Ciléo (ou ma vie de PNJ)

Chapitre 5 : Ciléo - 26 ans

1194 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 23/01/2022 21:47

Ciléo préparait sa valise. Pour la première fois depuis qu’il avait quitté la fac, il allait rendre visite à son ami Léo au Cap d’Azuria. Il en profita pour faire un peu de rangement chez lui. Quelques jours plus tôt, il avait terminé un projet personnel et l’avait déposé précieusement dans le premier tiroir de son bureau, mais il avait laissé en plan la fraiseuse, le fer à souder, la loupe et le dremel.

 

Sur le pont de la Flèche des Mers, Ciléo fixait l’horizon avec un petit sourire absent, son évoli, le poil emmêlé, collé à ses jambes. Il devait garder son granivol serré contre lui entre ses bras pour ne pas que le petit pokémon soit emporté par l’alizé. Ciléo aimait voir du pays. Il ne ressentait pas le besoin de partir de chez lui et il était tellement aspiré par son travail qu’il ne sortait pas souvent du centre pokémon ou de sa maison, mais lorsqu’il était amené à voyager, il en profitait pleinement. Il appréciait de voir de nouveaux paysages et de nouvelles espèces de pokémon, rencontrer d’autres personnes et surtout découvrir les dernières technologies de ses propres yeux.

 

Il débarqua au port de Carmin-sur-mer et monta dans le bus en direction d’Azuria. L’arrêt de bus se situait près du centre pokémon de la ville. Pour se rendre à la villa de Léo, l’informaticien n’avait pas d’autre choix que de marcher jusqu’à la falaise du cap nord. Il avait prévu de bonnes chaussures en prévision. Tout cela lui rappelait avec nostalgie ses randonnées dominicales dans les îles Sevii en compagnie de Leaf.

C’était encore le printemps. Ciléo croisa de nombreux jeunes gens sur le Pont Pépite et la route vingt-quatre, pas mal de dresseurs et d’autres plus volages, en train de roucouler comme des étourmi. Lorsqu’ils se roulaient dans l’herbe en se bécotant deux par deux, ils ne semblaient pas dérangés par l’humidité de la pelouse verdoyante.

Le paysage était fleuri et bucolique à souhait. L’eau limpide de la rivière prenant sa source au Mont Sélénite s’écoulait en direction de la côte est. Elle foisonnait de ptitards et de poissirènes nageant entre les roseaux et les nénuphars. Le parfum des rafflesias embaumait la brise délicate du crépuscule de ce début de juin. Malgré les nombreux promeneurs, le coin était paisible et isolé, Ciléo comprenait pourquoi Léo avait choisi d’y installer sa demeure. D’ailleurs, il l’apercevait déjà au loin, près de la pointe du cap, de l’autre côté d’un ponton en bois.

Le sentier se scindait en deux pour relier la maison de Léo et le point de vue panoramique à l’est. Ciléo s’apprêtait à poursuivre sa route vers la villa, mais il aperçut en haut de ce plateau une silhouette familière, svelte et féminine, avec ses longs cheveux foncés et son chapeau blanc si reconnaissable, découpée dans la lumière rougeoyante du coucher de soleil. Son estomac se noua et son cœur fit un rodéo dans sa cage thoracique, il ne s’attendait pas à la voir ici. Il sentit une bouffée d’allégresse l’envahir. Il était déjà fou de joie à l’idée de revoir Léo, mais en plus il allait revoir Leaf.

Il ne l’avait pas vu depuis plus d’un an, depuis leur discussion malaisante, or elle lui manquait. Sa gentillesse, son sourire, sa voix, tout lui manquait. Il s’avança d’un pas léger dans sa direction. Leaf n’était pas seule, il l’avait bien remarqué. Il ne connaissait pas le garçon avec elle, un dresseur brun de son âge, à peine plus grand qu’elle avec une veste rouge et la casquette assortie. Il ôta son couvre-chef en frottant la visière dans un geste fébrile. Il libéra une de ses mains pour prendre celle de Leaf. Le visage de la dresseuse s’embrasa aussitôt. Elle tourna la tête vers la mer pour ne plus avoir à supporter le regard de son prétendant.

Ciléo s’arrêta de marcher. Il observait la scène de loin. Pour une fois, son instinct réagit et lui dicta sa conduite, ce n’était clairement pas le bon moment pour saluer une vieille amie. Granivol s’envola de son épaule pour aller à la rencontre de Leaf, Ciléo le retint en le saisissant par le pied.

« Non Granivol.

- Grani ? »

Ciléo ne répondit pas au regard interrogateur de granivol. Il se contenta de faire demi-tour pour emprunter le chemin de la villa de Léo. Granivol semblait étonné, évoli grogna un peu et lui demanda de suivre le mouvement.

 

Léo accueillit chaleureusement Ciléo et ses deux pokémon dans son petit salon, cosy mais désordonné.

« Ciléo ! Enfin ! Ça devient de plus en plus difficile de te sortir de ton archipel tu sais ? On va enfin pouvoir se faire un vrai brainstorming en live avec Amelle, Juliette et Annette. Ça va être du grand art mon ami !

- Elles vont toutes venir ici ?

- Eh oui, toutes ces jolies jeunes femmes rien que pour nous, mais je te rappelle que c’est pour le boulot.

- A ce propos… Leaf est venue te rendre visite récemment ?

- Leaf ? Non, je ne l’ai pas vu depuis plusieurs mois. Elle m’a juste envoyé un message il y a deux semaines à propos de la gestion de ses boîtes. Pourquoi ?

- En arrivant, j’ai cru voir… »

L’informaticien se tut. Il ne savait pas quoi dire, il n’arrivait pas à traduire ce qu’il ressentait, ni ce qu’il pensait. En voyant son air déconfit, Léo perdit son sourire charmeur.

« Tout va bien Ciléo ? Demanda-t-il en haussant un sourcil.

- Il y avait deux personnes devant chez toi, au sommet de la falaise. J’ai cru que c’était des visiteurs pour toi. »

Léo retrouva le sourire, la candeur de son ami l’amusait parfois.

« On surnomme le Cap d’Azuria le cap des amoureux. Le paysage est splendide, alors tous les couples viennent ici pour leur premier rendez-vous, les demandes mariages et autres trucs du genre. A la Saint Valentin c’est à peine si j’arrive à mettre le pied hors de chez moi. La Sylph SARL devrait inventer un super repousse pour les humains, ah ah… »

Ciléo se contenta d’un rictus en guise de réponse. Il avait mal dans la poitrine, il ne comprenait pas vraiment pourquoi. Il espérait juste que ce ne soit pas un symptôme annonciateur d’une crise cardiaque.

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