Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 16 : Un souvenir douloureux

3806 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/10/2017 19:11

Hmmm... Cela fait tout de même un petit moment que l'on trotte... Quand allions-nous atteindre la cité des Mages ? Seul le bruit de nos pas résonnait dans ce chemin si blanc, si silencieux. Tout de même, quand j'y repense... Nous en avions vécu des aventures depuis notre rencontre, Tuhgval et moi...


Je me souviens de ce terrible Golemastoc qui avait bien failli emmener Golgopathe. Je me souviens de notre rencontre, puis de notre arrivée à la guilde. Comme elle était accueillante, après notre longue pérégrination ! Je revois d'ici le moment où nous avions fait connaissance avec les autres membres de la guilde... Daeron, Gorg, Celeriath, Anvorkos, Oxeàtl, Silgoth, Gilûr, Vahnelka, Fordir, Kulibil, Ria, Amarel, Flunnel, et même Edkhan, Aluhria et Ursil... Je suis heureuse d'avoir rencontré tout ce petit monde. Je me remémore cet instant où nous avions reçu notre badge, notre première mission qui s'était malheureusement soldée par un échec... Je frissonne en pensant à la fois où nous étions restés coincés dans la grotte... L'attitude pour le moins étrange de Talraon quand il nous a aidés à sortir... Tiens ! Ça m'était complètement sorti de l'esprit, ça ! Tout de même, je me demande ce qu'il manigançait... Il n'avait plus eu ce comportement depuis. Bah ! De toute manière, j'ai autre chose à penser ! Je ressens d'ici l'excitation lors de l'entraînement, et surtout, la découverte de l'Orbe qui avait tout changé... Les cinq artéfacts étaient dès lors devenus le centre de notre attention. Espérons que les manuscrits de la grande bibliothèque soient loquaces à leur sujet ! Je me souviens cette fois où des nosferapti nous avaient pris en embuscade dans la Grotte Lapis, de notre rencontre malheureuse avec ceux de Rorsil... À leur sujet, je me demande ce qu'il font actuellement... Je me demande même si ils font quoi que ce soit ! Puis, nous étions partis en expédition... Niveau Orbes, elle n'avait pas été fructueuse, mais nous nous étions fait des alliés précieux... Nous avions trouvé l'ami Grimsil, en train de dépérir... Quel plaisir d'avoir pu l'aider ! Nous avions fouillé de fond en comble les marais, pour n'en tirer qu'une rencontre agitée avec ceux de Rorsil ! Je revois avec horreur Tengana en ruines, et puis... la pièce interdite, dont je rêve parfois la nuit ! Mais que renfermait-elle donc, aussi inutile fut-ce ! Puis nos pas nous avaient menés dans le paisible village d'Era... Nous avions alors recruté nos premiers volontaires ! Leur chef était un commandant de notre groupe désormais... J'ai le sentiment qu'il nous portera loin... D'après ce que j'ai vu alors que nous construisions le camp, il était un chef de village certes rigide, mais juste et attentionné envers ses villageois. C'était sur cette rencontre que notre voyage s'était achevé... Mais une autre aventure nous attendait, nous, Eluhn et Tuhgval, alors que le camp se dressait de terre. Nous étions repartis pour Andésia, la où tout a commencé. Ses rues grises, son Golemastoc vicieux, son Kecleon cupide, rien n'avait changé... Mais ce fut au delà que nos pas nous guidèrent, aux tréfonds de cette crypte si vide... Quelle angoisse quand les deux exagide nous étaient tombés dessus ! Je crois que si Valtheod n'était pas arrivé, nous aurions effectivement fini découpés en petit cubes... Mais bon... Tout s'était bien terminé et nous nous étions fait un allié qui n'est autre que le gardien du portail. Tiens, au fait, maintenant que j'y repense, on ne l'avait pas vu, celui-là ! Je me demande bien à quoi ressemble ce lien entre les dimensions... Nous étions donc rentrés à la guilde, joignant nos forces à la construction du camp. Puis Oxeàtl était parti à la Colline des Anciens. Je me demande ce qu'il y a vu ! Avant même son retour, ce furent ensuite nous mêmes qui repartîmes... Et, à présent, nous voilà sur la route de la cité des Mages... Que d'aventure, mes amis !


Nos pas laissaient leur empreinte dans la blancheur de la neige alors que nous avancions vers notre destinée, vers un lieu qui devait renfermer nombre de secrets mystérieux... De petits flocons dansaient dans le ciel comme pour nous encourager. Le paysage s'étendait jusqu'à l'infini, blanc comme le silence qui régnait. Trottant ainsi, dans l'hiver, je me sentais bien. Je ne puis dire combien de temps cela dura-t-il jusqu'à ce que ce "crac" ne résonne dans un buisson alentour.


Nous nous arrêtâmes immédiatement, en alerte.


"Qui va là ?" ne pus-je m'empêcher de lancer.


"N'ayez crainte, ce n'est que moi."


A notre grande surprise, une créature métallique bipède parée de lames émergea du bosquet.


"Valtheod ! Me suis-je écriée.


- C'est une surprise de vous voir ici.


-Oui, nous allons à la Cité des Mages !


-La Cité des Mages, dites-vous ? Elle renferme nombres de secrets à ce jour encore embrumés et les connaissances des plus érudits d'entre tous.


-Justement, on pense pouvoir trouver des informations sur les Orbes dans la grande bibliothèque !


-Les Cinq Orbes liées à la dimension où vit Maître Giratina, un monde où le réel perd tout sens. Il y a dans le portail cinq cavités, dans lesquelles les Orbes se trouvaient scellées. Hélas, le gardien précédent, Eloriath, un siderella, trahit la destinée à laquelle il s'était dévoué. Le sceau fut brisé et les Orbes se perdirent au travers de la région. Le lien entre les dimensions s'amenuisa et l'aura du portail s'assombrit. Les ténèbres semblent ronger Maître Giratina lui-même. Jour après jour, il ne devient plus qu'une ombre."


Cette dernière phrase, qui semblait peiner mon interlocuteur, me fit douter. Quels dangers nous attendraient au delà du portail ?

Je repris :


"Dans tous les cas, nous avons besoin d'informations sur leur localisation. Que dirais-tu de nous accompagner ?


-Ce serait un plaisir, Eluhn."


Et nous nous remîmes en route. Mais, alors que nous trottions, une question nous imitait dans ma tête, une question qui me brûlait les lèvres telle une explograine. Elle les franchit finalement.


"Comment est-tu devenu gardien du Portail, Valtheod ?


-C'est une longue histoire. Êtes-vous prêts à l'entendre ?


-Absolument !


-Bien sûr que oui !


-Bien."


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Le bruit des lames s'entrechoquant résonnait dans toute la clairière où l'excitation était à son comble. Les jeunes scalpion parlaient frénétiquement entre eux, chacun soutenant un des leurs qui venaient d'évoluer. Lequel serait leur commandant lors des chasses ?


Il se tenait légèrement à l'écart, attendant son tour. Bientôt, il se frotterait à un autre scalproie pour déterminer lequel dominerait. Mais il n'en avait pas envie. Il ne désirait pas être un meneur. Il savait qu'il serait alors acclamé, ce qui ne manquerait pas de le mettre mal à l'aise. Non, il préférait rester dans l'ombre, loin de la gloire. Il ne se voyait pas comme un chef. Cependant, ces combats étaient une tradition, une valeur de son peuple et de son espèce. Et cela lui serrait le coeur de ne pas les honorer. Que devait-il faire ?


Le combat en cours venait de s'achever. Un scalproie était au sol, l'autre saluait une foule qui l'acclamait. Son tour allait venir. Il devait se rapprocher. Il entendait les discussions, autour de lui :


"Vous allez voir, personne ne me résistera. Je serais le commandant !"


"Bah, je m'en fiche de dominer ! Je veux juste sentir l'excitation du combat ! Vivement mon tour !"


"Rahlala ! Je me suis pris la raclée du siècle !"


Il se rapprochait. Les deux combattants quittaient l'espace du duel.


"Que les prochains se mettent en place !"


Il ne pouvait plus reculer. Il n'avait pas le choix.


Son adversaire lançait vers lui un regard narquois. C'était de tous le plus vicieux, adepte des tactiques les plus fourbes et des coups les plus violents. Il n'avait pas eu de chance de tomber sur cet adversaire, lui qui combattait dans le respect des règles de l'art. Certes, il avait une possibilité de se venger de celui qui l'avait choisi comme bouc émissaire. Mais la vengeance n'était pas une de ses valeurs.

Le combat commença. Son adversaire fonça sur lui. Mais il était comme paralysé. Il esquiva maladroitement l'assaut. Son rival bondit au dessus de lui. Il para le coup. Il ne faisait que parer les coups, son sens de l'offensive anesthésié. Des murmures de consternation et des acclamations montaient du public. Son assaillant se tourna vers ce dernier en lançant un salut montrant son manque lacunaire de modestie puis rebondit dans son dos. L'offenseur frappa. Le bruit de l'acier contre l'acier résonna dans son esprit. Il tomba.

Il sentait l'herbe sous sa tête. Les bruits autour de lui étaient confus. Il aurait pu se relever après cet assaut désastreux, mais il se sentait paralysé. Il souhaitait juste que tout s'arrête, que son adversaire soit déclaré vainqueur et qu'il puisse quitter cette clairière.


"Stop !" venait de crier l'arbitre.


L'assaillant poussa un cri de victoire. L'un des nouveaux chefs serait un tyran doublé d'un fourbe.


Le feu brûlait au milieu de la clairière. L'ambiance était festive. La fête battait son plein en honneur aux nouveaux dirigeants.

Mais il n'y participait pas. Il se tenait isolé sur un promontoire, le regard fixé sur la lune. Il se sentait coupable de ne pas avoir contribué pleinement à une tradition de son peuple. Mais désormais qu'il était vaincu, plus aucune obligation ne le retenait. Il ne voulait pas rester là. Il voulait...devenir secouriste. Rendre la justice et protéger les plus faibles. Peu de Pokémon remarqueraient son absence, il s'était toujours tenu un peu à l'écart. Il songea néanmoins au chef suprême, un vieux scalproie qui s'était toujours montré compréhensif et l'avait épaulé durant sa jeunesse. Il pensa aussi à ceux qui l'avaient apprécié, avec qui il avait passé de bons moments. Il se rappela surtout ses parents, disparus depuis si longtemps déjà... Quitter cet endroit signifierait laisser leur souvenir. En pensant à eux, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il les chassa. Il se devait d'être digne de sa future destinée. Si il voulait l'accomplir, il ne devait pas regarder en arrière.


Il se leva et partit. Il chemina longtemps, à travers champs et monts. Il ne savait pas où il allait. Un jour peut-être, où bien le lendemain, il aurait atteint un village où il pourrait commencer à accomplir sa nouvelle destinée. Mais, dans ces moments d'errance, il se sentait bien. Lorsque d'aventure il croisait quelque voyageur, celui-ci lui jetait un regard suspicieux où se contentait de faire comme si de rien était. Sa vie n'était plus guidée que par le cours de la nature, par les heures du jour et de la nuit.


Un jour enfin il atteignit un village. C'était un regroupement de maisons de pierres agencées autour d'une place. On y trouvait diverses boutiques, et au Nord, un petit étang. "On l'appelle la Place Pokémon", disaient les villageois aux voyageurs. Valtheod avait décidé de s'installer peu loin de cette fameuse Place Pokémon, dans un abri de fortune.


Tous les jours, il traversait le village. Chaque matin, il passait devant une statue représentant un Pokémon bipède, aux oreilles pointues. Ses mains étaient ornées d'une pointe et l'une d'elles brandissait un badge de secouriste. Il avait beau n'être qu'une représentation de pierre, mais on aurait juré lire dans ses yeux son courage et sa détermination. Entendant des bribes de conversations tout autour de lui dans le village, Valtheod avait pu l'identifier comme étant un lucario, un Pokémon s'étant démarqué par ses exploits en tant que secouriste. Voilà sans doute pourquoi disait-on les lucario courageux. Dès lors, ce lucario était devenu pour lui un modèle à suivre, un but à atteindre. Il ne voulait pas de se renommée, mais tirerait sa volonté de la détresse des Pokémon à secourir.


Tous les matins, il se rendait donc à l'Est de la Place Pokémon, là où des myriades de bekipan entraient et sortaient d'un bâtiment à leur effigie, des sacs garnis de courrier dans le bec. Un panneau tout recouvert d'annonces trônait à l'entrée du même bâtiment. C'était le tableau d'affichage, paré de demandes qui constituaient les aventures des secouristes. C'était ici qu'il choisissait consciencieusement ses missions. Puis il allait, en direction du donjon où un pauvre Pokémon perdu ou blessé attendait de l'aide. Cela faisait déjà quelques missions qu'il réussissait et chaque fois, la gratitude de l'individu secouru le touchait profondément. C'était ce qu'il préférait dans les sauvetages, le sentiment d'accomplir son devoir. Et ce devoir lui tenait particulièrement à coeur.


Aujourd'hui, c'était un argouste qui avait besoin d'un coup de patte dans le Mt Acier. Son courrier était relativement urgent, semblait-il. Le scalproie se rendit donc dans le donjon.


Le Mt Acier était un grand pic escarpé et rocheux, qui dominait quiconque de toute sa hauteur. Les alentours étaient austères et la végétation se résumait à de maigres arbustes. Les parois rocailleuses étaient presque à pic. Décidément, il s'agissait d'un endroit dangereux. Le moindre faux pas pourrait s'avérer fatal... Les Pokémon s'y trouvant semblaient tout aussi remontés. Pourquoi étaient-ils si agressifs ? C'était comme si une catastrophe allait se produire... L'ambiance l'oppressait au fur et à mesure qu'il progressait. Il marchait dans les couloirs sombres et étroits, quand un Pokémon du donjon ne lui tombait pas dessus. Il devait tout particulièrement faire attention aux charmina. Leurs attaques de type Combat ne manqueraient pas de le faire s'évanouir.


La galerie déboucha finalement sur le flanc de la montagne. Vue d'ici, elle semblait encore plus abrupte. Ce lieu ressemblait bien à ce que l'argouste en détresse décrivait dans sa demande. Ce n'était certainement pas un lieu où un Pokémon blessé pouvait se réfugier en sécurité. Valtheod longea donc les parois, qui semblaient peser sur lui et pouvoir l'écraser comme un statitik sous le pied d'un golemastoc. Mais qu'importe. Son sens du devoir le pousserait à continuer coûte que coûte.


Il finit par entendre un gémissement émaner des rochers. En alerte, il s'immobilisa. Les gémissements reprirent de plus belle. Et, finalement, il le vit. Il s'agissait bien d'un argouste, au pelage zébré d'une entaille qui n'était pas belle à voir. Ce même argouste se situait sur une saillie rocheuse, coincé sous de grosses pierres. Le dégager ne serait pas une partie de plaisir.


Rassurant la victime à moitié consciente, il s'attela à la tache, déblayant péniblement les rochers. Il lui semblait que le promontoire sur lequel ils se trouvaient craquait, bougeait. Cela ne devait être qu'une impression liée à l'adrénaline du sauvetage urgent, mais il s'accélèra. Il canalisa sa concentration, et n'entendit bientôt plus les craquements de la pierre. Ni les pas qui résonnaient derrière lui.

Il ne se rendit compte de leur présence qu'au dernier moment. Trois charmina à l'air décidément remonté, qui ne semblaient pas avoir l'intention de participer au sauvetage. Bien au contraire.


Valtheod fut contraint de s'écarter, sans quoi il aurait goûté à toute la puissance d'une Forte-paume, et manqua de tomber dans le vide. Il se ressaisit néanmoins. L'argouste. Il devait à tout prix le protéger, même si pour cela il se mettait en péril. Il se posta donc devant le Pokémon blessé, face aux trois agresseurs. Son type Ténèbres ne prêtait certes pas main forte à son type Acier face à la redoutable combativité, mais il pouvait en faire un avantage contre ces Charmina. S'il craindrait la puissance de leur corps, au-moins pouvait-il faire de leur esprit une faille face à l'obscurité. Il utilisait donc Tranche-Nuit pour se protéger, tentant de son mieux d'esquiver les attaques. Protéger le faible, et surtout ne jamais quitter l'ennemi des yeux. Ce fut avec difficulté qu'il vint à bout de deux des ennemis. Mais un restait. Celui-ci semblait être celui dont le mental était le plus fort, car les attaques de type Ténèbres ne perturbaient en rien sa concentration, qu'il muait en attaques Détection. Point de dégâts possibles, il retrouvait l'avantage. Le charmina lança Pied-Voltige. Le Pokémon aux lames tranchantes eut à peine le temps d'esquiver et reçut tout de même quelques dégâts. Le charmina, tombé au sol, grimaça. Cependant, ce répit fut de courte durée car il se releva et bondit derrière son adversaire qui, affaibli, ne résisterait pas à un autre assaut. Il retombait vers la saillie rocheuse, prêt à rebondir. Il atterrit avec agilité. Mais son attaque n'alla pas plus loin. Dans un craquement assourdissant, le bloc de pierre se détacha et chuta vers le vide si lointain, entraînant avec lui charmina et argouste.


Le secouriste se laissa tomber au sol, affaibli. Il ne pouvait croire ce qui venait de se passer. Il aurait dû écouter les craquements. Mais il ne l'avait pas fait. Il aurait dû dégager l'argouste encore plus vite. Il s'était laissé aller au combat. Il aurait dû stopper le charmina en plein vol. Mais ça n'avait pas été le cas. Il avait failli à son devoir et un innocent Pokémon blessé était mort par sa faute. Il se redressa, l'oeil vide, et regarda en contrebas où de la poussière montait des rochers si éloignés. Il ne put supporter le poids de sa culpabilité, qui lui interdit tout mouvement. Incapable de faire quoi que ce soit, affaibli, il se laissa sombrer.



"JE CROIS QU'IL ÉMERGE."


Valtheod ouvrit les yeux, et son regard tomba sur deux gigantesques lames à l'oeil unique. Chacune portait un bouclier et, si l'une était dorée et violette, l'autre en revanche se parait de noir et de rouge. Puis il remarqua que les deux Pokémon étaient rouillés et portaient de nombreuses cicatrices.


Il se souvint : Le Mt Acier, son échec au sauvetage et l'état d'abattement duquel il aurait préféré ne jamais sortir. Désormais, il se trouvait dans une sorte de souterrain aux murs de briques de pierre. Il sentait un vague mal physique, mais savait que cela n'était pas du à son écrasante culpabilité. Non. Le mal de celle-ci était bien plus profond, et il savait d'ores et déjà qu'il n'en guérirait jamais.


"COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS ?"


Il fut incapable de répondre quoi que ce soit.


"NOUS VOUS AVONS TROUVÉ INCONSCIENT, AU BORD DU VIDE, DANS LE MT ACIER. VOUS PORTIEZ DES TRACES D'ATTAQUES DE TYPE COMBAT. QUE S'EST-IL PASSÉ ?


-Mon devoir... J'y ai failli. J'ai échoué à secourir un Pokémon blessé, et il est tombé dans le précipice par ma faute. Je...je vous suis éternellement reconnaissant de m'avoir recueilli, mais je ne vaux pas cette attention.


-VOUS SEMBLIEZ AVOIR ÉTÉ ATTAQUÉ. CETTE ATTAQUE NE PEUT QU'ÊTRE RESPONSABLE DE VOTRE ÉCHEC, N'EST-CE PAS ?


-Trois charmina ont importuné le sauvetage. Je n'ai pu arrêter le dernier, et il a sauté derrière moi. Il a entraîné en touchant le sol la saillie rocheuse sur lequel se trouvait le Pokémon blessé, qui menaçait de se détacher. Ils sont tombés sans que je ne puisse rien faire.


-VOULOIR PROTÉGER LE FAIBLE MALGRÉ SON IMPUISSANCE EST UN ACTE TRÈS NOBLE, LES SEULS RESPONSABLES ICI SONT CES CHARMINA.


-QU'ALLEZ-VOUS FAIRE, DÉSORMAIS ?


-Je... J'aimerais reprendre les sauvetages, mais je ne m'en sens pas la force. Je ne supporterai point de voir un autre Pokémon mourir par ma faute.


-MAIS PUISQUE NOUS VOUS DISONS QUE VOUS N'ÊTES PAS RESPONSABLE. VOUS M'AVEZ L'AIR TRÈS DÉVOUÉ À COMBATTRE LES INJUSTICES. LAISSEZ-NOUS DONC VOUS CONTER UNE LÉGENDE QUI, AUSSI RÉCENTE EST-ELLE, N'EN EST PAS MOINS UNE.


- IL S'AGISSAIT DONC DE CINQ ORBES, ET D'UN GARDIEN..."


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"Voilà donc comment en suis-je venu à m'allier aux exagide."


Et bien, quelle histoire ! Le passage contant l'échec du Mt Acier m'avait rappelé notre premier sauvetage... Qu'était donc devenu ce pauvre doduo ?

Toujours était-il que les cinq Orbes seraient peut-être plus facilement localisables, désormais.


Nous continuâmes notre route, gravissant une colline coiffée d'arbres qui murmuraient dans le vent. Je tournai mon regard vers le gardien du portail, qui restait silencieux. À quoi pouvait-il bien penser, derrière son masque d'impassibilité ?


La voix de Tuhgval me tira de mes spéculations :


"Regardez ! Là-bas !"


Au loin, on pouvait en effet apercevoir des tours se profiler au travers des arbres.


J'accélérai l'allure, ne tenant plus en place.


Là où j'étais arrivée, au sommet de la colline, je dominais une ville comme je n'en avais jamais vu. Elle était ceinte d'une haute muraille, des tours se dressaient vers le ciel comme pour le percer. À l'entrée, le vent courrait dans de grands moulins dont les pales blanches effectuaient une danse fantomatique. À l'intérieur de l'enceinte, on pouvait voir d'étroites ruelles bordées d'échoppes, de tavernes, et sûrement de caves qui devaient renfermer bien plus précieux que des denrées alimentaires. Dans le fouillis de ces petites allées, plusieurs bâtiments se détachaient. L'un, imposant, bordé de colonnes, d'ornements en tous genres et de gargouilles, devait être le temple. L'autre était une grande tour sur les flancs de laquelle se détachaient de grands anneaux qui semblaient d'or et d'émeraude, et dont le sommet bravait les nuages comme pour les écarter. C'était assurément la plus haute tour de la ville. Enfin, le dernier semblait se dresser ici depuis la nuit des temps. La pierre qui le composait semblait plus vielle, intemporelle. Les fenêtres étaient illustrées de vitraux qui devaient sans doute conter toute l'histoire, toutes les légendes de ce monde. Ce fut tout de suite ce bâtiment plus austère qui m'attira. Il m'avait tout l'air d'un bâtiment qui regrouperait les clés de notre univers, ces connaissances découvertes et jalousement gardés par nos anciens.


Cette ville était magnifique. Je n'avais jamais rien vu d'aussi intriguant, et il me semblait que je ne me lasserai jamais de n'y promener rien que mon regard.


En contrebas se dressait la Cité des Mages.

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