Coeur de Bronze
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.
Auteur : Ardell
Cœur de Bronze
Chapitre deux : Le venin de l'Hydre
Il était tout petit, Ichi, lorsqu'il avait failli mourir. C'était lors d'une petite excursion sur les îles Ryūkyū. À trois ans environ, il s'était éloigné des autres orphelins, partant à l'aventure. Aventure qui aurait pu très mal finir. Il avait vu cette forme mouchetée d'or, enroulée sur elle-même. Téméraire comme tous les enfants, il avait voulu toucher ce drôle d'animal. Qui, brusquement, s'était redressé, vif comme l'éclair. Aussitôt, une vive douleur à la main du petit garçon. Un cri, et un adulte qui accourt. Vite, Ichi avait été amené de toute urgence à l'hôpital le plus proche, où on lui avait donné un sérum contre cet "habu". Compte tenu du jeune âge du patient, le pronostique vital était engagé. Aussi fut-ce le soulagement lorsque les résultats d'analyses démontrèrent qu'Ichi était hors de danger. Cet incident se rangea dans un coin de sa tête, à vrai dire, il l'avait oublié consciemment.
Puis, plus tard, il y avait eu cet autre orphelinat, le jardin d'enfants des Étoiles, où il avait rencontré d'autres garçons, Jabu, Seiya, Geki, Nachi et les autres. Un jour, des hommes en costume étaient venus et avaient emmené les garçons dans une nouvelle maison. Celle-ci, apprirent-ils ensuite, appartenait à un certain Mitsumasa Kido, fondateur de la riche fondation Graad. Lorsqu'il le sut, Ichi pensa que le pire était derrière lui. Il ignorait pourquoi tous ces orphelins avaient été amenés là, mais il ferait ce qu'il fallait pour convaincre le multimillionnaire de le garder.
Et cela passait par des entraînements physiques éprouvants. Sauts à la corde, soulever de poids, course... Peu importait, s'il fallait en passer par là pour avoir une chance de plaire et, qui sait, être adopté par ce Kido. Ainsi, cela en serait fini de cette existence d'orphelin, trimballé de foyer en foyer, comme si personne ne voulait de lui. En tout cas, il y en avait une qui savait parfaitement ce qu'elle valait. La première fois qu'Ichi avait vu Saori, il avait cru à une princesse. C'est qu'elle en avait tous les atours. Jusqu'à son comportement, digne de celui d'une gamine pourrie gâtée. En voyant le traitement infligé à Jabu, le seul à avoir accepté de jouer au cheval, Ichi avait décidé que cette Saori, il ne l'aimait pas.
Il avait sept ans quand eut lieu le tirage au sort. On leur avait dit que c'était pour décider à quel endroit les envoyer. Oui, parce qu'ils étaient censés partir vers l'inconnu, avec pour but de s'entraîner et de revenir avec une armure de Bronze. Bah, pourquoi pas ? Depuis le temps qu'il vivait en orphelinat, et surtout depuis qu'il était à la fondation Graad, Ichi avait bien compris qu'il valait mieux être fort. Il ramènerait cette armure et ainsi personne ne pourrait lui faire de mal, et ce serait lui qui imposerait le respect. Lui, le pauvre orphelin.
Le sort l'avait envoyé en Finlande, au lac Holtz pour être précis. Son maître était un homme sévère mais juste. Son absence de cruauté était la bienvenue pour le garçon, tant l'entraînement était dur. Bien plus difficile qu'à la fondation. Il apprit ce qu'était le cosmos. Il apprit à l'éveiller et à le faire croître. Une fois cela fait, il avait cru à sa propre puissance. Seul son maître savait, lui, que c'était ridicule par rapport à son propre cosmos ou à celui d'autres Chevaliers confirmés.
Sept ans après son arrivée, le maître d'Ichi le soumit à une épreuve. S'étant absenté quelques heures, il était revenu avec un sac de toile. Puis il avait demandé à Ichi d'y mettre la main. Confiant en son maître, l'adolescent avait obtempéré. La douleur qu'il ressentit alors fit écho dans son esprit à une autre souffrance, loin dans sa mémoire. Avec un cri, il s'était jeté en arrière, avait chuté sur le sol. Le venin du Taïpan du désert fit son œuvre : un feu brûlant enflammait le sang d'Ichi. La neurotoxine s'attaquait à son système nerveux, déjà tout s'embrouillait et s'enténébrait...
À travers un voile de douleur, le garçon entendit la voix de son maître, comme venue de très loin, qui lui parlait de cosmos, de faire exploser son cosmos.
Allons, il pouvait le faire ! Au prix d'un effort, il avait en effet intensifié sa cosmo-énergie et, peu à peu, avait senti le poison refluer dans son organisme, jusqu'à n'être qu'un petit, un minuscule point guère plus gênant qu'une mouche posée sur le bras.
Son maître l'avait félicité. Lui qui convoitait la Cloth de l'Hydre, il avait réussi l'épreuve consistant à neutraliser un poison violent. Son attaque principale consistant à se servir de griffes empoisonnées, il était logique qu'il soit soumis à ce genre de test. Désormais, et avec l'entraînement qu'il avait reçu, Ichi était capable de paralyser et de tuer n'importe qui. Ah, quelle fierté lorsqu'il reçut son armure de Bronze ! À présent, il était l'homme le plus, ou du moins l'un des hommes les plus forts au monde !
Il avait dit adieu à son maître, après l'avoir remercié, et était retourné au Japon, comme cela était prévu. Il avait retrouvé ses anciens compagnons d'infortune, qui, eux aussi, avaient réussi et pris possession des autres Cloths. Il avait appris que Kido était mort, et que sa petite-fille, Saori, organisait un grand tournoi appelé les Galaxian Wars.
Lorsque ce fut à son tour, Ichi eut un sourire de confiance. Allons ! Ce type à l'air glacial ne tiendrait pas face au venin de l'hydre !
Ah mais, que se passait-il ? Cet Hyôga avait réussi à geler les griffes d'Ichi ! Et cette attaque, cette poussière de diamants, comment pouvait-elle souffler un air aussi froid ?
Vainqueur, Hyôga. Battu, humilié, Ichi rumina son échec. Quand il pensait à sa propre fierté en obtenant son armure de l'Hydre, à présent cette fierté en prenait un coup.
Soudain était apparu Ikki, interrompant les Galaxian Wars et s'emparant du trophée, l'armure d'or du Sagittaire. Seiya, Shiryu, Hyôga et Shun s'étaient lancés à sa poursuite. Ichi était resté avec les autres Chevaliers de Bronze. Il avait encore dans la bouche le goût amer de la défaite. Son maître avait-il bien fait de le laisser partir ? Etait-il réellement prêt ce jour-là ?
Un regard aux autres, Jabu, Nachi, Geki et Ban, et Ichi avait lu dans leurs regards le même doute qui l'assaillait. "Pour mon premier combat, j'aurais dû faire bien mieux", "j'aurais dû arrêter Phénix quand il était encore là", voilà ce que pensaient les adolescents.
Mais ils l'avaient compris ; ils n'étaient pas à la hauteur. Ce fut d'un commun accord qu'ils décidèrent de retourner chez leurs maîtres respectifs.
Ichi retourna donc au lac Holtz. Son maître hocha la tête en le voyant, comme s'il s'y attendait au fond. Oui, le jeune homme était Saint de l'Hydre, cependant, il avait encore beaucoup à apprendre, et cela passerait par les combats auxquels il serait confronté. En attendant, il avait besoin de s'entraîner encore.
Quelque temps plus tard, jugeant qu'il avait fait assez de progrès, Ichi était une nouvelle fois retourné au Japon. Là, il avait reçu un coup de téléphone de Jabu lui expliquant que Saori, l'horrible gosse pourrie gâtée de leur enfance, était, en fait, la réincarnation de la déesse Athéna.
Athéna, Athéna... Ichi se souvenait que son maître lui en avait parlé. Un Chevalier avait pour but ultime de protéger cette divinité. Jusque-là, l'adolescent n'y avait pas prêté attention ; cette Athéna, c'était de l'abstrait pour lui, quelque chose de lointain. Et voilà que, tout d'un coup, cette notion prenait une dimension réelle.
Soit ! Puisque tel était son devoir, Ichi s'en acquitterait. Avec les autres , il s'était rendu en Grèce où ils avaient trouvé Saori allongée à même le sol, une flèche d'or en plein cœur. Les cinq Bronzes étaient arrivés juste à temps pour la sauver d'une bande de misérables gardes. À comme cela faisait du bien de se sentir utile ! Gonflés à bloc, ils avaient émis l'intention d'aller prêter secours à Seiya et les autres, mais Jabu les en avait dissuadés. Non, ce serait ici qu'ils seraient les plus utiles, auprès de la déesse. N'étaient-ils pas censés la protéger ?
C'était là la raison d'être d'un Saint, quel que soit son rang. Et Ichi ne faillirait pas.
Après tout, le venin de l'hydre coulait dans ses veines !