Ranger à Alola

Chapitre 8 : Le Volcan, Acculé.

2937 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 18/11/2022 00:04

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Note de l'auteure :

J'invite les lecteurs qui suivaient l'histoire et la publication régulièrement à aller relire les chapitres précédents, même rapidement, car j'ai effectué une totale republication après de nombreuses corrections et des petits ajouts partout. Surtout en début de chapitre ;-) Cela pourrait vous aider à saisir quelques détails dans les chapitres à venir.

Merci.

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Le Volcan, Acculé.

 

« Les Grolem d’Alola, de type Roche Electrique, se servent de pierres qu’ils chargent d'électricité pour attaquer, tout en ayant conservé la redoutable capacité de leurs ancêtres à faire exploser leur corps. »

Pokédex d’Alola.

 

Voilà cinq jours que j’avais commencé l’exploration du Parc Volcanique de Wela, et depuis tout ce temps je n’avais toujours pas trouvé une seule espèce inféodée au milieu, seulement des envahisseuses et quelques autres immigrées comme le Barloch. Et puis il y avait les Pokémon dressés au combat comme ceux de l’autre fois… En tout cas, aucun Ossatueur, et certainement pas d’Osselait. Ce que m’avait dit la jeune Lilie durant le trajet en mer m’était revenu en tête maintenant que j’étais seul et au calme. En réalité je n’avais jamais oublié la mise en garde au sujet de ces Pokémon sous forme d’Alola, seulement j’étais déjà perturbé par l’absence de toutes les autres espèces (chose qu’on ne m’avait pas mentionnée encore une fois !) mais aussi par l’autre tête-brûlée à qui je devais faire attention.

Quel bonheur de ne plus l’avoir avec moi !

Je secouai la tête et me reconcentrai. Ce n’était pas le moment de se laisser distraire. J’arrivai près du sommet qui par chance ne comportait pas de cheminée active. C’était sûrement là ma dernière chance pour trouver des groupes d’individus qui se seraient réfugiés en altitude, loin des hommes et en sécurité protégés par le volcan lui-même. Je misais tous mes espoirs sur cette possibilité et j’avançais donc avec prudence dans le lit de scories volcaniques recouvrant le sol. Si j’allais trop vite je pouvais glisser et me retrouver plusieurs dizaines voire centaines de mètres plus bas, entièrement recouvert de pierres et de cendres ; si j’avançais trop lentement ou sans prendre garde je provoquerais une coulée de pouzzolane et je risquais de me faire repérer, d’éloigner les éventuels Pokémon et de rater mon objectif. Je vérifiais que Candine était bien installée dans son sac à dos avant de me lancer à l’assaut du sommet et son ancien cratère. Elle avait plutôt bien récupéré de son combat contre l’énorme Démolosse, l’Herbe Rappel que je lui avais donné après avoir quitté Moon l’avait tout de suite requinquée, à mon grand soulagement. Je préférais tout de même ne pas prendre de risque et la transporter plutôt que de la laisser marcher ici. De cette façon les Pierres Glace confisquées deux jours plus tôt à ce vaurien de Zipp permettaient à ma passagère de mieux supporter l’air brûlant et suffocant autour de nous. Il était en revanche plus difficile de se protéger des gaz de souffre nauséabonds qui émanaient des petites bouches ouvertes dans la roche çà et là, et je ne pouvais que faire avec.

Je réajustai le foulard devant mon visage et amorçai l’ascension des derniers mètres. Déjà je remarquai les garde-corps et l’épais grillage usés tout autour protégeant la cavité, signe d’une activité humaine, touristique, passée. Ensuite, lorsque je pus enfin discerner le fond du cratère refroidi à travers la fumée, la joie me gagna tout entier et j’écarquillai les yeux d’émerveillement.

Je les découvrais enfin, les Ossatueurs d’Alola qu’avait rapidement évoqués Lilie. Leur forme insulaire était stupéfiante. Je devinais aisément leur nouveau type Feu, mais leur affiliation à le terre semblait moins évidente que pour leurs cousins dits de Kanto. Errants en trainant péniblement leur os en flammes derrière eux, ils tournaient pour la plupart en rond quand d’autres étaient assis par terre, amorphes et ne bougeaient pas, enfin l’un d’entre eux était, lui, très énervé. Il semblait chercher à sortir du cratère mais ne parvenait pas à escalader les parois raides de la cavité. Il était vrai que ce cratère semblait assez étrange, si de l’extérieur rien ne paraissait suspect, vu de l’intérieur, il ressemblait surtout à une fosse, une prison dont cette drôle de brume à la piquante odeur de chlore dissimulait partiellement l’intérieur. Sur une petite quinzaine de mètres de diamètre, et au moins deux de profondeur, ses parois intérieures étaient lisses et verticales, définitivement pas un aspect naturel. Mais alors pourquoi avoir fait ça ? Les Ossatueurs ne semblaient pas pouvoir sortir de là tout seuls. Et quid des Osselait ? Je n’en voyais aucun. Bien que perturbé par cette situation, je ne pouvais m’empêcher de continuer à admirer ces magnifiques créatures.

— D’où vient cette lueur verte sur leurs flammes ? marmonnais-je à moi-même. Cette teinte sombre, on dirait presque…

— Des spectres, oui, c’est ça ! Maintenant les mains en l’air et loin de ta ceinture, ou tu vas goûter à l’os de mon Ossatueur !

Une membre de la team Skull. Encore. Elle se tenait au-dessus de moi, fière et menaçante. Elle commençait à m’agacer cette team, peut-être avait-on mal jaugé ces vaurients.

— Toi tu es Catherine le ranger, c’est ça ?

— Et vous, qui êtes-vous ? répondis-je les mains en hauteur et bien en évidence tandis que je me relevai prudemment.

— T’oses me poser une question ? Tu ne veux pas me répondre, c’est ça ? Ok, je pars du principe que c’est bien toi, tu n’aurais pas dû faire le malin. Tu vas vite comprendre qui commande.

Sur ce je reçu un coup d’Os-Merang dans la tempe et m’évanoui sous la vive douleur irradiant ma tête.

Un lourd voile noir vint recouvrir ma conscience.

. . .

«

— Non ! Moon ! Ne fais pas ça !

Le rayon lunaire émit par le disque brillant de Lunala vient frapper les deux Pokémon adverses pétrifiés de terreur. L’éclat rémanent m’aveugla un moment avant que je ne puisse me précipiter vers les victimes. Bon sang, j’espérais que le pire n’était pas arrivé !

— T’approche pas d’eux ! entendis-je crier.

Je levai la tête et vis un membre de la team skull un peu embonpoint se précipiter vers les Pokémon grièvement blessés.

— Par Arceus et tout le Trio de la Création, Moon ! Regarde ce que tu as fait ! beuglais-je, paniqué et hors de moi. J’espère juste qu’ils sont encore en vie…

Je fouillai mon sac à dos pour trouver la Poké Ball que je cherchais.

— Gardevoir ! Aide-les ! Allez ma grande, dis-moi que tu peux les sauver, utilise Vibra-Soin !

Moon et son Motisma-dex étaient arrivés derrière moi.

« Zipp ?! Tu fais encore partie de la Team Skull ?! »

Je sortis toutes les Potions et Rappels que j’avais sur moi pour les donner au pauvre garçon paniqué :

— Tiens, donne-les en continu à tes Pokémon, ne t’arrête surtout pas de les soigner.

Je me tournai ensuite vers le Motis-truc :

— Vous vous connaissez tous les trois ? Qui est-ce ?

« Zipp était membre de la Team Skull contre qui on s’est souvent battu à l’époque ! Ça fait presque neuf ans maintenant depuis notre premier combat, t’es toujours aussi nul hein ! »

— Ferme-la ! Je suis plus fort que jamais ! Maintenant je suis admin, un des chefs de la nouvelle Team Skull et ma sista va me venger. Vous allez le payer. Vous verrez !

Ces mots me frappèrent comme un coup de poing, "se venger", "payer" ? Encore ce cycle de haine…

— Ecoute, Zipp, tes Pokémon sont en danger pour l’instant. L’attaque qu’ils ont subie n’est pas ordinaire, il faut les emmener au plus vite dans un centre de soin. C’est leur vie qui est en jeu !

Moon restait à l’écart, le regard au sol sous son grand chapeau de paille. Elle semblait indifférente comme à son habitude. Insupportable.

— Motisma ! Moon a-t-elle un Pokémon connaissant Téléport avec elle ?

« Oui ! Bien sûr ! Il y a Mélo ! Mais il ne sait pas combattre ! »

— Aucune importance ! Retournez en ville au plus vite et faites soigner ces Pokémon. C’est vital !

« Mais toi alors ?! Tu ne nous accompagnes pas ?! »

Je pris une profonde inspiration et me tournai enfin vers elle.

— Non. Je vais continuer la mission. Et je ne veux plus jamais avoir à faire à toi, Moon. Tu es folle et dangereuse…

Elle eut un moment l’air effacée puis fit sortir son Mélo et se téléporta dans la foulée avec Zipp et ses Pokémon rentrés dans leur ball sans dire un mot.

Je retournai en vitesse auprès de Candine et ramassai au passage le sac de dresseur du garçon…

»

. . .

Le voile noir qui m'entourait commençait à se lever. Des sons me parvenaient par bribes, je devais me réveiller. Je distinguais faiblement une voix, un dialogue ? Mais ce n'était pas à moi qu'on s'adressait.

J'ouvris péniblement les yeux, et une vive douleur irradia immédiatement ma tempe gauche me rappelant le coup que j'avais reçu et les événements qui l'avait précédé. Je refermais les yeux pour laisser lentement refluer la douleur. Je chassais alors les restes de ce rêve, ou plutôt de ce souvenir, de ma mémoire. Il était trop tard pour regretter.

Je remuais lentement pour comprendre où je me trouvais et dans quel état. Alors que je peinais à inspirer profondément, une douleur flamba dans mes côtes gauches me rappelant mes roulés boulés dans les rochers deux jours plus tôt. Je me décidai finalement à relever les paupières pour comprendre : allongé par terre, j'étais ligoté d’une épaisse corde les mains derrière le dos, des épaules aux anches et des pieds aux genoux, sans un espace pour bouger, et respirer me causait d’énormes difficultés.

Mon gros sac à dos et celui de Zipp, toujours accroché, étaient balancés négligemment à un mètre de moi sur la roche solidifiée d'une ancienne coulée de lave sur laquelle nous nous trouvions. Mes objets pour Pokémon et mes affaires personnelles y étaient éparpillés tout autour. On avait fouillé les sacs.

J'aperçu Candine au fond de l’un d’eux, recroquevillée dans sa couverture anti-chaud dont elle se servait pour se cacher.

J'allais l'appeler pour la rassurer mais par précaution je jetais d'abord un coup d'œil à la fille Skull qui m'avait agressé et à son Gouroutan avec qui elle semblait parler à quelques pas de nous.

— Non, je ne sais pas où elle est ! Ils ont dû se séparer je vous dis, mais en attendant j'en fais quoi, moi, de ce type ? Et s'il ne sait pas, qu'est-ce que je fais ? Vous plaisantez, j'espère ? J’fais pas ça moi !

À qui cette folle était-elle en train de parler ? Un dialogue avec son Pokémon ? Quoi qu'il en soit je devais profiter qu'elle soit occupée.

Je me tournai vers Candine toujours tremblante au fond du sac.

— Candine, Candine, écoute ma grande, il faut que tu t'en ailles, lui chuchotai-je. Sauve-toi ma jolie, si la méchante te trouve, elle va te faire du mal. Aller Candine, il faut t'enfuir.

Elle ne bougeait pas et restait terrorisée sous sa couverture, je ne savais pas combien de temps j'avais encore alors je changeai de tactique et haussai légèrement la voix :

— Candine ! Va-t’en ! Il ne faut pas que tu restes là ! Sors maintenant.

Devant l’inefficacité de la méthode, une idée me vint à l'esprit.

— Il faut aller chercher Moon. Va lui demander de l'aide, Moon, j'ai besoin de Moon, d'accord ? Aide-moi Candine.

 À ces mots la petite plante commença finalement à sortir ses délicats calices hors du sac. Elle me fixa dans les yeux soudain très sûre d'elle, puis détala à grandes enjambées vers le petit bois en contrebas. Le sol à la lisière du volcan n'était plus chaud mais même si cela avait été le cas, je pense qu'elle n'aurait rien senti tant elle courait vite en prenant à peine appui sur ses pointes de jambes.

J'étais soulagé de la voir s'échapper mais je me faisais peu d'illusions sur la capacité d'un faible et petit Pokémon à aller chercher une quelconque aide à la ville en contrebas puis arriver à revenir rapidement... bref, j'allais devoir me débrouiller !

— Eh ! La fille Skull ! Je peux savoir ce que tu me veux ? Je ne suis pas un otage de valeur, dommage pour toi !

Je devais lui montrer que je ne la craignais pas, si elle était du même acabit que les autres sbires que j'avais croisés, ce n'était qu'une racaille minable.

— Toi, la ferme ! Gouroutan, attaque Choc Mental ! Montre-lui qui commande ici !

Le Pokémon primate leva les deux éventails de feuilles qu'il tenait dans les mains et grogna vers moi tandis qu'il lançait son attaque mentale. Mais pas de chance pour lui, je m'étais une fois retrouvé coincé deux jours dans le rêve d'un Mushana et j'avais depuis développé une certaine résistance aux attaques Psy. Par contre, elle ne devait pas s'en apercevoir.

Je fis mine de souffrir affreusement.

— Aah ahr, non ! Ma tête ! Arrêtez, arrêtez ça ! J'ai mal...

Je terminai mon jeu d'acteur dont j’étais assez fier en m'effondrant de tout mon long sur le sol. Mine de rien, j’avais quand même mal à la tête, il ne fallait pas trop traîner, la ruse ne durerait pas et elle avait visiblement décidé d’être moins polie que lors de notre première rencontre.

— Quelle mauviette ! Tu fais moins ton beau, hein ? Je ne veux pas de toi comme otage, mais tu vas me dire tout ce que tu sais sur la Maître de la ligue et sur le prof Euphorbe. D'abord elle est où ta protectrice, hein ? Elle t’lâchait pas d'une semelle et là t'es tout seul ? Vous essayez de m'embrouiller c'est ça ?

De quoi parlait-elle exactement ? Elle s’embrouillait toute seule... Pourquoi Moon ? Et pourquoi Euphorbe ? Quelle utilité pouvait-il avoir pour les Skull ? En attendant, puisque je n'avais pas pu l’impressionner, je prétendais être au plus mal et j'en profitais pour gratter les cordes qui me retenaient sur une pierre un peu plus coupante que les autres. Au moment voulu Libegon viendrait m'aider. En attendant je devais continuer ma mascarade.

— Ah ? Quoi ? Moon, partie… murmurai-je.

Elle se rapprocha pour entendre ce que je marmonnais.

Subitement, je criai :

— Libegon ! À moi !

D'abord surprise par mon cri, elle recula d'un demi pas en arrière, ce qui fut suffisant pour laisser le dragon surgir hors de sa Super Ball et venir heurter mon adversaire. Elle roula à terre mais se releva presque aussitôt.

— Saleté, tu ne vas pas t'en tirer comme ça !

Elle attrapa une Ball à sa ceinture pour la lancer.

— Grolem à toi !

Son Pokémon, bien que ressemblant aux Grolem que je connaissais de Kanto, avait de sérieuses différences morphologiques sans parler des étincelles autour de lui. J'en conclus qu'il s'agissait encore là d'une variante régionale de l'espèce. Ce n'était malheureusement pas le moment de faire du naturalisme et si cette espèce était aussi lente que sa cousine, Libegon pourrait s'en débarrasser aisément.

— Lance Séisme !

— Attaque Explosion !

Explosion ? Elle n'y pensait pas ?! Peu importe ! Mon Séisme aurait raison du Pokémon avant qu'il ne puisse bouger.

Le sol se mit à trembler, de plus en plus. Arrivant in extremis à détacher mes mains liées, je m'agrippai avec peine aux grossières aspérités qu’offrait la coulée de lave refroidie. J'entendis les craquements de la roche et ne voyais rien d'autre que le basalte auquel je m'accrochais de tout le restant de mes forces. Si je lâchais et me faisais emporter, je n'étais pas sûr de survivre à une chute.

Quand les secousses se calmèrent enfin je me redressai péniblement, seulement pour distinguer alors à travers la pluie de débris que mes adversaires étaient encore là.

Comment ?

— Grolem, Explosion !

Sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit, une lumière vive se mit à briller de l'autre côté du rideau de poussière qui se dissipait. Très vite aveuglé et soumis à une chaleur intense, je n'eus qu'une pensée quand la déflagration me frappa : est-ce la fin ?

 


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