Professeur Layton et l'ultime énigme

Chapitre 17 : C'est vous ! -partie 1-

2802 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 14:56

Tous les regards étaient braqués sur la personne que le professeur venait de désigner, mais personne ne plaçait le moindre mot ; ils ne devaient pas vraiment savoir que dire.

-Cette personne, c’est vous, répéta Layton d’un ton plus calme en fixant son accusé… Vladimir Van Herzen !

Le duc le dévisagea l’air choqué, tandis que les autres s’échangeaient des regards interrogatifs.

Gramond avança vers Hershel.

-Layton, je vous en prie, qu’est-ce que vous racontez ?

-Cette personne est l’assassin, tout simplement.

-Ce ne sont que des sottises ! Protesta Vladimir, offusqué, ce que vous dites n’a aucun sens. Comment voudriez-vous que je fasse une chose pareille à ma propre petite-fille ?

-Laissez-moi donc m’expliquer, répondit le professeur, pensiez-vous que j’allais accuser quelqu’un à tort ? Non, j’ai des preuves à présenter !

-Allez-y, je vous prie ! Dit le duc d’un ton de défi.

Layton respira un coup, s’apprêtant à expliquer sa position. Il savait que n’était que le début ; et il était grand temps d’expliquer à tout le monde la théorie qu’il avait passé des jours à mettre au point.

-Dites-moi, commença-t-il en s’adressant au vieil homme, vous souvenez-vous de la question que je vous ai posée le jour de notre arrivée ?

-Vous m’aviez posé tant de questions ce jour-là que je ne saurais vous le dire.

Layton, lui, se souvenait de leur conversation comme s’ils eurent parlé il y a quelques instants.

« -Et vous, auriez-vous la moindre idée de qui il pourrait s’agir ?

-Comment ? Vous ne pensez tout de même pas que j’aie trempé dans cette histoire. Katia était ma petite-fille, je n’aurai jamais songé même à… »

-Je vous avais demandé si vous saviez qui pourrait vouloir la mort de Katia et surtout pourquoi. Je vous rappelle que Katia était l’unique héritière de l’énorme fortune de votre famille. Pour n’importe qui ayant cette information, la raison du meurtre semble évidente : elle a été tuée par quelqu’un voulant s’emparer de cette fortune. C’était la réponse que je m’attendais à recevoir de votre part ; pourtant, ce jour-là, vous vous êtes senti visé dès que j’ai posé la question. Pourquoi ?

-Où voulez-vous en venir ?

-Moi je vais vous dire pourquoi. Parce que vous connaissiez l’identité du meurtrier et la véritable raison qui l’a poussé à commettre son crime, si bien que votre esprit n’a pas pu penser à une autre éventualité même aussi évidente !

Le visage de Vladimir se crispa, prenant un air étonné.

-Vous appelez cela une preuve ? Finit-il par répondre. Cela ne m’était pas passé par l’esprit, et alors ?

-J’ai une preuve plus concrète, si vous le souhaitez.

Le duc gardant le silence, Layton enchaîna.

-Depuis que vous avez reconstruit la ville, vous vous évertuez à garder votre existence et celle de votre famille secrète dans le but de vous protéger et surtout de protéger votre petite-fille. Mais, dites-moi, qui souhaitez-vous protéger maintenant qu’elle est morte ?

-C’est vrai que nous avions discuté de ça ! se rappela Luke, garder l’enquête secrète ne fait que la compliquer !

-Et c’est exactement ce que vous vouliez faire. Si personne ne sait qu’il y a eu un meurtre, personne ne vous soupçonnera. Vous êtes allé jusqu’à placer votre majordome en tant qu’inspecteur en chef pour être sûr de contrôler toute l’affaire !

Tous les regards se dirigèrent vers Nigel.

-Car, oui, termina le professeur, Nigel, ou plutôt Roderick  Darken, a été votre complice tout au long de l’affaire !

Un silence glacial s’installa dans toute la pièce tandis que l’horloge sonnait vingt heures. Le soleil commençait à disparaître sous l’horizon ; et le professeur se demanda si cette nuit-là, toutes les personnes présentes allaient s’endormir en connaissant la vérité.

-Mais, professeur, s’exclama soudain Luke, brisant le silence, n’aviez-vous pas dit vous-même que Vladimir était innocent ?

-Si, répondit Hershel, et je tiens toujours sur ma position !

-Mais alors ?

-Layton ! S’énerva l’inspecteur de police, à quoi jouez-vous ? Vous nous prouvez que le duc est coupable pour nous dire l’instant d’après qu’il ne l’est pas !

Souriant, Layton prit place sur un banc à son tour. Luke et Flora, qui le connaissaient bien, comprirent qu’il savait exactement ce qu’il faisait… et qu’il s’apprêtait à faire une révélation…

-J’ai dit que cette personne est le coupable, expliqua-t-il, mais je n’ai jamais dit que cette personne était Vladimir Van Herzen !

-Pardon ? S’écria Gramond, manquant de renverser un vase avec un geste brusque qu’il fit de la main.

-N’est-ce pas évident ? Cet homme n’est qu’un imposteur. Ce n’est pas le véritable duc, pas plus que Roderick n’est Nigel.

A ces mots, Vladimir se leva brusquement.

-Assez ! Hurla-t-il. Moi, un imposteur ? J’imagine que vous allez nous le prouver.

-Bien sûr, répondit Hershel en souriant.

-Pardon ? S’étonna le duc. Apparemment, il ne s’attendait pas à ce que Layton ait des preuves.

Vladimir se rassit et regarda un instant son majordome. Luke, lui, était dans un tel état de choc qu’il n’arrivait plus à se concentrer sur les mots de son mentor. Il avait été avec lui durant toute l’enquête, et n’avait pas douté un instant que le duc fût un faux. Il se demandait réellement quel genre de preuve le professeur s’apprêtait à fournir.

-Eh bien, commença Layton s’adressant à Vladimir, combien d’issues y a-t-il à ce palais ?

-Une seule, répondit ce dernier.

-J’espère que vous comprenez la gravité de la situation ; vous ne devez rien nous cacher.

-Eh bien il y  a aussi un passage par l’arrière du palais mais il est bloqué à présent.

-Oui, remarqua Luke, Nigel nous en avait parlé une fois !

-Et à part ces deux-là ? Insista Layton.

Vladimir fronça les sourcils.

-Est-ce un piège ?

-En réalité, non. Vous vous êtes vous-même trahi bien avant, mais vous ne pouviez pas savoir, de toute façon.

-Assez parlé, Layton, intervint l’inspecteur, expliquez-nous !

Le gentleman anglais ajusta son haut-de-forme.

-Volontiers. Pour aller à Folsense, il faut emprunter un labyrinthe très long ; ce dernier a été construit par Vladimir, le vrai Vladimir, afin d’isoler son château et ainsi le protéger. Mais il ne s’est pas limité à cela, il savait bien qu’il aurait un jour besoin de se rendre en ville pour une raison ou une autre, et qu’avec son âge il aurait du mal à prendre un chemin aussi long… c’est pour cette raison qu’il a fait construire un passage souterrain qui passe par-dessous le labyrinthe raccourcissant ainsi le trajet à une simple ligne droite.

Vladimir restait plus au moins impassible. Jusque-là, il n’y a encore aucune révélation.

-Pourtant, rajouta le professeur, vous ignorez l’existence de ce passage. Luke, tu te souviens de ce que nous a dit Penelope au sujet du passage secret.

-Oui ! S’exclama le jeune garçon qui commençait à comprendre, que seuls Vladimir et les quelques personnes qui l’ont construit sont au courant de son existence !

« Vladimir » regarda la jeune fille qui était toujours debout contre le mur. Il grogna son prénom mais elle resta indifférente comme si elle n’était pas la concernée.

-Nous en venons à l’essentiel, conclut Layton, si vous étiez Vladimir, vous sauriez que ce passage  existe.

-Qui est-ce qui vous a dit que je l’ignorais ? Demanda le duc, ce n’est pas forcément parce que je ne vous en ai pas parlé que je ne le sais pas !

-Certes, dit Layton, je peux vous expliquer comment je suis arrivé à une telle conclusion.

Il avait réponse à tout, et l’accusé comprit que son accusateur ne disait rien sans avoir des preuves pour appuyer ses dires.

-La confiance que vous accordez à votre majordome est très solide. Vous lui confiez votre palais, l’enquête sur la mort de Katia. Je pense que tout le monde est d’accord avec moi pour dire que vous n’iriez pas après tout cela lui cacher un détail aussi insignifiant qu’un passage secret surtout qu’il doit se rendre assez souvent en ville pour y exercer ses fonctions.

-Et ? Demanda le vieil homme d’un air hésitant.

-Et J’ai remarqué qu’il n’empruntait jamais ce passage. Par exemple, aujourd’hui, nous avons quitté le commissariat en même temps ; mais moi, Flora et Luke nous sommes un peu attardés, pourtant nous sommes arrivés avant lui. C’est parce qu’il a pris le long chemin. Hier, aussi, lorsque je lui ai demandé d’aller en ville pour remettre ma lettre, il a emprunté le labyrinthe ; et c’est d’ailleurs pour cela qu’il était tard lorsqu’il est revenu et qu’il n’a pas pu me prévenir qu’il avait posté ma lettre avant le lendemain.

-Et alors ? s’écria Darken, j’avais des choses à faire en ville. C’est pour cela que je me suis attardé !

Layton hocha la tête en signe de négation.

-Si vous saviez seulement que le passage secret existait, un simple coup d‘œil vous aurait suffi à savoir que nos l’avions pris. Et si vous saviez qu’il existait et que nous en avions fait usage, vous n’auriez pas continué à nous le cacher.

-C’est ridicule ! Comment voulez-vous que je le sache par un simple coup d’œil ?

À ce moment, les yeux de Luke s’élargirent et il se leva.

-Ah ! S’exclama-t-il, je crois que j’ai compris !

Le professeur sourit tandis que son apprenti commençait à expliquer son idée.

-Lorsqu’on prend le passage souterrain, on doit d’abord passer par un jardin très abondant. Si vous aviez pris le labyrinthe, vous auriez remarqué le chemin que le professeur et moi nous sommes frayés à travers cette végétation. Vous auriez aussi remarqué le morceau de tissu qui a été arraché de mon cartable. Mais comme vous ne l’avez pas pris, vous n’avez rien remarqué !

- Au début, expliqua Layton,  je ne voulais pas croire à cette théorie, car je croyais que Nigel qui travaille pour Vladimir depuis des années aurait surement été au courant de l’existence d’un tel passage. Mais nous savons à présent tous qu’il ne s’agit pas de Nigel mais de son fils qui ne travaille ici que depuis peu ; le problème ne se pose plus !

« Vladimir », ne voulant pas s’avouer vaincu, ne put s’empêcher de protester.

-Et si mon majordome l’ignorait, cela ne veut pas dire que moi aussi je l’ignore. Oui, je ne lui en ai pas parlé ; j’en ai le droit, n’est-ce pas ?

-D’accord, lui répondit Layton très calmement, dans ce cas-là, pouvez-vous nous dire où arrive le bout de ce passage ?

-En ville, bien sûr.

-Mais où exactement ?

-Je…

-Je comprends tout à fait que vous ne puissiez répondre, puisque vous venez d’apprendre l’existence de ce passage !

-Mais Layton, remarqua l’inspecteur, si cet homme est un imposteur, alors où est le vrai duc ?

-Je suis triste de le dire ainsi, répondit Layton après un triste soupir, mais je crains qu’il ne soit plus de ce monde…

-Quoi ? Il a été tué lui aussi ?

Le professeur hocha la tête en signe d’affirmation. Un silence lourd s’installa, durant lequel toutes les personnes présentes (peut être à l’exception du faux Vladimir et de Roderick) essayaient de se remettre du choc. Ils étaient tous affligés par une telle nouvelle. Ainsi, non cotent d’assassiner une pauvre jeune fille innocente, ce meurtrier s’était attaqué aussi au duc, l’a tué et s’est emparé de son identité.

Et Vladimir qu’ils voyaient tous les jours depuis leur arrivée n’était plus…

-Mais qui ? S’interrogea Gramond, qui est cette personne ? Et pourquoi avoir tué les deux derniers Van Herzen ?

Le professeur se leva.

-Cette histoire ressemble énormément à un puzzle, plus on regroupe de pièces, plus l’image devient plus claire. Je vous propose de rassembler ensemble ce puzzle afin de révéler la véritable identité de cette personne, pourquoi a-t-elle commis de tels actes, pourquoi a-t-elle prit l’identité de Vladimir.Et afin d’expliquer tous ces détails si étranges qui nous ont déstabilisés durant l’enquête.

 

À nouveau, le silence domina. Il était grand temps que la vérité éclate.

Toujours assis sur son fauteuil, le faux Vladimir fixait du même air haineux la même personne. Grommelant les mêmes mots.

-Penelope…

Penelope, elle, suivait du regard chaque geste du professeur ; toujours aussi silencieuse, toujours ce même air dans ses yeux.

 

« Une personne qui ose les théories les plus extravagantes vaut mieux qu’une personne qui ne tente rien … » tu avais dit.

Ce n’est que le début…

 

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