Professeur Layton et l'ultime énigme

Chapitre 24 : Le secret du coffret céleste

3441 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:54

Le lendemain, Luke fut le premier à se lever, comme d’habitude.

Il prit une grande tasse de lait au chocolat en guise de petit déjeuner. Il aurait bien rajouté quelque chose, mais il ne trouva rien à part les biscuits de Flora…

Il n’arrêtait pas de penser aux découvertes de la veille en essayant de mettre un peu d’ordre dans son esprit. Il avait demandé au professeur quelle serait la prochaine étape mais celui-ci lui avait simplement répondu qu’il fallait attendre la prochaine piste que Penelope allait leur indiquer.

C’est pour cette raison que, une fois son petit déjeuner terminé, le jeune garçon alla voir la boîte aux lettres.

Et le professeur avait vu juste. Parmi un tas d’enveloppes, l’une était complètement vide ; elle ne contenait ni nom, ni adresse, pas même un timbre. Luke comprit qu’elle avait dû être déposée ici directement par son auteur. Et il ne voyait qu’une seule personne capable de faire ça.

Il l’espérait réellement.

 

Plus tard dans la matinée, lorsque le professeur et Flora furent réveillés, il la leur montra. Le professeur regarda la lettre un instant avant de remarquer.

« Si elle a elle-même déposé la lettre ici, alors elle doit être très proche…

-Sans doute, répondit Luke, si elle veut nous guider, elle doit nous surveiller.

-Alors pourquoi se donne-t-elle la peine de rédiger des lettres ? Pourquoi ne pas venir nous parler directement ? »

Luke ne répondit pas.

« Quel est son objectif derrière tout cela ? Reprit Hershel, que désire-t-elle réellement ? »

« Alors lui aussi se pose la question… » Songea l’apprenti. 

Sans perdre davantage de temps, le professeur sortit la lettre de son enveloppe pour la lire.

« Professeur Layton,

N’étant pas une espionne professionnelle, j’ignore où exactement vous en êtes arrivés. Néanmoins, j’ai vu que vous aviez suivi ma piste et que vous avez été voir Dimitri. Bien.

La deuxième personne que je vous recommande d’aller voir n’est pas si étrangère à l’affaire. Cela risque de vous surprendre, mais vous devrez aller parler au docteur Schrader. Oui, à Andrew Schrader, la première personne qui s’est mêlée à cette histoire.

Vous croyez sans doute qu’il vous a déjà dit tout ce qu’il savait, mais c’est faux. Cette fois-ci, il le fera. Pourquoi ? Vous le saurez assez bientôt.

Oh ! Une dernière chose : à la fin de cette entrevue, vous devriez être capable de lever tout le voile sur l’assassinat. Vous devrez alors faire un choix, mais laissons cela pour plus tard…

Penelope Koldwin. »

Le professeur plia la lettre et la rangea, avec la première ainsi que celle de Dimitri, dans sa poche. Il leva son regard vers Luke et Flora. Un simple regard, qui montrait quelle serait la prochaine étape.

Elle voulait qu’ils voient le docteur Schrader ? Soit…

 

 

L’appartement du docteur Schrader était une vraie caverne d’Ali Baba. Partout, sur les tables sur les étagères, sur les chaises, même sur le sol, trônaient des objets de très grandes valeurs. Vases, vieilles cartes, livres, antiquités… chaque pièce avait une énorme valeur chez cet archéologue passionné.

Il ne sembla pas du tout surpris par la visite imprévue de son ancien élève. Au contraire, il semblait presque les attendre…

Tandis que Luke et Flora regardaient avec admiration les pièces historiques et les différents artéfacts, Andrew Schrader avança vers Layton.

« Hershel, lui dit-il, je t’attendais. »

Alors son impression avait été juste.

« Vous a-t-on prévenu ? Demanda le professeur.

-Oui, mais tu le savais, n’est-ce pas ?

-Il s’agit de Penelope Koldwin ?

-Oui, c’est bien elle. »

En entendant ce nom, les deux enfants arrêtèrent de regarder les « trésors » du docteur Schrader et se retournèrent vers lui.

« J’ai reçu une lettre de sa part hier, reprit-il, elle m’a prévenu que vous viendrez… et m’a demandé de tout vous raconter…

-Par « tout » vous voulez dire… »

Andrew enleva les quelques livres qui se trouvaient sur la chaise de son bureau, puis s’assit sur cette dernière.

« Je suis désolé de ne pas t’avoir raconté plus tôt, Hershel. Ce n’est pas que je ne te fais pas confiance, mais c’est elle qui m’a demandé d’agir ainsi. »

« Elle » était évidemment Penelope. Et bien sûr, il ne précisait pas pourquoi il lui obéissait…

« Mais à présent, je vais tout vous dire. »

Luke, Flora et Hershel se préparent à écouter ce qu’allait le dire le docteur Schrader, se demandant quel genre de secret il pouvait bien détenir.

« Ce que je m’apprête à vous raconter concerne Flosense et la famille Van Herzen, commença-t-il. Vous vous rappelez peut-être de cette troisième manière d’ouvrir le coffret céleste… »

Les trois hochèrent positivement la tête.

« Eh bien en fait, termina-t-il à voix basse, je dois vous avouer que j’ai menti. J’ai menti… en disant que j’ignorais ce que contenait le coffret. »

Tous les trois regardèrent le docteur Schrader.

« En réalité, j’ai moi-même ouvert le coffret au duc. Et j’ai vu ce qu’il contenait. 

-Et que contenait-il ? Demanda Luke, même s’il savait que le docteur s’apprêtait à le dire.

-Une lettre. »

Cette histoire était remplie de lettres, apparemment…

« Une lettre ?

-Oui. Une simple lettre, qui a conduit le duc vers sa fin, qui a poussé sa petite fille à agir comme elle l’a fait, et qui m’a conduit à me faire kidnapper.

-Vous étiez alors le seul témoin du contenu de cette lettre. Menaçait-elle Katia d’une manière ou d’une autre ? Interrogea le professeur.

-Patience ! Je vais tout vous raconter. »

Le docteur Scrader respira profondément.

« Cette histoire est en réalité vraiment simple, expliqua-t-il, pour peu que l’on sache un petit détail…

-Et quel est donc ce détail ?

-L’année dernière, vous avez été ceux qui m’ont raconté le secret de Folsense. Vous m’aviez parlé de Sofia, qui avait fui la ville maudite pour protéger son enfant.

-La mère de Katia, murmura Luke.

-Justement, c’est là que réside tout le secret. Ce qu’on vous a appris n’est pas faux, mais ce n’est pas toute la vérité. Ce n’était pas la faute de Vladimir, ni celle de Katia. À cette époque, ils ne savaient encore rien.

-Mais que faut-il savoir ? S’impatienta l’apprenti. »

Andrew Schrader marqua un silence pour introduire la nouvelle bouleversante qu’il s’apprêtait à annoncer.

« Que Sofia n’a pas eu une enfant, mais des jumeaux ! »

« Quoi ?

-Comment ?

-Pardon ? »

Ils avaient parlé en même temps. Même Flora, qui n’avait connu l’histoire que par Luke et Layton était surprise.

Layton fut le premier à couper le silence.

« Mais comment ce fait-il que nous ayons cru…

-Toute l’histoire était mentionnée dans la seconde lettre de Sofia, expliqua Schrader. Personne n’avait encore découvert la troisième manière d’ouvrir la « boîte de pandore », c’est pour cela que personne n’était au courant de ceci. »

Layton avait rarement vu son mentor aussi sérieux. Il y avait une lueur peu habituelle dans ses yeux et il semblait vraiment concentré dans ce qu’il disait.

« Cela n’explique rien du tout, répliqua le professeur, incrédule. Pourquoi ne pas en parler dans sa première lettre ? Pourquoi Katia ignorait-elle que sa mère avait une sœur ou un frère ? 

-Ceci est un peu moins simple, répondit Schrader en souriant, mais toutes les réponses étaient présentes dans la lettre, comme je l’ai dit. »

Luke, remis de sa surprise, demanda au docteur plus d’informations. Ce dernier se leva et avança de quelques pas.

«C’est dommage que je n’aie pas cette lettre, je vais devoir vous expliquer moi-même, pourvu que la mémoire ne me trahisse pas. »

Il se retourna vers eux.

« C’étaient deux enfants : un garçon et une fille. Lorsque Sofia est arrivée à l’actuel Dropstone, le village était encore inexistant. Mais il y avait quelques hors-la-loi qui habitaient dans cette zone isolée. Je crois qu’ils lui ont pris son fils, et que, impuissante, cette jeune femme a décidé de s’installer là-bas pour rester proche de son fils, en espérant le reprendre un jour.

-Cette version est absolument différente de ce qu’on nous a appris ! S’exclama Luke.

-Là est toute la différence, confirma Andrew, les gens affluèrent peu à peu. Et en cinquante ans, un charmant village fut fondé. Dans sa lettre, Sofia a expliqué qu’elle a pu retrouver son fils, mais qu’il ne pouvait la voir que secrètement de peur que sa famille adoptive ne s’en rende compte et l’éloigne complètement du village. Personne, à part sa mère, n’était au courant de son existence, pas même sa sœur. Ceci explique pourquoi Katia l’ignorait. »

Une version tout à fait différente, en effet.

« Mais cela ne montre pas pourquoi elle ne l’a pas expliqué dès sa première lettre, s’opposa Luke. »

Schrader sourit. Apparemment, la remarque de Luke était très pertinente.

« Je m’étais posé la même question, et je n’ai eu la réponse qu’hier, avec la lettre de Penelope : C’est justement ce qu’elle a fait.

-Mais…

-Sofia a tout expliqué dans une lettre qu’elle a posée dans le coffret céleste, et qu’elle a remis à son fils pour qu’un jour, il aille retrouver son père et le lui donner.

-Cela ne colle pas, pourtant », remarqua Flora.

Au lieu de lui répondre, Schrader se retourna vers le professeur.

« Hershel, lorsque nous étions à Folsense, tu avais découvert que Penelope était liée aux Van Herzen. J’imagine que tu devines maintenant la nature de ce lien.

-Penelope... était la fille du fils de Vladimir ?

-Sa petite-fille, corrigea Andrew. Ce fils a eu deux filles et l’une d’entre elles est la mère de Penelope. »

Schrader avança vers une étagère et admira les artéfacts qu’il avait lui-même posés là-bas, tout en terminant ses explications.

« Il y a quelques années, cette fille est venue me voir avec un homme (son père adoptif, j’imagine) et m’a proposé de me mettre en possession de la célèbre boîte de pandore. C’est ainsi que le coffret céleste s’est retrouvé chez moi. »

Encore une chose qu’ils ignoraient complètement.

« Et maintenant, continua-t-il, j’ai appris qu’avant de me donner le coffret, elle avait échangé l’originale lettre de Sofia contre une qu’elle a elle-même écrite, racontant la version des faits que tout le monde connaissait. C’est la lettre que vous avez lue l’an dernier. »

C’était impossible. Cela ne pouvait pas être possible. Luke leva la tête vers l’archéologue et répondit à cette dernière déclaration.

« Vladimir avait pourtant bien reconnu l’écriture de Sofia.

-Ma foi, répondit Schrader en haussant les épaules, cette enfant est assez douée pour imiter les écritures des autres ; et de toute façon, les facultés visuelles baissent avec l’âge ! »

Après un moment de silence, Hershel, à son tour, émit une remarque.

« Mais pourquoi faire une chose pareille ?

-Elle a dit que l’héritage de la famille Van Herzen ne l’intéressait pas. Sa mère, sa tante et son grand-père étaient tous les trois morts, il ne restait donc plus qu’elle du côté de ce fils. Mais elle a tout de même créé une troisième ouverture dans le coffret où elle a laissé la lettre originale, « par simple mesure de précaution » a-t-elle dit…

-Une troisième ouverture que vous avez découverte ! S’exclama Luke.

-Et vous êtes alors allé la montrer au duc, enchérit Flora.

-En lisant la véritable lettre de Sofia, Vladimir a appris qu’il avait d’autres héritiers ! Ajouta Luke.

-Et il l’a dit à sa petite fille… murmura le professeur, non ! Impossible ! »

Schrader secoua affirmativement la tête.

« Souvenez-vous, Katia ne souhaitait pas tuer son grand-père. Elle l’a accidentellement poussé dans une crise de colère ; qu’est-ce qui aurait pu causer une telle colère ? »

Un silence très lourd prit place pendant un moment.

« Vous savez maintenant pourquoi le meurtre a eu lieu, finit Schrader, pourquoi j’ai été enlevé, pourquoi Penelope sait autant de choses sur la famille Van Herzen, pourquoi elle vous a aidés à arrêter l’assassin et pourquoi Katia lui a dit que c’était de sa faute… »

Ils avaient enfin compris ce qui les intriguait depuis des mois ; et pourtant, aucun des trois n’était heureux.

Le meurtre de Vladimir Van Herzen puis le suicide de Katia étaient des événements malheureux ; mais ce qui les rendait encore plus tristes, c’est qu’ils auraient pu être évités simplement si une des personnes fautives n’avait pas commis son erreur. Penelope de falsifier la vérité, Katia de ne pas contenir sa colère, Schrader de se mêler à une affaire qui ne le concernait pas, Layton de révéler la vérité au moment où il ne fallait pas…

« Mais, tu sais Hershel, reprit Andrew, rompant le silence, un léger détail continue à m’intriguer. »

Hershel regarda son mentor d’un air interrogateur. Et Luke espéra in petto qu’ils n’allaient pas encore s’accabler avec d’autres mystères.

« Lorsque Penelope m’a remis le coffret, expliqua Schradrer, elle m’a demandé quelque chose en échange. Un petit… service. 

-Quel genre de services ?

-Elle m’a donné une date précise pour l’ouvrir, et m’a dit qu’avant cela, je devrais d’abord t’appeler.

-Moi ?

-Oui, toi, Hershel.

-Alors c’est pour cette raison que vous m’avez envoyé cette lettre avant d’ouvrir le coffret céleste… »

Schrader secoua la tête.

« J’ai été très surpris, je lui ai demandé pourquoi, mais elle a refusé de répondre. »

Ce que craignait Luke venait d’arriver, hélas.

 

 

 

La Laytonmobile circulait lentement dans les rues de Londres. À l’intérieur, le conducteur et les deux passagers restaient complètement muets. Soudain, Flora avança légèrement sa tête vers l’avant de la voiture pour s’adresser au professeur.

« Professeur, Penelope est donc originaire de Dropstone ?

-On dirait bien…

-Mais comment est-elle arrivée à Saint-Mystère ? »

Layton hocha la tête et la jeune fille comprit qu’il n’avait pas encore trouvé la réponse.

« Maintenant que nous savons tout ce que nous voulons au sujet de la mort de Vladimir, ajouta l’apprenti, que cherchons-nous au juste ? »

Layton, pour simple réponse, sortit la seconde lettre de Penelope de sa poche et la tendit à son disciple.

« Lis les dernières lignes, demanda-t-il. »

Luke s’exécuta.

 « Oh ! Une dernière chose : à la fin de cette entrevue, vous devriez être capable de lever tout le voile sur l’assassinat. Vous devrez alors faire un choix, mais laissons cela pour plus tard… »

« Nous n’avons plus qu’à attendre sa troisième lettre, dit le professeur d’une voix on ne peut plus calme. La vérité est proche, très proche. »  

L’ultime vérité…

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