Scarcorn
Vêtu d'un bel habit blanc, Villie examinait un petit tas de Carsunum qu'il avait devant lui. La poudre avait une couleur un peu plus foncée qu'à l'ordinaire, elle devait donc être plus puissante. Le dévaronien s'en assura en en portant quelques milligrammes à sa bouche. Il cligna plusieurs fois des yeux, ayant l'impression d'avoir la bouche en feu. Tout en finissant de savourer les effets de la drogue, il regarda autour de lui : l'usine était une installation très impressionnante : des milliers de personnes, pour la plupart des droïdes, travaillaient à raffiner l'épice. Plusieurs centaines de gardes armés patrouillaient constamment dans les lieux, prêts à tuer le moindre fauteur de troubles.
Sosa le Hutt était vraiment un grand baron de la drogue. Il n'avait que deux cents ans, ce qui était très jeune pour un Hutt. Ses appuis et son intelligence l'avaient propulsé au sommet du trafic d'épice de la Bordure Médiane. Villie n'arrivait pas à croire qu'il avait été choisi par Franth en personne pour accompagner Abka. Le Bothan devait acheter plusieurs kilos et les apporter à Pantolomin pour voir si le Neimoidien était intéressé par la marchandise du Hutt.
Abka était en pleine discussion avec Sosa. Le Hutt parlait dans un basic presque parfait, avec juste une pointe d'accent :
_Avec cette usine et les autres, je vous garantis la production d'au moins deux cents kilos d'épice et ce, toute l'année. Le vrai problème, c'est la stabilité du marché. Il me faudrait un client régulier sur le Noyau. Le genre de client qui garantirait l'achat d'environ...cent cinquante kilos par mois.
Abka toussa pour chasser un peu de poussière d'épice de ses poumons. Quand il eut retrouvé son souffle, Vilmarh les avait rejoints. La voix du Bothan était hésitante et mal assurée :
_C'est plus qu'un engagement ces trucs là. Je pense qu'il vaudrait mieux que Franth le sache, traiter avec lui.
Sosa glissa vers la sortie :
_Oui, c'est regrettable qu'il ne soit pas venu.
Vilmarh dut presque courir pour se mettre aux côtés du Hutt :
_Franth serait venu avec plaisir, monsieur Sosa. Mais vous savez, avec son procès qui approche, c'est dur pour lui de sortir de Pantolomin.
_Vous êtes donc son envoyé ? questionna Sosa
L'expression fit sourire le dévaronien :
_Ouais, c'est un peu ça.
_Bon. Nous parlerons affaires chez moi.
Le Hutt les entraîna à l'extérieur de l'usine où une navette les attendait. Sosa monta le premier, suivi de Abka et de Villie. C'est à ce moment que Vilmarh remarqua qu'une quatrième personne les suivait depuis le début : Villie n'aurait pas pu dire de quelle race était cette personne mais c'était un humanoïde. Vêtu de la tête aux pieds d'une armure mandalorienne de couleur beige, il n'avait pas dit un mot depuis le début de la visite, se contentant de les suivre. Quand l'homme referma la porte de la navette, Vilmarh compris qu'il devait être un des gardes du corps personnels de Sosa.
La navette décolla, quitta l'usine pour se diriger vers le ciel. En effet, Sosa vivait non pas sur la terre ferme mais dans une station spatiale aménagée.
De l'extérieur, la station ressemblait à n'importe quelle autre station spatiale. Mais à l'intérieur, on était littéralement assailli par la verdure et les plantes. Sosa le Hutt était fou de nature et plus particulièrement, de la jungle. Quand on marchait dans la station, on avait l'impression d'être arrivé sur Yavin IV.
Sosa les fit assoir autour d'une grande table et des serveurs leur servirent différents plats. A la fin du repas, les malfaiteurs commencèrent à parler business :
_Donc, Franth peut me garantir cet achat de cent cinquante kilos toute l'année. Il vient sur place et je lui donne la marchandise à sept mille le kilo. On ne peut pas trouver mieux.
_D'accord, approuva Abka. Mais on aura les risques de transport. Et on court-circuite les autres trafiquants. Vous voyez ce que ça implique ?
_C'est un risque mais nous le prenons des deux côtés.
Vilmarh émis une idée :
_Et si on partageait les risques ? Vous amenez votre marchandise jusqu'à, disons...Duro. Après, on récupère l'épice et on l'apporte à Pantolomin.
Sosa se tut un instant, pour mieux réfléchir. Il attrapa une tasse de thé et la sirota doucement :
_Duro c'est risqué. Ca va coûter plus. Pour Duro je dois vous le faire à...treize mille cinq cents le kilo.
_ Treize mille cinq cents ? s'indigna Villie. Vous êtes dingue ? Faut encore qu'on la livre la came, merde ! On est dans le Noyau, Coruscant rêve de nous mettre la main dessus. Ils fouillent partout, ils ont des radars, de l'équipement spécial. Vous savez qu'on perd un chargement sur neuf ? Un sur neuf ! C'est pas une balade naakla. A treize mille cinq cents, vous devriez passer la main.
Abka regardait son collègue sans comprendre. Comment pouvait-il se permettre de négocier avec Sosa ? C'était lui et non pas Vilmarh qui devait traiter avec le Hutt ! Après tout, il était quand même le bras-droit de Franth ! Villie lui, n'était rien.
Sosa posa précautionneusement sa tasse sur la table :
_Alors à votre avis, quel prix serait raisonnable ?
Villie s'apprêtait à répondre quand Sosa vit le mandalorien lui faire des signes en montrant le récepteur holographique.
_Excusez-moi, dit le Hutt. On me demande.
Il quitta la table, laissant seuls Abka et Vilmarh. Le Bothan attendit que Sosa disparaisse avec son garde du corps pour sermonner le dévaronien :
_Qu'est-ce que tu fous ? Tu négocies la part du boss, c'est ça que tu veux ?
_T'en fais pas Abka. Relax. Tu veux une tartine ?
Abka eut un grand geste de la main qui envoya valser la tartine que lui présentait son collègue.
_Ta tartine, tu peux te la mettre où je pense ! T'es pas là pour négocier Montana ! Ton boulot, c'est d'ouvrir l'oeil et de la boucler ! C'est moi qui cause ici, alors tu la fermes et tu restes derrière !
Villie s'apprêtait à injurier copieusement le Bothan quand Sosa revint, accompagné du mandalorien et d'un droïde de couleur rouge sang. Étrangement, Vilmarh avait une drôle d'impression en voyant le droïde et les lettres blanches peintes sur un coin de sa poitrine : HK-66. C'est comme si quelque chose de froid et de mortel se dégageait du robot. Mais Villie chassa bien vite ces pensées de son esprit quand le Hutt vint les rejoindre :
_Alors, où en étions-nous ?
_Duro. Vous cherchiez un partenaire.
Abka s'immisça dans la conversation :
_Un instant, je crois que nous allons trop loin. Franth m'envoie ici pour acheter deux cents kilos. C'est ma limite. Je n'ai pas le droit...personne n'a le droit de négocier à la place du patron.
_Abka...laisse monsieur Sosa dire sa proposition. On parlera après.
_T'as pas le droit de discuter ici ! Je t'ai introduit dans le business alors t'es gentil et tu la fermes.
_Franth va tout approuver, tu vas voir !
_C'est à Franth de voir, pas à toi !
Sosa observait la dispute avec un sourire en coin. Le Bothan se tourna vers lui :
_Désolé.
_Pas de problème. Je comprends. Vous avez raison, faut peut-être voir ça avec Franth.
Abka essuya un peu de sueur sur son front. Il était épuisé :
_Parfait. Mais c'est trop important pour qu'on puisse traiter ça par Holonet. Dès que je serais à Pantolomin, je parlerais de cette affaire à Franth.
_Très bien.
Sosa eut un petit geste de la main : le droïde et le mandalorien se mirent à l'entrée du jardin :
_Mes hommes vont vous escorter jusqu'à la navette. Elle vous déposera sur la planète où vous prendrez un croiseur rapide qui vous déposera à Pantolomin en moins de cinq heures. Vous pourrez être de retour autour de cette table demain pour le déjeuner.
Les deux hommes approuvèrent et se levèrent de table. Abka fut le premier à serre la main de Sosa avant de se diriger vers les hommes de main de Sosa. Mais avant que Villie n'ait pu le rejoindre, le Hutt posa sa main sur son épaule pour le forcer à s'arrêter :
_Vous devriez me laisser votre ami. Pendant votre absence, nous pourrions parler affaires.
_Je crois que Franth serait content de le voir.
_Non, c'est bon, assura Vilmarh. On se voit demain, Abka !
Le Bothan quitta le jardin, entre le droïde et le mandalorien. Sosa et Villie retournèrent à table.
Le repas fini, le Hutt entraîna Vilmarh vers une baie d'observation adjacente. Vilmarh finit par avouer quelque chose à Sosa :
_Vous savez, je dois vous féliciter. Vous avez tout ce dont un homme peut rêver.
Le Hutt eut un sourire :
_Je t'estime Villie, tu es franc. Mais malheureusement, je n'ai pas la même impression avec ton organisation.
_Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Sosa lui désigna la vitre. Presque immédiatement, la navette apparut, la porte latérale ouverte. Vilmarh pouvait apercevoir de vagues silhouettes mais c'était tout. Il était trop loin pour bien voir.
Sosa prit une paire d'électrojumelles et les pointa vers l'appareil :
_Je te parle d'Abka Tre'cor. Ce fumier a été reconnu par mon garde du corps au déjeuner. Haran avait vu Abka il y a quelques années, sur Aldérande. Abka y travaillait comme indic pour la République.
Le Hutt passa les électrojumelles au dévaronien qui les pointa sur la navette. Il vit clairement Abka, couvert de bleus et saignant, maintenu au dessus du vide par le droïde rouge. Brusquement, HK-66 poussa le Bothan dans le vide. Abka fut pris de convulsions quelques secondes avant de s'arrêter, raide mort. Villie n'arrivait pas à détacher le regard du cadavre qui tournoyait dans le vide sidéral.
Sosa pressa un bouton et la baie vitrée devint opaque. Il s'assit autour d'une petite table et invita Vilmarh à le rejoindre :
_Par sa faute Pito Duval et les frères Ramos, prison à vie. Alors qui me dit que t'es pas un traître comme ton copain ?
Villie regarda ses pieds un instant. Machinalement, il mit la main dans sa poche pour toucher son crédit porte-bonheur. Si Sosa pensait que Vilmarh était un indic, il ne tarderait pas à rejoindre le Bothan dans le vide spatial. Le dévaronien décida de tenter le tout pour le tout :
_Hé Sosa. On va remettre les choses au clair. J'ai jamais baisé un mec une seule fois dans ma vie sauf si ce dush le méritait, tu notes ça ? Dans cette galaxie, je fais confiance qu'en mon manche et à ma parole, elle, elle est ferme, l'autre est d'acier. Est-ce que c'est clair ? Cette merde qui se balade derrière la vitre, je lui ai jamais fait confiance. Tout ce que je sais, c'est qu'un jour il m'a tendu un piège et que ça a coûté la vie à un de mes amis. Mais c'est du passé. Je suis ici, lui non. A toi de voir si tu continues avec moi...
Le Hutt eut un long soupir et sembla se détendre. Villie estima que l'alerte était passée.
_Je crois que tu me parles du fond du coeur, Villie. Mais je pense à ton patron. S'il avait d'autres types comme Abka avec lui, ce ne sont plus ses hommes. Alors...peut-on se fier à une telle organisation ?
_Franth est un malin, tu sais. Faut pas lui en vouloir pour ce coup là. Parce que c'est un drôle de business, pas vrai ? Ca arriverait à n'importe qui...même à toi ! Alors je vais voir Franth, je lui parle, j'arrange le coup. Tu as ma parole.
Le Hutt hocha la tête :
_Je crois que toi et moi, on peut arranger cette affaire et aussi qu'on fera pas mal de business ensemble. Mais n'oublie pas et je ne te le dirais pas deux fois : ne me baise pas Villie. Conseil d'ami n'essaie jamais de me trahir.
Ce jour là, Villie venait de recevoir le conseil le plus important de sa vie. Peut-être aurait-il dû le suivre...
Quand Vilmarh fut de retour à Pantolomin, Franth le reçut dans son QG, son garage de speeders de luxe. Le bureau du Neimoidien était de couleur noire, avec quelques objets de décoration.
Villie était lové dans un des fauteuils du bureau du Neimoidien. Ce dernier s'était d'abord inquiété de l'absence d'Abka et quand son homme de main l'avait mis au courant de la situation, les joues du Neimoidien étaient passées au cramoisi, ce qui donnait à son visage, un inhabituel teint rosé. Villie restait blotti dans son fauteuil, Manny derrière lui. Ernie, le garde du corps de Franth restait prudement à l'écart de la discussion. Il savait que Franth ne s'énervait que rarement et non sans raison. Mais quand le Neimoidien était en colère, le moindre obstacle sur sa route sautait. Et Vilmarh venait de se mettre en première ligne. Le baron de la drogue sermonait son homme de main depuis plusieurs minutes déjà :
_Quoi ? Tu passes un accord pour dix-huit millions de crédits sans m'en faire part ? Tu es complètement ravagé ou quoi ?
_Hé, du calme. A dix-mille cinq cents le kilo, c'est du pur. Aucun danger de perte et on empoche soixante-quinze millions sur ce coup là. C'est un gros paquet.
_Mais bordel, Sosa qu'est-ce qu'il va faire quand je lui filerai pas les cinq premiers millions ? Qu'est ce que tu crois qu'il va faire ? Me présenter la facture sur un chutta de plateau ? Il va m'envoyer une giclée de lasers dans la tête, oui ! Ca va péter à tout va dans les rues !
Vilmarh tenta de calmer son patron :
_Relax Franth...Sosa me mange dans la main. Il te manque deux millions ? Je vais au charbon pour toi. Je fais quelques coups tranquilles, un million par çi, par là. Gratos. Ok ?
Le Neimoidien prit un air soupçoneux :
_Tu fais tes petits coups tout seul, c'est ça ?
_J'ai des oreilles tu sais. J'entends des trucs.
_Ha ouais ? Et les frères Echiven ? Et Nacho ? Tu crois qu'ils vont te laisser déplacer autant de poudre sans bouger ?
Pris d'un brusque élan de fureur, Vilmarh se leva d'un bond :
_Merde aux frères Echiven et je crache à la gueule de Nacho ! Je les balance au fond d'un Sarlacc, ces sales di'kut. Qu'est ce qu'ils ont fait pour nous ?
Franth restait sans voix. Son homme de main était complètement fou.
_Faut prendre de la puissance, dit Villie. Se développer. Augmenter notre territoire, distribuer dans tout le Noyau, aller jusqu'à la Bordure ! Faut penser grand, voir grand !
La couleur disparut des joues du Neimoidien. La brusque colère de Vilmarh avait fait disparaître la sienne. Franth se laissa tomber dans son fauteuil et alluma un cigare :
_Penser grand...comme ton ami Sosa ? Je vais te faire le portrait de ce graisseux, de cette limace. C'est un Egorgeur ce type : tu lui tournes le dos et il te plante. Tu veux que moi, qui connaissait Abka depuis des années, je gobe que c'était un flic ? Parce que un Hutt te l'a dit ? Je crois que j'ai fait une erreur. J'aurais jamais dû t'envoyer là bas.
_Tu dis que je mens ? s'offusqua Vilmarh
_Ecoute, pour l'instant, je veux que les choses restent comme elles sont. Fait traîner le coup avec Sosa.
Vilmarh opina du chef :
_Ok patron.
Le dévaronien entraîna Manny à sa suite et ils se dirigèrent vers la sortie du bureau. Ils étaient à mi-chemin quand Franth leur parla à nouveau :
_Hé oui, c'est moi le patron. Mais Villie ! N'oublie pas ce que je t'ai dit : ceux qui durent dans ce métier, c'est ceux qui volent droit. Tranquille. Pas de vagues. Mais ceux qui veulent la grande vie, avec les filles, le cortyg et la frime...ils dégagent.
_C'est bon, boss ? T'as fini ? J'ai le droit de sortir ?
Et, sans même se retourner, il quitta le bureau de Franth. Le Neimoidien se tourna vers Ernie :
_T'en pense quoi ?
_Soyez prudent patron. Villie est dangereux. Même pour vous.
_Oui, je sais, dit le baron de la drogue d'une voix pensive. Je lui laisse une dernière chance. Si il fait une autre connerie, on devra s'ocuper de lui. Pour le bien de l'organisation.
Le Neti hocha la tête. Vilmarh avait une épée de Damoclés au dessus de la tête : il suffisait d'un faux pas, un seul..... mais, Ernie se posait une question. Si la guerre entre Franth et Villie éclatait, qui serait vainqueur ?
A l'extérieur, Vilmarh se sépara de son ami et se dirigea vers la villa de Franth. Il avait quelque chose à faire. Ou plutôt, il avait quelqu'un à voir. Quelqu'un du genre jaune et très jolie.
Villie stoppa son speeder avant l'entrée de la villa du Neimoidien. Il savait que son patron devait repasser chez lui avant de partir en ville. Et Vilmarh voulait absolument éviter de le croiser.
Plus tard, le Neimoidien parut, escorté d'Ernie. Les deux hommes montèrent dans la limousine blindée du baron de la drogue qui s'éloigna rapidement. Voyant que la voie était libre, le dévaronien alla jusqu'à la piscine privée de Franth.
Elvira, vêtue d'un maillot de bain vert, lisait un hololivre sur un des électrotransats qui bordaient la piscine.
_Bonjour, dit Villie d'un ton jovial.
_Vilmarh ? Vous tombez mal, Franth vient juste de sortir.
_Ha ? Dommage fit le dévaronien d'un ton faussement peiné. C'est pas lui que je venais voir. C'est vous.
Elvira voyait très bien où le gangster voulait en venir :
_Villie, je...
Le dévaronien la coupa dans sa phrase :
_Je veux juste discuter un peu. Vous dire quelque chose d'important.
Vilmarh s'installa sur un électrotransat, aux côtés de la twi'lek. Cette dernière se leva pour se servir un verre :
_J'ai appris qu'avec Franth, le travail à deux c'est terminé ?
Vilmarh gratta sa corne abimée :
_Ouais. Mais ça facilite les choses, non ?
Puis, désignant le verre d'Elvira :
_A la santée de ce pays d'épice ! Dites moi...vous aimez les gosses ?
La twi'lek manqua de s'étrangler tant la question était inatendue :
_Les gosses ?
_Oui, les enfants. Moi je les aime beaucoup : fille ou garçon, peu importe.
_Franth va revenir dans deux minutes.
_Pas de soucis, je serais reparti. Bon écoutez. Je savais pas comment vous le dire alors ça sera comme ça : je suis parti de rien. Je suis né dans une famille pauvre de Devaron et j'ai commençé à faire deux trois coups avec ma bande. C'est là que j'ai rencontré Manny. On a fini par être envoyés sur Kessel et pour un bout de temps...
_Où vous voulez en venir ? questionna la twi'lek
_Ok, je vais être plus clair. J'ai des contacts, je deviens plus fort chaque jour. Si j'ai la femme qu'il me faut, j'irais droit jusqu'en haut. Ce que je veux dire, c'est que...vous me plaisez. Dès que je vous ai vue, j'ai eu le coup de coeur. Je voudrez que vous soyez ma femme et la mère de mes enfants.
Cette fois-çi, Elvira ne savait même pas quoi répondre. Voilà que Vilmarh venait de lui demander sa main !
_Moi ? Me marier avec vous ?
_Ben oui, répondit-il d'un ton extrêmement naturel.
_Mais vous oubliez Franth !
_Franth ? Il va dégager, il est fini. Sauf qui le sait pas encore. Pensez à tout ça, ok ? Je veux vraiment que vous y pensiez.
Et le dévaronien s'en alla, soulagé d'avoir enfin dit ce qui lui pesait sur le coeur depuis si longtemps.
Villie avait envie de se changer les idées. Il se rendit donc au Babylon avec Manny, dans le seul but de se reposer un peu. Le dévaronien retrouva son camarade sur l'aire d'atterrissage. Les deux amis contournèrent la longue file qui patientait devant le club pour aller directement à l'entrée.
Le videur, un Wookie peu bavard les salua et leur ouvrit la porte. C'était un des avantages de travailler dans ce genre de milieu : vous n'aviez qu'à claquer des doigts pour que vos voeux soient exaucés. S'il prenait l'envie à Villie d'aller au restaurant, ce n'était même pas la peine de réserver : il lui suffisait de se présenter pour que les serveurs dressent une table de plus et idéalement située.
C'était vrai pour toute activité : les grands malfrats étaient traités en demi-dieux et les barons de la drogue étaient au dessus de toute divinité. Villie aimait cette vie là. Mais il était persuadé qu'il n'était pas encore assez haut.
Pour l'instant, il n'était qu'un petit trafiquant mais viendrait le jour où il serait l'égal de Franth. Ou même de Sosa. L'épice lui avait fait comprendre une chose : s'il voulait quelque chose, il n'avait qu'à s'en emparer. Et toute personne qui se mettait entre lui et cette chose n'allait pas vivre assez longtemps pour le regretter.
Ce soir, le Babylon donnait dans les tons rouges. Villie promena son regard sur la piste de danse avant de stopper net. Il avait vu Gina en train de danser avec un type.
L'espace d'un instant, il crut s'être trompé mais non : sa soeur dansait bien avec un Nautoléen. Villie ne pouvait pas détacher le regard de l'alien. De quel droit se permettait-il de toucher sa petite soeur ? Vilmarh attira Manny à lui pour le questionner :
_Ce type, là qui danser avec Gina, c'est qui ?
_Un mec qui bosse comme gros-bras pour les Echiven. C'est nassade, il est inoffensif.
Vilmarh allait répondre quand il reçut une tape dans le dos. Il se retourna brusquement :
_Quoi ?
Villie reconnut alors le Toydarien qui l'avait « accueilli » quand il était arrivé sur Pantolomin. Il voletait à quelques mètres du dévaronien, un sourire hypocrite sur les lèvres :
_Bonsoir Villie. Vous devez vous souvenir de moi ?
_Ouais, dit Vilmarh avec mépris. Inspecteur Mellostern pas vrai ? Inspecteur principal et stupéfiants.
_C'est bien ça. Villie, nous avons des choses à nous dire.
_Quoi ? J'ai encore tué personne...ces temps ci.
Le culot du dévaronien fit naître un léger amusement sur les lèvres du Toydarien.
_Et si on faisait de l'histoire ancienne, genre Lunkgren. Ou une bande de Rodiens retrouvés morts au Sun Ray, avec un Zabrak tué à coups de sabre laser.
_Mel, celui qui vous refile vos infos se moque bien de vous...
Villie avait une petite idée sur le contact de Mellostern : le Toydarien était à la botte de Franth, comme de nombreux policiers de Pantolomin. Il y avait fort à parier que le Neimoidien avait envoyé Mel sur les traces de Villie pour se venger de la mort d'Abka. Mais Villie ne lui en voulait pas. C'était presque le protocole dans ce milieu. Il arriverait bien à trouver un arrangement avec le Toydarien.
_On peut sûrement en parler plus au calme ?
Villie désigna sa table habituelle :
_Ok, allons causer.
Il fit signe à Manny de continuer à surveiller sa soeur. Le Zeltron s'exécuta, observant le couple qui continuait à danser.
Villie s'installa à sa table, Mel fit de même. Le Toydarien prit un verre de membroisie :
_Tu sais Villie, la rumeur dit que tu fais entrer plusieurs tonnes d'épices sur la planète. Ca veut dire que tu n'es plus du petit gibier, Montana. Coruscant à donc le droit d'envoyer les Judiciaires enquêter sur toi.
Vilmarh savait très bien où Mellostern voulait en venir :
_Pigé. Combien je lâche ?
Mel sortit un filmplast de sa poche et écrivit un nombre dessus. Le dévaronien laissa échapper un sifflement :
_Grosse somme.
_A régler mensuellement. T'as le fonctionnement ?
Villie répondit par la négative. Mellostern lui expliqua donc :
_Nous, on te dit qui fait un coup contre toi et on fait casquer ceux qui te posent des problèmes. J'ai huit tueurs avec plaque qui bossent directement pour moi. Quand ils frappent, ça fait mal. Toi, tu m'aides à faire une arrestation de temps à autre. Le style de petit truand qui monte son business. Du menu fretin, quoi.
Le dévaronien jeta un oeil aux alentours. Sans savoir pourquoi, il se sentait mal. Comme si quelque chose allait se passer. Son instinct lui hurlait de rester sur ses gardes. Pour se calmer, il se mit à jouer avec son crédit fétiche.
_Et qu'est-ce qui me garantit que vous êtes le seul que je dois payer ? Vous avez bien des chefs, non ?
Mellostern haussa les épaules et se gratta la trompe :
_Je peux rien te jurer à cent pour cent même si mon équipe est cloisonnée. Mais soyons clairs : tu crois que j'ai envie que cette conversation sorte du club ? Mes hommes ont une famille et je veux pas que ça merde pour eux. Parce que s'il y a des problèmes, ils vont souffrir et s'ils souffrent, ils vont te faire souffrir. Compris ?
Vilmarh hocha la tête et avala une gorgée de cortyg. Mellostern finit son verre et se remit à voler :
_Merci pour le verre. Trouve une combine. J'ai enfin des vacances et j'en rêve. Je veux emmener ma femme à Naboo. Alors trouve nous deux billets pour Theed et en première classe, ok ?
Mel le salua et quitta le Babylon.
Vilmarh remarqua soudain pourquoi il avait eu cette brusque impression de malaise : Franth et Elvira venaient d'entrer au club. Elvie étant un peu devant son compagnon, elle rejoignit leur table la première. Profitant du fait que le Neimoidien ne l'avait pas encore vu, il se précipita pour rejoindre la twi'lek.
_Bonsoir.
Elvira tenta de répondre sur son habituel ton glacé mais cette fois ci, une certaine émotion transparaissait dans ses paroles :
_Bonsoir.
_Vous avez pensé à ce que j'ai dit ? A propos des gosses ?
Elvira alluma une cigarette :
_On ne vous a jamais dit que vous étiez dingue, Villie ?
_Dini'la de vous, sûrement.
Franth arriva à sa table, suivi par son garde du corps. Quand il vit Vilmarh assis aux côtés de sa maîtresse, toute trace de joie quitta son visage :
_Hé Villie, si tu te trouvais une fille à toi. A toi tout seul...
_C'est ce que je fais, dit-il en défiant le baron de la drogue du regard.
_Alors tu le fais ailleurs, fous le camp !
Elvira pouvait facilement sentir la tension entre les deux malfaiteurs. Elle n'avait pas pensé qu'ils se haïssaient à ce point.
_Tu me donnes un ordre ? Un ordre à moi ? La seule chose qui donne les ordres dans ce monde, c'est le manche ! Et je crois bien que toi, Franth, tu l'as pas.
Le Neimoidien lui jeta un regard dégouté. Il fit un signe à sa maîtresse et ils quittèrent le Babylon. Ernie regarda Vilmarh quelques secondes avant de suivre son patron.
Quand Elvie et Franth furent partis, Manny rejoignit son ami :
_Me'bana, ner vod ?
_Franth. Il me jette en pâture à Mellostern.
_Qui te dit que c'est le bo...je veux dire que c'est Franth ?
_Qui d'autre savait pour Lunkgren ? Abka ? Il tourne en orbite autour de la station de Sosa. Franth est un osik, c'est sa façon de me mettre la pression.
Tout en parlant, Vilmarh ne quittait pas des yeux Gina et son compagnon. Le couple commença à quitter la piste de danse. Manny expliqua quelque chose à son ami, sur le fait que c'était peut-être le moment de se faire oublier quelques temps. Mais le dévaronien n'écoutait pas, il ne regardait que sa soeur et le Nautoléen. Quand il vit ce dernier embrasser sa soeur et quitter le club, Villie se leva d'un bond et se précipita à leur poursuite, Manny sur les talons.
Le dévaronien rattrapa le couple sur un coin isolé du parking. Il sépara brusquement sa soeur et son compagnon :
_Villie ? s'étonna Gina.
Le Nautoléen tenta de dire quelque chose mais Villie l'attrapa par le col et le jeta à terre avant de le frapper plusieurs fois. Le compagnon de la dévaronienne perdit connaissance. Gina tenta de s'interposer mais Vilmarh l'agrippa par le cou et la souleva à quelques centimètres au dessus du sol. Villie parla à sa soeur d'un ton froid et menaçant :
_Écoute-moi bien. Ca va pas se passer comme ça. Tu crois que ça se fait, hein ? Tu crois que j'ai pas vu ce duse te mettre la main au cul ?
Bien qu'étranglée, Gina parvint à murmurer quelques mots :
_C'est pas tes affaires...
_Oh si ! Et si tu refais ça, je bousille tout dans cette boîte !
Des larmes de rage coulèrent le long des yeux de la dévaronienne :
_Ha oui ? Eh bien vas-y, fais le. Je ne demande qu'à voir....
_Ne me pousse pas à bout !
Il lâcha sa soeur qui se massa immédiatement la gorge :
_Salaud ! Tu crois que ça se fait ? Tu crois que je tremble devant toi et que je vais obéir à tes ordres ?
_Sors d'ici ! rugit Villie. Retourne voir maman !
_C'est fini de me donner des ordres, Villie. Je suis adulte, je vois qui je veux et quand je veux. Et si je veux coucher avec quelqu'un, je le fais !
Sans réfléchir, Vilmarh asséna un terrible coup de poing à sa soeur. Manny se jeta sur lui pour l'empêcher de continuer à la frapper :
_Merde, t'es malade Villie, c'est ta soeur ! Gar vod !
Le dévaronien regarda sa soeur d'un air méprisant avant de retourner dans le club. Manny aida Gina à se relever :
_Ca va Gina ? Viens, on s'en va.
Tremblante de peur, Gina se blottit contre le Zeltron. Elle avait découvert une facette qu'elle ne connaissait pas chez son frère : Kessel l'avait irrémédiablement changé.
Villie était affalé sur une des banquettes du Babylon, se saoulant à mort pour essayer d'oublier ce qu'il venait de faire. Il n'arrivait pas à réaliser qu'il avait étranglée sa propre soeur.
Pendant ce temps, un humoriste Gotal faisait son numéro habituel. Bien que la sale se tordait de rire à chaque jeux de mots du comique, Villie n'avait pas le coeur à rire : il mélangeait plusieurs alcools avec un peu d'épice pour essayer de se calmer, tout en jouant avec sa pièce.
Les paroles du Gotal sonnaient creux dans sa tête. Le dévaronien était déconnecté. La salle aurait pu prendre feu, il ne s'en serait pas rendu compte.
Quand l'humoriste termina son numéro, les lumières s'atténuèrent : un numéro de danse venait de commencer. Villie faisait tourner sa pièce sur la tranche. Quand il tournoyait, Vilmarh avait presque l'impression que le crédit lui murmurait des conseils. Sa pièce lui avait toujours été de bon conseil. Petit à petit, la pièce glissa vers le bord de la table et tomba en dessous.
Grommelant quelques jurons mandaloriens, Villie se baissa afin de récupérer sa pièce...ce qui lui sauva la vie.
En effet, au moment même où il s'était baissé, une salve de tirs fusa vers la place qu'il occupait quelques secondes plus tôt. Vilmarh se tassa sous la table, croyant un instant à un numéro du spectacle.
Mais au vu des clients terrifiés qui hurlaient, des bruits de verre brisé ou de l'odeur caractéristique du laser, le doute n'était plus permis : on lui tirait dessus.
De là où il était, Villie ne pouvait voir que deux paires de jambes immobiles, tournées vers lui. Il en déduisit que ces jambes étaient celles des assassins. Etrangement, le brouillard d'alcool dans lequel il s'était plongé se déchira pour laisser une idée fixe : survivre.
Vilmarh sortit un petit blaster de poche. Il en avait toujours un avec lui, par sécurité. Il visa et tira quelques coups en direction des jambes de ses assaillants. Les lasers traversèrent les jambes des tueurs en un éclair : ces derniers chutèrent lourdement sur le sol.
Villie rampa hors de la table et se remit debout. Le club était dans un état terrible : de nombreux trous fumants ornaient les murs et quelques clients avaient été fauchés sur place. Il regarda les deux tueurs. Des Huraloks...des reptiles bipèdes intelligents, ne possédant aucun sens moral.
Un des Huraloks s'était brisé le cou lors de sa chute mais l'autre était encore en vie : il réussit à prendre son fusil blaster et à tirer sur le dévaronien.
Ce dernier se jeta sur le côté et tira à plusieurs reprises. Par chance, un des tirs de Villie fit mouche : le Huralok fut tué net.
Alors qu'il restait debout au milieu des cadavres, Villie s'aperçut qu'il était blessé : un bout de verre était planté dans son épaule. Il le retira avec un grognement de douleur. La douleur lui fit prendre conscience de quelque chose : il avait bien failli y rester cette nuit. Les Harloks étaient des tueurs à gages, des mercenaires. Ils avaient été payés par quelqu'un. Et Villie savait qui.
Vilmarh retourna un instant sous la table pour récupérer son sou fétiche. Il n'y avait pas de nom plus approprié : si Villie ne l'avait pas fait tomber, les Harloks auraient réussi leur coup. Le corps du dévaronien serait en train de pourrir au milieu des débris du Baylon.
Mais il était en vie. Villie était sur que c'était un signe.
Les tueurs étaient morts mais ils y en aurait d'autres. Il n'y avait qu'un moyen d'enrayer le mécanisme : tuer la source.
Villie rangea son sou fétiche dans sa poche. Il avait pris sa décision. A compter de ce soir, la guerre venait d'éclater entre Vilmarh Montana et Franth Loreth.
Et le dévaronien savait très bien sur qui parier...