Sous l'océan
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.
Sous l'océan
Chapitre deux : Mascarade
Il l'avait aimée depuis le premier jour où il l'avait vue. Ses cheveux couleur de châtaigne, ses yeux brillants... Hélas, la demoiselle n'accordait aucun regard à cet étudiant en théâtre, maladroit et au visage trop pâle. Sa timidité était la raison pour laquelle il aimait jouer la comédie, devenir quelqu'un d'autre l'espace d'un instant.
Un jour quelqu'un lui remit ce billet écrit, oh miracle, de la main de sa dulcinée.
Caça n'osait croire à sa chance. Assurément c'était un rêve — un merveilleux rêve, et il n'avait pas envie de se réveiller. Ce mot lui donnait rendez-vous dans l'une des salles de répétition du conservatoire, le soir même.
Le cœur battant comme si un animal cherchait à s'échapper de sa poitrine, le jeune homme se rendit dans la pièce. A peine avait-il ouvert la porte qu'il voulut allumer la lumière. En vain, l'ampoule devait être morte. Cependant, grâce à la lumière de la lune qui filtrait par la fenêtre, il pouvait voir la silhouette qui se tenait là.
Il prononça son nom et s'avança d'un pas. Un seul.
Enhardi par l'obscurité, il oublia sa timidité et se lança dans une déclaration enflammée. Si on lui avait posé la question juste avant, il aurait répondu qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait dire. Et pourtant les mots coulaient de sa bouche avec aisance, une aisance qu'il n'avait jamais connue. Même pendant les cours de théâtre il n'avait jamais fait preuve de tant de confiance en lui.
Cependant la jeune fille ne disait toujours rien. Ayant fini de parler, et commençant à être inquiet, Caça s'approcha et tendit la main, toucha son épaule, dit son nom...
A ce moment là la lumière jaillit tandis que des rires éclataient. Et il vit sa bien-aimée ôter sa perruque, détacher de son visage le masque en latex qui lui avait servi à se grimer.
Sa belle n'était pas.. ce n'était pas elle ! Mais une de ses camarade, de la même taille, de la même corpulence. Dans la pénombre, son déguisement lui permettait aisément de se faire passer pour une autre.
Paralysé, mortifié, Caça ne bougea pas et resta muet alors que les autres étudiants se gaussaient de lui, fiers de leur bonne blague. Ils se mirent à répéter les paroles qu'il avait eues plus tôt et l'un d'eux lui dit alors que jamais il n'aurait sa chance avec elle. C'était simple ; pour elle, il n'existait tout simplement pas. Pour appuyer ses dires, celui qui venait de parler embrassa la bien-aimée de Caça en un baiser passionné.
Parce qu'elle était là, aussi, elle !
Devant ce spectacle, le jeune homme se libéra enfin de son blocage et s'enfuit en courant. Sans larmes, mais avec l'impression qu'un trou venait de se creuser dans sa poitrine.
Plus jamais, il se le promettait, il ne retournerait en cours de théâtre, plus jamais il ne reverrait cette fille ! A partir de cet instant, elle était morte pour lui.
Se faire passer pour un être aimé, comment pouvait-on se montrer aussi cruel ? Comment pouvait-on jouer ainsi avec les sentiments des gens ?
Les gens... des êtres viles et méprisables. Tous autant qu'ils étaient ! Pas l'un pour racheter l'autre. Plus Caça y pensait, plus il les détestait. Et même il haïssait... celle qui fut son premier grand amour.
Sa marche l'avait conduit sur la plage. Toujours en colère et sous le coup d'une impulsion, il détacha un canot et grimpa dedans. Il rama jusqu'à ce que les bras lui fassent mal. Alors il s'arrêta et, levant les yeux au ciel, contempla les étoiles.
C'est vrai, ils méritent de payer...
Le jeune homme se figea. Cette voix dans sa tête... Hallucination ?
Tu es plus fort, tellement plus fort qu'eux...
Après tout... bien sûr que oui il était plus fort que cette bande de sales... Ah, il était tellement furieux qu'il ne trouvait plus ses mots.
En fait, la rage le faisait trembler et il avait sans doute de la fièvre aussi car il avait chaud, très chaud. Il fallait... il fallait qu'il se rafraîchisse ! L'eau sombre autour de lui paraissait si tentante... Si pure... Contrastant avec ces humains si écœurants.
Soudain, sans réfléchir mais mû par son instinct, Caça se jeta par-dessus bord. Aussitôt il se trouva pris dans un tourbillon qui l'entraîna loin, très loin sous la surface. Et tout devint noir.
Lorsqu'il reprit conscience, il était dans un lieu étrange mais magnifique. Près de lui s'élevait un immense pilier dont le haut se perdait dans le lointain. En plus il faisait froid ici... Mais cela ne le dérangeait pas. Au contraire, la température glaciale s'harmonisait parfaitement avec son cœur, lui aussi gelé.
La voix qu'il avait entendue lui parla à nouveau. Sauf que, cette fois, il la reconnaissait comme sienne, c'était la voix de sa conscience. Elle lui chuchotait qu'il était l'un des Généraux de Poséidon, Caça des Lyumnades. Et une Scale devait lui revenir de droit. Afin qu'il puisse servir son empereur, le dieu des océans en personne.
Il rencontra un autre Marina qui se faisait appeler le Dragon des Mers. Lequel lui expliqua que sa majesté Poséidon avait décidé de noyer la Terre afin de créer un monde nouveau.
Noyer la Terre, hein ? Cela tombait bien, au cours de la soirée, Caça en était venu à penser que les êtres humains ne méritaient pas de seconde chance. C'est pourquoi il se jetterait dans la bataille qui allait suivre. Et comme tous les coups étaient permis, il utiliserait tous les moyens pour gagner face à ses adversaires.
Lui qui avait, dans son autre vie, adoré le théâtre, il comprit instinctivement sur quoi se basait son attaque la plus terrible. Et il se réjouissait déjà du petit tour qu'il allait jouer à ses adversaires... sans réaliser un seul instant qu'il allait reproduire ce qu'on lui avait fait, sa vie avant de devenir Marina se perdant dans une sorte de brouillard.
Lui, Caça des Lyumnades, était prêt pour le combat !