Dark Claria : Dame rouge des Sith

Chapitre 17 : Chapitre 16 : Du sang et des larmes

6168 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:15

Chapitre 16 : Du sang et des larmes

 

Quartier général de l'Alliance rebelle, Arbra

 

Sur Arbra, Luke poursuivait l'entraînement Jedi de Leïa. Ils étaient tous deux en train de méditer, s'ouvrant à la Force. Luke continuait de ressentir une menace, le Côté Obscur grandissait, se rapprochait, cherchant à l'atteindre, lui et sa sœur. Il ressentit tout d'abord une présence, comme celle qu'il avait perçue lorsque Winter leur avait montré l'émission holographique quelques jours auparavant, mais elle était cette fois beaucoup plus distincte, beaucoup plus proche : Lumiya !

Il se focalisa sur cette présence et une image lui apparût alors. Elle était différente de celle qu'il avait vu en hologramme, sa tenue était plus légère et au lieu d'un casque intégral, elle portait une coiffe et un voile qui laissaient voir le milieu de son visage, ses yeux surtout. Oui, c'étaient bien les beaux yeux gris-verts de Shira, ces yeux qui l'avaient si souvent regardé avec tendresse. Mais à présent, ils n'étaient plus emplis que de haine. Il perçut alors une autre présence à côté de la sombre dame, une autre femme. Elle était blessée, elle avait mal, elle l'appelait à l'aide : Darial !

Il la vit, tremblante, pointer son arme vers Lumiya et tirer, mais la sombre dame dévia le tir de sa main et lui arracha son arme avec la Force. Un soldat tira un rayon paralysant puis elle fut emmenée, inconsciente, dans le transport impérial. La ferme était en flammes, comme jadis sur Tatooïne. La vision se modifia et Luke sentit que ce qu'il voyait maintenant ne s'était pas encore produit. Darial était suspendue dans un champ de rétention, ses vêtements déchirés, son dos et son visage en sang. Lumiya était là avec un de ces horribles droïdes de torture impériaux, visiblement satisfaite des souffrances qu'elle venait d'infliger. Luke ne put en supporter davantage.

– Noonn ! hurla-t-il en sortant de sa transe.

Interrompant sa propre méditation, Leïa se précipita auprès de son frère.

– Luke ! Que se passe-t-il ?

– C'était un piège, Leïa ! J'ai vu Lumiya sur Beheboth avec Darial. Elle était blessée et m'appelait à l'aide. Lumiya l'a faite prisonnière et s'apprête à la torturer. Je ne sais pas ce que sont devenus Han et Lando, ils n'étaient pas dans ma vision.

– Han va bien, j'en suis sûre, répondit Leïa. Je l'ai vu pendant ma méditation. Ils sont repartis avant l'attaque impériale et seront bientôt de retour. Mais il y a quelqu'un d'autre avec eux, un homme qu'ils ont rencontré la-bas.

– C'est de ma faute, j'aurais dû y aller moi-même, j'aurais pu protéger Darial de Lumiya ! Maintenant, elle va souffrir, peut-être mourir et je ne peux rien y faire.

– Non, Luke, c'est moi qui ai pris la décision d'envoyer quelqu'un sur Beheboth pour enquêter. Ni toi, ni moi, ne pouvions savoir ce qui allait arriver. Lumiya est seule responsable, tu n'as rien à te reprocher.

Leïa prit son frère dans ses bras et Luke la serra à son tour contre lui. Il se laissa aller à son chagrin, pleurant doucement contre l'épaule de sa sœur, libérant la tension accumulée depuis qu'il était revenu de la seconde Étoile de la Mort. Ils restèrent ainsi de longue minutes l'un contre l'autre. Pour l'apaiser, Leïa récitait le mantra Jedi que Luke lui avait appris et qu'il tenait lui-même de maître Yoda.

Il n'y a pas d'émotion, il n'y a que la paix.Il n'y a pas d'ignorance, il n'y a que le savoir.Il n'y a pas de passion, il n'y a que la sérénité.Il n'y a pas de chaos, il n'y a que l'harmonie.Il n'y a pas de mort, il n'y a que la Force.

 

Cité impériale, Coruscant

 

Claria fut tirée de son sommeil par des bips insistants qui lui indiquaient qu'elle avait un appel prioritaire par holonet. Elle se leva et se dirigeait vers le projecteur holographique lorsqu'elle s'aperçut qu'elle était nue. Elle était tellement épuisée la veille au soir après le viol mental que lui avait fait subir son maître qu'elle s'était effondrée sur son lit après sa vapodouche, sans même prendre la peine de passer un pyjama. Elle alla donc rapidement mettre un peignoir avant de prendre l'appel. L'image de Lumiya apparut devant elle et la voyant ainsi vêtue, se confondit en excuses.

– Veuillez me pardonner de vous avoir réveillée, Dame Claria, je n'avais pas conscience qu'il faisait nuit en ce moment au palais impérial.

– Vous n'avez pas à vous excuser, Lumiya, c'est moi qui vous ai demandé de me recontacter lorsque Jix serait à bord du Faucon. Tout s'est-il déroulé selon nos plans ?

– Parfaitement ma Dame, le Faucon Millenium est reparti vers Arbra avec Jix à son bord. J'ai également fait prisonnière le contact des rebelles sur Beheboth qui s'est révélé être une fermière hydroponique nommée Darial Anglethorn. Je voudrais solliciter votre permission pour procéder à son interrogatoire durant le voyage de retour.

– L'interrogatoire des prisonniers rebelles relève plutôt de la responsabilité d'Ysanne Isard. Avez-vous une raison particulière de vouloir l'interroger vous-même, Lumiya ?

– Oui, je pense que cette femme pourrait être sensible à la Force. J'ai conduit moi-même l'assaut sur la ferme Anglethorn qui était un vrai camp retranché. Lors de notre confrontation, j'ai ressenti sa présence de manière inhabituelle.

– Fort bien, je vous autorise donc à l'interroger. Mais prenez garde à ne pas trop l'abîmer, nous ne voudrions pas priver madame la directrice de son petit plaisir, n'est-ce pas ?

– Soyez sans crainte, je la lui ramènerai vivante. Nous repartons pour Coruscant sur l'heure. Bonne nuit, Dame Claria.

Claria coupa la communication puis retourna se coucher. Jusqu'ici, tout se déroulait comme elle l'avait prévu. Il n'y avait plus qu'à attendre que Jix les contacte depuis Arbra pour pouvoir passer à l'offensive. Elle songea également que Lumiya s'était montrée digne de la confiance qu'elle lui avait accordée ; elle avait mené sa mission à bien et avait même fait preuve d'initiative en s'occupant personnellement de la capture de cet agent rebelle. Elle pourrait donc lui confier également la responsabilité de l'attaque sur Arbra et de la capture de la princesse Leïa pendant qu'elle s'occuperait de retrouver Kadann.

 

Quartier général de l'Alliance rebelle, Arbra

 

De retour de Beheboth, le Faucon Millenium venait de se poser sur Arbra. Alors que Han descendait la rampe d'accès, il vit que Leïa et Winter les attendaient. Il remarqua que Leïa avait sa tête des mauvais jours et que Luke n'était pas là. Il se demanda ce qui avait bien pu se passer en son absence.

– Et voilà, annonça Han, nous sommes de retour et sans aucune égratignure. Toute cette histoire semble n'être qu'un canular, nous n'avons repéré aucune activité impériale inhabituelle.

Lando, Chewbacca, C-3PO et Jix descendirent à leur tour

– Nous avons quand même rencontré un croiseur impérial en repartant, ajouta 3PO, mais ce n'était pas après nous qu'ils en avaient. Ils poursuivaient un contrebandier corellien, monsieur Wrenga Jixton.

– Et du coup, poursuivit Han, nous vous avons ramené un de mes compatriotes. Il a perdu son vaisseau et sa cargaison et aurait besoin de se planquer pendant quelques temps. Mais tu en fais une tête, mon cœur ! Que s'est-il passé ici ? Et où est Luke ?

– C'était malheureusement un piège, Han, répondit Leïa, mais qui n'était pas dirigé contre vous. Luke a eu une vision : après votre départ, Lumiya a attaqué la ferme Anglethorn avec une escouade de stormtroopers. Darial a été blessée et capturée. Luke a aussi vu qu'elle allait être torturée. Cela l'a profondément affecté et il a besoin de se reposer.

– Shavit, dit Lando, l'un de nous aurait du rester pour la protéger. Pauvre fille, elle était si charmante !

– Vous n'auriez rien pu faire, Lando, intervint Winter. Lumiya vous aurait capturé ou tué vous aussi.

Remarquant Jix qui était resté à l'arrière du groupe, Leïa lui adressa la parole :

– Je suppose que vous êtes ce contrebandier en délicatesse avec l'Empire auquel le capitaine Solo est venu en aide ? Je suis la princesse Leïa Organa et voici mon assistante, Winter Retrac. Je vous souhaite la bienvenue sur Arbra, monsieur Jixton !

– Merci votre altesse, répondit-il, mais je vous en prie, appelez-moi Jix ! Si vous le permettez, je souhaiterais me cacher parmi vous quelques temps car je vais être recherché à la fois par l'Empire et par mes commanditaires de la Nébuleuse Noire.

– Qu'en penses-tu, Han ? lui demanda Leïa. Tu crois qu'on peut lui faire confiance ?

– Son histoire tient la route en tout cas. Il nous a dit qu'il devait livrer du ryll et je suis bien placé pour savoir que l'Empire n'aime pas particulièrement les trafiquants de drogue !

– Et nous n'avons rien trouvé de suspect sur lui, ajouta Lando, juste l'attirail classique pour un contrebandier.

– Je n'ai pas non plus vu le nom de Wrenga Jixton dans les dossiers de renseignement auxquels j'ai eu accès, ajouta Winter.

– Puisque personne n'a d'objection, reprit Leïa, c'est d'accord. Vous pouvez rester avec nous autant qu'il vous plaira, Jix. Vous devez juste comprendre que si vous quittez Arbra, vous ne pourrez plus revenir. Ses coordonnées hyperspatiales doivent absolument être tenues secrètes.

– Bien sûr, répondit Jix, je comprends. Je resterai juste le temps que les choses se tassent et que mes commanditaires me croient mort dans l'explosion de mon vaisseau.

– Comme vous voudrez, dit Leïa. Nous avons récemment aménagé de nouveaux quartiers d'habitation, Winter va vous y conduire.

– Merci, votre altesse.

– Je vais vous accompagner moi aussi, dit Lando.

Tandis que Winter, Jix et Lando s'éloignaient, Han s'approcha de Leïa pour la prendre dans ses bras et déposer un tendre baiser sur ses lèvres.

– Ça va ma chérie ? lui demanda-t-il. Pas trop secouée par tout cela ? Et Luke, comment va-t-il ?

– Je vais bien Han, répondit-elle. C'est Luke qui a été le plus secoué, il s'en veut de ne pas y être allé lui-même, il pense qu'il aurait pu protéger Darial de Lumiya.

– Je n'aimerais pas être dans sa situation. Darial est une chic fille, j'espère vraiment qu'elle pourra s'en sortir.

– Nous n'y pouvons rien malheureusement, son destin dépend maintenant de la Force.

– Tu parles déjà comme une vraie Jedi, lui répondit Han en souriant. Est-ce que tu penses que la Force m'autorisera à partager à nouveau ton lit cette nuit ?

– C'est de l'ordre du possible, tu l'as bien mérité et je crois que j'en ai moi-même bien besoin. Mais je te préviens que si tu recommences à t'en vanter comme un vaurien stupide, je m'entraînerai à serrer ton beau petit cou avec la Force comme une vraie fille de Sith, mon chéri !

– D'accord, mon cœur, je me tiendrai tranquille. Je m'en voudrais trop de te voir rejoindre le Côté Obscur par ma faute.

Tandis que Han et Leïa s'éloignaient bras dessus bras dessous, Jix suivait Lando et Winter qui le conduisaient à travers la vaste caverne principale vers les nouveaux quartiers qui avaient été récemment creusés dans la roche.

– Je dois reconnaître que votre base est impressionnante, dit-il. J'ai vu des tas de repères de contrebandiers mais jamais rien qui ressemble à cela. Et ces petites créatures à fourrure qui traînent partout, elles ne vous dérangent pas ?

– Les Hoojibs ? répondit Winter. Non, ce sont eux les vrais propriétaires de ces lieux, nous sommes en quelque sorte leurs invités.

Jix savait bien sûr qui étaient les Hoojibs, Lumiya lui avait expliqué tout ce qu'il y avait à savoir sur Arbra pour préparer sa mission. Mais il devait jouer l'ignorant pour ne pas risquer de se trahir.

– Si ça se trouve, continua-t-il, cette Lumiya qui s'en est prise à votre amie sur Beheboth est probablement aussi responsable de la destruction de mon vaisseau. Qu'est-elle au juste, une sorte d'inquisitrice impériale ?

– Pire que cela, répondit Winter, c'est une sombre dame du Côté Obscur, une ancienne élève de Dark Vador, ce qu'il y a de plus proche d'une Dame Sith sans en avoir le titre.

– Et bien, j'ai eu une sacré veine que vous et le capitaine Solo ayez pu me récupérer, Lando. Qui sait ce que cette sombre dame aurait fait de moi si elle m'avait capturé !

– Oui, répondit Lando, vous auriez sûrement eu pire qu'un aller simple pour Kessel, mon vieux, probablement une bonne séance de torture avant votre exécution.

– Voila, nous sommes arrivés, reprit Winter. Ce n'est pas le grand luxe mais cette chambre devrait vous convenir, Jix.

– Oui, répondit-il, ne vous inquiétez pas, j'ai connu bien pire.

Winter et Lando repartirent, le laissant seul. La petite chambre qu'on lui avait assigné était effectivement plus spartiate que la suite VIP du Chimera. Il y avait juste une couchette, une petite table et une penderie. Il se demanda s'il devait activer tout de suite son émetteur hyperspatial pour signaler sa position, mais il se dit que ce ne serait pas prudent de le faire à l'intérieur de la base. Il y avait sans doute des détecteurs capables de repérer des émissions inhabituelles sans compter les nombreux Hoojibs qui étaient sensibles aux sources d'énergie. Il valait mieux qu'il attende d'avoir la possibilité de sortir de la base et de s'éloigner un peu dans la forêt avoisinante.

 

Alors qu'ils repartaient tous les deux vers la caverne principale, Winter interrogea Lando à propos de la mission sur Beheboth.

– Dites-moi Lando, avez-vous pu apprendre quelque chose sur l'origine de cette rumeur ? Il y a manifestement quelqu'un qui cherche à identifier et neutraliser nos contacts !

– Darial nous a dit qu'un vétéran de la guerre des clones, Nils Davani, en serait à l'origine. Il aurait reçu un message par holonet semblant provenir de sa fille, le capitaine Myrette Davani, une pilote d'élite dans l'escadron du baron Fel. Il est probable que quelqu'un ait usurpé son identité pour envoyer de fausses informations.

Winter réfléchit quelques instants. Le nom de Myrette Davani ne lui était pas inconnu, elle savait qu'elle faisait partie de l'escadron Sabre mais elle était sûre de l'avoir également vu ailleurs. Elle fit appel à ses dons de mémoire parfaite et trouva rapidement ce qu'elle cherchait. C'était dans le rapport que les services de renseignements de l'Alliance avaient récemment établi sur le passé de Shira Brie.

– Myrette Davani est une des rares femmes pilotes de chasseur TIE, répondit-elle, sans doute la meilleure. Elle a abattu trois de nos chasseurs à Endor, dont celui qui avait détruit le générateur de boucliers de la passerelle de l'Executor. Mais elle était aussi la camarade de promotion de Shira Brie à l'académie de Carida et sa plus proche amie. Je pense que cela ne laisse guère de doutes sur l'identité de la personne qui a envoyé ce faux message.

– Lumiya ! Cette fille de Hutt est à l'origine de tout ce gâchis ! Luke aurait dû mieux viser lors de la bataille de l'armada secrète et l'exploser en mille morceaux !

– Oui, elle devient très dangereuse, peut-être encore plus que Dark Claria car elle est motivée par son désir de vengeance contre Luke.

– Au fait, reprit Lando sur un ton plus léger, vous ne sauriez pas jusqu'à quel point Myrette Davani et Shira Brie étaient proches par hasard ? Parce que d'après Darial, cette chère Myrette serait plutôt portée sur les filles !

– Ah Lando, vous êtes incorrigible, répondit Winter entre deux éclats de rire, toujours à l'affût du moindre potin croustillant ! Non, rien ne laisse à penser qu'elles aient été amantes. Cependant, Darial pourrait bien avoir raison. Il nous a fallu du temps, mais nous avons réussi à casser une partie des codes de chiffrement utilisés par l'Empire lors de la bataille d'Endor. En particulier, nous avons pu décrypter le dernier message émis depuis l'Executor quelques secondes avant que le chasseur d'Arvel Crynyd ne s'écrase sur la passerelle, provoquant la destruction du super-croiseur.

Winter prit son datapad et y rechercha le fichier audio du message décrypté. Ils entendirent une voix de femme, pleine de tristesse, prononcer ces quelques mots : « Adieu Rette, je t'aime ! » Ils furent immédiatement suivis d'une explosion, puis d'un crépitement de statique indiquant la perte du signal.

– La voix que nous venons d'entendre, reprit Winter d'un ton plus grave, était celle de l'enseigne Tarania Keitan, qui occupait ce jour là le poste d'opératrice de communication sur la passerelle. Elle avait tout juste vingt ans et était en poste sur l'Executor depuis un an. Elle a eu le temps d'envoyer ce dernier message pour le capitaine Davani – Rette pour les intimes – juste avant de mourir. Il semble bien que les deux jeunes femmes aient eue une liaison amoureuse.

– Ouais, répondit Lando, c'est moche la guerre. Pauvre fille, je comprends maintenant que Rette se voit vengée sur le gars qui a détruit le générateur de boucliers.

– Mais parlons de choses moins tristes. Avez-vous appris quelque chose d'intéressant dans la copie de l'émission de Logan et Piell que je vous ai prêtée sur votre insistance, Lando ?

– Oui, j'ai appris que ce vieux fossile de Palpatine s'était trouvé une nouvelle favorite. Le succès qu'il a auprès des femmes ne cessera jamais de m'étonner.

– Et bien figurez-vous que Shan Logan n'a pas révélé l'information la plus croustillante à ce sujet. Il semblerait qu'avant Palpatine, Zeneb LaChannelle ait été la maîtresse de Roganda Ismaren. Ce serait même elle qui l'aurait présentée à l'Empereur !

– Ainsi donc, elles seraient toutes deux à voile et à vapeur ? Décidément, on ne s'ennuie jamais avec les frasques de la cour impériale, surtout lorsqu'on a pour source d'information une agent de renseignements de l'Alliance. A ce propos, que diriez-vous de dîner avec moi ce soir, Winter ?

– Désolée Lando, je ne suis pas libre. Tycho Celchu m'a déjà invitée à dîner !

– Voilà donc pourquoi vous êtes d'humeur moins froide que d'habitude. Bonne soirée alors et amusez-vous bien !

– Bonne soirée à vous aussi. Et surtout soyez discret, inutile que tout le monde soit au courant demain matin comme pour Leïa et Han !

– Promis, je serai muet comme une tombe.

Lando prit congé et s'éloigna avec un pincement au cœur. Il aurait bien aimé pouvoir inviter Winter à dîner, ne serait-ce que pour se changer les idées et ne plus penser à Darial. Il n'avait passé qu'une petite heure en sa compagnie et pourtant, le fait de la savoir entre les mains de Lumiya lui était insupportable. Il se demanda si lui, le grand séducteur, n'était pas en train de tomber amoureux.

 

Croiseur Chimera, en transit vers Coruscant

 

Darial reprit conscience dans une cellule pénitentiaire à bord du Chimera. Elle était encore désorientée par le tir paralysant qu'elle avait reçu mais la douleur lancinante dans son épaule gauche lui rappela ce qui s'était passé et qu'elle était toujours vivante. Des bracelets de métal enserraient ses poignets et ses chevilles et elle était maintenue suspendue, debout et les membres écartés, dans une sorte de champ de rétention qui diffusait dans la cellule une pale lueur bleutée. Tournant la tête sur la gauche, elle vit que sa blessure avait été rapidement soignée ; le côté gauche de sa combinaison avait été arraché et un pansement au bacta avait été posé sur ses brûlures. Elle se demanda pourquoi elle était ainsi retenue immobile, d'habitude les impériaux se contentaient de jeter leurs prisonniers dans une cellule avant de venir les interroger ou les exécuter. Quelque soit la raison de ce traitement particulier, cela ne présageait certainement rien de bon pour elle.

Soudain, une vive lumière l'aveugla et elle entendit la porte de la cellule s'ouvrir. Quelqu'un entra et la porte se referma à nouveau. Une fois ses yeux accoutumés à la lumière, elle reconnut la femme cyborg qui avait mené l'attaque sur sa ferme, celle qui avait dévié ses tirs de blasters de ses mains et lui avait arraché son arme. Derrière elle flottait un droïde sphérique, un interrogateur IT-O équipé d'une seringue et de divers instruments de torture tous plus terrifiants les uns que les autres. Elle s'approcha, tenant dans une main une sorte de fouet en métal et dans l'autre un boîtier de commande. Elle appuya sur un bouton du boîtier et aussitôt, les bracelets retenant les membres de Darial lui envoyèrent des décharges électriques dans tout le corps, tétanisant ses muscles et la faisant hurler de douleur.

– Bien, dit la femme cyborg après avoir relâché le bouton, je vois que tu es réveillée, chienne de rebelle ! Darial Anglethorn, n'est-ce pas ?

– Oui, répondit-elle péniblement, je suis Darial Anglethorn. Et vous, vous êtes une inquisitrice ? C'est beaucoup d'honneur pour une chienne de rebelle comme moi !

– Mon nom est Lumiya et je suis bien plus qu'une inquisitrice. Je suis une sombre dame, sous les ordres directs de Dark Claria, nouvelle commandeure suprême de l'Empire. Et en temps qu'amie de Luke Skywalker, tu mérites toute mon attention !

Darial savait qu'elle allait être torturée et probablement exécutée ensuite. Elle pourrait résister un certain temps, mais elle finirait par craquer, même si elle n'avait pas grand chose à révéler. Elle ne connaissait qu'une fréquence et un code de chiffrement pour contacter l'Alliance, rien de plus. Les autres membres de sa cellule, qui travaillaient à la ferme avec elle, étaient probablement morts et elle ne connaissait pas les coordonnées hyperspatiales d'Arbra. Elle ne savait probablement rien qui puisse intéresser suffisamment Lumiya pour qu'elle abrège ses souffrances. Le mieux qu'elle pouvait faire était de la provoquer jusqu'à ce qu'elle la tue.

– Oui, répondit-elle, je suis une amie de Luke. Et quand il apprendra ce que vous m'avez fait, il vous tuera ! Vous n'êtes pas de taille face à un chevalier Jedi !

– Il a déjà essayé une fois de me tuer et j'ai survécu ! A notre prochaine rencontre, je le lui ferai payer. Je le ferai souffrir autant que j'ai souffert et ensuite, je le tuerai !

Darial eut soudain une intuition, elle repensa à ce que lui avait dit Lando, à la femme que Luke avait aimé et qui l'avait trahi. Elle était sûre que Lumiya était cette femme.

– C'est vous n'est-ce pas ? L'espionne impériale dont il était amoureux ! Celle qui l'a trahi et tenté de le tuer !

– Silence chienne ! rugit Lumiya.

Elle fit claquer son fouet et l'une des extrémités métalliques entailla le côté gauche du visage de Darial, de la tempe jusqu'au menton. Le sang coula le long de sa joue, dans son cou et sur son épaule, mais voyant qu'elle avait visé juste, elle continua à provoquer sa tortionnaire.

– Vous avez trahi l'amour qu'il vous portait, vous êtes un monstre, Lumiya !

La colère et la haine envahirent Lumiya. Les accusations de Darial lui faisaient mal et les sentiments que cette dernière avait pour Luke, qu'elle percevait maintenant de manière évidente, la rendirent folle de jalousie. Avec la Force, elle arracha ce qui restait du haut de la combinaison de Darial et elle se mit à fouetter sauvagement son dos. Celle-ci hurla de douleur sous les coups jusqu'à perdre à nouveau conscience, le dos en sang. Ce n'est qu'alors que la colère de Lumiya se calma ; elle avait promis à Claria de livrer sa prisonnière vivante.

Elle fit signe au droïde interrogateur de s'avancer et celui-ci injecta une drogue dans le cou de Darial. Il s'agissait d'un sérum contenant à la fois un hallucinogène, un stimulant et un hypnotique qui était fréquemment utilisé pour l'interrogatoire des prisonniers. En attendant que le produit fasse effet, Lumiya plaça sur sa bouche un synthétiseur vocal qu'elle avait programmé pour imiter le timbre de la voix de Luke Skywalker. Elle comptait exploiter les sentiments de Darial pour Luke afin de la faire parler.

Stimulée par la drogue, Darial reprit conscience complètement désorientée. Elle ne savait plus où elle se trouvait, ni pourquoi elle se sentait si mal.

– Où... où suis-je ? gémit-elle faiblement.

– Tout va bien, Darial, je suis là, répondit Lumiya avec la voix de Luke.

– Luke ! La Force soit louée, tu es venu ! Que m'est-il arrivé ? Pourquoi ais-je si mal ?

– Oui, j'ai entendu ton appel et je suis venu te sauver. La ferme a été attaquée par l'Empire et tu as été blessée, tu te souviens ?

– Luke ! Je vais mourir, je le sens. Je voudrais que tu saches... combien je t'aime !

Le sentiment de jalousie revint de nouveau hanter Lumiya lorsqu'elle entendit cette déclaration. Elle dut faire appel à la Force pour conserver son sang froid et continuer à jouer le jeu.

– Je t'aime aussi Darial ! Et tu ne va pas mourir, je te le promets !

– Oh Luke ! Embrasse-moi !

Lumiya se concentra dans la Force en pensant au baiser qu'elle avait échangé avec Luke six mois plus tôt. Elle projeta son esprit vers Darial et lui transmit cette sensation à travers la Force. Darial gémit doucement en sentant cette illusion de baiser sur ses lèvres, qui sous l'effet de la drogue lui parut bien réelle. Elle se souvint alors de la femme cyborg qui l'avait attaquée et qui voulait maintenant se venger de Luke.

– Luke, Lumiya est ici ! C'est elle qui m'a fait cela, elle veux te tendre un piège pour se venger. Tu dois partir et me laisser, je n'ai plus peur de la mort à présent.

– Ne crains rien, nous sommes en sécurité ici. Raconte-moi tout depuis le début. Tu te souviens de la première fois où nous nous sommes rencontrés ?

Toujours désorientée sous l'effet de la drogue, Darial raconta à Lumiya comment elle avait rencontré Luke cinq mois auparavant dans une cantina de Prosperity où il avait eu maille à partir avec des fermiers locaux. Elle s'était immédiatement prise de sympathie pour le jeune homme au sabre laser et lui avait offert un travail dans sa ferme jusqu'à ce qu'il puisse réparer son vaisseau endommagé. A l'époque, les fermiers étaient régulièrement attaqués par une bande de pirates qui se servaient des Tirrith, une forme de vie gazeuse native de Beheboth pour voler l'eau des fermiers en retenant en otage une partie de la colonie de manière à obliger les autres Tirrith à leur obéir. Luke avait alors aidé Darial à libérer les Tirrith otages et à vaincre les pirates. Les Tirrith les avaient alors remercié en ensemençant les nuages pour faire pleuvoir et Luke était reparti rejoindre ses amis rebelles, en laissant néanmoins à Darial une fréquence et un code pour le contacter en cas de besoin.

– Comment as-tu su que tu pouvais me faire confiance ? demanda Lumiya. Après tout, tes amis fermiers me prenaient pour un pirate.

– Je ne peux pas l'expliquer, répondit-elle, mais j'en étais sûre. Une sorte d'intuition, cela m'arrive assez souvent.

Lumiya en était sûre à présent, Darial Anglethorn était bien sensible à la Force, même si elle n'en avait pas conscience. Elle avait encore une dernière question à lui poser.

– Darial, est-ce que tu as eu d'autres contact avec l'Alliance avant la visite de Han et Lando ? Est-ce que d'autres personnes sur Beheboth savent que tu nous a contactés ?

– Non... personne sauf mes gardes... tous morts.

L'effet de la drogue commençait à se dissiper et la jeune femme semblait à nouveau sur le point de perdre connaissance.

– Luke, continua-t-elle avec peine, j'ai froid... Prends-moi... dans tes bras...

Darial poussa un dernier soupir avant de sombrer à nouveau dans l'inconscience. Lumiya, ayant appris tout ce qu'elle désirait savoir, retira son synthétiseur vocal, sortit de la cellule et s'adressa au garde devant l'entrée.

– J'en ai fini avec la prisonnière. Faites venir un droïde médecin pour soigner ses blessures et la rendre présentable pour la directrice Isard.

– A vos ordres, madame, répondit le garde.

Lumiya regagna ensuite ses quartiers. Elle était pensive, troublée par le fait qu'elle avait perdu son sang froid et failli tuer Darial lorsque celle-ci avait évoqué sa relation amoureuse avec Luke. Sans doute était-ce ce que la prisonnière recherchait, une mort rapide plutôt que de longues séances de torture. Elle avait menti pour la provoquer, car Luke n'avait jamais aimée Shira Brie, il l'avait tuée, en même temps que les sentiments que Shira lui portait. Elle était Lumiya à présent, qui haïssait Luke Skywalker plus que tout. Mais alors, pourquoi était-elle si jalouse des sentiments de Darial pour Luke ? Pourquoi la voyait-elle comme une rivale ? Elle avait Jix maintenant, un amant qui la satisfaisait pleinement. Pourtant, une petite partie d'elle-même n'était pas heureuse, un petit bout de Shira Brie subsistait à l'intérieur de Lumiya, une étincelle de lumière qui refusait de s'éteindre.

 

Note: Le dernier message de l'Executor évoqué par Winter dans ce chapitre fait référence à mon OS « Pour toi, Tarania».

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