Sous l'océan
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.
Auteur : Iris-Ardell
Sous l'océan
Chapitre trois : Confiance
Tout le monde le disait : Baian, c'était de la graine de champion. Déjà tout petit, sachant à peine marcher, il était capable de nager correctement. C'est que l'enfant adorait l'eau, au point qu'il refusait d'en sortir lorsque c'était l'heure de quitter la piscine. Se retrouver dans cette étendue liquide, il n'y avait rien de tel, selon lui, pour éprouver un sentiment de liberté, un peu comme s'il volait. De plus, il se sentait tellement en sécurité dans l'eau !
Tout naturellement, Baian s'était inscrit au club de natation de son lycée, et, tout naturellement, raflait les récompenses. Son entraîneur lui parlait même des jeux olympiques comme d'une possibilité d'avenir. Et le jeune homme était fier, oui, fier de lui. Le regard plein d'orgueil que son père posait sur lui renforçait encore sa confiance en soi. Un champion, disait-on. Sa vie était toute tracée ; obtenir des médailles, jusqu'à la consécration ultime.
Un jour, cependant, il se passa une chose étrange... et inquiétante.
Il était en train de nager dans la piscine de son lycée lorsque, brusquement, une immense faiblesse s'empara de lui. Comme si on lui avait coulé du plomb dans les veines, il ne parvenait plus à bouger bras et jambes. Son entraîneur sauta à l'eau et vint lui porter secours, le ramenant sur la berge. Baian toussa et cracha, et fut incapable d'expliquer son malaise. Le coach crut à une crampe, ce que le jeune homme ne démentit pas. Cela irait mieux demain, ce n'était qu'un coup de mou passager.
Sauf que le lendemain, cela recommença. Pire, il s'était à peine immergé que la faiblesse revint, encore plus terrible que la veille. Au point qu'il dut sortir de la piscine au plus vite.
Cela se reproduisit les jours suivants. Aux autres, il disait qu'il était fatigué, qu'il avait besoin d'un peu de repos. Ce qu'ils ignoraient, c'était que Baian n'était pas fatigué, du moins pas en-dehors de l'eau. Ce n'était que dès qu'il trempait un pied dans le liquide que l'adynamie s'emparait de lui, le contraignant à abandonner.
Et cela n'avait pas l'air de vouloir s'arranger... Si, au début, le jeune homme avait cru à un mal passager, à présent c'était la peur qui le tenaillait. Et s'il n'était plus capable de nager ? S'il devait dire adieu aux compétitions, à l'avenir brillant qui, jusqu'à présent, s'était dessiné devant lui ?
Et ne plus voir la fierté dans les yeux de son père...
Élevé depuis son âge le plus tendre comme un futur champion, Baian avait de plus en plus de mal à supporter son impuissance. Que pouvait-il faire, que savait-il faire d'autre à part nager ? Il était si sûr de son don qu'il avait négligé les autres activités.
À présent il ne lui restait plus rien. C'est du moins ce qu'il croyait alors que, cette nuit-là, il marchait sur la plage. Ah il ne pouvait plus nager, hein ? C'était parfait, la fin n'en serait que plus rapide.
Déterminé, il avança dans l'eau, s'enfonçant toujours plus loin, mettant de la distance entre lui et la plage. Le liquide lui arrivait aux mollets, à la taille, aux épaules. Comme précédemment, la faiblesse à présent familière s'empara de lui et il ne fit rien pour la combattre.
Il était calme, et en même temps il avait la tête qui tourne. Il avait chaud aussi, comme s'il était pris de fièvre. Allons ! Encore quelques pas, encore un effort, et ce serait terminé.
Une fois sous la mer, il se sentit emporter par le courant et s'abandonna.
Quelques temps plus tard, il ouvrait un œil étonné. Comment, il ne s'était pas noyé ? Et d'abord, où était-il ?
Levant la tête, il eut la surprise de voir au-dessus de lui un ciel magnifique qui, il le comprit instinctivement, était le fond de la mer. Un pilier immense se dressait là, si haut qu'il vous donnait le vertige.
Baian se mit debout, et constata avec étonnement qu'il ne ressentait plus la moindre fatigue. Bien mieux : il éprouvait à présent une force jamais connue jusque là. Ce n'était plus du plomb que charriaient ses veines mais une énergie inconnue. Cette puissance, il la reconnaissait comme sienne, comme s'il avait toujours su qu'elle était là, en lui, attendant le moment de se manifester. Attendant aujourd'hui. Et Baian sut qu'il pourrait nager à nouveau, mieux encore qu'avant sa "maladie".
Et ce n'était pas tout. Quelque chose lui disait, lui hurlait au plus profond de lui qu'il était un Général des Mers, son totem était le Cheval des Mers et une protection, une Scale, devait lui revenir de droit. Son passé s'effilochait très vite au point que, bientôt, il n'en garda aucun souvenir conscient, juste la conviction d'être extrêmement à l'aise dans l'eau.
Il avait également un devoir, celui de servir l'empereur des océans, Poséidon en personne. A présent, lui seul comptait.
L'homme qu'il rencontra peu de temps après, et qui disait être le Dragon des Mers, lui raconta que Sa Majesté avait prévu de déverser des tonnes de litres d'eau sur la terre, afin de noyer la vermine qui s'y trouvait et de pouvoir bâtir ensuite un monde nouveau, idéal. Soit ! Après tout, pourquoi pas ? C'était vrai que les hommes étaient corrompus, il suffisait de regarder les informations pour s'en rendre compte.
Baian ne pensait plus du tout à ceux qu'il avait laissés derrière lui. Son avenir, son destin, étaient là devant lui ; ce pilier qu'il lui faudrait protéger au péril de sa vie.
Lorsqu'il apprit que ce serait de simples Saints de Bronze qui tenteraient d'empêcher Poséidon d'accomplir sa volonté, le jeune homme sut que la partie était jouée d'avance. Allons, lui qui était aussi fort qu'un Chevalier d'Or (oui parce que tout ce savoir concernant son propre camp et le camp ennemi s'était éveillé dans sa tête, comme la certitude d'être Baian du Cheval des Mers), il n'aurait qu'à lancer une fois sa technique pour balayer son adversaire. Encore serait-il sans doute obligé de restreindre sa puissance à cinquante pour cent.
Oui, ce nouveau Marina avait confiance en lui (ah cette confiance retrouvée, enfin!), en son dieu, en ses nouveaux compagnons. Ils étaient les plus forts, la victoire ne serait qu'une formalité.