Dark Claria : Dame rouge des Sith

Chapitre 7 : Chapitre 6 : De Shira Brie à Lumiya

4366 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/02/2017 00:18

Chapitre 6 : De Shira Brie à Lumiya

 

À quelques parsecs du système Sullust, six mois auparavant

 

Shira avait froid, si froid. Était-ce donc cela la mort ? Quelques heures auparavant, elle était partie avec trois autres pilotes rebelles, Luke, Thorben et Alph, pour une mission que d'aucuns considéraient comme suicidaire. Il s'agissait, à bord de quatre chasseurs impériaux TIE volés et reconditionnés, d'attaquer par surprise l'armada impériale de l'amiral Giel, qui transportait vers Coruscant une étrange créature, le Teezl, capable d'envoyer de manière instantanée des messages hyperspatiaux dans toute la Galaxie. Un tel moyen de communication aurait donné un avantage conséquent à l'Empire et sa destruction était donc une priorité pour l'Alliance rebelle. Avant le départ, Shira avait avoué ses sentiments à Luke et l'avait embrassé avec passion. Mais alors qu'elle était persuadée que Luke partageait ses sentiments, la façon dont il avait réagi, l'air penaud et relativement indifférent, l'avait surprise et déçue, bien qu'elle n'en laissa rien paraître.

En réalité, Shira n'était pas une vraie pilote rebelle, elle était une espionne impériale infiltrée et une adepte du Côté Obscur de la Force, choisie par Dark Vador en personne pour détruire son ennemi juré, Luke Skywalker, le jeune homme dont elle était tombée amoureuse. Elle avait prêté un serment d'allégeance à l'Empire et pour elle, cela comptait plus que tout, y compris ses propres sentiments maintenant qu'elle s'était sentie rejetée. Alors, lorsque l'amiral Giel activa le Teezl pour brouiller toutes les fréquences de communication et qu'il n'y avait plus moyen de distinguer les chasseurs amis des ennemis, elle saisit sa chance de mener à bien sa mission. Elle repéra à travers la Force le chasseur de Luke et se prépara à tirer. Mais ses sentiments la firent hésiter trop longtemps, Luke tira le premier.

Les faisceaux laser verts frappèrent son chasseur de part et d'autre de la cabine, provoquant sa dépressurisation. Le champ de rétention intégré à sa combinaison de pilote se déclencha automatiquement, mais cela ne lui donnait que quelques minutes d'oxygène au plus. Certaine de sa mort imminente, Shira fit appel à la Force pour ralentir son métabolisme et lancer un ultime message à son maître : « Pardonnez-moi, mon Seigneur, j'ai échoué ». Un débris la heurta violemment à la tête et tout devint noir.

Mais Shira ne devait pas mourir ce jour là. Elle avait réussi à se mettre en transe avant de perdre connaissance, réduisant à l'extrême sa respiration et ses battements cardiaques. Elle avait ainsi préservé ses organes vitaux en abandonnant ses membres à la morsure du gel. Le Seigneur Vador avait également entendu son appel et il ordonna à l'amiral Piett de dérouter son vaisseau amiral, le super-croiseur Executor, vers le lieu de la bataille. Là, ils trouvèrent son corps à moitié gelé dans l'épave de son chasseur à la dérive. A tout œil non exercé, elle aurait parue morte, mais Vador sentit qu'il subsistait une étincelle de vie dans son corps meurtri. Prisonnière de cette étreinte glacée qui l'entraînait toujours plus loin du monde des vivants, elle entendit sa voix résonner dans son esprit: « Accroche-toi Shira ! Vis, ma jeune élève ! »

Elle fut amenée au centre médical de l'Executor. Là, les droïdes médecins la réchauffèrent lentement avant de l'extraire de sa combinaison de pilote et de plonger son corps dans une bactocuve. Quand elle reprit conscience, elle ne sentait plus ses membres et le reste de son corps n'était que douleur. Dans la cuve, un tuyau l'alimentait en oxygène tandis que d'autres pénétraient dans sa poitrine, reliés à sa circulation sanguine. Elle essaya de bouger la tête mais ressentit une douleur si vive qu'elle faillit à nouveau perdre connaissance. Elle perçut la présence de Vador devant la cuve, en train de discuter avec le droïde médecin en chef. Elle étendit sa conscience vers lui à travers la Force pour entendre ce qu'ils disaient.

– Comment va-t-elle ? demanda Vador.

– Nous avons stabilisé son état, mon Seigneur, mais nous devons l'opérer au plus vite, répondit le droïde. Ses membres ont gelé de manière irréversible et l'amputation est inévitable. Elle a de nombreuses fractures au visage et nous devrons remplacer les os brisés, notamment la mâchoire inférieure, par des implants métalliques. Enfin, elle a reçu des éclats de métal dans l'abdomen et plusieurs de ses organes internes dont ses reins sont gravement endommagés. Nous allons devoir lui implanter de manière permanente un corset cybernétique pour les remplacer et la maintenir en vie.

– Faites au mieux. Et pour ses membres, posez-lui des prothèses d'apparence réaliste. Je ne veux pas qu'elle ressemble plus à un droïde qu'à une femme.

– Bien, mon Seigneur, nous allons commencer l'opération au plus vite.

Le médecin appuya sur un bouton à coté de la cuve et un puissant anesthésiant se répandit dans sa circulation sanguine. A nouveau, tout devint noir.

Quand elle se réveilla, elle était étendue nue sur un lit d'hôpital. Pas tout à fait nue en fait : un corset métallique enserrait le bas de sa poitrine, d'en dessous ses seins jusqu'à sa taille. Deux droïdes l'entouraient, occupés à effectuer des réglages sur ses bras et ses jambes.

– N'essayez pas de bouger, major Brie, dit l'un des droïdes ayant remarqué qu'elle était réveillée. Nous n'avons pas fini de calibrer vos nouveaux membres.

– Combien de temps suis-je restée inconsciente ? demanda-t-elle.

– Trois semaines, major, nous vous avons maintenue en coma artificiel le temps que votre corps cicatrise. Le Seigneur Vador est passé prendre de vos nouvelles tous les jours. Il semble beaucoup tenir à vous. Je dois avouer que c'est assez inhabituel de sa part.

Shira ressentait d'étranges picotements dans ses nouveaux membres tandis que les droïdes calibraient les interfaces neurales. De temps en temps, des mouvements réflexes se produisaient en réponse aux stimulations. Voyant que son regard restait fixé sur le corset métallique, le droïde se sentit obligé de lui fournir des explications.

– C'est un corset cybernétique implanté de manière permanente qui remplace certains organes internes défectueux, major. Il purifie votre sang et contrôle le taux de glucose. Il y a également une pompe auxiliaire qui peut assurer un minimum de circulation sanguine en cas de défaillance cardiaque bien que votre cœur et vos poumons n'aient pas trop souffert. Il est alimenté par une cellule énergétique standard qui se trouve dans une trappe au niveau du plexus.

Le droïde appuya quelques secondes au milieu du corset, ouvrant une trappe qui se referma toute seule au bout d'une trentaine de secondes.

– C'est également parfaitement étanche, reprit le droïde, vous pouvez prendre une vapodouche ou vous baigner sans aucun problème.

– Comment suis-je censée m'alimenter ?

– Votre tube digestif a subit des dommages et vous devrez donc vous contenter d'aliments liquides, essentiellement des boissons énergétiques protéinées. Toute tentative de consommer des aliments solides vous causerait de violents désagréments. Bien que cela reste déconseillé, vous pouvez consommer des boissons alcoolisées, cela ne vous fera pas plus de mal qu'auparavant. Le corset cybernétique est même plus efficace pour éliminer l'alcool.

– C'est rassurant de savoir que je peux encore me saouler. Et qu'en est-il de... mes parties intimes ?

– Si vous voulez parler de vos organes sexuels, ils sont intacts à l'exception de l'utérus que nous avons dû retirer. Vous pouvez donc toujours théoriquement avoir des relations sexuelles, mais vous ne pourrez malheureusement plus vous reproduire, j'en suis désolé.

Shira resta pensive un moment. Elle ne s'était jamais posée la question d'avoir un jour des enfants. Aurait-elle souhaitée en avoir avec Luke si elle n'avait pas dû mettre fin si brutalement à leur relation ? Il était trop tard à présent.

– Voilà, nous avons terminé les réglages de vos membres, dit le droïde en refermant les trappes d'accès, vous pouvez essayer de bouger.

Elle leva son bras droit et commença à faire jouer les doigts de sa main. Ses mouvements étaient encore un peu saccadés mais les prothèses semblaient répondre correctement.

– Nous vous avons préparé des sous-vêtements, major, reprit le droïde médecin, souhaitez-vous de l'aide pour vous habiller ?

– Non merci, je vais essayer de me débrouiller seule.

– Dans ce cas, nous vous laissons, vous pouvez toujours nous appeler en cas de besoin.

Les deux droïdes la laissèrent seule dans la chambre. Elle examina les sous-vêtements qu'on lui avait apportés : c'était une culotte et une chemise de modèle standard pour les femmes servant dans la flotte impériale. Il lui fallu beaucoup plus de temps qu'elle ne s'y attendait pour les enfiler, ses mouvements étant encore imprécis. Elle fut soulagée de constater que la transition entre sa peau humaine et la simili-peau de ses prothèses était quasiment imperceptible à l'œil, par contre les capteurs de ses doigts sentaient facilement la différence de texture et de chaleur.

Elle essaya ensuite de se lever et de faire quelques pas. Le contact de ses pieds avec le sol lui donna une sensation étrange : elle sentait le contact du sol, mais ne pouvait dire s'il était lisse ou rugueux, chaud ou froid. Elle comprit que les capteurs sous ses pieds n'étaient de loin pas aussi précis que ceux de ses mains, elle ne connaîtrait probablement plus le plaisir de marcher pieds nus dans l'herbe mouillée ou sur une plage de sable chaud. Tout serait du pareil au même.

Elle continua à marcher lentement dans la pièce. Elle s'habituait rapidement à ses nouvelles jambes, chaque pas lui semblait plus facile que le précédent. Elle remarqua alors un miroir au dessus d'un lavabo dans un coin de la chambre et elle s'en approcha pour regarder son visage. Malgré tout ce que le droïde médecin lui avait déjà annoncé, elle ne s'attendait pas à un tel choc. Une cicatrice barrait son œil droit, mais surtout, tout le côté gauche de son visage, de la tempe à la mâchoire inférieure, était couvert de cicatrices violacées. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Elle fut soudainement envahie de rage, de colère et de haine, contre elle même et contre Luke.

– Non, hurla-t-elle, Noonn ! Luke, espèce de salopard ! Tu n'as même pas été capable de me tuer proprement ! Tu paieras pour ce que tu m'a fait. Je te hais ! JE TE HAIS !

En prononçant ces dernières paroles, elle pointa la main vers le reflet de son visage dans la glace et lui projeta toute sa rage. Le miroir explosa en centaines de morceaux. Elle éclata alors en sanglots et alla se jeter sur le lit, enfouissant son visage dans l'oreiller. Elle resta ainsi de longues minutes à pleurer et à ruminer des idées noires. Elle envisagea d'en finir, pensant à se trancher la gorge avec une vibrolame ou à se jeter dans l'espace à travers un sas sans combinaison. Mais elle repoussa vite ces idées suicidaires. Ce qu'elle voulait avant tout c'était se venger, faire souffrir Luke comme elle avait souffert. Pour cela, elle devait continuer à vivre.

On sonna soudain à la porte de sa chambre et la voix légèrement assourdie d'un stormtrooper se fit entendre :

– Major Brie ? Le Seigneur Vador souhaiterait vous voir, il m'a demandé de vous conduire à lui.

– Laissez-moi une minute pour me préparer, répondit-elle.

Elle trouva une combinaison militaire de repos et des bottes dans l'armoire de sa chambre. Elle les enfila, puis entreprit de sécher ses larmes. Quand elle fut présentable, elle ouvrit la porte.

– Je suis prête, sergent, conduisez-moi auprès du Seigneur Vador.

Elle suivit le sergent dans les couloirs du vaisseau jusqu'aux quartiers du Seigneur Sith. Dark Vador l'attendait à l'intérieur de sa chambre de méditation.

– Entre, Shira, lui dit-il.

Elle s'avança, entra dans la chambre et vint s'asseoir à genoux aux pieds du Seigneur noir.

– Tu as pleuré, dit-il, pourquoi ?

– Mon Seigneur, pourquoi êtes-vous venu me chercher ? J'ai été faible, j'ai échoué dans ma mission, vous auriez dû me laisser mourir. A quoi puis-je encore vous servir, réduite comme je le suis à cet état moitié femme, moitié machine ?

– Tu as développé des sentiments pour le jeune Skywalker.

– Oui, j'ai eu l'occasion de le tuer, mais j'ai hésité et c'est lui qui m'a eue.

– La passion est une force, mais l'attachement est une faiblesse, tu ne dois pas l'oublier.

– Oui, mon Seigneur.

Vador appuya sur un bouton du tableau de commande devant lui. La chambre de méditation se referma et la pression commença à monter.

– Sais-tu pourquoi je porte ce masque, Shira ?

– Vous en avez besoin pour respirer, mon Seigneur, il vous maintient en vie, comme le corset cybernétique que je porte à présent.

Vador appuya sur un autre bouton. Un bras mécanique descendit du plafond et vint retirer son casque, puis un autre retira le masque respiratoire qui couvrait son visage. Shira vit pour la première fois le visage du Seigneur Sith. Son crâne chauve portait d'horribles cicatrices de brûlures. Ses yeux bleus, cernés et avec des reflets jaunes la fixaient d'un regard dur mais qui semblait étrangement par moment montrer comme une vague expression de tendresse. Shira ressentit de la pitié pour les souffrances qu'il devait avoir enduré. Son propre sort ne lui parut alors plus aussi terrible.

– Dans cette chambre hyperbare, reprit Vador, il m'est possible de retirer ce masque et de respirer normalement. Très peu de personnes ont vu mon visage comme tu le vois en ce moment.

– Mon Seigneur, puis-je me permettre de vous demander ce qui vous est arrivé ?

– Autrefois, sous l'ancienne république, j'étais un chevalier Jedi, sans doute l'un des meilleurs. J'ai aimé une femme, avec passion, ce qui était interdit par les règles de l'ordre. J'étais totalement obsédé par la peur de la perdre. Le chancelier Palpatine, Dark Sidious, a senti ma peur et m'a offert le pouvoir du Côté Obscur, me promettant qu'il me permettrait de la sauver. Quand les maîtres Jedi ont trahi la république et tenté d'assassiner le chancelier, j'ai accepté son offre et je suis devenu Dark Vador. J'ai traqué et tué les Jedi tandis que mon nouveau maître se proclamait Empereur.

– Et votre femme, qu'est-elle devenue ?

– Elle m'a trahi. Elle s'est liguée avec mon ancien maître, Obi-Wan Kenobi, qui a tenté de me tuer. Il y a presque réussi, me laissant mutilé et horriblement brûlé sur la berge d'une rivière de lave. C'est l'Empereur qui m'a sauvé, il est venu me chercher puis m'a offert de nouveaux membres et cette armure qui me maintient en vie. Ce n'est qu'alors que j'ai appris que dans ma colère, j'avais tué la femme que j'aimais. Mon maître est aujourd'hui tout ce qui me reste.

– Je comprends, mon Seigneur. Vous avez fait pour moi ce que l'Empereur a fait pour vous.

Shira esquissa un sourire, elle commençait à se sentir un peu euphorique dans cette atmosphère saturée en oxygène.

– Ne te méprends pas, reprit Vador, si Dark Sidious m'a sauvé, ce n'est pas par compassion, mais uniquement à cause de mon potentiel comme apprenti Sith. C'est également la raison pour laquelle je suis venu te chercher. Tu as un don très rare Shira, je l'ai senti dès le premier jour où je t'ai vue. Une sombre lumière brille en toi qui ne demande qu'à grandir. La Règle des Deux qui régit notre ordre m'interdit de te prendre officiellement comme apprentie Sith et de te conférer le titre de Dark, tu seras donc mon élève secrète. Officiellement, le major Shira Brie est morte en mission, c'est ce que j'ai déclaré à tes supérieurs des services de renseignements. Dorénavant, tu prendras le nom de Lumiya, dame du Côté Obscur.

– Merci maître, je vous promet de ne plus vous décevoir.

Vador leva sa main et un cristal tétraèdrique orné de symboles et brillant d'une lumière rouge vint flotter jusqu'à lui.

– Sais-tu ce qu'est cet objet, Lumiya ?

– Non maître, je n'ai jamais rien vu de la sorte.

– C'est un holocron Sith, un réceptacle des connaissances millénaires de notre ordre. Seul un adepte du Côté Obscur peut l'ouvrir et accéder à son savoir. C'est à toi de l'ouvrir.

Lumiya leva sa main et amena l'holocron à elle. Elle ferma les yeux et se concentra. Tout d'abord, elle ne vit rien. Elle pensa alors à Luke et laissa monter sa haine. Elle vit alors que chaque sommet du tétraèdre pouvait pivoter selon un certain angle. Elle les fit pivoter un par un avec la Force et le tétraèdre s'ouvrit, révélant une image d'un ancien Seigneur Sith.

– C'est bien, dit Vador en ramenant l'holocron vers lui et en le refermant. Je t'ai fait attribuer de nouveaux quartiers à l'écart de l'équipage au nom de dame Lumiya.

Il leva à nouveau la main et une cape et une écharpe noire vinrent flotter jusqu'à lui.

– Tu vas mettre cette cape et couvrir ton visage avec cette écharpe et tu te rendras dans tes nouveaux quartiers avec l'holocron. Il t'apprendra l'ancienne langue de notre ordre. Quand tu l'auras suffisamment étudié, je verrai quelle nouvelle mission te confier.

Vador remit son masque et son casque et la pression dans la chambre commença à redescendre. Pendant ce temps, Lumiya mit la cape sur ses épaules et couvrit son visage avec l'écharpe. La chambre de méditation s'ouvrit une fois la pression redescendue à la normale et Lumiya prit l'holocron et quitta son maître pour rejoindre ses quartiers.

 

Cité impériale, Coruscant

 

Quand Lumiya reprit conscience, il lui fallu un moment pour se rappeler où elle se trouvait. Elle n'était pas dans les quartiers que Vador lui avait attribués à bord de l'Executor, cela n'était qu'un rêve. En réalité, elle était étendue sur une couchette dans une cellule du bloc de détention du palais impérial. On venait manifestement de désactiver le collier de contrôle qui l'avait maintenue inconsciente durant de longues heures. Elle se souvenait maintenant d'avoir défié Claria la veille au soir et d'avoir été vaincue. Elle se rappelait aussi de ce que la Dame Sith lui avait dit à propos de son défunt maître et de Luke Skywalker. Se pourrait-il que cela soit vrai ? Pourquoi Vador ne lui avait-il rien dit ? Tandis qu'elle essayait de chercher des réponses dans la Force, la porte de sa cellule s'ouvrit et la directrice Isard entra en compagnie de l'agent Ivak.

– Major Brie, dit Isard, c'est un réel plaisir de vous revoir en vie ! Nous vous croyions morte depuis tout ce temps !

– Shira Brie est bien morte, Isard, je suis dame Lumiya à présent !

Ysanne Isard toucha un bouton à sa ceinture et Lumiya reçut une violente décharge électrique via son collier de contrôle.

– Un peu de respect, major, en ce qui me concerne, vous êtes toujours ma subordonnée quel que soit le titre que vous ait conféré Vador !

– Veuillez m'excuser, madame la directrice.

– Voilà, c'est mieux. Je ne suis pas venue vous chercher querelle, Lumiya. En fait je souhaiterais parler avec vous de votre ancien maître, Dark Vador et de notre nouvelle ennemie commune, Dark Claria.

– Que souhaitez-vous savoir ?

– Parlez-moi d'abord de cette mission d'infiltration que vous a confié Vador et qui a conduit à votre mort officielle.

– Ma mission consistait à approcher le commandant Skywalker et à le tuer ou le discréditer. Mais cela ne s'est pas passé comme prévu, c'est moi qui ai été abattue et je serais morte si le Seigneur Vador ne m'avait pas sauvée.

– Oui, j'ai appris que Skywalker avait été brièvement renvoyé pour avoir apparemment tué une de ses coéquipières. Mais il semble avoir réussi à prouver assez vite que vous étiez une espionne et à restaurer son honneur. Vador vous a ensuite prise comme apprentie secrète. Quel but poursuivait-il ?

– Je n'en sais trop rien. Il m'a d'abord confié un holocron Sith pour que j'apprenne l'ancienne langue noire et dans le même temps je me suis fabriqué cette armure que je porte. Il m'a ensuite présenté à l'Empereur qui m'a pris à son service comme l'une de ses Mains. Enfin il m'a envoyé sur Ziost où j'ai trouvé un ancien rouleau Sith expliquant comment construire un fouet laser. J'y étais toujours lorsque j'ai senti sa mort dans la Force. Je suis alors revenue et j'ai confronté Claria pour le titre de Dame des Sith. J'ai réussi à la blesser mais elle m'a terrassée par des éclairs de Force. Je ne pensais pas qu'elle serait capable d'invoquer un tel pouvoir aussi rapidement. Je l'ai manifestement sous-estimée. Elle m'a dit quelque chose d'étrange que j'ai d'abord pris pour des mensonges. Selon elle, Dark Vador aurait tenté de tuer l'Empereur et Luke Skywalker serait son fils.

– Il s'agissait sans doute de mensonges pour vous déstabiliser. L'Empereur lui-même a confirmé que Vador avait été tué par Skywalker.

– Non, elle disait la vérité. Je l'ai senti dans la Force même si je n'ai pas voulu l'admettre. Mais je n'y comprends plus rien. Si Luke Skywalker et Leïa Organa sont les enfants de Vador et s'il a tenté de tuer l'Empereur pour sauver son fils, pourquoi m'avait-il confié la mission de le tuer six mois plus tôt ? Cela n'a aucun sens.

– La princesse Leïa serait donc la fille de Vador et la sœur de Skywalker ? Étrange mais néanmoins vraisemblable. Il est de notoriété publique que c'est une orpheline de la guerre des clones que le couple royal d'Alderaan a adopté. Quand à l'attitude de Vador, je pense qu'il faut y voir un conflit entre ses sentiments paternels et son allégeance Sith.

– Que comptez-vous faire de moi à présent, madame la directrice ?

– Vous m'avez été fort utile Lumiya, aussi je vais vous libérer. Agent Ivak, veuillez lui ôter son collier de contrôle et la reconduire en toute discrétion à sa motojet. Vous Lumiya, tachez de reprendre votre place comme Main de l'Empereur et allez vous excuser auprès de Dark Claria. Nous devrons utiliser d'autres méthodes que l'affrontement direct pour la déstabiliser.

– Vous avez un plan à ce sujet ?

– Oui, j'ai ma petite idée.

Ivak retira le collier de contrôle du cou de Lumiya puis il la conduisit au hangar où sa motojet avait été rangée. Ysanne Isard quitta le bloc de détention et regagna son bureau. Une fois arrivée, elle prit dans un tiroir un comlink qui n'était pas celui qu'elle utilisait d'habitude et passa un appel :

– Shan Logan ? Ici votre source d'informations préférée. Que diriez-vous de dîner avec moi ce soir au restaurant « Les délices du palais » ? Vous demanderez dame Chonelaï.

– Chonelaï, c'est un nom pantorien n'est-ce pas ? Entendu, j'y serai, répondit l'homme.

– Très bien, à ce soir, donc.

Elle raccrocha. Shan Logan était un célèbre journaliste de la presse à scandale qui animait une émission sur les personnes célèbres diffusée sur le canal HNE Coruscant. Elle avait entretenu autrefois une liaison avec lui il y a plus de cinq ans, avant qu'elle ne devienne directrice des renseignements. Bien évidemment, elle ne pouvait plus se permettre ce genre de faiblesse à présent. Pour le plaisir, elle avait à sa disposition tous les esclaves qu'elle pouvait désirer, et ceux et celles qui ne se montraient pas à la hauteur n'avaient pas droit à une deuxième chance. Le seul homme qu'elle cherchait encore à séduire, c'était l'Empereur Palpatine lui-même. Elle savait bien sûr qu'il n'était pas sans risque pour une femme aveugle à la Force d'avoir des relations intimes avec un puissant Seigneur Sith, certaines concubines impériales l'avaient payé de leur vie ou de leur santé mentale ; mais elle était prête à prendre le risque pour gagner encore plus de pouvoir. Cependant, malgré ses efforts et les rumeurs qui couraient à ce sujet, elle n'était encore arrivée à rien. En ce qui concernait son ancien amant, elle se contentait à présent de lui fournir de temps en temps quelques informations croustillantes pour son émission et à le protéger des représailles éventuelles. Elle considérait en effet qu'il valait bien mieux sur une planète aussi peuplée et cosmopolite que Coruscant laisser une certaine liberté à la presse plutôt que de tout censurer. La populace se montrait bien plus docile si ses chaînes n'étaient pas trop serrées. Une chose était sûre en tout cas : avec ce qu'elle venait d'apprendre, la prochaine émission de Shan Logan allait sûrement battre des records d'audience.


Note: Le corset cybernétique que porte Lumiya de manière permanente est plusieurs fois évoqué dans la littérature officielle mais jamais décrit précisément. J'en donne donc ici ma vision personnelle. Je me suis notamment inspiré d'une illustration dans le guide officiel Jedi vs. Sith: The official guide to the Force où elle est représentée en sous-vêtements (culotte et chemise) à l'infirmerie de l'Executor et où son corset cybernétique n'est pas visible ; ce qui semble confirmer que son étendue est relativement limitée.

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