Etoiles et chaos

Chapitre 16 : Chapitre quinze

3525 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/06/2015 22:26

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

 

DEUXIEME PARTIE : MAITRISER LE CHAOS

GRÈCE - SANCTUAIRE D'ATHENA

SANCTUAIRE DE POSEIDON

14 mars 1987 – 3 avril 1987

Le soleil a toujours blessé les yeux de ses adorateurs - Louis Aragon

Il y a du supplice dans la passion, le mot l'indique - Alain

CHAPITRE QUINZE

Samedi 14 mars 1987 – Arènes du Sanctuaire

— Nous attendons vos instructions, Princesse, déclara Tatsumi.

— Je suis prête. Dis au pilote de nous conduire à la Fondation Graad, ordonna Saori en se dirigeant vers l'appareil.

Le jet privé des Kido s'était en effet posé en plein milieu des arènes, à l'endroit même où les Chevaliers de Bronze et Athéna étaient arrivés au Sanctuaire. Tatsumi inclina la tête. Il allait obtempérer lorsque Seiya intervint :

— Encore une fois, Saori, c'est une très bonne idée que tu rentres au Japon. Mais pourquoi nous obliger à te suivre ?

Présents eux-aussi, ses frères acquiescèrent. Athéna avait décidé qu'ils quitteraient tous le Domaine Sacré, à l'exception des Saints d'Or et des deux Chevalières d'Argent qu'étaient Shaina et Marine.

— Tu contestes l'autorité de la Princesse ?

— Laisse, Tatsumi. Seiya, on en a déjà parlé, rappela la jeune fille. Je souhaite rentrer à la Fondation, quant à toi et tes frères, vous n'avez plus rien à faire ici. Les Chevaliers d'Or garderont le Sanctuaire.

— Saori, moi-aussi je veux rentrer. Les enfants de l'orphelinat attendent notre retour et Miho doit être folle d'inquiétude. Cependant je ne vais certainement pas m'en aller alors que Cinnamon se ballade dans la nature ! On sait tous maintenant ce qu'elle peut faire. Elle est dangereuse, pas seulement pour toi, pour tout le monde.

— Le problème, c'est que son esprit est troublé, précisa Shiriyu. Un pouvoir comme le sien entre des mains aussi instables...

L'adolescente sourit.

— Si cela peut vous rassurer, je ne sens plus sa présence en ces lieux. Pourtant, j'ai l'impression qu'elle se trouve toujours en Grèce.

— Alors rien ne va être fait ? interrogea Shun. Même s'il est vrai que Cinnamon représente une menace, elle a surtout besoin d'aide. On ne doit pas la laisser toute seule.

— Très bien, soupira Saori. Puisque vous insistez, sachez que j'ai demandé à Mû de la rechercher. Cela ne devrait pas lui poser de problème avec sa télépathie. Je préfère vraiment que ce soit les Chevaliers d'Or qui s'en occupent. Tous les cinq, vous avez largement mérité de vous reposer.

Seiya fonça les sourcils, guère convaincu.

— Ça ne me plaît pas de me la couler douce alors qu'elle est toujours en liberté. J'ai confiance en Mû, seulement...

— Seulement la Princesse vient de nous donner un ordre, et ça devrait te suffire !

— Et bien non, justement, Jabu !

Les deux Bronzes s'affrontèrent du regard, aucun d'eux ne voulant céder. Finalement, Hyoga s'interposa :

— Ça suffit vous deux ou je vous transforme en esquimaux géants !

Le Cygne ne plaisantait qu'à moitié. La menace fit son effet et les antagonistes se détournèrent l'un de l'autre.

— Merci, Hyoga, dit Saori. Seiya, Jabu, inutile de vous dire que j'attends de vous mieux qu'une stupide rivalité.

— Pardonnez-moi, Prin...

D'un geste, elle fit taire la Licorne.

— Il est vrai que Cinnamon est dangereuse. Cependant j'ai décidé que seuls les Chevaliers d'Or s'occuperont d'elle. Elle a vécu au Domaine Sacré, et ils la connaissent bien mieux que vous, ne l'oubliez pas.

Shiriyu hocha la tête :

— Elle a raison, Seiya. Ils l'ont côtoyée pendant plus de six mois. Il est donc normal que ce soit eux qui soient chargés de la maîtriser. Nous pourrons toujours intervenir si besoin est.

— Mais... bon, d'accord, capitula Pégase en constatant que tous s'étaient rangés aux arguments du Dragon.

Après tout, lui-aussi mourait d'envie de revoir ceux qu'il avait laissés derrière lui sans savoir s'il les retrouverait un jour. Miho, les enfants... Peut-être qu'en effet, sa participation était inutile ? Inutile... quel horrible mot ! Allons, les Saint d'Or étaient tout à fait capables de gérer la situation !

— Bon, maintenant que tout est réglé, allons-y ! fit Hyoga, pressé de rentrer en Sibérie.

— Je ne sais pas où est Cinnamon, mais je plains le pauvre type qui tombera sur elle, marmonna Seiya tandis qu'ils embarquaient tous dans le jet.

Shun s'abstint de rétorquer qu'à son avis, c'était elle qui était le plus à plaindre tant qu'elle conserverait son attitude méfiante et hostile envers toute personne qui lui tendrait la main.

Il était le dernier à monter. Juste avant de pénétrer dans l'appareil, il comprit enfin pourquoi il avait l'impression qu'il manquait quelque chose. Ou quelqu'un.

— Ikki ?

Maison du Bélier

Les cinq Chevaliers d'Or s'étaient réunis sur le parvis du premier Temple. Tournés vers les arènes, ils virent le jet décoller et s'éloigner.

— Enfin ! s'exclama Milo. J'ai cru qu'ils ne partiraient jamais.

— Ils n'avaient pas le choix. Un ordre d'Athéna ne s'enfreint pas.

Le Scorpion se tourna vers le Bélier. Mû arborait de légers cernes sous les yeux et son teint était un peu plus pâle qu'à l'ordinaire.

"Il passe son temps à essayer de trouver une solution à notre problème. Pourquoi faut-il qu'il soit le seul à pouvoir s'occuper des armures ?"

Comme s'il avait lu dans ses pensées, Aldébaran s'inquiéta :

— Tu es sûr que ça va aller ? Si tu dois en plus localiser Cinnamon...

L'Atlante hocha la tête, l'air déterminé malgré sa fatigue.

— Je ferai de mon mieux pour la retrouver, mais la priorité est sans conteste la remise en état de nos protections. De plus, elle est capable de dissimuler sa présence. Tant qu'elle sera dans son état d'esprit actuel... je veux dire tant qu'elle reniera sa propre existence, j'ai bien peur qu'elle soit hors d'atteinte.

— Si vous voulez mon avis, Athéna aurait dû laisser Seiya et les autres nous aider, au moins à retrouver Cinnamon, déclara Aiolia. Je ne remets pas en cause son jugement, néanmoins...

Milo finit sa phrase :

— Eux sont dehors alors que nous sommes coincés ici. Au fait, comment ferons-nous lorsque nous l'aurons localisée ?

Malgré tout, il ne doutait pas que Mû puisse réussir. A rétablir l'ordre naturelle des choses et retrouver cette fille qui les avait trahis. Son ami était un Saint d'Or, que pouvait peser une gamine face à lui ? D'autant plus que, s'il avait bien tout saisi, elle ne maîtrisait pas ses propres pouvoirs. Ah que n'était-elle en face de lui, le Scorpion ! Une ou deux petite piqûres bien dosées...

La voix d'Aiolia interrompit ses rêves d'acupuncture.

— Ce que nous devons faire, lui répondit-il. En aviser Athéna et attendre ses instructions. En espérant qu'elle nous permette de nous en charger...

Le Lion avait serré le poing en prononçant ces mots. La voix de Shaka s'éleva soudain.

— Votre désir de revanche à tous les deux est légitime. Pourtant, Milo, si tu crois qu'il suffirait d'une petite injection de venin pour arrêter Cinnamon, c'est que tu as une mauvaise mémoire.

— Comment ?! Que veux-tu insinuer ?

A son tour, Milo s'était raidi. Imperturbable, la Vierge continua :

— Tu as oublié, vous avez tous oublié... le pari ?

A ces mots, Lion et Scorpion se détendirent mais conservèrent un air sombre. Aldébaran, les bras croisés, secoua la tête, les yeux fermés.

— Je ne sais pas pour vous, mais quand j'y repense j'ai honte.

— Honte ? De quoi ? s'enquit Mû. Et qu'est-ce que c'est que cette histoire de pari ?

Shaka se tourna vers lui.

— C'est vrai, je ne t'en ai pas parlé. Peut-être parce qu'à l'instar d'Aldébaran, je n'étais pas très fier de moi...

Milo et Aiolia échangèrent un regard gêné. Cette histoire n'embarrassait pas seulement la Vierge et le Taureau.

— Tout a commencé lorsque Saga a puni Cinnamon, expliqua Shaka. Personne ne sait ce qui s'est passé entre eux... ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter un châtiment aussi...

— Inhumain, tu peux le dire, termina Aiolia d'une voix basse. Quand je pense que je croyais en lui...

Le Taureau posa la main sur son épaule pendant quelques brèves secondes. Ils s'en voulaient tous de ne pas avoir réagi à temps. Cependant, qu'auraient-ils pu faire ? L'usurpateur avait manipulé tout le monde, et présenté la chose de telle sorte que nul n'aurait songé à s'indigner devant le traitement infligé à l'adolescente. N'avait-elle pas eu le choix ? A l'époque, il leur avait même semblé que le Grand Pope faisait preuve d'indulgence envers la jeune fille. A présent qu'ils connaissaient la vérité sur le soi-disant représentant d'Athéna, les Saints d'Or culpabilisaient d'avoir laissé faire.

Devant le regard interrogateur de Mû, Shaka poursuivit :

— Par sa cruauté, cette punition s'apparentait plus à une exécution publique en fait, ainsi qu'à une amende honorable par son côté infamant. J'ai par la suite entendu les conversations des gardes, et je pense que c'est à ce moment que Cinnamon a montré la force de sa volonté. Dans tout le Sanctuaire, il n'en a eu qu'un pour oser s'en amuser. Du moins c'est ainsi qu'on l'a compris, à l'époque. Ce pari qu'il a proposé alors, à nous d'abord et aux soldats ensuite, devant notre refus, aurait dû nous alerter.

— Il savait, murmura Aldébaran. En ce qui concerne Cinnamon, il a toujours eu une longueur d'avance sur nous.

Durant les minutes qui suivirent, la Vierge raconta au Bélier ce qui s'était passé. Quand il eut fini, Milo ajouta :

— C'est après ça que Cinnamon a habité chez le Chevalier du Verseau pendant une semaine. D'après ce que je sais, elle avait demandé à loger chez Aphrodite mais Saga l'a envoyée au onzième Temple. Peut-être parce que Camus avait déjà eu l'occasion de l'héberger.

Le Scorpion précisa soudain, comme si ce détail venait de lui revenir en mémoire :

— Et au fait... DeathMask a gagné son pari.

Sanctuaire sous-marin – Temple de Poséidon

Cinnamon porta les mains à son visage et se frotta les yeux. Puis elle se redressa et jeta un coup d'oeil autour d'elle.

Elle se trouvait dans une chambre assez vaste, au sol et aux murs de marbre blanc. Assez grand lui-aussi, le lit sur lequel elle venait de se réveiller avait une forme étrange. D'une main, l'adolescente en caressa le cadre patiné, appréciant la texture soyeuse de la pierre. De celle-ci semblait émaner une douce tiédeur comme si... comme si elle était vivante. Il fallut plusieurs secondes à Cinnamon pour comprendre qu'il ne s'agissait nullement de roche. Observant sa couche avec plus d'attention, elle remarqua enfin que celle-ci avait été taillée dans le squelette d'un animal marin préhistorique. Ce qu'elle avait pris pour de la simple pierre était en fait un fossile.

Impressionnée par une telle ingéniosité, la jeune fille leva les yeux... et poussa un cri étouffé.

Le plafond tout entier était recouvert par un gigantesque dragon aquatique qui dardait sur l'adolescente ses prunelles en rubis. Gueule ouverte, menaçante, la créature fabuleuse était faite d'un magnifique corail incrusté de nacre. Sculpté avec un incroyable souci du détail, le monstre mythique était d'un réalisme saisissant, au point qu'il paraissait prêt à se jeter sur le pauvre mortel qui aurait eu l'audace de croiser son regard. Cinnamon jouant en l'occurrence le rôle du pauvre mortel, tant elle avait l'impression que le dragon la dévisageait, elle, en particulier... Avait-elle quitté le Domaine Sacré d'Athéna pour finir en hors-d'oeuvre au fond de la mer ?

— Maintenant que tu es réveillée, tu vas me dire qui tu es, d'où tu viens et surtout comment tu es arrivée jusqu'ici sans te noyer.

La jeune fille sursauta et reporta son attention sur un coin de la pièce.

Toujours revêtu de son étrange protection dorée, l'homme qu'elle avait aperçu avant de s'évanouir fit quelques pas vers elle. Son casque dissimulait ses traits, ce qui, pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, vexait Cinnamon autant que cela la frustrait. Comme elle restait silencieuse, l'inconnu ajouta avec sévérité :

— Je t'ai posé des questions, et j'entends que tu y répondes. La patience ne fait pas partie de mes points forts. Et ce n'est pas la peine de jouer les muettes amnésiques, ça ne prend pas.

L'adolescente fit alors une chose à laquelle il ne s'attendait certainement pas.

Bondissant hors du lit, elle courut vers lui et, sans la moindre hésitation, se jeta dans ses bras. Accrochée à son cou, elle se hissa sur la pointe des pieds et lui planta un baiser sonore au coin des lèvres.

— Je m'appelle Cinnamon et je viens du Sanctuaire d'Athéna, dit-elle d'une seule traite. J'ignore totalement pourquoi je ne me suis pas noyée et je ne savais pas non plus que messire Saga avait un frère jumeau. C'est quoi ton nom ?

Aussitôt il la prit par les épaules et l'écarta de lui. La tenant à bout de bras, il la toisa avec une dureté menaçante. Quelque chose, dans les paroles de cette fille, avait suscité sa colère.

— Je suis Kanon du Dragon des Mers, gardien de l'Atlantique Nord et Général en chef de l'armée de Poséidon, articula-t-il sur un ton inquiétant. Nous sommes dans le palais du dieu des océans, et tant que sa réincarnation ne nous y aura pas rejoints, c'est moi qui suis ici le maître absolu.

Il avait insisté sur les deux derniers mots, histoire de faire comprendre à son invitée surprise qu'elle serait bien malavisée de le contrarier...

Loin d'être intimidée, Cinnamon lui adressa un adorable sourire... avant de se serrer de nouveau contre lui.

— Ça me fait très plaisir de te rencontrer, Kanon. Pourquoi messire Saga ne m'a-t-il jamais parlé de toi ?

A croire qu'elle cherchait les ennuis.

Une fois encore, il la détacha de lui. Que devait-il faire pour effacer la confiance absolue qu'il lisait dans le tendre regard bleu-mauve, et le remplacer par la crainte ?

— Au fond, c'est normal que messire Saga ait eu un jumeau. J'aurais dû m'en douter.

— Je n'ai pas de frère ! explosa-t-il tout à coup, n'y tenant plus. Quant à Saga, il n'existe plus pour moi, c'est clair ? De toute façon, il a fini par clamser. Bon débarras !

La jeune fille recula enfin et, lorsqu'elle s'adressa au Général, ce fut avec un certain mépris :

— Messire DM m'a dit un jour de ne jamais souhaiter la mort de quelqu'un... sauf si j'étais en mesure de le tuer moi-même. Puisque ton frère n'est pas mort de ta main, dois-je en conclure que tu n'étais pas aussi fort que lui ? A moins que ta haine envers lui ne soit qu'un mensonge...

Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris d'amener cette péronnelle dans sa chambre ? Il y avait vraiment des baffes qui se perdaient... A propos de claque... Pris d'une soudaine inspiration, Kanon ôta son casque, dévoilant ainsi un visage aux traits parfaits où brillaient deux prunelles d'émeraude. Une épaisse chevelure azurée complétait ce tableau admirable.

A son grand plaisir, il vit le regard de Cinnamon se troubler et ses lèvres se mettre à trembler.

— Oh... Tu es aussi beau que lui, souffla-t-elle.

— Epargne-moi tes flatteries de midinette. Je peux savoir comment tu es au courant de mon existence si Saga n'a jamais mentionné mon nom ?

Elle haussa les épaules.

— Quand je t'ai vu, tout à l'heure, j'ai remarqué que vous aviez pratiquement la même aura. Pour le reste, j'ai deviné, c'est tout.

Brusquement elle se jeta sur lui et l'enlaça.

"Il y avait longtemps..."

— Oh je suis tellement, tellement, tellement contente de t'avoir trouvé ! s'exclama-t-elle avec une joie enfantine.

Le Dragon des Mers fronça les sourcils. Cette fille changeait d'humeur avec une facilité déconcertante. Tour à tour affectueuse, méprisante, mélancolique et enthousiaste, elle ressemblait à une girouette qui oscillait au gré des courants d'air. Il fallait qu'il en sache plus sur elle. Cependant...

— J'ai du travail, on reprendra cette discussion plus tard. En attendant tu restes ici. Je n'ai pas envie que tu ailles te promener dans tout le Sanctuaire sous-marin.

Il s'éloigna d'elle, remit son casque et se dirigea vers la sortie. Arrivé devant la porte, il s'arrêta.

— Et, à l'avenir, j'apprécierai que tu t'abstiennes de crier le nom de Saga dans ton sommeil.

— Hein ?! Comment ça, je crie son nom ?

Kanon eut un petit sourire qu'elle ne put voir, satisfait d'avoir le dernier mot, puis il lui répondit sur un ton volontairement blessant :

— Tu l'as appelé en pleurant. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi pitoyable...

Il quitta la pièce, abandonnant une Cinnamon déstabilisée et aux joues empourprées.

 

 

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