Etoiles et chaos

Chapitre 11 : Chapitre dix

2255 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:02

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE DIX

Samedi 7 mars 1987 – 15 h 00

Palais du Grand Pope – Salle du Crusos Sunagein

Ils étaient tous là. Tous les Chevaliers d'Or survivants à la Bataille du Sanctuaire, à l'exception du Saint de la Balance, s'étaient installés autour de l'imposante table. A chacune des places, le plateau de marbre était incrusté de délicats motifs en or représentant les emblèmes des signes du zodiaque. Et, à quelques mètres derrière chaque siège, une colonne également en marbre sur laquelle apparaissait, telle un hologramme, le totem zodiacal du Chevalier correspondant. Ce jour-là, cinq signes sur douze étaient visibles.

Mû nota qu'aucun d'entre d'eux ne portait son armure. Shaka y compris. Ce dernier avait beau conserver son attitude empreinte de sérénité, le Bélier savait qu'il se posait des questions comme eux tous. Les autres bavardaient, chacun y allant de son commentaire sur les derniers événements. Une chose paraissait évidente : ils étaient tous complètement perdus.

Le gardien du premier Temple se leva et, aussitôt, le silence se fit.

— Merci, commença-t-il. Nous sommes obligés de tenir une réunion extraordinaire au vu de ce qui nous est arrivé, ou plutôt devrais-je dire, à nos protections sacrées. Je me suis déjà entretenu avec vous tous, mais je pense qu'il serait bon que chacun en parle ici. En ce qui me concerne, je n'ai pu endosser mon armure que quelques minutes. Je ne sais pas pourquoi, mais à présent elle me rejette.

Mû adressa un regard à Aldébaran, qui prit la suite :

— C'est la même chose pour moi, sauf que j'ai été incapable de la mettre ne serait-ce qu'une poignée de secondes.

— Pour ma part, au contraire, je peux porter mon armure, continua Aiolia. La différence, c'est qu'elle semble morte. J'ai l'impression d'avoir sur le dos une de ces protections en fer-blanc qu'utilisaient les chevaliers du Moyen-Age...

Toutes les attentions se tournèrent vers Shaka.

— Je rencontre le même problème qu'Aiolia, dit-il simplement.

— Pour moi, c'est pareil qu'Aldébaran, déclara Milo.

Un silence s'installa, pendant lequel il était aisé de deviner ce qui se passait dans les esprits dorés. Interrogations, inquiétude, malaise... Qui pouvait avoir assez de pouvoir pour faire une chose pareille ? Pourquoi certaines armures étaient-elles comme mortes alors que les autres refusaient tout simplement leur porteur légitime ? Les dieux auraient-ils décidé de les punir pour avoir failli à leur devoir envers Athéna ?

— Mû, que dit le Vieux Maître à ce sujet ? demanda le Scorpion.

Le Bélier secoua la tête.

— Je n'en ai aucune idée. Pour une raison que j'ignore, je ne suis pas parvenu à le joindre. C'est comme si une force incommensurable avait bloqué mon appel télépathique...

— C'est certainement celui qui qui est derrière cette farce grotesque ! s'exclama Aiolia. Je ne sais pas de quel dieu il s'agit, mais il est hors de question de laisser faire ça ! On ne peut pas laisser Athéna sans protection.

— Tu oublies Seiya et ses frères, objecta le Taureau. Ils ont prouvé qu'ils fallait compter avec eux.

— Justement, il faudrait les laisser en dehors de ça, dit Mû. Ils sont à peine remis de leurs blessures, et ils ont mérité de se reposer. Par contre, Athéna doit être mise au courant.

Les Saints d'Or échangèrent un regard inquiet, dévoilant ainsi la véritable nature de leur angoisse. Et si tout cela signifiait en réalité que leur déesse ne les jugeait plus dignes de la servir ?

Au même moment

Cinnamon était allongée à même le sol de la salle de bain, en position foetale. Sa respiration était presque inexistante et nulle vie ne se lisait dans ses yeux grands ouverts et fixes. Son menton et le haut de sa chemise luisaient de sang.

Soudain une lueur apparut dans la prunelle bleue mauve. Les paupières papillonnèrent sur les yeux révulsés, puis ceux-ci accommodèrent enfin. Un soupir s'échappa de sa poitrine tandis que les doigts de sa main gauche bougeaient. Doucement, elle se redressa.

Elle était encore partie là-bas. Elle y allait de plus en plus souvent, et y restait chaque fois bien trop longtemps.

"Un de ces jours, je serais incapable de revenir", songea-t-elle avec indifférence.

Elle tâta le bas de son visage et fit la grimace. Elle avait tant et tant vomi... Cela lui rappela la première fois où elle s'était rendue dans cet endroit par ses propres moyens. Elle avait alors été malade comme un chien et lui, bien sûr, il avait ri et s'était moqué d'elle. S'il voyait les dégâts qu'elle avait causés chez lui... déjà qu'elle avait bousillé une de ses chemises...

"Il va me tuer !"

Aiguillonnée par la peur, Cinnamon se leva et ôta son haut souillé avant de chercher de quoi faire un peu de ménage. Elle avait beau savoir que le Chevalier ne reviendrait pas, qu'il ne pouvait pas revenir, la force de l'habitude la poussa à se dépêcher pour obtenir, en prime, un résultat impeccable. Ce qui fut chose faite quelques minutes plus tard.

Il fallait maintenant qu'elle s'habille. Elle s'était déjà nettoyée mais elle ne voulait plus faire un nouvel "emprunt". C'est pourquoi elle quitta les appartements privés et se dirigea vers le passage secret, seulement vêtue de son pantalon et de ses sous-vêtements.

Palais du Grand Pope – Salle du Crusos Sunagein

— Attendez, il y a autre chose ! rappela Milo. Mû, peux-tu nous dire pourquoi tu portais la Cloth d'Aphrodite tout à l'heure ?

— Je vous ai déjà expliqué que c'était elle qui était venu recouvrir mon corps. Pourquoi a-t-elle fait cela ? Je n'en ai pas la moindre idée... Tout ce que je sais, c'est que ce qui se passe en ce moment n'est absolument pas normal.

— Non, sans rire ? maugréa Aiolia.

Le Chevalier du Bélier hésita un instant, puis se décida :

— Pensez-vous que Cinnamon aurait quelque chose à voir avec tout ça ?

La surprise se lit sur les visage de ses frères d'armes. Une telle éventualité leur paraissait hautement improbable.

— Cinnamon ? répéta le Scorpion. Écoute, il est vrai qu'elle a été assez étrange ces temps-ci, mais de là à penser que c'est elle qui...

— Milo a raison, confirma Aiolia. Cela fait presqu'un an que l'on côtoie cette fille. Si elle disposait d'un quelconque pouvoir, on l'aurait remarqué, non ?

— D'ailleurs pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? interrogea Aldébaran. Pourquoi seulement maintenant ?

Shaka prit la parole :

— Tout à fait. Non seulement pour ma part, je n'ai jamais décelé en elle une aptitude particulière ou ne serait-ce qu'un soupçon de cosmos, mais si effectivement elle avait des possibilités...

Il secoua la tête avant de reprendre plus bas :

— Elle s'en serait servi beaucoup plus tôt.

Mû préféra ne pas lui demander pour quelles raisons. Contrairement aux autres, il venait à peine de rencontrer Cinnamon, et cette jeune fille lui faisait une impression étrange. Il n'aurait pas su dire en quoi exactement. Elle lui avait paru assez perturbée, cependant tout comme Shaka, il n'avait ressenti en elle aucune trace de cosmo-énergie. Il y avait pourtant quelque chose qui le chiffonnait. Il n'était jamais parvenu à lire dans ses pensées. Non pas qu'il ait voulu se montrer indiscret, néanmoins elle se montrait parfois si étrange qu'il aurait aimé en savoir plus. A chaque fois, il avait échoué. Ce n'était pas comme de se heurter à un mur qui empêcherait toute visibilité. Non, c'était plutôt comme de se retrouver face au vide. Le néant, voilà ce qu'il avait vu dans l'esprit de Cinnamon. Au point d'en avoir le vertige. Etait-elle capable de dissimuler son aura aussi bien et aussi longtemps, de la même façon qu'elle occultait ses pensées ?

Non, ce n'était pas logique. Si elle disposait de pouvoirs si grands qu'ils lui permettaient d'altérer les protections sacrées, pourquoi n'en avait-elle pas profité pour se défendre ? Parce que Mû se doutait bien de ce que Shaka avait passé sous silence. Si le comportement de Cinnamon semblait en effet consécutif à des mauvais traitements, il était en revanche évident qu'une personne possédant de telles facultés n'aurait pas hésité à se protéger.

Le gardien du premier Temple soupira. La meilleure chose à faire était de parler à Athéna.

Palais du Grand Pope

Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'était pas venue ici. Depuis la Bataille des Douze Maisons en fait. Debout au milieu de sa chambre, Cinnamon resta un moment immobile, comme pour s'imprégner d'une atmosphère familière. Puis elle se dirigea vers la commode en pin noirci. Celle-ci ne renfermait que des robes ou des chemises de nuit. Le pantalon qu'elle portait était celui qu'elle avait le jour de son arrivée au Sanctuaire, le jour où elle avait dû monter cet escalier et traverser les Temples du Zodiaque. Elle ne l'avait plus remis depuis : Kyko ne voulait pas qu'elle s'habille comme un garçon. Allez lui objecter que de nos jours, cela ne voulait strictement rien dire ! Après une hésitation, la jeune fille opta pour la robe qu'elle portait souvent : en lin beige, avec des manches courtes et une encolure assez lâche pour découvrir une de ses épaules. Lorsqu'elle eut fini de coiffer ses longues mèches aux reflets mordorés, elle avait une autre allure, indiscutablement féminine. Pendant un instant, une idée lui traversa l'esprit et elle saisit entre ses doigts une boucle brune, hésita et...

"Non, il va se mettre en colère si je fais ça..."

Tant pis, la nouvelle coupe serait pour plus tard. Elle sortit mais avait à peine fait quelques pas dans le couloir que...

— Cinnamon ! Tu es vraiment magnifique...

La jeune fille grimaça et se retourna. Saori se tenait face à elle, souriante.

— Non, je ne crois pas mais merci quand même, répondit-elle.

— C'est la vérité, cet ensemble te va très bien.

Zut, pourquoi n'avait-elle pas un autre pantalon à sa disposition dans sa garde-robe ? Finalement, elle aurait peut-être mieux fait de se couper les cheveux. Saori voulait seulement se montrer gentille, mais quels commentaires devait-elle attendre de la part des autres ?

— Athéna, puis-je faire quelque chose pour vous ?

La déesse secoua la tête.

— Je pense que c'est à moi de te demander ça, tu ne crois pas ?

— Je n'ai besoin de rien.

— Très bien. Cependant, n'oublie pas ceci : si tu as quelque chose à me dire, ma porte te sera toujours ouverte.

Cinnamon baissa la tête.

— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler... Puis-je disposer ?

La réincarnation divine acquiesça et l'adolescente s'empressa de quitter le couloir, après une petite révérence.

Comme elle tournait au coin, un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Saori Kido...

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