Etoiles et chaos

Chapitre 12 : Chapitre onze

3025 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 06:50

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE ONZE

Palais du Grand Pope – Salle du Crusos Sunagein

Les Chevaliers d'Or se levèrent tous avec respect lorsque Athéna entra dans la pièce. Elle alla s'installer dans un fauteuil situé sur une petite estrade et, sur un signe de sa part, les cinq hommes se rassirent.

— Je t'écoute, Mû, dit-elle de sa voix douce.

L'Atlante prit intérieurement une grande inspiration et commença ses explications. Au fur et à mesure de son récit, il sentit une étrange impression s'insinuer en lui. Sa déesse le regardait de ses magnifiques yeux pers emplis de bonté et de sagesse. Une sagesse qui paraissait incongrue chez une enfant de treize ans. Mais son maintient altier et la chaude aura qui se dégageait d'elle, même au repos, démentait cette apparence juvénile. Il y avait pourtant quelque chose qui dérangeait le Saint du Bélier. Saori Kido l'écoutait calmement. Trop calmement.

— Athéna, vous... vous le saviez ?

Il sentit nettement la surprise émaner de ses compagnons et Saori hocha la tête.

— En effet, admit-elle. Une puissante énergie a été mise en oeuvre cette nuit. Cependant, je suis la seule à avoir pu la détecter. Vous n'avez aucun reproche à vous faire.

A ces mots, les Chevaliers se détendirent durant une seconde. Une seconde seulement, car si seule Athéna avait été capable de déceler la cosmo-énergie qui s'était manifestée...

— De quel dieu s'agit-il, que nous veut-il ? demanda le Lion.

— Aiolia... le reprit Mû.

— Cela par contre, je l'ignore, répondit Saori. Je sais seulement ce qui est arrivé à vos armures. J'en suis désolée, croyez-moi.

— Voyons, Athéna, vous n'avez rien à vous reprochez, intervint Milo. Quel que soit notre ennemi, nous vaincrons !

Des murmures d'assentiment s'élevèrent tout autour de la table. Seuls le Bélier et la Vierge demeurèrent silencieux.

— Pour l'instant, Milo, rien ne nous prouve qu'il s'agit d'une provocation.

— Enfin, Athéna...

— On nous prive de nos armures, et on n'est pas censés considérer cela comme une déclaration de guerre ?! s'insurgea Aiolia.

Mû lui lança un regard d'avertissement.

— Faites-moi confiance, assura la déesse. Je saurai bientôt ce qu'il en est. De votre côté, essayez d'en savoir plus, vous aussi. Je voudrais seulement que vous restiez calme. La paix est revenue, je crois donc que vous devriez mettre ce temps à profit pour tenter d'élucider ce mystère.

Athéna leur proposait de résoudre une énigme ? Décidément, quelque chose lui échappait mais quoi... Mû se souvint soudain d'un détail :

— Ma déesse, j'ai essayé de joindre le Vieux Maître. Sans succès.

— C'est moi qui lui ai ordonné de ne pas entrer en contact avec vous.

Cette fois, ce furent des exclamations qui fusèrent.

— Ça suffit ! s'écria le Taureau. Écoutons Athéna.

— Merci, Aldébaran. Je me suis entretenue avec le Chevalier de la Balance, et nous pensons tous les deux que les derniers événements ne sont pas le résultat d'une attaque divine. C'est pourquoi vous allez dès maintenant y réfléchir afin de trouver une solution au plus vite.

— Athéna, l'armure de la Balance... commença Mû.

Il craignait ce qu'elle allait lui répondre. Et ça ne manqua pas.

— L'armure de la Balance est à l'abri.

"Mais pas les nôtres... Athéna, qu'est-ce que cela signifie, que faites-vous ?" songea le Bélier avec un étrange malaise.

Saori se leva.

— Cette réunion est terminée. Chevaliers, je suis de tout coeur avec vous. Je ne doute pas que vous réussirez à résoudre ce problème... termina-t-elle d'un ton très doux. Oh, j'oubliais... Pas un mot de tout cela aux Bronze. Leur repos est amplement mérité.

Abasourdis par ce qu'ils venaient d'apprendre, les Saints d'Or quittèrent la salle du Crusos Sunagein et, à l'exception de Shaka qui préféra se retirer dans son Temple, se rendirent dans un vaste salon. A leur grande surprise, ils y trouvèrent les Chevaliers de Bronze en pleine discussion animée.

— Hé, Aiolia ! Aldébaran ! s'écria Seiya en les voyant. Venez vous joindre à nous !

Hyoga adressa un signe à Milo tandis que Shiriyu souriait à Mû. En s'approchant, les aînés comprirent la raison de leur bonne humeur. Placé au milieu de la table en bois d'olivier, un plateau d'argent rempli de biscuits s'offrait à leur vue. A en juger par leur odeur alléchante, ils devaient tout juste sortir du four.

— Dites-moi que je rêve... murmura le Scorpion.

— Ça faisait longtemps... ajouta le Taureau, les yeux brillants de gourmandise.

Seiya les regarda tour à tour.

— Vous en avez déjà mangés ? interrogea-t-il.

Ce fut Aiolia qui répondit :

— Oui mais il y a des mois de cela.

— Pour être exact, c'était au début du séjour de Cinnamon parmi nous, continua Milo. Un jour, elle s'est mis en tête de faire des gâteaux et elle a traversé le chemin du Zodiaque pour en offrir à tous les Chevaliers d'Or. Ce devait être une façon pour elle de se faire accepter. Elle aurait dû faire cela plus souvent, on s'était régalés.

— Malheureusement, cette agréable initiative a été brisée net et Cinnamon n'a plus jamais recommencé.

— Laisse-moi deviner... DeathMask ? fit Shiriyu.

— Je lui avais pourtant dit de ne pas aller chez lui, que l'on appellerait Aldébaran pour qu'il ait sa part, dit Aiolia en secouant la tête. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit ou fait, mais lorsqu'elle est revenue dans ma Maison, elle ne levait pas les yeux du sol et elle était toute rouge.

— Il a réclamé des gâteaux à la cannelle, glissa Aldébaran. Cinnamon n'avait fait que des biscuits au chocolat.

— Et c'est pour ça qu'il s'est fâché contre elle ? demanda Seiya qui n'avait rien compris.

— Heu... Seiya, je pense plutôt qu'il a fait une plaisanterie de mauvais goût, expliqua Shiriyu. Tu te rappelles comment il était...

Comme Pégase fronçait les sourcils, le Dragon ajouta :

— En anglais, cinnamon veut dire cannelle.

— Et alors... Oh. Oh !

Hyoga prit la parole :

— Puisqu'on en est aux souvenirs, Cinnamon m'a raconté qu'elle logeait parfois chez Camus. C'est vrai ?

Milo opina du chef :

— C'est arrivé, oui. Une fois, elle a passé toute une semaine chez le Chevalier du Verseau. Saga ne voulait plus d'elle au palais. Et puis un jour, des gardes sont venus la chercher : il réclamait de nouveau sa présence. S'il était possible qu'une simple adolescente puisse tenir tête au Grand Pope, j'aurais songé à une querelle d'amoureux... Après tout, personne n'a jamais su exactement pourquoi Cinnamon vivait au Sanctuaire.

— Tu veux dire que... commença Shiriyu.

— Un tel comportement ne correspond pas au représentant d'Athéna, mais là on parle de Saga. Celui qui a usurpé la place du Pope et tenté de d'assassiner notre déesse, alors il pouvait se permettre d'avoir une... petite amie, répondit le Scorpion. Nous n'avions pas vu tout de suite que notre chef suprême avait changé, et nous avions donc continué à avoir foi en lui. Ensuite, il y a eu ces batailles et ces ordres étranges. Ce genre de chose paraissait presque normal en comparaison.

— Cela fait longtemps que tu es là, Cinnamon ?

Aux paroles de Mû, tous se tournèrent vers le seuil. La jeune fille se tenait effectivement là, avec dans les mains une carafe emplie de citronnade.

— Depuis un moment, dit-elle en souriant.

— Tu es drôlement jolie comme ça. Ça te va bien.

— C'est vrai, tu devrais mettre une robe plus souvent.

— Merci, Shun. Hyoga.

Elle avança vers la table et se mit à remplir les verres. Elle paraissait calme mais Mû remarqua qu'elle avait redressé les épaules en une attitude empreinte d'assurance. Si ses gestes étaient ceux d'une servante, son maintien quant à lui était à la limite de l'arrogance. Puis il croisa son regard et comprit que ce n'était que faux-semblant.

— Alors Milo, reprit Pégase pour rompre le silence, tu en as encore des anecdotes sur le Sanctuaire ?

Cinnamon renchérit d'une voix si douce que, contrairement aux Golds, les Bronzes ne comprirent pas immédiatement :

— Oui messire Milo, continuez, je vous en prie. Je suis moi aussi curieuse de savoir ce que vous avez à dire sur l'usurpateur et sa putain.

— Cinnamon, enfin ! Je n'ai jamais dit une chose pareille !

— Non, mais vous l'avez pensé tellement fort !

Après avoir crié ces mots, l'adolescente jeta la carafe à terre où elle se fracassa.

— Ça faisait longtemps... gémit Seiya, se préparant à une nouvelle dispute.

Néanmoins l'altercation n'eut pas lieu. Cinnamon ne proféra plus un son et quitta aussitôt la pièce, la tête basse.

— Et ben, il y a du progrès ! Hier encore, elle nous aurait couverts d'insultes...

— C'est de ma faute, je n'aurais pas dû parler de ce qui ne me regardait pas.

— Tu as certainement touché un point sensi...

Un hurlement strident s'éleva soudain dans le couloir, interrompant Shiriyu. Il fut suivi par un flot d'invectives et d'injures :

— Lâche-moi espèce d'enfoiré ! Ordure ! Je t'interdis de me toucher, t'entends maudit bâtard ?!

Chevaliers d'Or et de Bronze échangèrent un coup d'oeil.

— Qui est-ce qui... commença Aiolia.

— Repose-moi par terre, oiseau de malheur ! Sale emplumé !

— Ikki ! s'exclama Shun.

Comme pour donner raison à son frère, Phénix apparut sur le seuil, portant Cinnamon sur son épaule à la manière d'un vulgaire sac de pommes de terre. Sans se soucier de ses gesticulations et encore moins de ses insultes, il la mena à l'intérieur du salon et la lâcha enfin. Tombée assise, pâle de colère, elle leva vers lui un regard furieux.

— La prochaine fois que tu auras envie de te jeter par la fenêtre, assures-toi d'abord qu'il n'y ait personne dans les parages, asséna-t-il froidement.

Consternés, les autres dévisagèrent l'adolescente.

— Connard, murmura-t-elle sans aucune conviction.

— Si tu veux, répliqua-t-il avant de quitter la pièce sans plus lui accorder d'attention.

Que ses frères et les Golds s'occupent d'elle, il avait autre chose à faire... Encore heureux qu'il passait justement dans ce couloir. Quand il avait vu Cinnamon marcher sans hésitation vers la fenêtre et ouvrir celle-ci, il lui avait fallu toute sa vitesse de Chevalier pour l'empêcher de sauter dans le vide...

Quand il eut disparu, Milo s'adressa à l'adolescente :

— Enfin, Cinnamon, qu'est-ce qui t'a pris ?

Elle se leva, tremblante. Non, rectifia Mû, c'était ses épaules qui tressaillaient, comme si elle était secouée de sanglots. Ses yeux et son visage étaient cependant secs. "Elle pleure, songea le Bélier. Elle pleure sans larmes."

— Je peux partir ? demanda-t-elle d'une petite voix. Je voudrais aller dans ma chambre.

— On ne va certainement pas...

— C'est bon, tu peux y aller, concéda Mû.

Elle avait besoin de rester seule, et il avait décidé de lui faire confiance. Elle ne tenterait rien, c'est ce qu'il dit silencieusement à ses compagnons d'armes. Ceux-ci se rangèrent à son avis et Cinnamon sortit définitivement.

Un peu plus tard

Elle était blottie dans un coin de sa chambre, la tête sur ses genoux qu'elle avait entourés de ses bras. Une posture qu'elle prenait souvent, avant... Les rideaux étaient tirés, ne permettant pas aux rayons de soleil de cette fin d'après-midi d'éclairer les lieux. Elle avait essayé. Que les dieux lui soient témoins, elle avait vraiment essayé d'être gentille avec eux. Le moment qu'elle avait passé avec les Bronzes était agréable alors, malgré la petite voix qui l'appelait traîtresse, elle avait confectionné des biscuits dont elle savait qu'ils seraient appréciés.

Elle n'aurait pas dû croire qu'elle pourrait se mêler à eux.

Il avait raison, elle était seule et le resterait. Quels que soient ses efforts, elle serait toujours à part. Pour l'instant, ils pensaient certaines choses à son sujet, mais qu'arriverait-il s'ils découvraient la vérité ? Un seul homme savait. Un homme qui la terrifiait et qui, paradoxalement, était le seul en qui elle puisse avoir confiance. Le secret qu'il avait promis de préserver, au mépris des ordres reçus, il ne l'avait pas trahi. Il n'était plus mais elle conservait l'habitude de penser à lui au présent, de faire comme s'il était toujours là. Elle avait peur de lui, elle avait besoin de lui. Elle aurait dû le haïr alors pourquoi son absence la laissait-elle aussi perdue ?

Sans lui, elle ne savait plus rien. Même Saga n'avait jamais eu un tel ascendant sur elle.

Et les autres qui s'imaginaient que... Une telle pensée la fit frémir d'horreur.

"Messire Saga n'aurait jamais... fait une chose pareille. Non, pas lui, il n'aurait jamais..."

Elle se mit à trembler encore plus fort, pâle comme une morte, s'efforçant de repousser les souvenirs qui l'envahissaient. Elle ne se mentait pas : le Chevalier des Gémeaux avait toujours fait preuve de bonté envers elle, ne sachant quoi faire pour la protéger de lui-même et adoucir sa captivité. Elle n'avait jamais rien eu à craindre de lui.

Évidemment, Saga n'avait pas été seul à occuper la place de Grand Pope...

Maison du Bélier

La nuit était tombée, à présent, et Mû faisait les cents pas devant les cinq armures d'or disposées à même le sol, dans la salle principale de son Temple. Vous parlez d'un casse-tête ! Trois d'entre elles ne reconnaissaient plus leurs porteurs, et les deux autres... Ils les avaient examinées, et avait constaté avec soulagement qu'elles n'étaient pas mortes. Non, elles semblaient plutôt... en sommeil, comme si elles étaient dans le coma.

— Il y a forcément une explication. Réfléchis, Mû, réfléchis...

Parallèlement

Pardonnez-moi, Athéna, mais ne pensez-vous pas que vous devriez leur dire la vérité ?

Pas tout de suite, Dohko. Je leur fais confiance, je ne doute pas qu'ils réussiront. De plus, il ne vaut mieux pas qu'ils sachent pour cette jeune fille. Elle est pour l'instant sous ma protection, et je tiens à lui laisser une chance de comprendre que l'être humain n'est pas seulement capable du pire, mais aussi du meilleur...

Athéna, votre foi en l'humanité suscitera toujours mon admiration. Cependant le Sceau s'affaiblit de jour en jour...

Nous avons le temps, Dohko. Nous avons encore un tout petit peu de temps...

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