Nomad

   Chapter 3

     No more old lady for me ?

On est arrêtés sur un bord de route, moi assis sur un banc, elle assise en tailleur sur une table. Chacun une clope a la bouche. Elle souffle une grosse bouffée de fumée puis me demande qu’est-ce que je compte faire dans le nord de la Californie. Je lui dis que je cherche trois gars, mais je me tais sur les raisons de cette traque, j’ai pas envie de me faire plaindre ou quoi que ce soit de ce genre.

Ces trois skinheads de mes couilles sont peut-être vers San Francisco ou bien à Oakland.

Enfin bref, on finit nos cigarettes et on repart sur la route sans perdre trop de temps, le bruit du moteur qui pétarade résonne sur le bitume et dans les montagnes et fait s’enfuir les corbeaux des arbres. Pendant le trajet je la sens se serrer contre moi et pauser sa tête sur mon dos. Je comprends qu’elle doit pas allée très bien, qu’elle a besoin de réconfort et qu’elle va se jeter dans les bras de n’importe qui, mais il va falloir que je la mette en garde de ne pas s’attacher à moi. C’est encore une gamine, elle ne tirera rien de saint d’une relation avec moi.

On arrive aux abords de San Francisco, elle me dit que c’est la première fois qu’elle y vient, qu’elle n’a jamais vraiment bougée de Charming, moi à son âge j’avais déjà parcouru le pays en long et en large, mais bon, c’est ma nature, j’ai toujours aimé bouger, être sur les routes.

On se gare sur le parking d’un motel. Ah les motels, je pourrais dresser une carte entière des motels des USA, j’ai jamais voulu m’acheter un vrai appart, faut dire aussi que le peu de fric que je me fait part dans l’essence et les clopes. Je deal pas de drogue ou d’arme comme certains dans le club donc je me fait pas des fortunes. Je nous loue deux chambres, mais a en jugé par le regard déçu d’Alison, je pense qu’elle aurait espéré passer la nuit avec moi, mais je ne peux pas me le permettre.

Je lui propose de faire un tour en ville, histoire de lui redonner un peu le sourire. Je laisse mon cuir au motel, San Francisco c’est le territoire des triades. Henry Lin, un des pires chefs de la mafia chinoise, a la main sur une grosses partie de la ville et y pourrait prendre ma venue ici comme de la provocation.

J’imagine qu’elle a besoin de fringues, on va donc dans une boutique ou elle pourra se prendre de quoi se changer. J’en profite pour m’acheter aussi un nouveau jean et un t-shirt noir, je ne porte quasiment jamais d’autres couleurs. Elle essaie plein de tenue et me demande à chaque fois mon avis, putain j’ai l’impression d’être dans Pretty woman. Finalement elle se fringue bien, c’est quand même plus joli de la voire avec un jean et une chemise plutôt qu’avec sa tenue de racoleuse qu’elle se trimballait. Je lui fais une vanne sur un des t-shirts qu’elle porte et pour la première fois je la voix rigoler. Ducoup je remarque qu’elle a des fossettes dans les coins des joues, merde on dirait vraiment que cette gamine fait tout exprès pour que je craque. Je me change les idées et essaie de penser à autre chose. Je sais déjà que j’ai fait une connerie en l’emmenant avec moi, je vais tacher de pas empirer les choses.

On marche tous les deux au milieu des buildings du centre-ville, elle a les yeux rivés sur le ciel et elle est émerveillée par ce qu’elle voit. Il y a deux jours j’assiste à un enterrement, hier je flingue un mec et aujourd’hui je donne le sourire a une gosse, il semblerait que j’aille dans le bon sens. Enfin je suis quand même venu ici dans le but de crevé trois gangsters aryens, donc bon, on a fait mieux comme façon de se repentir.

On passe par une épicerie pour acheter de la bouffe et des clopes et mes derniers billets y passent. Je lui que j’espère qu’elle se shoot pas parce que j’ai plus rien pour la dépanner si elle tombe en manque. Elle me répond que non elle est plutôt clean sur ce côté, à part un peu d’herbe de tant en tant elle garde son corps vide de toute ces saloperies. «Un joint de tant en tant», je considère même plus ça comme de la drogue avec tout ce que je vois circuler donc je la blâme même pas, je fais pareil de toute façon.

On finit notre balade de touriste et on finit par quitter la ville sur ma bécane. Elle est collée à moi et sens donc le glock qui est glisser dans ma ceinture. Elle me demande si c’est vraiment nécessaire de se balader avec ça, je lui garantis que oui, je sais que je peux m’en servir n’importe quand avec la merde qui m’arrive souvent.

Arrivé au motel on mange un bout ensemble et on arrive à trouver un sujet de discussion, elle me parle des musiques qu’elle écoute, pas vraiment ma came mais c’est de sa génération.

Après qu’on est fini de manger et de causer je lui dis que je préfère passer le reste de la soirée tranquille dans ma piaule, qu’il me faut du calme. Je préfère lui dire ça et éviter qu’elle me rejoigne dans mon pieu au milieu de la nuit. Puis je sors de sa chambre et rejoins la mienne.

Je me vautre sur mon lit, n’importe qui vous dirait que les lits des motel sont vraiment à chier niveau confort mais moi j’ai quasi connu que donc je suis habité. J’attrape la télécommande et allume la télé sur le mur d’en face. Je tombe sur une chaine d’info, je tiens pas trente seconde devant les conneries qu’ils racontent et je l’éteins.

J’enlève mes fringues, pose mon flingue et mon couteau sur la couette et me rend à la salle de bain. Je me fous sous la douche et reste immobile dix bonnes minutes, ça fait du bien de la flotte bien froide après avoir été sous le soleil en bécane. Mes cheveux trempés me retombent sur les yeux. Ils sont vraiment crades à cause du casque que je porte pendant des heures.

Puis je sens une main qui se pose sur mon dos et Alison se colle contre moi. Je pensais qu’elle allait venir dans mon pieu mais au final c’est sous la douche qu’elle me rejoint. Je me retourne et elle en profite pour m’embrasser. Elle me prend par surprise je ne réagis donc pas tout de suite. Puis je me rends compte de ce que je suis en train de faire, je la prends par les épaules et la fait reculer. Je lui dis que je peux pas faire ça, elle me dit que je lui avais dit que voulais être calme, mais que rien ne nous empêche de faire ça calmement. Je lui dis non et je sors de la douche. J’essaie d’être sec avec elle, même si j’avoue qu’elle me fait de la peine. Je la regarde, elle est toute seule au milieu de la salle de bain, nue et trempée. Elle baisse la tête, dit d’accord avec un ton à la fois triste et compréhensif. Elle ramasse ses vêtements et se dirige vers la porte. Je la regarde s’éloigner, je passe peut-être pour un enfoiré, mais je suis obligé de réagir comme ça pour lui faire comprendre. Une fois qu’elle est sortie, je me sèche et me met dans mon lit sans même prendre le temps de me rhabiller. Puis je m’endors en essayant de ne pas culpabiliser de ce qui viens de se passer.