Ranger à Alola

Chapitre 9 : Le Volcan, Dénouement

1941 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 24/11/2022 22:57

Le Volcan, Dénouement.

 

« Excellent archer, capable de décocher ses flèches de plumes en moins d’un dixième de seconde, dans le cas où atteindre sa cible est vital, Archéduc tisse les ombres. »

Pokédex d’Alola

 

Je m'attendais à brûler dans d'atroces souffrances avant que cette femme de qui j'ignorais tout vienne me ramasser et faire ce qu'elle voulait de moi. Pourtant ce ne fut pas le cas. Je relevais la tête, confus et les oreilles bourdonnantes pour voir Libegon devant moi qui avait encaissé la majorité du choc. Malgré ça, elle était encore debout, lévitant difficilement avec ses petites ailes et tout de même bien amochée, menaçant de s’effondrer d’une seconde à l’autre.

Je remerciais intérieurement Nicolas, le Dracologue qui avait assuré pour moi son superbe entraînement au Site Météore.

Peut-être avais-je là une chance moi aussi. Elle ne pouvait pas s'attendre à une contre-attaque à ce point du combat. Peut-être qu'un simple Eboulement pourrait enfin les mettre hors d'état de nuire...

« Hyaa ! »

Soudain, sortis de nulle part, des Pokémon. Des dizaines et des dizaines, je ne les reconnaissais pas, ils avaient l'air de petits lézards de feu et couraient partout. Je remontais le flux du regard et vit différentes crevasses ouvertes dans le sol d'où s'échappait, bouillonnant, le flot des Pokémon.

Mais oui ! Des tunnels de lave !

Pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ?! Depuis des jours que j'explorais le complexe volcanique à la recherche de la faune locale, je n'avais pas pensé un instant aux cavités et galeries du sous-sol. Alors même que le mont Chimnée près de mon village en était truffé !

Le grognement de ma partenaire me ramena à la situation présente. Il fallait agir vite tant que l'autre était encore distraite.

— Libegon, attaque Ebou-

— HON ! HON !!!

Le Gouroutan adversaire cria tout à coup à notre attention, on aurait dit qu'il essayait d'articuler. Il agita ses éventails en nous montrant le sol fracturé et tous les petits Pokémon qui continuaient de courir partout tels une fourmilière affolée.

— Par Giratina ! Je ne peux quand même pas mettre en danger ces pauvres Pokémon. De toute façon combattre ici reste trop dangereux. Libegon, reviens !

L'autre hystérique était de toute façon encore en train de s'affoler, effrayée ou dégoûtée par les petites créatures.

— Des Tritox, des Tritox partout ! Je déteste les lézards ! Gouroutan, débarrasse-moi de ces horreurs ! Élimine-moi ça, vite.

Je soupirai, je n'avais plus le choix pour les protéger.

— Je me rends. Tu as gagné, je te suivrai où tu veux, et te dirai tout ce que tu veux savoir, mais ne leur fais pas de mal.

— Oh toi la ferme, je me fous que tu te rendes ! Tu n'as jamais eu le choix, ne crois pas le contraire. Arbok go, Ligotage sur ce minable.

— Hey ! Calme-toi, je me rends j'ai dit ! Je n'essaierai plus de m'échapper.

— Tu n'as rien compris, tu ne m'as jamais échappé. J'ai toujours eu le contrôle sur ta misérable vie.

Le serpent me serrait tellement fort que si j'arrivais encore à respirer, la douleur en était quand même presque insupportable. Au moins les Tritox avaient fini par se disperser, fuyant vers la petite forêt proche.

— Regarde-moi cette tête, pitoyable. Aller Gouroutan, transforme-moi ce brillant esprit en cerveau de Ramollos qu'il devienne un sage petit...

Elle n'eut pas le temps de trouver terminer sa phrase, son propre Pokémon l'avait giflée avec l'un de ses éventails de feuilles. Immédiatement le Arbok relâcha son étreinte, perturbé par la volonté vacillante de sa maîtresse.

Elle retrouva vite sa colère.

— Arbok, attaque Crochets-Venin sur ce traître !

Obéissant, il se jeta sur sa cible, les crocs en avant prêts à se refermer sur le coup vulnérable et exposé du primate.

Tout allait si vite que je n'arrivais même pas à crier, je n'étais plus qu'un spectateur de l'horreur qui allait se dérouler devant moi, alors que le Pokémon qui m'avait sauvé allait se faire attaquer et que la mâchoire létale du serpent était à quelques centimètres de sa carotide prête se refermer.

Une flèche vint se planter dans la tête du serpent.

Le Arbok s'écroula, inerte. Gouroutan se recula, effrayé.

Je ne comprenais rien.

— Catherine !

La flèche semblait faite d'ombre, et non de matière physique et palpable. Comme les traînées que laissent parfois les types spectres derrières eux lorsqu'ils sont énervés ou effrayés.

Une deuxième vint se planter dans la cuisse de la Skull, la bloquant au sol.

Que se passait-il, d'où venaient ces étranges flèches, pourquoi juste maintenant ?

— Catherine !

Lentement je tournais la tête dans la direction d'où venaient les flèches.

Là, sur un gros rocher, éjecta de lave d'une bien ancienne éruption, se tenait Moon et à ses côtés un Pokémon à la cape et aux ailes vertes que je reconnu, c'était l'évolution finale de Brindibou, le Pokémon de départ des enfants commençant leur Tour des Iles.

Alors qu'il abaissait son arc d'ombres, Moon, elle, leva son bras droit recouvert d'un long gant de cuir. Aussitôt l'archer s'envola et vint faire le tour de sa dresseuse pour agripper son bras de ses serres afin de l'emporter dans les airs avec lui. En quelques battements d'ailes il vint la déposer devant moi.

Elle me tendit une potion pour Libegon et une fiole pour moi que je reconnu être une décoction d'anti-douleur.

Encore sonné, je la remerciai, un peu hébété.

Elle se retourna en relevant un coin de ses lèvres, et fit face à mes adversaires, toujours cloués au sol.

— T'es qui toi pétasse pour débarquer de nulle part comme ça ?

Sans faire cas des paroles de la blessée, la Maître ramassa au passage les balls du Grolem et de Gouroutan, les rangeant à sa ceinture. Moon se saisit alors de la Poké Ball du Arbok, l'ouvrit et la brisa en deux sans plus d'égard. Le Gouroutan s'approcha des deux filles tandis que ma sauveuse recapturait le Pokémon blessé dans sa propre ball comme si de rien n'était.

— Non mais ça ne va pas la tête pauvre tarée, c'est mes Pokémon ! Pour qui tu te prends pour... Raah !

Sur un signe de sa dresseuse, l'oiseau fantôme retira de la cuisse de sa victime sa flèche devenue tangible sous ses plumes, lui arrachant avec elle un cri de douleur. Moon détourna avec dédain ses yeux d'elle. Un air exprimant explicitement :

"Tu n'es pas digne d'être dresseuse."

J'avais encore du mal à cerner cette fille qui me surprenait à chaque fois, sa douceur de façade cachant sa fermeté, sa violence.

Je m'approchai enfin à mon tour, boitant d'une jambe à l'autre.

Je posais ma main gauche sur l'épaule du grand singe pour le remercier. Après tout, il m'avait lui aussi sauvé tandis que moi je l'avais mis en danger.

Il restait la question de sa maîtresse, qu'allait-on faire d'elle ?

— Bon, je me doute que tu ne révèleras rien de ton plan, mais dis-nous au moins ton prénom qu'on puisse discuter. Je ne vais quand même pas t'appeler "Machyne" ?

Sur ce, je m'assis devant elle sur le sol de coulée de lave, encore endolori malgré l'effet calmant de ce que m'avait donné Moon.

— Je suis Cello, la sista de la nouvelle Team Skull, et aussi son admin. On a fait renaître la Team et on continuera à la faire grandir. À ce moment vous tous, vous nous respecterez enfin, quand l'île entière sera à nous, vous vous prosternerez !

Elle cracha à mes pieds et ricana.

Je me relevais lentement, blasé.

— Elle ne nous en dira pas davantage il semblerait. Que fait-on d'elle ? Tu peux la ramener, comme tu l'avais fait l'autre fois avec Zipp ? D'ailleurs comment tu es venue ici ? Et comment tu m'as trouvé ? Tu es arrivée pile au bon moment, c'est une incroyable coïncidence !

Dire qu'il m'avait fallu tout ce temps pour commencer à me poser les questions de base ! Moon secoua doucement la tête et fit délicatement descendre au sol son sac à dos de Montagnard. Quand elle ouvrit le rabat, j'aperçu quelques grandes feuilles vertes avant que ne me saute dans les bras une charmante Candine toute affolée. Je la rattrapai tout juste et lui caressai les calices toujours souples et soyeux.

— Eh, mais qu'est-ce que tu fais là toi ? Allons, arrête de pleurer je vais bien, tu vois, je vais bien. Je t'avais dit de t'enfuir pas vrai, pourquoi es-tu restée ?

Soudain une illumination me frappa. Je levai la tête vers la Maître d'Alola, encore étonnement timide à ce moment

— Ne me dis pas que... C'est toi Candine qui est allée la chercher ?

« C'est exact ! C'est grâce à elle que nous t'avons retrouvé à temps ! Tu peux la remercier ! »

Le Motisma-Dex était sorti à son tour du sac. Il ne m'avait pas manqué celui-là. Même si en vérité, j'étais content de le voir : un peu de bonne humeur, même forcée, faisait du bien après toutes ces aventures.

« Après avoir ramené le blessé Zipp et ses Pokémon, Moon a insisté pour retourner te chercher ! Mais ce n'était pas facile ! On a erré des jours durant ! »

— Mais heureusement Candine vous a retrouvés... completais-je. Elle est drôlement forte cette petite. Décidément les Pokémon n'arrêtent pas de me sauver aujourd'hui, pas vrai Gouroutan ?

Je me tournai vers ma gauche pour le remercier encore une fois de s'être opposé à sa dresseuse, mais constatai qu'il n'était plus là. Et Cello non plus !

Elle était en train de s'enfuir et Gouroutan tentait de la suivre.

— Mince ! Comment a-t-on pu l'oublier celle-là ?

Vint alors se placer à mes côtés l'archer Pokémon qui tira encore une de ses plus belles flèches spectrales.

Je l'aperçus encore une fois venir se ficher dans le talon de la fuyarde. Incroyable précision à une certaine de mètres !

Nous précipitâmes vers elle et les appels excités du primate qui l'avait rattrapée.

Mais avant que nous arrivions, elle appela un nouveau Pokémon. Il lui en restait donc encore un ?!

J'accélérai encore, ne voulant surtout pas la laisser s'échapper et je puisai dans mes dernières ressources malgré mon corps qui criait de douleurs.

Moon me dépassa au dernier moment pour se jeter sur notre cible mais son Nostenfer repoussa Gouroutan vers nous et, alors qu'il nous heurtait, la criminelle s'enfuit emportée par son Pokémon volant à toute allure.

— Fais quelque chose Moon ! On ne peut pas la laisser s'enfuir !

D'un geste du bras pointé en l'air elle ordonna à son Pokémon de les suivre.

« Ça ne sert à rien ! Nostenfer est beaucoup beaucoup plus rapide que Archéduc ! Il n'est pas entraîné pour la vitesse, même en portant sa dresseuse Nostenfer ira plus vite ! »

Et alors que je voyais la distance entre les poursuivants augmenter toujours plus, je m'écroulai par terre, essoufflé, incapable de reprendre ma respiration et le monde commençant à tourner autour de moi.

Alors que mes yeux se fermaient, je crus entendre une voix.

— Catherine ! Tiens bon !

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