Zenitia, ou l'île de la consécration (Arc 2)

Chapitre 3 : Chapitre 22 : Banquet et réunion avec le maire

3094 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 17/09/2017 17:38

Chapitre 22 : Banquet et réunion avec le maire



Précédemment : Quatre jours après les événements, nous retrouvons nos quatre dresseurs à Saint-Trompette. Après avoir passé interviews, cérémonies, conférences de presse et gardes à vue, les quatre jeunes ont enfin la chance de se ressourcer dans une suite mais en "profitent" pour se disputer. Un peu plus loin, dans la rue du commissariat, le maire de Grupala et Jessie viennent rencontrer X, un homme mystérieux, pour lui demander de les aider.



Satoshi était en caleçon, sous un drap, adossé contre la tête de son lit. Il avait une tablette numérique contre ses jambes pliées. Ses yeux piquaient encore de s'être réveillé aussi tôt et de fixer cet écran à la lumière agressive, mais bon, c'était pour la bonne cause.


— ARCKOOO !!!

— Ouisti ouisti !!!

— Pikaaaaaa !!!

— Hey, jouez doucement, ordonna Satoshi d’une voix sifflante. Les autres dorment, il est encore cinq heures !


Il avait sorti tous ses Pokémons pour les laisser s’amuser : Arcko, Ouisticram, Griknot, Mustebouée, Etourmi et Baggiguane. Comme cela, Pikachu se sentait un peu moins seul. Cependant, il ne pouvait pas les voir dans le noir et stressait qu’ils fassent n’importe quoi en profitant de sa cécité.

Sacha continua de balader son doigt sur l’écran. Hier, il avait appelé sa mère, mais aussi le professeur Chen et tous ses amis qui s’inquiétaient pour lui, c’est-à-dire Ondine, Pierre, Flora mais aussi Max par exemple. Et le professeur lui avait fait part d’une nouvelle fonctionnalité pour être en lien direct avec ses Pokémons : avec la tablette qui lui avait envoyé par colis, et qu’il avait reçue très tôt ce matin, il pouvait directement voir ses Pokémons s’amuser dans la grande prairie que leur avait réservée le professeur. C’était bizarre de regarder Dracaufeu et Amphinobi se battre, sachant que s’il les faisait venir à Zenitia, ils regagneraient leurs niveaux de base… et redeviendraient Salamèche et Grenousse.


La veille, le professeur lui avait déjà fait part de ses observations à ce sujet.


— C’est quelque chose qui continue de m’intriguer, lui avait dit le professeur Chen de sa voix étranglée. Comment se fait-il que Zenitia arrive à annuler l’évolution des Pokémons ?

— C’est vrai que c’est bizarre, avait répondu Sacha, sans pouvoir retenir un bâillement de fatigue.

— Ce que tu m’as expliqué sur Xenos m’intrigue. Son entreprise, Pokémon Care, est au top de la recherche. Je le soupçonne fortement d’être à la source de cette innovation… !

— Ah bon ! s’était exclamé le dresseur, sa curiosité ravivée. Xenos serait celui qui a amené cette technologie ? Pourquoi donc ?

— Je n’en sais rien… Bon, je vais te laisser te reposer. Je te tiens au courant au cas où j’ai quelque chose de nouveau. 


Sacha reporta son attention sur la tablette. Il n’avait qu’à taper ses identifiants pour pouvoir gérer les transferts de ses Pokémons, qu'il pourrait ensuite récupérer dans des Centres. Il voyait aussi le niveau de santé de chacun, leurs besoins en baies, ou en affection. Il pouvait même passer du temps avec eux par écran interposé. Avec la tablette avait été livré un petit smartphone parfaitement rectangle qui pourrait lui servir en combat. Sacha décida qu’il garderait la surprise et voulut le ranger dans sa poche lorsqu’il s’aperçut qu’il était toujours en caleçon.

Soudain, Ouisticram bondit vers sa tête et sauta dessus en geignant comme un animal blessé. Cela faisait longtemps que Sacha ne l'avait pas vu en Ouisticram, mais pour rien au monde il n'oublierait ce cri, ni ce qu'il voulait dire.


— Oui oui, on va manger… lui répondit-il en se levant. Attendez juste que je m’habille.


Aujourd’hui, Sacha et Cassandra devaient voir le maire de Saint-Trompette. Ce serait cette nuit, lors d’une soirée où diverses têtes d’affiches seraient présentes. En parallèle de l’ouverture annuelle de la compétition Zenitia, le maire organisait aussi toujours une soirée pour réunir quelques grands noms de ce monde où il multipliait ses relations déjà nombreuses.


— Pourquoi vous ? avait bougonné Mike. Ellie et moi on a 19 ans ! On est majeurs !

— Je le suis aussi, avait répliqué fièrement Sacha. J’ai 18 ans.

— Moi, j’ai bientôt 18 ans, avait renchérit Cassandra.


Cela n’avait pas empêché Mickaël de pousser un soupir exaspéré. Elizabeth aussi leur avait lancé un drôle de regard. Peut-être pensaient-ils au banquet qu’ils allaient manquer… En tout cas, Sacha n’allait pas se gêner pour se remplir la panse ! C’est ça qui l’excitait le plus à propos de cette invitation.

Deux heures plus tard, Sacha s’habilla avec un pantalon bleu clair, une veste rouge, ses baskets fétiches et son indémodable casquette pour prendre l’air. Il n’avait pas envie de croiser les autres à leur réveil.


Il dépassa la plage, le lieu qu’avaient choisi les millionnaires pour garer leurs yachts avant de s’arrêter devant le port de pêche, désert. Là, il pouvait marcher entre les bateaux jusqu’au bout, et s’asseoir au bord de l’eau avec ses Pokémons. Il y avait beaucoup de vent et le ciel était toujours gris. Mais cela donnait à la mer une allure toute particulière qui plaisait bien au dresseur…


A un moment, il entendit un sifflement loin derrière lui, du côté des habitations. Était-ce lui qu'on appelait... ? En tout cas, il ne réussit pas à identifier l'auteur de cet "appel".


Lorsque Sacha revint, il était vingt heures. Il avait raté son rendez-vous avec la psychologue. Lorsqu’il entra, seule Cassandra était présente, assise sur le fauteuil.

Elle avait profité de la journée sans les garçons à la maison pour prendre soin d'elle. Sa chevelure habituellement coiffée en couettes était désormais une coupe au carré avec une raie sur le côté. La jeune fille était déjà en train de se préparer pour le banquet. Elle portait un costume noir ainsi que des baskets de ville. A côté d'elle, Noémie tenait des cintres où étaient suspendues deux robes de soirée.


— Je pense vraiment que vous devriez mettre cela... lui conseillait la stagiaire. Ceci est une tenue d'homme. Enfin, après c'est comme vous voulez... !

— Je me sens mieux là-dedans ! insista Cassandra. Et non merci pour les talons, vous pouvez les garder ! Quant aux collants... !


Elle les prit des mains de Noémie et se dirigea vers la poubelle.


— Oh, bonjour M. Satoshi ! Où étiez-vous ?

— Par-ci par-là, répondit-il un peu trop sèchement. Les autres sont là ?

— Non, répondit Cassandra du même ton, après avoir jeté ses collants. Ellie est avec l’avocate depuis le début d’après-midi. Et Mickaël n’est pas sorti de sa chambre de la journée. Ou bien il est sorti. Mais ça n’a aucune importance.


A ce qu’il voyait, la situation était toujours tendue. Chacun, lui le premier, délaissait les autres au point de se ficher complétement de ce qu’il pouvait leur arriver. Ce n'était pas le comportement à avoir, il le savait. Mais c'était tellement plus simple d'être indifférent...


Une heure plus tard, ils allaient toquer à la porte de l’avocate. C’était la première fois qu’ils ne la voyaient pas avec un tailleur ou dans sa robe d'avocat. Elle avait maintenant une robe proche du corps, d’un joli doré semblable au petit sac qu’elle avait à la main. Sacha eut droit à un interrogatoire improvisé sur sa localisation lors de cette journée. Il voyait bien qu'elle aurait voulu remettre les points sur les i quant à son action irresponsable mais comme elle le remarqua elle-même, ils seraient bientôt en retard s'ils ne partaient pas maintenant.


— Bon, ne perdons pas plus de temps, finit-elle par dire. Notre taxi nous attend.



o0o

 


Le maire était un homme qui avait dépassé la cinquantaine, et qui avait ce charisme des hommes puissants qui augmente avec l’âge. Il avait une courte barbe grise, ainsi que des cheveux blancs soigneusement coiffés. Un nez droit, des lèvres fines qui ne cessaient de se tordre en un sourire jeune afin accueillir ses invités. Il semblait prendre soin de sa plastique, comme en témoignait son corps, impressionnant pour son âge. Ne cessait de le suivre une femme rousse aux courbes parfaites et au regard glacial. Elle avait un chemisier à rayures noires et blanches et une jupe noire taille haute.


— Les deux dresseurs sont-ils arrivés ? demanda-t-il d’une voix rocailleuse à sa secrétaire.

— Oui, je viens de recevoir un message de nos gardes du corps dans mon oreillette, répondit-elle aussitôt d’un ton neutre. Ils devraient arriver à cet étage dans quelques secondes.

— Très bien.


La salle était haute de plafond, et grande comme une église. Plusieurs lustres illuminaient la pièce aux couleurs dorés, remplie de petites tables rondes sur lesquelles étaient visibles des apéritifs avant que le grand buffet ne soit ouvert. Il était au fond de la salle. La grande table rectangulaire était déjà prête, mais les plats restaient bien au chaud en cuisine. Quelle que soit la direction où l’on jetait le regard, on pouvait voir des femmes en tenue de soirée, ou des hommes en costume sobre avec des flutes à champagnes entre les doigts.


Quelques mètres plus loin dans le corridor, les invités tant attendus arrivaient. Sacha avait son costume de soirée, mais aussi ses baskets et sa casquette et son Pikachu sur l’épaule qui faisait tâche. Cependant, il refusait de s’en séparer. "Bah, pour la casquette, tant mieux", pensait Mlle Cathy. Après tout, cela cachait partiellement ses cheveux noirs et ébouriffés qui lui donnaient l'air d'un sauvage parmi des personnes aussi distinguées. Par contre, l'avocate restait perplexe quant au laxisme à l'entrée de la mairie. Normalement, aucun Pokémon n'était autorisé... ! Quant à Cassandra, elle avait refusé catégoriquement de laisser son bonnet à l’hôtel. Il dépassait un peu de la poche de sa veste.


Ils arrivèrent finalement devant la porte et l’avocate montra une carte d’accès au garde avant de pénétrer avec les dresseurs dans la salle luxueuse. Immédiatement, ils furent assaillis par une belle rousse qui les accueillit chaleureusement. La discussion s’allongea bientôt entre les femmes, et la secrétaire emmena soudain Mlle Cathy à l’autre bout de la salle, soi-disant pour la présenter à un ancien ami.


— Restez sages les enfants ! s’écria cette dernière. Je suis responsable de vous.

— Restez avec nous alors… bougonna Cassandra en croisant les bras.


Mais elle était déjà partie.


— Pas la peine… murmura Sacha, l’esprit ailleurs. Oh regarde, des apéritifs ! finit-il par s’exclamer, le regard vif.

— Les enfants ! s’écria une voix grasse derrière eux.


Ils n'eurent même pas le temps de se retourner pour voir qui c'était. Le maire posa ses mains sur leurs épaules et les pressa affectueusement. Sacha ne bougea pas d’un pouce. Par contre, Cassandra réagit excessivement : elle poussa un cri et se retourna brusquement, reculant de plusieurs pas.


— Oh Cassie, ça va… ?

— C’est Cassandra pour toi, Satoshi, clama-t-elle d’une voix calme mais tremblante. Cassandra. Quant à vous, ne vous avisez plus jamais de me toucher ainsi ! menaça-t-elle en pointant le maire du doigt.


Le maire semblait décontenancé et surpris. Quelle était donc cette réaction ? Il avait simplement logé ses mains sur leurs épaules dans une attitude paternaliste vers ces pauvres dresseurs.


— Je suis désolé si je vous ai surpris ! s'excusa le maire.

— Vous nous voulez quoi ? s’enquit brusquement Cassandra, en le toisant méchamment.


Il voulut répondre de manière cinglante mais respira un peu et reprit d’un ton calme.


— Je suis Christophe Markowski, le maire de la ville de Saint-Trompette. J’aurais aimé vous parler, et c’est la raison pour laquelle je vous ai invités ici. En effet…

— Oh, le banquet est arrivé ! coupa Satoshi qui n'avait rien écouté.


Les deux dresseurs amorcèrent un pas vers ceux pourquoi ils étaient venus, autrement dit, les plats délicieux et scintillants sous les lumières de la salle, mais la main du maire sur leurs épaules les retint.


— Il y a à manger dans mon bureau, leur indiqua-t-il. Si vous voulez bien me suivre...


C'était une simple invitation, mais Sacha sentait qu'ils n'avaient pas vraiment le choix. Tout ce qu'ils voulaient, Pikachu et lui, c'était profiter du banquet ! S'il y en avait dans le bureau du maire, il n'y avait aucune raison de résister. Les deux dresseurs se sondèrent un instant, puis Sacha décida de le suivre. Cassandra suivit ce dernier après une seconde d'hésitation, quelque peu réticente.


Le bureau de Markowski se trouvait à l'étage. C'était une grande salle éclairée par un lustre. Il était richement décoré, peut-être trop pour un simple maire. Sur la grande table à laquelle ils s'assirent, ils trouvèrent plusieurs plateaux remplis d'apéritifs alléchants, de sandwichs et autres mets délicieux. Cassandra et Sacha s'assirent en face du maire, devant deux verres de jus déjà remplis, à leur disposition. Ce dernier finit ce dernier d'une traite avant même que le maire se mette à parler.


— Cassandra Shimizu, Satoshi Ketchum… C’est un honneur de faire face à deux si grands dresseurs ! commença-t-il, les coudes posés sur la table et les mains jointes devant lui. Deux grands dresseurs… Mais finalement, comme tous ceux qui se présentent ici, n’est-ce-pas ? Cependant, je rencontre quelques problèmes…


M. Markowski se cala dans son fauteuil, les yeux fixés sur Satoshi.


— Vous n'êtes pas sans savoir que l'un des QG de Pokémon Care, entreprise appartenant à Xenos, a été détruit dans une explosion de nature inconnue du public, poursuivit-il d'un ton léger. Eh bien, mes hommes sont sur le coup depuis quelques jours et peuvent certifier qu'il s'agissait bien de la foudre. C'est elle qui a détruit le bâtiment, ni plus ni moins.

— Je le savais déjà, répondit Sacha en haussant les épaules. Après tout, je l'ai vu de mes propres yeux. C'est d'ailleurs ce que nous n’avons cessé de répéter Mickaël et moi, en garde à vue, mais les policiers ne nous ont pas crus...

— Vraiment ? s'enquit le maire, soudainement intéressé. Cependant, la météo ne s'y prêtait pas. Nous sommes donc en mesure d'affirmer que c'était l'attaque d'un Pokémon.

— Ça aussi, je leur ai dit, renchérit Sacha en s'emparant d'un paquet de chips.

— En fait, notre enquête porte à croire que c'est votre Pikachu qui est à l'origine de l'explosion.


Sacha se figea sur son fauteuil, le paquet de chips à peine ouvert. Son Pikachu sauta sur ses genoux et plongea sa bouche dedans pour en engloutir le contenu.


— Mon... ?


Non, c'était impossible... !


— Buvez donc Mlle Shimizu, proposa aimablement le maire en montrant le verre devant elle d'un signe de la tête.


Cette dernière n'eut même pas un regard pour le breuvage et se contenta de croiser les bras, visiblement ennuyée de la tournure que prenait la discussion. Sacha quant à lui, était toujours abasourdi. Il se souvenait du coup de tonnerre qui avait frappé Pokémon Care. Il l'avait vu, au loin. La puissance de l'attaque, si c'en était une, était complètement démesurée ! Les rares nuages étaient soudain devenus noirs, se regroupant au-dessus de l'entreprise et grondant comme un lion sur le point d'attaquer, avant de libérer une foudre telle qu'ils en avaient senti, lui et Mickaël, des frissons.


— C'est impossible, finit par dire le dresseur en hochant la tête. Pikachu est incapable de faire une telle attaque ! Ça fait bientôt huit ans que je voyage avec lui, et...

— Et force est de constater que je le connais mieux que vous ! l'interrompit la maire d'un ton froid. Nous avons examiné votre Pokémon lorsque vous étiez en garde à vue, vous n'êtes pas sans le savoir. Eh bien, nous avons dû refaire les tests une dizaine de fois tant nos scientifiques étaient surpris ! Le potentiel électrique de ce Pokémon est parmi les plus hauts jamais relevés sur cette planète... !

— Hein... ?!

— De plus, avec votre témoignage couplé aux dernières images des caméras de surveillance posées un peu partout dans Pokémon Care, nous sommes en mesure de l'affirmer sans problème, expliqua le maire d'un ton calme. Vous nous avez dit que Xenos vous avait volé votre Pokémon. Si ce que vous dites est vrai, alors le seul Pikachu visible sur les vidéos de sécurité est forcément le vôtre...


Sacha se tut, une fois de plus. Un cri de son Pikachu lui fit voir qu'il avait fini le paquet de chips qui ne lui était même pas destiné.


— Mais qu'est-ce que cela implique ? demanda le dresseur sans quitter des yeux son compagnon.

— Eh bien... honnêtement, je n'en sais rien moi-même, sourit M. Markowski. Si c'est bien le Pikachu devant moi qui a, d'une attaque électrique quelconque, réduit l'un des plus grands bâtiments de l'île à un amas de gravats... Il va falloir qu'on l'examine de plus près !

— Très bien, répondit sèchement Sacha. Mais je veux être là. Et je veux qu'il soit avec moi lors du début de la compétition de Zenitia.

— Vous ne comprenez pas, insista le maire d'un ton aimable qui commençait à l'irriter. Si nous ne nous trompons pas, votre Pokémon, en plus d'être unique, est une arme de destruction massive au même titre qu'un Pokémon légendaire... ! Et je ne peux le laisser entre vos mains inexpérimentées... ! 




Salut ! J'espère que vous aurez aimé ce chapitre ^^. Désormais, je posterais tous les dimanches soirs pour cette histoire :)

corrigé par OldGirlArlani


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