Coeur de Bronze

Chapitre 3 : Force et amour

1812 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 21:23

Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.

Auteur : Ardell

Cœur de Bronze

Chapitre trois : Force et amour

L'île d'Andromède était un véritable enfer sur terre. Chaleur torride le jour, froid glacial la nuit. Rien, absolument rien qui permette de se reposer un peu de l'entraînement intensif que les apprentis subissaient.

June en était certaine, ce Shun ne tiendrait pas une journée. Elle l'avait bien cerné lorsqu'il était arrivé. Ce jeune garçon était fragile, trop fragile. Elle-même, arrivée quelques semaines plus tôt, devait serrer les dents. Car il n'y avait pas que le climat insupportable, il y avait également les autres élèves d'Albior, tous prêts à tout pour obtenir la Cloth la plus prestigieuse de cet endroit : celle d'Andromède.

Tout ce que voulait June, quant à elle, c'était une armure de Bronze. Peu importait laquelle. Elle était là parce que, orpheline, elle avait été recueillie par Albior. Lequel lui avait parlé des Saints d'Athéna. Aussitôt, la fillette avait éprouvé le désir d'en faire partie. Ah, être forte, pouvoir se débrouiller toute seule, se battre pour ses idéaux... Leur maître ne faisait aucun favoritisme avec elle, elle était logée à la même enseigne que les autres. Combien de fois s'était-elle évanouie à cause de la température brûlante, en plein midi ? Même de rester immobile avec un linge humide sur le front ne préservait pas du malaise, alors imaginez en plein entraînement ! Il lui avait fallu plusieurs jours avant de se faire au climat.

Évidemment, les autres, dont notamment Léda et Spica, guettaient le moindre signe de faiblesse. Mais elle avait tenu bon. Malgré les sarcasmes et les railleries de ceux qui lui disaient de rentrer chez elle. Oui mais voilà, l'île d'Andromède était devenue "chez elle". Et au fur et à mesure de ses progrès, June gagnait en assurance. À l'arrivée de Shun, elle était parvenue à s'acclimater, et même à faire des progrès.

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant que, non seulement le jeune garçon tenait le choc, mais qu'en plus il s'améliorait lui aussi. Pourtant, à chaque fois, June croyait que c'en était fini de lui. Contre Léda, contre Spica, contre tous. Chaque fois, il lui prouvait qu'elle avait tort. Qu'il était bien plus fort qu'elle ne le pensait.

Peu à peu, naissait en elle un étrange sentiment. Sur cette île infernale, au milieu des efforts dantesques employés par ces apprentis, la douceur et le sourire de Shun offraient une véritable oasis de fraîcheur. Et June se prenait à vouloir le protéger, le préserver. Lorsque avaient eu lieu les combats contre leurs rivaux, elle avait voulu le persuader de s'arrêter là ; après tout, il avait appris déjà tellement de choses, il était bien plus fort qu'à son arrivée, il y avait sept ans. Léda et Spica ne jouaient pas fair-play, ils tenteraient le tout pour le tout, quitte à commettre l'irréparable.

Shun avait gagné. Chaque fois, il avait remporté la victoire, laissant ses adversaires mortifiés et vindicatifs. June n'aimait pas la lueur mauvaise qui brillait dans leurs regards. Et lui, le gagnant, plein de sollicitude envers les perdants, ne remarquait rien. Cette victoire, il allait la payer. Cela, June l'avait compris.

Mais en attendant, l'apprenti Chevalier devait passer l'ultime épreuve. Là, June en était sûre, il n'en sortirait pas vivant. Tenter cela, c'était du suicide pur et simple. C'était une chose de battre ses adversaires, c'en était une autre de se libérer des chaînes d'Andromède alors que l'eau vous submergeait...

Elle usa de tout son pouvoir de persuasion, tenta de le faire changer d'avis. Ne pouvait-il se contenter de ce qu'il avait ? Et tiens, pourquoi ne briguerait-il pas une autre Cloth ? Pourquoi celle-là ? Ah parce qu'il avait promis à son frère de revenir avec l'armure qu'on l'avait envoyé chercher...

En désespoir de cause, elle supplia Albior de faire cesser ce test insensé. En vain. C'était la volonté de Shun.

Shun, Shun, pourquoi ? Je ne veux pas que tu risques ta vie, moi, je te veux vivant. Je veux encore pouvoir voir ton doux sourire, parler avec toi. La perspective de te perdre est trop dure. Si cela arrivait, toutes ces années, tout cet entraînement, n'auront servi à rien. Parce que je perdrai le goût de tout, même de ma mission, être un Saint de Bronze.

Quel soulagement lorsque cette horrible épreuve prit fin, avec la victoire de Shun ! Désormais en possession de la Cloth légendaire d'Andromède, il était reparti au Japon. June était restée, soulagée de la victoire de son ami, et déterminée plus que jamais à obtenir une armure. Le courage et la volonté de Shun lui avaient donné des forces, de l'énergie. Et elle finit par l'avoir. Ce fut la Cloth du Caméléon. Bientôt, la jeune fille était capable de manier son fouet avec autant de force et de précision que s'il était un prolongement de son propre corps.

Ce fut alors qu'il était apparu. Lui, l'assassin du Sanctuaire. D'un souffle, le Saint à l'amure dorée avait balayé tous les apprentis. Comment... comment pouvait-on posséder un tel cosmos ? Une telle puissance, c'était anormal. Albior... Albior allait faire quelque chose n'est-ce pas ? Lui qui était si fort, lui, leur maître à tous.

Ce fut avec un goût amer dans la bouche que June assista à la défaite de son mentor, celui qui l'avait recueillie. Sa mort la laissa désemparée. Pas le temps cependant de s'apitoyer, il lui fallait se battre, elle aussi. Malheureusement, ce fut impossible. Bouger était impossible : le souffle de l'assaillant lui ayant donné l'impression d'être broyée par une véritable tornade. Il n'y avait guère qu'Albior qui était capable de bouger et de se battre, et maintenant il n'était plus. De tout cela, June en était sortie avec l'idée que les Saints d'Or étaient surpuissants, invincibles, intouchables.

Quand elle apprit, plus tard, que Shun avait l'intention d'aller au Domaine Sacré, pour, avec Saori Kido et ses compagnons, renverser le pouvoir en place, cela l'horrifia. Oui il avait réussi l'épreuve d'Andromède, mais là, on parlait des êtres les plus puissants du monde, les plus puissants parmi la chevalerie d'Athéna ! C'était du suicide, tout simplement.

Elle le retrouva sur le port, et lui fit le récit de ce qui s'était passé sur l'île. Elle tenta de le dissuader. Hélas, là encore en vain. Mais pourquoi Shun était-il aussi aussi têtu ? Ne comprenait-il pas ? Ne comprenait-il pas ce qu'il représentait pour elle ? Toutes ces années d'entraînement, il avait été comme l'eau fraîche dans la fournaise, comme une oasis de douceur dans un monde brutal. Une chose délicate, qui pourtant s'était révélée la plus forte parmi eux tous. Mais cela suffirait-il face aux Saints d'Or ? Non, bien sûr que non. Shun était un Bronze, eux ils étaient d'or. La différence était énorme. Jamais il ne s'en sortirait vivant s'il défiait le Sanctuaire ! Tandis qu'elle essayait de le convaincre, son masque, son précieux masque quitta son visage. Et elle eut l'impression qu'alors, c'était son cœur qui était mis à nu devant lui.

Une femme Chevalier ne doit jamais ôter son masque devant un homme, sauf...

Allons, quelle importance qu'il puisse la voir ? Ne s'était-elle pas déjà ouverte en s'inquiétant pour lui, en le suppliant de ne pas aller risquer sa vie ? N'importe qui aurait compris...

Tiens, les revoilà, eux. Léda et Spica. Bien décidé à obtenir la tête de leur rival. Lequel avait fini par les battre. Comme s'ils avaient tous besoin de ces dissensions !

Blessée, June se réveilla dans une clinique de la fondation Graad. Là, elle reçut la visite de Marin de l'Aigle. Qui lui apprit que Shun et les autres étaient bel et bien partis pour le Sanctuaire.

Cette fois c'était fini ! Jamais elle ne reverrait Shun !

Puis elle songea à toutes ces fois où elle avait douté de lui, persuadée qu'il ne s'en sortirait pas vivant. Chaque fois, il l'avait détrompée. Ce pouvait-il que cette fois encore ? Non, ce serait trop beau. Cette fois il s'attaquait à bien plus fort que lui. Tous autant qu'ils étaient, ils étaient condamnés !

Une fois de plus, il la fit mentir. Une fois de plus, elle dut admettre sa force extraordinaire. Tenir tête à l'élite de la chevalerie, et survivre, mieux : gagner !

Elle aussi avait une bataille à livrer à présent. Faire comprendre ses sentiments à celui qu'elle aimait depuis longtemps. Grâce à lui, elle avait compris que l'amour était aussi une force.

 

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