Etoiles et chaos

Chapitre 10 : Chapitre neuf

2020 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:59

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE NEUF

Maison du Bélier

— Enfin Mû, expliques-toi ! Que fais-tu avec la Cloth d'Aphrodite sur le dos ?

— Du calme, Aiolia. Il y a sûrement une bonne raison à cela. Mû ?

Le gardien du premier Temple secoua la tête.

— En réalité, je n'en sais pas plus que vous, dit-il. J'ai remarqué que mon armure avait un problème et je l'ai ôtée pour l'examiner. Je n'ai rien décelé d'anormal mais quand j'ai voulu la rappeler à moi... Voilà ce qui s'est passé.

Et d'écarter les bras pour illustrer ses propos.

— Quoi, l'armure du Bélier s'est transformée en l'armure des Poissons ?

— Milo, ce n'est pas drôle. D'ailleurs, si vous êtes là, je suppose que c'est parce que vous rencontrez la même difficulté.

Mû ignorait pourquoi c'était la Cloth d'Aphrodite qui avait répondu à son appel et recouvert son corps. Ce n'était pas seulement étrange. Cela allait à l'encontre de toutes les règles établies. La logique était bafouée. Une telle anomalie n'était pas loin de mettre mal à l'aise le spécialiste des protections sacrées. Oui, bon... en fait, il était très mal à l'aise, admit-il in petto.

Les trois autres s'entre-regardèrent et ce fut Aldébaran qui se lança :

— Je n'ai même pas réussi à mettre mon armure. A chaque fois, elle se détachait de moi comme si... comme si elle me rejetait.

Le Scorpion acquiesça.

— Pareil pour moi.

— Ah oui, quand même...

Tous se tournèrent vers Aiolia.

— Pour ma part, je n'ai pas ce genre de problème, expliqua-t-il. Je peux endosser ma protection mais... on dirait qu'elle est morte.

— Morte ? Tu es certain que tu n'exagères pas ?

— Tout ce que je sais, Mû, c'est que j'avais l'impression de porter une vulgaire armure en fer-blanc.

Le Chevalier du Bélier ferma les yeux quelques secondes. Tout ceci n'était qu'un cauchemar, ou alors quelqu'un lui faisait une mauvaise farce. Kiki ! Où était ce chena... Mais Kiki ne pouvait pas provoquer une illusion aussi réaliste, pas plus qu'il n'était capable d'altérer les armures à ce point.

Mû ouvrit les yeux.

— Il manque quelqu'un ici. Où est Shaka ?

A ce moment là

Cinnamon regagna subrepticement le passage secret. Là, elle se plaqua les mains contre la bouche, les yeux écarquillés.

Par tous les dieux, qu'avait-elle fait ?

Elle se souvenait parfaitement de ce qui s'était passé la nuit dernière, encore que la dernière partie ressemblât fort à un rêve qui s'effilochait au fur et à mesure. Seulement, elle ne pensait pas que son entreprise rencontrerait un tel succès. Qu'elle serait réellement capable de faire une chose pareille. Elle s'était laissée grisée par un pouvoir dont elle ne connaissait pas elle-même les limites. D'ailleurs, elle s'était réveillée ce matin avec une monstrueuse gueule de bois. Son mal de tête s'était atténué pour disparaître enfin, cependant elle se sentait toujours aussi fatiguée. Tellement à bout de forces qu'elle n'avait pas cherché à résister lorsque les Bronzes étaient venus vers elle dans une tentative de réconciliation. A sa grande surprise, elle avait passé un moment agréable, bien que la visite à Rodorio ait ravivé quelques souvenirs pénibles.

Elle les avait quittés un peu plus tard, troublée. Qu'elle n'ait pas eu assez d'énergie pour s'opposer verbalement à eux, soit. Mais elle n'était pas non plus censée passer du bon temps en leur compagnie. Aussi pourquoi se montraient-ils si sympas avec elle ? Surtout ce Shun. Il était si gentil que cela la mettait mal à l'aise. Non, c'était plus que cela. Une telle douceur la terrifiait.

Parce que la seule personne qui lui avait manifesté une telle bienveillance était également celle qui lui avait fait le plus de mal.

A présent, elle se trouvait dans le passage secret qui reliait les douze Maisons, abasourdie par l'exploit qu'elle avait accompli sans trop y croire, et totalement désorientée.

— J'ai besoin d'un verre, marmonna-t-elle.

Elle savait où dénicher ce qu'il lui fallait. Arrivée devant l'entrée secrète de l'un des Temple, elle quitta le boyau obscur et se dirigea vers les appartements privés. Une fois en face de la porte, elle hésita, la main levée. Il ne servait à rien de frapper, personne n'allait lui ouvrir. Et son coeur n'avait aucune raison de battre plus vite : le Chevalier d'Or n'était plus là, il ne reviendrait jamais.

Cinnamon respira un grand coup et entra.

Ces lieux, elle les connaissait par coeur.

Le whisky était à l'endroit habituel. Evidement, messire Aphrodite fabriquait sa propre liqueur de rose, seulement elle n'avait pas le courage de monter jusque chez lui. Surtout, elle ne savait pas s'il aurait été très content du petit tour qu'elle avait joué à ses pairs. Kyko, pour sa part, lui aurait certainement passé un savon mémorable.

— C'est à cause de vous que c'est arrivé, Kyko, accusa-t-elle comme s'il pouvait l'entendre. Moi, je n'avais rien demandé. C'est vous qui avez voulu cela.

Son regard se troubla.

— C'est sur vos ordres que je suis devenue ce que je suis. Vos ordres...

Doucement, elle se laissa glisser à terre, envahie par une tristesse indicible.

— Pauvre, pauvre messire Saga, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Puis elle porta le goulot de la bouteille à sa bouche et se mit à boire.

Maison de la Vierge

Mû avançait dans la salle principale lorsqu'une voix retentit :

— Chevalier du Bélier, que me vaut l'honneur de ta présence dans mon Temple ?

Un instant plus tard, le Saint de la Vierge apparut devant l'Atlante, venant des profondeurs de sa Maison.

Il portait son armure.

— Je pense que nous pouvons oublier le protocole pour une fois, Shaka. Je suis venu voir si tout allait bien.

— Pourquoi cela n'irait-il pas ? Mû, dois-je comprendre qu'il se passe quelque chose ?

Le Bélier observa son frère d'armes. De la Vierge émanait toujours la même aura de sérénité. Serait-il le seul à être épargné par le mal étrange qui frappait l'élite de la Chevalerie ? Puis Mû se rappela qu'il avait lui-même pu endosser sa protection durant quelques instants. Du coup, le calme olympien plaqué sur le visage de son vis-à-vis lui sembla aussi faux qu'un masque de carnaval. Le gardien de la sixième Maison n'était-il pas un maître en illusions ? Cependant il en fallait plus pour abuser un expert en télépathie.

— Shaka, cela ne sert à rien de faire semblant.

Le Chevalier de la Vierge releva le menton.

— Je ne vois pas ce que tu veux dire.

— Très bien, concéda Mû avec un imperceptible sourire. Si, par hasard, tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.

Il fit demi-tour et se dirigea vers la sortie. Comme il l'avait pressenti, Shaka le rappela alors qu'il était presque arrivé sur le seuil.

— Mû... je... Je crois que j'ai un petit problème.

Pendant ce temps

Quelques minutes plus tard, Cinnamon se releva et s'adossa au mur, légèrement vacillante. Elle avait encore dans la gorge la saveur du liquide ambré dont la chaleur se diffusait dans ses veines. Pour la première fois depuis des jours, elle se sentait bien. Complètement détendue, elle flottait dans une sorte de brouillard cotonneux où plus rien n'avait d'importance. Tout lui était à ce point égal qu'elle songea confusément qu'elle aurait dû songer à se saouler bien plus tôt.

Baissant machinalement les yeux, elle aperçut son poignet gauche. Le symbole de son deuil avait disparu.

— Oh. J'ai perdu mon ruban.

Pour une raison connue d'elle seule, cette simple phrase la mit en joie et elle éclata de rire.

— A la vôtre, messire ! s'exclama-t-elle en brandissant la bouteille avant de la porter à ses lèvres.

On ne peut vraiment pas te laisser seule cinq minutes

Tout se passa alors simultanément.

Cinnamon sursauta si fort que, pendant une seconde, ses pieds quittèrent le sol. Elle fut par la suite persuadée que son coeur avait manqué un ou deux battements. La surprise lui fit recracher l'alcool qu'elle avait en bouche et elle lâcha la bouteille qui alla se fracasser par terre.

La jeune fille était plaquée contre le mur, tremblante et d'une pâleur extrême. Son muscle cardiaque dansait à présent une sarabande infernale dans sa poitrine, et elle mit un petit moment à comprendre que le bruit étrange qu'elle entendait était celui de ses dents qui claquaient. Elle se calma enfin et parvint à articuler d'une voix blanche :

— J'ai le droit de rester dans votre Maison, c'est vous qui l'avez dit...

Ses yeux se posèrent sur la chemise qu'elle portait, puis sur les débris de verre qui gisaient dans la flaque de whisky. Finalement, elle profitait peut-être un peu trop de cette autorisation... Totalement dégrisée, elle jeta autour d'elle un regard où une sorte de colère désespérée se mêlait à la crainte.

— Bien sûr que je multiplie les conneries. Fallait pas m'abandonner...

Se baissant, elle ramassa le tesson de la bouteille.

— Fallait pas me laisser ! hurla-t-elle en jetant le fragment au loin.

Elle demeura à genoux, tête baissée, secouée de sanglots sans larmes.

— Salaud, chuchota-t-elle.

Nul ne lui répondit.

Elle était seule dans le Temple, hantée par les fantômes de sa mémoire.

Peu après, elle se précipita dans la salle de bain pour vomir. Ses nausées continuèrent bien après qu'elle ait rendu le peu d'alcool qu'elle avait ingurgité. Et pendant tout le temps que dura son malaise, elle entendit la même voix moqueuse qui la harcelait.

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