Une vie avec un sociopathe

Chapitre 11 : Enfin

1932 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/11/2017 20:50

J'avais arrêté de compter les jours, les heures et les minutes. Je n'y arrivais plus, j'avais trop d'absences pour être sûre de mes comptes. Le peu de temps où je pouvais entendre ce qu'il se passait dans ma chambre c'était lorsque Sherlock entrait et s'asseyait à côté de moi, lorsqu'il se levait m'embrassait sur le front et partait. Il ne parlait plus, enfin plus à moi. Parfois je percevais une conversation entre mon petit-ami et son blogueur préféré.

    Je perdais de plus en plus de force. Je luttais toujours pour rester en vie et d'ailleurs, dès que je sentais une pointe d'énergie ou lorsque la volonté dépassait son apogée, je puisais dans tout mon corps pour tenter de bouger ou d'ouvrir les yeux. À chaque fois sans succès.

   La douleur dans mon abdomen croissait de jour en jour. Je me disais que c'était normal, que la cicatrice laissée par l'opération cicatrisait. Jusqu'à aujourd'hui.


«-...est envahi par des micro-organismes pathogènes. Nous craignions une bactérie ou encore un parasi-

-Taisez-vous. La voix de Sherlock était si cassante. John ? Tiens, cette fois si il était plus doux.

-Infection Sherlock. Le corps réagit et rejette les fils de l'opération.

Merde. C'est pour ça alors que j'ai des frissons, des bouffées de chaleurs et tout le reste ?  

-Si sa fièvre ne baisse pas même avec les prescriptions et si les secrétions, je veux dire le pu, ne cessent pas malgré le nettoyage tout les deux jours, nous-  


Pauvre infirmière...


-Pourquoi pas touts les jours ?

-Sherlock, on ne peut pas nettoyer une plaie infectée touts les jours. Le frottement des tissus sur la peau ne fait qu'aggraver les choses. 


Et pauvre John qui tente de garder un Sherlock stressé, calme...


-Merci Dr Watson. Donc si tout cela continu, nous allons devoir ré-ouvrir pour nous permettre de retirer les fils allergéniques et les remplacer par d'autres moins susceptibles de faire réagir le corps de votre compagne.


Compagne. Compagne !! Pourquoi j'suis si excitée par ça, on parle de ma cicatrice qui me fait grave souffrir là ! 


-Bien, et pourquoi ne pas ré-ouvrir maintenant ? Ça éviterai que l'infection grandisse et se généralise non ?

-Certes mais, si les traitements de base suffisent, il n'y a pas besoin d'une seconde opération.

-Vous dites 'si', je ne veux pas de 'si'.


Ils sont vraiment en train de se battre pour savoir si il faut une seconde opération ou non ? Je devrais avoir mon mot à dire non ? Mais dommage, j'suis à moitié dans le coma...


-Donc vous souhaitez une seconde opération ?

-Oui.

-Bien, le bloc est libre cet après-midi. Ensuite, nous devrons parler de son état général.»


    Plus rien, la porte se referme: l'infirmière est repartie, laissant John et Sherlock silencieux avec moi. 

   Je sais ce que veut dire 'son état général'... Ils vont parler du fait que je sois dans le coma depuis des jours et des jours et qu'à part les Bip de la machine et ma poitrine qui se soulève, aucun signe de vie ne se dégage de moi. Je dois avoir l'air tellement pathétique.

  Le silence autour de moi s'alourdi, les bruits dans le couloir se ternissent. Et merde... Je me sens encore une fois repartir.

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«-Chargez à 300 !

-Chargé.

-Dégagez !»

J'ai senti une douleur dans la poitrine, un autre pic aiguë. Cette fois, je n'ai pas de tuyaux dans la gorge. J'ouvre instantanément la bouche, prend une grande bouffée d'air, et mon corps, lourd et mou, retombe sur mon lit.


«-C'est bon, le cœur et reparti, surveillez la respiration et remettez-la sous oxygène si nécessaire.»

C'est tout ce que j'ai entendu, après, plus rien. Il ne restait plus que moi, et mes pensées. Qu'est ce qu'il venait de se passer ? Je viens de faire un arrêt cardiaque ?!  À quel moment, avant ou après la nouvelle opération ?

Une nouvelle fois, l'angoisse et la peur prenaient le dessus. Je haïssais ces deux sentiments, c'étaient les pires qui puisse exister. Je parviens à entendre un bruit lointain. Je me concentre, ce sont des cris. Non, pas des cris, juste des voix qui parlent un peu fort.


«-Monsieur Holmes, soyez raisonnable !  Bonne chance mon vieux. Elle ne respire plus que grâce aux machines.


Vraiment ?!


-Elle respire ! C'est le principal. 

-Écoutez, l'homme qui était à priori un médecin essayait de calmer sa voix, Mademoiselle Doyle est dans un coma artificiel depuis plus de trois semaines, presque un mois. Nous ne pouvons pas la garder ici indéfiniment. Nous ne pouvons pas obliger son corps à rester éveillé alors qu'il ne vivrait pas sans machines.


Quoi ? Attend, pause deux secondes. Je suis toujours là, je fais de mon mieux je vous signal...


-Je m'en moque. Je suis le seul à pouvoir vous donner l'autorisation de débrancher et je refuse. Il n'y a pas à discuter.


Merci chéri.


-Comme vous le voulez. Mais si son cœur lâche encore une fois et que nous réussissons à le faire repartir, cette fois il y aura des séquelles au niveau du cerveau.»


Ah, mince alors...

Le calme soudain de quelques minutes était suffisant pour que mon cerveau décroche et qu'à nouveau, je me retrouve seule. Ne pas entendre ce qu'il se passait autour me stressais, c'est horrible.  Mais d'un côté, ça me permettait de me rendre compte que ma cicatrice me faisais moins mal, je dois être sous morphine ou un truc comme ça.

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«-Donc, vous me dites que, maintenant qu'elle est stabilisée, on peut tenter de la laisser respirer seule mais qu'il y a un risque.

-Exact. Soit on la laisse sous aide respiratoire et dans ce cas, elle se réveillera complètement lorsque son corps en aura décidé. Soit, on enlève l'aide et si au bout de deux minutes elle ne respire pas pleinement... Ce sera masque à oxygène pour que le cerveau ne soit pas trop longtemps sans être irrigué.  (PS: je suppose que ça ne fonctionnerai pas en vrai, mais il faut bien qu'elle sorte un jour de là donc, faites fonctionner votre imagination. Kiss)


Je crois que j'ai raté un épisode là... Depuis quand il y a négociation sur le fait que j'aille une chance de mourir ? Aller Sherlock, dit quelque chose, tu mets trop de temps à répondre !


-Bien, on teste.»


QUOI ??! Non, non attendez. J'suis pas prête !

Vu de l'extérieur, ma respiration n'accélérait pas tant que ça, il n'y avait pas les signes habituels. Je suis sensée être dans le coma et je trouve le moyen de faire une crise d'angoisse !

  J'ai entendu des bruits, de l'agitation autour de moi. On devait sûrement préparer la bouteille d'oxygène, le masque, faire reculer Sherlock -et John, j'étais persuadée qu'il était là aussi- pour enfin permettre au médecin d'accéder à la fameuse machine.

  Ça va le faire, je peux le faire. Il me suffit de respirer, c'est simple. Heureusement que je suis à moitié éveillée sinon, je serais morte à coup sûr. Pourquoi je pense à ça ?!


«-Prêt ? Arrêt de la machine. Lancement du chrono, deux minutes.»


J'était seule cette fois. Je ne pouvais compter que sur moi-même et ma détermination. J'ai immédiatement senti le changement lorsque la machine s'est éteinte. Mon cœur à ralenti, les  Bip  de la machine ont ralentis aussi, ce qui m'a angoissé. Aucun tuyaux n'était dans ma gorge alors, après un certain temps, j'ai entre-ouvert la bouche lentement, tentant de prendre des grandes bouffées d'air, très très difficilement. 

   J'angoissais encore plus du fait de ne pas réussir à respirer seule. Merde, j'vais crever. Avec l'angoisse, mon cœur à battu plus fort, les Bip ont raisonnés plus fort, et plus rapidement. Mon cerveau ne coopérait pas, les informations ne partaient pas et maintenant j'en était sûre, c'est foutu. Je suis foutue.


«-Elle va faire un arrêt, elle respire plus ! Bougez !!»

Merci John, ça m'aide beaucoup...


Je crois avoir entendu le médecin dire qu'il me restait plus d'une minute. Je cherchais encore à respirer. Je cherchais aussi loin que possible, mes poumons me faisaient mal, creusant et inspirant plus profond, sans presque jamais remonter et expirer. Les Bip augmentaient. Ils sont stressants ceux-là aussi !

Soudain, une paire de mains à percuté torax, appuyant lentement. 1,2,3,4,5.


«He ! Qu'est-ce vous faites, vous n'avez pas le droit !

-Et toi ? T'as le droit de laisser crever tes patients sous tes yeux ?!»

Merci John. Putain, ce gars devrait être récompensé ! Merci.


Les mains de l'ancien militaire sont restées sur ma poitrine, il préférait continuer le massage cardiaque pendant que le stupide médecin qui avait eu cette idée posait le masque à oxygène sur mon visage.

Mais à l'instant où les mains qui venaient de me sauver la vie, encore une fois, se retirèrent, les miennes ont enfin bougées. J'ai instantanément attrapé le poignet de John. J'ai emprisonné son poignet dans ma paume, reposant le dos de ma main sur mon lit.


«-Sherlock... Sherlock, elle est réveillée.»

Touts mes sens revenaient peu à peu. En quelques minutes ma seconde main à bougée, attrapant celle de mon amant, qui s'était déplacé de l'autre côté de mon lit. Je luttais toujours pour ouvrir mes yeux. Mais je n'avais pas encore assez de force. Mon ouïe était parfaite, les sons était nets, je pouvais même entendre ma lourde respiration. Je respire. Merci John.


   Après un quart d'heure, et très certainement une rechute dans un sommeil léger, mes globes oculaires bougeaient en dessous de mes paupières. Miracle ! J'ai réussi à ouvrir partiellement une paupière. Aoutch, trop de lumière. J'ai refermé l'œil, froncé les sourcils et fait une légère pression sur les mains des anciens colocataires. Je crois qu'un des deux garçons l'a remarqué, la pièce s'est assombrie, j'ai rouvert les yeux, les deux cette fois.  Enfin.


«-Salut.»

La voix de Sherlock était un murmure. Lui et John était penchés au dessus de moi, me scrutant. Ma gorge était trop sèche pour que je parle. J'ai donc souris, tout bêtement. Ce qui a d'ailleurs fait sourire les deux hommes qui ont échangé un regard rempli de complicité. 

  J'ai pris quelques grandes inspirations, j'ai vu le regard de Sherlock se durcir, faisant apparaître un pli de contrariété entre ses sourcils. Après une trentaine de seconde, et deux tentative, j'ai réussi à articulé, tout en plantant mon regard dans les yeux bleus océan du Docteur John Hamish Watson, ancien médecin militaire du cinquième régiment des Royal Northumberland Fusillers, qui venait de me sauver.

«-Merci.»

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