Zenitia, ou l'île de la consécration (Arc 2)

Chapitre 2 : Chapitre 21 : L'homme nommé X

3838 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/09/2017 17:39

Chapitre 21 : X 


— Pas de déclaration, on n’a rien à dire ! Allez-vous-en s’il vous plaît ! 


Rien à faire, les journalistes avaient la peau dure. Nos quatre compères, Satoshi, Mickaël, Cassandra et Elizabeth, étaient dans le centre-ville de Saint-Trompette. Ils venaient de sortir de deux jours de garde à vue et d’interrogatoires à propos du maire et des récents événements en général : entre autres, une course poursuite pour échapper à Xenos, ainsi que des troubles de l’ordre public à Saint-Trompette et Grupala pour respectivement deux altercations entre notre groupe de dresseurs et l’homme d’affaires en question.


Les policiers avaient placé des barrières sur toute la largeur du trottoir jusqu’à la limousine censée ramener les jeunes dresseurs à leur domicile. Mais les médias avaient été prévenus de leur sortie matinale et s’étaient regroupés en masse autour de cette dernière, réduisant la largeur du couloir, tant et si bien qu’on ne pouvait plus y marcher qu’en crabe ! 


— Satoshi Ketchum, il se dit que vous êtes en fait le cerveau de cette affaire, est-ce vrai ? 

— Mlle Lacombe, des sources sûres affirment que vous êtes en lien avec le disparu, M.Xenos, pouvez-vous confirmer ? 

— Mlle Cassandra Shimizu, est-il vrai que vous connaissiez Elizabeth bien avant cette mésaventure ?

— Écartez-vous bon sang ! criaient les officiers, essayant d’ouvrir le passage. Écartez-vous !


La traversée était un véritable parcours du combattant. Dans cette atmosphère surexcitée par la quête du scoop, les pulsions devenaient violentes, sanguines. Des mains jaillissaient de la foule pour agripper les cols ou les manches de nos dresseurs. Les réactions se faisaient tout aussi brutales et des gifles furent distribuées à la pelle. La simple intervention médiatique tournait désormais au pugilat.


— Pika… !  

— Hep hep hep, non Pikachu ! souffla aussitôt Sacha. Cela ne ferait que nous apporter des problèmes… 


Finalement, ils purent entrer dans le luxueux mini-bus offert par le maire lui-même, alors que le reste du personnel de la Mairie les suivaient dans des limousines.

Après être rentré, Mickaël se pressa de passer par-dessus la banquette pour aller sur celle de derrière, sans même baisser le dossier afin de mieux passer. Il tomba comme un sac de patates, couché sur le dos, et s’endormit presque aussitôt. A sa suite rentrèrent Sacha, Cassandra, Elizabeth, ainsi que trois hommes en costumes et deux dames qui se mirent vers les places de devant.  


L’une d’elle avait une chemise et une jupe grise, des collants noirs et des talons de la même couleur. Ses cheveux châtains étaient tirés dans un chignon parfait. Elle avait l’air encore plus sévère qu’une directrice d’école avec ses lunettes rectangulaires qui ne cachaient pas son regard austère et froid : c’était leur avocate. Son nom était Catherine Devaux, mais tout le monde l’appelait Mlle Cathy.


La femme à côté d’elle, plus jeune, plus fine, et infiniment plus timide, était sa stagiaire. Quant aux trois hommes, ils étaient des hommes de confiance du maire de Saint-Trompette qui aidaient les quatre enfants à tenir dans ce rythme d’enfer. Parce que le début de semaine avait été pour le moins rude. 

Le lendemain de sa sortie d’hôpital, Elizabeth et les autres avaient été rapatriés à Saint-Trompette. Sacha avait eu à peine le temps d’aller dans la chambre d’hôtel qu’il avait louée à son arrivée qu’ils durent porter des vêtements sobres et noirs, afin d’assister à l’enterrement des victimes de ces derniers jours. Toutes les caméras du monde étaient braquées sur la cérémonie respectueuse, mais surtout sur les quatre dresseurs bouleversés. La deuxième partie de la journée avait été une conférence de presse gigantesque organisée dans le gymnase de la ville.  


Quant à la deuxième journée, elle avait été consacrée à des interviews en solitaire jusqu’au soir. Donc, les costumes bien repassés et la langue de bois avaient été de rigueur.  

Et à peine finie la nuit du deuxième jour, ils avaient été embarqués pour leur garde à vue. 


— Mickaël Correa, réveillez-vous je vous prie ! s’exclama leur avocate d’un ton sec. Les caméras sont

braquées sur vous… !


En effet, en ces temps de tensions, chacun de leurs faits et gestes étaient sur-analysés par l’opinion publique. Certains journaux avec leur photo en première page titraient toujours « Terroristes ». Dormir après une garde à vue supposée éreintante donnait une image nonchalante et tranquille dont les journalistes pourraient se servir contre lui.


— Ah ouais… ? marmonna-t-il les yeux fermés. 


Il leva alors son majeur et le colla à la vitre, provoquant une explosion de photos dont le flash les éblouit tous. 


— C’est malin ça… ! souffla Mlle Cathy, la voix empreinte de colère. Surtout qu’on ne peut plus bouger !


Ils étaient dans une rue célèbre de Saint-Trompette pour son importance politique, l’équivalent de Matignon. En face du grand commissariat dont ils étaient sortis, il y avait un château doté d’une cour, destiné au pouvoir exécutif. Certes la voie n’était qu’en sens unique et limitée à vingt kilomètres/heure, mais cela n’avait pas empêché un bouchon de naître dans le chaos grandissant.

Finalement, au bout trentaine de minutes et de quelques coups de matraque, la voie se dégagea quelque peu, permettant au chauffeur d’avancer progressivement, chassant les caméramans audacieux d’un coup d’accélérateur dissuasifs, jusqu’à sortir de la rue.


Bizarrement, Cassandra semblait ne pas être brusquée par l’afflux de journalistes. Ce qui la gênait le plus, c’était de porter cette jupe et ces collants. Manifestement, Elizabeth n’aimait pas cela non plus. Les deux filles ne cessaient de manipuler leurs jupes patineuses noires, ou encore de tirer leurs collants vers l’extérieur, comme s’ils les grattaient. Mais le plus importuné par ce comportement était bien Sacha, qui se recevait coups de coude sur coups de coude. De plus, Pikachu, plus nerveux que jamais jusqu’alors, ne cessait de slalomer entre ses bras en quête d’espace.  


— Pikachu… ! murmura son dresseur, quelque peu agacé. Calme-toi… Bon, attends. 


Sacha prit alors l’initiative d’ouvrir la fenêtre et approcha Pikachu du bord. Etant donné que la limousine allait très vite, la petite souris cria de plaisir et agita sa tête dans le vent, ses deux oreilles virevoltant en arrière. 


— Que va-t-il se passer maintenant ? finit par demander Sacha, excédé.  

— On va à votre hôtel, répondit aussitôt la stagiaire de l’avocate, celui à côté de la mer.  

— Mon hôtel, rappela Sacha, qui se demanda soudainement combien il faudrait payer pour quatre. 

— On a réservé une nouvelle chambre. Ou plutôt, une suite.  

— Oh ! Une suite.


Sacha s’adossa de nouveau à son siège, plutôt soulagé. Quant à la stagiaire, ses joues rosirent de satisfaction encore plus que d’habitude et elle tourna de nouveau son regard devant elle. Elle se battait activement pour les quatre dresseurs. Lorsqu’elle leur décrochait un sourire, chose rare ces derniers jours, elle semblait heureuse, comme si son travail était accompli. Sa timidité faisait qu’elle n’osait parler à aucun d’entre eux, mais de toute façon, Mlle Cathy était contre tout rapprochement.  

La stagiaire, du nom de Noémie, était une jeune fille âgée de 24 ans. Elle avait de longs cheveux blonds avec une unique tresse dans le dos.


_____


 — Et voilà votre suite ! leur dit Mlle Cathy en ouvrant une des nombreuses portes du corridor, une fois arrivés.  


La porte débouchait tout de suite sur un beau salon, avec de multiples canapés et une télévision déjà allumée qui montrait un reportage animalier sur les Miradars d’Afrique. La porte sur la droite menait à la cuisine, et celle sur la gauche à la salle d’eau. Quant à la porte en face, c’était un nouveau corridor espacé avec deux chambres de chaque côté, et des W.C.


— Etant donné que Mlle Cathy a prouvé que vous n’êtes coupables de rien…


L’avocate en question eut une soudaine quinte de toux. Le garde du corps qui s’était mis à parler se retourna vers elle, incertain, avant de rectifier.


— Ou du moins, étant donné que Mlle Cathy a réussi à réduire vos peines à de simples indemnisations envers les villes de Saint-Trompette et Grupala pour dégradations publiques, vous n’aurez plus à vous inquiéter quant à un possible séjour en prison. Le maire, s’estimant coupable d’un préjudice moral en raison des pressions que vous avez subies pendant l’enquête et le procès, vous offre cette modeste suite pour une semaine. Notre travail s’arrête ici. Vous resterez là en compagnie de Mlle Cathy, de sa stagiaire et d’une psychologue.

— Cette dernière vous verra en séances individuelles pour s’assurer que vous n’avez pas de séquelles, continua l'avocate. Faites-lui bon accueil, même si vous pensez que vous n’avez pas besoin de cela. Dans une heure environ, ajouta-t-elle en jetant un rapide coup d’œil à sa montre, vos Vokits seront débloqués et vos comptes PC dans les centres Pokémon le seront aussi. Vos proches pourront appeler, et vous aurez de nouveau accès à vos Pokémon ! 

.

La petite troupe était trop fatiguée pour parler, mais ils se regardèrent avec des sourires complices : enfin, cet enfer était fini ! Après encore quelques paroles qui passèrent au-dessus de la casquette de Sacha, les quatre dresseurs se retrouvèrent seuls et s’affalèrent sur les canapés. 


— Waouh… soupira Mickaël. Je suis le-ssi-vé ! 

— Ils ont vraiment abusé, renchérit Satoshi. Mais bon, je n’ai qu’à attendre deux jours avant de pouvoir commencer mon aventure donc… ! 

— Il reste seulement deux jours de vacances ? geignit Mickaël. J’avais tellement envie de profiter de la mer… ! 

— Vous allez vous confronter au défi de Zenitia, les gars ? s’enquit Elizabeth. 

— Oui… répondit Sacha, le regard dans le vague. Et vous, qu’allez-vous faire, au fait ?  


Les deux filles se regardèrent, hésitantes. 


— D’ailleurs, vous allez peut-être rentrez chez vous… Vous habitez ici… ? renchérit Mickaël. A Zenitia, je veux dire ? 


Une nouvelle fois, elles se jetèrent un regard incertain mais ne trouvèrent rien à répondre. Cette fois, ce fut aux garçons de se regarder éloquemment. 


— J’ai encore mieux comme question, finit-il par dire avec un air sérieux qu’on ne lui connaissait pas.

On ne voulait pas vous déranger avec ça plus tôt et maintenant qu'on a le temps, on peut en parler alors : qui êtes-vous vraiment ? Et que faisiez-vous avec Xenos ? 


Elizabeth poussa un gros soupir, mais elle semblait être résolue à enfin clarifier les choses.  


— Vous ne pensez pas qu’on a répondu à suffisamment de questions ces derniers jours, répliqua


Cassandra d’un ton subitement belliqueux en croisant les bras. 


— Non Cassie, ils ont raison, contra son amie. Ils ont le droit de savoir… Xenos était notre employeur.  

— Employeur… ? 

— Oui. Il y a un an, ma situation familiale s’est aggravée. Je n’ai pas envie de rentrer dans les détails mais… il nous fallait de l’argent, beaucoup d’argent. Du coup, ma mère m’a envoyée en chercher dans des rues pas fréquentables… 

— Tu vivais toujours chez elle ? s’enquit Sacha, surpris. Tu n’es pas dresseuse ? 

— Non, et tout le monde ne veut pas le devenir, informa-t-elle. Moi je voulais être infirmière. C’est Cassie qui était à fond dedans. Elle revenait tous les étés. Finalement, j’ai trouvé du travail et le rendez-vous avec mon employeur était fixé : à ma grande surprise, c’était Xenos. J’ai été réduite au silence et il m’a demandé de faire toutes sortes de tâches, comme voler des Pokémons, aller soutirer des informations. Quand Cassandra a su ma situation, elle est tout de suite venue au moins pour me soutenir psychologiquement. Et puis, ça a déraillé… ! 


Les garçons n’étaient pas satisfaits de cette explication. Elizabeth sautait trop de détails. Cependant, ils décidèrent de s’en contenter pour le moment. De toute façon, pensait Sacha, ils pourraient toujours les lâcher dans deux jours, lors du commencement de la grande compétition de Zenitia.


— Et quand on s’est rencontrés dans ce restaurant et que t’es venue vers moi : tu prévoyais de me voler des Pokémons ? 

— Non, s’empressa-t-elle de répondre. J’avais essayé de m’échapper, je cherchais une aide extérieure.


Cassandra était restée loin de moi très longtemps, nous ne faisions plus les missions ensemble et j’avais peur pour elle. Mais il m’a retrouvée… ! 


— Et maintenant ? Qu’allez-vous faire ? 

— Je ne sais pas… Mais Cassandra… Sûrement va-t-elle faire le défi de Zenitia dans deux jours. N’est-ce-pas Cassie ? 

— Tu leur fais confiance ? sonda Mickaël à l'attention de Sacha. 


Satoshi réfléchit un temps en se grattant le menton. Puis il tourna le regard vers Pikachu qui s’amusait à tapoter l’écran de la télévision 


— Et toi Pikachu ? Tu leur fais confiance ? 

— Pika ! répondit ce dernier en levant fièrement sa main. 

— Alors moi aussi, répondit Sacha avec le sourire.  

— Moi non. 

— Comment ça ? 

— On les a aidées, et en retour, on a récolté que des problèmes, expliqua simplement Mickaël. Elizabeth n’a rien pour nous, et ne parlons pas de Cassandra.  

— Moi je vous ai rien demandé, rétorqua celle-ci d’un ton cassant.  

— Espèce de sale garce… ! souffla Mike.

— Quoi ?! réagit aussitôt celle-ci en se levant. Répète, je pense que je n’ai pas bien entendu !…

— Ne lui parle pas comme ça ! renchérit Elizabeth en se mettant devant son amie. Elle n’y est pour rien dans cette affaire ! 

— Il n’empêche que c’est la garce la plus détestable que j’ai jamais vue de toute mon existence… ! 

— Mais… ! Sacha, dis quelque chose ! ordonna Elizabeth. 

— Mike a raison, elle pourrait être reconnaissante ! 

— Non mais… s’exclama l’intéressée, sonnée. Je suis toujours là, au cas où !

— Je ne te demandais pas d'envenimer les choses... soupira Ellie, désespérée.  

— Pika… ! 


Tout le monde tourna le regard vers Pikachu : de ses joues rouges sortaient des éclairs jaunes menaçants qui couraient sur sa fourrure. Ils claquaient avec tellement de bruit dans l’air que tout le monde se calma, de peur de l’énerver un peu plus. 

La menace de Pikachu prit effet dans la seconde. Le combat qui couvait fut étouffé dans l’œuf, mais les regards agacés fusaient de part en part. Elizabeth en voulait à Cassandra et Mickaël, et les deux se détestaient mutuellement.  


— Il est préférable qu’on se sépare, déclara Mickaël d’un ton froid. Je n’ai pas besoin de vous et vous n’avez nullement besoin de moi


Et il s’en alla sans un mot dans sa chambre. Cassandra fit de même juste après lui, et Elizabeth aussi, après avoir jeté un regard à Sacha. Ce dernier s’empara de la télécommande et zappa un peu. 

Et voilà. C'était inévitable, mais il aurait aimé profiter d'un peu de calme avant de débriefer de ce qu'il s'était passé. Forcément que cela allait finir en disputes. Il y avait eu des comportements qu'il fallait assumer devant les autres et qui n’avaient pas été forcément bien pris. Et puis, ils ne se connaissaient pas entre eux et avaient été forcés de vivre ensemble depuis maintenant plusieurs jours.

La garde à vue avait fini de les irriter, et voilà que les nerfs craquaient. 

.

Finalement, il décida lui aussi d’aller s’enfermer dans sa chambre, suivi de son fidèle compagnon. Elle était un peu plus grande que celle qu’il avait louée précédemment. La couleur qui revenait dans toutes ses déclinaisons était le beige. Un grand lit bien douillet lui faisait les yeux doux, et une armoire remplie de fringues quelconques et sûrement trop grandes l’attendait.  


— Cool, je vais pouvoir me changer, marmonna-t-il avant de tomber sur le lit à plat ventre.  


Quelques secondes plus tard, Sacha dormait à poings fermés. Ce ne fut qu’une heure plus tard que la sonnerie de son Vokit le réveilla. Le visage de celui qui le contactait apparut sur l’écran digital de l’appareil : c’était le professeur Chen. Sacha lui aurait répondu avec plaisir, s’il ne s’était pas déjà promis quelques jours auparavant d’appeler sa mère une fois tout cela fini. D’autant plus qu’elle devait être morte d’inquiétude depuis qu’il avait fait la une de tous les JT. C’est vrai qu’il n’avait pu l’appeler avant, mais ce n’était pas faute d’avoir essayé.


Pendant les quatre derniers jours, ils avaient été considérés comme des terroristes et donc traités comme tels. Personne ne faisait la moindre attention à leur jeune âge et pour tous, lui-même n’était qu’un dresseur renommé avec sept ans d’expérience et des actes démentiels à son tableau de chasse. Son statut prenait le pas sur le reste mais ça ne voulait pas dire qu’il n’avait pas encore besoin du soutien réconfortant de ses proches.


— Allô maman ? 

— Oh mon Dieu, Sacha, j’ai cru que tu étais en prison ! s’exclama-t-elle immédiatement d'une voix inquiète. J’ai essayé d’appeler mais tu ne répondais pas, ton Vokit est sur silencieux ? Que s’est-il passé, es-tu blessé ? Qui sont les gens avec toi… ? 

— Attends, attends, je vais tout t’expliquer depuis le début… ! 

 

o0o

 

Un homme d’une trentaine d’années marchait en faisant les cent pas dans un bureau sobre et sombre. Il était quasi-vide, et le sol était jonché de papiers. Les murs étaient recouverts d’un papier-peint noir qui absorbait le peu de lumière de cette matinée nuageuse. Il regardait fréquemment par la fenêtre, plongeant son regard sur la rue en contrebas. Des journalistes étaient toujours là, bizarrement. Il les considérait comme une maladie : ils étaient rapides à l’arrivée, mais carrément lents à partir. 

Il était en train de s’allumer une cigarette lorsque la sonnette de se porte se fit entendre. 


— Charmina, va ouvrir ! s’exclama-t-il en direction de la porte entrouverte. Ce doit être une de mes putes… 


Cet homme portait avec assez d’inélégance la coupe traditionnelle de tout bon mafieux italien qui se respecte : de noirs cheveux longs plaqués en arrière par l’abondance de sébum et qui lui retombaient sur le cou en rebiquant au col. Il ne cessait de gratter sa barbe de trois jours d’un air nerveux : il n’avait jamais su se raser. C’était ses prostituées qui le faisaient. Ça les amusait. Ses yeux fatigués aux paupières naturellement tombantes balayèrent la pièce d’un air triste.


Charmina vint toquer à sa porte et l’ouvrit en grand pour laisser entrer ses invités. Il tourna sur ses talons en lâchant une bouffée de fumée et les regarda. 


Il y avait une femme aux cheveux rouges, courts et bouclés. Son regard était autoritaire. Elle était vêtue d’une pelisse fermée portée sur des cuissardes, tout en elle évoquait irrésistiblement la fille de joie russe au rabais. Quant à l’autre, c’était un homme plus petit et bien plus gros qu’elle, avec une calvitie naissante et un sombrero qui cachait son visage. Il avait un short beige, une chemise fleurie et des sandales sur des chaussettes blanches montantes. 

Sans gêne, le mafieux frappa son sombrero par le bas pour le faire voler et voir son visage. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit que c’était… 


— Le maire de Grupala ! s’exclama-t-il, pensif. Ça faisait longtemps, n’est-ce-pas ? 

— Bonjour X, répondit celui-ci en regardant ses pieds, gêné. Je te présente ma nouvelle partenaire, Jessie. Nous sommes venus te demander quelque chose...  

X haussa un sourcil, un sourire narquois tordant ses lèvres.

— Robert… Quel plaisir de te voir… !

Sa voix puait l’ironie. Sa chambre aussi, au vu de la grimace de dégoût de la femme qui fit apparaître des rides sur son nez.

— Serait-il possible que tu aies besoin de moi, pour changer… ?




corrigé par OldGirlArlani

Laisser un commentaire ?