Scarcorn

Chapitre 5 : Scarcorn

Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/01/2010 00:07

Le speeder décapotable de Manny filait comme une flèche dans la nuit pantolomienne. Il venait juste de déposer Gina chez elle quand il avait reçu un message de Villie. Pour le moins inquiétant.
L'hologramme du dévaronien le montrait avec un plâtre au bacta et un air grave. Il lui avait simplement donné rendez-vous devant le garage de Franth, dès que possible. Vilmarh avait ajouté qu'il devait venir armé.
Le Zeltron ne savait pas ce qui se passait mais ça devait être très grave. Villie qui lui disait de venir en pleine nuit chez Franth et armé en plus ! Manny sentait que quelque chose allait se passer ce soir.
Manny fit atterrir son speeder à quelques mètres du garage de Franth et couvrit la distance restante à pied. Il trouva son ami en compagnie de Chichi, devant la porte ouverte du garage. Deux détails sautèrent aux yeux du Zeltron : premièrement, le costume bleu nuit de Villie était taché de sang et deuxièmement, Chichi portait un fusil blaster à canon scié. Manny était persuadé que quelque chose allait se passer. Il questionna son camarade :

_Hé Villie, me'bana ?

_Tu te souviens la première fois qu'on est allé au Babylon ? Je t'avais dit qu'un jour, je récupérerais ce qui me reviens ?

_Oui, dit le Zeltron sans comprendre.

_Ce jour est arrivé !

Et joignant le geste à la parole, il entra dans le garage. Manny le suivit après un petit temps d'hésitation. Il n'y avait pas de gardes de sécurité : le Neimoidien était persuadé que personne n'était assez idiot pour tenter de lui voler un appareil. Le voleur se retrouverait au fond de la mer avec des bottes en parabéton avant d'avoir eu le temps de dire ouf.
En se rapprochant du bureau du baron de la drogue, les trois hommes purent entendre sa voix rocailleuse :

_Quand est-ce que cette affaire va commencer à me rapporter ? Six mois ? Un an ? Je te préviens, n'oublies pas que t'as une dette envers moi....

Villie et ses hommes entrèrent discrètement dans le bureau. Franth était en pleine conversation par Holonet. Son garde du corps Neti, Ernie était en train de se servir un verre d'eau. Mellostern était également présent, assis sur une des chaises ultramodernes du baron de la drogue. Aucun des trois n'avaient vu entrer Villie et ses hommes de main. Franth continuait de parler à son interlocuteur :

_Tu rigoles ? Par combien on a gagné ? Trois à deux ? Mais c'est génial ça ! On est en finale !

La voix puissante du dévaronien trancha le silence de la pièce :

_T'as payé les arbitres, c'est ça ?

Franth et ses hommes se retournèrent sans attendre. En voyant Villie, le peu de trace de couleur qu'il y avait sur les joues du Neimoidien disparut d'un coup.

_Merde...qu'est-ce qui t'est arrivé Villie ?

Le dévaronien prit un ton anodin :

_Ils m'ont bousillé mon costume à huit cents crédits.

_Mais qui c'est qui t'as fait ça ?

_Des kyramud...j'en sais rien. C'est pas des mecs du coin en tout cas.

Le dévaronien se laissa tomber dans une des chaises du bureau. Il sortit un blaster et se mit à jouer avec. Un sourire forcé naquit sur la bouche de Franth :

_Je suis bien content que t'aies réussi à t'en sortir. On va faire le ménage, tous les deux et à fond !

_Non, j'aime yacur tout seul.

_Dis moi Vilmarh....pourquoi cette arme ? questionna Franth d'un ton inquiet.

_Ca ? dit le dévaronien en regardant son blaster avec surprise, comme si c'était la première fois qu'il le voyait. C'est rien, je suis juste un peu...parano.

Franth se mordit nerveusement les lèvres. Soudain, l'appareil d'holocom se mit à bipper. Villie regarda l'heure et esquissa un faible sourire. Trois heures. L'heure à laquelle il avait ordonné à Nick d'appeler Franth et de se faire passer pour un des tueurs. Nick devait dire au Neimoidien qu'ils avaient échoué. C'était l'ultime appât de Villie. Si Franth mordait à celui-ci, il ne quitterait pas cette table vivant.
Le Neimoidien regarda la console avec une expression de panique dans les yeux. Il n'osait pas prendre l'appel.

_Tu prends pas la communication, Franth ?

_Ca doit être Elvie, dit Franth sur un ton dégagé. Elle était en colère quand on a quitté le club.

_Je vais lui dire que t'es sorti, ok ?

_Non ! le Neimoidien cria presque ces mots. Je vais lui parler...

Le baron de la drogue pressa une touche et enfila des lunettes spéciales. Ces lunettes servaient à cacher l'appel aux autres personnes présentes dans la pièce. Ce geste n'échappa pas à Villie, ni le ton apparemment désinvolte avec lequel le Neimoidien répondit. C'était maintenant clair. Franth était bien le commanditaire. Vilmarh attendit qu'il éteigne l'appareil pour s'adresser à lui :

_Hé Franth ! T'es vraiment un sale chakaaryc.

_Villie de quoi tu....

_Tu sais très bien ce que je dit sale fumier, sale osik.

_Je ne comprends pas. Voyons Villie....

Vilmarh lui coupa la parole en criant :

_Tu sais ce que c'est qu'un emwhulb ? C'est un type qui n'a aucune loyauté, aucune conduite. Tout à fait toi, Franth !

_Mais Villie, pourquoi est-ce que je m'attaquerai à toi ? C'est moi qui t'ai mis dans le business. On a eu quelques différends mais rien de grave...

_Je te suis resté fidèle ! Je m'en suis mis quelquefois dans les poches mais je t'ai jamais fait de gaanaylir ! Mais toi...toi...t'es qu'un hut'uun.

Franth déglutit. Villie avait utilisé le terme de hut'uun. C'est à dire de lâche, quoique le terme soit trop faible en basique. C'était la pire de toutes les insultes mandaloriennes. Il se tourna vers Mellostern :

_Mel, fais quelque chose....

Le Toydarien haussa les épaules :

_C'est ton guêpier Franth. A toi d'en sortir.

Le Neimoidien comprit que le policier ne s'opposerait pas à Vilmarh. Mel avait retourné sa veste. Inquiétant dans la mesure où il se mettait toujours du côté des gagnants.
Pas d'aide non plus à espérer du côté d'Ernie. Le Neti était tenu en respect par le canon scié de Chichi. Franth devrait donc s'en sortir tout seul :

_Oui. C'est bien moi.

Vilmarh arma son blaster. Franth se rapprocha de lui :

_Mais laisse moi une deuxième chance. S'il te plaît. Je te donnerais dix millions de crédits. D'accord ? Dix millions, Villie. Ils sont dans un coffre, sur Muunlist. On prendra mon vaisseau et ils sont à toi...

Vilmarh se contenta de lever son arme. Les prières de Franth se firent de plus en plus désespérées :

_Pitié ! Elvira ? Tu veux Elvie ? Elle est à toi, moi je m'en vais. Je me casse sur la Bordure Extérieure, tu me reverras plus jamais !

Le Neimoidien tomba à genoux devant un Vilmarh impassible.

_Je veux pas mourir, j'ai jamais rien fait quoi que ce soit à personne, j'ai jamais...

Villie pouffa de rire :

_Non, un autre le fait à ta place, hein ?

_Je t'en supplie ! dit le baron de la drogue en se jetant aux pieds du dévaronien

Ce dernier se releva d'un bond :

_Debout Franth ! DEBOUT !

Mais Franth resta roulé en boule aux pieds de Villie, pleurant et gémissant :

_Me tue pas...me tue pas...

Vilmarh le toisa de toute sa hauteur avant de déclarer :

_Je vais pas te tuer...

_Merci...merci Villie, merci...

Le dévaronien s'éloigna du Neimoidien qui se confondait en remerciements.

_Manny ?

_Oui ?

_Tue cette merde gluante.

Le Zeltron s'approcha du Neimoidien qui n'avait pas encore tout compris. Ce dernier hurla à la vue du blaster de Manny. Mais son cri se perdit quand Manny le tua d'un tir en plein coeur. Le baron de la drogue s'écroula sur le tapis de son bureau.
Villie s'assit juste en face de Mellostern :

_Chacun son tour, hein ?

_Je l'avais prévenu en plus. Bousiller un type qui bosse pour nous et de ton niveau en plus...il m'a pas écouté. Il a vu rouge à cause d'Elvira. Il s'est foutu dans la merde.

_Toi aussi, Mel. Tu t'es foutu dans la merde.

Mellostern le toisa de son regard de policier :

_Villie, ne va pas trop loin.

_Je ne vais nulle part. C'est toi qui dégages.

Et il tira. Le coup atteignit le Toydarien en plein ventre. Surpris par l'attaque du dévaronien, il se mit à battre spasmodiquement des ailes, tout en essayant de compresser la blessure.

_Merde...tuer un flic c'est grave !

_Parce que tu crois que t'es un vrai flic ?

_Attends ! Si tu me laisse filer, je peux tout arranger...

_J'en doute pas, dit Vilmarh en se levant. Peut-être même avoir un billet en première classe pour la résurrection...

Mellostern le noya sous un flot d'insultes toydariennes. Vilmarh lui adressa un signe de la main :

_Adieu Mel...bon voyage !

_J't'enc....

L'insulte de Mellostern se perdit dans le bruit de la détonation. Le tir toucha le policier en pleine poitrine, qui s'écroula mort sur la table.

Villie commença à quitter la pièce quand Manny le stoppa :

_On fait quoi pour Ernie ?

Le Neti transpirait abondamment. Il était sûr de mourir ici. Mais la réponse de Villie le stupéfia :

_Tu cherches du boulot ?

_Ben...oui, bredouilla le garde du corps.

_Ok, alors appelle moi demain.

Et il quitta la pièce. Ernie restait sans bouger, choqué d'être encore en vie. Chichi vint le féliciter :

_T'as du bol, hein ? Ca y est, tu as un job...

Quand Villie et ses hommes de main furent partis, Ernie regarda le carnage. Deux morts. Dont un policier et son ancien employeur. Avec tout ce qu'il avait vécu, pensa t-il, il avait bien mérité une petite gorgé de whisky...



Peu de temps après, Villie réveilla Elvira. La twi'lek, encore hagarde ne comprenait pas pourquoi il était là.

_Villie ? Qu'est-ce qui se passe ? Où est Franth ?

_A ton avis ? Prépare tes affaires, tu pars avec moi.

En attendant qu'Elvie le rejoigne, Vilmarh fuma une cigarette. Son regard resta accroché sur un vieux vaisseau publicitaire qui passait dans le ciel.
La devise de la compagnie était « Le monde est à vous ». Cette phrase fit réfléchir Villie. C'était tout à fait son point de vue. Il adopterait cette phrase pour son empire. Quoiqu'il pouvait encore l'améliorer...
Oyu'baat cuyir sha gar*. Oui, c'était mieux songea Villie. Beaucoup mieux...


*Oyu'baat cuyir sha gar = "L'univers est à toi"

 

Seulement quelques jours après la mort de Franth, les barons de la drogue pantolomienne eurent un message clair : ils devaient céder la place ou mourir. Bien sûr, aucun d'entre eux ne prit les menaces de Vilmarh au sérieux : comment un simple dévaronien, tout juste introduit à la tête d'un tel business pourrait leur faire du mal ?
Ils déchantèrent rapidement quand Villie leur déclara la guerre. Les entreprises légales et illégales des barons furent incendiées, leurs entrepôts détruits, les banques qui contenaient leur argent furent braquées, leurs employés assassinés...en moins de temps qu'il ne faut à un Wookie pour boire une bière, les barons de la drogue durent se soumettre à la loi de Vilmarh.
Ainsi débuta l'incroyable ascension de Vilmarh « Villie » Montana. Le dévaronien s'empara de l'empire de Franth et le développa à un niveau inimaginable.
Si le mot d'ordre du Neimoidien était la modération, celui du dévaronien était l'excès.
Le trafic d'épice le rendit bien plus riche que ce qu'il avait rêvé : sa fortune personnelle s'élevait à près de soixante millions de crédits.
Villie plaça son argent dans diverses sociétés afin de le blanchir. Il devint ainsi un individu respecté par ses pairs, tant par son argent que par son pouvoir.
Grâce à sa nouvelle fortune, Villie s'acheta un immense manoir sur une île privée. Le manoir était truffé de statues et d'oeuvres d'art hétéroclites qui n'avaient en commun que leur prix exorbitant. Villie était riche et voulait le montrer : costumes faits sur mesure, collection de speeders de luxe, bijoux...
Le dévaronien dota également son manoir d'un système de sécurité dernier cri : rien ne pouvait se passer sur l'île sans qu'il soit au courant. Villie avait des yeux et des oreilles partout.
A la fin de l'année, tout Pantolomin fêta l'union de Vilmarh et d'Elvira Carva'ib qui devint donc Elvira Montana. Le mariage fut célébré en grandes pompes dans le manoir du dévaronien.
Villie avait tout pour être heureux : une immense fortune, une femme magnifique et surtout, un incroyable pouvoir.
L'ascension de Vilmarh dura presque un an. C'est à compter de cette date qu'il dut recevoir son banquier Muun qui avait à lui parler d'un problème important.

Debout derrière son ami, Manny pouvait sentir de la tension dans l'air. Sone Hill, le banquier personnel de Villie, se frottait nerveusement l'arrête du nez. Le Muun avait une peau assez colorée pour son espèce et il jurait avec la décoration très sombre du bureau. Le dévaronien, affalé dans un somptueux fauteuil en cuir de rancor tapotait sur les accoudoirs en bois précieux à rythme régulier,

_Bon écoutez, murmura le dévaronien. Je ne peux pas payer plus. Je fais entrer deux fois plus d'argent dans vos coffres. On fait au moins dix ou...Manny, on a fait combien ce mois ci ?

Il se tourna vers Manny qui lui répondit après avoir consulté une borne à proximité :

_Quinze.

Vilmarh hocha la tête :

_Quinze millions de crédits, c'est pas rien. C'est un chiffre important. Faudrait voir à baisser un peu votre part.

Le Muun émit un petit ricanement amusé :

_Écoutez mon cher, je ne dirige pas un service grossiste. Je dirige une vraie banque. Alors plus j'encaisse vos capitaux et plus j'ai de mal à vous les blanchir.

_J'ignorais ce problème, déclara Vilmarh sur un ton franc. Alors qu'est-ce qu'on fait ?

_Déjà, je dois refuser tout nouvel arrivage. Je dois évaluer à nouveau.

_Évaluer à nouveau ? Vous me faites un nouveau taux ?

_Je dois vous prendre dix pour cent sur les douze prochains millions en coupures de vingt, je passerai à huit sur vos coupures de dix et à six sur vos coupures de cinq.

_Va ramaanar ! explosa brutalement Villie. J'ai pas besoin de toi ! J'ai pas besoin du Clan Bancaire ! Je prends une navette pour Outer Rim et je vais voir la Pentastar Trust ! Et là, tu jariler !

Sone émit un petit rire :

_Une fois peut-être mais après ? Vous feriez confiance à un aruetii, comme vous dites dans votre langue pour blanchir vos vingt millions de crédits si dûrement gagnés ? Ne soyez pas si idiot, Villie. A qui d'autre vous pouvez faire confiance ? Restez chez nous. Vous êtes un vieux client et le plus important de la planète. On vous aime bien et vous êtes bien logé...

Le visage de Vilmarh se rembrunit. L'espace d'un instant, Manny crut qu'il allait se jeter au cou du banquier. Mais finalement, le dévaronien partit d'un grand éclat de rire. Il tourna la tête vers son ami en désignant Hill :

_Tu l'entends celui-là, faut l'écouter celui-là parce que c'est un sacré mirdala.

Le banquier et Villie échangèrent quelques politesses puis, Sone quitta le bureau. Au moment même où la porte se refermait, Vilmarh laissa échapper un flot de jurons mandaloriens.

_Sale chutta ! Oser me parler comme si j'étais un vhett débarqué de la navette.

Pour se calmer, Vilmarh ouvrit une petite boite dorée. La boite était pleine de drogues diverses, notament de l'épice. Villie sniffa une ligne d'Andris à demi-raffinée. La drogue le calma un peu. Manny s'approcha de lui pour lui exposer son idée :

_Tu sais on a pas besoin de cet osik de banquier, on n'a qu'à s'adresser à ce type là...le Sanyassan. Szinjid. Il est prêt à nous faire un bon prix. Dans les quatre pour cent.

_Ouais, faut voir.

Vilmarh pianota sur un clavier proche et un pan du mur se déroba, laissant apparaître de nombreux hologrammes. Ces derniers montraient différents lieux du manoir. Villie les consulta un instant avant de questionner Manny :

_Dis moi...t'as inspecté la propriété ces jours-ci ?

_Bien sûr, répondit le Zeltron sur un ton exaspéré. C'est pour ça que j'ai cinq mille creds par mois, tu te souviens ?

_Alors c'est quoi ça ?

Le dévaronien pointait un speeder de voirie

_Depuis quand faut trois jours pour refaire une route ?

Manny cligna plusieurs fois des yeux, surpris :

_Ca fait trois jours que tu le regardes ?

_Ce machin est planté là depuis trois jours, impossible de pas le voir !

_Tu crois que c'est les flics ?

_J'en sais rien.

_Je vais voir.

Manny commença à se diriger vers la porte du bureau quand Villie l'apostropha :

_Ouais, va voir. Et quand t'auras vérifié, on fait péter ce chutta de speeder et on retrouvera des miettes jusqu'à Coruscant !

_T'emballes pas. On est les seuls koorse de Pantolomin. Ce speeder, ça peut être n'importe qui. Même la voierie.

Vilmarh alluma un cigare de Felucia :

_Tu veux que je te dises ? T'as tendance à te foutre de la kovid des gens. Pour mon chef de la sécurité, t'as une drôle d'attitude.

_Tu sais quoi ? Tu dépenses une fortune avec ce système de sécurité, tes jouets de haute technologie et tes gardes du corps.

_Et ?

_Ca représente douze pour cent de ta fortune, ner vod. C'est pas rien.

_J'm'en fiche. Ca me permet de nuhoyir sur mes deux oreilles et c'est ça qui est important.

Après un soupir, Manny partit en direction du speeder. Son patron -et meilleur ami- devenait complètement parano.


Quelques jours plus tard, Villie se prélassait dans un gigantesque jacuzzi en aurodium. Il regardait les programmes de l'Holonet. Derrière lui, Elvira, vêtue d'une robe dorée était en train de se maquiller. Enfin, Manny de sa qualité de chef de la sécurité, était assis sur une chaise en bois précieux, juste derrière le jacuzzi. Une publicité pour le CBI de Pantolomin était en train d'être diffusée. L'image bleutée de Sone Hill prônait les valeurs du Clan Bancaire.

_Pantolomin change et cela saute aux yeux de tous. De nouveaux chantiers, de nouveaux emplois. Tout cela est financé par le CBI. Nous permettons à votre argent de travailler depuis soixante-quinze ans. Alors comptez sur nous pour être encore là demain.

Villie coupa rageusement le son :

_Et comme d'habitude depuis soixante-quinze ans, vous baiserez tout le monde ! Faudrait s'occuper de ces dushe. C'est eux les pourris, pas nous. Il me pique dix pour cent de mon pognon ! Et il passe au travers de cette chutta de tor !

_Tu sais, dit pensivement Manny, le CBI est dans le coup depuis un bout de temps. Ils ont pigé le coup.

_Tu sais ce que c'est que la République ? C'est se faire naritir !

_Écoutez-le notre grand républicain...

Vilmarh se tourna vers son épouse :

_Et qu'est-ce que tu en sais ? Tu passes ton temps à te coiffer, à te poudrer le nez. Vas-y doucement sur l'épice...

_Il n'y a d'excès que dans l'excès. Tu devrais le savoir.

Villie jura et remit le son. C'était l'heure des informations. Le journaliste parlait justement de l'ampleur du trafic de drogue :

_Comment avec son maigre budget, la loi réussirait-elle à faire le poids devant un trafic qui rapporterait plus de cent milliards par an ? Un projet est en cours qui consiste à ne plus interdire ces substances mais bien les légaliser et en tirer un bénéfice. Je ne suis pas, dois-je préciser, une de ces voix.

_Ca c'est sûr, rugit le dévaronien. Mais tu sais pourquoi ? Parce que t'as la tête au fond de ton sheb. Cet enfoiré ne dit jamais la vérité. Osik ! Ce sont des types comme lui, ces banquiers et politiciens. Ils ne veulent pas légaliser la dope parce que sinon, ils ne gagneraient plus la moindre élection par notre soutien. Ils nous niquent pour le moindre crédit.

Elvira soupira :

_Tu n'as rien d'autre à la bouche qu'enfoiré, chutta ou tes autres jurons ? Tu ne parles que de pognon. T'es mortel Villie. Pognon, pognon, pognon, pognon. J'entends parler que de ça et tous les jours. Franth ne parlait jamais finance.

_Ha ouais ? Eh ben sur ce point, il était mirdala au moins.

Elvira alla se servir un verre de whisky correlien :

_Tu veux que je te brosse le portrait Villie ? T'es qu'un immigrant, un mineur de Kessel. T'es millionnaire mais tu sais pas parler d'autre chose que de toi et de ton fric.

_Hé ! cria son mari. Tout ça, le manoir, l'île, Pantolomin...je l'ai eu à force de travail.

_C'est triste que personne ne te l'ai offert, tu aurais été peut-être plus viable.

Villie réfléchir un instant :

_Tu sais ce qui va pas chez toi mesh'la ? Tu ne sais rien faire de tes dix doigts. Trouve quelque chose, bosse à l'hosto, aide des mutilés, des lépreux. Mais bouge toi le sheb ! Ca vaudrait mieux que de rester là à entendre que je revienne pour te naritir, c'est sûr.

_Ce que tu fais c'est complètement minable.

_Ha ouais ? Franth faisait mieux, hein ?

_Di'kut.

Elvira quitta la pièce en faisant claquer la porte. Vilmarh se mit à hurler :

_Mais où tu vas ? Reviens-là ! Je faisais le di'kutla. Elvie ! ELV !

Mais la twi'lek ne réapparut pas. Manny resta quelques instants avant de s'étirer et de commencer à s'en aller.

_Où tu vas ?

_J'ai un rencard.

_Bon. Écoute, c'est prêt avec Szinjid ?

_Oui.

_Parfait. Je m'en charge.

_Comment ça ? C'est mon affaire, c'est à moi de la régler.

_Manny, t'es un chef de la sécurité efficace mais t'es pas un négociateur. Déjà, t'aimes beaucoup plus les filles que le fric, c'est le problème chez toi.

_De quoi tu parles ? Je suis ton partenaire. Si t'as pas confiance en moi...

Le dévaronien coupa le Zeltron dans sa lancée.

_T'es qu'un partenaire.

_E chu ta ! Tu déconnes là !

_Non. Et me parle pas de confiance, j'aime pas.

_Tu devrais écouter ta femme. Elle a raison. T'es devenu un sale con !

_Manny...

Mais son camarade quitta la pièce sans attendre. Il resta sourd aux appels du baron de la drogue :

_Reviens. Hé, hé, hé...! Mais va te faire naritir, merde ! Qui a monté toute cette affaire ? Moi ! NI !
En qui j'ai confiance ? NI ! C'est tout ! Bande d'osike j'en ai assez ! Assez d'eux, assez d'elle. J'ai besoin de personne ! L'univers est à moi, ok ? OYU'BAAT CUYIR SHA GAR !

Villie termina son monologue en tapant à plusieurs reprises dans l'eau savonneuse. Oui, Oyu'baat cuyir sha gar. Mais pour combien de temps ?

 

Comme prévu, c'est donc Vilmarh en personne qui alla traiter avec Szinjid. Ce dernier appartenait à la race des Sanyassan, des humanoïdes dont le visage ressemblait à celui des singes. Szinjid était grand, même pour un membre de son espèce et sa taille avoisinait les deux mètres dix. Villie semblait minuscule à côté de lui. La pointe de sa corne lui arrivait à peine à la poitrine.
La rencontre avait lieu dans un entrepôt abandonné, qui appartenait autrefois à la Marina de Pantolomin. Villie n'était accompagné que de Chichi.
Au milieu de l'entrepôt, Szinjid et ses hommes avaient placé une table à la va-vite. La pièce croulait sous les cartons pleins de crédits. Szinjid faisait les comptes avec Villie pendant que Chichi et l'homme de main de Szinjid, également Sanyassan, se chargeaient de protéger leurs patrons respectifs. Chichi et le Sanyassan discutaient de choses et d'autres avant de se taire brusquement : Szinjid avait pris la parole.

_Voilà le total : deux cent quatre-vingt-trois mille cent quarante-sept crédits et soixante-cinq centicrédits.

Vilmarh tiqua :

_Moi, j'ai deux cent quatre-vingt-quatre mille six cents crédits.

_Impossible, assura Szinjid. L'ordinateur ne fait jamais d'erreur.

_Alors, on recompte le tout.

Le Sanyassan poussa un long soupir. Ils venaient de passer des heures à compter et blanchir l'argent du dévaronien. Il ne voulait pas y passer une minute de plus.

_Non, non ! C'est bon, je suis assez crevé comme ça.

_Les affaires sont les affaires. Il s'agit tout de même de près de mille cinq cents crédits.

_Laisse tomber. Garde la monnaie. Alors cet argent, je le met sur quelle société ?

Vilmarh ferma les yeux pour penser un moment. Il avait de nombreuses sociétés écrans afin de cacher son argent à la police et aux impôts. Il finit par rendre sa décision :

_Place le sur Montana Gestion Immobilière. Et avec ce dernier virement, on est à combien ce soir ?

_Un million trois cent vingt-cinq mille six cent vingt-trois crédits.

Villie étouffa un bâillement. Alors qu'il s'étirait, Szinjid et son homme de main sortirent des blasters et le mirent en joue. Chichi tenta de sortir son arme pour se défendre mais un groupe armé fit irruption dans l'entrepôt, l'empêchant de faire le moindre geste. Szinjid hurla aux malfaiteurs de mettre les mains au mur. Villie et le Chadra-Fan n'eurent pas d'autre choix que de s'exécuter. Szinjid se mit à leur lire leurs droits :

_Vous êtes en état d'arrestation pour infraction à la loi antidrogue du département Judiciaire de Coruscant. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous. Vous avez le droit de consulter un avocat. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d’office. Vous avez aussi le droit de passer un coup d'holocom.

_Va te faire ratilir ! rugit le dévaronien. Qui me dit que t'es flic, hein ?

Les hommes du Sanyassan sortirent leurs plaques. Villie grimaça pour contenir sa rage.

_Je vais appeler mon avocat.

Un des hommes de Szinjid esquissa un faible sourire :

_Il va avoir du boulot. Tu vois cette tache sur le mur, là ? Fais lui un grand sourire parce que la caméra qui y est planquée est directement reliée au DJ de Coruscant. Tu connais tes droits civiques au moins ?

_Je me fous de vos droits civiques. Vous n'avez rien contre moi. Naas. J'ai juste compté mon pognon. Tu me fais perdre mon temps. Je vais alerter mon avocat, c'est le meilleur de Pantolomin. C'est le meilleur des avocats alors je vous préviens : demain matin, vos allez vous retrouver en poste sur Hoth. Alors, prenez des habits nadale. Vous allez en avoir besoin.


Villie fut donc conduit en prison et libéré presque immédiatement contre une caution de cinq millions de crédits. Vilmarh fut relâché mais son procès arrivait à grands pas. Vilmarh alla donc voir son avocat, un Gand spécialisé dans ce genre d'affaires. Le Gand parlait par intermittences, son vodocodeur n'étant pas vraiment réglé pour parler le basique.

_Fais moi un chèque de cent mille crédits et rajoute trois cents mille en liquide et je peux te laver de l'association de malfaiteurs. Mais ils se rabattront sur la fraude fiscale et là, ils t'auront.

_Et dans ce cas là, combien ?

_Au moins cinq ans, libérable sous trois. Un peu moins si bonne conduite.

_Et pourquoi j'en prends enh dans le sheb ? Parce que j'ai blanchi du fric ? Bon dieu ! Tout Pantolomin est bâti sur le pognon blanchi.

Manny tenta de calmer son ami :

_Du calme, Villie. Les taules de Pantolomin ne sont pas celles de Kessel.

_T'es dini'la ou quoi ? Je remets pas les pieds en cage ! J'ai assez morflé sur Kessel, pas question que j'y retourne. Alors bon. Je vais te filer quatre cent mille de plus. Ca fait huit cent mille. Avec autant de pognon, tu peux te payer le Sénat, non ?

Le Gand prit un air navré :

_La loi exige des preuves pour lever le doute. Et je suis un pro pour lever les doutes, je te l'ai déjà prouvé. Mais quand tu as un million trois cent mille crédits non déclarés devant toi et tout ça devant une caméra...faut être fort pour convaincre le jury que tu les as trouvés dans un taxi-volant.

Villie quitta le cabinet du Gand en trombes. Manny avait beau lui répéter que ça ne serait pas si terrible, Vilmarh ne voulait pas remettre le moindre bout de corne en prison. Le dévaronien chercha dans son esprit une solution. Et il la trouva : Sosa.
Le Hutt avait suffisamment de relations pour sortir ses amis du pétrin. Dès le lendemain, Vilmarh s'envola pour la station spatiale de Sosa. Mais ce que Villie ignorait, ce que s'il n'avait pas choisi de demander de l'aide au Hutt, sa déchéance ne serait jamais arrivé aussi vite.


 

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