Coeur de Bronze
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.
Auteur : Ardell
Cœur de Bronze
Chapitre cinq : la morsure du loup
La famille. Une notion étrange, comme venue d'un autre monde. Un monde dont les règles dépassaient sa compréhension. Avoir un père et une mère, comme cela paraissait fantastique et irréel !
Chaque fois qu'un orphelin était choisi par ses nouveaux parents, Nachi se demandait ce qu'il avait bien pu faire pour accéder à cette récompense ultime. Pourquoi pas lui ? Était-il laid ? Stupide ? Ah comme il aurait aimé être l'heureux élu, pouvoir dire au-revoir aux orphelinats où il était trimballé comme une pièce rapportée ! Comme si, chaque fois, les dirigeants de l'hospice désiraient se débarrasser de lui et le remettre à un collègue.
Aussi, lorsque Matsumasa Kido décida d'emmener plusieurs orphelins, Nachi ne se sentit plus de joie. Enfin, ça y était ! Il avait été choisi. Certes avec d'autres orphelins, mais qu'importe. Il ferait tout pour se rendre indispensable, pour convaincre ce vieil homme de le garder, lui plutôt qu'un autre. Parce que Nachi l'avait bien compris : le multimillionnaire avait emmené tous ces garçons dans le but de les tester, de les évaluer. Pour finalement choisir celui qui resterait avec lui, dans sa magnifique demeure.
Lorsque les enfants furent conduits à ce hangar rempli de machines et d'instruments, et qu'on leur ordonna de faire tous ces exercices physiques, tout naturellement, Nachi se donna à fond. Dans l'espoir de séduire son peut être futur père (ou grand-père ?).
Un jour, alors qu'il était en train d'essayer de soulever des poids très lourds, il tourna machinalement la tête pour regarder la plate-forme, là-haut. Et il la vit pour la première fois. Des cheveux violets coupés court, une jolie robe de princesse... Qui était-elle ? Pourquoi monsieur Kido avait-il la main posée sur son épaule, d'un air protecteur ? Se pourrait-il que cette fillette soit...
Plus tard, Nachi, ainsi que les autres, apprirent l'identité de cette enfant. Elle s'appelait Saori et était la petite-fille de Kido. Sa petite-fille ! Ah comme elle avait de la chance ! Elle n'était pas orpheline, elle, elle avait quelqu'un pour veiller sur elle. Elle n'avait aucun effort à fournir pour plaire à un éventuel parent. C'était injuste. Pourquoi certains naissaient-ils avec une cuillère en argent dans la bouche pendant que d'autres devaient redoubler d'efforts pour se faire accepter ?
Nachi n'avait jamais lu de contes de fées, et on ne lui en avait jamais lu. Pourtant il se figurait que les princesses devaient obligatoirement être très jolies mais également douces et bonnes. Saori remplissait la première condition. Quant aux deux autres... En fait de douceur, c'était de la tyrannie ; en fait de bonté, c'était de l'égoïsme à l'état pur. Jamais Nachi n'avait vu une pareille enfant gâtée. Et bien sûr, elle en profitait !
Ce jour-là, mademoiselle avait décidé de jouer au cheval. C'est qu'elle avait toute la panoplie de la cavalière, depuis l'uniforme jusqu'à la cravache. Tout d'abord, Nachi fut du même avis que Seiya et que les autres. Non mais pour qui se prenait-elle ? Il était hors de question de... Une minute... Elle était la petite-fille de l'homme qui avait tout pouvoir en ces lieux. Dont celui de les chasser comme ils étaient venus. Peut-être devrait-il mettre sa fierté de côté et... Et c'était là, avant que Nachi ait pu faire un geste, que Jabu se proposa comme monture à Saori. Sur le moment, Nachi fut un petit peu vexé d'avoir été coiffé au poteau. Mais quand il vit la façon dont Saori se comportait avec son "cheval", lorsqu'il vit ensuite les écorchures sur les genoux de Jabu, il se félicita de ne pas avoir ouvert la bouche et de ne pas s'être proposé avant son camarade. Décidément, qu'elle sale peste ! Et dire qu'il fallait être gentil et soumis envers elle. Nachi s'était promis de faire n'importe quoi pour être choisi. Mais pas à ce point. Il y avait des limites tout de même !
Il y eut le tirage au sort. Apparemment, les garçons seraient envoyés aux quatre coins du monde pour s'entraîner et rapporter une armure de Bronze. Voilà le pourquoi de ces exercices physiques ! C'était de la préparation.
Le sort désigna pour Nachi le Libéria, en Afrique de l'Ouest. Lui qui n'avait jamais quitté le Japon ! Quelle aventure ! Il ouvrit de grands yeux pendant le voyage, essayant de ne pas en perdre une miette.
Arrivé à destination, il rencontra son maître, un homme sage et juste. Grâce à lui, les difficultés de l'entraînement parurent plus supportables à Nachi. Certes, ses poings saignaient à force de les projeter contre la pierre impassible, certes ses poumons cherchaient de l'air lorsqu'il devait courir de toutes ses forces pendant des kilomètres et des kilomètres. Mais les paroles pleines de bienveillance de son maître lui redonnaient chaque fois l'envie de s'y remettre à fond. Car s'il était compréhensif, l'homme n'en oubliait pas d'inculquer à son élève l'enseignement nécessaire, qui passait par des exercices physiques éprouvants.
Un jour, alors qu'il s'entraînait, Nachi fut interrompu par un drôle de bruit, l'on aurait dit de petits couinements ou gémissements. Intrigué, il s'approcha et vit une louve allongée sur le côté. Près d'elle, trois petits louveteaux. La raison pour laquelle l'animal était couché sauta aux yeux de Nachi. La louve avait la patte prise dans un piège. Aussitôt, le garçon tendit la main pour la libérer lorsque... aïe ! Sa main se retrouva entre les mâchoires de l'animal. Du sang commença à couler de sa gueule. Ses yeux étaient comme fous de terreur. Nachi se dégagea et chercha quelque chose, un bâton, n'importe quoi pour faire levier. Puis il se souvint. S'il s'entraînait si dur, c'était pour faire jaillir le cosmos en lui, pour devenir fort, le plus fort. La louve l'avait déjà mordu ? Qu'à cela ne tienne, comme s'il allait pleurnicher pour une simple morsure alors qu'il s'éclatait les poings contre les rochers et menait son corps aux limites de ses capacités. Il se concentra, et sentit bientôt une douce chaleur l'envahir, de même qu'il éprouvait une impression de grande force en chacun de ses muscles. Cette fois, comme apaisée par l'émanation de ce cosmos, la louve resta tranquille pendant que le garçon, à mains nues, la débarrassait de ce piège de fer. Les petits sautillèrent de joie quand leur mère se redressa. Elle boitait mais pouvait encore se déplacer tant bien que mal. Elle emmena sa progéniture plus loin, là où vivait leur meute. Nachi la suivit, tâchant de se dissimuler et tout en prenant garde à la direction du vent pour éviter que son odeur ne le trahisse. Il vit les loups, et fut heureux de constater que la louve recevait bon accueil. Comme elle ne pouvait pas chasser pour l'instant, c'étaient ses congénères qui les nourriraient, elle et ses petits.
A partir de ce moment, Nachi profitait des rares moments de répit de son entraînement pour aller voir la meute et l'observer. Il les connut bientôt par cœur. Chose étrange, les animaux ne se sauvaient pas ni n'attaquaient. Comme s'ils savaient qu'il ne leur voulait pas de mal.
Vint le jour où, enfin, son maître lui annonça qu'il avait gagné l'amure du Loup. Depuis qu'il avait libéré la louve, en effet, le garçon avait beaucoup progressé. Il fallait dire que cette fois-là fut la première fois où il utilisa son cosmos. Son maître lui dit également que les loups l'avaient senti et reconnu comme une présence extrêmement forte mais amicale. Ils avaient en quelque sorte senti le Chevalier en lui.
Nachi était heureux et fier de lui-même. Ça y était, il était le plus fort ! Peut-être même le plus fort du monde, enfin, à part son maître bien sûr.
Il revint au Japon. Où il retrouva les autres orphelins. Environ une dizaine d'entre eux avait réussi l'obtention des armures. Saori Kido, l'horrible gamine de leur enfance, avait organisé un grand tournoi.
Mais alors que la Licorne disputait son combat avec Andromède, Ikki fit son apparition. Aussitôt dans l'esprit de Nachi revint cette fois où le frère de Shun lui avait flanqué une bonne correction, juste avant le tirage au sort. Nachi avait en effet eu la mauvaise idée de se moquer de ce petit garçon fragile qu'était Shun à l'époque.
A présent, tout avait changé. Shun, bien sûr, puisqu'il avait réussi à obtenir une Cloth, mais également Nachi. Celui-ci se savait plus fort que dans sa jeunesse. Toutes ces années d'entraînement, elles n'avaient pas servi à rien tout de même ! Il allait lui montrer à ce Phénix ! D'ailleurs, le Loup et lui étaient censés se battre dans le cadre du tournoi.
Sûr de lui, Nachi s'apprêta à frapper... mais, qu'est-ce que c'était que cela ? Un poing, un poing gigantesque qui semblait grossir encore et encore, et qui arrivait droit sur lui ! Sa puissance était telle que l'armure de Nachi se brisa en mille morceaux.
Et le Loup se réveilla quelque temps plus tard, abasourdi et choqué. Près de lui, Jabu, Ichi, Ban et Geki. Les autres, où étaient les autres Chevaliers de Bronze ? On lui apprit que Phénix avait volé l'armure d'or du Sagittaire et que Seiya, Hyôga, Shun et Shiryu s'étaient lancés à sa suite.
Et eux, que faisaient-ils là ? Pourquoi n'étaient-ils pas également à sa poursuite ?
La réponse, évidente, apparu à Nachi dans toute sa clarté aveuglante. Parce qu'ils n'étaient pas assez forts. Ikki l'avait prouvé, ils n'étaient encore que des amateurs. Ah comme cela faisait mal à leur égo ! Mais il fallait se rendre à l'évidence. Le mieux était... de retourner là où ils avaient obtenu leurs Cloths, pour s'entraîner encore et encore. Pour pallier leur pitoyable faiblesse.
Ce fut ainsi qu'il retourna au Libéria. Il revit son maître, qui semblait l'attendre comme s'il avait toujours su qu'il reviendrait. Et Nachi s'entraîna une fois de plus. Il y mettait encore plus de cœur que la première fois. Cette fois, il savait que ce n'était pas parce que l'on portait une armure sur le dos que l'on était invincible.
Une fois qu'il se jugea prêt, il revint une nouvelle fois au Japon. Là, il apprit par Jabu que Saori, oui Saori, l'horrible peste gâtée pourrie, celle qui avait organisé le tournoi, n'était autre que la réincarnation d'Athéna.
Athéna... le maître de Nachi lui en avait parlé, elle était la divinité que protégeaient les Saints. Ainsi c'était vrai, et non pas une veille légende. Après tout, le cosmos existait alors pourquoi pas les dieux. Ce fut ainsi que Nachi rejoignit les autres en Grèce où il trouva Saori, pardon, Athéna, allongée, une flèche d'or en plein cœur. Si elle n'avait pas encore succombé, alors c'était sans doute la preuve de sa divinité.
Le jeune Chevalier se promit de la protéger : elle avait l'air si vulnérable, et en même temps se dégageait d'elle comme une aura douce et puissante à la fois. Elle avait beau être aux portes de la mort, son cosmos demeurait. Un cosmos divin.
Nachi décida qu'il serait désormais à son service. Après tout, c'était la raison d'être d'un Saint. Et il opposerait aux ennemis de sa déesse la morsure du loup !