Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 7 : Rivaux

2130 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/05/2017 18:07

L'enveloppe fut déchirée sous les griffes lacérantes du persian à l'air sournois. Lorsqu'il déplia la lettre et commença à la lire, il ricana en reconnaissant l'écriture de son éternel rival. Il parcourut ensuite le texte. Conscient de la situation, il projetait lui aussi de mener une révolte avec sa guilde, mais était contraint, ne lui plaisait, d'admettre que les chances qu'ils y arrivent seuls étaient quasi nulles.

Il se dit alors que c'était le moment rêvé pour prouver leur supériorité et permettre à ses membres de se défouler un peu, mais redoutait leur réaction lorsqu'il mentionnerait la guilde rivale.


Se résigant, il se dirigea vers le réfectoire d'où provenaient, comme à l'accoutumée, diverses insultes symboliques de l'idéal de vie de ses membres, peut-être, sûrement aussi de la guilde de Rorsil. Voulant prouver la résistance morale et psychologique des membres, il permettait toutes sortes de moqueries, insultes, harcèlement parfois, qu'il déguisait derrière une prétendue liberté d'expression qui donnait bonne conscience aux membres, et surtout à lui, maître de cette guilde.


Lorsqu'il entra dans la pièce ou mangeaient les membres, il ne fut pas surpris de voir que les brimades convergeaient comme à l'habitude vers un pauvre magmar, véritable paria des membres, qui à la moindre occasion se défoulaient sur lui. Jamais n'arriverait-il à s'intégrer aux autres membres, disait-on. Cependant, le pauvre bougre s'entêtait, voulait prouver une résistance d'acier certaine. Et cela entraînait d'autres insultes, moqueries de la part des autres membres, lorsqu'ils ne s'insultaient pas entre eux.


Rorsil fit interruption dans le bruit et le chaos. Il reprit néanmoins toute autorité devant ces pleutres qui s'écrasaient sous lui, véritable souverain de l'endroit qu'il dominait tel un despote son royaume. Ou un chef d'armée devant un donjon pris d'assaut. Il n'avait d'ailleurs, contrairement à Jabeorn, pas d'assistant.


"-J'ai une nouvelle bien croustillante à vous annoncer !"


A ces mots, on pouvait presque sentir le sang des membres se figer devant l'annonce d'une de ces nouvelles qu'ils aimaient tant, une nouvelle qui permettrait d'humilier quelqu'un, satisfaisant leurs esprits envahis par la vanité. Tous se souvenaient du malsain plaisir qu'ils avaient éprouvé en placardant dans Bourg Verdure des affiches tournant en ridicule la guilde de Jabeorn, dans le délice parodique qui leur était propre. Cependant, la plupart des habitants de la petite bourgade avait une mentalité plus mature, et avaient préféré humilier les diffamateurs en silence. Les victimes de leur jeu avaient pour la plupart gardé leur calme, voire en avaient ri. Cependant, certains membres de la guilde de Rorsil avaient avalé ce plat glacial qu'est la vengeance. C'était le cas ici d'un grolem, qui sentait toujours dans sa bouche le goût infect de l'Ocroupi qu'il avait été forcé d' ingérer, où là d'un mamanbo, qui portait à jamais la cicatrice de la longue feuille tranchante telle une lame qui l'avait rageusement lacéré. Le grolem se souvenait encore parfaitement de l'ardente passion du combat qui émanait du flobio ce jour-là, de son aura qui lui destinait un avenir brillant dans la stratégie, tout comme le mamambo pensait sans pouvoir s'empêcher de frémir au regard flamboyant du massko que rien ne semblait ce jour-là pouvoir contrôler.


Rorsil leur fit momentanément oublier leurs souvenirs :


"- Nous n'allons pas mener notre révolte seuls. Je viens de recevoir une lettre de ce chêêêr Jabeorn, qui nous invite bien gentiment à nous rallier à sa cause. Ce sera pour nous un excellent moyen de passer du temps dans leur vieille baraque, et de nous défouler un peu en attendant de pouvoir faire quelque chose. Nous pourrons ensuite prendre le contrôle de la révolution et les faire s'écraser devant notre influence. Allez, à vous ! Que les délibérations commencent !" termina-il avec un sourire malsain.


Cependant, les délibération ne furent pas très productives pour ne pas dire stériles, car les membres éclatèrent en acclamations et en plaisanteries d'un goût discutable sur leurs rivaux. Par la suite, le persian décida de ne pas répondre à la lettre du mastouffe, et de les prendre par surprise.


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"- Bien ! En cette journée, j'ai pu faire l'inventaire des lieux susceptibles de nous intéresser dans notre quête ! La voici sans plus attendre."

Et Jabeorn nous délivra une liste de donjons, lieux sacrés et autres ruines mystérieuses abritant potentiellement un orbe. Je vis une étrange lueur dans les yeux de Tuhgval alors qu'Andésia fut mentionnée. Ce fut d'ailleurs un des rares noms qui m'évoqua quelque chose. Le reste ? Je n'avais aucune idée d'où ces endroits de trouvaient. Daeron se tourna vers moi et m'expliqua que la plupart des lieux mentionnés se situaient à l'Ouest de la région et que de nombreuses civilisations y vivaient.


Je sentis l'excitation me gagner. Une terre éloignée, que je ne connaissais même pas ! Quel genre de secrets pouvait-elle renfermer ?


Le maître localisa de nombreux lieux, des sables ardents du désert au vent glacial des plaines gelées, de la vase des marais à l'abondance des jungles. Il précisa également que l'armée n'avait vraisemblablement pas encore pris le contrôle du territoire, il ignorait même si les habitants de ces terres en avaient déjà entendu parler.


"-Il y a trop de lieux à visiter, objecta Tuhgval. Comment peut-on être sûrs qu'ils renferment un orbe ?


-On ne peut pas. Cependant, nous pourrons toucher mot de la situation aux habitants, qui peuvent potentiellement se joindre à nous. Je propose que nous nous rendions dans un premier temps en ces terres, afin de recruter le plus d'alliés possible, qui ne seraient pas dans la peur constante à notre arrivée. Avant tout, j'essaierai d'en convenir avec Rorsil, s'il nous honore de sa présence. Pendant ce temps, vous élaborerez votre stratégie avec les membres de sa guilde. Je sais que ce ne sera pas aisé, mais je compte sur vous. En attendant, vous n'êtes pas dispensés de missions. Au travail !"


A l'instar des autres équipes, nous nous apprêtions à partir affronter le froid quand des cris retentirent au dehors.


"-Bougez pas, je vais voir !" lança Daeron. Curieuse de voir de quoi il en retournai, je me glissai discrètement derrière les montants de la porte d'entrée afin de tout savoir... Je sais, la curiosité est un vilain défaut, mais je ne peux pas m'en empêcher.


Je vis le braségali s'avancer sur le chemin. Il se dressait face à de nombreux Pokémon dont les cris redoublèrent à l'arrivée du partenaire de Celeriath et Gorg. Celui-ci reçut un paquet de neige en pleine figure. Il secoua la tête afin de s'en débarrasser.


"-Hé ben, ça promet !"


Je me dépêchai de retourner près du tableau des missions alors que Daeron déboulait dans la guilde.


"-Ils sont là ! La guilde de Rorsil est arrivée !"


Talraon réagît au quart de tour. Il se leva et ordonna a chacun de rester en place. Cependant, Jabeorn nous intima le contraire.

Ce fut donc ainsi que nous fûmes réunis en compagnie de ceux qui se voulaient nos rivaux, sous un ciel lâchant tranquillement quelques flocons de neige.


"Il me semble mieux que nous discutions entre maîtres...s'enquit Rorsil. Amusez-vous bien..."


Et les deux maîtres disparurent dans l'embrasure de la porte. Et zut.


Aussitôt, ce fut le chaos (je n'exagère presque pas). Des plaisanteries discutables fusèrent en même temps que les paquets de neige. Eh bien, quand on me dit qu'ils s'insultent entre eux, ils sont sacrément coordonnés quand il s'agit d'une cible commune, notre guilde !

Attendez...non. Un octillery et un simularbre s'étaient écartés des rangs rivaux... Ils acculaient un magmar contre un arbre...

Faisant fi de la situation entre les deux guildes qui commençait à devenir anarchique, n'écoutant que ma soif de justice, je me dirigeai vers ces trois-là.


"Mais arrêtez, enfin !"


Les deux brutes me regardèrent un court instant avant d'éclater de rire.


"-Oooooh ! Comme c'est mignon !"


Et, semblant préférer le chaos général, ils foncèrent dans le tas.


"-Ça va ?"


Le magmar hocha la tête.


"-Ils sont tout le temps comme ça ?"


Nouveau hochement de tête.


"-Ne veux tu pas venir dans notre guilde ? On ne te maltraitera pas ici ! Alors pourquoi s'entêter ?


-Tu ne comprends pas. Si je prouve ma résistance morale, ils accepteront. Et on a toujours besoin de résistance psychologique.


-Mais..."


Il tourna le dos et retourna vers les "siens".


L'accepter... J'en doute. Je doute même que quiconque soit accepté dans ce tas informe où c'était chacun pour soi. Mais je ne peux forcer personne...


Je me retournai et trouvai un véritable champ de bataille. Daeron se dressait au milieu, couvert de neige et d'aiguilles de sapin, usant de son sens de la répartie pour remporter la joute verbale qu'il disputait avec le simularbre de tout à l'heure, Oxeàtl, Tuhgval et Amarel tentaient sans résultat de pacifier le conflit, Anvorkos tentait infructueusement de calmer le jeu à l'aide d'une rafale psy, Gorg envoyait une ocroupi sur quiconque de la guilde rivale le dérangeait dans ses délibérations stratégiques, Vahnelka susurrait des incantations qui semaient l'effroi tel une graine dans les esprits de quelques adversaires, Ria et Flunnel s'entretuaient verbalement avec une mélodelfe et une serpang, Fordir et Kulibil faisaient des farces aux membres de la guilde de Rorsil pour les dérouter, Celeriath lacérait rageusement avec ses lames verdoyantes un hariyama qui avait dû s'aventurer à le provoquer, Gîlur, replié sur lui-même, tentait désespérément d'éviter les attaques, Edkahn se battait dans les règles de l'art avec un némélios en lançant des expressions d'un niveau de langue peu élégant, Ursil avait hypnotisé ceux qui l'avaient cherché et leur avait infligé une migraine qui les avait fait tomber dans la confusion, Silgoth lançait des ombres de toutes parts, et Aluhria s'envolait, sautait, frappait à l'aide de ses pieds. Je décidai d'aller rejoindre les pacificateurs quand un frison me repéra et me chargea.


"Et zut."


Je tentai de l'éviter, mais il dévia et commença le frapper de ses cornes. Je ne pus que répliquer de la mienne.


"-Mais... Qu'est-ce que tu fais ?! Mais arrête !"


Sa seule réponse fut un rictus alors que je me trouvais forcée de reculer sous les coups que je parais tant bien que mal. Mais jusqu'où comptait-il m'emmener comme ça ?


"-Il suffit !"


La voix salvatrice de Jabeorn venait de résonner. Cependant, il fallut un petit temps à la situation pour s'enliser.


"-Bien ! asséna Rorsil avec un rictus. On rentre !"


Et tous ces pleutres qui s'écrasaient sous lui fuirent, nous laissant au milieu de la neige piétinée.



Une fois tout le monde au réfectoire, Jabeorn nous relata sa discussion avec le persian. Ils avaient décidé, ô grande joie, d'agir séparément. Je ne voulais plus les revoir, ceux-là ! Mais je ne pouvais m'empêcher de songer au magmar. Quelle véritable raison le retenait ?

Mais cette annonce était dérisoire comparée à celle qui allait suivre :


"-Nous partirons demain. Afin de recruter des membres pour notre armée, afin, aussi, de chercher les orbes. Cet après-midi sera consacré à la préparation. Rendez-vous à Bourg-Verdure, et équipez-vous bien. Nous éviterons les donjons, mais une attaque n'est pas exempte. Rendez-vous en ce lieu ce soir."


Je n'y croyais pas. Une expédition ! L'aventure, l'inattendu, les terres inconnues ! A en voir la cohue tout autour de moi, l'excitation avait pris le contrôle de nos compagnons. Ce fut toute une masse d'explorateurs remontés à bloc qui déboula sur Bourg-Verdure cet après-midi là.


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"- Qu'y a-t-il dans tes yeux ?"


Anvorkos avait rejoint Oxeàtl qui se dressait au dehors, le regard rivé sur l'or du soleil couchant. Il tentait de lire l'avenir dans l'astre qui jetait des reflets dorés sur les troncs des sapins.


"-Le soleil n'est guère loquace ce soir... Je crains que l'aura dégagée par l'armée ne soit néfaste et n'obscurcisse les prédictions.


- Nous serons donc pas à connaître la destinée à nous, c'est ça ?


- Je crains que ce ne soit exact.


- La patience devra être pour nous... Ne pas vouloir notre destin avant... De toute façon, ça nous avancera rien."

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