Dark Claria : Dame rouge des Sith

Chapitre 19 : Chapitre 18 : Retour sur Tatooïne

7109 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:04

Chapitre 18 : Retour sur Tatooïne

 

Extérieur du quartier général de l'Alliance, Arbra

 

Cela faisait plus d'une heure que Jix s'enfonçait seul dans la forêt qui entourait la base Haven sur Arbra. Plus tôt dans la matinée, il avait demandé à l'assistante de la princesse Leïa, Winter Retrac, l'autorisation d'aller se promener seul dans la forêt pour se détendre. Elle n'y avait pas vu d'objection et lui avait juste confié un comlink à courte portée pour qu'il puisse joindre la base en cas de problème. Ce comlink était juste ce dont il avait besoin pour reprogrammer son émetteur hyperspatial. Essayer d'établir une communication bidirectionnelle lui paraissait bien trop risqué : les rebelles surveillaient attentivement les communications et il serait très certainement repéré. Il serait bien plus sûr d'envoyer un court message pré-enregistré et de basculer ensuite l'émetteur en mode passif en attente d'une réponse.

Jugeant qu'il s'était suffisamment éloigné, Jix commença par changer la fréquence et les codes de chiffrement du comlink à courte portée qu'on lui avait donné pour les aligner sur ceux de son émetteur. Il prit ensuite le dit émetteur, camouflé en cellule énergétique de blaster, et le relia à la véritable cellule de son autre blaster. Quand l'ensemble émit un bip indiquant qu'il était opérationnel, Jix activa son comlink qui se connecta à l'interface de commande de l'émetteur. Il enregistra alors un court message, confirmant qu'il se trouvait bien au quartier général de l'Alliance mais que les communications étant surveillées, il ne pouvait prendre le risque d'une communication bidirectionnelle. Il indiqua qu'il allait basculer l'émetteur en mode passif et qu'il attendrait des instructions sous vingt quatre heures. Il activa ensuite l'émetteur qui se mit à la recherche de relais holonet. Au bout d'une minute, l'interface de commande lui confirma que trois relais holonet situés à des distances comprises entre trente et cent parsecs avait été atteints et que le message avait été transmis avec succès. Il bascula ensuite l'émetteur en mode passif et se remit en route.

Il continua de marcher pendant plus de deux heures, décrivant un arc de cercle autour de la base rebelle. Il avait l'intention de déposer l'émetteur quelque part dans la forêt où il pourrait facilement le retrouver, mais à bonne distance de l'endroit d'où il avait émis le message. Ainsi, si les rebelles avaient repéré quelque chose, ils ne trouveraient rien de suspect ni sur lui ni à l'endroit d'où le signal était parti. Tout en marchant, il se dit que sa mission serait dans tout les cas un succès. Gara Petothel lui avait expliqué qu'il fallait que le signal transite par trois relais holonet distincts pour pouvoir trianguler précisément les coordonnées du lieu d'émission et c'était justement ce que l'interface de commande lui avait confirmé. L'Empire allait donc pouvoir localiser Arbra et Lumiya sera fière de lui. Lorsqu'il reviendra chercher l'émetteur le lendemain, il y trouvera certainement des informations sur l'attaque imminente de la flotte impériale. Il lui restera alors à trouver le moyen d'attirer la princesse Leïa à l'écart au moment opportun.

Ayant atteint une vaste clairière au milieu de la forêt, Jix se dit que c'était là l'endroit idéal pour cacher son émetteur. Il creusa donc un trou dans le sol au pied d'un arbre, y déposa l'émetteur qu'il recouvrit de terre puis d'une grosse pierre de quelques kilogrammes. Puis, ayant bien mémorisé la configuration des lieux, il se remit en route pour rentrer à la base.

 

Pendant ce temps, au quartier général de l'Alliance, une réunion avait été convoquée par Mon Mothma et le général Carlist Rieekan, commandant de la base Haven d'Arbra, pour faire le point de la situation après les derniers évènements survenus sur Beheboth. D'entrée de jeu, Borsk Fey'lya en imputa la responsabilité à Luke et Leïa pour leur décision hâtive d'envoyer Han Solo et Lando Calrissian enquêter sur Beheboth sous le nez de l'Empire. Mon Mothma prit à nouveau la défense de Leïa en faisant remarquer que la décision d'enquêter sur cette rumeur avait été prise lors de la réunion précédente et que Fey'lya n'avait alors pas fait part de ses craintes qu'il pouvait s'agir d'un piège.

Winter prit ensuite la parole pour faire le point sur les dernières informations obtenues par les services de renseignements de l'Alliance. Elle confirma que Lumiya était rentrée sur Coruscant où elle avait assisté, sans son armure, à la soirée de gala organisée par l'Empereur en l'honneur de sa nouvelle favorite, dame Zeneb LaChannelle. La retransmission de la réception sur HNE, dont Winter projeta quelques extraits, permettait de confirmer l'intuition de Luke selon laquelle Lumiya et Shira Brie étaient bien la même personne. On y voyait une jeune femme rousse aux yeux gris-verts, vêtue d'une robe bleue et le visage partiellement caché par une écharpe, qui était présentée par le journaliste Shan Logan comme étant dame Lumiya, l'assistante de Dame Claria. Winter indiqua que la comparaison avec les enregistrements de Shira Brie donnait une concordance quasi parfaite au niveau du visage, mais que Lumiya était plus grande d'une quinzaine de centimètres en raison de ses membres cybernétiques.

– En tout cas, fit remarquer Han, on n'a pas l'impression à la voir comme cela qu'elle ait passé plusieurs heures dans le vide spatial. Mis à part ses quelques cicatrices au visage, elle est même plutôt mignonne.

– Si vous voulez tout savoir, Han, reprit Winter, la rumeur dit même qu'elle aurait un petit ami, mais nous n'avons pas pu le confirmer.

Luke se sentait envahi de sentiments contradictoires en voyant ainsi l'image holographique de son ancienne amoureuse. Il se rappelait les quelques instants de tendresse qu'ils avaient partagés ensemble et l'idée qu'elle pouvait maintenant avoir un autre homme dans sa vie faisait naître dans son cœur une pointe de jalousie. Mais elle le haïssait à présent et cherchait à le faire souffrir, ce qu'il lui avait vu faire à Darial dans ses visions en était la preuve, et cela le remplissait d'amertume.

– Winter, demanda-t-il, avez-vous pu apprendre quelque chose à propos de Darial ?

– Oui, Luke, nous avons appris que Lumiya est revenue avec une prisonnière correspondant à son signalement qu'elle aurait remise à Ysanne Isard. Elle était blessée mais vivante.

– La Force soit louée, répondit Luke, j'avais peur que Lumiya ne la tue par vengeance, pour me faire souffrir.

– Mais nous ne pouvons pas la laisser aux mains d'Isard qui va certainement la torturer davantage, intervint Lando. Il faut trouver un moyen de la sortir de là.

– Malheureusement je ne vois pas comment, reprit Winter. Nous n'avons plus aucune cellule active sur Coruscant. Il nous reste quelques sympathisants qui n'ont pas encore été démasqués et qui nous transmettent des informations mais c'est bien insuffisant pour libérer une prisonnière.

– Allons la libérer alors, intervint Han. Avec Luke, nous avons bien sorti Leïa de la première Étoile de la Mort il y a quatre ans !

– Mais l'Empire ne s'y attendait pas alors, répondit le général Rieekan. Sur Coruscant, la sécurité est maximale depuis ce mystérieux attentat dont ils nous font porter la responsabilité. Navré capitaine Solo, mais je ne peux autoriser une telle mission de sauvetage, ce serait du suicide.

– Il a raison Han, dit Leïa, Coruscant est trop bien protégée, nous n'aurions aucune chance de réussir.

– C'est aussi mon avis, intervint Mon Mothma. Je suis désolée pour votre amie, maître Skywalker, mais nous ne pouvons rien faire pour elle dans l'immédiat. Conseiller Fey'lya, vos réseaux d'espions ont-il pu savoir quelque chose sur cet attentat qui a détruit un quartier de la cité impériale ? Je ne peux croire que des membres de l'Alliance soient responsables d'un tel attentat aveugle !

– Moi non plus, madame la sénatrice, répondit le Bothan. Nous pensons soit à une action de représailles de la Nébuleuse Noire suite à la tentative d'assassinat de leur vigo suprême, soit à une action sous fausse bannière des services secrets impériaux pour nous aliéner la population.

– La Nébuleuse Noire ? intervint Winter. Qu'est-ce qui vous permet de penser qu'elle serait impliquée ?

– Selon nos informations, l'agent impérial qui a tenté de tuer le vigo suprême Dequc était une jeune femme rousse armée d'un sabre laser magenta.

– Mara Jade ! répondit Luke. Selon ce que m'a dit mon père, c'est bien le genre de missions qui lui étaient confiées en tant que Main de l'Empereur.

– Mais ce n'est pas dans le style de la Nébuleuse Noire de se venger par un attentat visant la population civile, dit Han. Ils engageraient plutôt des chasseurs de primes pour faire assassiner Dark Claria.

– J'ai quant à moi une autre hypothèse à soumettre, reprit Winter. Nous avons appris que le super-croiseur à bord duquel Claria a attaqué Endor s'appelle le Lusankya.

– Ce nom ne m'est pas inconnu, dit Mon Mothma.

– La prison secrète d'Ysanne Isard, continua Carlist Rieekan. Mais nous avons toujours pensé que c'était un bunker sous la cité impériale !

– Ça l'était encore récemment, poursuivit Winter. Figurez-vous que la zone détruite couvre une superficie de deux-cent cinquante kilomètres carrés ce qui est très proche des dimensions d'un super-croiseur de classe Executor. Par ailleurs, Dark Claria et Ysanne Isard auraient eu une altercation la veille à la suite de quoi de nombreux prisonniers de l'Empire ont été transférés. Enfin, il y a eu l'alerte à la bombe et l'évacuation de la zone.

– Vous voulez dire que le croiseur était enterré et qu'on l'a fait sortir du sous-sol en détruisant une partie de la cité ? Et cela sans que les holocaméras des journalistes n'enregistrent quoi que ce soit ? C'est impossible !

– Sauf si le Lusankya dispose d'un système de camouflage. Nous savons que des scientifiques impériaux travaillent sur des prototypes de manteaux-boucliers d'invisibilité depuis plusieurs années.

L'idée que l'Empire puisse disposer d'un système de camouflage sur ses croiseurs jeta un froid dans l'assistance. Mais Luke avait une autre intuition et il se plongea dans la Force pour la suivre. Il fut rapidement convaincu que c'était la Force, et non une technologie de pointe, qui avait permis de camoufler le décollage du super-croiseur.

– Ils se sont servis de la Force pour le rendre invisible, dit-il, l'Empereur et Claria, ensemble !

– Quoi ? intervint Han. Ils peuvent faire une chose pareille ? Tu as vu la taille d'un super-croiseur ? C'est gigantesque !

– Comme me l'a appris maître Yoda, la taille ne compte pas, il suffit d'y croire. Deux Sith unissant leur volonté peuvent y arriver.

– Et bien, je ne sais pas si c'est plus rassurant que le manteau-bouclier d'invisibilité, dit Leïa. S'ils sont si puissants, quelle chance avons nous de les vaincre ?

– Le Côté Obscur n'est pas plus puissant, Leïa, juste plus facile et plus séduisant. Nous devons avoir foi en la Force, c'est la seule voie vers le succès.

Pendant que Luke parlait, le comlink du général Rieekan se mit à sonner. Celui-ci s'excusa et s'éloigna pour prendre la communication. Il revint au bout d'une minute avec l'air préoccupé.

– Je crains que nous n'ayons un problème, madame la sénatrice. Un signal de communication hyperspatial, d'origine inconnue, a été repéré à seulement quelques kilomètres de la base. Il semblerait que nous ne soyons plus seuls sur cette planète.

– Ce ne sont peut-être que des contrebandiers, dit Lando.

– Ou une sonde impériale, comme sur Hoth, répondit Han.

– Nous ne pouvons pas prendre de risque, intervint Mon Mothma. Envoyez une équipe dans la direction de ce signal, général Rieekan. Et votre invité corellien, capitaine Solo, où se trouve-t-il en ce moment ?

– Monsieur Jixton est sorti se promener dans la matinée, répondit Winter. Mais il n'avait qu'un comlink à courte portée, je ne vois pas comment il pourrait être à l'origine de ce signal.

– Qu'on l'interroge à son retour pour savoir s'il a remarqué quelque chose d'anormal. Vous Winter, essayez de voir avec les droïdes si vous pouvez décoder ce signal. Prévenez-moi dès que vous aurez du nouveau, je serai dans mes quartiers.

Tandis que Luke, Han et Lando se portaient volontaires pour accompagner la patrouille vers le lieu d'émission du signal, Leïa et Winter allèrent retrouver C-3PO et R2-D2 en salle de communication pour étudier le signal mystérieux.

 

Quand Wrenga Jixton rentra à la base, il fut immédiatement conduit par les gardes auprès de Leïa et Winter conformément aux ordres qui leur avaient été donnés. Il leur fit immédiatement part de sa perplexité.

– Et bien, que se passe-t-il donc ici ? On dirait que toute la base est en état d'alerte !

– Nous avons repéré un signal hyperspatial d'origine inconnue émis depuis cette zone à l'extérieur de la base, dit Winter en lui montrant la zone de l'émission sur une carte holographique. Nous avons envoyé une équipe sur place et attendons de leurs nouvelles. Avez-vous remarqué quelque chose d'anormal au cours de votre promenade, Jix ?

Jix réfléchit quelques instants. Ainsi l'émission avait bien été détectée et il avait eu raison de se montrer prudent. Heureusement, il avait aussi préparé quelque chose à leur raconter, espérant que cela serait convaincant.

– Vous pensez à un droïde sonde ou quelque chose de ce genre ? Non, je n'ai rien vu d'anormal, mais je suis passé dans ce secteur il y deux ou trois heures. Peut-être ais-je déclenché une balise par inadvertance.

– Une balise ? demanda Winter, que voulez-vous dire exactement ?

– Et bien, quand nous autres contrebandiers cachons de la drogue ou des armes sur une planète inhabitée comme celle-ci, nous laissons souvent sur place une balise avec un détecteur de présence, de manière à être prévenus si quelqu'un s'approche un peu trop près. Il est possible que je sois passé à proximité d'une balise de ce type.

– C'est possible en effet, intervint Leïa. Lando a mentionné qu'il pouvait s'agir de contrebandiers. R2, où en es-tu de l'analyse du signal ?

Le droïde astronavigateur répondit par une série de trilles que 3PO s'empressa de traduire.

– R2 dit que le signal est court mais fortement crypté. Cela ne ressemble à aucun code utilisé par l'Alliance ou l'Empire à sa connaissance. Il est donc tout à fait possible qu'il s'agisse d'une balise de contrebandiers.

– Bon, on va voir ce que Han et les autres trouveront sur place, reprit Leïa. Surtout, R2, préviens nous si cette émission se reproduit.

R2 répondit par un bip d'approbation et Leïa prit son comlink.

– Han ? Où en êtes-vous ? Avez-vous remarqué quelque chose ?

– Nous venons d'arriver dans la zone d'où est parti ce signal. Pour l'instant on n'a rien vu d'anormal. On va la passer au scanner.

– Jix est passé par là il y a quelques heures, à peu près au moment où le signal est parti. Il n'a rien vu non plus, mais pense qu'il a peut-être déclenché une balise de contrebandiers. En tout cas, R2 affirme que ce n'est pas un code de l'Alliance ni de l'Empire.

– Un détecteur de présence protégeant une cache de contrebande ? Oui, c'est une possibilité. Dans ce cas, on devrait finir par la repérer au scanner ou la déclencher à nouveau.

– R2 surveille toute nouvelle émission. Et Luke, il n'a rien repéré à travers la Force ?

– Non Leïa, intervint Luke, je ne détecte personne ici, ni aucune menace. Tout semble normal.

– Bien, prévenez-moi si vous trouvez quelque chose.

Leïa ferma son comlink puis s'adressa à Jix.

– Bon, je ne vois pas de raison de vous retenir plus longtemps, Jix. Vous pouvez reprendre vos occupations.

– Merci, votre altesse. Je serai dans mes quartiers si vous avez encore besoin de moi.

Jix quitta la salle de communication pour regagner sa chambre. Pour l'instant, les choses se passaient plutôt bien. Bien sûr, l'équipe envoyée pour ratisser la zone n'y trouverait rien d'anormal et il faudrait alors chercher une autre explication. Mais personne ne le soupçonnait et il saurait bientôt quand l'Empire déciderait de passer à l'attaque. Il n'avait plus qu'à se tenir prêt.

 

Cité impériale, Coruscant

 

Lumiya fut réveillée aux premières heures de l'aube par un appel holographique urgent. Elle se leva, enfila une robe de chambre et alla répondre. L'image de Gara Petothel apparut devant elle.

– Veuillez me pardonner de vous réveiller madame, mais je pensais que vous voudriez être informée immédiatement : nous avons reçu un message de monsieur Jixton.

– Vous avez bien fait, agent Petothel. Que disait son message ?

– Il nous a confirmé se trouver sur Arbra. Comme les rebelles surveillent attentivement les communications, il a préféré n'envoyer qu'un message unidirectionnel et attend de nouvelles instructions sous vingt quatre heures. Mais plus important encore, nous avons obtenu par triangulation les coordonnées d'Arbra : c'est la deuxième planète d'un système qui en compte six, dans le secteur Bon'nyuw-Luq. La flotte pourrait y être en moins de vingt quatre heures.

– Excellente nouvelle, je vais immédiatement en informer Dame Claria. Je vous félicite, agent Petothel, l'émetteur que vous nous avez fourni s'est révélé à la hauteur de nos attentes.

– Merci dame Lumiya et bonne journée.

Lumiya coupa la communication puis introduisit dans l'appareil la carte de données contenant les coordonnées pour contacter Claria. Elle lança l'appel, se mit à genoux et attendit.

 

Vaisseau de Dark Claria, en approche de Tatooïne

 

Le vaisseau de Claria venait de sortir de l'hyperespace à proximité de Tatooïne lorsque sa console de communication lui indiqua un appel holographique prioritaire. Elle plaça son vaisseau sur une orbite d'attente et alla répondre. L'image de Lumiya s'afficha devant elle.

– Relevez-vous Lumiya. Je suppose au vu de votre tenue qu'il s'agit d'une affaire urgente ?

– Oui, ma Dame, l'agent Petothel vient de m'avertir que Jix avait réussi à nous envoyer un message depuis Arbra. Nous avons les coordonnées de la planète, dans le secteur Bon'nyuw-Luq. Jix attend nos instructions sous vingt quatre heures et la flotte peut s'y rendre dans les mêmes délais.

– Excellente nouvelle, je vous félicite Lumiya. Mais il me reste encore des affaires à régler et je vais devoir vous confier également le commandement de l'assaut sur Arbra.

– Merci, ma Dame. Si je puis me permettre, que faites-vous sur Tatooïne ? Je vous croyais partie pour Vjun, rencontrer un second apprenti du Seigneur Vador dont j'ignorais l'existence !

– J'y étais et j'ai soumis le seigneur Flint à mon autorité comme je l'ai fait pour vous. Il a choisi de me servir plutôt que de mourir. Mais j'ai besoin de réponses à mes visions et je recherche quelqu'un qui pourra me les donner. Cela risque de me prendre encore quelques jours.

Lumiya comprit que Claria cherchait quelle attitude adopter vis à vis de son maître mais elle se garda bien d'y faire référence. Elle avait tout intérêt à la laisser faire pour l'instant, à continuer à la servir fidèlement et à guetter le bon moment pour agir.

– Je comprends, ma Dame, quels sont vos ordres ?

– Faites savoir à Jix que nous allons attaquer d'ici vingt quatre heures et partez à la tête de la flotte. Que Jix entraîne la princesse Leïa à l'écart des autres pour que vous puissiez la capturer vivante. Vous la conduirez ensuite dans le complexe pénitentiaire que l'Empereur a fait construire sur la seconde lune de Byss. Je vous y retrouverai dès que possible. Je vous transmet deux documents : le premier est un ordre à l'intention du grand amiral Makati vous confiant le commandement de la flotte en mon absence. Le second est une carte de navigation hyperspatiale qui vous permettra de rejoindre Byss dans le Noyau Profond en toute sécurité. Bonne chance, dame Lumiya.

– Merci ma Dame, longue vie à l'Empire galactique !

Claria coupa la communication. Elle espérait que Lumiya se montrerait à la hauteur de cette nouvelle mission, mais elle n'avait pas le choix. Elle avait besoin de réponses et la première étape consistait à retrouver la prophétesse Sariss sur Tatooïne, si du moins elle s'y trouvait toujours.

Tatooïne étant une planète au climat chaud et aride, Claria commença par se changer, remplaçant la combinaison et la robe noires qu'elle portait par des vêtements semblables de couleur blanche. Cela ferait sans doute moins Sith mais au moins elle ne souffrirait pas trop de la chaleur. D'après les renseignements qu'elle avait, la prophétesse Sariss était en relation avec la gouverneure impériale Tour Aryon. Aussi décida-t-elle de se rendre tout d'abord dans la capitale planétaire, Bestine, afin de rencontrer la gouverneure. Elle ouvrit donc un canal de communication avec le spatioport de Bestine.

– Contrôle Bestine, ici Dark Claria, commandeure suprême des forces impériales, annonça-t-elle. Je vous transmet mes codes d'identification. Veuillez prévenir madame la gouverneure de mon arrivée.

La réponse du contrôle spatial ne se fit pas attendre.

– Nous sommes honorés par votre présence, ma Dame, répondit un officier de communication manifestement impressionné. Vous avez bien sûr l'autorisation de vous poser au spatioport de Bestine et nous prévenons immédiatement le palais de la gouverneure de votre visite.

Claria amorça la descente de son vaisseau dans l'atmosphère et au bout de quelques minutes, se posa au spatioport. Alors qu'elle descendait de son vaisseau en compagnie de son droïde K3, un comité de réception composé de soldat et de dignitaires locaux vint à sa rencontre. Une femme élégante d'une quarantaine d'années, à la peau sombre, la gouverneure impériale Tour Aryon, était à leur tête. Elle s'approcha de Claria et s'inclina pour la saluer.

– Dame Claria, voilà un plaisir bien inattendu ! lui dit la gouverneure. Nous sommes honorés de votre visite sur notre modeste planète.

– Vous pouvez vous dispenser de ces formalités, gouverneure Aryon, répondit Claria. Je ne suis pas venue en visite officielle mais pour une affaire d'ordre privé.

– Vous m'en voyez soulagée, ma Dame. La visite du Seigneur Vador il y a quatre ans, si on peut appeler cela ainsi, ne nous a pas laissé de très bon souvenirs. Permettez-moi de vous conduire au palais.

Claria et la gouverneure Aryon s'installèrent à l'arrière d'un speeder tandis que K3 montait à l'avant à côté du pilote droïde. Ils se mirent en route vers le palais, précédés et suivis par deux autres speeders où avaient pris place soldats et dignitaires.

– Vous faites sans doute référence à cette affaire de plans secrets volés par la rébellion ? reprit Claria.

– Oui, il y a un peu plus de quatre ans, deux droïdes porteurs de plans secrets ont atterri près d'ici à bord d'une capsule de sauvetage. J'ai assuré au Seigneur Vador que mes hommes pouvaient s'en charger mais il a insisté pour envoyer ses troupes de choc de la cinq cent unième légion. Ils ont massacré les ferrailleurs Jawas qui avaient trouvé les droïdes, brûlé la ferme des Lars qui les avaient achetés et exécuté ses occupants et malgré cela les droïdes se sont échappés. La suite, vous la connaissez.

– Les plans sont tombés au main des rebelles qui s'en sont servis pour nous infliger une cuisante défaite.

– Mais vous ignorez peut-être que le neveu des Lars qui a échappé au massacre et a ensuite rejoint l'Alliance rebelle s'appelait Luke Skywalker !

Effectivement, Claria ignorait ce détail, elle savait que Luke Skywalker était originaire de Tatooïne mais elle était loin d'imaginer que c'était le zèle de Vador qui l'avait poussé à rejoindre la rébellion. S'il n'avait pas fait exécuter son oncle et sa tante, Luke serait peut-être encore en train de cultiver des champignons.

– Quelle ironie, reprit-elle, Vador aurait donc été responsable de sa propre chute. C'est justement pour éviter de commettre ce genre d'erreur que je suis venue ici : je souhaite consulter la prophétesse.

– Sariss ? Elle n'habite pas ici mais à Mos Eisley. Si vous désirez vous y rendre, je peux vous fournir un speeder et une escorte. Vous y serez en une heure environ. Mais vous préférez peut-être attendre demain et passer la nuit au palais? Il y a toujours une chambre de prête pour les invités de marque.

– Non merci, je ne souhaite pas m'attarder et je n'ai pas non plus besoin d'escorte. Je vais y aller seule avec mon droïde de protocole.

– Comme vous voudrez, Dame Claria. La situation sécuritaire s'est nettement améliorée depuis la mort de Jabba le Hutt. De nombreux criminels ont préféré quitter la planète et nous avons renforcé notre présence à Mos Eisley. Vous ne devriez pas avoir de problème.

Le cortège venait de s'arrêter à l'entrée du palais de la gouverneure.

– Je vais vous laisser ce speeder, reprit Tour Aryon. Votre droïde sait-il le piloter ?

– Bien sûr, madame la gouverneure, répondit K3.

– Dans ce cas, je vous souhaite un bon voyage, ma Dame, ainsi que de trouver les réponses que vous cherchez.

– Merci de votre accueil, gouverneure Aryon, répondit Claria.

Tour Aryon et son pilote droïde descendirent du speeder tandis que K3 s'installait aux commandes. Ils s'éloignèrent du palais et prirent la route de l'est en direction de Mos Eisley, à l'opposé des soleils jumeaux qui s'apprêtaient à se coucher.

 

Cité impériale, Coruscant

 

Après la nuit fort agréable qu'elle avait passée en compagnie du journaliste Shan Logan, Roganda Ismaren avait quitté le palais impérial pour rejoindre l'appartement privé qu'elle occupait avec son fils Irek. Elle n'emmenait pratiquement jamais son fils avec elle au palais, préférant le laisser aux bons soins de ses droïdes gardes d'enfant. Elle agissait ainsi à la fois pour la sécurité d'Irek et la sienne, ne voulant pas qu'on sache qu'elle l'élevait comme s'il était le fils caché de l'Empereur et qu'elle le formait au Côté Obscur de la Force.

Mais ce qu'elle voulait le plus cacher, c'était le fait qu'Irek avait reçu il y a trois ans un implant cérébral, un convertisseur subélectronique qui lui permettrait, après un entraînement approprié, d'agir avec la Force sur les droïdes et les ordinateurs pour modifier leur comportement. Ce dispositif avait été inventé par le professeur Nasdra Magrody, un scientifique arkanien, qui outre ses recherches sur la Force à laquelle il était légèrement sensible, avait également contribué à la construction de la première Étoile de la Mort. Après la destruction d'Alderaan, il devint critique de la politique de terreur impériale et fut finalement déporté dans une colonie pénitentiaire avec sa femme et sa fille. C'est alors que Roganda, qui avait lu les publications de Magrody sur le « champ d'énergie universel », s'arrangea pour le faire libérer tout en gardant sa famille en captivité, afin de le contraindre à travailler pour elle.

Elle lui demanda donc d'implanter à son fils le convertisseur qu'il avait inventé et de le former à s'en servir. En échange, il put continuer à diriger l'institut Magrody d'intelligence programmable qu'il avait fondé sur Coruscant. Roganda était consciente qu'il faudrait des années avant qu'Irek ne soit capable de se servir efficacement du convertisseur qui lui avait été implanté pour contrôler des machines mais elle espérait qu'à terme, il puisse développer suffisamment ses pouvoirs pour réactiver l'Œil de Palpatine, la super-arme qui avait failli détruire la colonie de Belsavis vingt deux ans auparavant et qu'ils puissent l'utiliser pour appuyer ses prétentions au trône impérial.

Quand elle rentra dans son appartement, Roganda trouva son fils, un jeune garçon aux longs cheveux noirs bouclés et aux yeux bleus, en train de jouer avec son datapad dans le salon.

– Bonjour mon chéri, le salua-t-elle, je ne t'ai pas trop manqué ?

– Bien sûr que si, mère, répondit le jeune garçon sur un ton de reproche. Mais je suppose que tu avais mieux à faire. Avec qui as-tu passé la nuit cette fois, un homme ou une femme ?

– Irek ! s'exclama Roganda, choquée par les propos de son fils.

– Allons mère, crois-tu que je ne sais pas ce que tu fais ? Ou comment on parle de toi dans les émissions people sur l'holovision ? Sais-tu qu'ils t'appellent « la putain de l'Empereur » ? Il y a des moments où tu me dégoûtes !

Roganda soupira. Irek était étonnamment précoce pour un garçon de huit ans. Il était vain de continuer à lui raconter des histoires comme quoi elle partait souvent en voyage ou devait travailler au palais toute la nuit. Ses talents empathiques et son intuition étaient maintenant suffisamment développés pour qu'elle ne puisse plus le tromper aussi facilement.

– Tu as regardé l'holovision ? le reprit-elle. J'avais pourtant ordonné à ta nounou de ne pas t'y autoriser !

– Oh, elle a essayé de m'en empêcher, mais j'ai beaucoup insisté, comme le professeur Magrody me l'a appris. Et elle a fini par me laisser tranquille.

Roganda resta pensive quelques instants. Ainsi le convertisseur subélectronique fonctionnait bien et Irek commençait à savoir s'en servir pour influencer les droïdes. A l'avenir, elle devra modifier régulièrement la programmation de la droïde nounou pour qu'il ne puisse pas trop facilement la contrôler. Elle alla s'asseoir à côté de son fils et le prit dans ses bras.

– Écoute, mon chéri : tout ce que je fais, je le fais pour toi, pour qu'un jour tu puisses devenir Empereur. Il n'y a que toi qui comptes pour moi, Irek. Les autres, ce journaliste avec qui j'ai passé la nuit, Zeneb LaChannelle et même l'Empereur Palpatine ne sont que des outils dont j'ai besoin pour renforcer mon lien avec le Côté Obscur. Je dois être forte, pour toi !

– Je sais, maman, même si je ne comprends pas vraiment. Moi aussi, je t'aime.

Roganda laissa ses larmes couler le long de ses joues. Lorsque le sabre de l'inquisitrice Darys avait transpercé le cœur de son frère, il y a vingt deux ans sur Belsavis, il avait, d'un certain point de vue, également percé le sien ; seul son fils était encore capable de le faire battre et avec son intuition issue de la Force, Irek savait que les sentiments maternels de sa mère étaient réels et non feints. Lorsque la veille, devant l'Empereur, elle avait bien cru que Zeneb allait la tuer, c'était d'abord à son fils qu'elle avait pensé. Bien sûr, il aurait mérité une meilleure mère, mais le peu de véritable amour dont Roganda était encore capable, elle le gardait pour son fils. Ils restèrent ainsi de longues minutes serrés l'un contre l'autre.

– Je reste avec toi aujourd'hui Irek, reprit Roganda, je te le promet. Il faut d'abord que j'aille m'entraîner un peu et ensuite, nous irons nous promener tous les deux, d'accord ?

– D'accord, à tout à l'heure, maman !

Laissant Irek continuer de jouer avec son datapad, Roganda quitta le salon pour se diriger vers une porte protégée par un dispositif de contrôle d'accès. Elle composa un code et la porte s'ouvrit. Derrière se trouvaient deux pièces : une petite couverte d'étagères où Roganda rangeait les objets Sith qu'elle avait accumulés patiemment au cours des quinze dernières années et une plus grande qui servait de salle d'entraînement. Roganda prit deux objets sur les étagères, une sphère d'entraînement et son sabre laser. C'était un très ancien sabre, vieux de plusieurs millénaires dont la garde en cuivre avait été patinée par le temps. Elle l'avait acheté il y a quinze ans, peu après son arrivée sur Coruscant, à un collectionneur d'objets rares qui lui avait assuré qu'il avait jadis appartenu à une Dame Sith dont le nom était depuis longtemps oublié. Mais cela faisait longtemps que Roganda ne s'en était plus servi, trop longtemps. Maintenant que sa position auprès de son maître était compromise, sa vie et celle de son fils étaient en danger. Face à un assassin, ses talents de séduction et de persuasion ne lui serviraient à rien, seule sa maîtrise, même modeste, du sabre laser pourrait les sauver.

Passant dans la salle d'entraînement, elle activa son sabre, faisant jaillir la lame d'énergie de couleur rouge-orangée, puis la sphère. Fermant les yeux, elle se laissa envahir par la Force, ignorant la douleur des décharges de la sphère qui la frappaient et vibrant d'excitation à chaque tir qu'elle parvenait à intercepter avec son sabre. Même si elle avait trop longtemps négligé de s'entraîner, elle fut soulagée de constater qu'elle n'avait pas trop perdu de son intuition et de ses réflexes.

Elle continua ainsi à s'entraîner pendant près d'une heure, puis elle quitta de nouveau la pièce en gardant son sabre à la ceinture. Elle alla dans le rafraîchisseur prendre une vapodouche puis se rhabilla avec des vêtements plus discrets. Elle alla ensuite retrouver Irek dans le salon et ils partirent se promener dans la cité comme elle le lui avait promis, non sans oublier de garder ses sens en alerte et son sabre à portée de la main.

 

Note : La gouverneure Aryon était citée dans les scripts d'Un nouvel espoir comme ayant protesté contre l'envoi au sol des troupes de choc de Vador, mais la scène n'a pas été conservée dans le film.

 

Laisser un commentaire ?