Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 8 : L'ombre des glaces

1986 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/05/2017 18:59

"- Oh non ! Au secours !


- Quoi ?


- Là bas... Ah...ah...


- Que... Oh, malheur, horreur, terreur !


- Malédiction, aberration, désolation !


- Au secours ! On va mourir !


- Chassez-le ! Dégagez-le ! Trucidez-le !


- C'est quoi encore ce raffut ?


- Là bas ! Je veux pas mourir comme ça !


-Allez chercher des projectiles !


- Défendons le village !


- Non !


-Pas possible !


- Aaaaaah ! Il entre dans le village !


- Grâce, Arceus, grâce !


- Sors de là !


- Dehors !


- Ailleurs !


- Il a trop peur pour se rapprocher, ahah !


- Regardez-le, il est rouge comme une baie Tamato !"


Une baie Tamato, c'est justement ce que le Pokémon source de ce chaos manqua de recevoir en pleine figure. Il pivota et s'en retourna dans la forêt enneigée. Difficile de trouver un refuge, lorsqu'on est détesté comme la peste. Il courut longtemps, cependant résigné à son destin qui lui interdisait d'être accepté dans un village. Personne ne voulait de lui. Il était le chaos. Il était le désastre. Il était la mort. Essoufflé, il s'arrêta, et riva ses yeux bleus comme la glace qu'il ne parvenait pas à briser sur ses griffes rouges. Décidément, certains n'avaient rien pour eux. Non content de le façonner dans la glaise de l'espèce la plus détestée, le destin l'avait accablé d'un autre défaut inné qui contribuait à le rendre plus méprisable encore. Il était l'abomination même, il était un absol chromatique.


Le vent glacial charriait des essaims de flocons qui s'accrochaient dans son pelage. Le ciel s'était assombri, la forêt gémissait sous les rafales. Épuisé par sa course désespérée, il se laissa tomber, espérant une mort qu'il trouvait préférable, presque douce dans son monde de désespoir sourd et de mauvais augure.

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"- Raaah, ça caille !"


La froidure nous avait saisi alors que nous nous déplacions parmi la poudreuse et les congères. Nous étions partis tôt le matin, alors que le soleil n'était pas encore sorti de son sommeil. Nous avions aussitôt bifurqué vers l'Ouest, afin de nous rendre vers ces fameuses terres inconnues !

La couleur du ciel ne prédisait pas une amélioration du temps, mais n'assombrissait pas mon espoir et ma motivation ! Je m'étais juré de ne jamais rien lâcher, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige !


Nous parlions entre nous, émettant des suppositions sur ce que la destinée nous réserverait. Quelque chose de grandiose, j'en suis persuadée !


Plusieurs jours se déroulèrent dans une ambiance similaire, dans un froid que j'ignorais. Jabeorn objecta que nous atteindrions bientôt les marais.


Nous étions à l'instant en train de préparer le camp pour la nuit, à l'abri du froid. Chacun d'entre nous avait été chargé, comme il en était devenu coutume, d'accomplir diverses tâches nécessaires à notre survie dans ce vent glacial. Pourtant, chaque soir, effectuer ce qui pouvait s'apparenter à des corvées pour certains était pour moi un véritable plaisir.

Ce soir là nous accompagnions Daeron, Celeriath et Gorg dans la recherche de bois, ressource la plus précieuse dans notre situation. Nous avancions dans la forêt depuis un petit moment lorsque le laggron s'immobilisa.


"- Ouais, Gorg ? Demanda Daeron.


- Attention, nous ne sommes peut-être pas seuls, s'inquiéta Tuhgval.


- Attendez, je vais voir" fit Celeriath.


Le Pokémon de type Plante disparut dans les broussailles.


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L'absol leva les yeux vers la source du bruit qui avait éveillé son attention et aperçut avec une stupeur aussitôt mêlée de crainte un Pokémon au dessus de lui. Manifestement de type Plante, de couleur verte, et à la queue piquante telle un rameau de sapin. Heureusement, il put lire de la gentillesse dans son regard.


"-Tout va bien ?


- Je...suis méprisable...porteur de désastre...vas-y, achève ma pitoyable vie..."


Celeriath garda son calme :


"- Toi seul sait si une catastrophe est sur le point d'arriver, poursuit-il, connaissant les terribles accusations qui planaient comme un prédateur affamé sur les absol. Ton instinct t'en avertit, mais ce n'est en aucun cas de ta faute.


- Rien...ne va se produire...sauf ma mort..."


Le jungko remarqua que son interlocuteur était en effet blessé au flanc, duquel s'échappait un mince filet de sang qui souillait la blanche pureté de la neige.


"- Si tu es soigné, non."


Il voulut analyser la blessure de l'absol, quand des bruits retentirent en son arrière.


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"-Alors ? Tu vois quelque chose ? Mais qu'est ce que...


Je m'arrêtai net. Quel était ce Pokémon à la corne rouge et aux yeux de glace étendu aux pieds de Celeriath ? Je crois que c'est un absol. On dit qu'ils amènent les catastrophes...


- Je l'ai trouvé là, et il est blessé. Il faut le soigner sans perdre de temps.


- J'ai une baie Oran."


Je m'empressai de sortir le fruit de la boîte à outils, ravie de pouvoir aider un Pokémon en difficulté, absol où non ! Et puis, je suis certaine que les absol ne portent pas malheur. Ce que les gens disent n'est sûrement que pure affabulation.


"- D' où viens-tu ?


- De nulle part...enfin, si, je suis né en pleine forêt, et ma mise au monde a coûté la vie à ma mère... J'amène la mort par ma simple présence, voyez-vous... Autant m'achever..."


A ces mots, je ne pus m'empêcher de frémir. La mort de ma propre mère, si proche, me revenait dans l'esprit, lentement et gravement. Je devais chasser ces pensées de mon esprit, je ne devais en rien me détourner de mon Idéal ! Je reportai, non sans difficultés, mon attention sur la conversation.


"-Jabeorn, notre maître, t'acceptera, il n'y a aucun doute là dessus. Cependant, certains membres réagiront moins bien. Ne leur prête pas attention, il finiront par t'accepter eux aussi."


Et ce fut avec un Pokémon de plus que nous repartîmes dans le bois. Nous prîmes le chemin du camp en prenant le soin de récolter les encore quelques bâtons. Nous apprîmes en route qu'il s'appelait Grimsil.


Nous atteignîmes enfin notre destination. Des branchages faisaient office de lits, et d'imposants tas de neige nous protégeraient du vent d'un froid mortel durant les longues nuits d'hiver. Ingénieux !


Soudain, alors que je me demandai de qui venait cette idée, un cri strident me perça les oreilles et me fit sursauter.


"-Hiiiiiiii ! Attention, derrière vous !"


Nom d'Arceus ! On n'a pas idée de hurler comme ça !


" Ria, laisse les expliquer la situation."


Nous nous déchargeâmes d'abord des lourds fagots, avant d'expliquer les derniers événements. Grimsil se vit plutôt bien accueilli, excepté par Edkahn, Ursil et Ria. Son air à ce moment si étonné m'arracha un sourire, non sans satisfaction car tout le monde ne croyait pas ces idioties sur les membres de son espèce. Mais je ne pus m'empêcher devant le regard assassin d'Ursil.


"-Bien, dit Jabeorn, qui pour lui expliquer notre situation ?"


Avec enthousiasme, Daeron se dévoua. La manière dont il relata les faits me fit frissonner ! Que notre pérégrination semblait épique, que nous, humbles membres de la guilde, passions pour des héros ! Pas étonnant que l'absol eut l'air fasciné ! Ce que je lisais dans le regard du Pokémon de type Ténèbres ? " Quel soulagement d'avoir enfin, après de longues années de souffrance et d'abandon, rencontré ces Pokémon ! Aurais-je enfin...trouvé un foyer ?"


Après ce fulgurant récit, nous, membres de la guilde, nous réorganisâmes et reprîmes le cours de leurs activités. Grimsil resta avec nous. Nous faisions plus ample connaissance assis en cercle, sous les branches maternelles d'un large conifère.


Alors que nous bavardions, une petite branche de sapin se balança soudain malicieusement sous nos yeux et alla fouetter nos visages.


"-Fordir ! Kulibil !"


Celeriath se leva brusquement à la recherche des des deux farceurs, qui tombèrent à ce moment de l'arbre. Heureusement, la neige amortit leur chute.


"- Vous pouvez arrêter ? demanda-t-il, les dents serrées, les yeux étincelants de colère. Grimsil recula, impressionné.


"- Ça me surprend...Il a pourtant l'air gentil...


- Celeriath est très gentil, du moment qu'on ne l'embête pas. Il a beau être un peu colérique, c'est vraiment quelqu'un sur qui on peut compter et il ne fait jamais de remarques méchantes et futiles." expliqua Daeron.


Je reportai mon attention sur les deux petits facétieux, qui semblaient maintenant effrayés.


...


Oh non, pas lui.


Edkahn qui, comme toujours, allait mêler de ce qui ne le regarde pas, se dirigeait dans notre direction.


"- Ça va chauffer." pronostiqua Daeron.


L'arcanin demanda ironiquement ce qui se passait. Il avait, comme à l'accoutumée, l'air moqueur. Il sussura à voix basse quelque chose que j'aurais bien aimé entendre, mais ce ne fut pas le cas. En tout cas, cela eut pour effet que le jungko reporta son attention sur le brouilleur arrivé récemment et s'énerva de plus belle. Edkahn profita de la situation et rit sournoisement. Il voulut placer un autre vanne. Il savait indiscutablement que lorsque son interlocuteur était sous l'emprise de la colère, il ne se contrôlait plus. Il n'eut finalement pas l'occasion de l'ouvrir, car une gerbe d'eau bien vaseuse le trempa de la tête aux pattes. Bien fait pour lui !


"-Gloubgloubgloub...Tu peux vraiment pas t'empêcher de ramener ta Fraive, toi...Tsss..." se gaussa Edkahn à l'intention de Gorg, tout en s'ébrouant pour se débarrasser de la boue.


"-Et toi, tu vas t'en manger une dans pas longtemps."


Edkahn écarquilla les yeux sous le coup d'une surprise feinte.


"-Waouh ! Félicitations, tu as enfin réussi à prononcer une phrase sans nous saouler avec tes délibérations stratégiques !"


Ce fut au tour du laggron de s'énerver :


"-J' te signale que...


- Et voilà...Dès qu'on critique son obsession, il se fout en rogne ! "


Gorg s'apprêtait à renvoyer une réponse sans doute aussi cinglante qu'un Fouet Lianes lorsque Talraon sonna le glas du conflit en le séparant de son rival. Il se mit à leur expliquer l'importance d'une bonne ambiance au sein du groupe en faisant des gestes démesurés, ce qui imprima un sourire sur mon visage. Quand il eut terminé, Edkahn ricana et tourna le dos, et Gorg revint vers nous en ronchonnant.


"Le dîner est servi !" annonça finalement Amarel.


Et nous nous repûmes de délicieuses baies sauvages tout juste cueillies et mitonnées. À la fin de cet agréable repas, Vahnelka proposa de raconter des histoires d'horreur. Quelle bonne idée !


"-Ouais, comme ça les p'tiots auront la trouille !", claironna Aluhria, l'air moqueur et réjoui.


Les "p'tiots", à savoir Fordir et Kulibil, protestèrent avec véhémence. La veillée commença donc. Vahnelka effraya l'assemblée avec une histoire de donjon hanté par des spectres en décomposition dont il était impossible de s'échapper. Quel talent lorsqu'elle narrait les détails les plus glauques ! Daeron, lui nous fit frémir en narrant le récit d'un village dont les habitants disparaissaient tour à tour la nuit. Il avait lui aussi beaucoup de talent pour raconter des histoires.


Quelle agréable soirée ce fut ! Bon, je parle pour moi, mais comme l'avait prédit Aluhria, Kulibil et Fordir semblaient effrayés. Surtout par l'histoire de Vahnelka !


Jabeorn préféra donc malheureusement mettre un terme à la veillée. Nous partîmes alors nous blottir contre les tas de neige. Nous allions avoir besoin d'énergie pour la suite de notre cheminement !

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