. Jenny soupirait intérieurement, tout cela s’annonçait compliqué. Lorsque Jessy comprit qu’il n’avalerait rien de plus, elle se leva de sa chaise et se planta devant lui. Scott se recroquevilla sur lui-même, tétanisé.

« Suis-moi et tu te grouilles. » Lâcha-t-elle brutalement avant de se sortir de la pièce.

Il appela Jenny au secours du regard, mais ce fut Fry qui répondit à sa place.

« J’te conseille de faire ce qu’elle te demande. »

Aussitôt, Scott se leva en catastrophe en manquant de trébucher sur le pied de chaise et il fila à la suite de Jessy. Préoccupée, Jane leur emboita le pas et Fry enfourna précipitamment le reste de sa brioche dans sa bouche pour les suivre à son tour. Jessy conduisit Scott dans l’une des trois salles où se déroulaient les concours pokémon, celle-ci avait la particularité de posséder un piano, installé dans un angle de la pièce près de la scène. La rouquine tenait toujours le carnet de Scott dans sa main gauche, elle pointa son index droit libre vers Scott, puis dans geste raide, quasi-mécanique, elle l’inclina vers le clavier.

« Joue, ordonna-t-elle.

- Ab euh… Ben c’est-à-dire que… Balbutia Scott gêné.

- Tu joues ou tu dégages Scott.

- Jess ! Je lui ai promis qu’aucun de nous ne le rejetterai ! Protesta Jenny.

- Moi je ne lui ai rien promis du tout, répliqua sa jumelle.

- Jess, sois cool… Fit Fry d’une voix douce pour rappeler à Jessy ce qu’elle lui avait promis à lui.

- Non c’est bon ! Je vais jouer, je vais jouer… »

Scott, les joues couleur écrapince, s’assit sur le tabouret de piano et réfléchit aussi vite qu’il le put. Il se mit à jouer le premier air qui lui passa par la tête : "Stand by me". Fry se demanda si ce n’était pas un message subliminal pour Jessy, pour qu’elle renonce à le chasser du groupe.

Il était évident que Scott connaissait le morceau par cœur. Au début ses mains tremblaient, il était terrorisé par Jessy, puis les automatismes revenaient, au fond la musique ce n’était pas très différent de l’électronique pour lui. Il jouait bien et de manière fluide.

Fry jeta un coup d’œil aux deux jumelles, Jessy était ultra attentive, elle fixait Scott de dos avec ses yeux perçants de guériaigle. Jane aussi était très attentive, mais son regard ne traduisait pas du tout la même chose que celui de Jess. C’était la deuxième fois qu’elle l’entendait jouer, il était doué, vraiment doué, mais elle n’entendait pas la même émotion que lorsqu’il avait joué un de ses morceaux personnels.

A la fin du morceau, Scott recommença à trembler, il s’attendait à entendre la voix de Jessy lui tomber dessus comme un couperet d’hachécateur et il n’osait pas la regarder, pourtant il aurait voulu voir son visage, au moins pour savoir à quelle sauce il allait être mangé.

« A partir de maintenant, tu répètes avec nous. » Lâcha Jessy sur un ton sans réplique.

Scott aurait voulu protester, mais il n’en avait pas le courage. Mégane Fritz entra dans la salle à cet instant.

« Vous êtes là. J’ai l’autorisation de ma patronne : vous pouvez rester ici pour répéter aussi longtemps que vous le souhaitez.

- Ah ! Parfait ! Merci beaucoup ! S’exclama Jessy, elle commençait à se dire que cette nouvelle journée serait moins pire que la veille.

- Je t’en prie. Pensez à remercier Grégoire quand vous le verrez. »

Aussitôt après l’annonce de la coordinatrice, les Train Twins déballèrent à nouveau leurs instruments sur l’une des scènes libres de l’établissement de concours. Il n’était pas encore onze heures et ils terminaient les balances quand un jeune homme châtain au visage aimable entra dans la salle. Le quatuor se figea en le voyant traverser la pièce pour venir à leur rencontre, ils l’avaient tous reconnu en quelques secondes et le léviator rouge montra les crocs devant Matthieu des Dark Love. Le sourire avenant du jeune homme resta inébranlable.

« Qu’est-ce que tu fous là ? Aboya Jessy.

- On va bientôt quitter la ville, alors je viens dire au revoir à Scott.

- Bon ben c’est fait, aller salut ! Cracha Jessy en se retenant d’ajouter un "bon débarras".

- Jess… » Soupira lentement Fry avec paternalisme.

La rouquine préféra s’en aller avant d’agresser quelqu’un. Elle se disait qu’elle allait faire un détour par le terrain d’entrainement des coordinateurs pour se défouler avec Pit et l’airmure de Mégane. A ce stade d’énervement, il n’y avait plus rien à faire d’autre, si elle prenait sa guitare, elle risquait de broyer le manche entre ses mains de scarabrute.

Scott s’avança vers Matt avec son air coincé, tandis que Fry et Jenny s’éloignaient un peu pour leur laisser de l’intimité.

« Tu es certain de ta décision ? Demanda gentiment Matthieu une fois les trois membres des Train Twins hors de portée de voix.

- Ma décision ?

- Tu ne veux vraiment pas venir avec nous ? J’adore tes chansons et les gars aussi. En plus, j’ai quelques copains informaticiens qui seraient ravis de te rencontrer je pense.

- Ah, non… Enfin oui, je suis certain de ma décision. »

Matthieu agrandit son sourire mais resta figé un moment, il réfléchissait, il hésitait aussi. Il glissa un œil furtif en direction de Jenny à l’autre bout de la salle. Scott se demandait à quoi il pouvait bien penser, sous ses airs sociables, il restait très mystérieux.

« Si tu restes pour elle, je n’crois pas que ce soit une bonne idée vieux. Conseil d’ami. »

Scott cligna des yeux, un peu surpris par la réflexion. Machinalement, il se retourna vers Jenny à son tour, elle bavardait avec Fry. Friday s’agitait sur l’épaule de son dresseur. En les voyant tous les trois, Fry les mains dans les poches, Jenny glissant avec délicatesse une mèche de cheveux derrière son oreille et Friday poussant des cris enjoués pour exprimer son envie de balade, l’esprit de Scott extirpa de sa mémoire une image insolite : celle de Jessy, se tenant devant lui au Cap d’Azuria, lui déclarant avec son sourire franc et radieux :

"Personnellement, je suis très contente de te revoir."

Les yeux dans le vague, Scott agrandit son sourire avant de répondre à Matthieu.

« Non, je ne reste pas que pour elle, je reste pour eux trois. »

- Bon. D’ac. Tu vas me manquer Scotty… Si tu changes d’avis, ma porte sera toujours ouverte comme on dit.

- Merci Matt.

- A bientôt Scotty.

- A bientôt Matt. »

Matthieu serra la main du blondinet sans se départir de son sourire chaleureux. Il mit longtemps avant de la lâcher, il n’avait vraisemblablement pas envie d’abandonner son nouvel ami, Scott le sentit sous ses doigts.

A l’autre bout de la salle, Fry captait les regards des deux musiciens en train de se tourner régulièrement dans leur direction. Sans quitter Jenny des yeux et sans rien laisser transparaître, il lança avec son sourire à la Reese Morgan :

« Je crois qu’ils parlent de nous.

- Évidemment qu’ils parlent de nous, répliqua Jenny. Jessy avait raison, on aurait dû se méfier de ce type.

- Ta sœur a beaucoup d’instinct, il faut l’admettre. »

Matthieu mit les voiles et Scott revint vers eux, il avait le sourire mais il semblait confus. Sans crier gare, l’évoli sauta de l’épaule de Fry pour atterrir sur celle de Scott. Le petit technicien le rattrapa maladroitement pour éviter qu’il ne glisse dans son dos.

« Attention Friday…

- Evo vo !

- Hem ! Je… Encore une fois : je suis désolé pour le concours.

- Tu sais, j’crois qu’à part Jessy, personne t’en veux. Pas vrai Jane ?

- Bien sûr que non, confirma Jenny.

- Ce n’est pas la question, j’ai… J’ai fait une boulette, je ne recommencerai pas.

- Arrête de te mettre la pression Scott, d’accord ? Plus de cachoterie et tu verras que tout ira très bien. »

Le sourire rassurant de Jenny apaisa partiellement Scott, mais le jeune homme restait préoccupé par la réaction de Jessy. Il n’était vraiment pas à l’aise avec le fait qu’elle épluche son carnet de chansons alors que les deux tiers parlaient de Jane. Cependant, ce qui l’inquiétait le plus à l’instant présent, c’était que cela ne suffise pas à la calmer. Ses méninges s’activaient furieusement, il devait trouver quelque chose de plus pour se faire pardonner.

 

Le jour suivant, Scott profita d’être seul dans la chambre avec Jenny un bref instant pour lui demander :

« Jane, tu veux bien me prêter Loki ou Gali pour la journée ?

- Qu’est-ce que tu veux faire avec eux ? Fit Jenny, perplexe.

- J’ai besoin d’aller à New Lavandia et de ramener du matériel, je ne pourrai pas tout porter moi-même.

- Ils ne t’obéiront pas. Ils détestent jouer les porteurs, ils le font uniquement parce que c’est moi qui leur demande mais ça les gave. Je vais t’accompagner, ce sera plus simple. Tu as vraiment besoin de tant de choses que ça ? »

Scott se frotta le bras avec un air un peu honteux.

« Bah… Je voudrais me faire pardonner pour le concours, hem. Alors j’ai un truc à faire pour Jessy… Et… Oui, c’est encombrant. »

Jenny croyait deviner de quoi il retournait, mais elle évita de trop questionner Scott, il était déjà suffisamment nerveux. Elle préféra prévenir elle-même sa sœur de leur absence.

Comme Jane et Scott étaient partis pour New Lavandia, Fry se disait que c’était la journée idéale pour aller affronter le champion de l’arène locale. Il chercha Jessy pour lui proposer de l’accompagner, ça lui changerait les idées après la désillusion brutale du concours de musique. Il trouva son amie assise dans un fauteuil pourpre du grand hall, concentrée sur sa lecture.

« Tu es toujours sur le carnet de Scott ?

- Oui, répondit Jessy sans quitter le cahier des yeux. La plupart des chansons sont inachevées, mais il a du talent cette espèce de chenipotte rachitique.

- Tu lui en veux toujours à ce que je vois.

- Mouais… » Grommela la rouquine, sa colère était un peu atténuée, mais elle avait vraiment beaucoup de mal à digérer la bêtise de Scott et leur défaite.

« Je n’ai trouvé que deux chansons terminées pour voix féminine, reprit Jessy.

- Je peux regarder ? »

Elle tendit le carnet à Fry. Elle l’avait rempli de post-it, deux languettes attirèrent l’attention du jeune batteur car elles étaient d’une couleur différente. Il feuilleta les pages marquées et leva les sourcils, un petit sourire coquin jaillit au coin de sa bouche.

« Je comprends mieux pourquoi il ne voulait pas nous les montrer… Son image de parfait gentleman en prend un coup.

- Il n’empêche que c’était pas une raison pour les montrer aux Dark Love à la place, grogna Jessy en triturant un crayon.

- Je suppose qu’il avait besoin d’en parler à quelqu’un.

- Merde, mais on est là nous ! » S’emporta Jessy.

Fry contempla la jolie rousse avec une mine un peu affligée. Certes, ils étaient tous amis, mais Jessy ne risquait pas d’être la confidente de Scott pour des dizaines de raisons différentes. Quant à Fry, il avait beau être sociable et prévenant, il savait que Scott vivait assez mal l’attirance de Jenny pour lui, ça aurait été un peu cruel de venir lui proposer un soutien émotionnel dans ces conditions.

 

Jenny et Scott justement étaient en route pour New Lavandia. New Lavandia était le technopôle de la ville, situé à côté de la nouvelle centrale électrique expérimentale. Tout le quartier était dédié aux hautes-technologies, il y avait de nombreuses entreprises et start-up, mais aussi beaucoup de magasins d’électronique et d’électroménager. Les boutiques allaient de la simple échoppe de réparation de smartphone dans des locaux si étroits qu’ils ne pouvaient accueillir qu’un seul client à la fois, aux supermarchés high-tech à l’éclairage démentiel avec de la musique d’ambiance, des tapis roulants dans tous les sens et un carrelage blanc immaculé générant une atmosphère futuriste. Même les sous-sols de la zone avaient été pris d’assaut par des commerçants, toutefois les souterrains étaient surtout occupés par du matériel de récupération et une partie de l’ancienne centrale désaffectée avait été transformée en vaste marché aux puces de l’électronique.

Scott n’était jamais venu auparavant, mais il arpentait les allées avec l’aisance d’un hyporoi dans l’océan, il se sentait dans son élément. Jenny, Loki, Gali et Chu le suivaient docilement, même si le lockpin ne pouvait s’empêcher de ronchonner régulièrement, il devinait aisément pourquoi Jenny l’avait sorti de sa pokéball. Scott entra dans une boutique ressemblant à une librairie. Vu de plus près, Jane constata que toutes les revues et les ouvrages proposés ne touchaient qu’à la documentation technique. Il y avait beaucoup de plans d’appareils à monter soi-même surtout. Scott passa plus de quinze minutes à éplucher les feuillets dans les bacs en bois jusqu’à trouver le schéma de montage qu’il cherchait.

« Ah, voilà. »

Il sourit en brandissant sa notice. Jenny n’eut pas le temps de voir de quoi il retournait, il fonça à la caisse pour l’acheter. En sortant de la boutique, il commença à vérifier la liste qu’il avait préparée en amont avant de venir, pour s’assurer qu’il n’avait pas oublié une pièce importante. Jenny jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour voir la longueur de la liste.

« Tu es sûr que tu vas trouver tout ce qu’il te faut ?

- Ici ? J’en suis certain, mais ça va nous prendre un certain temps. J’espère que tu n’es pas pressée de rentrer.

- Je peux t’aider ?

- Ah, euh… Je n’en sais trop rien. »

Scott était gêné ; ce qu’il voulait faire était autrement plus compliqué que réparer les pokéballs, alors il doutait que Jane soit capable de trouver les pièces nécessaires. Il pourrait éventuellement faire une petite liste à Jenny et lui dire de demander directement aux vendeurs pour qu’ils lui préparent la commande. Ou il pouvait aussi l’envoyer acheter des trucs simples, comme les câbles avec la bonne référence.

La plèbe de New Lavandia était essentiellement masculine et les badauds se retournaient souvent sur le passage de la jolie Jenny. C’était déjà le cas dans les rues des boutiques officielles, mais une fois dans les souterrains à écumer les stands des marchands d’occasion, la familiarité des clients se fit sentir avec plus d’embarras. Un gaillard dans la vingtaine avec un t-shirt ectoplasma siffla Jenny, avant qu’un autre à peu près du même âge avec des lunettes l’interpelle.

« Salut ma jolie ! Tu te promènes avec ton petit frère ? C’est trop mignon. »

Scott grimaça en entendant cette phrase. Il se retourna lentement avec son air incommodé, Jenny, elle, ne réagit pas, elle se contenta d’un petit claquement de doigts discret. Aussitôt, Chu fit volte-face, les oreilles ployées en arrière dans une attitude agressive, il chercha le type qui s’était adressé à sa dresseuse et lui lança une châtaigne.

« Aïe !!! Grrr, salope… »

Le visage de Scott était toujours figé dans une expression tordue, alors que le poète du jour s’éloignait en frottant son bras douloureux sous le regard haineux de Chu et Gali.

« Raï raï ! » Grogna le raichu à l’encontre d’un dynavolt qui accompagnait un autre dragueur du dimanche, pour le dissuader de défendre son dresseur malpoli.

Scott n’arrivait toujours pas à comprendre le pourquoi du comment de ce genre de comportement. Il commençait aussi à ressentir une profonde colère, tous ces harceleurs de rue lui rappelaient le sale type du Nymphéa.

« Il te faut encore beaucoup de choses ? » Demanda Jenny, en apparence imperturbable.

Elle jeta un coup d’œil aux bras de Gali et Loki déjà bien encombrés, mais leur chargement restait beaucoup plus léger que les instruments qu’ils trimbalaient habituellement.

« Non, on en voit le bout normalement… » Répondit lentement Scott en parcourant sa liste du bout de l’index.

Ils passèrent beaucoup de temps au marché de l’occasion, Jenny avait parfois l’impression d’avoir affaire à d’anciens membres de la Team Rocket reconvertis en brocanteurs. Ils furent contraints de remonter à la surface et de retourner dans les boutiques de matériel neuf pour compléter la liste.

Jenny était admirative du talent de Scott pour l’électronique et le bricolage, c’était un véritable génie et il donnait sincèrement l’impression de ne pas en être conscient. Pour lui, c’était ça la normalité. En l’observant attentivement, elle finit néanmoins par froncer les sourcils. Tout en le suivant partout dans ses courses, elle faisait le décompte dans sa tête : il y en avait pour une petite fortune de matériel. Or, c’était Jenny qui avait récupéré le pot de vin du Nymphéa destiné à Scott. Elle s’inquiétait, elle commençait à connaître le jeune technicien, il était bien capable de se ruiner juste pour faire plaisir aux jumelles et se faire pardonner sa boulette avec les Dark Love, sachant que la boulette en question c’était déjà pour faire plaisir à Matthieu…

« Scott, je ne sais pas ce que tu comptes faire pour Jessy, mais tu es sûr que ça ne va pas te poser problème financièrement ?

- Oh non, ne t’inquiète pas pour ça ! Matt m’a versé ma part de récompense, autant que ça serve aux Train Twins.

- Tu es beaucoup trop gentil… »

Le sourire affectueux de Jenny réussit à le faire rougir et il détourna précipitamment les yeux pour regarder une énième fois sa liste.

Les Dark Love avaient donné une partie du premier prix du concours de l’Alpha et l’Oméga à Scott. D’habitude, le groupe divisait le cachet en cinq parts égales, quatre pour les musiciens et une dernière pour le pot commun des dépenses courantes. Cette fois, ils avaient décidé de donner un tiers à Scotty et de verser tout le reste dans le pot commun. Matthieu aurait bien aimé lui en donner plus, mais comme Artus le lui avait rappelé, ils avaient des frais à couvrir et ne pouvaient pas se montrer trop généreux pour l’instant. D’après les calculs de Scott, cet argent suffisait largement pour acheter les pièces détachées nécessaires à son projet, ça revenait à moitié moins cher que le prix indiqué par Rem dans son courriel.

Dès leur retour à l’établissement de concours de Lavandia en début de soirée, Scott s’isola avec tout son matériel. Il se déplaçait le dos courbé à toute allure dans les couloirs avec l’attitude d’une vieille fouinette craintive. Il redoutait toujours la réaction de Jessy et il était rongé par la culpabilité. Il avait fini par comprendre qu’il avait fait une énorme gaffe, même s’il était aussi parfaitement conscient qu’il aurait culpabilisé pareillement s’il avait refusé d’aider les Dark Love alors qu’Artus était malade.

Scott était trop gentil et trop serviable, en plus d’être trop nerveux, s’il n’arrivait pas à contenter tout le monde, il se sentait mal, ce qui expliquait son besoin régulier de s’isoler au milieu de ses gadgets électroniques, ça l’aidait à se détendre et à penser à autre chose. En plus, les machines n’étaient jamais déçues, contrairement aux humains.

 

Le lendemain matin, aussitôt son petit-déjeuner avalé, Scott retourna s’enfermer dans le local technique du centre de concours pour travailler sur son prototype. Assis à la table de la salle de pause des coordinateurs entre les deux jumelles, Fry contemplait entre ses doigts son tout nouveau tout beau badge dynamo.

« Jane, on a combien en liquide ? Demanda Jessy.

- Attends, je vais te dire ça… »

Jenny fouilla dans son sac et en extirpa son porte-monnaie. Elle en sortit une liasse de billets pour les compter devant Jessy et Fry. Sa jumelle la regarda faire et elle n’attendit pas que Jane lui annonce la somme finale, elle piocha dans ses mains pour prendre quelques biftons.

« Ça, ça devrait suffire. Tiens. »

Elle tendit l’argent à Fry sous le regard décontenancé de ce dernier.

« Euh j’suis sensé en faire quoi ?

- Tu prends Scott avec toi et tu vas lui acheter une tenue décente pour monter sur scène. Y en a marre de ses chemises de bouseux.

- Et pourquoi c’est moi qui dois me coltiner ça ? »

Les jumelles posèrent sur lui un regard éloquent, Fry se trouvait idiot avant même de sentir le poids de ce jugement dans leurs yeux.

« Pardon, question stupide. Ok je gère.

- Merci, répondit Jessy avant de passer au sujet suivant. J’ai recopié deux de ses chansons pour qu’on les travaille, mais on va devoir trouver un piano numérique et s’y mettre à quatre. Le petit Scotty a intérêt à donner de sa personne !

- Ça va, c’est pas ce qui coûte le plus cher. » Commenta Fry, tandis que Jenny regardait les chansons sur les deux feuilles que lui tendaient sa sœur.

Jane passa rapidement sur la première, mais la seconde la fit rougir légèrement, elle aurait préféré qu’ils la laissent de côté. Elle fronça les sourcils en voyant l’annotation dans la marge "voix masculine"…

« Tu comptes faire chanter ça à Scott ? Mais enfin ça va faire ridicule ! S’exclama Jenny avant de se tourner vers Fry. Tu le vois dire ça toi ?

- Bah… »

Fry ne savait quoi lui répondre. Il se demandait déjà comment Jessy arriverait à chanter ces paroles, alors qu’elle avait refusé la "Sexball" qui, bien que plus graveleuse que celle de Scott, avait le mérite de ne pas concerner spécifiquement Jenny. Son visage parlait pour lui : il affichait un air idiot et haussa machinalement les épaules.

« Jessy, dis-moi que tu plaisantes… Reprit Jane

- Mais pas du tout ! Un petit relooking, une bonne préparation et ça ira, répondit-elle avec un sourire confiant.

- Il ne sera jamais prêt et il ne tiendra pas le choc.

- C’est bien lui qui l’a écrite non ? »

La guitariste leva les sourcils avec un air éloquent. Jessy était assez prude, mais elle commençait à apprendre des leçons de séduction de Jenny et Fry. En outre, elle n’était pas ingénue au point de se faire des illusions sur les pensées des hommes qui côtoyaient Jenny, le gentil petit Scott n’échappait pas à la règle. Jane soutenait le regard rusé et provocateur de sa sœur.

« Il n’y arrivera pas je te dis.

- Moi je pourrais la chanter, pour rendre service, lança Fry.

- T’as oublié que tu chantais mal ?

- Non, mais je suis de l’avis de Jane : il n’y arrivera pas.

- C’est ce qu’on va voir… » Fit lentement Jessy.

Elle avait son regard de combattante acharnée. Si la volonté de Lucario avait pliée devant Jessy Ketchum, ce n’était pas le pauvre Scott qui allait lui résister. Il avait une dette envers les Train Twins et elle était bien décidée à la lui faire payer.

Fry et Jessy partirent ensemble à la recherche d’un magasin de musique dans les rues de Lavandia et revinrent à l’établissement de concours avec un piano synthétiseur. Pendant ce temps, Jenny s’entraina un peu avec Mégane Fritz et ses pokémon en manque d’action. Elle aurait préféré se consacrer aux études, mais s’ils voulaient rester sur place, il fallait entretenir de bonnes relations avec la directrice.

Jane regardait l’heure avec inquiétude, ils n’avaient pas vu Scott de la journée. Elle s’en alla le trouver sur son établi de fortune en train de bucher sur son projet pour Jessy. Elle s’approcha doucement, elle était persuadée qu’il ne l’avait pas vu.

« Scott ? »

Il sursauta.

"Gagné..." Songea-t-elle.

Elle lui sourit avec bienveillance.

« Tu as mangé aujourd’hui ?

- Quoi ? Ah, euh, peut-être, euh… Je ne sais plus. »

Elle le dévisagea, une fois de plus ça le mit mal à l’aise et il détourna le regard en rougissant un peu. Il préféra se reconcentrer sur ses circuits intégrés. Jane repensa à ce que disaient les parents de Scott sur le fait que parfois il était tellement concentré sur ses travaux qu’il en oubliait de dormir et de manger. Elle n’avait pas capté cette facette de sa personnalité dans l’Archipel Arc-en-Ciel. En y réfléchissant, elle avait deviné que son amour pour elle le faisait émerger régulièrement, juste pour la voir. Comme elle l’avait rembarré, c’était désormais l’inverse : la tête dans ses machines, il ne pensait plus à elle. Elle poussa un petit soupir désolé avant de se pencher en avant pour lui parler, sans trop le coller non plus.

« S’il te plait Scotty, prends une pause et viens manger. »

Le jeune homme s’arrêta de bricoler, il cligna des yeux. Depuis quand ne l’avait-elle pas appelé Scotty ? Cela lui semblait une éternité, presque une illusion, un fantasme… Timidement, il se tourna vers elle. Elle lui sourit à nouveau.

« Aller, viens… »

Elle aurait voulu le prendre par la main, elle ne le fit pas. Elle commençait à en avoir assez de se contraindre dans ses mouvements pour ne pas l’affoler, c’était contraire à sa nature. Quand elle aimait les gens et les choses, elle était plutôt tactile, comme sa sœur.

« Mais regardez qui daigne enfin pointer son museau de chovsourir ! S’exclama Jessy en voyant Scott s’installer à table.

- Relax Jess, intervint Jenny d’une voix doucereuse.

- On a acheté un synthé aujourd’hui. Tu vas pouvoir répéter avec nous.

- Ah euh… J’aurais voulu terminé mon projet avant et…

- J’te donne pas le choix Scott. » Répliqua Jessy les bras croisés.

Scott commençait à regretter la proposition de Matthieu. Cyril lui avait dit qu’il ne fallait pas se fier à ses jolies manières, qu’il était tyrannique au fond, mais Scott se demandait comment quelqu’un pouvait être plus tyrannique que Jessy Ketchum. Avec un petit sourire diplomate, Jenny décida d’intervenir.

« On s’arrêtera un peu plus tôt pour te laisser le temps de bricoler. Jess, je te promets que son invention nous sera utile.

- Si tu le dis. T’as du shopping à faire avec Fry aussi.

- Du shopping ? Grimaça Scotty.

- On va juste t’acheter une chemise plus passe-partout, précisa Fry.

- Mais qu’est-ce que vous avez tous avec mes chemises ? » Couina Scott.

Avant de monter sur la scène de l’Alpha et l’Oméga, Matt aussi avait insisté pour qu’il enfile une de ses propres chemises. Le regard de ses trois partenaires ce jour-là laissait sous-entendre qu’ils estimaient eux aussi la question d’une importance capitale. Les jumelles n’avaient pas la foi de lui expliquer.

Scott profita encore de quelques jours de pseudo-liberté, le temps que Jessy se familiarise aux nouveaux morceaux et rajoute des partitions pour piano sur leurs précédentes chansons. Curieuse, Jenny s’approcha de lui et de son projet. Elle se pencha en avant pour mieux observer son prototype et pour parler au jeune inventeur.

« Tu as besoin d’un coup de main ?

- Ah euh n… »

Scott s’interrompit. Il ne savait plus quoi répondre. Spontanément, il allait dire non, car il n’avait jamais besoin d’aide en matière d’électronique, même s’il bricolait avec son père parfois pour le plaisir de sa compagnie. Il se disait que refuser l’aide de Jenny était malpoli, elle pourrait se vexer, mais en même temps passer du temps avec elle était oppressant. Il l’aimait toujours autant et elle l’attirait comme un aimant surpuissant, mais il ne pouvait pas se laisser aller auprès d’elle vu qu’elle l’avait rembarré clairement.

« Si… Si tu veux… » Répondit-il timidement.

Il ne prenait pas trop de risque avec cette réponse-là, il ne la repoussait pas et il ne lui forçait pas la main non plus. Jenny le dévisagea quelques secondes avant de se décider à s’asseoir à côté de lui. Elle trouvait que sa réponse ressemblait à celle d’un père ou d’un grand-frère, c’était presque vexant, pourtant elle ne lui en tint pas rigueur. Vu leur passif, il était normal qu’il soit toujours un peu mal à l’aise avec elle. Elle le regrettait, mais il fallait faire avec.

Les jours suivants, Jane sortit ses propres outils. C’était surfait, Scott était suréquipé, mais elle voulait montrer à Scott qu’elle utilisait son cadeau et elle ne voulait pas non plus trop mettre le bazar dans ses affaires. Magnéti et Jane tendaient à tour de rôle ses outils à Scott, elle trouvait cela assez amusant finalement de jouer les assistantes, surtout avec magnéti qui montrait parfois une certaine jalousie à l’encontre de Jane. C’était lui le premier assistant de Scott, pas elle, il se dépêchait d’attraper les composants avant elle avec ses bras aimantés. Chu, vautré dans le plumage de pijako niché et endormi sur le côté le regardait en ricanant.

« Rai rai…

- Magneeti…

- Jane, tu peux visser ça s’il te plaît ?

- Oui Scotty. »

Il réprima un fin sourire en l’entendant l’appeler à nouveau par son surnom. Entre deux manipulations, Scott remarqua l’emplacement vide dans la boîte de tournevis qu’il avait offerte à Jenny.

« Il te manque un tournevis ? S’étonna Scott.

- Ah oui, soupira Jenny visiblement contrariée par cette perte. Il a terminé en pièce à conviction au commissariat.

- Euh… Pardon ? »

Le regard abasourdi de Scott amusa beaucoup Jane. Le souvenir était éprouvant, mais en repensant à son outil planté dans la cuisse du voleur de pokémon, elle ne put s’empêcher de penser que Scott l’avait sauvé deux fois d’une certaine façon.

« C’est une longue histoire… Un jour, je te la raconterai. »

Elle lui sourit avec une très grande douceur et beaucoup de charme, il y avait longtemps qu’il n’avait pas eu le droit à ce sourire-là. Il ne comprenait pas pourquoi, mais cela le troubla beaucoup et il préféra baisser les yeux sur ses gadgets pour ne pas se laisser submerger par ses sentiments. Il savait désormais qu’ils importunaient Jenny plus qu’autre chose.

« Jessy t’a parlé des chansons qu’on allait répéter ?

- Non, pourquoi ? Répondit Scott en essayant de souder une résistance.

- Pour rien, tu verras bien. »

Scott s’arrêta un instant, le regard mystérieux mais un peu gêné de Jenny ne lui disait rien qui vaille…


« Euh… Non ? Couina Scott.

- Pour la énième fois : tu n’as pas le choix Scott, grommela Jessica.

- S… Si. C’est… C’est ma chanson et c’est ma voix, je euh… »

Il se tût sous le regard assassin de la rouquine.

« Tu préfères retourner avec Matt-plagiat et les Soupe-Love ?

- Non… Marmonna Scott.

- Alors on s’y met.

- Ça ne te dérange vraiment pas de chanter ça ? Demanda Scott à Jenny en rougissant comme une baie tamato.

- Ce n’est pas moi qui chante Scotty… » Répondit gentiment la rouquine.

Les yeux de Scott s’écarquillèrent. Il avait écrit la chanson pour Jane, alors dans sa tête c’est elle qui allait la chanter. Il regarda Jessy du coin de l’œil, elle était en train de montrer quelques accords à Lucario. Elle voulait qu’il apprenne à jouer ce morceau pour ne pas être obligée de s’encombrer avec sa guitare acoustique pendant qu’elle chantait. Scott était déjà mal à l’aise de base, mais l’idée de faire un duo avec Jessy le mettait dans un état de stress excessif…

 


Il y avait une soirée d’improvisation musicale dans un bar lounge de Lavandia. Chaque musicien ou groupe pouvait venir présenter ses petites créations à tour de rôle. C’était gratuit et il y avait moyen de récupérer des pourboires. Jessy estima que c’était une bonne occasion de tester en petit comité la chanson de Scott qu’ils répétaient depuis quelques semaines. Ce ne serait pas trop violent, ni pour lui, ni pour elle.

Il avait énormément de choses à vérifier en plus de la chanson en elle-même : la synchronisation de leurs instruments, la voix de Scott, les progrès de Lucario et surtout la mise en scène. Jessy avait un talent inné pour le show et elle arrivait à mettre au point des chorégraphies avec ses pokémon, mais elle avait encore un certain nombre de faiblesses et, bien qu’elle ait du mal à l’admettre, elle partageait certaines de ces faiblesses avec Scott. Cette chanson explicite qu’il avait écrite pour Jenny était un très bon exercice.

Jessy avait mis sa robe noire tuyau offerte par Madame Marlyn, mais cette fois sans son short et sans son top rouge à manches longues qui allaient normalement avec. Avant de monter sur scène, elle s’était regardée dans le miroir des toilettes. Elle se sentait très mal à l’aise dans cette tenue, elle se trouvait trop dénudée, elle avait l’impression que tout le monde allait voir sa culotte, pourtant elle se forçait. Les mots que Fry avait prononcés sur le navire résonnaient dans sa tête : "Tu es belle Jessy… Vraiment très belle. Sers-t-en." Elle savait qu’elle était plus sexy comme ça, or vu le contenu de la chanson, elle devait s’adapter et faire des compromis, pour reprendre la formulation de son ami batteur.

Elle aurait préféré que Jenny s’en occupe, surtout que Scott l’avait écrite pour elle au départ, sauf qu’elle restait la première chanteuse du groupe, c’est elle qui avait la plus belle voix. De plus, même avec son empathie de racaillou, Jessy devinait aisément que laisser Jenny et Scott chanter ensemble ce morceau serait un supplice pour l’un comme pour l’autre, sans parler du risque que les deux se décomposent en plein concert. Jessy avait donc décidé de mener l’expérience elle-même.

Jenny aussi avait abandonné son short et son top, avec beaucoup moins d’embarras que sa jumelle. Jane était capable de chanter en bikini, alors ce n’était pas une robe un peu courte qui la dérangerait. Scott, debout au premier plan sur la scène, était entièrement vêtu en noir et blanc, du col de chemise aux baskets, comme lors du concours à l’Alpha et l’Oméga. Il avait toujours ses cheveux en bataille et il n’avait pas enlevé ses lunettes cette fois, car il devait voir son clavier et ses notes. Il avait beau être l’auteur principal de la chanson, entre les modifications de Jessy et son trac, il risquait de se planter sans ses partitions à la moindre distraction. Il évitait d’ailleurs soigneusement de regarder Jenny ou Jessy dans leurs robes moulantes.

Dans une ambiance tamisée, Fry commença une intro lente mais lourde en percussions, avec l’aide de son Ramboum. Un son de synthétiseur s’éleva de l’obscurité et enfin deux lumières, à droite et à gauche s’allumèrent quand Jenny se mit à jouer de la guitare électrique. Les spots n’éclairaient que Jessy et Scott, Fry et Jenny apparaissaient à peine dans la pénombre. On devinait aussi la présence de John, cependant de nombreux spectateurs se demandaient encore d’où venait ce son atypique. Lucario, avec la guitare acoustique de Jessy pour l’instant muette, était lui aussi dissimulé dans les ténèbres.

Au début de la chanson, Jessy était un peu raide, elle se concentrait sur son texte pour éviter de penser à son corps enveloppé dans sa petite robe noire. Elle avait la même expression crispée que lors de leur premier spectacle au "Oh que si !" Jessy s’efforça de prendre une voix sensuelle, du moins ce qu’elle estimait être une voix sensuelle.

« J’apparais en déesse, je connais leur faiblesse,

Un geste de ma part et c’est comme un blizzard,

Qui s’abat sur l’arène, dont je suis l’apireine.

Les filles comme moi, n’embrassent que les rois. »

Scott, les sourcils froncés, se mordillait nerveusement la lèvre inférieure, il savait que c’était à lui de chanter, il devait s’alterner avec Jessy.

« Je ne tiens plus… Souffla Scott dans son micro d’une voix tremblante mais contrôlée.

- D’une simple flammèche j’embrase le stade.

- Non je ne tiens plus…

- Toutes les autres te paraissent fades. »

Scott et Jessy chantaient le refrain ensemble, avec Jenny et Fry en guise de chœurs pour répéter en écho certaines phrases. Paradoxalement, la guitariste et le batteur avaient des voix beaucoup plus suaves que celles de Scott et Jessy.

« Et si moi je déconne…

C’est que je veux être ton pokémon !

Dressé pour attaquer, ces pervers à tes pieds,

Se frotter à tes bas, me lover dans tes draps.

Je serai ta monture, plus besoin d’airmure.

Chevauche sur mon dos pour t’envoler plus haut.

Je n’ai plus de volonté, plus de désir caché,

Il n’y a plus que toi capable de me dompter. »

Scott s’occupait du prochain couplet. Il était hyper concentré pour chanter juste, ce qui durcissait son regard et ses traits, ça le vieillissait un peu et le rendait plus séduisant.

« Ils sont comme assoiffés, lougarocs affamés.

Je les vois tous baver devant ton petit décolleté.

Tes courbes pour appâter, des malosses obsédés,

Je rode parmi eux, je rêve d’y mettre le feu,

De cracher mon venin pour défendre tes reins.

Et si moi je déconne…

Cette pensée qui résonne, encore en mégaphone,

De la folie furieuse, de la pulsion honteuse,

Je ne tiens plus ! Non je ne tiens plus !

Ils sont tous dingues de toi,

Ils se flinguent tous pour toi,

Et moi, et moi, et moi… »

Les quatre adolescents reprirent le refrain tous ensemble. Fry commençait à vraiment apprécier la chanson, il la trouvait vraiment bien trouvée et élaborée. Jessy avait eu du flair en exhumant ce truc du carnet de Scott. Jessica quant à elle prenait confiance et Jenny, rassurée par l’attitude de sa sœur, restait très efficace.

« Et si moi je déconne…

C’est que je veux être ton pokémon !

Dressé pour attaquer, ces pervers à tes pieds,

Se frotter à tes bas, me lover dans tes draps.

Je serai ta monture, plus besoin d’airmure.

Chevauche sur mon dos pour t’envoler plus haut.

Je n’ai plus de volonté, plus de désir caché,

Il n’y a plus que toi, capable de me dompter. »

Jessy se mit à onduler son corps et un autre spot éclaira Lucario avec la guitare acoustique, il était le seul à jouer. Le pokémon n’était pas au point, les accords avaient beau être simples, il faisait encore quelques fausses notes à cause de ses gros doigts bleus potelés, mais c’était la première fois qu’il jouait en public et son apparition sous les projecteurs coupa le souffle à tous les spectateurs. L’instant magique que les Train Twins avaient vécu au Bourg Palette lorsque le pokémon avait touché pour la première fois la guitare se reproduisait sous les yeux des habitants de Lavandia.

Jessy chantait le nouveau couplet pour accompagner lucario. Scott était trop tendu pour regarder autre chose que son clavier, mais Jenny et Fry admiraient Lucario et Jessy de dos. Aux yeux de Jane, lucario avec une guitare dans les pattes restait un véritable miracle. Fry souriait béatement, c’était émouvant de voir enfin lucario jouer sur scène. Pourtant, son regard fut irrésistiblement attiré, il glissa de lucario à Jessy.

En voyant ses belles fesses rebondies moulées dans sa robe fourreau noire, en train se balancer lentement de droite à gauche sur cette chanson langoureuse au bout de ses longues jambes fines immaculées et magnifiques, Fry sentit une montée soudaine et inattendue de son désir charnel. La robe sulfura ne lui avait fait aucun effet, mais cette robe simplissime qu’elle portait pourtant à chaque concert réussit à l’exciter en quelques secondes, alors que la seule chose qui avait changé, c’était l’absence de son short et de son t-shirt rouges en dessous. Fry fut obligé de faire comme Scott et de baisser les yeux sur son instrument pour ne pas louper le coche lorsqu’il faudrait reprendre le morceau. Dans sa tête, tournait en boucle et en écho tel un sûtra, une vieille phrase de Jenny : "Se concentrer sur les choses importantes…"

« Approche-toi de mes lèvres,

Je suis ton plus grand rêve,

Ce soir…

Fantasme sur mon corps,

Pourvu que tu m’adores,

Dans le noir…

Il n’y aura pas mort d’homme,

Deviens mon pokémon.

Avec toute ton ardeur,

Combat pour mon honneur.

Et tel un mackogneur…

Si toi tu déconnes,

Qui d’autre sera mon pokémon ? »

Scott s’avança vers son micro pour lâcher ses quelques phrases avant le dernier refrain. Sa voix était beaucoup plus lascive qu’au début de la chanson, il commençait à se laisser aller. Décidément, pensait Jenny, il chantait vraiment bien.

« Je ne tiens plus ! Non je ne tiens plus !

Ils sont tous dingues de toi,

Et moi, et moi, et moi… »

Lucario avait terminé son petit solo, les quatre adolescents reprirent tous ensemble au chant avec leurs instruments le dernier refrain avec un certain engouement retrouvé :

« Et si moi je déconne…

C’est que je veux être ton pokémon !

Dressé pour attaquer, ces pervers à tes pieds,

Se frotter à tes bas, me lover dans tes draps.

Je serai ta monture, plus besoin d’airmure.

Chevauche sur mon dos pour t’envoler plus haut.

Je n’ai plus de volonté, plus de désir caché,

Il n’y a plus que toi, capable de me dompter. »

Scott termina par quelques phrases sous une explosion instrumentale finale :

« Et si moi je déconne…

C’est que je veux être ton pokémon !

Ils sont tous dingues de toi,

Ils se flinguent tous pour toi,

Et moi, et moi, et moi ! »

La foule les applaudit avec ferveur, certains clients se levèrent même de leurs chaises en criant des « Bravo ! » La chanson était loin d’être parfaite, mais il y avait un véritable cocktail de talents sur scène. Entre un lucario guitariste, un ramboum batteur, la sublime Jessy dans sa robe sexy et le petit Scotty avec sa voix mélodieuse inimitable, le mélange était atypique et hypnotique.

Fry voulut se lever pour saluer le public comme ses partenaires, mais il réalisa qu’il avait une bosse indécente sous la ceinture, alors il préféra rester assis derrière sa batterie et remercier les spectateurs en se contentant de lever les deux bras. Il côtoyait les jumelles depuis presque un an et demi maintenant, or il n’avait pas subi une telle stimulation depuis l’exhibition de Jenny en bikini sur la plage de l’île Citrus. Il ne voulait pas choquer les spectateurs, mais il avait encore moins envie que Jessy ne se rende compte de quelque chose, elle n’avait pas l’esprit grivois de sa sœur et elle risquait de lui en vouloir pour cette réaction, naturelle mais perturbante.

« Fry, il faut libérer la place ! » Lança Jenny en réalisant qu’il n’avait toujours pas quitté son siège.

Le batteur réfléchissait à un mode de déplacement suffisamment discret pour cacher son gros truc gênant. Jenny comprit en voyant son sourire un peu ahuri qu’il y avait un problème. Fry n’eut pas d’autre choix que de se lever et de marcher rapidement en krabby, face contre le mur et dos à la salle pour filer directement aux toilettes. Jenny et Ramboum échangèrent un regard circonspect.

« Il est parti où Fry ? Demanda Jessy.

- Aux toilettes je crois, il n’avait pas l’air de se sentir bien.

- Ramb ramb.

- S’il ne mangeait pas autant aussi… » Râla Jessy.

La rouquine se dépêcha d’aller aux toilettes à son tour pour remettre son top et son short sous sa robe, elle se sentait bien mieux dans cette tenue. Fry et elle se croisèrent à la sortie des W.C., le jeune homme laissa échappé à voix haute un : « Ah t’as remis ton short ! » de soulagement.

Jessica haussa un sourcil en se demandant ce que pouvait signifier cette phrase bizarre.

« Pourquoi ? Tu me préférais sans ? » Fit-elle sur un ton suspicieux.

A force de voyager avec Fry, elle commençait à le soupçonner de les reluquer, elle et sa sœur, quand elles avaient le dos tourné.

« C’est une question piège ça ! » Rigola Fry, son trouble était passé.

De retour au centre de concours pokémon, Jessy harponna sa sœur alors qu’elle rangeait sa robe de scène dans sa valise.

« Alors Jane ? Reconnaît-le ! Lança Jessy avec un sourire plein de satisfaction.

- Quoi ?

- Que Scott a assuré. Tu vois que mon idée était brillante.

- Ah oui. Oui je le reconnais : il a été génial. Toi aussi d’ailleurs Jess, répondit Jenny en souriant à sa sœur.

- Vrai de vrai ? »

La rouquine se retourna en sursautant légèrement, elle n’avait pas vu que Scott, fraîchement lavé dans son pyjama ridicule de vieux garçon, venait de rentrer discrètement dans la chambre et se tenait derrière elle. Il la fixait avec de grands yeux, brillants comme ceux d’un obalie. Jenny fut prise au dépourvu, mais elle finit par lui sourire avec bienveillance.

« Oui Scott, tu as été super. Franchement, je vois mal comment tu pourrais faire mieux que ça.

- Oh j’espère que si ! Comme ça la prochaine fois, on défonce tout ! » Lança joyeusement Jessy.

Le sourire de Scott se transforma en grimace sous l’effet de l’angoisse, cela amusa beaucoup Fry déjà affalé dans son lit, les bras croisés derrière la tête.

Jenny était vraiment très impressionnée, plus encore qu’elle ne voulait l’admettre. Le style ténébreux de rockeur de Scott changeait totalement le personnage, il avait même un charme fou comme ça. Jane comprenait mieux pourquoi Matt avait essayé de le recruter pour les Dark Love, ce n’était pas qu’une simple histoire de jolies chansons griffonnées dans un carnet, Scott avait la fibre au fond de lui, tout comme Jessy.

Bien qu’épatée, la belle dresseuse savait pertinemment que cette image n’était qu’une illusion, ce n’était pas le vrai Scott, juste une figure de scène qui disparaissait aussitôt revenu dans les coulisses. Ce n’était pas plus mal d’ailleurs, elle appréciait le gentil technicien amoureux de ses machines capable de parler pendant des heures de ses bidules électroniques. Dans le fond, ce qu’elle admirait réellement, c’était le cran et le talent d’acteur de Scott. Lui, habituellement si timide et si malingre, réussissait à donner le change devant des centaines de spectateurs. Mais elle avait encore des doutes sur sa capacité à tenir le rythme sur un temps plus long, or Jessy venait de l’embarquer pour une folle aventure de longue haleine.


A suivre…

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