Etoiles et chaos

Chapitre 21 : Chapitre vingt

7421 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:18

TITRE : Etoiles & Chaos

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

CHAPITRE VINGT

Sanctuaire sous-marin Palais de Poséidon

Le Dragon des Mers avait beau se tenir aussi raide que la Justice divine, cela ne l'empêchait pas de sentir aussi honteux qu'un gosse que l'on aurait surpris, la main dans le pot de confiture. Pris sur le fait, c'était le cas de le dire. Tout était fichu, il était fini, terminé. Adieu la guerre qui devait le débarrasser de deux Olympiens, adieu le trône qui n'attendait que lui...

La catastrophe avait eu lieu lorsqu'il avait voulu quitter la chambre de Cinnamon pour retourner à des occupations plus intéressantes. Il avait ouvert la porte...

Et était tombé nez à nez avec un Marina qui, visiblement, l'attendait de pied ferme. Bras croisés et sourcils froncés, Isaak du Kraken le fusillait de son oeil valide. Aucun des deux Généraux n'avait semblé remarquer Cinnamon qui s'était glissée à côté d'eux en murmurant un timide :

— 'scusez-moi...

Elle avait disparu très vite dans le couloir, aiguillonnée sans doute par l'instinct de conservation. Peu importe, Kanon la rattraperait et là...

— Tu n'aurais pas quelque chose à me dire, Dragon des Mers ?

Ce dernier se permit un sourire. Autant bluffer jusqu'au bout :

— Si ! Pourquoi n'es-tu pas à ton pilier ? Tu crois peut-être qu'il va se garder tout seul ?

— Tu es mal placé pour donner des ordres, usurpateur !

Kanon étouffa un juron, jeta un regard aux alentours et recula dans la chambre :

— Crois-moi, tu as intérêt à la boucler et à écouter ce que je vais te dire...

Pendant ce temps

Les cuisines étaient désertes. Tant mieux, elle serait tranquille.

Cinnamon avait réfléchi au moyen de se faire pardonner son petit écart avec Kaasa et croyait avoir trouvé la solution. Tout le monde aime les gâteaux. Enfin presque. Quelques minutes plus tard, de la farine plein les cheveux, elle se remémora la dernière fois où elle s'était sentie la fibre culinaire. Les Saint d'Or avaient apprécié son initiative et les compliments qu'elle avait alors reçus lui avaient fait chaud au coeur. Jusqu'à ce qu'elle arrive chez le Cancer. Aiolia lui avait bien dit de ne pas y aller, qu'il donnerait lui-même sa part à Aldébaran, mais Cinnamon avait décliné l'offre. Elle n'avait jamais hésité à traverser seule le quatrième Temple, elle s'en était fait un point d'honneur depuis que son propriétaire lui avait accordé ce droit lors de leur première rencontre. Surtout ne pas chercher à l'éviter, ne pas le fuir même si la seule présence de cet homme violent et cruel la tétanisait.

D'ailleurs personne ne pouvait imaginer le courage qu'il lui avait fallu pour aller frapper à la porte des appartements privés. Quand DeathMask avait ouvert, plus moyen de sortir un mot ! Elle était restée plantée devant lui avec son plateau, toute tremblante et bredouillant des sons incompréhensibles. Ce qui d'ailleurs avait eu l'air d'amuser le Chevalier d'Or, lequel n'avait pas fait un geste pour lui faciliter la tâche. Un peu plus tard, elle avait quitté la Maison, aussi rouge qu'une tomate et les oreilles résonnant encore du rire moqueur du Cancer.

Qui lui avait appris ce jour-là que les anciens Égyptiens utilisaient la cannelle pendant les cérémonies d'embaumement. La pauvre Cinnamon avait finalement battu en retraite lorsque DeathMask lui avait réclamé des biscuits faits avec la précieuse épice... tout en l'enveloppant, elle, d'un regard gourmand. Ce genre de regard qui avait le don de la faire paniquer.

Revenue au présent, l'adolescente soupira, soudain nostalgique :

— Messire DM, où êtes-vous ?

Si elle avait porté le deuil des Saints d'Or tombés au combat, elle n'avait pas encore accepté sa mort.

C'était une éventualité qu'elle ne pouvait pas encore envisager.

Dans la chambre de Cinnamon

— Mais qu'est-ce que c'est que cette horreur ?

Stupéfait, Isaak tourna sur lui-même. Ces affreux visages qui défiguraient les murs, ils n'étaient tout de même pas faits de...

— Ce n'est rien, répondit Kanon. Disons que Cinnamon a une vision très particulière de la décoration intérieure. Bon, à nous.

Le Dragon des Mers se redressa et porta un regard sévère sur le Kraken qui ne cilla pas.

"Ça va être serré..." songea Kanon

Sanctuaire d'Athéna – Maison du Lion

Habillé de sa Cloth, Aiolia faisait face à Aldébaran, revêtu quant à lui de l'armure du Bélier. Les deux Chevaliers avaient en effet décidé un combat amical, histoire de s'entraîner. Si le Taureau était encore gêné de porter l'armure de Mû, il n'en montrait rien et demeurait inébranlable, les bras croisés sur son torse massif. Face à lui, le Lion se permit un petit sourire empreint d'assurance... qu'il ne ressentait pas forcément.

— Allez, chaton, montre-lui à cette bête cornue !

— Milo, combien de fois il faudra que je te dise que j'ai horreur des surnoms ?

Adossé à l'une des colonnes, le Saint du Scorpion éclata de rire. Titiller son ami pour le faire sortir de ses gonds, voilà ce qui lui plaisait.

— Maintenant que vous vous êtes bien observés, vous pouvez peut-être songer à attaquer, non ?

— Ah mais moi je suis prêt, déclara Aldébaran. J'attends que le ch... que Aiolia se décide.

— Toi aussi ! Tu vas voir ce qu'il te dit, le chaton ! Lightening Plasma !

Ce fut une attaque au tiers de sa puissance qui arriva sur Aldébaran, lequel évidemment ne bougea pas.

— C'est tout ? s'exclama Milo. Allez Aiolia, un peu de nerf !

— Tu peux parler, monsieur le Chevalier sans armure !

— Alors ça, c'est bas. C'est très bas.

— Tu veux prendre ma place, Milo ? s'enquit le Taureau. Non, bon alors laisse-nous travailler.

Cette fois, ce fut lui qui attaqua. Sans surprise, sa technique se révéla aussi piteuse que celle du Lion.

— Par Athéna, pourvu que personne ne vienne nous attaquer... souffla Milo, redevenu sérieux.

— Qu'ils viennent, je les attends ! Ce problème que nous avons, ce n'est qu'un contre-temps. Il suffit de s'entraîner, c'est tout.

— Il faut surtout que Mû trouve le moyen de remettre les armures sur pied, ajouta Aldébaran. Mais tu as raison, Aiolia. En garde !

Le Taureau concentra ce qui lui restait de cosmo-énergie et remarqua que son vis-à-vis faisait de même. Une faible lueur dorée les entoura tous les deux. En temps ordinaire, ils auraient volontairement réduit leur puissance pour un simple entraînement. Aujourd'hui, ils donnaient tout ce qu'ils avaient, autant dire pas grand-chose. Les deux attaques se rencontrèrent à mi-chemin et restèrent ainsi entre les deux hommes.

— Lightening Plasma !

Une autre offensive, presque coup sur coup ? Surpris un bref instant, Aldébaran réagit néanmoins très vite et lança une fois encore sa nouvelle attaque, celle qui correspondait à l'armure qu'il était obligé de porter.

— Double Horn !

Entre les deux Chevaliers, l'énergie monta d'un cran jusqu'à atteindre un niveau acceptable... pour des Saints d'Argent. Devant une telle faiblesse, Aiolia gronda de frustration et voulut renvoyer son attaque, il était prêt à le faire encore et encore si nécessaire. Face à lui, Aldébaran fit de même. Devoir se concentrer à la limite des ses forces pour atteindre la puissance d'un Chevalier d'Argent... Ah heureusement que personne ne pouvait les voir !

Finalement, après de longues minutes de tension, ils cessèrent en même temps. L'énergie se dissipa, quelques rayons dorés allant frapper les murs et les colonnes autour d'eux.

— Moui, c'était pas mal, commenta Milo. Si on voulait se produire devant des spectateurs, ils en auraient pour leur argent, c'est sûr...

Une fissure apparut tout en haut du pilier auquel il était adossé.

Pilier de l'Antarctique

Bon, il avait une sale tête mais ça aurait pu être pire. Kaasa grimaça à l'intention de son reflet et se redressa avant de s'éloigner de son miroir improvisé : l'eau gelée d'une fontaine de marbre. A peine eut-il fait quelques pas qu'il s'arrêta. L'attaque qu'il avait subie lui avait apparemment atteint le cerveau, parce qu'il sentait une drôle d'odeur... Une odeur chaude et sucrée comme...

— Heu... comment ça va ?

Le pauvre Marina faillit faire un bond de plusieurs mètres. Devant lui se tenait l'autre folle furieuse, un sourire penaud sur le visage. Ce détail importait d'ailleurs peu à Kaasa qui se mit immédiatement en garde.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es venue finir le travail, espèce de sorcière ?

— Oh non, au contraire ! Je... c'est-à-dire... Je viens m'excuser.

— Quoi ?

La jeune fille émit un petit rire gêné et ce fut seulement à ce moment que le Marina remarqua le plateau qu'elle tenait.

— Oui, je voulais me réconcilier avec toi alors je t'ai fait des biscuits. Ils sont encore tout chauds.

— Hein ? Non mais tu plaisantes ? s'écria Kaasa. Tu me défigures et après tu m'offres des gâteaux comme si de rien n'était ?

— Je te l'ai dit, c'est pour me réconcilier avec toi. Je voulais pas te faire de mal, je t'assure.

Elle semblait sincère, néanmoins le jeune homme se méfiait. Qui sait si ses biscuits étaient empoisonnés ? D'accord, ça sentait vraiment bon mais mieux valait se méfier.

— Tu crois pouvoir m'amadouer aussi facilement ? Tu mériterais que je t'envoie en enfer !

— Mais...

L'adolescente s'interrompit, réfléchit un instant, puis continua :

— Tu ne veux vaiment pas les goûter, je te jure que...

— Rien du tout !

Kasaa et Cinnamon passèrent les secondes suivantes à s'observer dans un silence de plus en plus pesant. Le Marina n'avait pas baissé sa garde, quant à la jeune fille, elle commençait à se sentir un peu idiote avec son plateau dans les bras.

La situation paraissait inextricable.

Palais de Poséidon

— Comment oses-tu prétendre que c'est pour le bien du monde que tu t'apprêtes à trahir notre Empereur ?

— Trahir, trahir... Tout de suite les grands mots ! Je ne fais qu'anticiper ce qui va très probablement se produire. Athéna plus Poséidon réincarnés à la même époque, tu paries combien que ça va nous valoir une guerre ?

Toujours dans la chambre de Cinnamon, Kanon essayait de convaincre Isaak de le rejoindre. S'il pouvait utiliser la persuasion plutôt que d'autres moyens plus... violents... Face à lui, le Kraken le fusillait de son oeil intact. Sa conscience professionnelle lui criait d'arrêter cet imposteur sur le champ pour les présenter au dieu des mers, lui et sa supercherie. Cependant... il fallait admettre que le soit-disant Dragon des mers lui avait embrouillé les idées.

— Mais au moins cette guerre serait décidée par notre dieu ! protesta Isaak. Comment oses-tu te substituer à lui pour nous ordonner ce que nous devons faire ?

— Et que crois-tu qu'il se passera ? Tu t'imagines qu'ils vont se contenter de rester chacun dans son coin ? Lorsque deux dieux sont réincarnés en même temps, on sait ce que ça donne. Tu es intelligent, Isaak. Je suis sûr que tu comprends où je veux en venir. Je vais seulement un peu plus vite que la musique, c'est tout, fit Kanon avec un sourire qui se voulait engageant. De toute façon, qui sera le grand gagnant ? Poséidon, évidemment. Même si nous agissons de notre propre initiative, il nous sera reconnaissant de l'avoir débarrassé de sa vieille ennemie.

Le Kraken devait convenir que Kanon n'avait pas tout à fait tort. Tout le monde savait bien qu'Athéna et Poséidon s'était combattus dans le passé, et il n'y avait pas de raison que ça change.

— Des millions de gens vont mourir...

— Dont la plupart ne réalise même pas la chance qu'ils ont de fouler notre planète. Les belles paroles ne servent à rien contre cette vermine. Ce qu'il faut à l'Humanité d'aujourd'hui, c'est un électrochoc. S'il y a des innocents parmi eux, ils seront certainement préservés par la volonté divine. Sinon... Ma foi, on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs, pas vrai ? Si des justes doivent mourir pour que soit assuré un monde meilleur, on se souviendra d'eux comme de martyrs. C'est Elysion qui les attend !

Isaak était sur le point de céder. "Enfin !"songea le Dragon des Mers qui ne se priva pas d'enfoncer le clou :

— Que ferait le Kraken, Isaak ? Tu dis qu'il épargne les innocents mais dans le monde actuel, tu crois vraiment qu'il y en a beaucoup ? Les générations futurs grandiront avec les mauvaises habitudes de leurs parents. C'est la civilisation entière qu'il faudrait réformer ! Pense un peu au monde que nous voulons ! Le monde que méritent les Justes qui viendront après nous ! C'est pour eux aussi que nous nous battrons. Notre Empereur régnera enfin sur une Terre débarrassée des mauvais éléments...

Pilier de l'Antarctique

Humiliée. Elle était humiliée. Pour une fois qu'elle tendait la main vers autrui de sa propre initiative... Qui pouvait se douter de l'effort que cela représentait pour elle qui était d'habitude si réservée ? Elle avait voulu effacer ce qu'elle préférait considérer comme un simple malentendu et voilà !

Cinnamon était si mortifiée par le rejet qu'elle venait d'essuyer de la part de Kasaa qu'elle restait immobile et tête baissée, paralysée par le camouflet qu'il lui avait infligé. Elle avait toujours eu du mal à aller vers les autres alors si on la repoussait...

— Je peux te poser une question ? demanda-t-elle d'une voix étrangement sourde.

Kasaa ricana :

— Vas-y.

— Pourquoi... pourquoi tu as pris son apparence ?

Le Général de l'Antarctique haussa les épaules.

— Lui ou un autre... fit-il. J'ai vu son image dans ton esprit voilà tout. La vérité c'est que je voulais seulement te faire peur, là tu es contente ? Je pensais m'amuser un peu en te fichant la trouille. Entre nous, je ne sais pas ce qu'il t'a fait pour que tu réagisses comme ça...

Cinnamon releva la tête. Bien sûr, il parlait de Kanon ! Cependant c'était face à l'image de Saga que la jeune fille avait réagi aussi violement. Se retrouver face à ce leurre avait ravivé d'autres souvenirs. Terrifiée, paniquée, elle s'était réfugiée derrière sa colère, l'avait laissée prendre le pas sur sa peur et elle avait frappé. Si Kanon n'était pas intervenu... N'empêche, ce Kasaa méritait bien une leçon. Prendre l'apparence de messire Saga... et puis quoi encore ? Dommage pour lui mais Cinnamon avait déjà expérimenté le coup de l'illusion. Une même attaque ne fonctionne jamais deux fois, c'est bien connu.

— Ça ne te regarde pas, répondit-elle. Je suis venue à toi en espérant que nous pourrions repartir sur de nouvelles bases. Je ne voulais pas te blesser, je ne veux faire de mal à personne ici. Tu voulais me faire peur, c'est réussi... Maintenant, si on oubliait tout ça ?

— C'est ça ! Tu me défigures et pour fêter ça, on va pique-niquer ! Non mais arrête de rêver ma pau...

Kasaa s'interrompit en plein milieu de sa phrase. Surprise, Cinnamon vit le regard de son vis-à-vis se brouiller, ses yeux basculer vers le haut, montrant ainsi le blanc de la sclérotique. Un filet de salive coula de sa bouche ouverte tandis qu'il restait les bras ballants. Un instant désarçonnée, l'adolescente comprit enfin ce qu'il en était et se tourna vers le pilier. De derrière lequel une silhouette émergea.

— Kanon ! s'écria la jeune fille. T'es chiant, j'étais sur le point de l'amadouer !

— Je vois ça, répliqua le Dragon des Mers en avançant.

Arrivé devant Kasaa, il murmura quelque chose et claqua des doigts. Le Marina cligna des yeux et secoua la tête.

— On va te laisser maintenant, dit Kanon. C'est vraiment gentil de ne pas en vouloir à Cinnamon de s'être moqué de ton... physique. Elle ne recommencera plus, je te le garantis.

Devant une telle déviation de la vérité, Cinnamon restait bouche bée. La faire passer pour gamine cruelle et écervelée... Un coup d'oeil péremptoire du Dragon des Mers la dissuada de protester. Celui-ci lui prit le plateau des mains et le porta à Kasaa qui le prit machinalement, toujours sonné.

— Je sais que ça n'efface pas les insultes mais c'est tout ce que j'ai trouvé comme pénitence.

Ah parce que l'idée des gâteaux, c'était de lui en plus ?

— On s'en va. Cinnamon !

La voix de Kanon avait claqué comme un coup de fouet et la jeune fille se raidit. Durant une seconde, c'était comme si Saga avait été en face d'elle. Mieux valait ne pas dire au Dragon des Mers à quel point il pouvait ressembler à son jumeau... L'adolescente baissa la tête d'un air contrit et lui emboîta le pas.

— Bon, le cas Kasaa est réglé. Il croit qu'il a toujours eu cette apparence. Quant à Isaak, j'ai passé un très long moment à le convaincre. Je te préviens, je n'aurais pas la patience de faire le tour de tous les Généraux alors tu vas te calmer !

Kanon avait parlé d'une voix basse et ferme à la fois. Si ferme que Cinnamon n'osa pas répliquer. Elle le suivit docilement jusque sa chambre et ne broncha pas lorsqu'il verrouilla la porte. Une fois seule, elle s'assit sur le lit, tête baissée et les mains sagement posées sur les genoux.

Un instant plus tard une aura sombre l'entoura et elle disparut.

Sanctuaire d'Athéna – Maison du Lion

— Allez, Milo, à toi !

— Sans armure ? Merci, je tiens à la vie !

Même si leur puissance avait considérablement baissée, elle était néanmoins suffisante pour blesser mortellement.

— Si ce n'est que ça qui te gêne, je peux ôter ma Cloth, proposa Aldébaran. Je pourrais ainsi utiliser Great Horn.

— Heu... tu crois que j'arriverai à produire une Aiguille Écarlate correcte ?

— Il n'y a qu'un moyen de le savoir, répondit Aiolia. Normalement, tu devrais pouvoir lancer ton attaque, même si son efficacité est réduite.

— Il ne me reste plus qu'à essayer...

Un grondement sourd l'interrompit et il leva la tête, surpris. La fissure que venait de causer les attaques combinées du Lion et du Taureau s'était agrandie, déchirant un pilier déjà fragilisé par d'autres combats. Un bloc de marbre s'en détacha et tomba... droit sur le Saint du Scorpion.

— Milo !

Yomotsu Hirasaka

Cinnamon faisait les cent pas, les mains plaquées sur le visage. Elle avait horreur d'être rejetée, elle détestait ça. Elle qui avait déjà tant de mal à se lier aux autres... Elle n'avait pas voulu de l'amitié des Bronze car elle se croyait trop mauvaise pour se mêler à des âmes aussi pures, aussi bien sûr parce qu'elle leur en voulait d'avoir détruit ce qui constituait son univers. Jamais elle ne leur pardonnerait d'avoir assassiné – oui assassiné – une partie des Chevaliers d'Or. Cependant il fallait admettre qu'il avait parfois été difficile de les repousser, surtout ce Shun. Chaque fois elle avait dû garder à l'esprit qu'il avait tué messire Aphrodite pour ne pas céder à sa gentillesse et à son sourire innocent. Sans compter que la bonté avait tendance à la rendre assez méfiante.

Et voilà que, pour une fois que c'était elle qui allait vers autrui, elle se heurtait à un mur. Bon, peut-être qu'elle y avait été un peu fort avec ce pauvre Kasaa... Non ! C'était de sa faute à lui, elle n'avait fait que se défendre après tout ! Elle était déjà bien gentille d'avoir tenté une réconciliation !

Cinnamon s'immobilisa soudain. Elle était énervée, frustrée... Elle avait besoin de se défouler, de se passer les nerfs sur quelqu'un. Exactement comme DeathMask qui, lors d'une séance d'entraînement, l'avait battue parce qu'elle avait eu le malheur de comprendre qu'il revenait bredouille de sa dernière mission...

Lentement, la jeune fille ôta les mains de son visage, découvrant ainsi ses yeux. Elle avait failli oublier. Pourquoi chercher un défouloir, puisqu'elle en avait un tout trouvé ? Il était plus que temps qu'elle lui règle son compte. Grâce aux questions qu'elle avait habilement posées, elle savait où il demeurait.

Sans penser un seul instant qu'elle se trompait d'ennemi, ni qu'elle reproduisait ce qu'on lui avait fait en se cherchant un bouc-émissaire, l'adolescente éclata de rire. Un cosmos noir l'entoura et elle quitta ce monde sans vie.

Pour se rendre directement en Chine, dans un endroit appelé les cinq Pics.

Sanctuaire d'Athéna

— Milo !

Aiolia se précipita vers son ami. Le lourd bloc de marbre venait de l'écraser... Oh par Athéna, non ! Aldébaran demeurait circonspect. Etait-ce un effet de son imagination, il avait cru apercevoir, durant une fraction de seconde, comme un éclair doré. Serait-il possible...

La pierre trembla soudain avant de rouler sur le côté.

Dévoilant le Chevalier du Scorpion revêtu de son armure légitime.

Chine Les cinq Pics

Le cadre était splendide : une impressionnante cascade qui jaillissait d'une falaise majestueuse. En fait, il n'y avait qu'un détail qui, selon l'adolescente, gâchait le paysage. Quoi, c'était ça le vieux maître dont parlait toujours le Saint du Dragon ? Cette espèce de... petite chose toute rabougrie ? Il devait y avoir une erreur quelque part, jamais messire DM n'aurait perdu face à ce vieillard. Non, une telle éventualité était tout simplement impossible, le vieux avait certainement triché !

Apparue derrière le Chevalier, Cinnamon restait figée par la surprise et l'incompréhension. Elle qui s'était figuré un vénérable ancien aux cheveux blancs et à la longue barbe mais au corps musclé par d'innombrables combats... Cet homme qu'elle avait en face d'elle, on devait presque faire attention de ne pas marcher dessus.

Elle se raidit lorsqu'il prononça son nom.

— Cinnamon, n'est-ce pas ? J'avoue que je ne m'attendais pas à te voir ici. Néanmoins, sois la bienvenue.

Aussitôt elle vint se placer face à lui.

— Je n'ai que faire de votre hospitalité, répliqua-t-elle. Je suis venue vous rendre la monnaie de votre pièce.

Dohko ouvrit les yeux. Shiriyu avait raison, cette gamine semblait en effet bien perturbée...

— Je vois. Et puis-je au moins connaître les raisons de ton ressentiment à mon égard ?

— Vous êtes le mentor de celui qui a assassiné mon maître, rien que pour ça je voudrais vous voir mort, déclara-t-elle avec rancoeur.

— Assassiné n'est peut-être pas le terme qui convient. Si je me souviens bien, il s'agissait d'un combat où chacun avait ses chances, rappela Dohko.

— C'est faux, c'était un combat à trois contre un ! Si Athéna et l'armure du Cancer n'étaient pas intervenues...

— Il est normal qu'Athéna ait prêté assistance à l'un de ses plus fidèles défenseurs, quant à l'armure... il était temps qu'elle sanctionne le comportement de DeathMask. Cet homme a préféré suivre la voie de la violence plutôt que celle de la Justice. Ce n'était qu'un juste retour des choses. Plus que quiconque tu devrais savoir de quoi je parle.

— Tout ce que je sais, c'est que messire DM n'aurait jamais perdu face à un vulgaire Chevalier de Bronze.

— Qui a maintes fois prouvé sa valeur.

— Un Chevalier d'Or ne perdrait jamais face à un Chevalier de Bronze ! C'est... c'est anormal !

Dohko commençait à comprendre. Jusqu'à présent, Cinnamon avait toujours vu DeathMask comme quelqu'un de si puissant qu'il en était devenu intouchable. Et voilà qu'un Saint d'une caste inférieur avait eu raison de lui. Il n'y avait pas que le Cancer, d'ailleurs. La défaite des Chevaliers d'Or avait dû causer à la jeune fille un sérieux trouble. La chute de ces monstres de puissance avait eu raison du fragile équilibre que Cinnamon avait réussi à conserver. A présent son univers était sens dessus-dessous, et elle se raccrochait désespérément à des systèmes de défense qui n'avaient plus lieu d'être. Si, pendant des mois son subconscient avait réussi à la préserver, à présent elle était prisonnière de croyances erronées. Elle n'était pas encore prête à accepter la réalité. A accepter que les Chevaliers d'Or n'étaient ni parfaits ni tout-puissants mais simplement des humains susceptibles de commettre des erreurs. Tant qu'elle les idéaliserait, Cinnamon ne serait jamais libre.

La jeune fille avait baissée la tête, une main sur le front comme si elle souffrait de migraine.

— J'étais là quand Seiya et Shiriyu sont arrivés à la Maison du Cancer, dit-elle d'une voix sourde. Je les ai entendus, ils disaient qu'il était monstrueux, qu'il était la honte de la Chevalerie d'Athéna. Et moi j'étais cachée, je ne comprenais pas. Leurs paroles m'ont fait mal parce que, si messire DM est un monstre, qu'est-ce que je suis alors ?

— DeathMask s'était détourné du droit chemin mais il n'est pas trop tard pour toi.

Cinnamon releva la tête et posa sur le vieux maître un oeil étrangement fixe.

— Ah oui... J'étais venue vous tuer.

— Et bien qu'attends-tu ? Je serais curieux de connaître le résultat de l'enseignement de DeathMask. Tu crois que tu réussiras là où il a échoué ?

L'adolescente resta interdite devant cette question piégée. Elle n'était pas censée être plus forte que son maître, n'est-ce pas ? Pendant de longues seconde, elle hésita, tout en se mordant les lèvres et en triturant une de ses mèches. Un gémissement lui échappa devant ce dilemme.

— Alors ? DeathMask n'est plus là pour te dire quoi faire, tu dois décider toute seule. Veux-tu vraiment m'attaquer et me tuer alors qu'il en a été incapable ?

— Messire DM n'était pas un incapable. Et ce n'était pas non plus un monstre, je supporte pas qu'on dise ça de lui.

— Je veux bien croire que tu as vu ses bons côtés mais, d'après ce que j'en sais, il n'a pas été particulièrement tendre avec toi. Je crois même qu'il était assez violent...

— Si messire DM me flanquait des raclées c'est parce que je le méritais ! Il m'a appris pleins de choses, il m'a enseigné son attaque alors que rien ne l'y obligeait. Cet homme que vous conspuez tous, c'était le seul à me connaître vraiment, le seul qui m'ait encouragée. S'il représente la mort et vous la vie, alors je préfère encore crever !

Soit Dohko se faisait des idées, soit cette pauvre petite nageait en plein syndrome de Stockholm. D'ici qu'elle trouve des excuses à la mauvaise personnalité de Saga...

— Je vous déteste, vous et votre morale de petit bourgeois bien-pensant ! s'écria-t-elle avec acrimonie. Vous pouvez pas savoir le nombre de fois où j'ai failli vomir parce que votre disciple avait toujours une fable à raconter. Je hais les gens comme vous. Vous m'écoeurez.

— Il est difficile de plaire à tout le monde.

Cinnamon était déroutée et frustrée par la tournure que prenaient les évènements. Plus elle s'énervait et plus son interlocuteur restait calme. Cette sérénité, de même que les réparties du vieil homme, l'irritaient au plus haut point. Si au moins il pouvait perdre son sang-froid... Un cosmos noir entoura soudain la jeune fille. Un seul contact, et le maître vénéré de ce sale têtard de Rozan ne serait plus qu'un mauvais souvenir... Elle s'approcha...

Et se retrouva brusquement assise sur les fesses. Elle était tombée... Non ! On l'avait, il l'avait poussée ! Mais comment... ah oui, cette fichue vitesse de la lumière. Dohko était en pleine possession de ses moyens, lui.

— On n'est pas à la maternelle, merde ! Battez-vous sérieusement !

— C'est que je ne tiens pas à te faire de mal.

La vérité, c'est qu'on le lui avait demandé. N'eut été sa promesse à une certaine personne au yeux pers, le Chevalier de la Balance n'aurait peut-être pas retenu sa force contre la menace que représentait Cinnamon. Il ne s'agissait pas de lui, mais de ses frères d'armes qui se retrouvaient diminués à cause d'elle, de leur faiblesse face à un potentiel agresseur.

Toujours par terre, Cinnamon eut un étrange sourire. Son aura s'étira et se mit à glisser sur le sol à la manière d'un serpent. Si elle touchait Dohko, il était fini.

L'ombre s'arrêta d'elle-même. Stupéfaite, la jeune fille leva les yeux.

Une silhouette féminine se dressait derrière le Chevalier, une silhouette aux longs cheveux et qui tenait un sceptre dans la main droite.

Japon manoir Kido

Assise dans un fauteuil, les yeux fermés, Saori Kido était enveloppée d'une intense lumière dorée.

Chine Les cinq Pics

Cinnamon baissa la tête et se mit à trembler. Dohko l'observait, toujours sur ses gardes malgré son calme apparent. Nul besoin d'être télépathe pour comprendre qu'Athéna était en train de communiquer avec la jeune fille. Si elle pouvait réussir à l'apaiser...

— Non mais de quoi je me mêle !

L'espoir du Chevalier de la Balance s'évanouit lorsqu'il vit Cinnamon ouvrir des yeux d'un noir d'encre. Des yeux emplis de haine.

— Je ne sais pas si je pourrais tuer une déesse, continua-t-elle. Une chose est sûre, ça ne me dérangerait pas d'essayer !

Dohko se raidit devant cette menace mais Athéna le devança et il put entendre ses paroles :

Cinnamon, je comprends ta colère et les raisons de ta souffrance. Seulement les Chevaliers que tu attaques ou as attaqués ne sont pas responsables. Ceux qui t'ont blessée ne sont plus. Je t'en conjure, renonces à ta haine qui ne fera que t'anéantir.

Pour appuyer ses paroles, la déesse les accompagna d'une vague de compassion, un élan d'amour qu'elle envoya à l'adolescente... qui se raidit et eut un haut-le-coeur.

Japon manoir Kido

Saori poussa un cri et tomba de son fauteuil. Elle demeura à genoux sur le sol, ses longues mèches pendant de chaque côté de son visage.

Cette hostilité... Oh par Zeus comment un être humain pouvait contenir en lui autant de rancune ? Elle qui avait envoyé à Cinnamon tout l'amour et la compassion dont elle était capable venait de recevoir en contrepartie une vague de haine si virulente qu'elle en tremblait encore.

Chine Les cinq Pics

Cinnamon s'était relevée. Sans dire un mot elle se détourna de sa précédente cible et entreprit de quitter les lieux. Dohko l'appela en vain, elle ne paraissait pas l'entendre, comme si elle était dans son propre monde. Elle marchait depuis de longues minutes, à présent hors de vue du Chevalier quand, tout à coup :

— Je peux vous aider ?

La jeune fille se retourna. Devant elle se tenait une adolescente à la longue tresse noire et qui tenait un panier de linge à la main. Cinnamon savait qui elle était.

Un sourire éclaira son visage.

— Hé Dohko !

Le Chevalier serra mentalement les poings lorsque Cinnamon apparut à quelques mètres de lui. Elle tenait fermement Shunrei par sa natte et celle-ci semblait terrifiée.

— Tu n'as rien à lui reprocher, Cinnamon. Alors laisse-la tranquille.

Elle ricana tout en tirant méchamment les cheveux de sa prisonnière, laquelle poussa un gémissement.

— Au contraire, je crois me souvenir qu'elle a été une aide précieuse pour votre disciple. Ça mérite une petite récompense.

— Vieux maître...

— Le vieux ne peut pas t'aider, chérie. Pas là où nous allons.

— Cinnamon, que vas-tu faire ?

— Seulement terminer le travail.

Et les deux jeune filles s'effacèrent au coeur d'une brume de jais.

Palais de Poséidon

— Mais c'est pas vrai !

Kanon était furieux. Lui qui était venu délivrer Cinnamon... Ah qu'elle reparaisse devant lui et elle comprendrait sa douleur ! Il avait déjà eu un mal de chien à convaincre Isaak, sans compter qu'il avait lancé le Genrô Maô Ken sur Kasaa sans être tout à fait sûr de lui. Et voilà que mademoiselle se faisait la malle ! A quoi ça servait qu'il l'enferme dans sa chambre ?

— Cinnamon, bon sang, où es-tu passée ?

Yomotsu Hirasaka

Les deux jeune filles se tenaient au bord du puit des Enfers, Cinnamon tenant toujours sa prisonnière par les cheveux et par l'un de ses poignets.

— Tu sais, mon maître était le seul à pouvoir se rendre physiquement dans cet endroit. Il pouvait aussi y emmener quelqu'un sans le tuer, s'il le désirait. Le seul moyen de tuer une personne ici c'est de la balancer dans ce puit. Il a l'air profond, pas vrai ?

Cinnamon éclata d'un rire cruel et raffermit sa prise. Shunrei gémit de douleur. Ce lieu lugubre la terrifiait moins que cette fille qui semblait avoir basculé dans la folie.

— Shiriyu m'a parlé de toi, dit-elle. Il dit que tu es très malheureuse...

Pour le coup, sa gardienne la secoua violement.

— De quoi je me mêle ? Toujours à baver sa morale immonde, celui-là ! Ah ils font bien la paire, lui et le vieux ! J'espère qu'il vont en chialer quand j'en aurais fini avec toi !

Sur ses mots, Cinnamon approcha sa proie du trou béant...

"Cinnamon !"

Elle s'immobilisa, interdite. Cette voix...

"Cinnamon, où es-tu ? Reviens ici tout de suite ! Cinn !"

— Kanon...

Kanon l'appelait... Aussitôt la haine et la rancoeur que Cinnamon ressentait s'effacèrent et elle eut un sourire sincère.

Chine Les cinq Pics

Mort d'inquiétude, Dohko vit soudain réapparaître les deux jeune filles devant lui. Cinnamon lâcha Shunrei qui tomba sur les genoux. Athéna sois remerciée, elle paraissait saine et sauve.

Cinnamon, quant à elle, était étrangement calme, presque rêveuse. Son regard était vague et ses yeux avaient repris leurs teintes d'azur et d'améthyste.

De nouveau elle disparut.

Palais de Poséidon

— Ah quand même ! s'exclama Kanon lorsque Cinnamon apparut devant lui. Est-ce que tu te rends compte que j'étais fou d'angoisse ? Où étais-tu passée, bon sang ?

Sans dire un mot, l'adolescente s'approcha de lui et l'enlaça. Puis elle éclata en sanglots.

Surpris, le Dragon des Mers resta un instant bras ballants avant de les refermer sur elle.

— Heu, Cinn ? Cinnamon, c'est pas si grave, tu sais. Je crie, je crie, mais c'est parce que je m'inquiète pour toi. Allons...

Lui qui avait prévu de lui passer un savon... Il ne pensait pas qu'elle jouait la comédie : son visage était baigné de larmes et ses pleurs, déchirants, venait du fond du coeur. On aurait dit un petit enfant effrayé par un cauchemar ou en proie à un violent chagrin.

— Il est mort, Kanon, mort ! Il est parti pour toujours, il ne reviendra plus ! Plus jamais !

— Cinn, tu parles de...

— Messire DM, hoqueta-t-elle. Ce n'est pas la peine que je l'attende, il ne reviendra plus... Aucun d'eux ne reviendra...

Et Cinnamon continua de pleurer de longues minutes : ces larmes de deuil étaient les premières qu'elle s'autorisait depuis la Bataille du Sanctuaire.

Chine Les cinq Pics

— Athéna, merci infiniment.

— Je t'en prie, Dohko.

La déesse ne révéla pas à son Chevalier qu'elle n'avait rien à voir avec le brusque revirement de Cinnamon. Lorsqu'elle avait sauvé la jeune fille de la noyade, elle n'avait pas pensé qu'elle rencontrerait le frère de Saga. Apparemment, ces deux âmes s'étaient trouvées. Si seulement ils pouvaient voir l'un dans l'autre le réconfort dont ils avaient besoin. Peut-être seraient-ils l'un pour l'autre la bouée de sauvetage qu'il leur fallait.

Oui, Athéna était très optimiste. Après tout, ses Saints n'étaient pas appelés les Chevaliers de l'Espoir pour rien.

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